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25 octobre 2009

Une fois par semaine, c’est l’heure parentale avec les autres éleveurs de nains montés sur batterie inusable qui s’adonnent aux joies des arts martiaux.


La beauté du gesteJe me réjouis que le Minilecte ait fait ce choix que j’avais pris soin de lui glisser au coin de l’oreille, parce que l’autre jour, en rentrant du bistrot, j’ai contourné le bâtiment par sa face nord, celle qui accueille les leçons de danse classique. Pas de palabres sur un coin de trottoir dans une vaste assemblée bigarrée et bruyante, non, pas de jus de chaussette qui vole de mains en mains dans des gobelets en plastique qui échauffent la pulpe des doigts, pas de grands rires ou de petites confidences, non, rien de ce que l’on peut partager côté sud. Côté nord, il n’y avait qu’une longue rangée silencieuse de voitures familiales sagement alignées, les phares tournés vers la porte d’où jailliront les petits rats de l’opéra, une haie d’honneur et d’acier, un linéaire d’aquariums mécaniques d’où une multitude de parebrise aveugles me regarde passer lentement. Dans chaque voiture, un parent, des fois deux, mais même là, ça ne parle pas. Je suis peut-être mal tombée. Ou pas. Je n’en saurais jamais rien, parce que désormais j’évite soigneusement ce désert humain.

À tout point de vue, c’est l’adret qui me convient le mieux. Quand il fait chaud et que le soleil tape dru, on traîne quelques chaises dehors, comme des petits vieux, et on lézarde paresseusement en attendant le lâcher de nains. La plupart du temps, on reste accolés mollement sur le flanc d’une bagnole et commencent les récits enjoués de tranches de vie qui le sont souvent bien moins. J’ai parfois l’impression que le sport est socialement connoté dans mon secteur. Les CSP+ se côtoient au tennis-club, la classe moyenne au cours de danse et les prolos font du judo. Il faut dire que nous savons parfaitement que la vie sociale est un sport de combat. Ça se voit jusque dans les loisirs des gosses.

Je ne me souviens pas vraiment de la première fois que j’ai croisé la route de Marie, un joli petit brin de femme énergique et enjouée, à la peau constamment tannée, hiver comme été. Je me souviens avoir pensé un truc du genre : Tiens, il y en a qui ont les moyens d’entretenir leur bronzage en plein hiver !. Sauf que Marie ne va jamais au ski. Ni à la plage, d’ailleurs. Non, ce que le corps sec et ferme de Marie raconte, c’est l’âpreté du labeur au grand air. Un beau jour, Marie s’est retrouvée toute seule à élever ses 3 enfants, toute seule, dans mon coin de cambrousse, sans la moindre qualification. Ça arrive souvent. Quand le père se tire ailleurs avec quelqu’un d’autre. J’ai l’impression qu’elle n’a pas eu trop le temps de se lamenter sur son sort, Marie, elle s’est juste retrouvée directement dans le bain avec un seul objectif : surnager !

Et la survie, c’est précisément un sport de combat dans le bled :

  • Qu’est-ce que tu voulais que je fasse, ici ? Il y a l’usine à canards et les vignes. L’usine, j’ai eu du mal à finir la journée, ce n’est vraiment pas pour moi et avec les horaires, pour les gosses, ça ne pouvait pas coller. Alors, j’ai pris les vignes.

Les vignes, c’est dur. C’est très dur. Sept heures par jour, pliée en deux, à ramper entre les ceps, qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige ou qu’il grille. D’où le teint d’éternelle estivante. Sans la plage. Sans le transat.
Les vignes, c’est dur. C’est éprouvant, physiquement. Le pire c’est le dos. Et la fatigue. Mais la fatigue, avec 3 gosses, tu peux la mettre dans ta poche, ton mouchoir par-dessus. À peine le boulot fini qu’il faut courir chercher les enfants à l’école. Puis le goûter. Les devoirs. Le repas du soir. Le bain. L’histoire. Le coucher. Laver les fringues. Faire le ménage. Recoucher celui qui a tenté de s’évader en douce vers 22 h 30.

  • Mais comment tu fais ? Comment tu fais pour tenir, pour tout faire ?
  • Ho, c’est facile, tu sais, il suffit de ne pas s’asseoir. Tu enquilles, tu cours, tu tiens. Mais surtout, il ne faut pas s’asseoir. Parce qu’après, c’est foutu, tu ne peux plus te relever. Le corps ne veut plus. Des fois, quand tout est fini, je m’effondre devant la télé. Dix minutes plus tard, tu peux être sûre que je dors. Des fois, je me réveille en pleine nuit dans mon fauteuil. C’est horrible. T’es complètement cassée, là. Et le lendemain matin, tu recommences.

Le matin. Obligée de lever les petits très tôt. Pour avoir le temps de tout faire, de les laisser à la garderie du matin, avant l’école, celle pour les parents qui embauchent tôt, et au turbin !
Maintenant, je me souviens de la première fois que j’ai vu Marie. C’était lors de la réunion qui a précédé la remise en service du centre de loisirs du bled. Le centre avait périclité au fil du temps et des actualités télévisées qui montraient un pédophile à chaque coin de rue et puis, sous la pression des besoins des nouveaux parents, le bidule avait fini par être remis sur les rails. Je me souviens bien de Marie, à présent, de son visage aigu et préoccupé, de ses questions sur l’amplitude horaire du nouveau centre. C’est qu’elle avait terriblement besoin que cela commence tôt. Très tôt. Comme elle.

