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L’un des mécanismes les plus efficaces et les plus pernicieux du système capitaliste, c’est avec quelles facilités et décontraction, il nous amène tou⋅te⋅s à blâmer ses victimes.

Et tombent les anges en feu…

Donc, l’autre jour, je tombe sur cette petite nouvelle insignifiante au détour d’un célèbre réseau social que l’on aime détester et je décerne avec désinvolture une nomination aux Darwin awards pour le malheureux héros du jour.

Article sur la mort d'un rooftopper

En gros, ce qu’annonce l’article dont j’ai choisi de ne pas donner le lien, c’est qu’un jeune Chinois  qui a l’habitude de grimper au sommet (tout petit et étroit) des gratte-ciels pour se prendre en selfie est mort en tombant d’un immeuble. Il n’est pas le premier. Il ne sera surement pas le dernier. À travers le monde, la mode des likes de photos de mise en danger a déjà fait pas mal de ravages, au point qu’en Russie, par exemple, il y avait eu une campagne gouvernementale pour mettre en garde contre les risques bien réels que prennent moult jeunes gens pour se construire une renommée tout à fait virtuelle.

Campagne gouvernementale russe contre les dangers du selfie

Campagne gouvernementale russe contre les dangers du selfie : « un selfie cool pourrait vous couter votre vie ». Cliquez sur l’image pour lire l’article de BigBrowser en français.

On peut toujours se moquer des inconséquents qui mettent leur vie en danger pour quelques likes de plus, mais quand le phénomène est suffisamment massif pour qu’un gouvernement prenne l’affaire en main, c’est que l’on dépasse très largement de la connerie individuelle pour entrer dans la dimension du fait social; on sort du psychologisant pour la sociologie et on en profite pour trinquer au centième anniversaire de la mort d’Émile Durkheim.

Le choix des gueux

Si l’on prend un peu le temps de lire l’article sur la  mort du jeune Chinois, on se souvient que nulle information n’a vraiment de valeur dès lors qu’elle est sortie de son contexte. En l’occurrence, le contexte de cette sordide histoire, c’est que le jeune homme en question ne prenait pas ces risques de manière inconsidérée ou par vacuité, mais parce qu’il tentait de sortir sa famille de la pauvreté.

Cette simple petite phrase nous change brutalement de perspective : risquer sa vie pour tenter de l’améliorer.

Et dans un second temps, l’article nous apprend que cette cascade fatale avait été sponsorisée par une marque pour 100 000 ¥, soit à peine plus de 15 000 €. Il y a une vidéo de la mort inutile d’un jeune homme parce qu’une entreprise voulait faire sa pub avec notre tendance à la fascination morbide. Et cette vidéo qui doit bien buzzer à l’heure qu’il est, s’il faut, c’est le commanditaire qui en récolte les recettes publicitaires.

Parce qu’il est facile de se gausser de ceux qui font n’importe quoi pour une poignée de fric quand on est soi-même né du bon côté de l’argent, c’est à dire que le cul bien vissé dans notre fauteuil, nous pouvons nous distraire à regarder d’autres personnes risquer leur peau à notre place.

Parce que, finalement, il n’y a pas de grande différence entre le jeune Chinois qui grimpe sur des immeubles sans système de sécurité (vous perdriez une minute de votre temps bankable pour le regarder faire l’acrobate s’il avait un bon vieux baudrier des familles pour le récupérer en cas de faux pas ?) et le mineur de fond à la Zola qui va risquer sa vie pour ramener de quoi bouffer à sa famille. D’ailleurs, aujourd’hui, ils habitent souvent le même pays immense et impitoyable. Et d’aller trimer chez Foxconn pour des clous et des coups de lattes à se tuer la santé pour monter à toute berzingue nos précieux iPhone n’est pas forcément un choix de vie beaucoup plus rationnel. Même les études mènent aux mêmes impasses.

Toujours envie de se moquer du jeune con ?

 

Un petit tip! pour la route, merci!

 

63 Commentaires

  1. Un pauvre diable migrant a été amputé des deux pieds suite à sa tentative de passer la frontière dans les Alpes. Pieds gelés… On causera du risque pris par le gars mais surtout pas de l’enfer qu’il fuyait…

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    • Oui, c’est ce que ce système de valeurs nous fait à tous : aux damnés de la Terre dont il fait de leur vie un enfer avant de l’abréger brutalement, aux heureux élus dont il anesthésie l’humanité dans la cupidité et l’indifférence!

      Réponse
  2. Il ne me viendrait pas à l’idée de me moquer. D’ailleurs, en quoi est-il à blâmer, ce gars ? C’est le sponsor qu’il faut blâmer. C’est le système qui fabrique le sponsor qui fabrique le cascadeur improvisé qu’il faut blâmer, le système qui a permis un temps le « lancer de nain » dans une fête foraine (https://www.franceculture.fr/emissions/les-pieds-sur-terre/la-dignite-humaine) avant que le sur-moi institutionnel ne s’y oppose au nom de la dignité humaine. Le système qui fait qu’un type en est réduit à crécher dans un aéroport sans que cela gène quiconque, et qui se voit propulsé dans l’actualité parce que, ayant poussé « machinalement » une porte de service, alors qu’il fouillait les poubelles, il met la main sur un gros paquet de fric laissé là lors d’un transfert de fonds. Puis il disparaît quelque part entre tarmac et boutiques duty-free.
    On en parle sur le ouèbe, dans les réseaux (a)sociaux, rubrique « ça s’est passé loin de chez vous ». Demain on sera passé à autre chose. Ce sera Noël, fin de la séquence humanitaire annuelle. Après-demain ce sera le nouvel An, on enjambera les flaques de vomi pour aller s’échanger des bécots en espérant mieux pour le centenaire du « Plus jamais ça ».

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  3. Notre système de valeur est basée sur la charité qui donne bonne conscience à notre égoïsme, il faut changer de système, évoluer. Mais « Comment penser l’évolution sociale? » Alain Testart explique dans « Avant l’histoire » que nos sociétés modernes ne sont guère plus complexes que celles dites « primitives ». Slavoj Zizek rappelait que « la raison pour laquelle l’empathie envers les malheureux n’est pas suffisante a été formulé par Oscar Wilde », il écrivait dans « L’âme humaine sous le régime socialiste »: « …Il est bien plus facile de sympathiser avec ce qui souffre, que de sympathiser avec ce qui pense. Par suite, avec des intentions admirables, mais mal dirigées, on se met très sérieusement, très sentimentalement à la besogne de remédier aux maux dont on est témoin. Mais vos remèdes ne sauraient guérir la maladie, ils ne peuvent que la prolonger, on peut même dire que vos remèdes font partie intégrante de la maladie.
    Par exemple, on prétend résoudre le problème de la pauvreté, en donnant aux pauvres de quoi vivre, ou bien, d’après une école très avancée, en amusant les pauvres.
    Mais par là, on ne résout point la difficulté ; on l’aggrave, le but véritable consiste à s’efforcer de reconstruire la société sur une base telle que la pauvreté soit impossible. Et les vertus altruistes ont vraiment empêché la réalisation de ce plan.
    (…)Le socialisme, le communisme, — appelez comme vous voudrez le fait de convertir toute propriété privée en propriété publique, de substituer la coopération à la concurrence, — rétablira la société dans son état naturel d’organisme absolument sain, il assurera le bien-être matériel de chaque membre de la société. En fait, il donnera à la vie sa vraie base, le milieu qui lui convient. Mais pour que la vie atteigne son mode le plus élevé de perfection, il faut quelque chose de plus.
    Ce qu’il faut, c’est l’individualisme. »
    Que faire? Déjà commençons par raviver l’utopie.

