Plus le temps passe, plus je brasse d’air, plus il ne se passe rien. Et plus j’enrage de n’être qu’un putain de rat enfermé dans un labyrinthe dont un crétin a muré la sortie.
Le deal était pourtant simple : tu joues le jeu et tout ira bien pour toi. Bon, d’accord, peut-être que j’ai pris un malin plaisir à tirer sur ma longe, à toujours tacler à la limite du hors jeu, à racler un peu sous la clôture… à toujours chercher la tangente qui fait qu’on n’a pas l’air de… mais soyons sérieux deux minutes, cela à toujours été dans les limites précises et bien délimitées de la digression autorisée, celle qui donne de petits frissons de rebelles à bon prix, mais qui ne file même pas de petits coups de coupe-ongles pour bébés dans le fameux contrat social.
Le contrat social… Il y a plein de gars (hé oui, la philo, c’est comme toutes les choses vaguement intéressantes, c’est avant tout une affaire d’hommes !) qui ont gentiment théorisé dessus, mais avant même d’avoir quitté la maternelle, le moindre morpion a déjà une conscience assez nette de la nature de cet accord tacite que personne ne signe et que pratiquement tout le monde respecte. En gros, ce qui motive les gens à s’arrêter au feu rouge, c’est leur adhésion intime au principe qu’il est mieux pour leur gueule de se conformer aux règles et aux usages communs que de chercher la merde en faisant n’importe quoi. Ce n’est donc pas la peur du gendarme ou de la sanction qui garantit le mieux la paix civile, c’est l’intime conviction qu’il est plus profitable de traverser dans les clous que de jouer les aventuriers. Une société fonctionne surtout selon un principe de libre adhésion et de quelque chose qui est de l’ordre de la foi. J’accepte les contraintes inhérentes à la vie en société parce qu’en échange, la société m’offre des possibilités de vivre correctement en son sein. Même si je suis le dernier des libertaprouts individualistes, je sais, qu’en moyenne, j’ai plus intérêt à jouer collectif que franc tireur. Je donne mon temps, mes compétences et un peu de ma liberté et je reçois le prix de mes efforts, la sécurité du groupe, les moyens de ma subsistance.
Bien sûr, il y a toujours la tentation puissante d’en prendre un peu plus que sa part, mais en moyenne, les règles, les usages et les lois se construisent au fur et à mesure des pratiques et ont pour objet réel de maintenir l’équilibre entre tous les acteurs en présence, à garantir la cohabitation plus ou moins pacifiste de tous avec tous. Un fichu travail d’équilibristes, en partie voulu et pensé, en partie collectivement élaboré autour d’un modèle plus ou moins impossible à attendre, mais vers lequel tendent la plupart des pratiques individuelles et collectives.
Cependant, il arrive qu’au sein des forces en présence, c’est-à-dire entre les différents groupes plus ou moins homogènes qui composent le tissu social, il y en ait certains qui parviennent enfin à prendre le dessus contre tous les autres et à maintenir et bétonner cette position de domination. La machine sociale se met alors à ne plus satisfaire tout le monde et le maintien de la cohésion sociale demande quelque chose d’un peu plus musclé que la simple adhésion librement consentie de tous les membres de la société. C’est le moment précis où la machine devient folle et produit des inégalités qui ont ceci de remarquable qu’elles se voient comme une pustule sur le front de Marianne et qu’elles deviennent de plus en plus insupportables et inacceptables du point de vue de ceux qui sont spoliés. Et donc, plus la machine produit des inégalités et plus il devient nécessaire de mettre en place des dispositifs de plus en plus coercitifs pour maintenir une paix sociale trompeuse.
C’est un peu le point où nous en sommes.
De plus en plus de gens ont du mal à satisfaire leurs besoins élémentaires pendant qu’une poignée d’autres affiche un luxe outrancier. Le contrat social a été piétiné de manière unilatérale et il convient d’agiter un gourdin de plus en plus gros pour maintenir les gueux à leur place, pour les forcer à respecter des règles qui, manifestement, n’ont plus pour objectif que de protéger ceux qui profitent du système tout en écrasant la gueule de ceux qui oseraient relever le front. Il suffit de voir quelles sont les préoccupations législatives de notre gouvernement, mais aussi de l’ensemble des gouvernements de la planète, pour comprendre que le but, c’est de criminaliser les victimes du système tout en garantissant l’impunité des profiteurs. Ce qui s’appelle donc de l’oppression.
