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31 août 2019

J’affectionne particulièrement les hasards de la vie, les télescopages improbables ou les rencontres impromptues. J’aime les moments où se tissent des liens inattendus et où la logique jaillit de plusieurs éléments destinés pourtant à n’avoir jamais rien à faire ensemble.

Ce blog est en fait une machine à construire de la cohérence là où il n’y avait que de l’aléatoire, du fugace; à extraire du sens de la compilation des insignifiants.

Je ne me souviens plus vraiment de ma première rencontre avec Thierry Crouzet, mais celle avec Brigitte Laloupe est déjà entrée dans les annales des épopées bloguesques. L’artisan initial de tous ces rapprochements aléatoires a probablement été Jacques Rosselin1, quelqu’un qui a un véritable talent pour transformer la somme des gens en une mayonnaise qui tient dans le temps, même si l’aventure de Vendredi a été trop courte à mon goût, mais aussi Nicolas Voisin2 et son bouillonnant Owni, dont les archives sont toujours parcourables en ligne. Ce qui importe, finalement, c’est que toutes ces aventures virtuelles ont fini par créer du lien et surtout deux œuvres bien réelles, dont les deux derniers livres se sont mélangés sur ma table en cet accablant mois d’aout.

Tuer le père

Que ce soit Thierry ou Brigitte, ce qui est déjà étonnant et remarquable, c’est que leur dernier opus se singularise du reste de leur production en étant nettement plus personnel, en remontant à la source de leur propre histoire et donc de ce qui est le plus déterminant dans leur existence, leur trajectoire, leurs choix.

Couverture du livre Mon père, ce tueur

Mon père, ce tueur, un livre personnel et réussi de Thierry Crouzet

Du côté de Thierry, la pulsion introspective s’attache à la figure du père, à l’ombre monolithique que sa nature violente projette sur le fils, devenu père à son tour et luttant encore et toujours contre un héritage lourd et tapi à l’affut du moindre relâchement moral. À travers l’histoire du père, c’est aussi un épisode sombre de l’Histoire coloniale de notre pays qu’explore Thierry Crouzet, reconstituant l’itinéraire de l’apprentissage du tueur au cœur de la guerre d’Algérie.

Chemins tangents qui ne se croisent pourtant jamais, discutant du livre avec mon père, j’apprends ainsi qu’il était sur le théâtre des évènements exactement au même moment, en 56, mais mon père comme infirmier dans un service de soins pour officiers, tandis que Jim perfectionnait sa grammaire de la violence comme tireur d’élite sur un piton dans les Aurès.

Reconstitué d’après ses propres notes, le parcours de Jim oscille entre l’âpreté désertique de la guerre et l’enchantement aquatique de l’étang languedocien où la famille Crouzet tutoie la nature depuis des générations, mais ce qu’interroge surtout ce livre, c’est la fabrique de la violence et sa transmission à sa descendance.

Servi par le style sobre et précis d’un méta-auteur3 qui ne s’est jamais laissé aller à la complaisance de se regarder écrire, Mon père, ce tueur marque une étape dans la carrière de Thierry Crouzet et est assurément son meilleur livre jusqu’à présent.

Ressusciter la mère

Couverture du livre Brigitte devient féministe

Brigitte devient féministe, de Brigitte Laloupe

Chez Brigitte aussi, profond changement de cap avec ce roman graphique qui narre sa propre jeunesse dans les années 60 et 70. Bien que datant de la décennie suivante, la collection d’anecdotes de Brigitte aurait pu être sortie de ma propre histoire. De l’école à la maison, il n’est pas un jour qui n’imprime pas en nous la seule et unique leçon : il est meilleur, à tout point de vue, d’être un garçon. L’admonestation s’imprime dans les esprits et dans les figures tutélaires des femmes de notre gynécée collectif : la tante sacrifiée, la fille-mère, la maitresse de maison effacée jusque dans son identité profonde, dans son autonomie, dans son droit à exister autrement qu’à travers les autres. J’ai été émue et déçue à la fois de reconnaitre ma grand-mère, une cousine, une voisine, les mêmes situations, la même violence, comme si l’histoire des femmes était toujours condamnée à se répéter derrière les portes closes.

