Dans la série des petites choses qui irritent aux entournures, mais qui signifient bien plus que le léger agacement qu’elles procurent…
Avec un bon portrait de face où tu ne souris pas, mais où tu ne fais pas la gueule non plus, où tu ne penches pas la tête, ne fermes pas les yeux, où tu n’a pas de truc sur les cheveux, ni de mèche dans les yeux, où tu es sur un fond clair, neutre et pas blanc, où tu es correctement exposé et où tu n’as pas d’ombre sur le visage, tu peux éventuellement te faire une photo d’identité pour document officiel.
Superpose ce gabarit à ta photo dans ton logiciel de retouche d’image préféré (si c’est Gimp, c’est que tu es quelqu’un de bien), ajuste le gabarit jusqu’à ce que ton visage s’inscrive dans le cercle avec tes yeux bien dans l’espace délimité par les deux lignes horizontales qui le coupent, rogne ta photo et redimensionne-la en 35×45 mm, 300 DPI et ça devrait le faire.
Et quand tu y es enfin arrivé au bout de 3 heures de boulot, dis-toi que le photographe du bled, finalement, il n’est pas si cher que ça et que les photos d’identité, c’était mieux avant la guerre perpétuelle contre les citoyens!
Cela dit, ce gabarit est totalement fonctionnel et peut être téléchargé librement…
Ah ca ! Quand j’ai voulu faire renouveler ma carte d’identité, j’ai essayé par deux fois de faire les photos moi même, et par deux fois elles m’ont été refusées pour des histoires de demi-millimètres manquants à divers endroits… Finalement, retourné chez le photographe du bled, à 8€ les 4, pour 20 secondes de boulot.
Oui, c’est pour qu’on ait tous des gueules de terroristes. Je souris généralement dans la vraie vie, je ne vois pas pourquoi faire la gueule sur mes papiers me rend plus ressemblante avec moi-même.
Maintenant, avec le gabarit (qu’ils appliquent pour accepter ou refuser les photos, y a pas de raison que ça ne passe pas…
Et si c’est celle du photographe qui est refusée, tu es remboursé?
Oui, le pire c’est quand tu fais ta photo d’identité toi-même (une où t’es pas moche), et qu’elle est refusée…
Et que t’en fais une dans une "cabine" automatique", et que comme par hasard elle est moche…
Et, le comble… elle est acceptée !
Moi j’ dis c’est un complot 😉
Ils font exprès de n’accepter que les photos d’identité moches LOL
Comment intérioriser dans le neurone démocratiquement individuel les critères anthropométriques de la Crim’ ?
L’interdiction de sourire sur cette image, à elle seule est un insulte symbolique de première bourre à notre humanité, et une sournoise injonction à l’adhésion à l’ordre néocon :
La figure humaine néo-normée ne sourit pas.
La norme komifo se rapproche du cadavre.
Youpi.
D’accord, c’est que du symbolique.
Tout le III Reich s’est construit sur du symbolique …
En fait, ça fait un moment que cette histoire de photos biométriques me courre sur le haricot. À cause de tout ce qu’il y a derrière.
Ne pas oublier de relire http://petaramesh.org/post/2006/05/…
:o)
Mes enfants ont failli se faire refuser, pour le passeport d’un bébé de 10 mois, la photo du dit bébé qui n’était pas top exactement de face!!). Finalement, le cerbère de service a décidé que bon, ça ira pour cette fois!
Pour faire et retirer les passeports, fallait absolument être accompagné des enfants: plusieurs heures d’attente. Des fois, je sais pas, que les bébés auraient pas été des vrais?
C’est marrant, derrière tout ça, l’idée que ta propre image ne t’appartient plus…
Ça donne envie de virer animiste cette histoire…
La photo classique pour le passeport c’est finit, il en faut une biométrique à 80 euros, pas de bricolage fait maison.
vous disiez avec raison sur Rue89 que Paul lemploi avait rendu la CNI obligatoire pour s’inscrire mais pour demander sa retraite c’est pareil il faut présenter la carte d’identité ,moi comme à la Réunion ils n’avaient plus de formulaire(!) pour le renouvellement de celle ci (la mienne arrivant à expiration ) ,mon dossier est resté en rade durant trois mois,après ça j’ai attendu la fin de la grève de la sécu locale(2009)
Oui, le fait que notre propre image ne nous appartienne plus… Que quelqu’un de formaté choisisse à notre place une image formatée de nous-même pour la désigner comme la seule admise à représenter notre… identité! Pour mieux nous contrôler, il a bien fallu instaurer des normes idiotes et nous ôter le pouvoir de refuser (au millimètre près, bel abus de pouvoir sur des critères non vérifiables, tout ça pour mieux nous infantiliser). C’est peu et pas grave, peut-être, mais ce n’est qu’une phalange du doigt qui…
Tout cela s’ajoute aux visages multiples piqués par les caméras dans les grandes villes, nous qui sommes vus à notre insu sans voir (les mateurs patentés par l’autorité) à notre tour… (tiens, le retour de l’idée de burqa informatisée, en qq sorte, héhé)…
Big Brother is vraiment emmerding you (us, en l’occurrence…)!
