Ils sont tellement domestiqués que le jour où leur chaîne virtuelle se distend, ils n’arrivent même pas à faire un pas de côté, ils ne pensent même pas à explorer cette parcelle de liberté inattendue tombée du ciel, ils ne parviennent qu’à maudire leur sort, à chercher des lampistes sur lesquels défouler leur angoisse et ne rêvent que du sempiternel retour à la normale. Eux, ce sont les maîtres du monde, les élites du système, concentrés à jouer à saute-mouton d’un continent à l’autre, drapés de leur propre importance, convaincus que sans eux, le monde, leur monde en fait, s’écroulerait dans la minute. Eux, ce sont les naufragés du ciel, éparpillés dans tous les aéroports du monde, les sens paralysés par les derniers couinements de l’Iphone ou du Blackberry, coupé de sa base d’alimentation habituelle. Eux, c’est l’élite internationale et cosmopolite de ceux qui font le monde tel qu’il est et qui martèlent sans cesse qu’il n’est pas possible d’en changer. Parce que c’est le seul monde qu’ils connaissent, parce qu’ils n’ont aucune imagination, ni aucun sens du réel. Eux, c’est Daniel Mermet qui les décrit, goguenard, amusé, coincé à Tokyo dans un terminal aéroportuaire en train de se transformer en jungle de Calais par la grâce d’un lointain, très lointain volcan islandais.
En quelques heures, tout le système s’est grippé. En quelques heures, il a bien fallu s’adapter à un monde sans avions et brusquement, il est apparu que nombreux étaient ceux qui pouvaient s’en passer. Comme les ministres européens qui découvrent subitement les joies de la téléconférence avant de probablement se mettre à préférer le train. À l’heure où le réchauffement climatique est une préoccupation internationale, où l’on explique à longueur de temps aux citoyens que le choc pétrolier va engendrer le chaos, ceux qui nous gouvernent n’ont de cesse de se réunir, de se retrouver, de se croiser, de se renifler, empruntant sans cesse le moyen de transport le plus polluant du monde, contraints, disent-ils, par la nécessité de leur charge, par le fait qu’ils sont irremplaçables, partout, tout le temps. Jusqu’à ce que les faits, têtus, viennent les contredire.
Parce que vu du sol, un monde sans avions, c’est plutôt sympathique, vu de nos pieds de rampants assignés à résidence par des contingences économiques soi-disant indépassables, le souffle du volcan balaie bien des automatismes, bien des renoncements, et éclaire un horizon sans traces. Pour la grande majorité d’entre nous, la paralysie de l’espace aérien, c’est le chef de service qui va rester bloqué quelques jours de plus (le pauvre !) dans le cadre de ses vacances paradisiaques, c’est le patron en exil prolongé, ce sont les obsèques désertées d’un dirigeant contestable déjà victime du ciel, ce sont des clandestins qu’il n’est plus si urgent d’expulser. Pour la grande majorité d’entre nous, les cloportes dont le champ des pérégrinations est soigneusement délimité par le triangle étroit des trajets domicile-travail-courses, un monde sans avions c’est un monde dans lequel nous tournons nos regards vers le ciel et où nous plongeons avec délices nos yeux dans le bleu intense et silencieux, un bleu à s’en noyer les rétines, un bleu infini, le bleu au-dessus de la matrice habituellement tracée par leurs innombrables trajectoires indifférentes.
Le grain de sable dans la machine
En fait, comme chaque fois que la machine se grippe, comme chaque fois que la chape de plomb qui nous courbe l’échine se fendille, c’est une brusque profusion, une explosion de petite humanité radieuse qui pousse par les interstices du système comme l’herbe folle envahit les fissures de béton. Le grain de sable ou le nuage de cendre nous rappelle à chaque fois que l’édifice sous lequel s’est construit notre asservissement à un monde qui nous utilise, nous broie et nous jette après usage, que cet édifice est branlant et que ses fondations sont nos habitudes. Chaque fois que l’ordre totalitaire des choses est bousculé, presque immédiatement, ses vides béants sont comblés par la somme des pratiques, des valeurs et des comportements dont on nous dit pourtant qu’ils sont d’un autre temps, démodés, obsolètes.
