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Journée portes ouvertes à l’école de la naine. Enfin une occasion de voir à quoi on occupe les petits monstres pendant que leurs heureux géniteurs veillent à la bonne marche du monde de leurs petites affaires.
L’occasion aussi de découvrir qu’à l’Éducation Nationale, les portes ne sont pas ouvertes pour tout le monde.

Côté maternelle, c’est plutôt sympa : les parents sont cornaqués par petits groupes par une poignée de mômes de la Grande Section. Nez dans le plan de l’école, investi d’une mission de la plus haute importance, le chef de meute nous fait faire le tour des classes et nous présente, sur les murs, les diaporamas qui résument une année d’activités pédagogiques.
Le clou du safari à Lilipute, c’est l’exposition gourmande dans la vaste salle de jeu, où chaque classe a résumé les temps forts de l’année avec une foultitude de créations biscornues et charmantes à la fois, comme cette sublime pièce montée en carton marron qui reste inexplicablement habillée de véritables bonbecs. Je pense bien à barboter un chamallow au passage, mais le stoïcisme des nains sur place m’encourage à plus de dignité.

Le fin du fin, c’est la boutique de l’école où sont vendues aux parents le must des babioles produites par les chères petites têtes blondes : Ha ben voilà une activité bien utile : si jamais la situation se dégrade, les gosses savent déjà comment se tenir dans un sweatshop!
Sous le regard consterné des parents qui m’entourent, je me dis que mon sens de l’humour décapant gagnerait parfois à plus se cantonner à mon blog…

Au fond du couloir

Je décide donc de me faire oublier en allant explorer le primaire dont j’ignore jusqu’à la géographie intime des lieux. Je croise brièvement le directeur, tout content de me savoir en reportage, et sur ses indications, monte au premier étage pour une exploration systématique des classes. Très logiquement, je commence par la classe tout au fond du couloir, là où l’affluence semble connaître une certaine accalmie.
À ma grande surprise, pas de dessins aux murs, ni photos, ni atelier découverte, rien d’autre que des cartes géographiques qui auraient pu être directement importées des classes de mon enfance. Quelque chose de vieux et de figé, une classe sans vie et sans histoire dans laquelle tourne en rond une douzaine de grands gaillards à la bouille ronde.

  • Heu… je suis dans quelle classe, là?

Un bonhomme à l’indubitable physique de hibou cacochyme s’approche de moi pour répondre.

  • C’est la clisse
  • La quoi?
  • La clisse

Et il écrit sur le tableau, avec une écriture d’avant-guerre : CLIS = Classe d’Intégration Scolaire.

Là, je crois que j’ai bien compris.

  • Mais pourquoi ne présentez-vous rien pour la journée des parents?

Je me dis que ce sont spécialement ces gamins qui rament à contre-courant qui ont le plus besoin d’être mis en valeur aux yeux des autres, particulièrement sur les activités extrascolaires, celles qui les renvoient le moins à leurs carences éducatives.

  • Non, mais ils ont l’air gentils, là comme ça, mais faut les tenir. Ici, on n’a que des cas lourds. Beaucoup sont violents on tente juste de leur inculquer le minimum.
  • Oui, mais dans CLIS, il y a insertion, non? Le but, ce n’est pas de faire passerelle vers le retour au parcours standard?
  • Non, mais là, vous ne vous rendez pas compte. Les meilleurs, on les enverra en SEGPA… quant aux autres…

Je me rends juste compte que je suis partagée entre une honte tétanisante et l’envie de lui éclater sa tronche nyctalope sur le tableau. Il répète à l’envi qu’il s’agit des cas les plus lourds à 25 kilomètres à la ronde et que sans moyen, il ne peut rien faire. Même pas des putains de dessins sur le mur, connard? Ou juste ne pas parler devant eux comme s’ils étaient des bêtes sauvages?
Heureusement, je n’ai plus 20 ans, j’ai la couenne aguerrie et je maintiens mon plus beau sourire émail titanium pendant que mon crâne se révolte en pulsant sauvagement. Je sais que je vais arriver à ne même pas changer de couleur. Je remercie affablement le prof pour tout ce temps qu’il m’a consacrée et je tente d’être la plus radieuse possible en saluant les mômes d’un tonitruant bonne journée, messieurs, qui ne s’adresse évidemment qu’aux petits prisonniers de la classe du fond du couloir.

Mon malaise grandit pendant que je visite les autres classes, celles des normaux où je vois s’étaler les réalisations, les groupes de travail, les sorties extra-scolaires et toutes les œuvres d’art qui ravissent les parents et rengorgent de fierté les enfants. Certains mouflets me connaissent et sont ravis de me traîner vers leurs créations personnelles devant lesquelles ils posent comme des fanfarons. J’ai toujours mon sourire Starship Troopers collé au visage comme un masque, mais chaque pas me ramène inexorablement dans la classe du fond, celle d’où les parents égarés sortent prestement avec une mimique gênée sur leurs traits. Les commissures de mes lèvres pèsent 30 tonnes chacune, mais je tiens bon : il y a d’autres gosses à ne pas décevoir, d’autres clichés à prendre.

Et pendant que les bons élèves se pressent pour avoir la chance d’être capturés par mon objectif, je me souviens que les gamins de la salle du fond, qui ne se mélangent pas aux autres, n’ont pas cherché non plus à être photographiés. Tout comme celui du SEGPA du lycée, il y a quelques mois, qui ne voulait pas être sur la photo promotionnelle de sa section. J’avais lu sa profonde détresse d’être là plutôt qu’ailleurs, sa conscience aigüe d’être coincé dans une voie de relégation. Je lui avais glissé quelques mots en tentant de ne pas me faire entendre du personnel encadrant, juste pour lui dire que l’essentiel était dans la beauté du geste, dans la recherche de l’amélioration dans ce que l’on fait et non dans le regard des autres. C’était un demi-mensonge, parce que nous savions tous deux que tout est dans le regard de l’autre, mais je pense qu’il avait compris que le mien ne serait pas condescendant et il accepta de poser. En allant vers la classe SEGPA, le responsable m’avait bien fait comprendre qu’il s’agissait là de la section où l’on parquait ceux qu’on estimait comme inadaptés, inutiles, parce qu’il fallait bien les garder jusqu’à 16 ans.
J’avais alors bu ma première coupe de honte, mais la colère prend à présent le dessus quand je prends conscience à quel point la machine à bannir se met en place bien en amont! Banlieues… lieu de bannissement, jusqu’au cœur de nos écoles.