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    • C’est trop tard. L’utopie socialiste ayant échoué, s’étant diluée qui dans la dictature qui dans le « social »-libéralisme. Elle ne demeure que dans le discours de quelques bobos à l’abri du besoin. Je crois qu’on ne peut plus aujourd’hui s’en remettre à ce qui n’a jamais franchi le cap de l’idéologie, du discours, et qui du reste ne parle plus aux jeunes générations. Va parler de Marx, Bakounine, Trotsky au jeune des quartiers, au mal-logé, au précaire en guerre permanente contre les administrations. Ils te répondront que c’est de thunes qu’ils leur faut, pas de généreuses théories. Et les plus cultivés risquent de t’objecter qu’on a eu la gauche au pouvoir pendant près de vingt ans…
      C’est pour ça que la mayonnaise Méluche a du mal à prendre. Que le PC est devenu un groupuscule. Que la LCR est devenu le NPA faute de révolution. Que les syndicats comptent leurs adhérents parmi les fonctionnaires et non les précaires, qu’ils ont complètement lâchés. Trop de contradictions, trop de grands mots, l’insoumission on n’en voit pas la couleur sur le terrain, on n’en a jamais vu la couleur. Ce serait quoi l’insoumission réalisée ? Des antennes Pôle Emploi investies à chaque radiation de chômeur, des Caf occupées à chaque radiation de RSA, des Préfectures occupées, des syndicats qui feraient autre chose que du clientélisme, des immeubles vides ouverts aux sans-abri et placés sous la protection de militants. Raviver l’utopie, ce serait ça, et non se contenter de bavasser toute la nuit et d’écouter un tribun de pacotille dans un entre-soi habité par la foi du charbonnier, pendant qu’autour, les pauvres végètent entre aides alimentaire et vestimentaire, et que des sans-logis crèvent sous les portes cochères qu’on n’a pas encore équipées de jets d’eau pour les décourager de s’y installer.
      Je désespère de voir cette lame de fond dont je ne fais qu’entendre parler, comme les autres, depuis trente ans. A présent on a des collections de hochets pour s’occuper l’esprit, des réseaux sociaux, des smartphones, tout plein d’oeillères pour ne pas voir ce qui en d’autres temps aurait déclenché l’insurrection.

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      • La vision d’un monde plus juste est comme un foyer qui ne s’éteint jamais totalement. Ainsi Victor Hugo l’écrivait dans « Les misérables »: « Les institutions n’y sont plus, certes,le moulin n’y est plus, mais le vent souffle toujours. »

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        • L’indignation ne suffira pas, Robert.

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  4. Vous surfez sur la vague de ceux qui surfent sur la vague de ceux qui en profitent pour surfer sur la vague, on buzz sur le honteux buzz, on se défonce à la dénonce pour quelques likes de plus…
    Mais toutes ces vagues ne vont-elles pas dans le même sens ?

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  5. Un con reste un con. En voilà un de moins (j’entends d’ici, enfin bon…), mais combien d’autres persistent à vivre et pis, continuer, enlassableme, de se multiplier. Ah oui, par pitié, abandonnez-donc cette chientlit a-sémantique dite « écriture inclusive »; dont on ne sait si la confusion l’emporte sur l’oxymore que sa pratique génère…

    Finalement nos ennemis les plus intimes seront leurs propres idiots utiles. C’est à la fois réjouissant et… triste pour eux.

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  6. Inlassablement…

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  7. Parce que, finalement, il n’y a pas de grande différence entre le jeune Chinois qui grimpe sur des immeubles sans système de sécurité (vous perdriez une minute de votre temps bankable pour le regarder faire l’acrobate s’il avait un bon vieux baudrier des familles pour le récupérer en cas de faux pas ?) et le mineur de fond à la Zola qui va risquer sa vie pour ramener de quoi bouffer à sa famille.
    Tout est dit!
    Me semble que l’origine de la corrida est la même, la pauvreté et l’envie d’en sortir le plus rapidement possible. Et comme en cuisine, les plats de pauvres ont été récupérés par le business!

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    • La corrida, la boxe, les étudiantes qui se font escort pour payer leurs études, le tourisme sexuel, les jeunes mecs qui se font « couper » en Thaïlande pour aller tapiner dans les cabarets pour occidentaux libidineux, les trafics de drogue dans les cités, où les jeunes servent de pions au Milieu qui s’en débarrasse quand ils ont fini de servir, qu’ils en savent trop, que les hochets qui leur ont été consentis (T-Max, grosses cylindrées allemandes, etc…) leur ont monté à la tête et que leur langue se délie. On fait passer ça pour des règlements de compte entre dealers, on les retrouve dans le coffre d’une voiture cramée, ils nourrissent les poissons destinés à la bouillabaisse au fond de la calanque des Goudes, dûment lestés d’un gros parpaing. Non, ce n’est pas très différent. C’est l’exploitation de la misère de masse, la carotte et le bâton, il y a partout des marlous qui guignent le jeunot qui a envie d’autre chose que de compter les pièces jaunes dès le 10 du mois, comme ses parents.

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      • Oui, mais dans tous ces cas, on punit les pauvres d’avoir tenté de sortir de leur pauvreté par les seuls pauvres moyens que leur sont chichement concédés. Et effectivement, ce sont les plus riches qui en profitent, avec des corps à vendre, des émotions par procuration et surtout tout un discours sur les classes dangereuses et les cons qui ne méritent pas de survivre qui permet de mettre en place toujours plus de répression, de contrôle et d’inégalités.

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        • Exactement. Tu as dû remarquer que je suis souvent dans l’idée qu' »il n’y a rien de nouveau sous le soleil », que ce qui nous scandalise aujourd’hui existait hier sous d’autres déclinaisons. Tu lis Bukowski, Calaferte, Henry Miller, et tu retrouves ces problématiques un demi-siècle, un siècle avant nous.
          C’est toujours la faute aux pauvres. Les pochardes décrites par Miller dans le New York de 1910, les clodos que Bukowski voulait rassembler, dans une de ses nouvelles, dans un semblant d’insurrection, pour dire un peu plus loin qu’il ne se verrait pas en accueillir chez lui, les losers que Calaferte croise sur sa route, rasage pas fini, haleine vineuse, alors que lui-même est à la rue…
          Le tourisme sexuel, la paradis thaïlandais des silhouettes graciles au sexe indéterminé, ce sont de gros bourges libidineux qui partent s’encanailler là où il y n’y a pas, ou moins d’interdits. Eux déboursent la thune en monnaie forte, on leur fait des risettes, s’ils se prennent une chetouille, c’est la faute au mignon, pas la leur. Le poids-plume qui se fait éclater sur le ring, s’il y reste, l’entraîneur dira que personne n’est venu le chercher dans sa banlieue sordide. La pauvreté est vue comme une tare même dans les pays pauvres. Chez nous elle est assimilable à un délit, ou du moins, à une déviance. Ils ne savent pas se débrouiller. Ils vivent aux crochets de la société. On rend inaccessible les recoins où s’abritent les sans-logis. On les équipe de jets d’eau. On aménage les bancs pour qu’ils ne puissent plus s’y étendre. La populace élit des salauds cyniques pour les déporter loin des villes : https://www.humanite.fr/node/135695 ou les traiter en parias : https://www.franceculture.fr/emissions/les-pieds-sur-terre/un-maire-aux-sdf-de-sa-commune-ca-ressemble-rien-votre-vie
          Un jour, tu verras qu’on passera à la vitesse supérieure et que la populace dira amen.