Je me souviens avec délice du chaos des grandes grèves de 95, quand, subitement, il avait fallu faire autrement, quand, brusquement, ce n’était plus ma montre qui me dictait ma vie. De la nécessité de la patience. Du besoin de communiquer, de partager, de s’entraider. Je me souviens des conversations profondes et intimes démarrées sous un abribus abandonné de tous, entre Opéra et Le Louvre, des covoiturages sauvages et souriants, de cette galère
commune qui a rempli les rues, les couloirs, les paliers, qui a rendu le sourire à beaucoup, qui nous a restitué un précieux temps de vie que nous concédons habituellement et à vil prix à des tâches sans intérêt et sans gloire.
Je me souviens d’une grande panne de courant dans mon enfance, où, subitement, toutes les boîtes à cons se sont tues, où tous les prophètes du monde qui tombe ont eu le sifflet coupé, où, d’un seul coup, les gens se sont retrouvés sans rien d’autre à faire que de se rencontrer. Quelques heures sans le sempiternel refrain de la peur et du chacun pour sa gueule et déjà, le voisin n’était plus l’ennemi, déjà, il y avait tant d’autres choses à faire que de rester le cul dans son fauteuil à regarder des inconnus vivre à notre place. C’était merveilleusement étrange, ce monde qui, à force de ne plus fonctionner, se mettait subitement à vivre. La rue n’était plus l’espace des trajectoires solitaires et pressées, le lieu des rencontres inquiétantes, des bruits agressifs, c’était redevenu l’artère qui nourrit, l’endroit où tout se passe, où les vieux tirent une chaise sur le trottoir, où la palabre s’installe, où chacun dégaine un saucisson, un bout de pain, quelques poèmes, des blagues salaces, des récits grandioses, des particules de bonheur hors du temps qui nous lamine habituellement.
Plus près de nous, il y a eu Klaus, le visiteur venu du large, son sillage catastrophique dans lequel ont immédiatement germé les graines de l’entraide et de la solidarité.
À chaque fois, pourtant, ils nous prédisent qu’il n’y a point de salut hors de leurs prisons mentales dans lesquelles nous croupissons par la force de l’habitude, la peur de l’inconnu ou juste un immense manque d’imagination. À chaque fois, pourtant, la multitude des petites gens, des gens de rien, des gens de peu, prouve qu’au contraire, la vie est belle dans les failles du système, qu’il n’y a pas d’effondrement brusque de la civilisation quand leur étreinte se fait moins forte, que sous la contrainte des événements, nous savons, collectivement, inventer du vivre-ensemble, du vivre-bien, du vivre-mieux. Et même si, à chaque fois, ils finissent par nous convaincre de rentrer dans le rang, petit à petit, les fissures s’agrandissent, les failles se creusent, l’édifice se fragilise et à travers les interstices, nous pouvons déjà deviner que non seulement un autre monde est possible, mais qu’il est déjà là !
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This post was mentioned on Twitter by ownicrew: #OwniCrew Interstices http://bit.ly/9owpr2…
Je me réjouis tout comme vous de cet arrêt momentané du vacarme céleste ! (Profitons-en : je subodore qu’être d’accord sur un point ne va pas nous arriver tous les matins…) Où vous vous trompez, il me semble, c’est lorsque vous feignez de croire que l’avion concerne avant tout les "riches", les "élites" : c’est faire bon marché des troupeaux de touristes qui, d’un bout de l’année à l’autre, promènent leur hébétude satisfaire aux quatre coins de la sphère. Et j’avoue que m’imaginer tous ces lobotomisés, cernés par la meute de leur progéniture braillarde et mal élevée, coincés une semaine ou plus dans un aéroport, eh bien… Tenez, j’en souris tout seul derrière mon clavier !
C’qui m’a fait bien rire, c’est "l’attendue" stigmatisation des grévistes de la S.N.C.F, à propos de leur absence de citoyenneté, alors qu’un p’tit volcan islandais menace le monde de la libre entreprise..! 😉
Une pensée émue pour les riverains de Roissy-Charles de Gaulle ou d’Orly ou les autres,…qui peuvent enfin écouter les chants des oiseaux…C’est l’printemps !!
Ce petit épisode volcanique devrait nous rappeler que l’avion ça n’est pas banal. On ne devrait prendre l’avion que si tous les autres modes de transport n’étaient pas accessibles. Pas pour aller passer des vacances dans un club de vacances, par exemple.
En fait beaucoup de paramètres qui font que l’économie va bien (croissance, etc.) font aussi que les hommes vont mal.
