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C’est comme si nos vies n’avaient plus de consistance, de réalité. C’est comme si nous n’existions plus réellement, comme si nous n’étions plus que des idées, des abstractions, des traces dans la matrice.

Cette idée m’a frappée l’autre matin alors que je m’échinais à justifier un acte de modération sur un groupe Facebook. C’est quelque chose que je fais depuis des années, pratiquement depuis la fin des années 90, d’une manière ou d’une autre. J’ai administré des forums, animé des équipes de rédaction et quand les réseaux sociaux se sont développés, tout naturellement, je me suis retrouvée à modérer et administrer des pages et des forums. À l’œil bien sûr, dans l’élan, un petit tour le matin en sirotant mon thé, un dernier le soir, avant d’aller me coucher, ça s’est fait tranquillement, ancré dans mes routines et la fluidité de l’expérience.

Cinq degrés de virtualisation

C’est comme cela que je me suis retrouvée l’autre soir à élaguer du troll pendant près d’une heure au lieu d’aller me coucher comme tout mon organisme m’en intimait l’ordre.

Soyons clairs, la plupart du temps, les administrateurs et modérateurs, nous sommes juste les gardiens du temple. On vérifie en passant que tout le monde respecte les règles (ce qui est en fait très généralement le cas) et reste dans les limites du groupe. Parfois — mais vraiment pas souvent  — des utilisateurs signalent un problème, mais la plupart du temps, ils ont appuyé sur le mauvais bouton. Et quand il y a une prise de bec, c’est l’affaire d’une petite intervention, un petit rappel à la loi, comme pourrait encore le faire une maréchaussée bienveillante, tout le monde se calme et reprend une activité normale… si l’on peut considérer que clavioter jusqu’au bout de la nuit est une activité normale.
Ce qui est devenu le cas.

Je donne donc de mon temps (mais pas trop, quand même), pour assurer le bon fonctionnement de communautés d’entraide virtuelles… de pas moins de 12 800 membres pour la plus importante, mais aussi 7 000 pour une autre sur le même principe intraprofessionnel, 4 200 pour un groupe d’intérêt départemental, etc. Comme je ne vois pratiquement jamais personne, je n’ai pas réellement conscience du nombre, d’autant plus que — comme je l’ai déjà dit  — toutes ces communautés ont de très bonnes facultés d’autogestion et roulent pratiquement toutes seules… la plupart du temps.

Pour vous donner une idée, mon microbled, c’est 227 habitants, le bled, 2 000, le bassin d’habitation, entre 5 000 et 8 000 blédards, selon le découpage.

Un grand pouvoir implique une grande responsabilité

Je suis donc là à fulminer, parce qu’un membre de la communauté a encore voulu jouer au mâle alpha, assénant ses conseils comme des vérités absolues et surtout, ne supportant absolument aucune contradiction, quand bien même il a totalement tort, qu’il est en train d’envoyer chier tout le monde en gueulant au martyr tout en s’empressant de gerber sur tout ce qui lui déplait.

Oui, le gus est en train de troller.

Fan art de Steve et Elie, deux personnages de la série animée de Guillermo Del Torro, Troll Hunters, redessinés par Camiliero
Fan art de Steve et Elie, deux personnages de la série animée de Guillermo Del Toro, Troll Hunters, redessinés par Camiliero

 

Je suis là parce que plusieurs utilisateurs ont appuyé sur un bouton d’alerte qui avertit les admins que quelqu’un fout le bazar. Croyez-moi ou pas, sur l’ensemble des communautés que je cogère1, ça n’arrive pas si souvent que cela, une ou deux fois par mois. Mais les trolls font toujours mine de penser que je leur en veux personnellement et que je passe mon temps à les traquer. Je pense que tous ceux qui font de la modération en ligne se retrouvent parfaitement dans ce que je suis en train de raconter.

Je suis là en train de rater mon train de sommeil parce qu’il y a un conflit en ligne et que je dois le gérer. Parce que personne d’autre n’a relevé les alertes, parce que c’est le soir, parce qu’au-delà des pseudos, il y a des gens.
Et c’est bien tout le problème.