          Les « classes dangereuses »… en quoi ? Théoriquement peut-être. Vu des ors et des pourpres des pouvoirs pas près d’être déboulonnés, je le crains. Le danger se cantonne aux cités et à certains quartiers, il est le fait de la violence urbaine, ce n’est même pas une réponse à la violence symbolique de l’Etat, il n’y a rien de politique là-dedans. Les « classes dangereuses » le deviendraient vraiment le jour où elles se prendraient en main pour s’organiser dans un schéma de résistance sans attendre d’un leader fantoche. On n’y est pas.

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        • Pour moi le contexte est à voir plus largement que la firme qui profite de la prise de risque. Durant la crise de 29, des pauvres dansaient jusqu’au dernier qui tienne debout qui avait gagné.. Bref l’anecdote est symptomatique d’une époque. Mais nous avons si mal conscience (travail pénible) de notre époque : globalement c’est la fin des promesses du capitalisme (depuis 1983 et la fin des 30 glorieuses, dit le récent rapport Piketty et all) et la montée de l’inégalité et le double message ; les classes moyennes s’appauvrissent — non, elles progressent mais moins vite que les riches — et l’assistance aux pauvres (la sécu) ruine les classes moyennes — non, c’est la classe riche qui ne supplée ni à la sécu des pauvres ni à la sécu des revenus moyens. Et l’austérité, c’est la rançon sur les salariés et les pauvres du sauvetage des riches. L’histoire du chinois qui prend des risques et de la firme qui l’exploite est anecdotique, c’est l’arbre qui cache la forêt, c’est le récit pour faire pleurer les chaumières.

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          • C’est un tout petit fragment d’une gigantesque nébuleuse dont l’étendue semble n’avoir pas de limites.

            Reprenons l’info telle qu’elle nous est donnée ici :
            (https://www.francetvinfo.fr/monde/chine/un-jeune-chinois-qui-se-filmait-au-sommet-des-gratte-ciel-fait-une-chute-mortelle_2512107.html)

            « Il avait prévu [ Wu Yongning, le rooftopper ] de demander sa copine en mariage, Il avait besoin d’argent pour son mariage et pour le traitement médical de sa mère, malade », selon son oncle, cité par le quotidien Beijing News et repris par le Huffington Post ».
            On nous précise ensuite :
            « Interrogée par le Xiaoxiang Morning Herald, la famille de Wu Yongning a encore expliqué qu’il avait relevé ce nouveau défi afin de remporter un prix de 100 000 yuans (environ 13 000 euros). Elle a aussi assuré au Telegraph qu’il tournait un clip susceptible de lui rapporter beaucoup d’argent lorsqu’il a fait cette chute mortelle. »
            On résume : Wu Yongning a besoin d’argent, il veut épouser sa copine et sa mère est malade. Au bout de son « exploit », une prime et la promesse de « beaucoup d’argent » contre un clip.

            On comprend que Wu Yongning s’était déjà fait connaître sur les réseaux (a)sociaux par la publication de selfies vertigineux, puisqu’il est présenté comme « une star en Chine ». Son but n’était pas de délivrer un message politique. Wu cherchait certes à attirer l’attention, non sur sa pauvreté supposée et celle de ses semblables dans ce qui est un paradoxe – une dictature communiste au service de la mondialisation capitaliste, dont elle est l’usine planétaire, produisant des biens de consommation à bon marché – mais sur lui-même, acrobate escaladant les gratte-ciel pour poster sur les réseaux (a)sociaux des selfies vertigineux.

            Si sa démarche avait été politique, il aurait posé des banderoles au sommet des gratte-ciel qu’il investissait, la police chinoise serait bien vite intervenue et à l’heure qu’il est, ce jeune homme serait toujours de ce monde mais passé du statut de cascadeur improvisé à celui de dissident interné dans les geôles du Parti, et il est peu probable que nous ayions été informés de son existence.

            Une « star » dans son pays, dont la seule motivation était l’argent et la renommée via le buzz. L’enjeu : aider à mère malade à se soigner (nécessité) et épouser sa copine (enjeu romantique).

            Chacun fera de ce tragique événement la lecture qui lui convient. Les larmes des chaumières n’ont guère… chômé ces derniers temps, et la Chine c’est si loin de Marne-la-Coquette qu’on pourrait dire que ça se trouve sur une autre planète. On pourra, de manière un peu hasardeuse, faire un parallèle avec un autre Chinois qui, il y a trente ans, avait prétendu arrêter l’avancée des chars de la répression sur la place Tienan Men. Lui, sa démarche était ouvertement politique. Je ne sais pas s’il l’a payée de sa vie, comme les centaines, ou les milliers (on ne sait pas) de chinois qui avaient affronté le pouvoir lors de ces révoltes de 1989 (https://fr.wikipedia.org/wiki/Manifestations_de_la_place_Tian%27anmen).

            Ce que nous dit la chute de Wu, du haut de son gratte-ciel, est moins évident, est implicite, sous-jacent, va au-delà de l’imagerie. Wu ne remettait rien en cause du système où il évoluait, entre individualisme, course au fric et réseaux (a)sociaux comme médiateurs qu’il utilisait pour « se vendre ». Son souvenir se dissout déjà, la mémoire humaine ne retiendra ni son nom ni son image, quand le Chinois de Tienan Men y demeure, trente ans après, comme un symbole. C’est la pleine adhésion de Wu au système qui finalement l’a tué qui nous questionne quant au rôle pernicieux des réseaux (a)sociaux, du rapport du public à ce genre d' »exploit », quant au paradoxe chinois, quant aux retranchements où la pauvreté peut pousser certains individus. Questions que nous sommes bien peu nombreux à nous poser, il est vrai.

            … un tout petit fragment d’une gigantesque nébuleuse dont l’étendue semble n’avoir pas de limites.

          • « Si sa démarche avait été politique, il aurait posé des banderoles au sommet des gratte-ciel qu’il investissait »

            Exactement.
            Cependant, la situation qui le pousse est directement issue d’une certaine politique concernant la redistribution des ressources vitales et en porte témoignage par l’absurde de la situation et son épigraphe.

  8. Edlinger risquait aussi sa peau sur des falaises sans sécurité pour vivre de sa passion, éviter un job morne et ennuyeux.

    Réponse
    • Oui mais là c’est une passion. Edlinger s’est fait un nom mais il y a des anonymes qui vont se faire des parois, des via ferrata, des descentes dans des gouffres, du parapente et du ski hors-piste, du canyoning, du rafting. Ou qui partent affronter un glacier. Sans sponsor, sans souci de se faire du fric en flattant les goûts morbides du chaland. Juste pour le fun, la passion et peut-être s’abstraire d’un quotidien ennuyeux.
      Le jeune Chinois, c’était une question de survie. C’est tout ce qu’il avait trouvé pour faire rentrer du fric.

      Réponse
      • « Le jeune Chinois, c’était une question de survie. C’est tout ce qu’il avait trouvé pour faire rentrer du fric. »

        Qu’est ce que t’en sais, tu le connais ? Il a possiblement fait ça pour le fun au début et s’est dit que c’était bankable, tout comme Edlinger et bien d’autres que lui concernant les sports extrêmes, l’adrénaline plus un revenu parfois conséquent.

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        • C’est écrit dans l’article d’origine.