C’est vrai que maintenant, le moindre truc fout un bordel monstre. Et c’est vrai que les médias nous font de ces pataquès, qu’on croirait que tout est devenu Hiroshima en pire. Là, c’est la cendre. Récemment, ce furent de la neige, du vent, de l’eau. Je note aussi qu’on ne coupe plus, désormais, dés qu’il y a des "gros" week-ends ou des vacances, aux alertes routières, au attention, ça va être le bordel. Tout est placé fissa en zone orange, en vague rouge. C’est plus affolé qu’affolant, quand on y pense. L’expérience aidant.
Souvent, en effet, constatons-le, la réalité est bien loin de la… fiction. L’actu marchandisée est ainsi faite. Elle n’est plus miroir de ce qu’on vit mais déformation amplifiée de ce qu’on ne vivra pas.
Curieuse singerie.
Ainsi le week-end dernier. Sommes revenus de Bretagne avec en perspective un plan galère, c’était dit, c’était annoncé, ça chassait croisait entre vacanciers. Etions un peu inquiets à l’idée de rôder autour de la capitale notamment. En vrai ? Que dalle, pas un chat !
Ainsi, autre exemple, ce témoignage d’un copain à l’époque des banlieues enflammées. Se rendait à Strasbourg. Ecoutait la radio. S’approchait du quartier le pensant à feu et à sang, flippant quand même. En vrai ? L’a cherché traces du drame, pas vu.
On dirait que le principe de précaution a enfanté d’un monstre d’inquiétude.
Gamin, on me racontait l’histoire du type qui crie au loup et qu’on entend plus.
Comme Didier, je ne pense que la masse de pigeons que l’on voit dans les aéroports soit constituée de nantis et autres"maîtres du monde" mais plutôt de touristes. Certains sont même pathétiques en expliquant qu’ils n’ont plus 1 euro en poche et qu’ils doivent quémander à l’ambassade ou au consulat ! Cetelem, Sofinco etles autres bienfaiteurs de l’humanité se feront un plaisir de leur proposer des solutions adaptées à leur retour…
ouf ! ici à Bruxelles, on a pu enfin souffler un peu : plus d’avions qui nous empêchent de penser, de rêver, de dormir et même de travailler.
Mais on parle de rouvrir les aéroports et de relancer les décolages et atterissages nocturnes d’avions de fret. L’accalmie n’a duré qu’un, mais c’était mieux que rien.
Merci pour cette libération 🙂
Parce que si l’on en croit la télé, la liberté serait celle de faire comme d’habitude, d’être toujours à l’heure au bureau notamment ! Pour ces cons les grévistes seraient des briseurs de liberté… Bien sûr que c’est tout le contraire et c’est bien de le dire, MERCI !
J’aime cette image de l’herbe folle qui envahit les fissures du béton. On pourrait aussi suggérer que les mots et toute créativité procèdent de cet émietttement de l’ordre totalitaire. En tout cas on peut l’espérer.
J’aime bien cette idée d’interstices. A défaut de déplacer les montagnes, c’est en s’infiltrant dans des fissures où elle va geler que l’eau finit par les détruire, creusant des grottes d’abord, les meublant de stalactites plus tard.
Et le pissenlit qui rayonne dans une fente de béton m’a toujours rendue très gaie.
En mettant de côté tous les points positifs (d’ailleurs, c’est étonnant de voir les journalistes et le MEDEF qui ne parlent uniquement que des points négatifs), ce qui me frappe c’est la totale désorganisation de la "machine". Et puis on voit aussi que, s’il y a quelque chose qui est négligé dans des moments comme celui-là… c’est l’humain, les gens… !
L’image d’une "machine" parfaite se fissure un peu plus chaque semaine… et, ça devient évident que la "machine" n’en a rien à faire de l’humain.
Crise financière, Xynthia, en maintenant les voyageurs abandonnés à leur sort…
C’est sûr que tout n’est pas comparable, mais je trouve que ça va dans la même direction.
Il est symptomatique de constater à quel point le moindre grain de sable dans les rouages des mécanismes de nos sociétés modernes peut avoir comme conséquences en chaines. Même avec son impact somme toute limité, cet évènement éruptif révèle assez bien l’image de colosse aux pieds d’argile qui caractérise tout le système socio-économique. Nos sociétés sont de plus en plus basées sur l’instantanéité, la vitesse, le productivisme, où toutes les actions sont inter-connectées et sur lesquelles la moindre défaillance peut générer des réactions aux conséquences incalculables, l’édifice entier risquant de s’écrouler comme un château de cartes.
Nos rythmes de vie ont changé et doivent impérativement s’adapter à cette frénésie sous peine d’être marginalisé et relégué au rang de déchet domestique. On pourrait évoquer les externalités négatives de toutes les évolutions technologiques qui poussent l’humain à s’adapter au rythme intrinsèque de la puissance machinique.
