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Internet m’a tuer : c’est devenu la grosse tarte à la crème de ces dernières années. Le réseau mondial se retrouve systématiquement sur le banc des accusés de la plupart des maux de notre société. Tout secteur menacé de déclin ou d’obsolescence dégaine automatiquement le bazooka anti-Internet pendant que notre gouvernement mouline des lois comme un tas de shadocks hallucinés sous ecsta pour tenter de circonscrire le monstre numérique.


Atelier ScribusDerniers atteints par l’Internetophobie de rigueur, les journalistes, autrefois gambadant allègrement dans l’Olympe des privilégiés qui tutoient l’élite et profitent des salaires du dernier décile, aujourd’hui remisés au rang de prolétaires du cervelet, espèce déjà hautement précarisée et promise à une extinction prochaine et fulgurante. Dernier clou du cercueil de la presse en général et du journalisme en particulier, la petite saillie du professeur Robert Picard qui assène que vu ce qu’ils produisent, les journalistes ne méritent que le SMIC… et encore ! L’idée forte de la démonstration, c’est qu’en démocratisant l’accès à l’information, Internet a rendu les journalistes particulièrement facultatifs.
Sauf que je ne suis pas convaincue que les plumitifs déclinistes n’ont pas inversé les causes et les effets. Ne serait-ce pas plutôt parce que les journaux diffusent de l’info de mauvaise qualité que les lecteurs ont fini par aller s’abreuver directement à la source ? Où sont passés les Albert Londres, les Carl Bernstein et Bob Woodward? Non pas qu’il faille déterrer les morts, mais quel média prend encore la peine de payer pour du journalisme de terrain, de l’investigation, de la critique, de la découverte, du poil à gratter ? En dehors de quelques éditorialistes bien en vue qui s’échangent obséquieusement leur rond de serviette d’une rédaction à l’autre et en prenant bien soin de ne jamais froisser personne, tout ce qui a encore des velléités d’écriture au long cours, d’enquête de terrain, d’impertinence avec les riches et les puissants, de dénonciations diverses et variées ou d’analyse de fond a dû se rabattre sur des marchés de niches, l’édition de livres ou, justement, le formidable outil de diffusion qu’est le Net.
Parce qu’au final, ce qui a tué le journalisme, c’est bien l’arrivée massive des marchands de yaourts dans les salles de rédaction, le moment où on a cessé de penser au métier d’informer pour se concentrer uniquement sur le rendement financier des titres, où on a considéré qu’un journal était un placement comme un autre, à qui il fallait faire cracher son dividende tous les ans. Ceux qui montrent du doigt Internet oublient un peu vite une réalité fort bien décrite en 2005 au sujet de l’audit du cabinet AT Kearney à l’Usine Nouvelle, où il s’agissait de calculer…

le " taux d’utilisation " des journalistes. " Un indicateur génial, dont AT Kearney détient le secret, précise Libé, pour calculer la productivité de chaque journaliste par mots publiés " (sic). Conclusion : le " taux d’utilisation du journaliste " de L’Usine nouvelle serait de 60% (contre 70% à LSA et 80% à L’Argus de l’assurance).

La " logique " ne souffre pas l’ambiguité : le journaliste est évalué en fonction de la quantité de mots produits (si l’on peut dire). Nulle place ici pour la qualité. " Il ne connaissent rien au métier de la presse ", assure un journaliste. On veut bien le croire. Dans un communiqué, les rédactions ont dénoncé des méthodes qui " bafouent le métier de journaliste ".
Acrimed, L’Usine nouvelle et ses (quo)tas de mots à produire, 15/02/2005

La quantité, ennemi intime de la qualité. Il suffit pourtant de s’informer des conditions d’attributions de la fameuse carte de presse pour comprendre que le principal critère d’entrée dans l’ex-noble profession est bien l’argent ramassé et non la qualité de l’information fournie. Si l’on ajoute à cela le goût prononcé pour les ménages entre amis et la bien preste soumission à la loi des annonceurs, on comprend mieux comment la presse se retrouve à la ramasse et cherche un bouc-émissaire aux épaules assez larges pour supporter le résultat d’années de renoncements à toute éthique professionnelle. Les journaux sont devenus des espaces publicitaires à conquérir et le contenu importe tellement peu qu’on peut l’acheter par pack à des agences spécialisées ou le faire produire pour une poignée de cacahouettes par une armée de l’ombre, les soutiers de l’information, toujours prêts à se niquer une soirée pour le bonheur de suivre l’info locale, celle qui ne fait pas mal à la tête et qui permet de vendre du papier au kilomètre.

Finalement, quand on regarde plus près, la presse crève de son ultramarchandisation et cela n’a pas grand-chose à voir avec Internet.