Sur internet, il n’y a personne et en même temps, il y a tout le monde. Tu peux éclater la gueule de quelqu’un à grands coups d’insultes ou de rhétorique tordue, tu peux harceler ou invisibiliser, tu peux démolir systématiquement une personne, son œuvre, sa pensée, sa vie, comme ça, bien tranquille derrière ton clavier, sans aucune espèce de conscience, sans ne jamais être exposé aux conséquences. Tu peux décharger ta frustration, ta colère, ta haine, ton trop-plein de merditude, sans l’impact sourd du gnon dans la bidoche, sans les cris qui pètent le tympan, sans le sang et les ratiches qui te sautent à la gueule. Tu peux boxer sans te niquer les jointures et sans risquer de te faire éclater la tronche ou réajuster le portrait.
Sauf que ce n’est pas aussi simple que ça.

De mon côté, je peux aussi gagner du temps, du calme et de la tranquillité en appuyant sur un simple bouton et en bannissant à vie le rustre et son refus borné d’accepter d’être logé à la même enseigne que les autres, de laisser tomber son petit numéro de distributeur de bons et mauvais points.
Mais ça aussi, ce serait trop facile.

Et c’est aussi vrai que derrière nos claviers, la tentation de la facilité est immense.
Et c’est encore plus vrai que depuis des mois et des mois, interminablement, beaucoup de notre capacité de faire société s’est réduite à nos écrans. 
Ce qui fait que c’est encore moins simple et facile que d’habitude et qu’à aucun moment il ne faut perdre de vue que derrière les pseudos et les chiffres, il y a des personnes, des vies, des histoires… et probablement d’infinis besoins de continuer à interagir avec ses congénères.

Ce qui fait société

Alors oui, je vais consacrer du temps à ce qui a l’air dérisoire. Je vais intervenir pour rappeler les règles de courtoisie qui s’appliquent en fait au quotidien à l’ensemble de nos confrontations, que ce soit au boulot, dans la rue, en famille, entre amis et partout où nous sommes plus d’une personne.

Je vais devoir préciser qu’on ne peut pas donner un conseil au doigt mouillé, sans se préoccuper de ses conséquences. Ici, le troll conseillait dans un conflit de location de cesser de payer le loyer. Ce qui est vraiment un très mauvais conseil tant cela peut se retourner très sévèrement contre les locataires et les placer dans une situation vraiment très défavorable. Et surtout, le troll n’a pas supporté que de nombreux autres membres puissent le contredire et s’est mis automatiquement en mode attaques personnelles2 contre ses détracteurs3. Donc, répondre à la question première, avec des preuves et des arguments, supprimer les commentaires qui ne sont qu’agression, répondre à ceux qui donnent des infos non étayées, mais ne pas tout virer pour que les autres membres puissent tirer profit du contrexemple. Ne pas laisser trainer, car ce genre du pugilat dégénère très rapidement. Ne pas se précipiter, parce que le modo non plus ne doit pas se laisser aller à la tentation de la facilité de la force, surtout quand elle se drape de légitimité.

Avoir immédiatement le troll sur le paletot qui hurle à la censure, à la kabbale et à l’acharnement… au cas où l’on serait passé à côté du fait qu’il agit purement et simplement en troll.

Soupirer en se rendant compte que c’est bien sûr un habitué. Qu’à lui tout seul, il pèse plus en actions de modération que les bientôt 13 000 autres membres de la communauté. Qu’il a déjà eu des tas d’avertissements. Qu’il fait gravement chier, à force, à foutre la merde régulièrement. Que je ne suis même pas payée pour être emmerdée à ce point-là. Que c’est vraiment un sale boulot que personne n’a envie de faire, qui est usant à force4, mais qui doit absolument être fait sous peine de voir les communautés imploser et les services d’entraide qui y sont attachés disparaitre.
Et cette entraide est nécessaire. Indispensable. Fondamentale.