C’est un assez mauvais calcul à moyen terme. Parce que les tensions créées par les déséquilibres grandissants et cumulés finissent toujours par exploser, violemment, sans que jamais il ne soit possible de prévoir où, quand, comment et pourquoi. Mais bon, tant que la peur réussit à maintenir de force ce que la libre adhésion consolidait en des temps plus rieurs, pour les quelques margoulins qui ont décidé de tout garder pour eux, ce sont plutôt des temps intéressants que nous vivons!
En attendant le bon gros retour de balancier, je sens juste la pression interne qui monte. La frustration intense d’avoir tant que choses à faire, à créer, et si peu de possibilités d’y parvenir. La colère d’être finalement reléguée, non pas à la marge du système, ce qui sous-tendrait l’idée intéressante qu’il est possible de vivre en dehors, mais dans son cul de basse-fosse, à devoir déployer des efforts démesurés pour juste gratter quelques miettes de survie. Dépendre sans cesse du bon vouloir des dominants, être sanctionnée immédiatement quand on n’a pas l’heur de leur plaire.
Commencer à comprendre ceux qui ont cessé de faire semblant, ceux qui sont en rupture de ban, ceux qui ont cessé d’implorer, de supplier, de quémander et qui ont décidé d’aller directement se servir.
Et quand des gens aussi convaincus que moi de la supériorité de la société sur la jungle en viennent à penser que notre contrat social ne vaut même pas le papier cul sur lequel il aurait pu être imprimé, c’est que, finalement, l’heure de la délivrance n’est peut-être plus très loin.
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"tant que la peur réussit à maintenir de force ce que la libre adhésion consolidait en des temps plus rieurs" : je suis pas du tout sûre que ce soit la peur qui maintient le calme. Plus un efficace travail de sape idéologique qui a quasiment fait disparaître la conscience de classe (des pauvres, pour les riches ils ont et la conscience de leur classe, et les moyens de la lutte pour la défendre) au profit de l’idée individualiste que si tu veux, tu peux.
Georges Brassens
C’était sur Rezo, au moment où mon papier s’est fait référencé… j’adore!
Sinon, bien sûr que c’est la peur qui nous tient par le fond du slip!
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This post was mentioned on Twitter by monolecte: Rage against the machine – Le Monolecte http://bit.ly/bAyDW7…
<i>"[…]les tensions créées par les déséquilibres grandissants et cumulés finissent toujours par exploser… "</i>
…ouais… je crains néanmoins que ces explosions ne parviennent plus à se structurer suffisamment pour être un véritable vecteur de changement.
Le pouvoir répressif se mondialise et il lui sera de plus en plus facile d’étouffer les "poches de résistance" ( lire : quelques millions d’individus )…
<i>"If you want a vision of the future, imagine a boot stamping on a human face – forever."</i>
Oui, je sais, j’ai le moral à zéro… 🙁
"La guerre des mondes vous l’avez voulue, la voilà" dixit NTM en…92 ? et pourtant, l’oppression/répression n’a fait qu’empirer depuis ! néanmoins, je suis optimiste (si je puis employer ce terme, car cela risque avant tout d’être barbare) pour la suite des évènements ! tiens bon Agnès !
C’est amusant de voir la vitesse à laquelle s’énonce la proposition "balance ta télé !" lorsqu’on commence à parler d’émancipation des esprits. La charge symbolique de l’acte tel qu’énoncé, peut même aisément passer pour une forme plutôt matérialiste de démission face aux sources de nos maux : ce qui est nocif dans la télé, c’est ceux qui passent dedans. L’éteindre devrait donc suffire à les faire disparaître. Pour la balancer, plutôt que la déchetterie, qui n’est au fond que son destin "naturel" d’objet de consommation, je suggère plutôt d’attendre de pouvoir le faire à un moment où l’énergie cinétique de l’action soit utilisable à bon escient, histoire de se faire un tour de rein pour un geste doté d’un minimum de panache dans le fracas.