Ce faux procès du réseau n’est d’ailleurs pas sans rappeler le même déni de responsabilité qui sous-tend aujourd’hui tout le lobbying échevelé de l’industrie du disque. Là aussi, les marchands de yaourt ont convaincu qu’ils sauraient mieux mettre en musique les bénéfices que n’importe qui d’autre. On a viré les gens du métier et on a considéré qu’il importait moins de produire de la musique que de savoir la vendre. Le problème de la soupe, c’est que quand on se la verse dans les oreilles, ça fait de vilaines tâches sur le col de la chemise. Du coup, les ventes se sont effondrées et les markéteux se sont empressés de coller sur le compte d’Internet le résultat de leur absurdité capitaliste jusqu’ auboutiste tout en criminalisant leurs clients, stratégie d’une rare connerie pourtant complaisamment appuyée par la frénésie législative d’un gouvernement de laquais qui en profite pour tenter de circonscrire toute velléité de contestation, sur fond de terreur préinsurrectionnelle !

Le nouveau modèle économique

Face à ces combats d’arrière-garde pour tenter de maintenir en l’état des rentes de situation bétonnées dans le socle d’habitudes fossilisées, il y a les nouveaux forçats de l’information, toute une nouvelle génération qui vit et travaille grâce au réseau et à travers lui sans jamais vraiment arriver à en dégager un modèle économique viable. La question est récurrente chez tous les adeptes des anciennes nouvelles technologies de l’information : comment arriver à en tirer un revenu de subsistance, quel est le business-plan qui contournera la loi numérique du contenu qui se multiplie encore plus vite que les petits pains et poissons du petit Jésus pour pas un kopek ? Ce n’est d’ailleurs plus un modèle économique que l’on recherche, c’est carrément la martingale, le Saint-Graal du cybertravailleur.

Parce qu’Internet n’a pas tué le journalisme, il l’a juste transformé, transmuté, même, faisant surgir de l’or là où il n’y avait plus que de la merde. Pas plus qu’il n’a tué la musique, mais seulement dynamité l’industrie du disque, dont l’intitulé même est un aveu d’échec. Parce que plus on y réfléchit et plus on en arrive à la conclusion qu’Internet n’est pas le problème, mais bien la solution. Enfin, sauf pour les baltringues de l’ancien monde qui meurt et dont ils refusent d’abandonner les privilèges exorbitants qu’ils s’y étaient octroyés.

Internet n’a pas besoin d’un nouveau modèle économique, car il est le nouveau modèle économique. Un modèle fondamentalement non marchand, non financier, basé sur la connaissance, le partage, la solidarité et la non-hiérarchisation des relations sociales. La nouvelle société postcapitaliste ne peut être virtuelle, certes, mais le fonctionnement d’Internet devrait en guider l’édification. Il suffit pour s’en convaincre, au-delà des exemples déjà présentés de l’art ou de l’information, d’observer la formidable ascension du modèle des logiciels libres : décentralisation des pouvoirs, diffusion instantanée de l’information, entraide, coopération, éthique et performances logiques et technologiques. Le soleil ne se couche jamais sur l’immense communauté du libre et partout, tout le temps, producteurs et consommateurs se côtoient, échangent, coopèrent jusqu’à parfois se confondre, dans le but toujours renouvelé d’arriver au meilleur résultat possible. Bien sûr, le monde des logiciels libres se cherche aussi un modèle économique, tout le monde continue de vouloir décalquer de force la marchandisation des échanges sur un monde ouvert et non hiérarchisé, mais la prise de conscience finira bien par se faire, aidée en cela par l’effondrement toujours en cours du modèle dominant.

Parce que si l’on change de point de vue, si l’on cesse d’être téléguidé par la propagande de bas étage qui fait d’Internet le repère de tous les gredins, dégénérés et terroristes de la planète (sans compter les pédonazis !), on comprend que, plus qu’une révolution pure des moyens de communication, Internet est le nouveau Far West, le territoire des pionniers, des découvreurs, des inventeurs, des expérimentateurs, des défricheurs de monde, c’est le lieu réel où convergent tous ceux qui ont envie d’avenir, de changement, même si, comme pour tous les nouveaux territoires, ils attirent dans leur sillage les escrocs, les aigrefins, les desperados, bref, tous les exclus du système moribond, tous les aventuriers, tous les marginaux, tous les vautours naturels, toujours à l’affût de quelque charogne à boulotter. Et c’est probablement toute cette vigueur créatrice, toute cette énergie nouvelle, cette société émergente, en train de se construire sous nos yeux et avec nous, qui sont en train de contaminer le réel, de mettre à mal l’ancien monde qui s’effondre dans cette crise qui n’est pas prête de finir puisqu’elle ne pourra que déboucher sur quelque chose de radicalement différent.