Ce matin, j’en parle à un responsable d’encadrement jeunesse, lequel s’étonne toujours de me voir chaque jour découvrir la vie.
Il travaille régulièrement avec les mômes de la CLIS : Ici, ce sont des gamins absolument charmants, très investis dans ce qu’ils font. Il faut dire qu’ils sont loin de l’ultracompétition en milieu scolaire. L’école trie plus qu’elle n’instruit. Elle n’enseigne qu’à ceux qui savent déjà. Elle privilégie les savoirs et boude les savoirs-faire. C’est juste devenu une immonde machine à trier. Et à rejeter.

  • Au fait, tu sais comment on reconnaît un gamin de SEGPA dans un couloir?
  • Non, mais je sens que tu vas me le dire.
  • C’est le seul qui dit bonjour!

81 Commentaires

  1. Ben s’il faut retourner en petite section de maternelle pour se faire tirer le portrait, c’est pas gagné… J’ai encore une vague idée du chemin dans un sens mais dans l’autre, c’est beaucoup plus que vague.

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  2. Oui, c’est un billet circonstanciel… mais il y a une constante : le regard condescendant et dévalorisant que l’on porte sur les recalés du système, fussent-ils encore que des enfants!
    Comme s’il n’existait plus de deuxième chance que pour ceux qui en avait déjà une grosse en première instance.

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  3. Bonjour, (mwaaaahhhh)

    Il n’y a pas qu’à l’école où cela se passe comme cela. Plus tard dans la vie il y a de merveilleuses choses comme le RMI, le chômage, l’AAH, etc. C’est drôle tout de même cette constance dans le rejet.

    Cela ne fait que confirmer ce que je me suis souvent dit : ne sont gardés que les utiles qui serviront le système. Les autres, les inutiles, ceux, celles dont les compétences sont autres lesquelles ne peuvent servir le système, à quoi bon leur apprendre quelque chose. Hein !??? J’ai dit un gros mot "système" et je l’utilise sans le définir, histoire que les pseudo intellos s’offusquent de cette phrase.

    Et après on s’étonne que certains, certaines d’entre eux, elles rejettent à leur tour le système qui les a forgé ainsi, ils ou elles deviennent militants anars (y z’ont rien compris à rien, les pauvres), se recroquevillent dans des barrières psychiques si épaisses qui ne peuvent être élucidées qu’avec des médecins psy, d’autres s’enfuient avec des rêves qui leur permet d’attendre la mort sans trop s’inquiéter de la vie et quoi mettre dedans quand on a rien, d’autres deviennent sdf et se demandent comment à 35 ans ils peuvent s’en sortir. D’autres attendent que ces rejetés viennent raconter leurs vies pour en faire une émission, un livre (de la chair à multimédia en temps de paix qui remplace la chair à canons en temps de guerre).

    Mais lorsqu’ils, elles arriveront au bout du chemin avec leurs vélos sur la plage. Je les attendrai, à mon tour, je ferai un peu de triage… enfin si on m’autorise cette farce 😀 .

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  4. Je ne sais si quelques souvenirs personnels peuvent contribuer à enrichir le débat et la réflexion, mais j’y vais quand même :

    Dans mes années lycée à moi ce genre de classes de relégation ou de moderne tartare s’appelaient classe de transition et classes pratiques. J’y suis passé et j’en suis sorti avec zéro diplôme et j’ai intégré le monde actif comme balayeur de rue.

     Puis militantisme syndical, associatif, formation professionnelle et passages d'équivalences universitaires. 
     Je suis aujourd'hui cadre dans une association d'éducation populaire avec un diplôme  validé bac + 4. 

    L’éducation nationale n’y est pour rien.

    Je connais pas mal de collègues dans mon cas, mais c’est vrai que nous sommes dans un secteur d’activités qui n’attire que modérément les compétiteurs et prédateurs car privilégiant la solidarité et l’aménité et dont on sort sans stock options…

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  5. Connais-tu everland? Il a dessiné "le journal d’un remplaçant "où il raconte en BD son expérience d’instit en CLIS. C’est vraiment formidable. On y découvre entre autre comment de jeunes instits sont jetés dans des classes pour leur premier poste sans aucune formation ni aucun accompagnement, et comment dans ces conditions les classes en question ne peuvent que se transformer en fosses aux lions. Pour lire, c’est ici: http://www.bulledair.com/everland/a

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  6. C’est quand même assez circonstanciel, ton histoire. Oui, le niveau des profs est très hétérogène, leur implication dans leur boulot aussi, mais rassure toi on trouve des profs nuls à c…r ailleurs qu’en SEGPA.

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  7. "Elle n’enseigne qu’à ceux qui savent déjà"… ça résume parfaitement la situation et de manière bcp plus insidieuse qu’il y paraît, les codes sociaux de comportement aussi! On sait derechef à qui l’on a affaire. La racaille ou le petit bourg’ arrogant et stupide. Le fils de prolo ou de cadre poli. De manière générale, ils réagissent les mômes, en particulier au collège et au lycée en fonction de ce qu’ils s’imaginent que nous sommes, en tant qu’adulte devant eux, avec une fonction bien définie. Les a priori qu’ils ont sont, directement fonctions de la manière dont les parents les ont éduqué à l’altérité, leur ont appris le minimum syndical du savoir-vivre. Il n’est pas rare que les petits bourgeois de centre ville se comportent de la même manière que la racaille de banlieue et souvent bien pire devant l’enseignant, tant ils ont été brieffé sur le mépris naturel qu’ils ont tout loisir "légitimenent" d’afficher devant ces "fainéants" de profs… C’est l’impunité de deux mondes, ceux des "rien à perdre" d’un côté avec leurs lois propres, ceux des "m’enfoue papa paie" de l’autre avec l’assurance de toujours sans sortir grâce au népotisme. Entre les deux, quelques-uns de ces deux groupes d’origine sociale si différente, mêlés à d’autres, mieux éduqués, plus matures qui réagissent de manière responsable devant des adultes qui le sont tout autant, et qui les respectent indépendamment de leur "couleur" sociale, simplement en tant qu’individu.

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  8. Mouai ….m’est arrive un truc fameux dans le genre y a pas longtemps .

    Comme tout le monde sait ,suis aussi un grateux jazzeux connu dans mon coin ,du coup je frequente pleins d’artistes , des branches ,des gauchistes quoi !