Bon, en même temps, je dis ça un peu facilement. Je n’ai pas eu à "balancer" la mienne, elle est tombée en panne il y a 15 ans et j’avais pas les sous pour la réparer ni en changer.
Après ça, j’ai bêtement oublié à quoi ça servait.
un jour les gens n’auront plus rien à perdre…
La misère engendre la violence…
Ce qui est con, c’est que quand ça va péter, c’est les deuxième classe du front qui vont se prendre les shrapnels dans la gueule. Les responsables de l’explosion seront quant à eux toujours bien à l’abri dans les états-majors.
correction: "à garantir la cohabitation plus ou moins pacifiste de tous avec tous" -> "pacifique"
Aller tout casser dans la rue ne fera que nous précipiter plus vite dans la dictature. Tous les milliardaires qui vivent sur notre dos ne le font pas par la contrainte mais parce que nous les laissons bien le faire. Arrêtons d’acheter leurs produits et ils ne représenteront plus une menace. Sans nous, c’est à dire sans clients ils n’existent tout simplement pas !
Les milliards de cotation en bourse ne sont que du vent et peuvent fondre jusqu’à entraîner la faillite des plus grosses sociétés en quelques jours. C’est là-dessus qu’il faut réfléchir à mon avis. Et commencez par balancer votre télé à la déchetterie, vous aurez déjà un peu de temps pour créer et réfléchir 🙂
Ça a déjà pété, c’est juste que vous ne le voyez pas, parce que vous ne voulez pas le voir.
Plutôt qu »une vaine rhétorique, mieux vaut une citation d’une inconnue, savez ces auteurs qu’on méprisent parce qu’ils sont inconnus, ces sans noms, d’ailleurs je ne sais pas le sien, c’était juste un pseudo sur le ouébe.
"""C’était un Age d’or, une époque d’intense aventure, de vie large, de mort pénible…, mais personne ne le pensait. C’était une époque de fortune et de vol, de pillage et de rapine, de culture et de vice…, mais personne ne l’admettait."""
Quelle explosion quand vous ne rêvez que d’un ordre nouveau.
@christophe certain : c’est un peu simpliste et caricatural. Comment tu comptes parvenir à ce que plus personne n’achète les produits manufacturés des "milliardaires" ? à ce que plus personne ne regarde l’abrutisseur des foules nommé TV ?
La réflexion c’est bien mais c’est un peu court pour faire changer les choses non ?
J’ai tendance à penser à l’instar d’Agnès qu’à un moment ou un autre, à force d’appuyer, de faire plier les honnêtes gens en 4, ça va finir par ne plus tenir et exploser. C’est sûr, ça n’est pas bien malin, mais quoi faire d’autre ? La pression style boycott ne sera jamais assez efficace, le vote, on en rigole depuis trop longtemps déjà, les lobbies citoyens n’atteindront jamais la puissance de ceux des firmes & industries & financiers… donc je ne vois pas réellement de solution "pacifique" vu la pente qui est prise et qui s’accentue.
Ouais… "traverser dans les clous"… essayez ça à Paris… c’est à croire qu’une bonne partie des conducteurs se croient permis d’accélérer pour écraser du "piéton" !
Remarquez, ça va très bien avec l’analogie : le piéton croit qu’il doit respecter un code, alors que c’est un code qui ne doit pas s’appliquer à lui, et les conducteurs qui ont le devoir de le respecter (le "code de la route") une certaine partie ne le respecte pas et en profitent et mettent en danger les piétons… le plus faible au passage, aussi (comme d’habitude)…
Et puis, ce qui est embêtant aussi, c’est qu’après ça donne de mauvaises habitudes… on commence par s’arranger pour tenir compte de ceux qui trichent, et petit à petit, ça devient n’importe quoi.