Bien sûr, les enfants ne sont pas franchement faits pour se lever aussi tôt. Je les soupçonne même de ne pouvoir tomber du lit que les jours où les parents ont décidé de s’incruster paresseusement dans leur matelas, dans une dérisoire tentative de grasse matinée. Il n’y a que ces jours-là qu’ils jaillissent de leur chambre avant même que le coq ne chante. Le reste du temps, ce sont des boulets.

  • Dépêche-toi ! Je crois que c’est ce que je leur dis le plus souvent. Pendant que j’en lève un, l’autre se rendort. On dirait qu’ils le font exprès pour te mettre en retard.

Synchronisation d’oscillation de l’occiput de l’ensemble des parents présents. Le matin, on gueule. On peut prendre le problème par le bout que l’on veut, on finit forcément par éructer sur les gamins parce que l’horloge tourne et qu’il leur faut cinq minutes pour enfiler leur chaussette… par pied. C’est un complot en culottes courtes.

Marie bosse dur et a des journées à rallonge. Mais elle n’a que des bouts de boulot. Au SMIC. Forcément au SMIC. Ici, le SMIC, ce n’est pas le salaire plancher, c’est le salaire moyen et les contrats temporaires sont la règle. Du coup, Marie finit systématiquement son mois sous le seuil de pauvreté. Enfin, le seuil de pauvreté pour une personne seule. Et elle, elle doit faire vivre 4 personnes avec ça. Alors, forcément, elle touche le RSA. Enfin, elle touche, c’est vite dit. Faudrait pas non plus lui faciliter la tâche ou l’entretenir dans l’assistanat, comme disent les autres tanches.

  • Avant, c’était le RMI, mais maintenant, c’est devenu le RSA. Ça ne me change pas grand-chose, sauf que maintenant, il parait qu’il faut bosser pour y avoir le droit. Mais je bossais déjà avec le RMI. Sauf qu’avec mes contrats, c’est rare que je dépasse les 700 €/mois. Alors, ils complètent avec le RSA. 200 €/mois, environ.

Et donc, Marie reste bien scotchée sous le seuil de pauvreté. Tout en cravachant comme une malade.

  • Mais tu bosses toujours pour les mêmes ?
  • Oui, mais ils ne prennent personne en contrat long. Tu comprends, il faudrait nous payer les jours de trop mauvais temps, les vacances, tout ça. Ils te prennent juste le temps qu’il faut et c’est tout. Il y en a, ça fait 15 ans qu’ils vivent comme ça. Et toujours saisonniers. Toujours à attendre le coup de fil suivant. Cette année, c’est pire. Ils ne nous ont pas filé d’heures supplémentaires. Ils nous ont fait rattraper les heures en trop les jours de pluie pour que ça fasse juste 35 heures à la fin de la semaine. Tiens, ils nous ont même arnaqués sur les jours fériés. Il y a une loi qui dit que pour que tu sois payé plus les jours fériés, faut bosser le jour d’avant et celui d’après. Comme celui d’après, c’était un samedi, on l’a eu dans l’os.

Marie ne perd même pas son joli sourire. Elle ne se plaint pas. Si je n’avais pas abordé le sujet, elle n’aurait rien dit. Elle pourrait demander la requalification de son contrat en CDI. Puis s’allonger dans un fossé pour attendre d’y crever la bouche ouverte. Parce qu’elle perdrait tout de suite ses petits morceaux de travail, ses revenus, et qu’il faudrait des mois, des années, avant que les prud’hommes lui donnent raison. Car il ne suffit pas d’avoir raison pour gagner. Il faut aussi avoir les épaules solides. Pas comme les précaires et les gagne-petits. Toujours tout à perdre et rien à gagner. La chair à canon du système. Son épine dorsale aussi. Les petites mains calleuses qui font tenir la pyramide des exploitants debout.

  • Tiens, en plus, ils viennent de me sucrer mon RSA. Parce que j’aurais trop travaillé. N’importe quoi, je n’ai pas dépassé les fameuses 78 heures par mois ! Et là, c’est la saison morte qui commence. Il parait qu’il faut que j’aille m’inscrire au chômage. Sauf que maintenant, avec leurs nouvelles règles, il faut que j’aille au bled en chef, 70 km à l’aller et autant au retour, le point ANPE du coin, ça ne suffit plus. Déjà, je n’ai pas le temps avec les gosses et en plus, ma vieille bagnole ne tiendra jamais la distance. Elle est bien pour tourner par ici, mais pour pas pour aller là-bas.

