Son petit minois tourné vers le ciel, ma fille ne perd pas une miette de ma patiente reptation verticale. Elle aime l’escalade parce que je la pratique tout comme elle réclame régulièrement des épinards à table, parce que je lui ai dit que j’adorais ça.
Rien ne m’a jamais préparée à la muette adoration qui peut faire briller les yeux de nos enfants quand ils nous regardent, jamais je n’avais pensé devenir un jour le modèle, la référence, d’une petite femme en devenir. C’est là quelque chose de puissant, de magique… et de totalement paralysant. Quelles images suis-je réellement en train d’imprimer au fond de la rétine de ma fille ? Quels souvenirs impérissables, bons ou mauvais, suis-je en train de lui laisser comme seul héritage ? Se souviendra-t-elle de nos séances de guilis au petit matin, les seuls qui peuvent la forcer à quitter l’abri douillet de la couette ? Ou bien restera-t-elle marquée à vie par une de mes grandes gueulantes mémorables, parce qu’elle a encore lambiné à table, perdu une frusque ou raconté des salamalecs, croyant échapper à mon juste courroux ?
Parfois, le soir, à la fin de l’histoire, au moment du coucher, ses petits bras vifs enserrent mon cou penché sur elle et elle murmure au creux de mon oreille un totalement sincère et bouleversant Tu es belle, maman, je t’aime !
. De tous les mots doux que j’ai pu recevoir dans ma vie, ceux-là seuls sont purement vrais et désintéressés. C’est plus que de la candeur, c’est l’expression spontanée et sans détour de ce que garde de moi son regard d’enfant. Son regard qui grandira et changera. Mais aussi cette part de moi-même, au-delà des mots, des conventions, des stratégies, des politesses, des grands élans et des petites lâchetés, cette part de moi-même dont je ne soupçonnais même pas l’existence et qui est vouée à me survivre au plus profond de la mémoire de ma fille.
C’est là un pouvoir énorme, monstrueux, démesuré, donné par la simple parentalité au quotidien, exercice d’improvisation permanente, numéro d’équilibriste invraisemblable que je joue parfois avec bonheur, mais qu’il m’arrive aussi de bâcler lamentablement, selon les jours, les humeurs, les moments, la fatigue accumulée ou les sursauts de bonne volonté. Il m’arrive d’être littéralement transportée par toute cette foi vibrante de charbonnier dont me couve le regard aquatique de ma fille, mais le plus souvent, je me sens juste dépassée, anéantie, par l’ampleur de la tâche et de ma propre médiocrité. Alors, je bricole des petits moments complices, je ravaude les liens distendus, je me console en me racontant que les autres ne doivent pas être nettement plus balaises que moi à ce jeu-là et je croise les doigts pour que de toutes ces années passées avec nous, le Minilecte ne garde que le meilleur. Celui qui fait grandir. Celui qui rassure. Celui qui ouvre le regard sur le monde. Celui qui donne envie de vivre debout. Parce que c’est là tout ce que je pourrai jamais lui léguer. Mes mots, mes cris, mes rires, mes colères. Toute ma vie, en somme. Ce que je fais. Ce que j’évite. Mes petites espérances et mes grands renoncements.
Comme dans un carton à chaussures rempli de vieilles photos de famille jaunies et délavées, c’est dans le fatras de ce que je laisserai derrière moi et qui aura été ma vie qu’elle pourra piocher de ces petites bribes d’humanité dont on se sert pour comprendre le monde et s’étayer une vie d’adulte. Je me dis que dans sa trame, il y a aura bien quelques trous, quelques failles, mais qu’avec un peu de chance, elle croisera d’autres routes, d’autres destins, qui l’aideront à combler les manques.
Je me dis aussi qu’elle comprendra un jour que j’ai fait comme tous les autres parents du monde avant moi, avec mon histoire, mes lacunes et mes insuffisances : j’ai fait de mon mieux et que c’est tout ce qui compte.
Ce billet a été écrit dans le cadre de la campagne participative "L’exemple, c’est nous", une initiative de Yapaka, programme de prévention de la maltraitance (Ministère de la Communauté française de Belgique)
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"je me console en me racontant que les autres ne doivent pas être nettement plus balaises que moi à ce jeu-là … j’ai fait de mon mieux et que c’est tout ce qui compte."
On n’a pas le choix 😉
http://lucioletome2.com/dotclear/in…
Ton texte est superbe.
De quoi se souviennent les enfants? De l’amour, j’en suis sûre. De la joie aussi, des moments de jeu, des câlins, des épreuves traversées ensemble.