Nos "zélites" travaillent déjà à détourner de sa cible toute cette énergie qui s’accumule, et commence à faire quelques vagues. Les boucs émissaires sont désignés : fonctionnaires, immigrés…
@Tomek si tu attends que tout le monde fasse un truc avant de le faire, effectivement il ne va pas se passer grand chose. Si toi tu le fais ce sera déjà pas mal, et ça en fera un de plus. Ce genre de discours est une bonne excuse pour ne rien faire et attendre en se plaignant. Je n’empêche personne de regarder la télé ou d’acheter des produits industriels, ça c’est de la dictature… Maintenant si on peut espérer quelque chose de l’humanité, c’est que les gens finissent INDIVIDUELLEMENT par se rendre compte qu’ils se font entuber et qu’ils se tournent vers autre chose. Ce n’est pas en les forçant à faire quoi que ce soit qu’on changera les choses, c’est en aidant les gens à ouvrir les yeux sur la réalité, et Internet est un bon outil pour ça.
C’est sûr c’est moins excitant de faire son jardin soi-même que de faire la révolution dans la rue, mais tu crois qu’il va se passer quoi dans la rue ? Il va y avoir un peu de mobilier urbain de brûlé (que tu rembourseras avec tes impôts) et après ? Ca changera quoi ?
Et soyons fous, admettons que l’armée se range du côté du peuple, que la foule déchaînée rase l’assemblée nationale, pende le dernier député UMP avec les tripes du dernier sénateur socialiste, que Sarkozy se fasse hara kiri dans son bunker de l’Elysée, que les stocks d’armes commencent à sortir des banlieues et que les bandes organisées commencent à tout piller comme en Irak tu vas faire quoi ? QU’EST-CE QUI VA SE PASSER APRES ? C’est peut-être à ça qu’il faut réfléchir maintenant. On peut souhaiter que ça change, de là à se retrouver dans un scenario de guerre civile ça ne ne me branche pas.
On a la chance inestimable d’avoir un état qui n’est pas encore trop vérolé par la corruption, il n’y a pas d’escadrons de la mort qui sillonnent les rues, on peut encore raconter ce qu’on veut sur le web, donc on peut encore faire des choses. Tout n’est pas perdu d’avance.
L’expérience de Milgram montre à elle seule le degré de soumission des humains, comme Pavlov a montré le conditionnement opérant… D’un côté à part la télé seriez vous prêt à jeter votre lave-linge? Votre frigo? A ne pas avoir l’eau de Suez? etc… Il n’y aura pas de révolution parce que 80% de mes frères humains sont soumis, et qu’ils ont peur de perdre leur confort et ce qui les révoltes c’est surtout de ne pas avoir encore pu consommer plus… On se révolte quand on est insoumis, quand on a rien à perdre et quand on ne remet pas la cause de nos malheurs sur les étrangers…
@Patrick oui mais balancer sa télé a un autre intérêt : matériellement ça fait des journées de 2 ou 3 heures de plus soit 20 heures de plus par semaine. Quand on y pense on peut faire pas mal de choses avec 20h par semaine…
Si ceux qui se révoltent se révoltent alors qu’ils ont encore les moyens de penser, alors, l’instinct social reviendra.
Si ceux qui sous couvert de préserver la société restent complices de l’oppression des foules au point que celles-ci soient devenues incultes et abruties avant de se révolter, alors, il ne restera plus rien.
Autrement dit, le destin du monde dépendra du manque de zèle des contremaitres consentants du capital.
Oui, une sorte de consensus mou fait que tout ça tient, bon an mal an. En plus d’un accroissement des inégalité, il faut aussi considérer le rôle important de ceux "qui ont plus à perdre qu’à gagner" et qui, s’ils ne sont pas les grands gagnants du système, s’en sortent et ferment les yeux.
Consensus mou ou "société de la peur" (titre du bouquin de Christophe Lambert (le publicitaire, "théoricien" de l’actuel président), écrit en 2005 et qui était en quelque sorte programmatique).