Touche après touche, Brigitte Laloupe déroule son parcours de femme, et à travers lui, l’apprentissage raté de la soumission en même temps que le profond désir d’émancipation, c’est-à-dire la naissance d’une conscience féministe.

Brigitte devient féministe se déroule comme l’album-souvenir commun à toutes les femmes, déploie pour mieux la critiquer toute la machinerie sociale de la fabrication de la femme, de la construction d’un genre en creux, mais à hauteur de petite fille4, nous laissant le soin de raviver nos propres indignations.

D’un mauvais genre à l’autre

Alors qu’ils paraissent en même temps, un lecteur pourrait croire que les deux livres n’ont rien à voir : un récit de guerre contre un roman graphique qui parle de regret d’une robe de princesse et qui étale le rose sur sa couverture comme une ultime provocation, un tueur contre une petite fille bien sage, le calme trompeur et oppressant des arrière-cuisines contre la lumière minérale des grands espaces désertiques…

Mais les deux auteurs se révoltent pourtant avec la même calme détermination contre la programmation de leur milieu, de leur histoire, de leur époque et surtout de leur genre. Des deux côtés nous proviennent les éclats blessants d’une guerre en cours, une guerre de dressage des enfants, dressage à la violence pour l’un, à la résignation pour l’autre, la masculinité toxique des pères qui force la soumission non moins toxique des mères. Le sang coule toujours, celui qui destine à la honte comme celui qui abreuve la haine, celui qui annonce la vie, comme celui qui convoque la mort.

L’un comme l’autre refuse la place qui lui est assignée et tous les deux nous ouvrent d’autres horizons, d’autres envies d’être au monde.

Notes

  1. Oui, je connais au moins une personne qui a une fiche Wikipédia.
  2. À une époque, il avait bien plus qu’un article consacré à sa personne dans LE journal de référence, mais depuis, il s’est choisi une existence plus frugale, moins stressante et probablement plus heureuse
  3. J’ai toujours aimé chez Thierry cette démarche d’artisan de l’écriture, toujours au service du récit, et son long travail d’analyse de l’écriture à travers la recherche du bon outil. Quelque part, je pense que Thierry se voit lui-même comme un bon outil, toujours en quête d’amélioration…
  4. puis de jeune fille, en attendant un second volet qui semble promettre l’entrée dans la maternité comme dans la vie professionnelle…

13 Commentaires

  1. « les deux auteurs se révoltent pourtant avec la même calme détermination contre la programmation de leur milieu, de leur histoire, de leur époque et surtout de leur genre »

    bon, ça me paraît central ce truc là, de la programmation. le truc qui « m’embête » un peu quand même, c’est l’utilisation de plus en plus fréquente du concept de « genre ».
    parce que, ça part initialement de simples observations psycho-sociale, voire, puisque ça vient des sciences humaines anglo-saxonnes, donc ayant des paradigmes sensiblement différenciés de l’europe continentale quand même, mais pas forcément antagonistes, d’observation ethno-sociales. on voit émerger un concept de genre, sans que les auteurs de ces études prétendent eux-mêmes pouvoir en faire une théorisation. tout simplement, me semble-t-il, parce qu’ils savent très bien que des éléments théoriques permettant de « démonter » les mécanismes de productions émergentes de ce concept de genre existe déjà : il s’agit des divers paradigmes traitant de l’identification.
    identité de membre ou membritude en éthnométhodologie, narcissisme, self, moi-corps dans d’autres disciplines psychologiques, par exemples.
    derrière tout ça, il y a la pensée de la différence sexuelle, il y a « le sexe », au delà du « réel » et comme réel même, il y a la sexualité, il y a la sexuation et l’on revient alors, par la traversée du Langage, au poids , par le langage, des représentations sociales, des noyaux de représentations les plus rigides dans chaque groupe catégoriel de chaque groupe sociaux et transcatégoriel…
    la pensée de la différence, c’est au coeur de tout (merci au travail de Françoise Héritier)
    comment pense-t-on, comment s’identifie-t-on masculin/féminin ?
    derrière ces questions, comme je l’indiquais en commentaire de l’article sur les dents, il y a le comment on est, dans un rapport de traversé par le Langage de l’autre, dans un certain rapport de force, et dans un certain rapport au corps, le corps de l’autre-soi, le corps du moi…
    la révolte : je n’apprécie pas du tout ce romantisme à y voir une valeur.
    une calme détermination : ça, ça m’intéresse beaucoup plus.
    de l’analyse : mais avec conscience de nos inconsciences, de nos inscriptions corporelles aux langage, donc, une intuition sensible aux divers paradigmes possibles…
    ce à quoi je ne m’accorde pas facilement à travers ces emplois de concepts comme celui du « genre », c’est leur caractère de mode intellectuelle, qui n’est pas que contestante, puisqu’il sert aussi la construction d’une identité contre-contestataire, autant que contestataire, d’un quelque chose dont tout le monde procède, comme en témoigne les auteurs que cous relevez.
    et qu’en attendant, il y a beaucoup de personnes, peut-être très minoritaires statistiquement, rarement relevés parce que discrêtes, souvent par méfiance à l’égard de ces « élans romantiques et idéalistes » à faire par un terme une identité revendicatrice et non de recherche de pharmakon à la souffrance…
    parce qu’en attendant, la loi des plus forts continue à faire souffrir, la tendresse ne s’exprime parfois même plus par l’onanisme de la solitude, quand on sait, que l’on ne la rencontrera jamais chez l’autre de quelque sexe sans sensualité tendre qu’il ou qu’elle soit…