La crise actuelle signifie que le modèle issu de la révolution Internet est en train de changer le monde. Il ne tient qu’à nous de changer avec lui plutôt que de persister à vouloir crever dans les ruines du monde moisi.

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40 Commentaires

  1. un modèle fondamentalement non marchand mais seulement apres avoir acheter l’ordi+les logiciels obligatoires (quand on y connait rien ou peu)du style "la fenêtre"in french qui quoi qu’on en pense sont vendus avec l’ordi, puis place à l’operateur,et le marchand n’est quand même pas loin.je doute que beaucoup de travailleurs ne serait ce qu’au smic(sans parler de tous les precaires) puisse se "brancher".

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  2. C’est le fonctionnement qui est non-marchand. L’accès n’est pas loin de l’être aussi, d’où Hadopi and co pour stopper net tout ce vilain élan partageux.

    Et on en revient au logiciel libre, justement. Les associations récupèrent des ordinateurs d’occasion qui ne sont plus assez performants pour faire tourner le dernier jeu sous Windows, mais totalement suffisants pour fonctionner sous Linux. Billet d’entrée à l’informatique : 0€. Du volontariat et du partage, de temps, de compétence, de matériel et c’est tout. Quant à la connexion, rien de plus simple, sans Hadopi, que de partager ton wifi, justement. J’ai des potes qui le font : un qui est éligible à l’ADSL et son voisin non. Ben tout le monde se connecte. Dans l’association, toujours, des postes en libre service avec un accès gratuit et illimité pour les adhérents, des plages sans condition pour les chômeurs et des contributions modiques pour les autres…

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  3. Je trouve quand même que la vision d’internet est un peu idyllique… mais pas tant que ça quand même. Cela dit ça a fait changer des gens d’avis sur le partage et tout ça, c’est vrai.

    Cela dit, il y a beaucoup de travail d’intermédiaires qui ne servent à rien. Par exemple (mais ne vas pas le répéter) le mien. Remarque je resterai bien chez moi si on me payait à rien faire. Je coderai tranquillement…

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  4. Mais j’ai l’impression que les internetophobes sont, pour la plupart, des gens qui n’ont voulu ni voir ni essayer ce qu’était Internet… dans la pratique, concrètement. Et qu’ils ne veulent surtout pas s’y "mettre"… ni aujourd’hui, ni demain. Alors c’est peut-être parce qu’ils pensent que c’est soit "technique" (quoi que… maintenant, ça a bien évoluer), soit c’est uniquement un truc de jeune (moi… je dirais que ce n’ai plus du tout le cas aujourd’hui), ou soit par snobisme (ils doivent penser que ce n’est pas à eux de se rabaisser, à utiliser ce genre de chose, ou je-ne-sais-quoi)…

    Enfin, bref, je pensent que les internetophobes sont des personnes qui ne savent pas ou peut-être, surtout, qui ne veulent pas savoir de quoi il s’agit concrètement. Et qu’ils ne font que répéter ce qu’ils entendent, ou que ce qui va dans le sens de leurs préjugés… Ils ont déjà leur opinion, et il n’est pas question pour eux d’en changer… Autant parler à un sourd !

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  5. "je doute que beaucoup de travailleurs ne serait ce qu’au smic(sans parler de tous les precaires) puisse se "brancher"."

    portnawak, je touche à peine 600€/mois et je me suis payé un Mac et l’ADSL tout de suite, dès sa dispo.

    Ce n’est, à mon avis, pas une question de budget mais de volonté, de curiosité…

    Bravo pour ce billet, dont j’aimerais bien retenir l’argumentation et le vocabulaire, pour pouvoir structurer et intégrer mon discours contre l’overdose de soupe.

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  6. Si l’image du Far West sonne juste, ne devrions-nous pas nous méfier? Le Far West a présidé à la création de la nation la plus impérialiste que nous connaissions. A quand les guerres pour instaurer le wiki dans les dictatures techno-reculées? Les combats contre les peuples qui osent refuser le règne de l’Internet libre et non faussé? Pour la transparence et de la traçabilité totale du réseau-pour-tous (dont-la-main-invisible-est-formidable)?

    Merci GeorgesWWWbush.com de vous soucier de nous, mais go home, et vite.

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  7. «Où sont passés les Albert Londres, les Carl Bernstein et Bob Woodward? »
    Sûrement pas dans un journal de notre époque : Trop dangereux pour un Lemoîne et assimilés qui s’empresseront de virer au plus viter tout jeune ressemblant à ça dans une rédaction!