Et si c’était juste pour ne pas se retrouver avec des millions de cartes d’identités toutes plus débiles les une que les autres ?
Dans mon collège la photos sur les carnets de correspondance est laissé au libre arbitre, mais quand on vois les dérapages que cela fait, on comprend…
La conspiration pour moi ne tient pas…
"Notre image ne nous appartient plus" ai-je lu à plusieurs reprises… Pourquoi? Vous limitez votre image à sa représentation sur la CNI? Pour ma part j’ai une vision plus large de mon image… Ce que j’écris à l’instant est déjà à mon image et tout ce qui ne figure pas sur la CNI est encore à mon image… Je ne suis pas modeste et je ne peux donc pas faire rentrer mon image sur du 35×45 mm ;o)
Tes papiers sont ta version officielle, comme le princident qui se fait photographier sur un fond de livres… Pour autant que je sache, avant les lois biométriques, il n’y avait pas de tsunamis de photos débiles sur les pièces d’identité, il devait juste y avoir plus de gens qui sourient.
D’autant qu’il y aura toujours de vrais faux papiers et de fausses vraies identités. Les états en étant de grands utilisateurs.
C’est marrant que tu écrives cela, j’ai ressenti la même chose, cette emprise de la capitale qui tire la commissure des lèvres vers le bas. J’ai lutté, des années et je suis partie. Je crois que fondamentalement, c’est ça qui fait que je n’ai jamais eu envie de revenir.
Tout à l’heure, j’ai profité du beau temps pour faire un tour à vélo. Comme souvent, après une bonne tempête l’air était particulièrement limpide et la lumière exceptionnelle. Comme il fait souvent moche, je sors moins et je souffre donc plus quand je fais quelque chose, mais quand même, même avec les muscles qui se révoltaient, même avec le dérailleur qui coulait une bielle, c’était jouissif et je me suis refait un dentier en moucherons… 🙂
""Notre image ne nous appartient plus" ai-je lu à plusieurs reprises… Pourquoi? Vous limitez votre image à sa représentation sur la CNI?"
;@))
Les images que l’Etat veut se faire de nous ne nous appartiennent plus vraiment, mais notre âme n’est pas aussi facile à dérober…
à mon arrivée à Paris (installation que je croyais provisoire), diverses personnes commentaient "l’ouverture de mon visage" et la présence de mon sourire: "toi, on voit tout de suite que tu es provinciale, en tout cas que tu viens d’arriver depuis peu sur Paris, tu souris (sous-entendu: trop?)…" Après moult allers-retours sur la ligne13 et quelques années en "taupe parisienne", je souris vraiment moins. Sur les photos aussi. Finalement, pas besoin de consignes (féroces) pour l’identité, suffit de vivre suffisamment longtemps dans le gris de la capitale et de ne pouvoir s’en défaire!
Bien vu agnès!
Moi aussi çà m’a choquée.
Encore une preuve que notre société est malade!
Pas le droit d’avoir la moindre émotion!
Aujourd’hui c’est sur une photo, et demain??????
@hpom
"Et si c’était juste pour ne pas se retrouver avec des millions de cartes d’identités toutes plus débiles les une que les autres ?
Dans mon collège la photos sur les carnets de correspondance est laissé au libre arbitre, mais quand on vois les dérapages que cela fait, on comprend.."
Cela ne s’appelle pas un dérapage mais la LIBERTE!!!!!
On a quand même le droit de ne pas se prendre au sérieux (surtout pour une photo sur les cahiers de correspondances!!!)
Sourire: "un dentier en moucherons"… ça me fiche presque la nostalgie de lire cela!
Plus le regret des virées intempestives à la mer (j’habitais dans l’ouest, pas trop loin de l’océan), la balade coup de tête coup de coeur finissant au restau de fruits de mer pour oublier une semaine à idées noires, la liberté à peu de frais de sortir, de se balader dans des endroits non pollués, d’expérimenter des espaces où l’on n’étouffe pas sous le nombre (il faut un budget que tout le monde n’a pas pour faire toujours qq chose à Paris, ou pour en sortir, même s’il est tjs vrai que la capitale offre des perspectives "culturelles" intéressantes), etc.
(Bon, d’accord, on peut aussi faire du vélo à Paris… Faut juste sortir suffisamment loin pour ne pas souffrir d’asthme à cause de la pollution (jamais malade pendant trente ans -ailleurs-, puis les hivers parisiens m’ont vue tousser à longueur de trimestre).