Et à propos du "tissu social", où "il y en [a] certains qui parviennent enfin à prendre le dessus"…
J’ai mis du temps à l’admettre, mais il faut bien aussi se rendre à l’évidence qu’il y a aussi beaucoup d’idiots (ce qui me fais penser à la notion d’idiocratie). Tous ne sont pas d’une nature mauvaise, ils ne se rendent tout simplement pas compte… soit ils n’ont pas conscience de la souffrance des autres, soit ils sont crédules, soit c’est un domaine qu’ils ne connaissent pas, ou soit tout simplement ils s’en foutent…
Dans certains cas, ça peut être compréhensible aussi… Ça reviendrait à demander à tout le monde d’être compétent sur beaucoup de sujets, et, de s’intéresser à des choses qu’ils peuvent penser leur être assez éloignées.
Le problème, c’est de tenir compte de cette réalité. Comment faire pour qu’il y ait une Égalité, une Démocratie, etc. quand une partie non négligeable prend de mauvaises décisions ? J’ veux dire, on le voit récemment avec l’expérience de Milgram. Il y a aussi tous les "pigeons" qui sont complices "à l’insu de leur plein gré". Il y a ceux qui font de l’idéologie et qui ne voient pas la réalité. Etc.
Quand un candidat se vante que ses électeurs "sont des cons"… c’est assez révélateur de la situation, quand même !
J’ en veux pas aux idiots… mais ils nous mettent aussi bien dans la m***e, ils ne nous aident pas là !
Le drame de notre époque, c’est que la bêtise se soit mise à
penser. ….. (Jean Cocteau)
@ chris : Et puis des fois, ça va loin !
Ça me refait penser au documentaire "le Jeu de la Mort" (Milgram, encore une fois…) où certains se justifiaient en disant qu’ils savaient que "l’électrocuté" jouait la comédie… ce qui est un pari "de fou", littéralement "de fou" ! Ça prend, là, une forme très complexe…
Ça empêche celui qui voudrait juger d’être manichéen… Comme on dit "il est bête ou il le fait exprès ?". Comment on fait ? Entre celui qui fait exprès et celui qui ne fait pas exprès… Entre le sadique et celui qui n’a pas de cœur… Entre l’escroc et le naïf… Je reconnais que la responsabilité et la culpabilité sont deux notions différentes, mais il ne faudrait pas qu’un responsable cherche un prétexte pour échapper à sa culpabilité.
Respecter, mais "intégrer" ce "paramètre" de l’idiotie. Il ne faudrait pas qu’on puisse profiter de l’idiotie de certains (pour se faire élire, par exemple). Tout en n’allant pas à un (autre) extrême où tout le monde serait pris pour un demeuré, où on réfléchirait à sa place, où on prendrait les décisions à sa place… que ça ne devienne pas du "temps de cerveau disponible" aussi… une infantilisation, quoi.
D’ailleurs, c’est ça qui me dérange aussi dans l’expression "aux innocents (aux simples d’esprit) les mains pleines"… c’est comme une glorification de la bêtise ! Mais est-ce une raison pour souhaiter la mort des c*ns ? C’est une idée que seul un esprit totalitaire pourrait avoir.
Comment faire ? Comment gérer ce "cas" ? "Il est pas méchant, il est juste bête"…
"tant que la peur réussit à maintenir de force ce que la libre adhésion consolidait en des temps plus rieurs"
Je ne suis pas sûr que la libre adhésion ait jamais existé autrement qu’en théorie. L’oppression, le gavage d’un groupe minoritaire pendant qu’un autre (majoritaire) crève ne me semble pas neuve.
Mais n’empêche que dans une société contemporaine, ça me semble plus grave qu’au moyen-âge par exemple.
"est-il possible qu’il en soit autrement" : je sais pas, mais quand on s’appelle LutoPick… ? 😉
Il n’y à pas pire que se sentir dans un piège en ne pas être capable d’en cerner la nature pour pouvoir réfléchir à fin de trouver la sortie.
Puis, même si on est capable d’analyser la situation correctement… c’est une chose que de concevoir seul une stratégie pour sortir tant qu’on peut du piège en solitaire (tant que cela puisse se faire, parce-que même en s’installant à la Robinson sur une ile déserte ou on contrôlerait tout on n’arrive pas à se défaire de l’impression qu’il reste un monde dehors qui vous rattrapera un jour), c’est tout autre chose que de concevoir une stratégie utile pour s’en sortir tous ensemble.