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  8. Vous avez raison, Lou, la liste est longue de leurs forfaitures. Et ne pas oublier, qu’en plus, la logique des marchands de yaourt a tué et continue à tuer beaucoup de gens sur la planète, juste parce qu’ils ne sont pas solvables ou vaguement rentables…

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  9. @ Kaos : je crois que l’esprit humain a profondément besoin de nouveaux espaces à conquérir. La plupart du temps, c’est le gazon du voisin et ça se fait le fusil à la main. Je crois aussi qu’il y a quelque chose qui pousse certains d’entre nous à toujours vouloir découvrir ce qui se cache derrière la moraine en face, et ainsi de suite. Le problème de l’esprit pionnier dans un monde fermé, c’est qu’il se fait forcément au détriment de quelqu’un d’autre et que c’est effectivement une bien mauvaise manière de fonder un nouveau monde.

    Le cyberespace est la nouvelle frontière, elle est dans le domaine de la pensée humaine et cette extension du domaine de l’humanité se fait forcément au détriment des âmes mortes, des désirs putrides, des bailleurs de cerveaux en friche : cela risque donc de plutôt produire du bon. Suffit d’être un peu optimiste et de ne pas laisser la part d’ombre prendre le dessus.

    Je parle des logiciels libres, parce que la communauté planétaire qui est derrière me fascine totalement : un état d’esprit assez différent, un sens de la communauté très développé, mais sans tomber dans les travers du totalitarisme. J’adhère à l’April depuis quelques années et participe à ma modeste échelle à ce foisonnement humain qui dessine les contours d’une nouvelle société bien plus intéressante que la nôtre!

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  10. vous auriez pu ajouter à votre argumentaire imparable que les marchands de yaourt ont aussi, et de la même manière, tué la littérature, la peinture, la pensée, c’est à dire tout ce qui vit d’exigence et de rigueur. Ça ne se vend pas, l’exigence et la rigueur, penser fatigue.

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  11. Magnifique petit pamphlet !
    Internet est donc bien plus qu’une révolution du média, comme l’imprimerie l’a été en son temps. Internet est le support, mais bien plus que le support, il est aussi son propre monde.

    Toute la difficulté viendra de concilier le Réseau virtuel avec le réseau social naturel qu’il est urgent de reconstruire, de renforcer…

    Les vieux barbons de l’ancien monde n’ont pas fini de se faire du soucis pour leurs habitudes…

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  12. Article qui m’a beaucoup fait réfléchir.

    Dans les "anti internet" on trouve des gens issus de milieux politiques ou culturels très différents. Alain Badiou (dernièrement sur rue 89) côtoie Philippe Val, Finkielkraut et de multiples intellectuels littéraires et journalistes de l’establishment dépassés avant tout par la technique que requiert Internet.

    Ce qui est drôle c’est qu’on trouve ces ennemis dans tout l’échiquier politique. Ces gens étant par ailleurs les fervents partisans d’un élitisme intellectuel : voir un camionneur ou un épicier rédiger un billet politique les révulse.

    Hillarant…

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  13. Je ne suis pas si convaincu d’internet comme outil de non-hiérarchisation sociale, ni persuadé que la presse accumule tous les maux. Internet me semble en grande partie être un moyen de communication comme un autre si ce n’est qu’il propose plus d’informations, mais pas nécessairement de meilleures. Certes la presse papier et l’audiovisuel posent problème. Il n’empêche, il existe encore des radios indépendantes, des journaux comme le Plan B, CQFD, Siné hebdo, etc. Leur problème est qu’ils ne sont pas accessibles à tous, vu les moyens d’Ouest France (par exemple), vu une éducation formatant de nombreux cerveaux. De même, internet propose aussi beaucoup de merde. Si la les internautes se contentent de faire une recherche google avec de mauvais critères de recherche, ils vont se voir proposer des liens commerciaux sur lesquels ils s’empresseront de cliquer. S’ils recherchent uen information, ils tomberont sur Libération ou le Figaro. De même, les moyens de faiseurs/marketeurs de buzzes sont aussi plus importants que, disons, le site bellaciao.
    Par contre, ce qu’internet facilite, c’est la diffusion d’informations (je parle ici de l’émetteur, pas du récepteur) à moindre coût (financier s’entend) : un PC, un accès, un site et on peut publier. C’est moins cher qu’un tirage papier et c’est aussi bien plus large. Et je ne parle même pas de l’audiovisuel (limitation des ondes, agrément nécessaire, etc.)

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  14. Je ne pense pas que Badiou soit "anti-internet". Simplement, contrairement à ce que nous disent les journalistes tous les ans depuis 5 ans, internet n’est PAS arrivé à maturité.

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  15. Complètement d’accord autant sur le fond que la forme de cet article (un bon coup de pied aux fesses ne fait jamais de mal à personne !)