    Réponse
  2. « la pensée de la différence, c’est au coeur de tout »

    Au cœur de la différence, il y a l’empathie spécifique au genre humain (pour les autres espèces, je sais pas…), car c’est dans la trahison sociale de celle-ci que se développe les oppositions et indifférences, de genres, d’espèces, de natures…

    Le crime planétaire en cours en est l’illustration la plus avancée du moment.

    Réponse
  3. ello Joël
    bon, je tente une fois de plus de te répondre en espérant que cette fois mon commentaire va passer. me demande si c’est pas une histoire de mise à jour du navigateur qui fait que les scripts…
    finbon
    l’empathie
    est-ce que tu pourrais préciser ?
    la différence… l’empathie au coeur de la différence…
    c’est pas évident, hors les deux éléments, ou processus, ou structures… sont importantes..

    Réponse
  4. ah ben si, ça semble marcher cette fois !

    Réponse
  5. « l’empathie au cœur de la différence »

    Je voulais souligner que l’empathie est un élément fondateur de notre ego.
    Le mot « différence » n’en faisant pas écho isolément dans le contexte de ton intervention dont j’apprécie le contenu et les détails.

    Je ne savais comment tourner ma phrase, j’ai longuement hésité avant d’intervenir, peut-être un peu trop tatillon me suis-dit. 🙂

    Réponse
    • ello Joël
      oui, l’empathie, je relie cela à la construction des mécanismes d’identification, donc, à la fois au narcissisme, et au transfert, ce qui se rejoue lors du « stade du miroir ».
      la différence c’est aussi là : ne pas faire de « différence », c’est problématique et ça renvoie à la fusion, l’indistinction, et à ce narcissisme négatif, de replie sur le moi, puisque l’autre n’est plus ni liable à soit par identification autant que distinction.
      Les termes sont ambigues, dans la mesure où ils peuvent être référencés selon diverses disciplines, donc diverses paradigmes. qui peuvent aussi se recouper…
      donc pas facile non plus de tut expliquer dans des commentaires.
      là, quand je dis distinction, c’est reconnaître ce qui fait que l’un et l’autre ne sont pas identiques tout en reconnaissant qu’ils ont un truc en commun, qu’ils peuvent à la fois se reconnaître une identité partagée et une identité différente.
      il y a la distinction au sens de référencement selon une échelle de valeur, donc u sens d’évaluation, de comparaison. ça entre en jeu aussi par l’entremise de l valence de la satisfaction plsionnelle relative. le bon objet étant celui qui satisfait, le muvais étant celui qui ne satisfait pas… ensuite, la question est de repérer en quoi ça satisfait et ce que ç satisfait…
      la question de l’interprétation est délicate dans l’empathie et l’identification. c’est tout ce qui est en jeu dans le mythe du stade du miroir, où le sujet « apprend » à la fois à identifier, y faire des erreurs d’interprétations et corriger ce qu’il expérimente d’erreur, voire… s’y construire une évaluation en terme de faute…

      Réponse
  6. le manque d’empathie (par pathologie ou expérimentations négatives) se retrouvent dans la sauvagerie de certains assassins notoires, on peut faire le lien de cet effet dans le dérèglement climatique induit par la pratique financieres planétaires.