Conditionnés par cette frénésie – on pourrait parler d’hybris – tout incident de parcours marquant une rupture est vécu comme désemparant, insupportable et finalement inadmissible.
@ Didier Goux et speedy :
parce que vous pensez vraiment que les touristes qui ont les moyens de promener leur hébétude aux quatre coins de la planète ne sont pas des nantis ? Faut sortir, les gars ! L’immense majorité de la population mondiale n’a même pas les moyens de prendre des vacances…
@Didier : je ne sais si c’est voulu, mais en lisant votre contribution, je trouve plutôt déplacée l’amalgame entre "non nantis" et "progéniture braillarde et mal élevée". Pensez-vous vraiment que seuls ceux qui ont des moyens financiers élevés soient capables d’élever leurs enfants convenablement ? J’ose espérer que non.
Les interstices, l’improvisation… la nature même du vivant. Nous (sur)vivons dans des sociétés de mort, parce que ce sont des sociétés qui sont verrouillées par ceux qui les dominent, qui en profitent, qui veulent donc que cela reste éternellement en l’état, dans la stase. Ils nous vendent un univers d’objets qui sous leur apparente progression technologique ne sont que des ancrages d’un éternel présent. On ressent toujours violemment la pulsion de vie dès que l’on s’écarte des épicentres sociaux : marginaux, frontières, cambrousses, là où les choses se tentent.
Mais de plus en plus, je ressens physiquement les failles, les fissures de la cuirasse et c’est cela que je voulais exprimer dans l’idée même d’interstices. Dans d’autres sociétés plus avancées dans la longue marche vers les inégalités les plus criantes (qui peut nier aujourd’hui que le capitalisme n’est qu’une machine monstrueuse qui, sous prétexte d’homogénéité, ne fait que de créer plus d’inégalités?), il y a des pans entiers de la population qui naissent, vivent et meurent dans les interstices béants de la trame sociale déchiquetée. Et c’est dans ces non-espaces sociaux que les choses grouillent, que les expérimentations sociales (hélas, sans valeur morale principale, donc aussi bien bénéfiques que porteuses d’encore plus de chaos) sont permises.
Comme le dit si bien Jardins, les interstices sont les points de faiblesse de la matière, les petites fissures à partir desquelles le gel, le coin, l’outil approprié peut faire exploser la gangue qui emprisonne.
En réponse à Bernard, il est possible que le bordel de 68 m’aurait plu, mais je ne goûte guère la longue traîne de ses effets sociaux. Finalement, ce n’est peut-être pas le Grand Soir qui faut espérer et provoquer, mais juste investir les interstices, toujours plus nombreux, jusqu’à ce que tout le corps social s’en trouve ébranlé par la pression du nombre.
@ Marguerite : mais toute progéniture est par nature "braillarde et mal élevée" et particulièrement dans les transports publics, non ? Et c’est très généralement que l’on peut constater que "la disparition des ogres se fait cruellement sentir" (Alphonse Allais) … 🙂
Sinon, chère Agnès, vive les grands moments de grève générale, en effet, où la vie s’improvise. Tu nostalgise (à bon droit) sur 95. Ah, si tu vais vécu 68 !
Les interstices, les failles, les fissures, si elles nous enchantent, ne sont que de provisoires échappées belles, parce que la nature même de la cuirasse de l’ultralibéralisme mondialisé a plus à voir avec le caractère mouvant des plaques tectoniques qui parfois se chevauchent avec les dégats collatéraux que l’on sait, mais par nature, cherche surtout à colmater les brèches.
Pour B.L, la "dépression" de 68, ou le trou d’air, pour être plus positif, enfin la bouffée d’air pur plutôt n’aura été qu’une parenthèse enchantée, (ou la grève générale historiquement "unique" ne fut qu’un corollaire obligé…), qui restera un épiphénomène, dont je redoute qu’il ne reste définitivement historique. 🙁
Interstices, implosion…
Tout repenser et ne pas oublier que 2 % de la population détient la moitié de la richesse mondiale.
Si on a un patrimoine d’une valeur 1650 euros (2200 dollars) on fait partie de 50% des personnes les plus riches au monde.
Autrement dit au regard de l’ensemble de l’humanité, nous sommes riches.
S’enfermer derrière des murs hérissés de barbelés pour sauvegarder notre richesse et une culture qui fait son temps (avec ses qualités et ses défauts) est aussi stupide qu’égoïste et dangereux.