Je lui propose de l’emmener, quand elle le veut. Elle a mes coordonnées. Je peux même l’accompagner pour son entretien, pour vérifier qu’ils ne cherchent pas à encore plus l’enfoncer, à encore plus lui renier ses pauvres droits. Mais je suis quasiment certaine qu’elle n’appellera pas.
On se retrouvera, après les vacances, devant la salle de sport où l’on espère que l’on s’emploie à épuiser nos enfants avant de nous les rendre pour le week-end en famille, et on se racontera d’autres histoires, d’autres tranches de vie, dans de grands rires, avec de grands gestes.

Marie à petit prix 1

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31 Commentaires

  1. Et elles sont nombreuses à vivre comme ça. Et ça m’enrage de voir que par harcèlement administratif on leur bouffe encore ce qui leur reste de vie. Ta petite Marie, elle ressemble bien aux héroïnes (le mot est bien choisi) du documentaire de Marcel Trillat, Femmes précaires.
    http://programmes.france2.fr/femmes

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  2. Bah, y’ en a qui on du courage !

    Mais en même temps je me dis qu’on est trop tolérant, on ne devrait pas accepter ce genre de chose.
    C’est notre tolérance, notre bonne volonté… qui joue contre nous.

    Mais en même temps, c’est ça ou rien.
    C’est ça ou c’est quelqu’un d’autre qui le fera à notre place…
    Et c’est comme ça qu’on se fait avoir, avec ce système !

    En tout cas, on pourra dire que certains ne se ménage pas !
    Attention à la santé, quand même, c’est ce qu’on a de plus précieux.

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  3. Chouette illustration du tragique, il faut bien se réjouir du tragique, le sien ou celui des autres qui nous fait proches.

    Mais il faut aussi bien ne pas s’y résoudre, ce qui serait une erreur.

    Il y a encore du chemin à faire.

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  4. Ah oué, tous les parents de gamins qui font de la danse sont des icebergs, mais tous les, etc. du judo des hachement sympas. Chouette, ça, de pas généraliser, bien, l’absence de préjugés.

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  5. Marie n’est pas courageuse, Marie n’est pas dans le tragique. Marie vit la vie de la grande majorité des êtres humains qui vivent dans notre société. Il ne faudrait pas croire qu’il s’agit d’une sorte d’exception que nous pourrions observer comme un fait d’hiver qui n’arrive qu’aux autres comme au JT de 20 h, un moyen de nous rassurer sur le fait que notre vie serait moins désastreuse que la sienne. Marie n’a pas de besoin de compassion, d’encouragements ou d’aide, Marie a besoin que le système de l’esclavage cesse. Marie tient parce qu’elle a trois gamins et pas plus l’envie que ça de mourir. Ses gamins, c’est à la fois le levier par lequel on la maintient sous tutelle ( le patron, l’état et de moins en moins d’éléments pour distinguer l’un de l’autre ) et le motif de sa résistance. Quand aux remarques sur les soi-disant préjugés sur les parents qui attendent leurs gamins, je crois qu’on s’en contrefout.

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  6. Tu as raison, mogadoose, c’est pas du courage, c’est parce qu’elle a pas le choix. Elle doit faire le possible et l’impossible pour que ses gosses et elle-même gardent la tête hors de l’eau. Il y en a plein comme ça, et j’en ai rencontré beaucoup quand je bossais. Le plus souvent, ça marche, tant bien que mal, en payant le prix fort, en payant, comme on dit, de sa personne.

    Parfois ça rate, alors on a droit au 20 heures, avec la débauche de commentaires apitoyés, pitoyables, révoltés, révoltants, mais que font les services sociaux, la situation était connue bla bla bla, mère indigne bla bla bla, mais que fait la police, les voisins disent que c’était une famille sans histoires, mais que font les voisins bla bla bla.

    Quand ça marche, on a pas droit au 20 heures, ça ferait pas assez d’audience. Mais surtout, ça obligerait à ouvrir les yeux sur une situation intolérable, et on pourrait pas accuser autre chose qu’un système tout bonnement ESCLAVAGISTE.

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  7. Je ne juge pas et ne généralise pas : je décris ce que je vois, rien de plus. Les notables du bled sont tous au tennis-club. Peut-être que dans un autre bled, ils sont au karaté, je n’en sais rien, ici, c’est comme ça. Cela dit, il y a aussi tous ceux qui sont au club d’aviation. Pour le judo, dans le bled, c’est comme je le raconte : les gens discutent, même s’il y a des parents dans le tas qui sont en service minimum comme ailleurs, il y a une ambiance terrible autour du tatami et, que voulez-vous, j’adore ça, les petits histoires et les grandes blagues. Quant au cours de danse, c’est ce que je décris. Je ne parle même pas des ambitions des parents et des enfants, où tout le monde est convaincu d’avoir pondu une nouvelle danseuse étoile. Je pourrais aussi vous parler du club d’escalade, où on reprend à la fin de la séance tous les grammes perdus en grimpant, parce qu’il y a toujours quelqu’un qui amène des crêpes, un gâteau, des fruits sec, du fromage ou du bourret en saison. Ou de l’association de randonnée qui se trouve être, dans mon bled, tout au moins, essentiellement composée d’instits à la retraite. C’est comme ça. Ces groupes ont une histoire qui s’inscrit dans l’histoire du bled et des gens qui y vivent.