Y compris pour les gus obsédés par la domination. Y compris pour les trolls. Mais aussi pour tous les autres qui pourraient être poussés vers la sortie par les outrageurs/outragés du clavier.

Cet espace de solidarité, tout virtuel qu’il soit, aide réellement des tas de gens à faire face à des embrouilles administratives, financières, fiscales, professionnelles. Il existe d’autres communautés, mais celle-ci est ancienne, vaste, regroupe aussi des experts dans différents domaines, dispose d’une énorme base de connaissances. Même derrière un clavier, même au cul des vaches et sans pratiquement ne jamais croiser personne, cela reste une énorme responsabilité que de faire en sorte que tous ces isolés puissent continuer à faire société, qu’ils soient ensemble, solidaires, plutôt qu’isolés, perdus, sans ressources et sans défense.

Parce que c’est aussi ça, les réseaux sociaux.

Et encore plus depuis la pandémie.

 

Notes

  1. Il ne faut vraiment pas faire ce genre de tâche tout·e seul·e : la collégialité est une clé de la santé mentale… et il ne faut jamais laisser tout le pouvoir — si limité a-t-il l’air — dans les mains d’une seule personne. Jamais !
  2. … ce qui est précisément le comportement auquel on reconnait à coup sûr le bon troll depuis qu’internet existe.
  3. Ben oui, sur l’argumentation de fond, il ne lui reste que le bon vieux procédé de l’anecdote personnelle élevée au rang de généralité.
  4. Concrètement, un·e modérateurice s’occupe en boucle des mêmes personnes, rabâche les mêmes règles et obtient toujours la même surdité indignée…

14 Commentaires

  1. « Chacun est seul responsable. Chacun est responsable de tous. Chacun est seul responsable de tous » Saint-Exupéry.
    Bonjour Agnès, respect pour cette patience et cette croyance essentielle en la présence d’humanité, même pour les trolls, parce qu’un troll rejeté sans argumentaire, ce sont peut-être les voix d’autres non-trolls qui vont s’éteindre.
    Le troll, c’est comme une bûche de sapin vert dans un feu de cheminée, au début ça fait un boucan du diable (enfer bienvenu), ça jette des étincelles de partout… Et puis au bout d’un moment, ça contribue mal gré bon gré (l’inversion de l’ordre est importante) à la chaleur du foyer pour les autres bûches et brindilles.
    Alors merci de pratiquer la modération, la nouvelle religion du XXIe siècle, et pas que pour les fluides alcooliques.
    Bon dimanche (et pardon pour les éventuelles fautes de frappe ou d’actions intempestive du correcteur, car difficile de se relire quand on est bavard)

    Réponse
    • Ah, je ne t’ai pas reconnu, avec ton vrai nom !
      Les joies de la socialisation virtuelle.

      Réponse
  2. Du pouvoir du modérateur, et des cas de conscience que cela pose…

    Bah ouais c’est pas neutre la censure. C’est même un sacré pouvoir – susceptible de verser dans les abus de pouvoir, comme tous les pouvoirs (cf Montesquieu).

    Finalement, désigner le troll sous le nom de troll, c’est l’objetiser.
    J’aime bien ton « mâle alpha, assénant ses conseils comme des vérités absolues…, ne supportant absolument aucune contradiction ».
    (Note, y’a pas que des mâles)
    Déjà, ça généralise moins, ça désigne un profil plus précis. Passque des « trolls »
    j’imagine qu’il y en a de beaucoup de variétés.
    Des publicitaires, des recruteurs, des harceleurs, des monomaniaques, des paranoïaques…
    Après, je respecte ton expérience en la matière, Agnès, et j’apprécie relativement ton sens de la modération. T’arrives (ici) à laisser s’exprimer des points de vue contradictoires, parfois sur un ton un peu vif (quoique ça fait longtemps que je n’ai plus vu d’énervés sur ton blog).