Alors que les herbes folles poussent dans les interstices, que l’on prenne la vie à bras le corps, avec ses risques et ses bonheurs…que l’on vive!
Tout va bien : je fais donc partie des 50% les moins riches de l’humanité 😉
Posséder, c’est voler
Le côté joyeusement "hors du temps" de Mai68, ce fut quelque chose.
Mais la gueule de bois de l’été suivant, pour certains, fut terrible. J’en connais qui ne s’en sont jamais remis.
Bon, le Dieu Vitesse en a pris un petit coup dans lag’. Petit, mais coup…
En même temps, cette "vie dans les interstices"… ce n’est que le phénomène (naturelle) de l’adaptation. C’est l’adaptation à "ce qu’il y a". Alors, oui, si ça continue d’être laissé à l’abandon, en ruines… les interstices, les fissures, etc. vont se multiplier… et la "vie dans ces interstices" va, avec, elle aussi aller en augmentant.
Mais, il y a aussi d’autres "scénarios" : le passage de kärcher (comme ça, ça a l’air propre… bien que ce soit des ruines), ou l’aménagement de lieux pour la nature (pour continuer avec l’image : quelque chose entre le pot de fleurs et l’espace vert)…
En disant cela, je me rends compte que "l’aménagement de lieux" pour quelque chose, dédié à quelque chose… c’est peut-être ce qu’il y a de plus pernicieux : ça donne l’impression qu’on est libre, mais en fait, non ! Ça serait comme une "cage dorée", comme une "réserve"… un peu une prison, quoi.
Merci Agnès. Merci du fond du coeur.
Ah. Ca fait du bien de te lire…
Sauf que les paysans keynians qui exportent fruits et légumes vont avoir du mal à boucler leurs fins de mois.
Le transport aérien ne fait pas que vivre des beaufs ou rupins.
Votre billet est très bien écrit, bien observé, bien fait, drôle, critique sans être agressif, bravo ! je tenais à vous applaudir de mes deux ailes d’oiseau pas si rare de Biarritz !!!!
Merci, merci, c’est le printemps, c’est le moment de cueillir des brassées de fleurs odorantes. Je soupçonne pas mal de mes nouveaux lecteurs d’être propulsés par ici par @si ;-).
Sinon, c’est du creative commons : cela peut donc être repris ailleurs, à condition de n’être pas déformé ou décontextualisé, de ne pas être utilisé à des fins commerciales (pensez au petit bouton de dons, en haut, à droite 😉 ) et d’être correctement sourcé (auteur et lien vers l’article original.
Merci pour cette bulle d’air poétique
Merci de regarder le monde dans les yeux…
Très bon texte, merci!
M’autorisez-vous à le citer avec vos réféfrences et un lien vers lui sur mon propre blog?
Je vous en serais très reconnaissant pour mes lecteurs!!!
Oui, encore et toujours, très bien écrit. C’est con, mais à un moment donné, j’en ai presque eu les larmes aux yeux … et puis, je me suis dis, oui, enfin, elle exagère quand même !
Sans doute, pour me rassurer 😉
Pourquoi ceux qui râlent de ne pas être remboursés par leur voyagiste ne s’adressent-ils pas également aux opérateurs de téléphone qui ont dû se faire des ponts d’or pendant cette semaine ?
J’ai parfois un peu plus que le sentiment d’un désir de chaos et d’apocalypse de la part de certaines rédactions, le besoin d’être le témoin du scoop absolu: la fin du monde. D’un épi-phénomène on se gargarise pour en extirper les possibles signes annonciateurs d’un non retour désiré parce que tellement envisagé (à force…).
A une existence subie, une impuissance à réagir à la complexité que l’on nous vend, la fiction nous aide en créant des drames possibles (rater la rentrée scolaire, un rendez-vous amoureux…) : la peur de manquer de tout alors que nous manquons de l’essentiel.