    Des peintres , des sculpteurs avec toute la cohorte des fayots qui vienent s’extasier pour avoir l’air branche ou cultive ….c’est tres tendance a gauche depuis le caviar .

    Je connais donc un peintre mexicain ,pas trop maudit et assez talentueux malgre tout ,marie a une folle furieuse que tout lemonde adore avec ses fetes dementes qu’elle anime avec un gout pour le bordel hallucinant , hallucinogne un peu aussi pour certains .

    Hors y a peu ,je me rends a un vernissage plutot sympa en fait ,bistrot bien titi …….et je croise mon ex prof de francais ,celle qui a nique ma carriere d’ecrivain pour cause de lycée top bourgeois incompatible avec ma degaine de l’epoque .

    Elle avait pas change d’un poil ,faut dire qu’elle a jamais du etre jeune …..c’est une espece qui vieillit vachement bien du coup .

    Moi si , des cheveux dans le bas du dos a la coupe legion d’aujourd’hui , evidemment je comprend son bleme de memorisation .

    Je m’apprete a dire ….la S…e …elle est encore vivante ….qu’est ce qu’elle fait ici et je decouvre qu’elle est la mere adoptive de ma copine ….ben oui comme la copine est black et la dame rousse ,c’etait pas evident au premier abord .

    Le bon gag …..forcément comme on lui a parle de mes talents depuis longtemps ,j’ai la cote d’un coup avec mon ancienne tortionnaire .

    En fait ,c’est marrant a l’epoque elle etait a gôche façon prof de lycée de prestige ….aujourd’hui 30 ans apres ,elle a glisse a droite ,comprenez toute cette immigration ,cette insecurite ,tout ca

    hehe le vote sarkozyste qu’on se demandait !

    N’empeche que le bannissement scolaire pour cause de socialement pas correct , j’avais donne bien avant qu’on me bannisse d’Actuchomage …..pas etonnant que ca m’ait fait rire , y pouvait pas comprendre a ce niveau la .

    Tout ca pour dire que l’exclusion ca commence a l’ecole bien sur ….mais que c’est parfois une bonne ecole !

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  9. Mon parcours rejoint un peu celui de Cincinnatus (message 3) et je suis tout de même heureux de constater que nous sommes quelques uns – des autodidactes – à s’en être sortis. J’ai connu ce genre de parcours scolaire complètement raté suite à une série d’enchainements maheureux, à un esprit vagabond et rêveur rétif à une concentration trop soutenue, à des problèmes personnels avec un prof caractériel qui me détestait (je l’avais certes un peu aidé…), à une "orientation" au rabais et au fatalisme parental qui consiste à intégrer l’idée que sa progéniture se fourvoierait tragiquement en se lançant dans des études. (apprends donc un métier tout de suite, c’est plus sûr !). incroyable comme le système de reproduction des élites dénoncé par Bourdieu fonctionne aussi dans l’autre sens ; le système de reproduction des ratés. Ceux-là même qui ont subjectivement intériorisé l’échec annoncé de toute tentative d’ambition sociale.
    Je me suis rattrapé comme j’ai pu (l’EN n’y est évidemment pour rien) et me voici aujourd’hui cadre dans l’industrie à faire un boulot qui nécessite en principe bac+5. Autant avouer que je suis toujours fort mal à l’aise dés qu’une conversation avec mes collègues aborde le sujet des études… Un peu comme si j’exerçais illégalement l’exercice de la médecine…
    Ce monde est impitoyable. Ou plus simplement pitoyable.

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  10. ça me rappelle une copine nommée pour son premier poste dans ce genre de poste (sans formation).

    Un des bambins a tenté de lui ouvrir le ventre au couteau pour enlever le gamin qui allait les priver de sa présence le temps du congé maternité.

    Je ne pense pas qu’elle avait envie de se décarcasser trop non plus. Juste assez d’énergie pour arriver à éviter les accidents, c’est déjà pas mal.

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  11. Ouai enfin !

    Avant d’etre prof ,ma nana a ete assistante d’espagnol et s’est tapée un sacre paquets de lycée ce qui lui a permit de se faire aussi un sacre paquets de copines.

    Ca tourne a l’elevage de prof parfois chez moi ,gavant !

    Elle a eue droit aux lycée dur de dur …deux accrochages ,le plus serieux ayant consiste a servir de cible a un lancer de boulettes ,hahaa !

    A pârt ca , pas plus de problemes entre lycee de bourges et college de banlieue .

    Elle a fait du prive ,du catho ensuite …..ni pire ,ni mieux .

    Aujourd’hui ,elle fait dans la formation entreprises ,des cadres surtout ……pas mieux non plus cote dissipation .

    Un eleve est un eleve ,c’est tout

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  12. > Un eleve est un eleve ,c’est tout

    Les élèves dont parlent le monsieur interviewé, là, n’ont aucune chance de devenir élève de ta copine.

    L’intégration scolaire ce sont des enseignants du primaire, y compris pour les segpa (qui sont dans les collèges).

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  13. Ah, l’école, l’école… Voilà bien le talon d’Achille de l’idéologie républicaine!

    Sous la feuille de vigne de l’instruction universelle, le triage comportemental, l’homogénéisation culturelle, la reproduction sociale et la canalisation utilitaire des jugés aptes. On peut définir comme on voudra un "socle commun de connaissances et de compétences", le fait même qu’il soit défini *à priori* le disqualifie d’office comme tuteur de développement.

    Je me demande souvent à quoi pourrait ressembler une institution scolaire qui se passerait d’inculquer des contenus et se consacrerait exclusivement à développer les capacités cognitives et créatrices des marmots. Quitte à ce qu’ils errent sur leur route, explorent des fonds d’impasses, "perdent" un temps précieux… mais sachent en fin de compte quel chemin est le leur, et pourquoi et comment. Et je me demande surtout, à quoi ressemblerait la vie politique et culturelle dans un pays peuplé de gens ainsi germés. On peut toujours rêver.

    En attendant je me suis juré, que si un jour je me reproduis ma marmaille ne s’asseyera jamais à un pupître d’écolier.

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  14. Tu sais quoi, chère Agnès ? En te lisant, j’ai eu moi aussi envie de lui éclater la tronche sur le tableau !
    Il faut garder notre capacité d’indignation, surtout quand il ne nous reste plus que ça.