          Réponse
        • Le nombre de gens que j’ai vu faire des conneries sous prétexte de rendre service à leur famille, leur religion ou leur patrie est innombrable, prétextes… Ce chinois aurait été plus utile à lui même et à sa famille en restant en vie et trouvant d’autres solutions que de faire le zouave.

          La mode des « like » n’est pas nouvelle, c’est comme ça que les gamins, ados, adultes font des conneries pour être reconnus par leur entourage et en tirer une gloriole, une médaille, une légion d’honneur, du pognon…

          Son témoignage est bien succinct et permet à des commentateurs ici de parler à sa place, ce qui est une forme de négation de son existence.

          Réponse
    • Bien entendu ce chinois est son propre responsable, d’autres le fond bien pour s’amuser. Nous sommes en plein dans la thématique du billet, une belle mise en abîme.

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      • S’il n’y avait pas eu de sponsor, il aurait cessé de jouer au cascadeur pour créer le buzz. C’est aussi simple que ça. Il ne s’agit pas ici de juger de sa responsabilité mais d’un système qui fabrique de la misère de masse et qui, d’un autre côté, refile du fric à un pauvre gars pour qu’il risque sa peau par selfie interposé.
        On est plutôt dans la thématique des pêcheurs de perles : https://www.vivreauqatar.com/le-qatar/histoire/pecheurs-de-perles/

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        • Je ne faisais que paraphraser le commentaire de Lik, qui montre merveilleusement comment on peut ‘facilement’ accuser la victime et dédouaner la société qui construit le terreau qui fait pousser les victimes.

          Peu importe que ce soit pour un sponsor, pour devenir célèbre, sortir de l’isolement social, de la misère. Tous les comportements sont devenus des impressions sociales fortement déterminées par la classe sociale. Ainsi les comportements « autodestructeurs » sont plus imprimés chez les pauvres que chez les riches. Les exemples sont nombreux : dans la santé, les ‘gros’ sont généralement pauvres et la solution n’est pas de ‘faire un régime’ (ça ne marche pas). Dans le travail, seuls les pauvres travaillent à perte si on devait calculer les frais engagés. Dans les loisirs, seuls les pauvres ont des loisirs dé-culturants. Sur les rézosocio, seuls les pauvres sont aliénés. On pourrait continuer dans chaque secteur de la vie sociale.

          C’est bien de pointer un cas particulier, mais il ne faut pas oublier de remonter au fait originel : la plus pure inégalité sociale que l’on traîne depuis le moyen age.

          Je suis en train de lire du Jean-Baptiste André Godin, ça déchire sa mère quand même. En 1860 il parlait de sécurité sociale, de retraite, d’égalité homme/femme (tout cela mis en place au sein du familistère de Guise) et avançait même l’idée qu’il ne fallait pas que le mariage soit un asservissement de l’un (la femme) par l’autre (l’homme). Au milieu du 18ème siècle !!! … et c’était un homme. Nos féministes de salon chantres de l’écriture avec des . partout peuvent aller se rhabiller.

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          • « Sur les rézosocio, seuls les pauvres sont aliénés.  »

            Ah bon, et tu crois pas que l’aliénation est un phénomène plus étendu que tes certitudes étriquées ?

          • Godin, c’est le 19e siècle. En matière économique, on redécouvre l’eau chaude régulièrement. Exemple : le revenu universel à existé en Angleterre de 1795 à 1833.

          • Mes certitudes sont étriquées, mais les tiennes des vérités révélées. D’ailleurs c’est comme cela qu’on différencie les bonnes des mauvaises certitudes : les tiennes sont les bonnes et ceux des autres les mauvaises. C’est facile n’est-ce pas ?
            Le truc sur la santé est un fait que connaissent nombre de médecins qui travaillent leurs sujets.
            Sur le travail, le smic net est à la louche de 1150 euros net, soit pour 20 jours de travail (toujours à la louche) l’équivalent en kilomètres d’environ 100 km par jour. Ainsi un smicard dont le travail est à 50 km de chez lui en voiture travaille juste pour payer ses kilomètres. Si c’est à 25 km (assez proche en fait) la moitié de son travail ne fait que payer ses trajets. Je passe sous silence les aides à la personnes ou les kilomètres non payés (ni en temps ni en frais) entre les « patients » ne sont même pas couverts par le salaire.

            On pourrait faire une étude sur les loisirs par niveau de revenu, mais je doute fortement que les smicards vont en masse au théâtre et à l’opéra. Par contre, netflix et consort je suis moins mitigé. Il y a des raisons objectives (pas besoin de sortir de St Cyr pour le comprendre), avec un travail abrutissant tu as du mal à philosopher en rentrant le soir et avec une situation précaire tes soucis sont bien au delà de Proudhon, Fourier ou Owen. Et je ne parle même pas du niveau scolaire moyen par strate. Mais c’est de leur faute bien entendu ?

            Il suffit de suivre un peu les rézo pour arriver à partager assez simplement (toujours à la louche et pas 3 chiffres après la virgule) les niveaux de salaires entre ceux qui ont FB, ceux qui ont linkedin et consorts, et ceux qui ont instagram.

            Mais je suppose que ce sont des certitudes étriquées. C’est tellement facile de balancer un truc comme ça sans avoir besoin de le montrer. La morgue de classe dans toute sa splendeur, du même acabit que « on ne dénigre pas une entreprise qui réussit (même si elle tue et amoche des gens (des pauvres) par centaines ». La france en marche, la dictature du marché et le victim bashing. Voila les mamelles de cette france qui gagne.

            un peu nauséeux, je suis.

          • Des conduites autodestructrices, tu en rencontres dans toutes les classes sociales. C’est sûr qu’entre l’addiction aux bières de clochard du pauvre type du coin et celle à la coke des figures du show-biz, il y a quelques liasses de distance, mais tu as aussi des pauvres qui mènent une vie saine, envers et contre tout. On peut être pauvre matériellement en cultivant une dignité.
            L’aliénation des pauvres aux réseaux (a)sociaux… C’est vite dit. Ceux que je côtoie sont malheureusement davantage aliénés par les gratte-gratte. FB leur reviendrait moins cher. Quand je me balade en train ou en car, je vois plutôt des jeunots de la classe moyenne absorbés dans leurs profils FB, Touiteure et autres sur leurs smartphones dont peu son des Wiko low-cost.
            Les « gros »… peuvent être aussi diabétiques, retors à l’exercice physique, « bon vivants », petits bourges incapables de cuisiner et adeptes de la malbouffe de masse. On peut être gros aussi par nature. Viens faire un tour dans mon sous-bled de pauvres, ici le revenu médian tourne autour de 900 €, et encore quand tout va bien. Tu verras plus de maigres que de gros. Et pas mal de gens aussi qui continuent à tenir la route parce que la pauvreté sur le long terme, ça forge à l’astuce, à l’indépendance et quelquefois à une hygiène de vie inconnue du mieux loti.

          • « Ainsi un smicard dont le travail est à 50 km de chez lui en voiture travaille juste pour payer ses kilomètres. »

            Euh… tes smicards roulent en Ferrari ? Ou alors tu as un léger problème avec le calcul des coûts kilométriques ? Et où as tu vu que la majorité des smicards habitent loin de leur job et sans transports en commun ?