La grippAtte nous a annoncé la couleur (bleue comme la peur) : nous sommes déjà morts et enterrés par millions … par la proximité du virus? que nenni ! Par la contamination des esprits et la plus belle invention de l’homme: "La boite à cons" …. dormez! braves gens…
PS: Merci à @si 🙂
Un petit karaoke pour monolecte
(son billet de blog en chanson) :
LIVING ROOM,
de Paris Combo :
http://www.dailymotion.com/video/x5…
Nous tous nés d’amour dans ce vieux pays
Où seuls de vieux, de très vieux singes sont assis
Aux commandes de nos libertés
Aux manettes de nos intégrités
Alors, tapons-nous sur le nez
Ça les fait toujours rigoler
Allez, tapons-nous, entre nous
Ça leur fera toujours de gros sous
Quand ils nous vendront des canifs
Et des idées malsaines
Pour que nos petites vies s’enfouissent
Dans la violence et la haine
Alors quoi, on va coucher dehors
Sous les ponts, sous des ponts d’or
Que d’autres auront construits pour aller de leur cuisine
A leur living…
Leur living-room
C’est pas du flan, c’est pas du vent
C’est le living-room des vieux singes savants
Living… Living… Living…room
Nous sommes tous nés, mon ami
Nous sommes tous vivants, c’est inscrit
Dans notre œil, tu vois, au fond ça luit
D’une envie de vivre, d’une envie
De parcourir le monde
Cette bonne terre si gironde
Mais non, mais non, voilà qu’on nous gronde !
Cas sans laisser-passer
Faut pas se laisser aller
A rêver d’une autre vie, mon ami,
Non, faut pas rêver
Car pour rêver, faut des «laisser-passer»
Du papier, pour passer sa vie
De l’autre côté du pont, des ponts d’or, dehors
Y’en a des tonnes, c’est pas qu’on les ignore
Car on les voit souvent passer de leur cuisine
A leur living…
{au Refrain}
Voilà comment, quand on y pense
Nous sommes tous devenus des éléphants
Des gnous, des girafes, des orangs-outangs
Dans nos réserves sous surveillance
Et qu’on n’aille pas s’égarer
En troupeau ou bien tout seul, isolé
Dans les réserves d’à côté
On est sûr de tomber sur un os
Un ostéopathe de première
Qui vous démembrera, c’est son affaire !
De vous faire passer l’envie
Des voyages interdits
Interdits dans nos vieux pays
Où seuls de vieux, de très vieux singes sont assis
Dans leur cuisine, ils gambergent
Pour améliorer leur living…
{au Refrain}
Très joli billet, merci =^.^=
Je nostalgise un peu aussi 95, obligée que j’ai été d’arrêter mes études à cause ou grâce (je refuse de choisir) à cette grève, parce que plus le temps d’étudier ET bosser pour payer le loyer… Et finalement, c’était bien ainsi, d’aller ensemble, sourire gratuit et bonnes chaussures… ça a ouvert beaucoup de portes et de possibles, en effet… Aujourd’hui, presque sans télé, presque sans radio, généralement sans avions, une grève ne m’atteint même plus, 95 a aussi été la voie vers d’autres possibles, réels, concrets, sous un seuil dit de "pauvreté" (de quelle nature ?) qui ne me permettrait en aucun cas de prendre un quelconque avion de toute façon… Mais finalement… On se sent bien dans le "camp" des volcans =^.^=
Tellement…VRAI. MERCI pour ce très beau texte, j’ai également été propulsé ici grâce à @si.
Un texte que j’aime souvent citer va dans ce sens :
"Il faut avoir exercé ce que l’on appelle les grands emplois pour savoir à quel point ils détournent de la réflexion. Les journées hachées menu, les coups de téléphone, les audiences, la lecture cursive des documents, ne laissent aucun temps ni, ce qui est pire, aucune énergie pour l’effort qu’exige la mise en ordre des idées. On acquiert l’habitude de réagir à un propos, à une note, à un évènement. On perd celle de réfléchir, d’insérer dans un ensemble le fait qui a déclenché le réflexe. On glisse de plus en plus rapidement, de plus en plus adroitement, à la surface des choses. On ne raie même plus la glace. Et puis, un jour, devant un trou imprévu dans l’horaire, on se découvre incapable d’utiliser ce vide et on prend conscience du sien."
Jacques de Bourbon Busset, La révolution informationnelle. IBM Magazine, mai 1991. Cité dans Le Syndrome de Chronos. D. Ettighoffer & G. Blanc. (1998). Dunod.
[autopub: on]
Puisqu’y a déjà une ’tite chanson, je m’autorise de proposer la mienne : http://gueblo.cobab.net/index.php/2…
Mais écoutez quand même Paris Combo, c’est bien plus classe que mes conneries.
[autopub: off]
(Agnès, je te squatte sans vergogne, si ça te dérange tu vires mon comm, hein, hésite pas.)
Nous sommes en prison et les rois de la prison font tout pour qu’on ne s’en échappe pas.
les guardiens travaillent pour eux et nous font croire que dehors, c’est dangereux.