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  15. @Agnès : Sous le regard consterné des parents qui m’entourent, je me dis que mon sens de l’humour décapant gagnerait parfois à plus se cantonner à mon blog…

    À relire ton billet, je m’arrête sur cette phrase qui me montre encore une fois que nous avons "le même problème" 😉
    En ce qui me concerne, c’est amplifié par le fait que Mâ Anandaramesh, loin de se délecter de mon Umour glacial et sophistiqué, le désapprouve le plus souvent de manière viscérale et que c’est elle qui me gratifie non seulement du premier regard consterné, mais également des commentaires qui vont avec.

    Parfois à la limite du Je le connais pas lui !, elle se sent quasi-obligée de se désolidariser de manière visible et audible pour ne pas être elle aussi l’objet de la vindicte des foules.

    Tiens, encore hier soir, à l’entrée d’un Requiem de Mozart aux "Nuits de Fourvière", on demande au sécu-boy où ce qu’il est-t-y le guichet de retrait des invitations. Nous nous y dirigeons ensuite vers iceluy et constatons que nous avons en plus le privilège d’éviter la monstre queue pour une toute petite. Je claironne alors de ma voix de centaure : Chouette ! On peut passer par l’entrée des vieux croutons en smok ! instantanément fusillé par la réprobation unanime de ma chère et tendre, terrifiée à l’idée qu‘on puisse (sans aucun doute) m’entendre, alors que justement ça ne serait absolument pas drôle si on ne m’entendait pas 😉

    Après, en poireautant à un endroit où le personnel du spectacle faisait attendre le troupeau, un crétin snobinard deux rangs devant moi se gargarisait à haute voix sur la désorganisation et le bordel "typiquement français, ça !"
    J’ai attendu une seconde de silence pour commenter à voix aussi forte que ce qui était typiquement ridicule, c’était les typiquement crétins de français qui se la pétaient U.S. façon Jean-Marie Messier à traiter avec condescendance de "typiquement français" tout ce qui n’est pas organisé à la perfection et avec le sourire.
    Le type est devenu vert ; on ne l’a plus entendu.

    Les gens sont méchants, tout de même ;-))

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  16. @yves

    heuh ,ma nana a aussi eu une maternelle …..eh ouai au bord de la mer en plus , un truc pilote sans doutes pour favoriser les langues des le plus jeune age .

    Une assistante ,surtout lorsqu’elle est native …….ca a la couleur du prof , le gout du prof , presque le salaire mais pas l’arrogance parfois ;

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  17. (Désolée, j’ai fait super long ; mais le sujet inspire, merci, Agnès)

    J’ai mis du temps à l’accepter, mais oui, l’école n’est pas grand chose de plus qu’une gare de triage et un grand moule social…

    Et pourtant, j’en ai personnellement une très bonne expérience (sauf sur la fin, faut dire, mais j’étais certainement allée trop haut par rapport à mon échelon d’origine… pas de piston, pas d’alloc’ de recherche, telle fut la dure loi de l’université !)

    Mais pendant de longues années ce fut agréable d’apprendre. Je suis tombée sur de "bons profs", il en est, de ceux qui éveillent l’esprit critique (d’accord, chez les élèves qui ont déjà des bases… c’est vrai… mais que peuvent-ils "vraiment" faire pour les autres ? pour avoir été longtemps déléguée de classe, j’ai trop souvent constaté l’inutilité des efforts de ceux qui cherchaient à rattraper les élèves différents : l’institution ne voulait déjà pas "perdre de temps" avec "ça"…)

    Depuis, j’ai trop entendu d’histoires de rejet, d’incompréhension, d’exclusion et de malheur scolaires pour continuer à me bercer de l’illusion de l’école publique républicaine. Une entreprise de formatage, et si tu n’es pas conforme, ou ne sais pas comment faire semblant de l’être, ouste ! tu vas dégager, mais avant ça, tu vas morfler…

    Parce que c’est d’une difficulté terrible que de vivre douloureusement l’école, pour un môme : du malheur en permanence, du malheur à l’école, puis dans la famille, tout le temps ce sentiment de nullité ! à un âge où l’on cherche la conformité, pour se construire.

    Pour les adultes, la question se pose désormais : est-ce souhaitable d’aider les minots à être de "bons" élèves, pas dans le sens "premiers de la classe", mais dans le sens "ne fais pas de vagues et tout ira bien" ? Puisqu’on sait pertinemment que ce n’est pas ça qui fera d’eux des adultes doués de sens critique et de la capacité de réfléchir par soi-même, puisqu’on sait que l’épanouissement est ailleurs ? Mais en même temps, ne pas être un "bon" élève est difficile, douloureux, a-t-on le droit d’imposer ça à un être en construction qui a déjà bien assez d’autres préoccupations ? La solution des écoles alternatives est certainement la moins pire, mais encore faut-il avoir la possibilité matérielle d’y envoyer ses gamins. Encore faut-il aussi que les gamins vivent sereinement le fait d’être "différents" (le simple fait de nourrir sainement des mômes fait d’eux des extraterrestres dans les centres aérés, les colonies, les goûters d’anniversaire… toutes les occasions de vie sociale enfantine : quoi ?!? tu bois jamais de coca ? tu manges pas de Nutella chez toi !?! tu vas jamais au Macdo ? ouah, trop nuls tes parents ! C’est peut-être pas très grave à nos yeux d’adulte, mais ça aussi, ça exclue les gamins, et pour quelles conséquences, bonnes ou mauvaises, on ne peut jamais savoir à l’avance… pari sur l’avenir…!)

    Mon amoureux, papa d’une petite fille qui vient de passer sa première année d’école, a déjà transmis son éloignement radical de l’institution scolaire à sa gamine. Son parcours à lui en a fait un rejeté de l’école ; il savait heureusement ce qu’il voulait faire de sa vie et l’a fait (métier manuel, formation intellectuelle autodidacte). Je fais tout ce que je peux pour équilibrer ça, mais c’est impossible : dans la façon même de parler de l’école, on sent qu’il place inconsciemment ce truc dans les "obligations qu’il faut subir les dents serrés avant que ça ne s’arrête". Evidemment, sa môme, déjà assez peu sociable (chacun son rythme ! elle a bien le temps de le devenir), a pas du tout apprécié son année scolaire (6 mois sans ouvrir la bouche, des amies seulement à la toute fin…). Et déjà une image de "pas facile" dans la maternelle… Avec toutes les attitudes que ce jugement va entraîner, et qui vont renforcer ses préventions à elle… J’ai l’air maligne, moi, de faire genre l’enthousiaste quand on cause école, et de faire les gros yeux au papa quand il répond à sa gamine le vendredi soir : "non, y a pas école demain, ni après-demain, c’est génial, hein !"