Les miens sont adultes. Nous ne vivons plus ensemble mais nous le lien qui nous unit est vivant, chaleureux. Nous sommes complices, amis. C’est magnifique d’être amie avec mes enfants. C’est ce dont j’avais rêvé.
Comme toi, j’ai fait de mon mieux, ce n’est pas toujours facile mais c’est précieux.
J’ai lu avec émotion votre billet sur votre conscience de la parentalité.
Je ne vivrai jamais ça pour la simple et bonne raison qu’aucune femme n’a jamais voulu de moi dans ma vie.
pourtant je sais que j’aurais fait un père conscient
quand je vous lis
je vois ce que je vis avec ma petite chatte pour qui je représente tout
et qui représente aussi le centre de ma vie
et en chaque instant
j’ai la précaution de sentir que l’instant pourrait être le dernier
donc il faut y faire attention
donc avec un autre être vivant
ce serait pareil
Ah, c’est mignon tout plein!
Bouleversant. Pour tout un tas de raisons qui me sont propres et que je ne peux pas donner ici (faut bien montrer l’exemple ;)), mais j’ai la larme à l’oeil, et je me dis que franchement, avoir une mère comme toi, ce doit être quelque chose.
Mille mercis.
Dis à la petite de se méfier des pigeons.
Qu’elle ferme la bouche, au moins !
Comme je me reconnais là, moi le jeune papa. Ou plutôt le papa d’un enfant jeune 🙂
Ah, ma fille d’à peine 2 ans, et ses gros câlins quand je l’habille et qu’elle fait l’acrobate pour m’empêcher de finir et me serrer le cou de ses petits bras avides de tendresse.
Ces câlins plus sincères et innocents qu’aucun autre provenant de qui que ce soit.
Et comme je me sens largué et médiocre moi aussi quand je n’arrive pas à satisfaire à ses besoins: jeux, repas, câlins…
En effet, on est nombreux les parents qui pensent être loin du compte, et qui pourtant font de leur mieux 🙂
C’est maintenant qu’ayant eu à mon tour un enfant, et voyant tout l’amour qu’elle me donne, et ce quelques soient mes erreurs, que je comprends que mes parents sont, eux, malheureusement passés à côté.
Alors?… 10 ans de travail psychanalytique pour moi, grace à elle, pour que j’avance aujourd’hui avec le bonheur de nous réinventer.
Et elle s’étonne adorablement quand je lui dis qu’un adulte, lui aussi, peut grandir chaque jour 😉
et j’aime ça
" Tu es belle, maman, je t’aime !. De tous les mots doux que j’ai pu recevoir dans ma vie, ceux-là seuls sont purement vrais et désintéressés." Euh…chui pas sur que sigmund soit d’accord avec toi pour juger ces paroles désinteréssées.
« j’ai fait de mon mieux et que c’est tout ce qui compte. »
J’ai atteint l’âge de pouvoir dire ça, de savoir que mes enfants devenus adultes m’acceptent avec mes manques et, oh là là, mes fautes avec eux (pas question de me limiter aux erreurs comme le Frédo).
M’acceptent ? Ils se feraient couper un bras pour moi.
Quelque chose me dit, à vous lire, que c’est le bonheur final qui vous attend. Le dessert de la vie, quoi.
Bon, je revis ça avec mes petits-enfants. La preuve :
J’ai passé récemment trois jours de vacances avec mes petits-enfants. Comme leur parents sont occupés, j’emmène les deux grands faire du bruit ailleurs. Nous allons au square (désert vu l’heure matinale) , dans un pays où ils n’ont jamais mis les pieds. Ils passent la moitié du temps à se chamailler : jet de gravier, coups de pieds et autres gracieusetés. Arrive une petite fille. Immédiatement c’est l’union sacrée devant l’intruse.
Le grand, planté devant un jeu :
– C’est notre tobbogan !
Le cadet, derrière :
– C’est notre grand-père !
Je ne parle ni de pureté, ni d’innocence, déjà! Et après? On a perdu sa capacité d’émerveillement en route? Son aptitude à empiler les petits bonheurs? Trop dur pour toi!
Je viens ici pour la première fois guidée par le lien qu’a fait François Granger, que je remercie. Je ne sais quelle phrase en particulier reprendre car je me retrouve en toutes. Quelle belle rencontre que celle d’avec nos enfants ! Une rencontre qui nous dépasse et nous grandi. Je reste souvent coite devant tant d’amour et de responsabilité et je croise les doigts d’être à la hauteur, de ne pas faire de catastrophe, en tous les cas.
Merci pour ce texte si vrai et si bien écrit.