    On le constate aussi dans les entreprises qui poussent au burn out, les gouvernements qui sément les guerres, locales et internationales, les religions, etc…
    le m’est un système de pouvoir en soi

    Réponse
    • Oups ! suite …

      « l’empathie, je relie cela à la construction des mécanismes d’identification, donc, à la fois au narcissisme, et au transfert, ce qui se rejoue lors du « stade du miroir ». »

      Le manque (ou dévoiement) d’empathie induit les systèmes de pouvoir, l’iniquité sociale et l’absolutisme que nous retrouvons aujourd’hui dans une sauvagerie aux conséquences présentes jamais atteinte depuis la naissance de l’humanité.

      À contrario, l’anarchie prônant l’entraide sociale (le terme « entraide » fut justement créé par les premiers théoriciens de l’anarchie tel que Kropotkin…) se présente dans un vivifiant retour aux effets de l’empathie naturelle par la construction positive du soi et de l’entre-soi qu’elle implique.

      On peut lire l’action de cette entraide fondamentale exacerbée lors des catastrophes dans le moment où se rallier chacun à tous est essentiel pour survivre ensemble.

      Réponse
      • euh… coucou… ello…
        bon, hips…
        « On peut lire l’action de cette entraide fondamentale exacerbée lors des catastrophes dans le moment où se rallier chacun à tous est essentiel pour survivre ensemble »…
        voilà, voilà… faut donc aux humains un truc exceptionnel pour se rallier chacun à tous… et reviendir à l’empathie « naturelle »…
        bon… sérieux… c’est la plus vienne invention de l’humanité pour assurer la cohésion de chacun de ses groupes… la distinction entre l’intra et l’extra-groupe… le bouc-émissaire, l’ennemi commun, dieu, et l’inexplicable « violence » de la « nature » qui met tout le monde « d’accord ».

        là où, le thème initial d’agnes, la toxicité du genre, m’intéresse, c’est précisément parce qu’il touche à un mécanisme fondateur du psychisme de chacun.
        le genre n’est qu’une émergence, un effet apparent de ce qui s’est construit en chacun par les transferts qu’il établit dès ses premiers rapports à l’autre…
        les chacun et chacune parfois s’en sentent prisonniers, esclaves, inductions, manipulés.
        tuer le père ou reconstruire la mère : ni l’un ni l’autre à mon avis.
        la question tient en ce comment l’on a inconsciemment dans sa propre mythologie identifié la différence entre soi et l’image de soi dans le miroir où l’on se voit « parlé » par le regard ou la voix ou le geste de l’autre et son image, vers le ou la quelle on se tourne pour intégrer une interprétation de ce que l’on construit là de reconnaissance de soi et d’une valence que l’on semble recevoir de l’autre sur soi…
        il n’y a pas d’empathie « naturelle ». il y a eu subjectivation répétée des interpétations et des correctins d’nterprétations que l’on a expérimentées en échangeant es « quelques choses » de l’autre à soi et de soi à l’autre, rapport qui ne sont jamais équivalent et dont les mots et les gestes ne sont que des négociations d’approximation d’échanges de sens…
        on s’identifie « partiellement » à un quelque chose de l’autre…
        devant la « nécessité » catastrophique ou pas, si les contraintes matérielles sont dépassées par l’incompréhension pratique… ben ça tourne à la catastrophe « humaine » des rivalités, des projections, des choix de fausses solutions de types bouc-émissaires…
        or, dans bien des situations « catastrophiques » deloin on montre les trucs qui revalorisent « des gens » dans la merde… mais dans la pratique… euh… c’est souvent pas si « héroic »… ni fantazy…
        et s’il faut attendre les catastrophes… euh… ben au final, pour être « bons » et empathiques vivons en permanence en catastrophe ?
        nan, j’suis pas d’accord : d’abord avec l’idée du lbre arbitre inventée par les chrétiens. faut pas laisser la liberté de choisir entre dominer et pas dominer. chez les mêmes chrétiens fondateurs, la parabole de la tentation de jésus par satan y répond : il lui dit de partir, de se « casser », de donc en fait se diviser, de se subjectiviser… c’est une interprétation très personnelle du truc hein bien sûr.
        mais ce que je veux dire par là, c’est que « ce qu’il ne fait pas », c’est de « ne ps se diviser », ne pas accepter de ne pas être tout puissant.
        la violence du père et la soumission de la mère, puis, en fait, la soumission de l’enfant intgrant cet ordre de faits socio-parentaux sont reproducteur d’un narcissisme tout-puissant de l’idéal à intégrer en pour ou en contre.
        par ailleurs, la fusion ou la défusion, ça se forge en amont de tout ça, à l’égard d’un premier autre nourricier : il est tout puissant parce que non différencié « du monde », il est à la fois douceur et souffrance, il peut être n’importe quoi.
        et comme tout ça, ben c’est pas de l’ordre du « conscient », donc du psycho-social, ben y’a pas de règle générale, ou de tutoriel de « bons parents suffisamment pas-bons » qui marche, et que l’histoire depuis sumer semble raconter que ça a toujours été « pas facile », c’est non plus en récitant des idéalismes…
        bref, j’pense que c’est tout seul en chacun de nous qu’il faille chercher quelque chose à se dire d’autre que de s’identifier par contrainte socio-économique à des modèles de genre par exemple…

