La facture que j’ai posée sur le coin de mon bureau est toujours là, quinze jours plus tard. Elle n’a pas fini par retourner, de guerre lasse, dans la boîte aux lettres d’où elle n’aurait jamais dû sortir. Elle n’a pas bougé d’un poil. Elle a pris un peu de poussière et elle est lentement recouverte par les autres courriers en souffrance sur lesquels je finirai bien par me pencher, quand la pile à l’inclinaison grandissante menacera de s’écrouler sur mon clavier.
J’avais parlé de cette épineuse question lors du comité de rédaction de Fakir, mais je crois bien que personne ne voyait trop où je voulais en venir. Puis, le poil dans la main qui me tient lieu de canne aidant, j’avais remisé le sujet sur une étagère poussiéreuse de mon cerveau tordu en me disant qu’il y avait forcément plus sérieux comme préoccupation pour couper les cheveux en quatre.
Jusqu’à ce midi.
Il est 20h40, à la terrasse de l’Usine, métro Avron, quand Olympe se rend compte subitement que son sac à main n’est plus lové à ses pieds comme un vieux chien malade.
Je suis assez sûre de l’heure, parce que c’est exactement ce moment que ma fille a choisi pour me réclamer par téléphone mon bisou distant et maternel de bonne nuit, devoir incontournable que je m’efforce d’accomplir dans le brouhaha de la rue, sous un brumatiseur qui ne cesse d’embuer mes lunettes comme un lama colérique et tuberculeux.
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