Onze
http://onzenice.canalblog.com/
comme nono, désintéressé , hum… ?
la pureté de l’enfance, innocence, etc…
un peu gnan-gnan tout ça !
un peu dégoulinant tout ça …
enfin, on a connu meilleur billet, ça ramollit le cerveau les enfants parfois..
je trouve ce billet un peu trop ? je ne sais quel mot employer exactement. Lourd? dans le sens célinien du terme, c’est à dire que parlant de l’agonie des hommes il compare avec celle muette et humble des chiens..je ne sais si je me fais bien comprendre. certaines choses doivent rester dans l’informulé peut-être, la part de l’insaisissable? ou du je ne sais quoi? Vouloir tout exprimer tout le temps…de notre condition est-ce bien à faire?
paul, j’aime votre témoignage
merci maria
@ Empêcheur qui porte bien son nom:
J’ai eu un peu cette conception là avec mes propres enfants: pas de sensiblerie, pas de gnan gnan. Ils m’aiment sans doute, sans aucun doute, mais ne savent guère me le dire ou me le montrer. Je ne peux m’en plaindre, je les ai élevés comme ça. Comme on m’avait élevée moi même quoique en moins pire.
N’empêche, quand je vois mon petit fils regarder sa mère avec les yeux de l’amour, trembler de joie en la retrouvant, mes deux petites filles alterner les câlins-bisous et les grands éclats de rire avec leurs parents, je me dis que… quand même…
J’ai pris beaucoup de plaisir à lire le billet d’Agnès et le commentaire de GeoTrouvetout.
Au fait, nono (9) Freud était un pisse froid phallocrate mais il n’a pas hésité, paradoxalement, à prétendre que l’amour d’une mère pour son fils était le seul dépourvu d’ambivalence, et ça… fallait vraiment oser! Quoique c’est là que je le trouve le plus sympa, abandonnant son cynisme et sa froideur pour montrer le bout de l’oreille du petit garçon amoureux qui rêve follement d’être l’objet d’un amour absolu et sans mélange de sa môman. .
Hum. Je suis assez d’accord, "en règle générale", avec ce que dit maria. Mais pas pour ce billet là, que je trouve bien. si je devais faire un reproche, ce serait celui de John, au # 6.La photo choisie n’est pas la meilleure qui soit pour illustrer le billet, à mon avis, évidemment subjectif. Mais enfin rien n’est parfait en ce bas monde, et mon opinion personnelle est qu’Agnès Maillard a su faire sur le fil du rasoir (illustration à part) sans tomber dans le travers dont parle maria, justement. ça peut lui arriver en d’autres circonstances (je me souviens par exemple d’un texte lacrimogène sur la vente en call center… insupportable), mais assez rarement, c’est ce qui rend ses textes intéressants à lire et leur donne une valeur indubitable, à mon sens. Celui là a une valeur pédagogique indiscutable qui rentre bien dans le cadre pour lequel il a été prévu (une campagne participative pour un programme de prévention de la maltraitance de l’enfance, du Ministère de la Communauté française de Belgique).
Ce qui me dérange (et déplait) davantage, ce sont certains commentaires, du type PMB, # 10. "Ils se feraient couper un bras pour moi.", admettons que ce soit une façon de parler, soit (bien que quand on est un vieux machin, il me semblerait plus naturel de sacrifier sa vieille peau pour ses enfants et petits-enfants). Mais le reste ne l’est pas.
"Arrive une petite fille. Immédiatement c’est l’union sacrée devant l’intruse.
Le grand, planté devant un jeu :
– C’est notre tobbogan !
Le cadet, derrière :
– C’est notre grand-père !"
Une éducation qui dénote une grande ouverture au cher Autre (si je ne m’abuse, nombre d’habitués du blog d’Agnès Maillard, adooorent le cher Autre auquel il faut "s’ouvrir", non?). Moi qui suis "fermée", et granitique, j’en reste sceptique… c’est dire.
Une "petite fille" en plus, comme par hasard. Vachement nuisible les petites filles. Eloquent. Mais je laisse à l’appréciation d’Agnès Maiillard qui en a une, de petite fille…
Ou ce "nous" de trop, au # : "Nous ne vivons plus ensemble mais NOUS le lien qui nous unit est vivant, chaleureux."
NOUS. Notre clan tribal qui a le monopole du bonheur et le secret de l’amour en barre contrairement aux "autres", les pauv’méprisables.
Manque plus que l’explication en dix leçons pour nager dans le bonheur et l’amour, en appliquant le dogme de "l’accueil et l’ouverture aux chers Autres".
Tant d’exaltation dégoulinante me laisse sceptique sur son bien-fondé. Je précise que j’ai des enfants moi aussi, que je suis heureuse de voir que je n’ai pas dépensé beaucoup d’énergie en vain puisqu’ils sont heureux de vivre et que j’ai de bons rapports avec eux, mais je ne vois pas qu’il y ait lieu d’étaler tout cet orgueil tribal "magnifique" de "rêve" réalisé, tout ça n’a rien d’exaltant.