        Réponse
      • Merci de ces éclaircissements, effectivement, je n’avais pas tout vu/pensé dans le fait de l’empathie dans le développement de l’humain.

        Je vais méditer sur tes avis avant de pousser plus loin mes interventions sur le sujet.

        🙂

        Réponse
        • ben c’est moi qui te remercie de l’intérêt que tu portes à relancer mes cogitations improvisées parfois un peu tard le soir. c’est intéressant tes remarques car ça m’oblige à creuser un peu au hasard de ce que tu soulèves et auquel je n’avais pas forcément pensé…
          à suivre

          Réponse
      • Je te suis dans l’ensemble, notamment dans la citation qui suit et qui me semble bien résumer mon point de vue de ce que devient l’empathie une fois celle-ci développée à la naissance par l’humain, comme chez la plupart des mamifères, semble-t-il :

        « j’pense que c’est tout seul en chacun de nous qu’il faille chercher quelque chose à se dire d’autre que de s’identifier par contrainte socio-économique à des modèles de genre par exemple… »

        Impec !

        C’est ici qu’il me convient de placer ce qui anime l’anarchisme et surtout l’entraide.
        L’anarchie n’est pas une idéologie sociale type.
        Au contraire elle s’adresse à chaque personne et la pousse à comprendre ce qu’elle est indépendamment de tout contexte et à ce qu’elle s’implique indépendamment dans ses choix mis en commun.

        Par ailleurs :
        Pour l’état de catastrophe, je parlais de cata genre tremblement de terre, feu, noyades, etc… des trucs physiques dans le contexte des lois physiques et non des circonstances induites par une idéologie.
        Par exemple le migrant qui est monté sur une façade d’HLM azfin de recueillir et sauver un enfant pendu à un balcon…

        Voici enconre un exemple à la lisière des deux contextes (physique et moral) pour servir de lien à mes propos :

        Lorsque les anars espagnols parqués dans des camps immondes en france où ils s’étaient réfugiés se sont trouvés livrés aux nazi, ceux-ci les placèrent immédiatement en Pologne dans des camps de travail et d’extermination.

        Au début, comme tous les malheureux prisonniers de ces camps, ils mourrèrent comme des mouches.
        Ils se réunirent alors et décidèrent ensemble de reformer la même entraide qui les agissait dans le combat contre franco afin de survivrent au mieux.
        Ainsi, celui qui avait besoin momentanément de plus de nourriture, de plus de confort, de moins de travail pénible, reçu de la part de la communauté le soutien pour passer ce cap et y survivre, ce que faire ce peut.
        Le processus de cette cohésion fondée sur l’empathie développée et exacerbé à l’égard de tous par la lutte contre le franquisme chez chacun d’eux.
        Ils sauvèrent avec le même sentiment la vie des juifs, des communistes, des populations de races dites impures, des individus de toutes sortes et de toute idéologie dont ils avaient connaissance et la possibilité de les aider sur leur propres survies.
        Pour finir, ce fut surtout la communauté où la mortalité fut la plus réduite et même, même, celle qui bénéficia du plus de respect (s’il en était un possible) de la part de la soldatesque qui les gardait.