    Finalement, les lieux publics numériques souffrent un peu du même souci que toutes les formes de démocratie. Sous prétexte de vouloir laisser tout le monde s’exprimer, on entend beaucoup ceux qui ont un fort besoin existentiel s’exprimer, et parmi eux les frustrés du pouvoir notamment. Ca leur donne une caisse de résonance…

    Et finalement, il est assez rassurant de « t’entendre écrire » : « ça n’arrive pas si souvent que cela, une ou deux fois par mois ». Comme quoi, le troll serait plus l’exception que la règle…

    Réponse
  3. Je suis embarrassé du rapprochement que fait cet article entre
    – le rôle de modérateur, indispensable et que j’approuve
    – Facebook!

    C’est peut-être juste moi mais franchement je suis surpris que, je ne sais pas, l’écran ne prenne pas feu à la frontière de ces deux tirets…

    Réponse
    • Je suis d’accord : je déteste les GAFAM. Cela dit, Facebook a réussi ce qui n’avait pu être fait avant : fédérer une énorme diversité de gens. Il y a bien sûr eu des groupes et des forums avant les GAFAM, mais on ne va pas se raconter d’histoires : ce n’était pas grand public. Le fait qu’aucun service public n’a pu monter ce genre d’écosystème numérique est tout ce que tu veux, mais là, on touche des gens qui étaient sous les radars avant.
      Sans cette masse, tout serait bien plus laborieux et les gens aidés bien moins nombreux.
      Donc oui : je suis sous Linux, je traine sur les RS libres, fédérés, ouverts, je conseille l’accès au libre autant que je peux (Notre organisme de formation — grosse machine — a adopté quelques uns des outils libres que j’avais proposé, le syndicat pro où je suis participe est aussi très axé libre (niveau site, ils sont sous SPIP, par exemple)), mais voilà, nous allons aussi aider les collègues où ils sont. Et ils sont sur Facebook.

      Réponse
  4. Modération… Rien que le nom m’amuse.

    J’ai connu Rue 89 à ses débuts, un vrai terrain de débourrage pour de fougueux pur-sangs…

    A coup de modérations, voyez où ils en sont.

    Réponse
  5. Eradiquer la connerie humaine, vaste programme !!!

    Réponse
  6. « Facebook a réussi ce qui n’avait pu être fait avant : fédérer une énorme diversité de gens. »

    Ce n’est pas exact, nous ne sommes pas plus fédérés lorsqu’on nous dépouille tous de tout, c’est même l’inverse !

    « Nous voilà rendu à une société esclavagistes, tous pliant sous la houlette d’un capitalisme particulièrement agressif, colonisant jusqu’à notre façon de penser, de vivre, d’espérer, de savoir et de croire.

    Nous vivons ensemble oui, mais subjugué unitairement par un système social éhonté plus que jamais.
    Nous y vivont drogué, anéanti de nullitudes, avachis devant des écrans symboliques dissipant le sentiment d’exister sous celui de paraître et non de vivre réellement.

    Les trolls ne sont que des vapeurs d’egos distanciés par ce principe de domination interplanétaire, sans fond ni loi propre.

    Référence : Le capitalisme de surveillance de Shoshana Zuboff – édition Zulma essai :

    « une nouvelle mutation commença à prendre forme et à détacher discrètement ses amarres du contrat social implicite, axé sur la défense des droits sur lequel était basée la relation originelle de l’entreprise avec les utilisateurs.


    L’idée d’être capable de transmettre un message particulier à une personne particulière au moment précis où il y aurait peut-être de grandes chances de l’influencer dans son comportement a, et a toujours été, le saint graal de la publicité.

    p 115
    Grâce à l’accès unique de google aux données comportementales, il serait désormais possible de savoir ce qu’un individu particulier, a un moment et dans un lieu particulier pense, sent et fait. Que cela ne nous semble plus étonnant ou même digne d’attention témoigne du profond engourdissement psychique qui nous a habitués à un audacieux sans précédent dans les méthodes capitalistes.

    Cette traduction instantanée de la requête en annonce, analyse prédictive nommée « adéquation », allait bien au-delà de la simple dénotation des termes de recherche.