Le regard pur d’un enfant nous met en face de ce que nous sommes devenu, et quand cet enfant grandit on a peur des certitudes qu’il acquiert.
Nous apprenons le désespoir aux enfants, et les enfants nous apprennent l’espoir. Quand je vois un homme dormir sur le trottoir, j’essaye d’imaginer ses rêves d’enfant et comment il a pu en arriver là.
Le plus grand crime contre l’humanité, ce n’est pas de tuer des êtres humains, c’est de le mettre au monde et de ne pas tenir les promesses qu’on leur a fait.
Chaque jour, je demande à ma fille "combien, la vie ?", et elle me répond "8 ou 9 sur 10". Il n’y a pas de question plus essentielle, il n’y a pas de réponse plus essentielle non plus. Je sais qu’elle me ment un peu, mais je sais qu’elle me ment pour me rendre heureux. Le bonheur, ça se partage, et on essaye de ne pas trop partager nos angoisses.
Merci, Agnes. Petit Pierre est content.
@
merci floréal de décortiquer si attentivement la moindre phrase que j’écris sur le web, ça m’a permis de constater que oups! le "nous" incriminé était une erreur de frappe, ou plutôt une phrase transformé au dernier moment.
De là, il était facile de persiffler…
Faut-il le préciser, la vaseuse théorie de "clan", tribu, monopole de l’amour de l’amour etc est complètement erronée
Je n’ai pas l’intention de donner des leçons à qui que ce soit, souvent vivre et élever des enfants n’est pas facile, chacun se débrouille comme il peut.
Mais je maintiens que je préfèrerait vivre dans un monde pacifié, accueillant, où chacun respecte l’autre, les autres, que dans un univers glacé et égoïste où prévaut la loi du plus fort. Et l’éducation , je rappelle que le thème de la campagne, à laquelle j’ai aussi participé est "l’exemple c’est nous" est essentielle.
Encore moi, je me sens d’humeur pinailleuse ce matin!
Je voudrais revenir sur ce "j’en avais rêvé " que relève perfidement Floréal, soucieuse de démolir systématiquement ce que j’écris.
Oui, j’avais rêvé d’avoir une relation amicale avec mes enfants car celle que j’entretiens avec mes parents ne l’est pas (même si aujourd’hui elle est globalement pacifiée) et ne l’a jamais été. J’en ai souffert et j’en souffre parfois encore (eux aussi d’ailleurs).
Notre histoire est semée de conflits, de violence verbale, de vexations, d’interdits.
Tout cela est extrêmement destructeur, il m’a fallut des années pour "passer au delà", pour "tourner la page".
Parlons d’exemple.
J’ai fait, en tant que mère, le contraire de ce que j’avais vécu en tant que fille.
J’ai dorloté, j’ai écouté, j’ai regardé, j’ai toujours été disponible, je n’ai jamais ni frappé ni humilié. J’ai toujours cherché à comprendre au lieu d’appliquer des principes éducatifs.
Tout au moins j’ai essayé car il y a aussi le quotidien qui dévore, le stress qui déstabilise, pousse à l’énervement, brouille, complique tout, décourage parfois.
Je ne voulais pas que mes enfants soient, comme je l’ai été, encombrés par un bagage affectif pesant, épineux.
Ce n’est pas une question d’amour, je sais que mes parents m’aiment et je les aime aussi, c’est beaucoup plus compliqué, du domaine de la névrose.
C’est pourquoi, aujourd’hui, je suis heureuse des relations que j’ai avec mes enfants. J’ai raté plein de trucs dans ma vie, plus au moins importants et ce n’est pas grave car les échecs sont aussi formateurs si on les interroge mais je pense avoir réussi à aider mes enfants à être des "gens bien", tout simplement, avec qui j’entretiens des relations aimantes, amicales, agréables.
C’est tout!
bravo pour cet article plein d’émotions et de sensibilité..
Nous sommes dans une société où les émotions sont suspectes, (voir certains commentaires) quel dommage !
Oui, nous sommes un exemple pour nos enfants, pour LES enfants, il faut en être conscients et réfléchir aux conséquences de nos actes et de nos dires.
La phrase qu’un enfant entend le plus souvent dans une journée, c’est "dépêche-toi !"
Depuis le matin (‘dépêche-toi de te lever"), jusqu’au soir (dépêche-toi d’aller au lit").
Entre les deux, il y a eu les "dépêche-toi de manger", "dépêche-toi de t’habiller", dépêche-toi d’aller à l’école", "dépêche-toi de faire ton exercice", "dépêche-toi de faire tes devoirs", etc…
Et on s’étonne qu’ils deviennent des hyper-actifs !