    J’ai juste tiqué sur "issu de la révolution internet". Pour moi cette révolution n’a presque pas commencé. Ce n’est encore qu’un embryon.

    La preuve c’est que la blogosphère est une élite d’un nouveau genre, je veux dire par là une minorité presque marginale, car peu écoutée en vérité par l’opinion publique pour qui blog = skyblog (GRRRRRRR!!)

    En revanche je crois pas commme jck que internet ne soit pas à maturité : ce sont les internautes en général, qui ne le sont pas, nuance!

    La technologie est là, les services web sont prêt, il manque plus que des gens pour les utiliser en masse et en faire de même avec nos institutions etc…

    C’est en tout cas la réflexion que je tente de mêner sur mon nouveau blog. Vos points de vue sont bienvenus 😉

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  16. Lorsqu’on voit des sites comme Rue89, Médiapart, Bakchich & Co, on se dit que le journalisme à de l’avenir sur internet. Ils ont souvent des articles très intéressant avec de très bonne analyse.
    Je pense que le gros problème du journalisme aujourd’hui, c’est la disparition du journalisme engagé. Dans les journaux papiers, j’ai l’impression de lire en permanence les même analyses, les mêmes opinions. Nous avons donc assisté ces derniers années, à une uniformisation de l’information dans les médias traditionnels.

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  17. Toutes les institutions qui structurent notre société (gouvernements, syndicats, journaux, chaînes de télé,…) sont présentes sur Internet, preuve que "l’ancien monde" a bien compris les potentialités de captation d’attention que représente Internet. Le marché est présent sur Internet, de même que la censure et la privation de liberté d’expression. Il est illusoire de croire qu’Internet apportera paix et félicité à quiconque se connecte dans le but d’échapper à la propagande du quotidien véhiculée dans les journaux, à la télé, aux guichets du Pôle Emploi ou de la Préfecture. Il ne sera libérateur que si des personnes bien intentionnées se l’approprie et en font un usage émancipateur. Et même en allant plus loin, comme tu le souligne Agnès avec l’exemple du logiciel libre, en participant à redéfinir les relations entre producteurs et consommateurs.

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  18. @Gwillerm
    je partage votre avis, aujourd’hui, le politiquement correct et les marchands de yaourts ont dénaturé la presse française qui a voulu jouer le jeu pensant jouer au poker et tripler les mises, mises qui ont grossi le portefeuille des actionnaires, et viré les journaleux non rentables.
    Faut il y voir un glissement de support ? La presse, passe du papier au numérique, une évolution comme une autre pour survivre : les meilleurs et les qualitatifs surpasseront le Monde, le Point et cie sites en lignes bourrés de pop up et d’encarts pub…

    Quand ces médias auront compris que l’internaute averti a laissé tomber l’abonnement papier pour lire des médias en ligne qualitatifs sans pub…on aura fait des progrès.Mais, ce n’est pas encore le cas, car ils reproduisent en ligne ce qui a tué le papier…

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  19. "C’est pas beau ça ? Une formation par l’advisory board au rankingmetrics pour du webmarketing, garantie par la wikimedia Foundation, avec de l’Opensource et de l »Open Street Map, du breafing sur la Copyleft et sur Creative Commons et du braintrust à tous les étages pour devenir le champion du rankmarketing et du web rank championship, garantis dans la novlangue que vous apprendrez dans les daily sessions et communautary units de la Foundation, dans les open courses et la new university wikipedia, grâce à nos solidarity units et web teachers of collective intelligence service, waouh, je m’y précipite ."

    Lu ici:

    http://wikipedia.un.mythe.over-blog

    C’est vrai que "l’esprit humain a profondément besoin de nouveaux espaces à conquérir"…

    c’est beau le "partage" quand meme!

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  20. La question du modèle économique des logiciels libres reste posée (je n’ai pas d’info à ce sujet). Souvent on nous dit que les gens qui participent sont des salariés (bien payés) des grandes entreprises (genre Microsoft) et que donc sans l’économie "classique", pas de sous pour faire marcher le "libre".
    C’est plus compliqué que ça, sans doute. Théorie du ruissellement ou quoi ou qu’est-ce… En gros, la solution au problème se trouve sans doute du côté d’André Gorz, et la question d’un revenu universel est peut-être dans l’air également.

    En tout cas, merci pour ton billet, qui fait le lien entre plusieurs problématiques. Et, surtout, qui souligne de quelle façon l’outil Internet va façonner politiquement nos existences, comme l’ont fait par exemple la télé ou la voiture (renforcement de l’individualisation).