    Ces séries de données étaient désignées comme user profile information (« données du profil utilisateur » ou « UPI ».
    D’où viendraient les UPI ?

    il était possible d’aller à la recherche d’un nombre beaucoup plus grand de données issues de n’importe quelle part du monde en ligne et de les rassembler. Les UPI « peuvent être inférées,
    présumées et déduites ».

    y compris quand les utilisateurs ne fournissaient pas directement ces informations …
    y compris quand les utilisateurs ne fournissaient pas directement ces informations …
    y compris quand les utilisateurs ne fournissaient pas directement ces informations … »

    __________

    Je ne pense donc pas que ce réseau social soit neutre dans la divulgation et le traitement des données personnelles qu’il contient.

    Par exemple, vous pouvez créer un site reproduisant l’ensemble du contenu actuel mais en le disposant dans un serveur sécurisé, capable d’abriter l’ensemble de votre initiative, et faire un transfert de lien automatique de l’un à l’autre un certain temps.

    Amicalement, Jojo le troll rêveur et libre, encore…

    Réponse
  7. Les inventeurs expliquent que les UPI peuvent être déduites directement des actions d’un utilisateur ou d’un groupe d’utilisateurs, de toute espèce de document consulté par l’utilisateur ou encore d’une page d’accueil.

    Ils décrivent différentes manières d’obtenir des UPI. La première est liée aux classificateurs d’apprentissage automatique » qui prédisent des valeurs sur une série d’attributs.
    Les inventeurs notent aussi que leurs méthodes ne peuvent être comprises qu’au sein du clergé des informaticiens attirés par les défis analytiques de ce nouvel univers en ligne : « la description suivante vise à autoriser une personne qualifiée à utiliser l’invention … Diverses modifications apportées aux modes de réalisation divulgués apparaîtront à ceux qui sont versés dans l’art. »

    p 117
    les datas scientists de google ne seront pas découragés si les utilisateurs exercent leur droit de décider quant à leurs données personnelles.

    les UPI d’un utilisateur … peuvent être, intentionnellement ou non inéxactes, se périmer … elles peuvent être déterminées (ou mises à jour ou complétées) même quand aucune information explicite n’est donnée au système … Un UPI initial peut inclure certaines informations expressément entrées dans l’UPI, mais ce n’est pas nécessaire.

    p 120
    C’est le super pouvoir qui établit ses propres valeurs et poursuit ses propres objectifs par-delà les contrats sociaux [ et moraux] auxquels d’autres personnes sont liées. »

    Réponse
    • En entrant chez facebook, la talentueuse Sandberg … assurant la métamorphose de facebook de site de gestions de réseau social en monstre publicitaire. Elle avait compris que le diagramme social de facebook représentait une source impressionnante de surplus comportemental.

      Nous avons de meilleures informations que quiconque. Nous connaissons le sexe, l’âge, la localisation des utilisateurs, et ce sont là de véritable données par rapport aux trucs que les autres récoltent.

      Réponse
      • Allez, la dernière couche, promis :
        p 136
        Le grand modèle ici est un modèle de subordination et de hiérarchie où les relations de réciprocité antérieures sont subordonnées à un projet dérivé, celui de la captation de notre surplus comportemental pour atteindre les objectifs d’autres que nous.

        Le capitalisme industriel a transformé les matières premières de la nature en marchandises, et le capitalisme de surveillance revendique la nature humaine comme matériau pour créer une nouvelle marchandise.

        « C’est un formidable fourvoiement que de recourir au mécanisme de fixation des prix pour institutionnaliser et donc légitimer l’extraction du comportement humain pour un objectif de fabrication et de vente. C’est aussi ignorer le point clé de l’affaire, à savoir que l’essence de l’exploitation ici est la restitution de nos vies sous forme de données comportementales destinées à améliorer le contrôle que d’autres ont sur nous. »

        Le bouquin :

        L’âge du capitalisme de surveillance
        de Soshana Zuboff

        Réponse
  8. Merci pour la définition du Troll selon Alexandre Pierrin, Agnès.