    Oui, Marie n’est pas une exception, elle n’est pas seule dans sa merde. Mais il se trouve que je connais son histoire et que son histoire vaut la peine d’être racontée, pour ce qu’elle enseigne de la saloperie des temps présents. Marie n’est pas une exception, mais elle donne chair aux statistiques qui tombent et qui laissent indifférents. Si je vous dis que le seuil de pauvreté est passé à 910€/mois pour une personne seule, c’est à dire 100€ d’écart avec le SMIC, ça ne vous parle pas tant que ça. Si je vous dis que 20% des salariés sont scotchés au SMIC, ça reste un peu abstrait. Si je vous dis qu’au moins 10% de la population française est pauvre, ça n’a l’air pas si terrible. Des chiffres, des chiffres, des statistiques… et des gens. des vrais gens, qui en chient, chaque jour de leur vie, qui se battent, aussi, sans relâche, contre la rapacité de certains, contre la mesquinerie administrative, contre le regard des autres, contre le découragement, contre eux-mêmes.

    Oui, Marie est une parmi des millions, mais cela n’enlève rien à son courage. Parce que oui, il faut du courage pour se cogner ainsi à l’âpreté de la vie et tenir debout quand même, sans s’en prendre aux autres, à l’autre, ou à la Terre entière. Oui, il en faut du courage, chaque matin, pour sortir du pieu et remettre le couvert, sans espoir quelconque de voir un jour sa situation s’améliorer. Oui, il faut du courage, parfois, juste pour vivre sa vie et ce n’est pas parce qu’on n’a pas le choix que l’on n’a pas besoin de courage!

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  8. Ben, tu vois, déjà, ton point de vue a changé selon ton propre aveu. Rien que pour ça, ce blog valait la peine d’être écrit. 😀

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  9. Un bémol sur le "rien à gagner, tout à perdre". Le simple fait de lui proposer de l’accompagner à Pôle emploi montre que l’on peut gagner quelque chose, l’application de ce droit à l’accompagnement dans les démarches est déjà une avancée, on se fait moins balader et écraser que lorsque on est réduit à une position individuelle face à la puissance de l’institution.

    Vous trouverez divers exemples de petites victoires contre Pôle emploi, la CAF, obtenues lors d’actions collectives sur le site de la coordination des intermittents et précaires

    Allocs coupées, CAF occupée et droits rétablis à Ploermel
    http://www.cip-idf.org/article.php3

    Montreuil : à Pôle Emploi comme ailleurs, ne pas se laisser faire
    http://www.cip-idf.org/article.php3

    Pôle emploi, d’exception en exception : Une radiation pour absence à convocation « exceptionnellement » annulée
    http://www.cip-idf.org/article.php3

    CAF Nationale : 8 cars de CRS, 10 policiers en civil (im)mobilisés, 2000 euros de "trop perçu" RMi récupéré
    http://www.cip-idf.org/article.php3

    Pôle Emploi Pantin : « Gardez-les jusqu’à la mort, vos fiches de paye »
    http://www.cip-idf.org/article.php3

    Face à l’atomisation, il n’y a guère d’autre choix que de fabriquer une "puissance du nous" (http://www.cip-idf.org/article.php3…)

    Des journées d’actions coordonnées se préparent pour la fin du mois : Chômeurs, précaires et intermittents : ni soumis ni coupables. Agissons collectivement !
    http://www.cip-idf.org/article.php3

    La création de Pôle emploi, du RSA, de l’"offre raisonnable d’emploi" fabrique contre nous une nouvelle machine à précariser. Il s’agit de ne pas se laisser faire.

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  10. Bonjour,

    Comme dirait Mahatma Gandhi : "You must be the change you wish to see in the world".

    Je suis ce blog depuis plus de 4 ans maintenant et j’ai fait des commentaires biens lourds et bien gras il y a… 4 ans. Depuis, ma mentalité, et mon point de vue ont évolués mais je me demande tout de même : des articles décrivant la misère, oui ! Je comprends, je suis ému, et triste à la fois ! Mais quel est l’objectif final ? En quoi et à quoi ce blog va-t-il apporter sa pierre ?

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  11. J’ai cru qu’il y aurait un problème, au début… Certes, j’ai les deux plus petits au judo, mais la toute petit est aussi à la danse. Mais bon, comme elle le dit elle même, c’est de la robic (à cinq ans, elle a l’apocope facile). La dernière fois je suis allé à son pestac, c’était la même ambiance qu’au tournoi de basket…

    J’ai su définitivement qu’il y avait un problème en lisant la suite, constatant, abasourdi, ton refus systématique d’accorder à cette (mensongère) description des joies de l’ouvrier agricole, les accents tranquillement virgiliens que tout bon sous préfet saurait y mettre…

    Et puis j’ai repensé à Cowboy… Surnom à la con mais accepté. Rapport au chapeau.