D’autant que si on est capable de concevoir ce genre de stratégie en solitaire… elle est perçue comme une imposition par ceux qu’on n’a pas consulté, peu importe qu’elle puisse être bonne et équitable, et que si on consulte les autres pour sa confection alors la plupart du temps on se fait saboter les efforts par des gens avec des préjugés, des partis-pris et des intérêts crées… et tout effort est noyé dans le cirque de l’imbécilité qui ose tout.
Le seul piège duquel l’espèce humaine, intelligente, peine à sortir… est celui de sa propre rationalité! (puis, quelqu’un dit un jour que l’humain n’était toujours pas capable de comprendre la fonction exponentielle -et ces conséquences, dirais-je-)
Nous sommes tous capables de penser… mais quand les conséquences de trop d’erreurs passés (on n’était alors pas encore assez intelligents) s’accumulent et démêler les fils tordus du présent s’avère plus complexe que ce que peut être traité dans le peu de temps que nous voulons y penser sans être payé pour cela (pour autant qu’on ait du temps à dédier à autre-chose que bosser comme Sisyphe pour essayer d’arriver à la fin de chaque mois)… trop de citoyens abandonnent le moindre des efforts, et en faisant cela ils constituent une masse sociale inerte énorme qui pèse terriblement sur n’importe quelle stratégie que les quelques-uns qui continuent à penser doivent concevoir.
Comme dit chris… trop de gens devraient être jugées pour délit de connerie innée ou acquise (je dirais même achetée à prix d’or en pleine connaissance de cause!).
Mais non, aucune solution n’est acceptable si elle ne sauve pas aussi les plus cons… et elle est dure à trouver, celle-la parce-que on n’a pas non plus le droit d’exterminer les loups qui ne feraient qu’une bouchée de tant de moutons… on doit trouver le moyen d’en faire de végétariens parce-que ils voudront bien l’accepter.
Ce texte est superbe, et le contrat social bien défini, mais à quelle époque faites-vous référence: "l’instant où certains ont maintenu et bétonné la position dominante" ? C’est à l’a création du monde, car il en a jamais été autrement, jamais.
Il y a bien eu des tentatives de renversement, mais pour aboutir au même principe: une frange minoritaire domine. Est-il possible qu’il en soit autrement ?
On parle de Milgram, mais c’est visible tous les jours en parcourant une majorité de forums dits d’expression populaire où le propos consiste à éplucher l’actualité, particulièrement les chiens écrasés style le dernier mec qui s’est fait chopper à 153 kmh au lieu de 110, où la dernier prise de stupéfiants pour beugler en chœur que Zemmour a raison. Entre-nous, celui-ci n’a pas été acclamé sur le salon du livre, cette foire aux bestiaux culturelle, pour rien.
Qu’il soit de gauche ou de droite, ils sont tous réactionnaires, tous prêt à appuyer sur le bouton, parce que c’est dans leur nature, famille ,éducation, d’avoir appris à penser à appuyer pour sauver l’humanité qu’ils vous diront.
ET entre l’escroc et le naïf , la question est bien bonne. Vous vous voyez adhérer à la bêtise vous, alors même que la meilleure façon de ne pas y adhérer est d’en profiter, d’autant que le concept de l’escroquerie implique un consentement de la victime – c’est celle-ci qui devrait être jugée pour délit de connerie innée ou acquise…
En guise d’esquisse de solution pour contrer la mégamachine, il y aurait peut-être celle qui consiste à tracer les réseaux sur lesquels elle s’appuie. Voir par exemple : http://yannickrumpala.wordpress.com…
@christophe certain > loin de moi l’idée de ne rien faire et d’attendre. Je n’attends pas, je ne me plains pas qu’il ne se passe rien. Individuellement, tu as vu qu’il puisse arriver de grandes choses concrètement ? "aider les gens à ouvrir les yeux" : oui, certes mais pour ceux qui :
– n’ont pas de thune pour avoir un accès à internet
– n’ont pas le courage, la force d’aller voir plus loin que ce qu’on leur montre/ donne / vend parce qu’ils sont rincés en rentrant du boulot (quand ils en ont),
on fait comment pour qu’ils ouvrent les yeux ?