    Note que si on se fie à sa définition, le troll n’a qu’un seul but, c’est tourner en dérision l’expression des autres… Le fond de son propos importe peu. Ses attaques n’ont pas vocation à contribuer à une quelconque forme de débat, mais simplement à ridiculiser un propos.
    Ce serait une sorte de clown offensif dont l’humour serait agressif à l’endroit d’autres posts sans volonté de harcèlement ni de destruction manifeste – même si les dégâts qu’il cause peuvent nuire individuellement – et dont le seul but serait d’exister dans la cyber communauté, sous cette forme que je qualifierais d’aigre…
    Si on se fie à la définition de Mr Pierrin, ton « mâle alpha, assénant ses conseils comme des vérités absolues et surtout, ne supportant absolument aucune contradiction, quand bien même il a totalement tort, qu’il est en train d’envoyer chier tout le monde en gueulant au martyr tout en s’empressant de gerber sur tout ce qui lui déplait » n’est pas vraiment un troll 😉 .

    Réponse
  9. Juste un petit correctif amical : la cabale est une conjuration, la kabbale relève de l’ésotérisme.

    Réponse
  10. Sur le « mâle Alpha »… si ce type d’individu existe, il a mieux à faire que passer ses nuits sur FB. A la limite il n’utilisera même pas un ordinateur. Il est omniscient. Il ne condescendrait jamais à troller.
    Pas plus d’ailleurs qu’une « femelle Alpha ».

    « Soupirer en se rendant compte que c’est bien sûr un habitué. Qu’à lui tout seul, il pèse plus en actions de modération que les bientôt 13 000 autres membres de la communauté. Qu’il a déjà eu des tas d’avertissements. Qu’il fait gravement chier, à force, à foutre la merde régulièrement. Que je ne suis même pas payée pour être emmerdée à ce point-là. »

    Là, vous personnifiez. Vous envisagez la distraction du plante-zone comme étant dirigée contre vous, qu’il ne connaît pas. C’est peut-être une nana. Peu importe le genre auquel il appartient, non ? Le troll n’existe que parce qu’il y a un modo. S’il n’y avait pas de modo, d’autres intervenants le rappelleraient à l’ordre, rectifieraient ses fausses pistes, liens référentiels à l’appui. Tant pis s’il se fait insulter et qu’à son tour il se fait injurier. Moi je crois qu’il faut avoir confiance en la capacité d’un groupe à faire sa propre police sans qu’il y ait flicage. Les plante-zone entament leur carrière dans la cour de récré. Ceux qui ont cette vocation et en font quelque chose deviennent des fouille-merde, des Cassandre, des lanceurs d’alertes. Les autres, ils se contentent de passer la vie à emmerder leurs contemporains moyennant un bénef discutable. D’une façon comme d’une autre, ils finissent à la marge du groupe qu’ils ont pris pour une arène. Dans les cordes. Comme dans la vraie vie, les fouteurs de merde.

    Le modo devrait se contenter de veiller à ce que la loi sur les injures raciales et les appels à la haine soient respectée, et être payé pour ça par la grosse mahousse multinationale de la parlotte virtuelle, machine à fabriquer des zombis. En tant que flic. Pas en tant qu’idéologue. Car vous l’êtes dès le moment où vous soupçonnez que, derrière un troll, se tient systématiquement un homme. Dès que vous genrez le troll, vous faites de l’idéologie.

    Je ne fréquente pas les réseaux sociaux ni les forums parce que j’ai un franc-parler qui porte les autres commentateurs à voir en moi un troll. J’essaie de voir les choses sous un autre angle que celui de la bien-pensance communément admise.
    J’ai eu, à mon arrivée sur Internet, affaire à un vrai troll, sur un forum où je m’étais aventuré. Un authentique fouteur de merde qui était là, à ce qu’on m’a expliqué, pour bizuter les nouveaux venus.
    Je lui ai proposé de le rencontrer pour qu’on s’explique à mains nues. Il s’est défilé, vous le pensez bien. J’ai quitté le forum. Quant à FB, désolé mais je me sens encore un peu trop vivant pour y passer du temps.

    Réponse

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