    Cowboy. Dix ans à la ferme, dix ans de guerres coloniales, retour honteux et dégouté au pays. Et 30 ans comme ouvrier agricole.
    Cowboy n’avait pas d’enfants. Il vivait dans des cabanes. Ces cabanes en dur mais sans eau ni électricité qui abritent les travailleurs de la vigne quand ça drache un peu trop pour le casse croûte, charcuterie, pain, vin, et pas mal de goutte.
    En hiver, un coin de grange ou d’étable.
    La moitié de ce qu’il a mangé pendant ces trente ans venait du glanage et du braconnage. Pas au fusil, au collet. Parce que les fusils, à les trimballer de rizière en djebel, je crois qu’il en avait eu sa claque.

    Je l’ai revu, il y a une dizaine d’années. Il ne voulais pas qu’on le colle dans un foyer, à la ville. J’ai appris sa mort peu après. C’est une encyclopédie des champignons qui venait de disparaitre…

    En lisant ton post, je me suis souvenu que quand le sous préfet avait fait son discours, sur l’importance de l’agriculture "structurante d’espace", Cowboy était parti, parce que sous préfet ou pas, les girolles ne se ramassent pas toute seules…

    Mais lui, c’était un cas à part. Un endurci, un rustique comme on disait à l’armée. Les plus jeunes, les gamins, beaucoup ne tiennent pas aussi longtemps. Les Kadaff, les Baramine, sont morts jeunes. Ouvriers agricoles eux aussi. Cassés par le turbin, la picole, les mauvais coups, l’ennui, la solitude. Avec pour seuls amis des rencontres de bistrot, aussi imbibés qu’eux.

    Tout à fait d’accord avec Mogadoose. Marie, ce sont ses trois nais qui la tiennent. A tous les sens du terme.

    Bises

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  12. Très bonne réponse à Olivier! Continue à faire partager de tels reportages pour toucher la conscience de ceux qui se croient nantis et intouchables.

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  13. En effet, le Judo est trés à la mode chez les bobos.

    Sans doute pour l’aspect garderie et le truc ludique qui va avec…

    Moi, j’officie plutôt au bout du couloir d’un palais des sports. Tout au fond, là ou on planque les disciplines des banlieusards : boxe et haltero.

    Nous ,les petits du Judo ,on les voit jamais nous rejoindre quelques années plus tard. Trop dur, les barres metalliques et le cuir des rings.

    ET pis, un Douillet ça le fait mieux qu’un Tiozzo, n’est -ce pas.

    Dans les salles de sport, il y a des options qui en disent long sur l’avenir d"une société.

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  14. Lol@"fait d’hiver". Il s’en passe aussi en été. 🙂

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  15. En fait, elle y va pour l’esprit ludique, le sport de contact. Il y a déjà des compèt’ pour les gens de son âge, mais bizarrement, ça ne colle pas du tout avec mon emploi du temps ;-). Et elle accroche bien à l’escalade, le sport sans compèt’ du tout 😀

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  16. Tu dis que tu généralises pas mais que tu décris ce que tu vois ! alors vois plus que ça et mieux : quand tu verras les parents et les arbitres défendre leurs mômes pendant les combats tu verras comment ils sont sympas ces gens, comme des supporters de foot: "vas-y tue le", enfin ne généralisons pas. Mes deux filles dansent, de la mjc au conservatoire… et si j’ai vu des parents bcbg, j’ai aussi rencontré des gens super agréables, des bourges et des classes moyennes et même des prols. Quand une de mes filles a voulu suivre une copine et faire de l’athlé ça a duré un mois… Ah ces putains de prolo et leurs jeux stupides contre les filles, mais ne généralisons pas…
    Sinon pour le reste : com d’hab, hein ! on crève en silence, à petit feu et en plus, avec ça de nouveau dans l’humiliation et le foutage de gueule des ceusses d’en face. Mais ils ont tant raison de nous prendre pour des cons qu’on peut pas leur en vouloir. Je vais presque jusqu’à les admirer : se foutre de notre gueule à ce point en nous jetant dans la misère et en riant, c’est du grand art… vraiment du grand art, ils ont si bien sophistiqué l’art de nous réduire en esclavage avec cette mondialisation, cette télévision, cette publicité, ah bravo messieurs : chapeau bas ! vous nous laissez des miettes économiques, des soi-disant avantages démocratiques et on vous lèchent dans la main en tendant le cou vers le licol : génial.

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  17. J’espère pour ta naine qu’elle ne sera pas très bonne au judo, que ça restera ludique. Si elle sort du lot, elle risque d’être prise dans l’esclavage des compétitions tous les dimanches, soumise à un pression insupportable, gardée pour la fin à chaque compétition pour rattraper l’équipe, culpabilisée si elle n’y arrive pas.
    Quand elle te dira qu’elle ne peut pas aller à l’entraînement ou à une compétition parce qu’elle a des devoirs à finir (!), fouille un peu, emmène-la se promener à pied ou à vélo, ou au cinéma. Il sera temps de laisser tomber le judo et de chercher une activité sans compétition.