Et c’est l’image qu’on leur donne de la vie quotidienne.
Ils désapprennent à rêver, à imaginer, à réfléchir.
Un jour, arrêtée à un feu rouge, je voyais sur le trottoir une jeune femme tenant par la main un petit garçon de 2 ou 3 ans.
Cette jeune femme était en grande conversation avec un autre adulte.
Aucun des adultes ne s’est intéressé au petit garçon.
Ce dernier jouait avec le parapluie que sa maman tenait à la main.
Il en mettait le tissu rouge devant les yeux et regardait au travers.
Il devait imaginer un monde où tout était rouge.
La conversation des adultes se termine.
La mère se met brusquement en route disant au petit "dépêche-toi" et voilà le petit entraîné par la main maternelle, obligé de marcher à toute vitesse avec ses petites jambes, brusquement interrompu dans son rêve.
C’est donc si difficile de respecter les rêveries d’un enfant ?
20 secondes ! il aurait suffi de 20 secondes ! D’abord être attentive à l’occupation du petit et ensuite entrer dans son jeu en regardant avec lui à travers le tissu du parapluie.
Ce n’est rien, 20 secondes…. et pourtant !!! On ne les prend même pas.
Ne parlons pas des enfants maltraités, c’est une horreur sans nom…. Mais… pratiquement tous les enfants sont "mal traités".
Même et surtout ceux qui sont trop gâtés, autre débat.
Bravo aussi au commentaire de Pierre.
Ayest, j’ai droit à me faire taxer par Floréal ! La gloire !
//(bien que quand on est un vieux machin, il me semblerait plus naturel de sacrifier sa vieille peau pour ses enfants et petits-enfants)//
– Je ne vous dirai pas quelles sont mes relations avec mes enfants, ce que je leur donne et ce qu’ils me donnent. Je vous dirai juste que je vous en souhaite autant. Dit sans rancune à quelqu’un qui vient de me traiter, sans que je lui aie dit quoi que ce soit pour la provoquer, de « vieux machin ».
//Mais le reste ne l’est pas (…). Une éducation qui dénote une grande ouverture au cher Autre//
– Là aussi, vous ignorez comment ils sont élevés. Réagir comme vous le faites me rappelle cet Anglais venu à Calais pour refaire ses provisions d’alcool, ayant croisé une Française rousse, et reparti dire à ses potes du pub que toutes les Françaises étaient rousses. De l’ouverture, ils n’en manquent pas, et je ne perdrai pas mon temps à dire comment à une personne, c’est vrai, fermée et granitique.
//Une "petite fille" en plus, comme par hasard. Vachement nuisible les petites filles.//
– Mille pardons, j’aurais dû préciser qu’elle était venue avec son petit frère. Et qu’elle ne s’est pas laissé intimider. Vous avez raison, vachement dangereuse !
//Eloquent//
– Voir notre Anglais
//Mais je laisse à l’appréciation d’Agnès Maiillard qui en a une, de petite fille…//
– Je vais m’avancer, et parier qu’Agnès Maillard serait ravie de présenter sa puce à mes microbes. Et réciproquement.
Et je ne vais pas reprendre en détail la fin de votre post, où vous nous en ch.ez toute une pendule pour une petite scène que j’ai retenue pour deux choses : ils m’aiment (ce qui est effectivement un événement d’importance planétaire, qui justifiait que je monte sur une estrade pour me donner en exemple et vous scandaliser) et ils m’ont fait rire.
(Répondez si vous voulez, je m’en tiendrai là)
quelque part c’est lepeniste, car la famille pris au sens français c’est papa maman la bonne et moi, rien à voir avec la famille italienne élargie aux tiers, je pense aussi aux enfants orphelins du tiers-monde, à tous les enfants victimes de la misère et à leurs parents victimes du mépris des bobos, bien pensants, qui jamais ne feront acte d’hospitalité, parce que "il est sale", il est moche, je dois aller chercher pay mamy alors lui…je pense aussi aux petits des animaux que l’on traite cruellement dans les fermes industrielles productrices de bidoche pour noous les gentils, pleins d’amour..bref ce billet me dégoute un peu par tout ce qu’il suppose implicitement. pour le dire autrement je trouve que c’est trop intimiste (gros défaut français) même dans le cinéma d’ailleurs. Je parle de l’expression et non du ressenti. évidemment.. la seule expression que j’aurais pu supporter sur le sujet c l’expression poètique, . bon c que mon avis.
Maria, il ne s’agit pas de LA famille ; il s’agit de la tendresse d’un enfant et pour un enfant.