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  21. "La crise actuelle signifie que le modèle issu de la révolution Internet est en train de changer le monde. Il ne tient qu’à nous de changer avec lui plutôt que de persister à vouloir crever dans les ruines du monde moisi."

    Désolé Agnès mais je ne partage pas ton enthousiasme.
    Pourtant je suis utilisateur d’internet, blogueur, je m’informe quasi-exclusivement par internet, je suis meme su facebook …

    Sauf qu’internet c’est aussi la pub partout, c’est aussi les liens commerciaux à la chaine, c’est l’hyper individualisme et l’égocentrisme patenté, c’est aussi la marchandisation du monde poussée à son paroxysme. Comme l’image du Far West a été prise, j’utiliserais une autre : l’eldorado, c’est celui des espagnols qui s’est transformé en enfer pour les indiens.
    La question actuelle d’un "nouveau modèle économique" vise simplement à faire entrer cet outil dans les codes capitalistiques et cela marche très bien.
    Par exemple, sur les blogs, je tire à peu près les meme conclusions que sur la demoiselle qui nous a écrit ce post : http://police.etc.over-blog.net/art
    qui se termine ainsi : "Amputez-vous du blog. Ou supportez le microscope sur vos gueules inconnues. "

    Au passage, cela m’étonne de lire cet enthousiasme, alors meme que tu as publié il y a quelques mois la lettre d’Arsène, administrateur de feu l’autre réseau, qui donne encore d’autres raisons de ne pas céder à cet enthousiasme.

    Je crois qu’Internet ce n’est qu’un outil, rien de plus.
    Il y beaucoup de merde et quelques excellentes trouvailles.
    il nous appartient d’en faire autre chose qu’un outil de la classe dominante, mais pour cela, il faut commencer par ne pas céder à "leur" enthousiasme et commencer par exposer les limites de cet outil.
    Sur ce, au plaisir de te croiser à la prochaine manif / action, pour de vrai 🙂

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  22. Comme à mon habitude …
    Je me demande bien comment ce truc là "le net" pourrait exister et continuer à exister sans l’industrie lourde/polluante/nucléaire à donf….? 🙁 Bon je sais je me répète …(mais je n’ai pas l’intention d’arrêter ) Je me suis toujours bcp servi du libre…mais toujours des mêmes machines…et tant qu’on est dépendant de tant de trucs pour avoir le vague sentiment d’une expression libre …je souris jaune ( je sais on "rit jaune.) mais j’ai de l’espoir. L’autre jour un truc m’est arrivé dans les mains,chez des amis ,comme ça,une feuille, une grande feuille imprimé recto verso "La salade" le titre:) Edito: "……une feuille de chou, destinée à libérer et permettre à chacun de s’exprimer." Voilà et j’aime bien le contenu. Et là mon sourire …on voyait même mes dents. Parce que l’idée je l’ai depuis longtemps.C’est un peu plus excitant je trouve.Sortez les ronéos !!!Bon c’est un peu plus dangereux aussi.Moi je n’ai pas de mal pour imaginer une "feuille de chou" dans 50 ans ( je serai mort c’est certain 🙂 le réseau web, je vois pas bien…c’est un peu ça que je veux dire…je trouve qu’avec cette histoire on ne voit pas bien loin…Non?
    Libre ..libre….savoir quel OS va gérer mon bracelet électronique…Je sais …l’outil …tout ça…patin coufin…
    C’est sans doute en tant que camionneur payé au SMIC que j’ai des idées aussi stupides.
    Bien les clichés… …Putain ce que j’en ai marre.

    Réponse
  23. J’aime toujours bien quand tu t’énerves !

    Bon, cela dit, si tu as évidemment raison sur le principe, il n’en reste pas moins vrai que le tout gratuit initié partout pour cause de financement par la pub, empêche bien de créer des structures qui pourraient vivre d’internet.
    C’est quand même un casse-tête !
    :-))

    Réponse
  24. Je suis assez pessimiste sur la blogosphére ; au point de me demander parfois si le web commercial n’est pas plus authentique dans le sens où il permet au moins aux gens de gagner leur vie de façon plus ….net.

    La fatigue pour ma part d’un systéme qui a failli – mort né – au gré de ses promesses non tenues ; nous n’avons pas de politiciens, mais pire des webmasters qui manipulent. Le terme modérateur qui fait tant rire alors qu’il s’agit d’adultes.

    Et pourtant, je dois bien dire que pour des gens comme moi qui ont voulu s’affranchir des éditeurs pourris pour vendre leurs livres en direct, sans passer par toute la merde de la compromission médiatique obligée …l’on est retombé dans guére mieux style la dictature des pseudos critiques du ouébe, les blogs littéraires ….y mangent à la petite gamelle-ceux là bien sûr , c’est juste un bouquin ou deux gratos qu’ils s’empressent de refourguer sur Ebay, des gagnes-petits …..des gens qui se disent de gôche bien sûr.