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  18. Pour avoir été une Marie avec "seulement" un enfant, comme ils disaient à la caf ("y’a pire que vous madame, tout de même!", comme si ça consolait), je peux même ajouter que très probablement Marie elle va faire ses courses des fois au seul endroit où y’a pas de caisse. Aux Restos du coeur, oui.
    J’y allais aussi. C’est le seul moyen de nourrir une famille avec moins d’un smic, (et encore, des fois, les restos, ils ont rien que des pâtes…) et si tu y vas le jour de la distri tu verras la réalité vraie de la pauvreté dans ce pays: des familles, des retraités, des femmes seules, des jeunes qui débutent, et finalement très peu de sdf. C’est pas vraiment ce qu’on dit à la télé.
    La seule chose qui fait qu’on ne la voit pas, cette pauvreté, c’est qu’elle est tellement mal vue (les "assistés", les "profiteurs"…) que ceux qui la vivent la cachent au mieux. Mais faut pas croire, les Marie, les Pupuce, elles gardent le sourire, elles "ne se plaignent pas", c’est pas parce qu’elles répondent au mythe du "gentil pauvre qui ne se plaint jamais et qui a encore le coeur sur la main en plus", non, c’est parce qu’elles n’en ont pas le droit.
    Avouez qu’un pauvre qui fait la gueule (il a de quoi) et qui se plaint (il a de quoi aussi), c’est tout de suite moins aimable encore hein…limiter ça fait penser à ces salauds de syndicalistes qui font des grèves…et puis de quoi ils se plaignent ces gens…y voudraient pas que leurs gosses fassent du judo aussi?
    C’est que le diviser pour mieux régner a encore de beaux jours devant lui dans ce pays…jusqu’à ce que les baisés se comptent pour de vrai et s’aperçoivent enfin qu’ils sont les plus nombreux. Je pense que ce jour là je serai morte, et c’est tant mieux, je voudrais pas m’éterniser.

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  19. juste un truc à transmettre à Marie : manger à 18 h30, coucher le plus tôt possible (pas le même selon les âges)- ne plus rien manger après 19h30 – le réveil des enfants alors s’impose tout seul et avec un bon appétit ! un super petit déjeuner aux flocons d’avoine, fromages (ou lait) fruits (ou compote) , et ils partent en courant à l’école… Pas étonnant que les flocons d’avoine simples soient si difficiles à trouver : le rapport qualité prix est trop bon ! (ma fille se levait même à une époque à 6 h du mat pour faire ses devoirs dans le calme…)

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  20. Triste constat mais comment peut-on alors expliquer que David Douillet ait été élu dans un kimono molletonné la semaine passée ? Parce que les prolos font du judo au lieu de s’inscrire au tennis et de voter pour Noah ?

    Sinon, dans mon bled (pas loin du tiens Agnès), il y a un court de tennis gratuit. La clé se prend à l’épicerie du coin de la rue, pas besoin de réserver ni d’avoir de license ou de classement. Personne ne joue jamais ou presque. Faudrait peut-être faire payer, ça ferait plus sérieux sans doute.

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  21. Le judo n’a jamais été un sport de prolo et ce, que ce soit pour les adultes ou les enfants.

    Bon dans les quartiers, on a tous eu le gros prof de lycée genre Douillet qui se la jouait parce qu’il était ceinture noire…et bien sur les ados n’étaient pas trop dupe et préferaient nettement tanner l’éduc du centre sportif pour se faire payer la boxe française, puis américaine, puis Thai se lon les époques …y a des modes comme ça marketisées sport dits de combat.

    Je me souviens d’un de ces cadres dans une multinationale que j’ai fréquenté, j’ose pas dire un collégue, ça voudrait laisser entendre affinité possible.

    Bref qui me vantait son rejeton inscrit au karaté de son bled. Je m"étonnes de l’intérét vu l’age de la terreur en question…gymnastique, ce serait bien aussi, non…

    Et y me réponds, ha non c’est une discipline trés sérieuse, puis pour se défendre aussi.

    C’est beau le coté benêt que peuvent avoir ces gens parfois.

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  22. je lis le texte
    puis les commentaires

    je ne comprends pas tout

    moi on m’a fait faire très jeune des sports divers pour me "sociabiliser".

    très tôt, la compétition m’était complètement étrangère. d’abord en gyme, puis après en aïkido pratiqué dans un centre de zup donc vachement populaire avec un prof infirmier d’hopital psychiatrique de sa profession régulièrement engagé par le service d’ordre de la CGT des dockers du port de la palice (la rochelle) dans les années soixante dix et les grosses grêves assez violentes dans ce milieu. bref le mec pas du tout orienté philosophie misicoglinglin, mais totalement orienté animation de quartier bonne franquette, grosse rigolade sur le tatami et renforcement de la sûreté de soi chez les gamins qui se faisaient massacrer dans la coure de récréation de l’école de quartier…

    ensuite y’avait chez lui le côté réaliste ouvrier et relation parentale à échanger les histoires comme le raconte agnes à la fin du cours quand les enfants se rhabillaient. et puis effectivement, les échanges de bon services noués sur une camaraderie parentale toute simple…

    lui non plus n’était pas du tout branché compétition… et la violence, il nous apprenait à n’en avoir plus peur, que c’était malheureusement une réalité de la vie et que le meilleur moyen d’en sortir c’était de savoir courir et de partir à point… d’ailleurs au bout d’un certain temps, il a organisé le rassemblement de tout le monde, enfants et parents autour d’un jogging tous les dimanches matin, puis la piscine pour ceux qui voulaient…

    bref
    pas du tout le genre drouillet non plus…

    plus tard, dans les années quatre vingt, j’ai voulu reprendre ce genre d’activité simplement pour faire de l’exercice et parce que j’aime bien les beaux gestes…

    ben que ce soit en aïkido ou en karaté, j’ai pas du tout retrouvé l’ambiance bon enfant que j’avais connu dans mon enfance avec ce prof qui se foutait des ceintures et des titres de dan et de portraits de grands maîtres.