          • Dans mon coin, c’est le cas : peu de boulots, le SMIC est le plafond de verre, aucun transport en commun. Mon premier temps plein (forcément au SMIC), c’était à 60km, porte à porte, soit 120km/jour, 600km/semaine, environ 2500km/mois. Entre le carburant et l’usure de la bagnole, je dois t’avouer que ça douillait. Mais juste avant ce boulot providentiel, l’ANPE avait tenté de m’imposer un mi-temps… même distance. Et j’avais bien compris qu’ils ne toléreraient pas un refus. Et là, économiquement, ce n’était pas possible.

          • – Pour l’emploi et la route.
            Je ne sais pas s’il roule en férari (rouge) mais un simple calcul accessible à un pré-Sixième :

            Distance travail maison : 50 km, distance par jour : 100 km – coût du Km : 0.56 cts, à la louche 20 jours de travail par mois soit : 50*2*20*0.56 = 1120 euros.
            smic net environ 1149 euros. avec une vielle R19 des années 1990. De rien.

            Pour les réseaux sociaux :
            http://www.lemonde.fr/campus/article/2015/04/15/la-frequentation-de-facebook-ou-instagram-varie-selon-la-classe-sociale_4615561_4401467.html

            Pour la santé/obésité :
            https://www.inegalites.fr/L-obesite-chez-les-jeunes-le-poids-du-milieu-social?id_theme=19
            https://www.inegalites.fr/Obesite-et-milieux-sociaux

          • Les conditions kilométriques maximales de Pôle Emploi, c’est 30 km.

          • Oui, oui, il y a plein de trucs sur les papiers… et puis il y a la réalité, celle que tu te prends dans ta gueule quand tu es au bord du gouffre, que tu es dans la merde, vulnérable, et que des petits agents vindicatifs décident de te faire ta fête. Un contrôle par ci, un examen par là, une omission, les pièces de ton dossier qui se perdent systématiquement… certains savent très bien repérer ceux qui sont tellement au bout de tout qu’ils ne sont plus en état de se défendre.
            La brutalité administrative existe, les abus de pouvoir couverts par la hiérarchie aussi : je les ai vus, je les ai subis.

            J’avais déjà raconté cette histoire : une offre tout ce qu’il y a de plus convenable.

          • ok, faisons avec 30km 30*2*20*.56 => 672 euros
            1149 -672 = 477 euros.

            putain la coïncidence nous sommes pratiquement au montant des ASS. De là à penser que le pauvre doit rester pauvre il n’y a qu’un pas. dans mon coin, à 30km il y a juste la petite ville qui subit la déprise industrielle et n’arrive pas à se reconvertir au ‘numérique’ (parce que les élus bouffent toutes les subventions et n’en font rien pour le territoire).

          • « La brutalité administrative existe »

            Les médiateurs et avocats aussi pour intimider les petits zélés de l’administration. J’ai eu l’occasion, mes proches aussi, d’y recourir et ça a très bien fonctionné.

          • @Agnès et Lik : La seule évocation d’un avocat les fait frémir de panique, c’est exact. Depuis que les gueulantes sont réprimées, c’est tout ce qui nous reste face aux zélés serviteurs du Léviathan bureaucratique.
            Mais c’est quand même dingue d’en arriver à cette guéguerre prolos contre prolos, quand on devrait faire front commun contre le véritable adversaire.

          • Ben oui, 1 millions de zozos dans la rue pour Djoni et bien moins contre les ordonnances de Jupitos. Ça montre un manque de combativité qui peut se faire pourtant en se renseignant un minimum au niveau individuel et rendre coups pour coups contre les administrations ou les entreprises qui respectent pas les règles.

          • @Lik sur Jauni : Là oui on est dans l’aliénation pure et dure ! Pour avoir eu une ex et sa famille (presque) entière adepte du Johnnysme, je peux te dire que poussé à l’extrême, ça confine à la mystique. Au passage, ce que j’ai (aperçu plus que) vu de l’enterrement du Jauni m’a rappelé d’autres funérailles sur le même mode pharaonique :
            https://www.youtube.com/watch?v=7xRneCrahEw

            L’enterrement du Code du Travail n’a pas bénéficié de la même ferveur. Imaginons l’imagination au pouvoir, pour une fois… Un corbillard craignos, genre vieille Quatrelle flanquée d’une escadrille de Mobs pilotées par des manards historiques en bleu de chauffe, la foule des précaires versant sa larmichette jusqu’au cimetière, 55 av. du Bosquet dans le Septième, où le Code est incinéré façon Farenheit 451. Il manque à Méluche, la Cégété et consorts la dimension mystique de la Révolution.

          •  » Imaginons l’imagination au pouvoir, pour une fois…  »

            L’imagination est parfois le problème, et mieux vaut la laisser de côté de temps à autre.

            Le Djoni, c’est l’imagination des impuissants.

          • Oui Godin et son familistère. Une expérience passionnante qui se fonde sur une particularité, la qualité des poêles Godin et de la bonne santé financière de l’entreprise. Après la mort du fondateur le principe durera et c’est semble-t-il au moment où l’autogestion se met en place que l’expérience va capoter.

          • L’expérience Godin dure 80 ans après sa mort. Oui c’est vrai que cette expérience est facilitée par la réussite industrielle et cash fournit par la marché de ses poêles (mais est-ce que la réussite industrielle aurait été identique sans cette expérience ? il ne reste pas beaucoup de concurrents de l’époque travaillant autrement pour le dire !)

            L’expérience ‘capote’ pas du tout à cause de l’auto-gestion, mais parce que le dernier administrateur n’était pas aussi ‘strict’ dans le suivisme de l’esprit Godin (et aussi en partie dû à la crise – mais ils avaient bien surmonté 2 guerres et les destructions afférentes) et a décidé de transformer l’expérience en société anonyme pour la vendre à le creuset en exhortant les ‘sociétaires’ à vendre leurs parts à moitié prix. La trahison de l’élite en quelque sorte. Ce n’est pas comme si on ne connaissait pas cela depuis ….

            C’est cette transformation capitalistique qui a tué l’expérience et pas du tout l’auto gestion. Il y pas mal de mensonge sur Godin qui sont disséminés et ont pour seul objectif de cacher la réussite éclatante de l’expérience. Le plus gros mensonge est son ‘paternalisme’.

            L’expérience Godin est un bras d’honneur aux coco et socialo : l’émancipation de la classe ouvrière sans révolution et sans conflit. Création de la retraire, la sécu, l’éducation populaire et culturelle pour tous, sans avoir besoin de punir les entreprises qui ont toutes collaborées avec l’ennemie, création de logements décents, de conditions de travail exemplaire pour l’époque, anti taylorisme (avant l’heure) dans une entreprise industrielle, utopie industrielle et non agraire…

            De nombreux livres ont été écrits, ils sont passionnants et rendent encore plus aigris sur l’époque actuelle.

          • On a là un exemple de ce que peut donner l’imagination, prise au sens politique : la mise en place d’un système parallèle où tout le monde, finalement, trouve son compte.