L’ancienne passion pour Paris s’est émoussée, l’envie de mon ami de partir à la campagne joue les pluies d’érosion, c’est un peu le même chemin que vous, Agnès, que je prendrais (ouest ou sud), si je savais comment amorcer un virage professionnel sans catastrophe. Pour l’instant, au lieu du "dentier en moucherons", je me cherche en attendant un dentier en acier (pour résister aux tempêtes professionnelles), commissures vers le haut, si possible…
Mais c’est couru: huit ans parisiens déjà, et je rêve de retour à la terre!
«Je souris généralement dans la vraie vie»
Quand le flic te dis que tu es passée au rouge ?
Quand le douanier affirme que les jeans dans ta valise, c’est de la contrefaçon ?
En gros quand on exige tes papiers.
Sont pas si cons finalement !
Oui, surtout dans ces moments-là… ou quand je suis très gênée… la version humaine de la grimace du chimpanzé, mais en plus réussi, et avec de meilleurs résultats…
Faites comme moi : je n’ai plus de carte d’identité depuis deux ans. J’ai trop la flemme d’aller faire la file pour la renouveler, et ça ne sert à rien. Enfin oui : ça sert à nous priver de liberté.
En plus, c’est nous qui devons payer pour la renouveler. Et ils y mettent maintenant une puce électronique. Non merci.
C’est payant seulement pour responsabiliser les inconséquents qui la perdent! 😉
Je viens de voir The Visitor, un film plutôt sensible et juste qui fait toucher du doigt ce que signifie concrètement de ne pas avoir de papiers : ne pas être un citoyen! Bizarrement, ça me fait penser à Starship troopers où, là aussi, l’accès à la citoyenneté était… très conditionné et déterminant pour la vie que tu pouvais mener.
Le fossé qui se creuse entre les citoyens du monde de "plein droit" et les autres, les métèques, me semble avoir tout l’air d’un formidable bond en arrière civilisationnel. On est en chemin vers la démocratie grecque, celle qui concernait les gens bien nés et leur donnait des privilèges par rapport à tous les autres : les femmes, les étrangers et les pauvres (plèbe). En fait, cette histoire de renouvellement de mes papiers et de syndrome de la tronche en biais est bien moins léger qu’il n’y paraît.
Mon passeport est expiré, mais j’avais payé mes droits jusqu’au 5 mai 2012… une pareille échéance est comme un clin d’œil dans les côtes et je vais donc renouveler mon laisser-passer plutôt que ma CNI…
Ah tiens? Il faut de nouveau payer la carte d’identité? j’ai raté ce retour à cette vénalité-là!
Rien à voir avec le débat, mais comme j’affectionne beaucoup l’histoire antique, je ne peux pas laisser passer ça:
La démocratie grecque (athénienne) excluait les femmes, les étrangers, les esclaves du corps électoral (=les citoyens), mais pas les pauvres. C’est précisément ce qui en faisait une démocratie (la distinguant d’une oligarchie ou aristocratie), et qui faisait scandale à l’époque – et ferait toujours scandale aujourd’hui si on s’avisait de réintroduire ne serait-ce que la moitié des procédures démocratiques qui étaient en vigueur (juges populaires, démocratie directe, tirage au sort pour une grande partie des magistratures non militaires, etc…).
On ne peut pas bien sûr copier Athènes comme un modèle, et le fait même qu’elle a exclu autant d’individus du corps social doit être interrogé. Mais il serait absurde de rejeter cette expérience.
Et en tout cas, nous ne revenons certainement pas vers Athènes. Nos gouvernements à la fois spectaculaires, technocratiques et bourgeois, chapeautés par l’Europe, inféodés au grand capital: tout cela ferait plutôt penser aux mauvais moments de l’empire romain…
Oui oui, Agnès, je suis inconséquent. 🙂
J’assume. Enfin, j’essaie… D’ailleurs, foireux comme je le suis, je n’ai pas vraiment le choix : soit j’assume mon inconséquence, soit je me déteste un peu plus. L’inconséquence est moins inconfortable.
Ce que je disais plus haut pourrait sembler teinté d’une sorte de mépris pseudo-anarchisant pour les véritables « sans papiers » (cette expression est répugnante), mais ce n’est pas du tout le cas.
Je sais très bien que je ne risque pas l’expulsion ou le camp de concentration (« centre pour réfugiés » en Novlangue), tout au plus une nuit au cachot. C’est facile d’écrire « Nananananère, moi j’ai même pas de papiers et je vous fais plein de vilaines grimaces » lorsqu’on a un certificat de naissance en règle. Eh oui, dans notre société kafkaïenne il faut prouver qu’on est né pour avoir le droit de vivre…