    Et ben on réfléchit déjà à des solutions alternatives, hein, parce que faire vivre et vivre un calvaire à un petit bout de chou, merci bien…

    Et c’est comme ça que ceux qui auraient dû être les défenseurs "naturels" de l’école publique l’abandonneront de plus en plus à son sinistres sort… :-/

    Réponse
  18. Je profite de la discussion pour vous conseiller vivement de lire "Insoumission à l’école obligatoire" de Catherine Baker, dont le texte intégral est disponible sur :

    http://www.tahin-party.org/cbaker.h

    Il s’agit d’un petit bouquin formidable où elle explique pourquoi sa naine ne va pas à l’école, pourquoi elle considère que l’école est avant tout une machine à formater et à détruire et est une expérience souvent insoutenable pour les gamins. Et il y a une vraie réflexion derrière, principalement basée sur l’idée qu’un enfant est déjà un être complet, capable de faire lui-même ses choix, et pas juste un pré-adulte comme on a tendance à le considérer.

    PS: je maudis celle ou celui qui a parlé d’Everland, seule la moitié du journal d’un remplaçant est disponible en ligne !

    Réponse
  19. Pour avoir travaillé en "clis" et en "upi" ( unité pédagogique d’intégration en collège), je sais qu’un fonctionnement non-dévoyé exige que les enfants accueillis aillent également dans les classes dites "ordinaires" et participent à leurs activités, y compris et surtout les plus valorisantes. Mais ce n’est pas le cas partout, loin s’en faut, la logique d’exclusion étant vivace chez les enseignants qui associent parfois dans leur rejet larvé et honteux le collègue en charge de la "clis"…

    Eux aussi, les profs, sont du bon côté de la reproduction permise par l’éducation nationale, ne l’oublions pas!

    Ceux qui n’ont que les dividendes de leur réussite scolaire pour survivre dans notre monde en compétition se montrent plus effrayés encore par les stigmates de ces élèves différents: La "clis" leur envoient une image insupportable d’un devenir auquel ils n’ont échappé que de justesse.

    Réponse
  20. Et pour comprendre vraiment pourquoi nous rejetons (parfois inconsciemment) l’école (toutes les écoles), c’est bien de lire ces deux (petits) livres :

    L’"Avertissement aux écoliers et lycéens "de Raoul VANEIGEM

    http://kropot.free.fr/Vaneigem-Aver

    et

    le" Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations", du même auteur…

    http://arikel.free.fr/aides/vaneige

    Ne pas s’arrêter aux titres, surtout!

    Tout le monde peut lire avec profit ces deux ouvrages, même sans adhérer totalement aux idées, et en plus ils décomplexeront définitivement beaucoup de malheureux qui ont été estampillés "cancres" scolaires…

    Et c’est encore mieux de savoir que c’est un enseignant qui les a écrits.

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  21. "hehe le vote sarkozyste qu’on se demandait !"
    Pour le coup le vote Sarkozyste je le voyais pas chez quelqu’un qui a adopté une black !

    Réponse
  22. Ce qui est intéressant dans les commentaires, c’est cette sorte de ritournelle : "c’est la faute à personne en vrai". Les profs font ce qu’ils peuvent, les gamins rejetés aussi.

    Les plus débrouillards passent par la case méritocratie : je vaux bien quelque chose et je vais le prouver en gravant les échelons de manière autodidacte. La fameuse théorie du cancre qui se transforme en "finalement pas si mauvais que cela" et, pour les plus chanceux, en sur-doué (merde, encore un que les profs n’ont pas détecté.)

    Savoir diriger une équipe ou faire des études universitaires pour obtenir un diplôme ne résout en rien le problème ; après tout il existe assez de failles ou de possibilités à l’intérieur du système pour pouvoir gagner de l’argent, avoir et obtenir une vie intégrée et se la couler douce malgré tout.

    Toutefois il restera bien les autres, ceux que la société rejette définitivement. Les masques du chômage et du RMI servent de joli voile, et, quand ces voiles ne servent plus à rien on passe par la case tutelle.

    La grande hypocrisie de notre système actuel est qu’il exige de ceux, celles qui ont été rejeté de s’intégrer voire même de travailler alors que tout a été fait pour qu’ils ne soient pas intégrés par le travail ni d’un manière sociale.

    Et comme, bien entendu, jamais on ne regarde les choses en face ou trop rarement intervient la raison environnementale (qu’en est-il de la famille ?) ; le comportement à l’école étant le reflet de ce qu’il se passe dans la famille du gamin.

    Tout le monde le sait et l’accepte qu’il y ait un choix, un tri en fonction des besoins de la société et du système. Pourquoi pas, après tout, mais au lieu de mettre au ban les rejetés et de leur exiger n’importe quoi en terme d’intégration qu’on les laisse tranquille ou qu’on leur donne les moyens éducatifs propres à leurs besoins tout en ayant des transferts d’un côté vers l’autre.

    Mais vue la manière dont on a déjà du mal à accepter l’autre en tant que différent (je ne vais pas insister sur l’intégration des étrangers qui ne servent à rien) ou rien qu’à voir comment on gère la vie des autres espèces vivantes de cette planète ; on se dit qu’il y a encore du boulot. Parce que une co-existence entre différente espèces, capacités cognitives cela n’a jamais été le but d’un tel système qui passe son temps à écraser l’autre et ce dernier n’a guère plus que la méritocratie ou le psy pour espérer s’intégrer et se sentir socialement utilisé…

    Réponse
  23. Je me souviens des CPPN… quand j’étais jeune, on les appelait les mongolitos. Les profs, ils nous en parlaient un peu en ces termes : si tu ne fous rien en classe, tu finira en CPPN. En gros, ils étaient à part et considérés par tous avec mépris. J’avais ce genre de préjugés (pourquoi aurais-je remis en question ce qui était une évidence pour tous?), mais nous avions quelques gros bœufs dans notre classe, dont les profs disaient qu’ils seraient plus à leur place en CPPN. Il se trouve que l’un d’eux étaient mon pote, parce que doué pour le chant et le dessin : un artiste dans la lignée Hara Kiri! Du coup, il m’arrivait de me demander si les CPPN ne recouvraient pas une réalité plus complexe que celle présentée par les profs. J’étais trop jeune pour creuser… dommage!