            Aigreur quant à l’époque actuelle, à ses errements, ses résignations, et j’ajouterais au manque d’imagination. A une incapacité à la dissidence. L’Europe est en train de devenir ce qu’était l’URSS, sauf qu’on reste libres de circuler. Elle soumet les Etats, et les gens qui y vivent, aux diktats aveugles d’une nomenklatura. Face à cela, rien. Des parleurs, des gesticulateurs, des récupérateurs, des constats, des dénonciations, du débat orienté, des groupuscules qui vont manifester lors des sommets du G20, mais pas de mouvement qui soit structuré. A part chez des types comme Onfray, on n’entend jamais dire nulle part que l’expérience est un échec, qu’elle n’a donné lieu qu’à des régressions du niveau de vie, de sa qualité. Même au plus fort de la dictature en URSS et dans ses pays satellites, il se trouvait des mouvements de dissidence. Chez nous, à côté, autour, rien qui soit susceptible de donner aux gens l’espoir qu’un jour, ce fléau qui détruit nos sociétés depuis quarante ans appartiendra à l’histoire ancienne.
            L’échec des idéologies alternatives au capitalisme, l’incapacité qu’on a manifestement à penser le monde autrement, à concevoir un nouveau paradigme, l’extraordinaire hétérogénéité de nos sociétés creusent le lit de la dictature européiste. Comme quarante ans de régressions finissent par se payer, on voit resurgir en Pologne, en Hongrie, en Autriche et à présent en Allemagne, les vieux démons que le projet européen prétendait anéantir sous l’alibi du marché. Bien sûr, la propagande met ce phénomène sur le compte des migrants. C’est une aubaine, les migrants. Les débatteurs assermentés de nos tribunes politiques glosent sur les migrants comme s’il s’agissait d’un phénomène inédit, et non sur le pourquoi des réactions irréfléchies du populo à propos de l’accueil des migrants. Dans des pays à l’économie saine, qui n’auraient pas renoué avec l’exploitation, où chacun aurait de quoi vivre et la liberté de s’installer où il le souhaite et de s’y épanouir, l’accueil de migrants de pays en guerre soulèverait peu d’objections. Mais notre pays et les pays voisins vont mal, leurs populations sont morcelées, leurs classes sociales, d’âge et leurs ethnies sont devenues antagonistes, il y a des replis identitaires ici, là communautaristes. Lorsque une économie malsaine, qui ne profite qu’à quelques-uns au détriment de tous les autres, en vient à régir toutes choses dans la vie quotidienne, les haines s’installent durablement avec leur corollaires la peur et la parano, engendant une culture de la répression et la création de boucs émissaires. C’est dans les Etats chancelants qu’on en arrive à pareilles situations.
            Un jour, le bloc de l’Est a commencé à s’effriter. Puis le Mur de la honte a été abattu parce que les gens, en masse, ont réagi, se sont bougés, se sont pris en main. Nous on ne fait rien. On laisse venir. On subit. On débat. On attend les éternelles prochaines élections pour y aller ou ne pas y aller, et c’est à chaque fois le même scénar, l’épouvantail brandi pour faire passer celui dont la seule marge de manoeuvre se tient dans la comm, et qui sera en charge de transformer en lois les directives européistes. Quelques-uns espèrent en un Messie d’opérette. On vivote, on parle, on se raconte comment on vivote tandis que d’autres engraissent.

  9. Passion. J’ignore ce que font Marlboro ou Pernod de leur pognon, après qql interdiction de le filer (placarder) à des zozos qui tournent (tjs) en rond.

    Passion. Je sais qu’entre un prolo ou un bobo en maillot (quelle idée ?!) je n’arrive pas, ni envie de les différencier (quelle idée ?!)
    Aussi, qu’importe les potos décédés ici où là (X Murillo, Cordillère Blanche, Pérou 2011 ou E Escoffier et Pascale Bessières, Broad Peak, Paki -ou Chine? 1998; pour les plus bankable, avec sûrement une page Google) je devine que dans des territoires marins (Bretagne ?) d’autres -riches/pauvres au choix- d’âge incertain mais d’avenir idoine (survenir à ses besoins ? changer de fusil d’épaule ? le faire passer à gauche ? sinon où ?) ni vraiment pertinents puisque juste taquins avec l’environnement environnant: ils s’adonnent à une-passion (pas con!)

    Plein de fois Machin et passion passent à la tv (par ex.) a t-on la même,
    sinon le bar-tabac (Ruffin) ..qu’importe le Pmu ou le canapé !
    c’est payé pareil.
    Merci à eux,
    to you Wu Yongning

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  10. On peut couper les cheveux en 4 ou se raser les poils (qu’importe) il n’empêche.. si qql ancêtre ne s’était pas sorti les doigts du nez, on serait tjs au pied de l’arbre ou celui de la grotte.
    En parlant d’eux (hominidés, grotteux) même si je ne les ai pas connus (ouf !?)
    je parie (vue d’esprit*) que l’égoïste, le radin, le dominant, le-plus-gros-oiseaux-du-nid (*) ‘bourgeois’ ne se disait pas ? le rebouteux, le mutilé, l’abandonné, etc..
    existait déjà. Et encore.

    Ailleurs, je lis qu’un môme (5-6 ans) par le buzz & you tube, est millionnaire (!)
    = il teste cadeaux & jouets.
    Ni risqué ni blâmé !
    Peut-être est-ce l’époque (décembre ??) qui veut ça.
    Un autre gars (récemment ?) Rapporta-gros ! ..de mourir sur une croix,

    et vous ça boom.. Salam, Shalom et des becs,

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  11. « Je suis un signe des temps nouveaux. J’étais pauvre et invisible. Vous avez fait que l’on me regarde, pendant des décennies. Il y a longtemps, c’était facile de résoudre le problème de la misère. Qu’avez-vous fait ? Rien. Maintenant, nous sommes riches, grâce à la multinationale de la drogue. Et vous, vous crevez de peur. Nous sommes le début tardif de votre conscience sociale. Vous voyez ? Je suis cultivé. Je lis Dante en prison.
    Quelle est la solution ? Il n’y a pas de solution, mon frère… L’idée même d’une solution, c’est déjà une erreur. Tu as vu la taille des 560 favelas de Rio ? Tu as survolé en hélicoptère la périphérie de São Paulo ? […] Tu as vu : c’est impossible. Il n’y a pas de solution : c’est vous qui avez peur de mourir, pas moi. Ici, dans la prison, vous ne pouvez pas entrer et me tuer mais moi je peux ordonner que l’on vous tue depuis l’extérieur. Nous sommes des hommes-bombes. Dans les favelas, nous avons des centaines de milliers d’hommes-bombes. Nous sommes au centre même de ce qui est insoluble. Vous du côté du bien et moi du côté du mal et, au milieu, la frontière de la mort, la seule frontière. Nous sommes une espèce nouvelle, différente de la vôtre. La mort, pour vous, c’est un drame chrétien dans un lit, une crise cardiaque. Pour nous, c’est un cadavre tous les jours, jeté dans un fossé. Vous, les intellectuels, ne parliez-vous pas de lutte des classes, ne disiez-vous pas « soyez marginal, soyez un héros » ? Et bien, nous voilà ! C’est nous ! Vous n’attendiez pas ces guerriers de la drogue, n’est-ce pas ? Un nouveau langage est apparu… C’est une autre langue. Nous sommes face à une sorte de post-misère. Une post-misère qui génère une nouvelle culture assassine […]. C’est la drogue avec des chips et des mégabits. Mes soldats sont une mutation de l’espèce sociale. Les moisissures d’une grande et sale erreur. »
    (Marcola, chef du PCC brésilien « Premier Commando de la Capitale », de l’écrivain carioca Arnaldo Jabor).

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    • So what ? Où ils en sont au Brésil, les favelas ont-elles disparu ? Leurs occupants ont-il été dignement relogés ? Les gosses ont-ils autre chose à se mettre sous la dent, grâce au PCC, que des pierres que leurs mamans font bouillir dans des marmites de récupe, le temps qu’ils s’endorment pour rêver de patates ?