Ramener ces émotions à du lepeniste…. vraiment !!!
Et vous pensez que la tendresse pour un enfant, c’est nier, oublier, être indifférent à la souffrance des autres ?
Je pense le contraire.
Il faudrait se retenir d’être affectueux pour régler les problèmes des autres ?
L’intimisme, comme vous dites, fait partie de notre vie d’être humain.
Doit-on se méfier de nos sentiments d’humain pour que la justice règne ?
ben mince alors…
je lis les différentes réactions…
trouve chez les uns comme chez les autres l’expression de sensibilités propres autant que connotées culturellement…
dans tous les cas ce que je trouve intéressant c’est d’oser justement exprimer son intimisme et donc faire fi de ce puritanisme des expressions qui empêche quiconque de sortir de tout conformisme local…
je suis radicalement contre les valeurs implicite du familialisme, du natalisme qui sont à l’origine, depuis la fin du néolithique, des cultures d’accumulation, de possessivité protocapitaliste, de domination affective formaliste et modélisatrice de définition rigide de la séparation des prérogatives en fonction de biodéterminismes sans relation avec les aptitudes individuelles, de cultures guerrières et expansionnistes, donc dominatrice et exploitatrices au profit du plus méchant, du plus agressif, du plus menteur, du plus intimidateur, au mépris de la bonté, del’altruisme élémentaire de tout sentiment d’interdépendance sociale et environnementale
etc…
mais là
je comprends la réaction de Floréal que je trouve quand même un peu "poussée"… parce que moi aussi j’ai pensé un peu ça en lisant ce que dit PMB
mais là
je ne comprends pas bien la réaction de Maria
faudrait étayer un peu plus le propos je pense
Assez d’accord sur ce que dit Paul ici:
"contre les valeurs implicite du familialisme, du natalisme qui sont à l’origine, depuis la fin du néolithique, des cultures d’accumulation, de possessivité protocapitaliste, de domination affective formaliste et modélisatrice de définition rigide de la séparation des prérogatives en fonction de biodéterminismes sans relation avec les aptitudes individuelles, de cultures guerrières et expansionnistes, donc dominatrice et exploitatrices au profit du plus méchant, du plus agressif, du plus menteur, du plus intimidateur, au mépris de la bonté, del’altruisme élémentaire de tout sentiment d’interdépendance sociale et environnementale".
C’est un peu comme quand certains "doctes" disent que le capitalisme est né avec la révolution industrielle. ça me fait sourire et ça me donne envie de persifler sec. Le capitalisme existe déjà et monte en puissance au moyen-âge; il est déjà très actif au XIVème siècle à Florence. Mais selon certains, doctes mais pas dogmatiques, il nait en Mésopotamie, et je ne leur donne pas tort.
Il me semble que maria fait un minestrone où elle amalgame beaucoup de choses pêle-mêle. Ce qu’elle dit de la famille italienne élargie, clanique, était vraie il y a 30 ans mais l’est de moins en moins, et plus du tout pour plus de la moitié du pays d’aujourd’hui.. Reste une propension au népotisme, sans plus. Une sorte d’image d’Epinal en somme, un mythe et une légende qu’on se plait à entretenir pour magnifier le temps jadis qui n’avait rien de mirifique. Dans l’Italie d’aujourd’hui, c’est davantage papa maman et moi, d’une part parce que le taux de natalité étant un des plus bas du monde, il y a plus souvent un seul enfant que deux vu le manque patent de crèches et d’écoles maternelles qui contraint les femmes à rester au foyer pour élever la progéniture, et sans la bonne parce que les familles ont encore plus de mal qu’en France à arriver en fin de mois, figurez-vous donc si elles ont de quoi payer une bonne, une nurse, ou une fille au pair dans leur 60m2 hors de prix.
Nommer "persiflage" la lucidité, c’est facile et surtout bien pratique. ça évite de se poser quelques questions embarrassantes qui démoliraient immanquablement de jolies constructions de façade qui cachent mal le peu de profondeur des fondations.
Ton petit sketch, PMB, m’en a rappelé un autre. On visitait un musée, et un gamin, trouvant qu’un autre enfant s’approchait un peu trop de son père, l’a attrapé par une jambe en criant à l’intention de l’intrus: "C’est MON papa!". Là dessus, l’autre a fait pareil avec le sien, de père, en disant "NON! c’est MON papa!".
Les enfants sont (naturellement?) possessifs, et apprennent à relativiser grâce entre autre aux réactions amusées mais tendres qu’ils suscitent chez les adultes. Une réaction sérieusement moraliste face à ce genre d’incident ne ferait qu’ancrer l’enfant dans la possessivité, et lui rajoutant un fardeau de culpabilité. Contre productif.