    Réponse
  24. Mille mercis, Agnes.

    Je bosse en SEGPA depuis plus de 20 ans.
    Et c’est vrai que ce sont les seuls à dire "bonjour".

    Réponse
  25. Il y a 20 ans on parlait des classes de CPPN…
    on y casait des "cas" les irrécupérables, les indisciplinés. J’ai un ami, qui a fait une classe de CPPN, a suivi un CAP et un BEP, un Bac pro un BTS et aujourd’hui il est un chef d’entreprise heureux, sa réussite il se la doit à lui même et non à l’Education Nationale qui a préféré le mettre de côoté plutôt que de le soutenir dans sa période la plus critique (à 14 ans, il est devenu orphelin, sans soutien psychologique, ce gamin sans histoire est devenu un caïd).

    Il dirige une des plus importantes PME de Toulouse et emploie 150 salariés.
    Merci l’Education Nationale !

    Réponse
  26. @Yves : Alors avant d’avoir envie d’éclater la tronche de ce pauvre enseignant

    Que ce soit un connard est peut-être un présupposé (encore qu’Agnès l’a rencontré en chair et en os et que j’ai tendance à me fier à son jugement), mais le traiter de "ce pauvre enseignant" est tout aussi un présupposé. Si ça se trouve, c’est un connard 😉

    Quand j’étais gosse, on ne parlait pas de tous ces sigles imbitables, on parlait de "classes de transition" : Si tu branles rien, tu finiras en transition ! Là, c’était l’ultime de la menace de mise au rebut définitive adressée à un collégien…

    Quand à mon père, lui me disait plutôt : Tu finiras au C.E.T ! sur un ton suffisant à te laisser penser bien des choses à propos du C.E.T., en gros, juste avant Tu finiras en prison, à Cayenne, et un jour guillotiné et tu feras la honte de tes pauvres parents !

    Ce monde est sans pitié. Le plus souvent.

    Réponse
  27. Je me posais une autre question, Agnès… Puisque tu dis toi-même que tu étais en reportage (pour le canard local dont tu es la correspondante, je suppose…), as-tu rédigé pour cet Organe de Presse un article traitant du même sujet avec le même point de vue ? Ou as-tu préféré garder tes opinions pour toi-même (et Le Monolecte) et rédigé un article disons… plus consensuel sur les expos de collages, gentilles maîtresses et photos de sorties au musée et au zoo ?

    Réponse
  28. Je crois qu’on mélange beaucoup de chose ici. CPPN et SEGPA ne sont pas des structures similaires aux CLIS et UPI.

    Les CLIS et UPI ne sont pas des voies des garages dans lesquelles on oriente des enfants en échec scolaire. Ce sont des lieux destinés à permettre à des enfants handicapés d’être dans le même endroit que les autres enfants du même âge, avec une scolarisation adaptée à leur cas.

    On parle ici de handicapés.

    Il existe 4 types de CLIS. Les CLIS type 2, 3 et 4 accueillent des handicapés phyiques (sourds, aveugles, handicapés moteurs…)

    Ici on est à coup sûr dans une CLIS 1, destiné à l’accueil des handicapés mentaux:
    «Les CLIS 1 ont vocation à accueillir des enfants présentant des troubles importants des fonctions cognitives qui peuvent avoir des origines et des manifestations très diverses : retard mental global, difficultés cognitives électives, troubles psychiques graves, troubles graves du développement…»
    http://www.education.gouv.fr/botext

    Les SEGPA accueille des enfants en situation de retard scolaire. L’équivalent de la CLIS en collège c’est l’UPI, pas la SEGPA.

    Il devrait y avoir des CLIS 1 et des UPI spécialisées (spécifiques en fonction des troubles, par exemple des CLIS 1 pour les enfants autistes), mais je suis presque sûr que par manque de moyens ce n’est pas souvent le cas.

    L’effectif en CLIS est censé dépendre de la gravité des cas.

    Les enfants doivent en théorie pouvoir participer aux activités des autres classes, mais seulement lorsque c’est possible. Et ce n’est pas possible pour tous les handicaps. Et on le demande à des enseignants qui n’ont aucune formation pour ça, et à qui on demande aussi dans le même temps toujours plus pour aider leurs élèves. D’où les refus. Ras le bol d’être pris pour des surhommes.

    Comme me disait une enseignante de grande section: «ils sont déjà 28, 30 quand les gens du voyage sont là, il y en a que je dois aider beaucoup parce qu’ils ont déjà du mal. Comment veulent-ils que j’accueille en plus un handicapé? En laissant tomber les autres?»

    Voilà pour poser le problème. Le problème du handicap mental à l’école.

    Maintenant ton enseignant que tu traites de connard:
    – il a des élèves présentant des troubles importants des fonctions cognitives, dont il te dit que certains sont hyper violents. Hyper violent, et ce sont des élèves qui relèvent du handicap mental. C’est pas des jets de boulettes, la violence.
    – il a peut-être même pas choisi d’enseigner dans ce type de classe. S’il a de la chance il a eu une formation assez longue, mais elle a été beaucoup réduite il y a peu. S’il a pas eu de chance il a pas eu de formation.

    C’est quoi sa journée, à ce gars? Passer son temps à essayer de canaliser cette violence, essayer d’interrompre tout début de débordement? Essayer de trouver des activités adaptés au handicap différent de chacun des enfants? Se mettre au close-combat le soir pour apprendre à maitriser les situations qui dégénèrent? Aller picoler le soir pour oublier le stress de la journée? Prendre des cachets pour dormir et arriver à oublier son impuissance? Se mettre en dépression dès que le stress l’emporte?

    J’espère qu’il arrive à s’en foutre dès que la porte de l’école est passée. Sinon il risque de finir en loque. J’ai dans ma famille une institutrice qui a finit sa carrière à la Verrière, et elle était pas en CLIS.

    Alors avant d’avoir envie d’éclater la tronche de ce pauvre enseignant qui n’est pas psychiatre et à qui on n’a peut-être pas laissé le choix d’être là ou pas, tu devrais prendre ton micro et aller lui demander ce que c’est que d’enseigner en CLIS 1 dans la pénurie de moyen habituelle de l’éducation nationale.