      Réponse
  12. « Gagner sa liberté, c’est accepter d’éliminer ceux qui se mettent en travers de son chemin pour la voler. C’est accepter de liquider l’offenseur. C’est accepter aussi de mourir. Morale de tête brûlée, qui révolte la morale des bien-pensants. Ceux-là te disent que la vraie liberté est intérieure, qu’elle consiste dans le respect de l’autre, l’observation des règles en société. Le genre de collier de chien qui se remarque à mille mètres, et fait fuir les loups de la steppe comme moi. » (Paul-Henri Guiter)
    L’image contient peut-être : une personne ou plus

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    • Bof, c’est pas nouveau, et les loups sont des animaux à la fois sociaux dans leur meute et féroces vis à vis des loups externes qui entrent dans leur territoire, au point de les déchiqueter à coups de crocs sous prétexte de solidarité à leur meute.

      L’animalocentrisme ne vaut pas mieux que l’anthropocentrisme, ça aboutit toujours à des massacres de familles, patrie, race…

      Réponse
    • A quoi je répondrais : « Mourir pour des idées, mais de mort lente »…
      Quand tu commences à prendre du carat et que tu vois que toutes les belles professions de foi insurrectionnelles restent à l’état de mots et qu’en majorité, tes contemporains non seulement arborent fièrement le collier étrangleur mais tendent servilement la laisse à leur maître, tu en reviens au constat du bon vieux Georges.
      Ils ont fini comment, tous ces subversifs du verbe ?
      Enbourgeoisés, châtelains, primés, membres de tel ou tel jury en vue, leur nom au fronton des écoles publiques, ou assassinés, suicidés, autodétruits par la came.
      Quant à Paul-Henri Guiter, dont je n’avais jamais entendu parler, tout ce que j’ai réussi à trouver sur lui est qu’il est publié chez Flammarion, qui n’est pas précisément une maison d’édition underground subversive crypto-anar surveillée par la DGSI paumée entre Saint Jean du Désert et Tréhorenteuc.

      Réponse
  13. Guiter, que je ne connais ni d’Adam ni d’Eve, n’ayant même pas lu son livre, vit en Russie, et officie en eaux troubles de la sécurité privée ( peut-être est-il même correspondant de la DGSI, allez savoir), à ce qu’on dit, mais c’est le problème de certains lecteurs de toujours vouloir ramener l’auteur et son œuvre, genre si j’écris un bouquin sans parti pris sur les fachos, je suis donc un facho, etc, etc, tout comme si le fait de penser que si un jour Le Pen, ou Mélenchon, ou Macron, disent quelque chose de vrai comme il fait beau ou il pleut, je devienne automatiquement un électeur militant de ces personnes en constatant simplement cette observation…

    Mourir pour des idées, nous serons d’accord mon ami, quand tout révolutionnaire devient fatalement trafiquant dans le meilleur des cas, et dans le pire un banal bourgeois endimanché ( en me référant à cette chansonnette sympa de Capdevielle), une fois qu’il s’est aperçu de la sincérité « des belles professions de foi insurrectionnelles », en effet, et c’est bien là tout mon propos dans le message, dans l’esprit de Darien et de Stirner. ( Quant à Flammarion, on sera une nouvelle fois d’accord, que hormis ce passage un peu sulfureux du point de vue de la morale citoyenne, l’auteur a bien dû faire preuve sur le reste de l’ouvrage de suffisamment de bien bienpensance à fin d’être publié).

    Réponse
    • Ou de malpensance savamment orientée, du genre Houellebecq.
      Qu’on le veuille ou non, la revendication subversive, dès qu’elle sort du samizdat, c’est une niche marketing comme une autre, ça répond à une demande, c’est diffusé et mis en vente parce qu’en face il y a un public pour ça, et les artistes et créateurs qui se revendiquent subversifs, révolutionnaires, anars, nihilistes, etc.. (de Ferrat à Renaud via Ferré et Lavilliers, Eminem and so on…), s’ils n’avaient pas au préalable été signés chez des majors, eh bien on ne saurait même pas qu’ils existent !
      Le boutonneux qui dans les années 60 la jouait Gavroche en fredonnant « Les bourgeois c’est comme des cochons », il finançait malgré lui les raouts de Barclay à Saint Trop’ ! Les logos Barclay, Polydor, puis Virgin ont tourné sur les électrophones libertaires toutes ces années où le baba à tarpé, le jeune prolo à banane Presley, l’étudiante classe moyenne à keffieh se faisaient croire à ce à quoi on nous avait appris à croire, ceux de notre génération, avant ce soit cruellement démenti par les faits.
      Pas de raison que ça s’arrête. Les temps se prêtent à ce babil revisité de la révolution verbeuse. Qu’il ait permis à quelques rappers de s’arracher de leurs cités malsaines, c’est déjà ça. Jadis, sa verve libertaire avait sorti Ferré du taudis parisien, recouvert de tôle ondulée, qu’il partageait avec Madeleine sa première femme, et où le futur prince Rainier avait passé la nuit à se peler le jonc en écoutant Léo sur son piano lui chanter l’oratiorio qu’il crerait un peu plus loin à l’opéra de Monaco. Les deux étaient restés bien amis et aimaient à se retrouver au mont Agel, au-dessus de Monaco, dans la cagna secrète des Grimaldi où Rainier, devenu prince, s’adonnait à la ferronerie, et Léo à l’imprimerie. Histoire vraie qui en dit long sur ce verbe révolutionnaire qui sert d’abord à tordre le destin de ceux qui le manient.

      Réponse
  14. Dans le genre « blâmer les victimes », Macron va mettre encore plus de pression sur les chômeurs… Si c’est pas beau ça.

    Réponse
    • Pour abaisser les chiffres du chômage, on fait en sorte d’éliminer des chômeurs. Sarko nous avait déjà servi cet axiome d’une logique imparable, avec le succès que l’on sait sur la courbe du chômage, désespérément retorse. La différence c’est qu’à présent, les flics de l’insertion ne disposent plus de la trappe « emplois z’aidés » pour virer les précaires des stats. M’enfin, on va voir dans les mois qui viennent que ce n’est pas tout de capitaliser sur les attentes du Merdef (représentatif d’un certain patronat mais non de l’ensemble des patrons, employeurs, entrepreneurs, artisans, indépendants…), et de vouloir faire jouir l’électorat vieille droite, qui de toute façon s’est offert Wauquiez comme sex-toy (faute de grives….). Dans les faits, la casse sociale fabrique du chômage et de l’exclusion, de même que les pertes de pouvoir d’achat. Ce cercle vicieux, il est à l’oeuvre depuis assez longtemps pour qu’on sache en mesurer les effets. On n’invente pas les jobs qui n’existent pas et la formation, ça a un coût que certaines régions et départements ne vont plus pouvoir assumer, quant à celles dispensées par le privé, le chômedu abonné jusque-là aux contrats jetables ne peut pas se les offrir.
      L’intérêt de ce qui va se passer dans l’année à venir et les suivantes, c’est que le populo va vraiment devoir se bouger sans attendre quoi que ce soit des pitres en charge de tenir le fonds de commerce de la subversion, dont les étalages sont couverts de poussière. Ce ne sont pas des manifs processionnaires qui infléchiront cette politique propre à ajouter au désastre déjà effectif, mais une solidarité à réinventer et des actes de résistance symboliques et concrets, de désobéissance civile, des grèves des impôts, d’occupation de préfectures et d’antennes administratives.
      On ne peut pas continuer comme ça dans la résignation. Toujours attendre, attendre…

      Réponse
      • « On n’invente pas les jobs qui n’existent pas »
        Si, cela s’appelle des sous-emplois où la paie ne couvre aucun des frais réels pour les exécuter et en vivre en même temps.