"C’est sûr c’est moins excitant de faire son jardin soi-même que de faire la révolution dans la rue"
Je fais mon jardin, et je défile quand j’estime que je dois défiler, même si les manifs actuelles ne changent rien…
Je n’appelle pas à la révolte, elle se débrouillera très bien toute seule, quoiqu’on y fasse. Il se passera ce qui se passera, à un moment la situation devient forcément incontrôlable, et ça ne me réjouit pas plus que toi, c’est juste logique.
Alors oui, c’est maintenant qu’il faudrait une vrai cohésion au niveau des luttes, et quand bien même, quand on voit ce qui se passe en Grèce, on se dit que c’est mal barré. Le contrôle sur tous les moyens de communication et tous azimuts n’arrange rien. Tout n’est pas perdu d’avance, mais à force de se faire bouffer par tous les bouts (financier, sécuritaire, social), les marges de manœuvres se réduisent.
Je ne me fais aucune illusion quant à l’issue d’un quelconque mouvement, on retombera toujours in fine dans les schémas de rapport de pouvoir tels qu’ils ont déjà existé.
Sinon, Benasayag, des fois aussi, ça aide bien…
C’est quoi, ça, connais pas.
"Eloge du conflit" – Le conflit comme source de la vie – Vidéo rencontre avec Miguel Benasayag :
http://kinoks.org/article.php3?id_a…
Milgram et la démonstration des 81% de gens soumis au diktat de la TV….aie aie aie…bel assassinat en règle et en prime time de la déjà pas très reluisante image de la psychologie sociale finalement au service de l’hypermodernisme (une bassine vite!).
On ne répètera jamais assez que les 81% des gens qui ont accepté volontairement et sans contrepartie de se prêter à un jeu très malsain (n = 80 + un bataillon de réserve de n=10)…ont été sélectionnés parmi 2000 et quelques impétrants à la nullité absolue…sur 13000 et des brouettes (soit environ 0,69% des gens contactés).
A bien y réfléchir, dites donc, ça en fait une pelletée de rebelles à potentiellement avoir pris un pied dément à raccrocher le bigophone après la belle tentative d’amorçage au téléphone….ah ah…
Combien sommes-nous en France à nous être abstenus? Combien sommes-nous à avoir envoyé bouler le traité de Lisbonne? etc.
@ Idgie : Sur la "sélection"…
C’est vrai (si j’ai bien compris) qu’on pourrait penser que la sélection (ou, ne devrait-on pas dire le "casting" ?) fausse l’expérience.
Mais ça serait oublier que ça se passe comme cela dans la vie quotidienne ! Le recrutement, les entretiens d’embauches, etc. c’est autant de "petites" expériences de Milgram ! Et puis là, il n’y a pas de "soutien psychologique" pour celui qui a subi l’expérience ! C’était dans je ne sais plus quel reportage, un entretien d’embauche collectif… et c’était (je ne sais pas s’ils s’en rendaient compte) sans les décharges électriques la même logique que l’expérience de Milgram. Sauf que là, celui qui gagnait (celui qui était embauché) c’était celui qui allait le plus loin… celui qui n’avait pas d’hésitation à aller le plus loin.
Celui qui est obéissant, celui qui sera capable (disons-le) de tuer son petit camarade pour servir son entreprise… aura un emploi, un salaire, pourra vivre quoi. Et celui qui est humain, et… euh… normal, quoi… bah, il n’a tellement la perspective d’être embauché… et c’est un peu une condamnation à mort (à feu doux) quand même… s’il survit à la torture psychologique de cette expérience de Milgram en vrai… sans gagne-pain… C’est une forme de sélection artificielle. Une sélection qui ne fait que reproduire un comportement bien particulier.