    C’est facile de le traiter de connard. Moi je pense qu’il est à bout et que ses vacances vont lui paraître courtes, et qu’il va recommencer à stresser dès le quinze août en se disant que dans deux semaines ça va recommencer.

    Franchement je le plains.

    Réponse
  29. Je lis souvent ce blog sans y intervenir… et je remercie yves (comm 27) quand bien même je ne bosse que dans une préélem banale, les difficultés dans les classes bien banales nous bouffent déjà pas mal d’énergie qu’on aimerait mieux mettre dans la pédago que dans l’éducation minimale à la socialisation.
    Mais bon..je dis ça, je dis rien…

    Réponse
  30. @ Yves et Maybe : Certains des gamins en question fréquentent un centre de loisir "standard" par ailleurs. Étrangement, dans ce contexte, bien malin celui qui pourrait les repérer au milieu des autres. Ils participent aux activités avec les autres et y réussissent tout aussi bien. La question fondamentale pour le destin des gosses, c’est le contexte, à savoir un système éducatif monobloc qui sert à trier et le regard/jugement des adultes qui enferment dans des destins scolaires puis professionnels. Ce n’est pas la première fois que je m’interroge sur la fabrique à destins qu’est devenue l’école. Au collège, j’avais même pratiqué mes propres expériences sur les préjugés et le destin scolaire.
    J’étais LA bête en rédaction. Mes prof de français raffolaient de mes écrits, bien que je ne m’expliquais pas vraiment cet engouement. Ceci dit, il y avait une attente qui, via la salle des profs, me suivait d’année en année. Pour en avoir le cœur net, j’ai rédigé les rédactions de plusieurs de mes camarades de pension, ceux qui n’étaient pas dans ma classe. Le truc intéressant, c’est que lorsque j’écrivais pour les autres, mes notes étaient forcément moins bonnes. Plus intéressant encore : pour des devoirs équivalents, les notes collaient avec la moyenne de l’élève pour qui je faisais le nègre, avec de 1 à 2 pt de plus, cependant, que la normale. Donc, les profs remarquaient la différence (on est soulagé!), mais la notation dépendait fortement de l’image du niveau de l’élève que se faisait le prof en amont. Et comme j’aimais écrire, j’en ai fait pas mal des devoirs des autres. Un seul prof m’a choppé, l’année suivante, quand je suis arrivée dans sa classe et que je me suis rebouffée le même sujet : trahie par le style! Mais comme j’étais classée bonne élève (et que mon commanditaire était parti au lycée!), j’ai eu le droit à une discussion. Rien de plus.
    Bref, les profs devraient avoir des enseignements complémentaires en psychologie sociale (dynamique des groupes restreints et représentations sociales!).

    En dehors de ces considérations très personnelles, j’ai des potes qui bossent avec des gamins très très abimés par la vie ou autre (on les appelle éducs spé.) et la plupart du temps, ils arrivent tout de même à leur faire produire des dessins, des modélages, bref, des créations, quelque chose à montrer, quelque chose de valorisant.

    Ce qui m’a vraiment pris aux tripes, c’est le fait que le prof de mon histoire a ouvert une classe au public où il n’y avait rien à montrer. Rien. Juste l’humiliation répétée d’être ceux qui n’avaient rien fait. Mais je suppose que vous allez me dire que c’était un super projet pédagogique d’apprentissage par le néant, la dévalorisation de soi et l’humiliation dans la condescendance (le ton du mec était hyper condescendant)!

    Bon aller, 10 pages de Cyrulnik tous les soirs au coucher, et bientôt, ça ira mieux!

    @Swami : qu’est-ce que tu voulais que j’écrive sur ça? Oui, j’ai parlé des super présentations des autres nains et silence radio sur la CLIS. Pas rajouter une couche de mocheté en plus. J’espère chopper l’occasion plus tard d’écrire un truc positif sur ces gamins. Sur de l’extra-scolaire. Sans rien dénoncer ou démontrer. Juste modifier le point de vue habituel. Provoquer une légère interrogation. Manière, le plan, ce n’est effectivement pas de clouer au piloris ce prof. Ici, j’exprime ce que je ressens. Ce n’est pas de l’info. Peut-être qu’effectivement, il se traîne une dépression nerveuse qui l’empêche de se projeter dans quoi que soit. Mais ça m’a juste gavé, cette classe vide et ce discours de l’exclusion. Ce n’est pas SON discours. C’est le discours de tout le monde. Une évidence, c’est à dire une représentation sociale négative. Qui enferme dans des catégories, comme des rats de labo dans des boîtes.
    Ce bonhomme qui m’a gavé grave parlait avec les mots de tout le monde, les mêmes préjugés. C’est de ça dont je parle. Pas du bonhomme en particulier. Je l’ai pris en grippe. C’est tout!
    Par ailleurs, je me suis fendue d’un papier sur le mal-logement dans le bled, en expliquant, Insee en bandoulière, que le premier problème dans le logement, c’est la pauvreté avec des revenus salariaux moyens autour du SMIC… De tant en tant, je pousse un petit pion.
    Mais effectivement, en dehors de dossiers un peu pointus à l’occasion, un correspondant de presse, c’est plutôt le journal des bonnes nouvelles. Maintenant, filez-moi un vrai job de journaliste et on pourra commencer à se marrer un coup!

    Non, je déconne, y a plus de vrai job de journaliste. Y a plus que des blogs où on déverse le trop plein de couleuvres et de révolte!

    Réponse
  31. Détail: je suis ok avec le fait que l’école reproduit (voire renforce) les strates socio-culturelles, que les effets pygmalion et autres, des expés bien connues en psycho sociale existent dans l’école comme ailleurs, que le pbme de la CLIS comme celui des CPPN, ou transition évoqués au fil des comms, en termes d’exclusion fait frémir., que peut-être bien que le gars dont il est question est fortement criticable… mon ‘petit’ post réagissait simplement à ce que l’école prend sur le dos en fait de critiques/attentes …qu’elle ne peut pas toujours réaliser, structurellement, magrè les efforts déployés par les personnes qui y officient.
    Enfin je ne parlais pas pour les profs, j’en suis pas, je suis juste une instit de base, de la toute petite base des toutes "petites" (pas apr le nombre) classes.. celles dont depuis des décennies, nos gouvernement successifs voudraient bien se débarrasser, ça coûte, voyez..
    Mes excuses donc pour mon intervention inappropriée.

    Réponse
  32. Agnès : Le truc intéressant, c’est que lorsque j’écrivais pour les autres, mes notes étaient forcément moins bonnes.