        Cela suffira-t’il pour mobiliser les ouvriers pour qui ces emplois grignoteront les leurs, à défaut d’être solidaires ?

        Réponse
        • Le monde ouvrier est devenu une nébuleuse mêlant travailleurs détachés, précaires sous-employés par des boîtes sous-traitantes, employés d’artisans, fonctionnaires territoriaux et assimilés, auto-entrepreneurs soumis au régime sec – les z’emplois z’aidés étant momentanément éliminés. Sans idée de conscience de classe, parce qu’on n’en est plus là. Solidarité difficilement concevable donc, sauf crise majeure (nos technocrates savent très bien évaluer où se tient le point de rupture, ce qui nous a permis jusque-là d’échapper à la mise en place d’un plan Hartz à la française, dont la casse du code du Travail par El Khomry et Macron reste une version relativement soft).
          Cela dit, les ouvriers ne sont pas seuls concernés, il y a aussi les jeunes et les chômeurs âgés, les non-qualifiés, les outcast (non mobiles, résidant dans des coins paumés, des bleds ruinés…) néanmoins fliqués.

          La question que je me pose et que je ne cesserai jamais de me poser, c’est comment un tel fléau (le libéralisme) a pu se développer dans un pays qui culturellement y est à ce point hostile ?

          Réponse
          • @Agnès : Je suis d’accord avec toi, c’est d’ailleurs une vieille tactique politicienne. Ce que je voulais dire c’est qu’on est quand même dans un pays où sont intériorisées une méfiance et une répulsion à l’égard de ce qui constitue les piliers du capitalisme, les banques, les assurances, le patronat, les propriétaires, la bourse, avec un rapport à l’autorité assez confus (balançant entre crainte et mépris), une haine même pas larvée de tout ce qui évoque l’Administration et un dégoût quasi unanime de la classe politique. On peut dire que ça fait partie des codes sociaux, dans ce pays, et je trouve illogique d’une, que tant de gens continuent à aller voter, de deux, qu’on reste dans cette léthargie, cette résignation, ce désespoir recuit.
            La peste libérale c’est l’idéologie rêvée des baby-boomers et des beaufs collabos. Les premiers pour arrondir le matelas de thunes qui ne tapissera pas le fond de leur cercueil, mais le temps qu’il leur reste à vivre, ils entendent bien faire leur gras sur ceux qui suivent, et les seconds par abrutissement télévisuel et esprit revanchand.
            OK ! Mais les autres ? La majorité qu’ils représentent ? Ils attendent quoi ? La guerre civile que d’autres déclencheront ?

          • Mais les autres ? La majorité qu’ils représentent ? Ils attendent quoi ? La guerre civile que d’autres déclencheront ?

            Farpaitement!

          • @ Agnès : Ouaip. Sept ans ont passé. On a remplacé Sarko par Macron via Hollande, Bush par Trump via Obama… et l’extrême-droite a fait son come-back (son coming-out ?) en Hongrie, en Autriche, en Pologne, en Allemagne. Et puis il y a Daesch. Deux modalités de l’effet boomerang.
            La lecture des commentaires aussi est édifiante. Au passage, ils sont d’une rare qualité. Celles, ceux qui avaient la foi. Celles, ceux qui l’avaient perdue. Les autres. Que sont-elles/ils devenus, depuis, où en sont elles/ils ?
            Où en sommes-nous, sept ans plus loin ? Nous, les autres ?

          • Ou en sommes nous ? @alceste. C’est une excellent question. Il faut lire le livre de todd que j’ai commencé. Pour lui, tout procède de la structure familiale, ainsi il semble difficile de changer sans changer de structure familiale (mon interprétation).
            Le mariage pour tous a été vu par le plus grand nombre comme une révolution, de mon point de vue (probablement homophobe et tout le toutim) il ne fait, en bon libéralisme, que raboter les différences entre les individus pour en faire des interchangeables : le rêve de tout dominant, pouvoir disposer d’un stock de remplaçants et enfin se libérer de la dialectique du maître et de l’esclave ou le maître ne peut plus se passer de son esclave et ne peut pas le remplacer car lui seul sait comment le ‘servir’. Et s’il y a une armée d’esclave qui ‘sait’ le servir ?
            Ce que j’observe dans les entreprises, ce sont des logiciels de plus en plus performants (on ne peut pas aller à l’encontre de l’histoire) et une dégradation effarante des compétences des individus. Dans le graphisme par exemple, un gamin de 10 ans avec une formation (ou en auto formation sur soft piraté) va être capable de supprimer une personne sur une photo en ‘recréant le fond arrière’ sans grande compétence ni expérience, et en même temps, on trouve tellement de kakemoko et autre banderoles (les trucs en tissus publicitaire sur pied) avec des images floues ou pixelisées (des pixels parfois gros comme des paquets de clopes) et même dans des grandes enseignes. WTF ???
            Pourquoi ? parce que les employeurs ne cherchent pas celui qui sait faire, ils cherchent celui qui ne créera pas de conflits, et très souvent ce n’est pas la même personne. Je suis en relations avec des entreprises, l’une d’entre elle a fait 4 envois dont 2 recommandées à 3 jours d’intervalle, à la même adresse, pour la même formation et même avec ces 4 envois, il a fallu imprimer des documents reçus par mail, alors qu’ils avaient un mail complet récapitulatif en amont.

            MON opinion est que l’employeur préfère de la rentabilité pour ne pas avoir à faire de la RH : il ‘perd’ de l’argent sur la production en se rattrapant sur les salaires et les sous-traitants. Ainsi vouloir baisser encore le smic va dans ce sens : avoir un masse monétaire que l’on peut comprimer pour compenser l’argent que l’on perd en gardant les gens les plus dociles (souvent les moins compétents).

            Alors quel est le rapport avec la choucroute ? je ne suis pas sociologue, et ce n’est que conjecture, mais je pense que cet état de fait enlève à l’ouvrier (en tant que classe) sa seule fierté, le savoir faire. Un point de ralliement, une fierté de la compétence. Ainsi il n’a pas de soutien mental lorsque tout s’effondre autour de lui. Lorsque sa vie sociale s’effondre par manque d’argent, lorsque sa vie familiale se délite pour cause de déclassement, lorsque son image personnelle se dégrade parce qu’il est déconsidéré par son employeur, il ne reste pas la lumière de sa compétence pour le soutenir car elle ne sert à rien. Je pense que c’est un point important.

            On peut y ajouter bien entendu la propagande habituelle des dominants et de leurs crétins utiles pour faire le glaçage sur le gâteau, mais le fond de tarte est rance. Alors il faut une étincelle. Le combustible est là : une masse de déclassés avec des dominants abjects, le comburant également avec la désespérance, il manque juste le départ de la réaction en chaîne. Lorsque je n’ai pas pris ma pilule, je pense que cela partira d’un flic un peu trop chatouilleux (syn. couvert par sa hiérarchie) qui tuera un manifestant en tête de cortège et pas dans des ruelles aveugles, et la curie commencera.

            Il ne faut pas oublier qu’en 68, cela a commencé juste avec les étudiants mâles qui voulaient avoir accès aux dortoirs des filles.
            Il faut se souvenir de l’interview de rouilland, prisonnier politique : à l’époque, il n’y avait aucune revendication populaire, cela se passerait aujourd’hui le monde en serait changé.

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