Plus j’entends l’abréviation "RH" (comme "solutions RH"), et plus ça sonne à mes oreilles comme "Herr H." … genre un "penseur" allemand qui aurait vécu au siècle dernier … et puis, accolé à "solution" … ça ne peut rappeler que des mauvais souvenirs. Et puis prononcer "RH", ça fait sec, ça claque dans l’air. On ne pouvait choisir abréviation plus évocatrice !
1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1
+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1+1 etc
= force de faire.
sous certaines conditions qu’il est encre temps de réunir,
l’intention de choisir, de faire, d’agir …
le reste est vain bavardage
Je n’ai pas envie de lire tous les commentaires donc sorry si ça a déjà été dit…
Mais
Je crois que ça ne va pas "péter bientôt". Je crois que pour beaucoup de gens, ça pète aujourd’hui, et que c’est difficile d’en faire quelque chose quand on est seul. Ca pète en nous, et si ça dérange le système (enfin, les gens qui en profitent et/ou ceux qui le défendent pour eux), on se fait broyer. Parce que ça veut dire quoi concrètement, l’explosion?
Ben soit c’est l’Argentine, les classes moyennes dans la rue, pourquoi pas, mais on en est pas là.
Soit c’est Falling Down, un type pète les plombs et finalement se retourne contre ceux qui n’y peuvent pas grand-chose (voire les siens ou lui-même).
Sinon c’est… sous nos yeux, ça pète déjà et on s’en accommode, des voitures brûlent dans des zones de pauvreté presque militarisées, et un discours qui monstruise ceux qui ainsi explosent, qui les rend sauvages et effrayants pour nous (craignons les "racailles"!), et surtout, surtout, qui vide de toute signification politique ces mouvements de foule.
J’ai lu de la plume d’Howard Zinn que des généraux américains, il y a bien longtemps d’ici, auraient exprimé que leur plus grande peur étaient que les Indiens et les esclaves noirs aient un jour l’idée de se mettre ensemble. Que s’ils venaient à le faire, c’était cuit. Ils ont alors patiemment créé des incidents qui allaient définitivement monter les uns contre les autres.
Je crois que ça peut être bien pire, et qu’on ne bougera pas tant qu’on aura des miettes auxquelles s’accrocher.
Je crois aussi que l’émeute n’est pas la révolte, et la révolte n’est pas la révolution.
Je lis Chomsky pour reprendre confiance, il est bien ce type, vraiment.
Que dire, bravo tout d’abord je pense que beaucoup de monde se retrouverons dans ce texte à des degrés divers.Il est impossible de prévoir une révolution mais il est également certain que les forces anti subversions sont toujours plus fortes au départ mais parfois elles perdent.
36 commentaires (37 avec l’inutile mien), pour ZE sujet, le cœur du cœur de la raison qui fait que nos vies se résument en réalité à rien, mais que même pour les quelques ceux qui en auraient conscience, ce rien là est malgré tout moins pire, croient-ils, que de devoir affronter, ne parlons même pas d’y prendre part, son anéantissement. Hommage à l’ermite qui dans sa caverne ne ment qu’à lui-même.
Je viens de découvrir votre blog grâce à Michel Collon qui a publié votre article sur son site http://www.michelcollon.info/index….
En bon geek bourgeois de service, j’ai glané ça et là quelques articles de votre blog et suis littéralement tombé sous le charme de votre plume. Une plume aussi légère qu’accessible, aussi acérée que lucide, le Net n’en regorge pas assez… Pour votre clairvoyance, votre style et votre sincérité, je vous aime ! Je me retrouve en vous. La force d’écriture en moins. Surtout, ne lâchez pas… Des geeks et moins geeks vous lisent. Moins infatué et polluant qu’Hulot ou Al Gore, à votre manière, vous contribuez à ce que nous soyons plus critique et moins bigots matérialistes. Vous faites partie des bougies de la caverne de Platon…
"Je n’ai pas envie de lire tous les commentaires donc sorry si ça a déjà été dit…"
Autrement dit : "Ce que vous dites ne m’intéresse pas et je ne l’ai pas lu, mais comme j’ai envie de m’exprimer peu m’importe, voici ce que j’ai à dire : (…)"
Merci, benjamin 🙂