Je me souviens d’une amie qui me racontait combien c’était douloureux pour elle de prêter ses affaires. Largement adulte, et mère à son tour, elle avait un terrible souvenir des jouets qu’on l’avait obligée à prêter, et parfois à donner… Sous prétexte de la rendre généreuse, on l’avait enfermée dans la rancoeur, elle en était sortie, mais douloureusement.
Pour en revenir à la question de l’exemple, c’est souvent ce qui éduque le mieux l’enfant. S’il nous voit généreux, ouvert, bienveillant, il le sera spontanément. Sinon, il lui faudra se construire sur un autre exemple, ou rester égoïste, fermé et malheureux.
"merde on n’en a rien à fiche" (maria, 28):
TOI, Maria, tu n’en as rien à fiche. Celui qui nous fait cadeau de son intimité peut fort bien toucher par là même à l’universel. Il me semble que c’est le cas de ce billet et c’est presque toujours le cas chez Agnès. Plein de résonnances, même très lointaines, avec l’intimité de celui qui lit. Ce billet et d’autres me font rêver longtemps.
ce que je souligne c pas le ressenti et le sentiment, évidemment, mais le fait de l’exprimer ainsi! merde on en a rien à fiche..je répète çà manque d’universalité, trop intime; ou alors par la voie poétique et elliptique. un poil bobo.. bon Agnès est chez elle elle fait ce qu’elle veut, je donne mon avis. et basta.
Pour moi, mes parents m’auront donné le mauvais exemple.
C’est pénible, mais c’est quand même un exemple !
Et je me demande si on n’apprend pas plus avec le mauvais exemple.
Ce qu’il ne faut pas faire, les conséquences, etc.
On dit bien qu’on peut apprendre des erreurs !
Mais ça demande beaucoup d’efforts, de détermination…
Et puis de toute façon, on ne choisit pas.
Ah oui, tu n’as pas tort, mauvais exemple. On apprend beaucoup par le mauvais exemple, comme aussi par les erreurs. Les shadocks l’ont démontré de façon inoubliable.
Ce qui est tragique, c’est quand on a donné le mauvais exemple à ses enfants, et qu’on les retrouve, à l’âge adulte, en train de faire les conneries qu’on n’a pas su éviter. Impossible de les blâmer, que faire? Leur dire qu’on a mis soixante ans à comprendre et qu’on leur suggère de faire plus vite? .
Et je sais pas si c’est plus pire ou moins, quand ils les évitent, ces erreurs, et vous disent avec un sourire carnassier ou même sans sourire du tout:
"Je veux surtout pas vivre comme vous avez vécu".
"je me console en me racontant que les autres ne doivent pas être nettement plus balaises que moi à ce jeu-là"
Je confirme, je suis aussi très mauvais.
Un truc qui me fait bien flipper, au sujet des souvenirs d’enfants, c’est le fait qu’on ne se rappelle vraiment que de ce qui se passe après 4 ans. Pourtant, pour nous, en tant que parents, il s’en passe des choses avant les 4 ans de nos progénitures… Imaginer qu’ils pourraient ne pas en avoir un seul reste est flippant.
Tout est dans l’éducation, mais il faut savoir que l’éducation est un formatage, et nos parents nous formate alors qu’eux même ne sont pas encore libérés du leur.
Et puis, il y a les accidents de la vie, heureux ou malheureux. Ce sont eux qui remettent en cause le formatage, le valide ou l’invalide. La liberté s’apprend par essais et erreurs, et toute nouvelle information s’intrique à l’ensemble du package de l’information que nous sommes.
Est-ce qu’il est important que l’information soit "vraie" ? Je n’en suis pas certain. On voit que les belles histoires que l’on raconte aux enfants, ouvrent leur imaginaire. Elles leur apprennent à rêver. Je crois que plus l’histoire est contradictoire à la réalité vécue, et plus l’esprit critique augmente, mais la finalité de l’histoire demeure, à savoir apaiser les enfants et avoir une vision positive des choses.
La subjectivité et l’objectivité sont complémentaires. La première agit comme une loupe et crée "un nuage de tags", la deuxième saisit le tag important ou surévalué et le rend compatible avec la réalité.
Les enfants ne s’étonnent de rien, pas même de l’horreur. Ils analysent les choses d’une manière très pragmatique et en retirent ce qui est "utilisable". Leur ignorance est une force. Ils apprennent très vite à faire pression sur leurs parents pour obtenir ce qu’ils désirent.
Les parents sont là pour mettre des limites, mais les enfants essayent constamment de contourner les limites. Je crois que le plus important est de créer un climat de confiance, en abusant pas de l’argument d’autorité que représente le statut de parent.