    là au contraire, y’avait deux sortes de compétition : la compétition du "vas-y tue le" déguisé en respect de l’adversaire et kimono immaculé du karaté, et une autre compétition plus sourde déguisée en philosophie de la maîtrise spirituelle du corps en aïkido à qui sera le plus rapide à te clouer par terre en te faisant comprendre que t’as encore rien compris à la "technique" du lâcher prise et du contrôle émotionnel…

    dans un cas comme dans l’autre, pour la première fois de ma vie j’ai découvert les identités de classes sociales. le karaté était un truc de prolétaire tendance petit bourgeois actif et volontaire, gagneur et conquérant de sa vie et de son ascension sociale, et l’aïkido un truc typique de la new-bourgeoisie de gauche qu’on appelait pas encore bobo, où les gens du peuple qui s’y intéressaient ne dépassaient rarement la ceinture bleue…

    ben oui, en plus ils avaient pas les moyens de s’acheter un katana à montrer en publique et à accrocher fièrement au salon…

    entre temps j’avais découvert la montagne et je grimpais sur tous les murs en pierre meulière. alors je me suis inscrit dans les club d’escalade.

    mais là encore la compétition s’est installée reproduisant là encore très curieusement une hiérarchie sociale entre gens de peu pratiquant la randonnée, grimpotant dans du quatre et explorant du cinq, et les autres, bourgeois de naissance ou d’arrivisme, pratiquant l’alpînisme et passant du six et du sept dans les encouragements de fans déplaçant leur sac…

    alors je me suis mis à grimper en solo avec un bloqueur sur une corde de spéléo visitant les murs et la falaises que je croisais dans mes pérégrinations, ou courant les hors sentiers de montagne en pistant les bestioles et cherchant le point de vue et l’angle d’une belle image à piéger sur ma pellicule.

    mais comme pour les beaux gestes ça restait un peu sauvage, je me suis mis à la danse contemporaine puis au tai chi chuan…

    et alors là, j’ai découvert la hiérarchie des coincés (le gens de peu qui n’arrive pas à s’adapter) sous les décoincés (le bourgeois bobo qui assume sa réussite éclatante de façon positive), de ceux qui de part leur naissance ont le sens de la fascination d’autrui dans les reins et de ceux qui simplement cherchent vainement à croire à la douceur de vivre à plusieurs dans l’échange de gestes et de touchés…

    en y repensant, j’ai la nette impression que toutes ces activités sont intimement influencées par l’évolution des modes idéologiques et la reproduction des hiérarchies identitaires sociales…

    bref
    je fais plus de danse contemporaine : la dernière fois, on m’a pris pour un sale dragueur vieillissant à la limite du pédophile.
    je fais plus de tai chi chuan, parce que bon les discours sur la transcendance de l’énergie quand je vois que le corps de l’autre me fuit de peur que je tente de caresser pour autre chose que d’appliquer l’exercice indiqué…ça me gonfle menu !
    je continue à courir les montagnes en solitaire habillé comme un plouc et passant pour un berger courant après son troupeau aux yeux des gens du coin
    et à grimper dans le silence sur ma corde et mon bloqueur sans me préoccuper de savoir si je passe du quatre du cinq du six ou du sept

    Réponse
  23. (Si ce n’est pas indiscret) Qu’est-ce qui vous rend "quasiment certaine qu’elle n’appellera pas" ?

    Marie est sans mec, donc. Un qui s’est barré. Un de plus, car je crois bien que c’est une caractéristique des temps de crises : le pondeur se barre. J’espère que ses gosses, qaund ils seront grands auront le lui faire payer. Existe-t-il des statistiques là-dessus ?

    La première fois que j’ai violemment pris conscience de ça, c’est quant Tony Blair-de-gauche a foutu en taule une mère pour non-présentation d’enfant à l’école. Pas le père bien sûr : il n’était plus là. La télé de Monsieur Blair-de-gauche avait montré la coupable : un jeune femme déjà vieille, maigre, édentée comme les gens qui n’ont même pas les moyens de se faire soigner les dents. Le jour où ce type crèvera, je serai presque aussi content que le jour où Magie crèvera. Je risque d’attendre : la méchanceté conserve.

    Les activités à compét’, le hasard fait que j’y ai échappé. Mes passions actuelles sont les vide-greniers et la collection : un milieu de partage, de démerde face à la crise, où les je-m’la-pète se comptent sur les doigts de la main.

    (Ouf, j’ai réussi à ne pas parler de mes tRois Mages)

    Réponse
  24. Ah ?

    Personne ne parle de «La mise à mort du travail», le documentaire qui est passé hier soir sur France 3 ?