    Par contre dans mon autre gagne-pain ; c’est le contraire ! Vendre sur le web en BtoB m’a débarrassé des compromissions, plus personne qui faut serrer la paluche, inviter à bouffer, subventionner les vacances RTT en RP Dominicaine -non : vive le spam  » c’est t’en veux ou t’en veux pas de mon produit qu’il est le moins cher du marché ". Un message trés efficace.

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  25. Incroyable quand même que tout ceci soit arrivé "grâce" a un truc militaire quand même. Tu imagines expliquer ca à un hippy des années soixante ?

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  26. @24

    Y a un truc confus à creuser effectivement ou c’est moi qui n’y comprend rien entre les gens qui vous disent – moi blog refusant de faire de la promo avec les excuses culturo-ethiques qui conviennent, mais qui palpent en bandeau pub au fronton de leur blog sur des trucs issus des multinationales.

    Bref si j’ai toujours mal compris, en France ; ça présente bien de se dire l’ami de l’artisanat , de la petite entreprise de la crise ….mais à condition de pas avoir à l’aider, même pas avec le pouce.

    Réponse
  27. J’ai un peu de mal à partager cette vision quelque peu idyllique de la Toile, même si je la trouve fort sympathique. Certes, les possibilités d’Internet sont potentiellement prometteuses mais fondamentalement ce n’est pas la première fois, au cours de l’histoire, que l’émergence de nouveaux moyens de communication suscitent un enthousiasme idéalisé. En leur temps, la diffusion de la presse, de la radio, de la télé, et plus récemment de la « libéralisation de la bande FM » avaient aussi déclenché des articles pleins d’espoir et une foi militante en un bouleversement social et culturel. L’exemple de la bande FM des années 80 en constitue la caricature accélérée ; après une période d’ébullition assez créative qui a su très tôt occuper le flou juridique par des initiatives créatrices (pour le meilleur comme pour le pire d’ailleurs), on a vu à quelle vitesse les forces du Marché, avec la complicité de l’Etat, ont repris les choses en main pour transformer ce foisonnement foutraque mais réjouissant en un simple robinet à pub au contenu formaté et tenu en laisse.
    J’ai bien peur qu’il se passe la même chose avec Internet. Ce n’est d’ailleurs pas tant cette stupide et répressive loi Hadopi qui m’effraie mais plutôt la main-mise progressive du Marché, déjà largement entamée.
    Il est bon, à ce sujet, de relire l’essai de Philippe Lebreton (un bonne quinzaine d’années déjà…) « l’utopie de la communication ». Le titre est assez explicite.

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  28. Eric : Le modèle économique des logiciels libres c’est d’une part la reconnaissance des compétences des créateurs de logiciels libres qui vont bosser dans des entreprises (pas forcément celles qui conçoivent des logiciels propriétaires) et d’autre part, le service…

    Ainsi, Red Hat, qui a son propre système d’exploitation Linux, vit grâce aux services qu’elle vend à ses clients et essentiellement grâce à ça… A la différence de Microsoft, Red Hat ne vit pas sur une rente constituée par les logiciels qu’elle a créé. Elle met ses propres créations logicielles à la disposition des utilisateurs… la communauté des geeks apportera des améliorations qui profiteront à tout le monde, dont Red Hat… Le logiciel libre ne fige pas à la différence du monde des logiciels propriétaires.

    Pour en revenir au billet, je pense que la presse et l’industrie du disque ont sombré dans la médiocrité et l’absence de renouvellement.

    L’industrie du disque a vécu sur sa rente en sortant compil sur bef off… La presse est tombée dans le conformisme télévisuel…

    Le succès d’internet révèle les défauts de ce monde moisi, replié, réactionnaire et profondément mercantile. Il tend un peu à devenir un bouc émissaire bien pratique…

    Pourtant, il suffit d’un peu d’inventivité, de personnalité et de courage pour qu’émerge qu’au sein de ce monde moisi quelques pépites comme Fakir l’excellent mensuel de Ruffin, ou la Décroissance, et d’autres comme Politis ou le Diplo…

    Réponse
  29. Permet moi de douter que le journalisme comme tu l’entends est existé. La presse quotidienne a été créé par les capitalistes. L’information a toujours été noyautée par le pouvoir économique et politique. Les noms de journalistes que tu cites sont des exceptions et il en existe autant aujourd’hui. L’herbe n’était pas plus verte hier et les journalistes consciencieux d’antan perdaient rapidement leurs boulots comme aujourd’hui.