J’ai toujours dit à ma fille : il y a les choses que l’on peut toujours faire, les choses que l’on ne peut jamais faire, et les choses qui sont permises ou interdites en fonction du contexte. Les enfants aiment bien qu’on leur "référence" les choses, et un référent doit être inamovible. Ce ne sont pas les parents qui doivent imposer leurs choix, ils ne font qu’appliquer les référents, et un référent doit être clair. Cela remet les statuts enfants et parents à égalité. Il n’y a que la fonction de juge du référent qui n’est jamais remise en question. Il arrive d’ailleurs souvent que les enfants relèvent les contradictions aux référents que se permettent les parents.
C’est parce que les enfants ont moins d’expérience, qu’ils voient tout de suite les incohérences. Les adultes, eux, finassent.
Pierre Meur
"…et sans la bonne parce que les familles ont encore plus de mal qu’en France à arriver en fin de mois, figurez-vous donc si elles ont de quoi payer une bonne, une nurse, ou une fille au pair dans leur 60m2 hors de prix."
il n’empêche que l’ambiance n’est absolument pas la même en I’italie qu’ici; et ne vous inquiétez pas ils sont plus heureux qu’ici beaucoup de solitude ici.là bas ils en sont à se poser la question du travail flexible et un ministre répond officiellement à la une d’un grand journal que "un travail fixe est la base de tout vraie projet de vie". et que c’est la globalisation qui a amené ce type de travail et que "cela ne nous convient pas à nous" (italiens,). les italiens "s’arrangent", comprenez vous? pas du tout la même ambiance deliquescente qu’ici! je ne parle pas de la vie merveilleuse des bobos! evidemment mais de la vie des gens qui ne s’émerveillent pas ainsi betement pour des faits d’une banalité crasse. ou alors chantez moi Cécile; là d’accord! mais pas cette sucrerie. çà ménerve .scrognegneugneu! on ne touche pas l’universel par son intime..c un grand défaut des films français d’ailleurs qui n’arrivent pas à sortir de cette sphère papa maman la bonne et moi; ( çà c’est le "génie "français d’ailleurs Yves Robert, d’accord c dépassé) ya pas un Fellini ici en voilà un qui parlait d’universel. à travers des jeux, des regards et des pleurs d’enfants, c’est la vie de l’umanité qui nous était évoquée..oscarisé maintes fois aux USA .basta avec l’intimité; çà ne regarde que nous.
Je vous signale cet article du journal Marianne, qui dit défendre la Poste, mais en réalité utilise une poste privée :
http://www.avenirdufutur.fr/?p=1728
"Maman tu es belle, je t’aime", cette phrase ramène à l’essentiel, l’amour que tu lui donnes en héritage, celui que tu as brodé avec elle depuis sa conception jusqu’à sa naissance, ta pépette va s’épanouir en jeune fille. Il n’ y a nulle part enfant et parents parfaits, l’amour seul survit à tout, vois comment une petite phrase si innocente balaie tout le négatif sur son passage, merveilleux l’amour que nous portent nos enfants. Tu as réussi à transmettre le meilleur de toi-même et c’est l’essentiel. Ta fille aura besoin de cette complicité pour avancer dans la vie, crois moi, tout est bien rangé dans les tiroirs à souvenir.
🙂 Fière d’être une maman non parfaite qui a donné l’essentiel !
Et puis on ne le dira jamais assez, mais l’école c’est essentiel pour donner un bon exemple.
Parce que si on ne devait compter que sur ses parents (ou sa famille), il n’y en aurait pas beaucoup qui réussirait.
Ça n’irait que pour ceux qui auraient eu la chance d’être bien né.
On ne le dira jamais assez souvent, mais les professeurs donnent tellement …
Et ça permet aussi de donner un espoir à ceux qui n’ont pas la chance d’être bien né.
Un espoir, parce qu’en ce moment c’est surtout ceux qui sont bien né qui "réussissent".
Mais les professeurs donnent tellement plus que beaucoup (?) de parents …
Les professeurs n’en seront jamais assez remerciés !
Entièrement d’accord avec Mauvais Exemple. Le profs représentent d’autres figures de l’exemple qui nous permettent d’avancer, de progresser, d’évoluer et de nous construire en dehors de la cellule familiale. En ce qui me concerne, je garde un excellent souvenir de mes profs de français, langues étrangères et philosophie.
Une autre mère émerveillé 😉
http://voldemots.blogspot.com/2009/…
Beau billet, émouvant, sur des sentiments universels, troublants pour les parents qui les éprouvent pour la première fois. Il faut un beau brin de plume pour dépasser sa pudeur et les exprimer aussi bien.