    Ça a l’air assez violent !

    Je crois que ça repasse ce soir à 0h50.
    Je n’aurais peut-être pas dû me débarrasser de ma télé, on dirait qu’il y a encore des choses qui valent le coût.
    😉

    C’est impressionnant de voir comme ça tous les détails, comment le système fonctionne… et de réaliser (si j’ai bien compris) que ce n’est pas un hasard s’il y a autant de «consentement» parmi les employés … c’est en réalité une sélection, une véritable sélection ! Le système (R.H.) sélectionne les éléments qui se soumettent le plus facilement / rapidement !

    C’est une autoroute toute droite tracée vers la barbarie, ça ! Effrayant !
    Et en plus ils avaient l’air d’en être fier de diriger leurs entreprises comme ça ! Effrayant !

    P.S.
    Je vois qu’il y a une vidéo ou ils en parlent :
    http://www.dailymotion.com/video/xa

    Réponse
  25. Un excellent document ,oui…avec la deuxiéme partie: mercredi qui vient.

    Qu’en dire ! Carglass, en l’occurence, est démonté si jose dire, méticuleusement par des journalistes qui au delà des apparences, décryptent efficacement. Belle investigation qui ne négligera rien de la méthode à tous les niveaux.

    Il y a de scénes assez hallucinantes avec les stages de motivation des cadres dont je plains les enfants qui ont dû constater à quel point papa peut étre bouffon au travail. Bon vous me direz , certaines discothéques connaissent bien ce genre de clowns dansant la farandole une fois bourrés au mauvais Champagne.

    Il y a le test de recrutement psycho machin à prétexe socialisation, qui en vérité ne sert qu’à dépister le plus rapidement l’enculé parfait à la place de l’altruiste.

    Banalement et tristement ordinaire au fond…

    L’histoire de la PDG américaine nouvellement nommée, qui menace ses cadres d’une balle dans la tête sur le parking est assez hilarante…le style de folledinguasse qui le jour où se fera car-jaké sa bagnole de fonction laissera une flaque d’urine sur le trottoir en hurlant hystériquement, mais que fait la police.

    Un monde de clown géré par des pitres et accepté par des bouffons, quoi…

    Réponse
  26. Marie est en train de se tricoter tout doucement, jour après jour, un joli pyjama pour emménager dans un hôpital psychiatrique.
    A moins que cela soit un ravissant costume en sapin pour ses 55 ans…
    Le travail c’est la santé… du capital !

    Réponse
  27. Marie m’est bien sympathique. Déjà je me réjouis qu’il ne soit pas question de TMS dans le billet. Rapport au sécateur (électrique ?) et autres gestes à répéter x milliers de fois. Et puis, peut-être que l’amie de Marie trouvera comme l’aider à trouver une sortie. Peut-être qu’elle ne trouvera pas, parce que ce n’est pas évident.

    Au Burkina, dans mon souvenir d’il y a 20 ans, le métier le plus mal payé par rapport au travail fourni, c’était à peu près le même, c’était coupeur – généralement coupeuse – de canne à sucre. C’était 15000 F par mois à l’époque (ce qui ferait 23 E au taux de change actuel) ; avec ça on peut nourrir, en entrée d’entrée de gamme, pour 2 ou 3 personnes pendant un mois. Il n’y a pas de resto du coeur.

    Evidemment, on peut s’en prendre au grrrand kapital, mais qui déguste le vin et le sucre de canne ? ma pomme.

    Réponse
  28. Bah ! Vous savez…

    J’ai envie de mettre ça dans la même case que ces chomeurs qui se gargarisent de romans publiés par des multinationales de l’édition, ou des auteurs américains dont le coté fascisant ne doit sans doute étre connu qu’outre atlantique.

    Je ne sais comment appeler ça : le paradoxe subversif peut-étre ?

    Entre consommer du sucre de canne ou lire du Ellroy par exemple : pour un Rmiste français – allez comprendre…

    Marx s’était peut-étre gourré avec sa corde censé pendre les capitalistes ; les pauvres des pays dits sur-développés font ça trés bien aussi.

    Réponse
  29. Autre paradoxe que j’allais oublier !

    L’AGESSA ( gestionnaire de la sécurité sociale des auteurs ) nous déclare réguliérement que seuls 2500 assujetis sont couverts socialement…sur les 55000 déclarés.

    Cela donne une idée de l’incroyable exploitation générée par les grandes maisons d"’éditions.

    Or par exemple, un feu Jonquet – l’icone des gôchistes- s’il n’a pas oublié de nous narrer la terrible et raccoleuse histoire des banlieues trés méchantes, s’est toujours bien gardé de nous rappeler par qui, il fût édité…

    La culture pour aider les pauvres, mais bien sûr.

    Réponse
  30. @Chris : "des auteurs américains dont le coté fascisant ne doit sans doute étre connu qu’outre atlantique", des exemples ? Ellroy ?
    Merci

    Réponse

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  1. Pénurie de salariés agricoles - La petite Gascogne - […] À lire ailleurs : un témoignage sur les conditions de vie d’une ouvrière viticole dans le Grand-Bas-Armagnac. […]

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