        Je finis ici cette intervention, et je souhaite reprendre le fil de ta précédente réponse sur d’autres points qui m’ont interpellé/éclairé afin d’éviter (au possible…) un effet de pavé distendu à l’extrême.

        😉

        Réponse
  7. Toxicité du genre…
    Etrange titre en vérité.
    Merci au passage, Agnès, pour tes propositions de lecture.

    N’ayant pas (encore) lu les ouvrages que tu cites, il m’est impossible d’en parler.

    Par contre, ton titre et ce que tu en dis donne du grain à moudre.
    A commencer par « Toxicité du genre » – pourquoi choisir « Toxicité » plutôt que « racines » ?
    Pourquoi choisir « genre » plutôt que « sexe » ?

    De Beauvoir disait déjà en son temps qu’on ne naissait pas femme, mais qu’on le devenait. Au fond, c’est exactement la même chose pour les mâles. Le constat qu’en font les auteurs que tu cites, et leur volonté d’émancipation affichée est de l’ordre de l’analyse psychanalytique. Notre construction se fait par nos ascendants, et la déconstruction est nécessaire pour s’en émanciper.

    J’observe, avec l’éducation de ma fille (qui va sur ses 6 ans) et de mes souvenirs de fratrie (un frère une soeur), qu’il n’est absolument pas simple de proposer un schéma asexué et purement humaniste à un enfant. Et je ne suis pas convaincu que ce soit l’aider à aborder la vie.
    Ca demande une vigilance de tous les instants par rapport à tous les contenus médiatiques qui véhiculent des messages subliminaux bien difficiles à éradiquer, par rapport aux rapports avec les camarades à l’école (dont les parents ne s’encombrent souvent pas de ce genre de subtilités éducatives), et en fin de compte, d’instaurer une défiance généralisée.

    Je me demande parfois, en tant que parent (et non qu’enfant qui analyse son éducation parentale), s’il n’est pas plus pertinent de laisser les enfants s’imprégner un peu de cette différenciation genrée de sorte à pouvoir se rebeller contre plus tard. plutôt que ce soit l’inverse qui arrive 😉 .

    J’entends le mot « genre » (pour revenir à ma première réaction) depuis quelques années. Surtout depuis cette fameuse histoire de « théorie du genre » qui aurait dû être enseignée au primaire et contre laquelle les réacs de tous poils se sont fait violence. Avant, on utilisait le mot « sexe ».
    C’est un peu comme si on avait voulu mettre un voile de pudeur dans le vocabulaire… Le genre serait-il le « sexe social – acquis » et le sexe le « sexe biologique – inné » ?
    N’y a-t-il pas un parti pris, assez violent à vouloir séparer les deux, à refuser catégoriquementt de considérer l’influence de l’un sur l’autre?
    Sans vouloir faire de provo outrancière, si je suis égalitariste d’un point de vue cognitif et artistique, il me semble qu’à vouloir que les hommes soient des femmes et vice-versa, on va trop loin. A titre personnel (et pour mon grand malheur – je passe à côté de la moitié du genre humain 🙂 ), je désire les femmes (filles quand j’étais môme) et non les hommes. Animalement, intrinsèquement, je suis un homme hétéro, et ce n’est pas une construction sociale. Comme quoi, la différence sexuée est bien animale et réelle et pas exclusivement construite socialement.
    Peut-être pourrions nous repenser les genres en fonction de ces remarques, plutôt qu’en termes de conquêtes et de reconquêtes d’un sexe sur l’autre.
    La toxicité du genre ressemble beaucoup à la toxicité du mode économique dans lequel nous vivons. Ce qu’elle a de toxique, c’est qu’elle se base sur des relations de domination,des relations hiérarchiques, et que ce sont ceux qui y trouvent leur compte qui s’évertuent à garder leurs privilèges en prétendant à un état de nature, mais en lui même le genre n’est pas nécessairement toxique. On peut très bien le concevoir, le penser dans une relation équilibrée (d’un point de vue hiérarchique et cognitif) sans pour autant prétendre à une égalité illusoire entre les sexes.

    Réponse

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