    Réponse
  30. Merci, Pas perdus, de citer Fakir parmi d’autres très bons titres qui redorent un peu le blason journalistique.

    j’en profite pour teaser un peu le prochian numéro de Fakir, qui sort le 13 juin dans tous les bons kiosques, avec de vrais morceaux de Monolecte dedans! 😉

    Réponse
  31. Merci, tu as sans doute lu le dernier Fakir consacré aux européennes…? Je le conseille à ceusses qui viennent en ces leiux.

    Réponse
  32. @30 et 31. Il faudra que je pense à l’acheter.
    Pour autant une petite question : faut-il qu’un journaliste soit forcément de gauche et alternatif, pour être bon ? Même les journalistes de la gauche alternative ont des failles, ne les surestimez pas. Et Fakir doit en avoir également. L’autre jour, j’ai écouté une émission de "La-bas si j’y suis" consacrée aux talibans. C’était à hurler. Du grand manichéisme.
    J’attends avec impatience de lire le travail journalistique (!) de Fakir.

    Réponse
  33. "faut-il qu’un journaliste soit forcément de gauche et alternatif, pour être bon?"

    Ah ben non. On peut être de droite, de droite extrême, et être un excellent journaliste, écrivain, plombier, musicien ou toute autre profession. Et mauvais avec des idées de gauche alternative. C’est à nous d’apprendre à ne pas nous laisser séduire par des idées pourries mais exprimées brillamment, ou décourager par l’amateurisme débutant de ceux qui essaient de remonter le courant.

    Ceci dit, j’attends un exemple ACTUEL d’excellent journaliste de droite… parce qu’à un certain degré de carpettude, ça devient très difficile de rester bon. Il n’est ni nécessaire ni interdit d’être de gauche alternative pour faire du journalisme de qualité. Marie-Agnès Robin, Paul Moreira me viennent à l’esprit. Mais il faut être honnête et courageux, deux qualités qu’on trouve rarement chez les carpettes.

    Réponse
  34. Le vieux monde est mort mais il ne le sait pas encore.
    Ne lui disons pas forcément mais laissons le de côté et saisissons nous du nouveau déjà là : http://ecorev.org/spip.php?article6
    Ce sera en quelque sorte le thème du prochain numéro d’écoRev’ le 33 à paraitre en septembre prochain.

    Et pour être dans le thème exact de ce billet, je dirais qu’Internet est une révolution comparable à celle de l’imprimerie : ça change tout.

    http://membres.lycos.fr/resdisint/A
    http://multitudes.samizdat.net/Logi

    m.

    Réponse
  35. @33

    Julie Mallaure, journaliste du Point, a commis un article non point talentueux mais assez impartial – en tout cas cohérent – sur la sclérose ( pour pas dire la putréfaction ) du petit monde qui s’agite derriére le polar hexagonal.

    Rien de bien méchant si ce n’est de décrire des mécanismes post 68tards que l’on connait que trop. Par contre la haineuse levée de boucliers de la part de la gauche bien pensante ; celle-là même qui endort son (e)lectorat de nunuche avec des polars bisounounours depuis quelques années…..fût assez intéréssante.

    Pas besoin de talent pour dire des vérité pas bonnes à dire.

    Réponse
  36. Le vieux monde serait mort et attendrait d’étre sauvé, que dis- je ! Ressuscité par des situationnistes en sandalettes…

    Ma foi…

    Réponse
  37. C’est vrai! Ils ont gagné, ce monde est mort et ça sera encore pire demain.

    Mais bon, luttons contre hadopi, signons des pétitions en ligne, faisons le tour des blogs pour connaître Le papier du moment, cherchons le buzz… dans la vrai vie en chair et en os, laissons faire les syndicats, il s’occupent de tout, et surtout n’oublions pas d’aller voter, puisque nous voulons du changement.

    Quand nous nous réveillerons, il sera trop tard. Répétez après moi : 1984 1984 1984 ….

    Réponse
  38. Oui, mais non. On s’est déjà fâché là dessus. Le non vote ne résoud rien. Et ce n’est pas une assoc pourave qui va changer le monde. La solution je ne l’aie pas. Faire de l’entrisme comme les pablistes ? marche pas. Faire de l’entrisme dans les syndicats, là ça peut marcher. Du sabotage ?

    Réponse
  39. Difficile de ne pas être d’accord. Avec la collusion entre puissants industriels, médias et gouvernement, le 4ème pouvoir est aux abonnés absents.

    Réponse
  40. Quelques points sur le blogohèdre

    L’Europe vue du ciel, la nuit (image trouvée chez Espacerezo) Bouquet de liens, pour saluer quelques billets qui en valent la peine (et dont pour certains j’envie les auteur(e)s, car j’aurais bien aimé les avoir faits)… Aux ……

    Réponse

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