    D’ailleurs, ne le dites à personne, mais c’est effectivement Agnès qui écrit tous les (bons) billets de l’Ashram de Swâmi Petaramesh. Mais chut…

    Réponse
  33. @Yves : …pour pas que le seul parent qui ne sait pas ce qu’est la CLIS…

    Il y a moi, aussi. Inscrivez-moi sur la liste des ignorants, et, à mon humble avis, il y en a d’autres…

    Réponse
  34. @ Yves : je n’ai pas dit qu’il fallait planquer la CLIS, mais quand même, en un an, rien n’a été fait? Quand j’ai amené ma fille chez les tout petits l’année dernière, j’ai demandé à l’instit’ quel été son projet pédagogique pour l’année. Elle s’est marrée et m’a répondu : Si on arrive à ce qu’ils ne se mordent pas, on sera content. C’est vrai que des nains de 2-3 ans, c’est un peu de la nitro. Pourtant, elle a eu des trucs à montrer : les photos des activités des gosses, des barbouillis, des collages, des bidules non identifiables. Quelque chose.
    Là, en un an, même avec des gamins difficiles, ne me dit pas que tu ne peux pas obtenir 1 dessin, 1 collage ou une photo d’activité… à moins qu’il n’y ait pas eu du tout d’activité. Je me répète : ces gosses ont essentiellement des problèmes comportementaux, pas mentaux. Difficultés d’apprentissage ≠ rien à en tirer. Et comme je l’ai écrit dans le commentaire précédent, ces mômes, dans un contexte collectif non scolaire produisent des actions et des pratiques en tout point comparable aux autres enfants. Donc rien qui aurait pu empêcher de montrer des choses qui auraient permis aux parents d’avoir quelque chose à voir et un aperçu un peu positif de la CLIS, non?

    @Swâmi : en fait, c’est une offre de service pour les éditeurs qui cherchent toujours des bons nègres pour mettre en forme la bouillie verbale des stars et célébrités que l’on vend à longueur de temps comme des écrivains dans les librairies, reléguant ainsi dans les réduits de déstockage les véritables bon bouquins d’auteurs!

    Réponse
  35. @Agnès : ‘en fait, c’est une offre de service pour les éditeurs qui cherchent toujours des bons nègres

    Ah ben je veux bien faire aussi, tiens ! Travailler plus pour gagner plus, tout ça, quoi… Je veux écrire les mémoires de détention de Paris Hilton ! Avec plain de fauttes d’orteaugrafe dedans pour faire croire que c’est vraiment l’Idole qui l’a écrit 😉

    Réponse
  36. (Spamplemousse frappe encore :~ J’ai du écrire un mot qui… 😉

    Réponse
  37. «Ce qui m’a vraiment pris aux tripes, c’est le fait que le prof de mon histoire a ouvert une classe au public où il n’y avait rien à montrer. »
    Tu as réfléchi à cette phrase avant de l’écrire? L’école fait porte ouverte, il faut qu’il fasse quoi? s’enferme à clé pour pas que le seul parent qui ne sait pas ce qu’est la CLIS ne rentre pas dedans?

    Ben oui tu as des éducs spé qui arrivent à faire faire des dessins à (au moins certains de) leurs protégés. C’est pour ça que tu es sure que dans cette classe là c’est possible? Tu m’as l’air bien accrochée à tes certitudes.

    Là il sont 6, 8, 10 et tu es seule face à tous les problèmes que tu vas rencontrer. Un gamin se lève et pisse contre le mur? Un autre tente de passer par la porte. Deux autres se tapent dessus, renversent les tables…. va lire le journal d’un remplaçant.
    Tu as besoin d’aide? pas de réponse. Tu es seul pendant la classe, tout seul avec les problèmes des gamins. Tu te vides par le stress permanent.

    Bien sûr que l’école est une gare de triage. Mais pas là. Là les gamins ne sont pas triés. Ils sont parqués là pour faire croire qu’on a une solution à leur problème. Ils sortiront du système scolaire à 16 ans avec les mêmes problèmes.

    Réponse
  38. «Certains des gamins en question fréquentent un centre de loisir "standard" par ailleurs»

    Et moi je viens de voir un gamin à problème mais scolarisé normalement exclu du club de karaté de ma fille. Difficiile de généraliser.

    Mais tu touches du doigt un des problèmes des CLIS, SEGPA et UPI. On y mélange des gamins qui nont pas les mêmes problèmes.

    Réponse
  39. Je pense que refuser toute critique du fonctionnement intime de l’Éduc. Nat., c’est la transformer en une boîte noire Bourdieusienne, ce qui ouvre la voie des réformistes modernes, avec des effets bien pire. Ainsi donc, en en décortiquant pas ce qui crée de l’inégalité, on peut appliquer de force des recettes qui ont pour but de renforcer la fabrique des inégalité, et ce, jusqu’à disparition complète de l’Éducation Nationale, comme institution républicaine gratuite et ouverte à tous!

    Réponse
  40. Je persiste à penser (pour y avoir de nombreux amis) que l’Education Nationale est, dans une société en pleine dérive libérale, un des derniers corps constitués où on croit encore à un savoir pour le plaisir, indépendant des impératifs de la rentabilité.

    C’est suffisamment rare par les temps qui courent pour éveiller un certain respect.

    On peut aussi remercier l’Université de financer des études indépendantes sur les OGM qui contredisent les résultats des labos sous financement privé. D’ailleurs, quand j’entends parler de réforme du financement de l’Université, ça me fait peur.

    Bref, à mon humble avis, tirer sur l’Education Nationale, quand on est anti-libéral, ça ressemble très fort à se tirer dans les pieds.

    Réponse
  41. Au fait, pourquoi demande-t-on aux profs de traiter des problèmes de comportement? Je ne crois pas qu’ils soient formés pour ça.

    Réponse
  42. @urchin
    "Au fait, pourquoi demande-t-on aux profs de traiter des problèmes de comportement? Je ne crois pas qu’ils soient formés pour ça."
    >en effet l’essentiel de la formation est disciplinaire, c’est abordé tres mal au sein de l’iufm, en clair demerdez vous …..
    >Le glissement semantique entre instruction publique et education nationale indique clairement la priorité de l’un sur l’autre( de plus en plus savoir etre savoir faire…au detriment souvent de la discipline….) le but actel des reformes sous couvert d’allegement des emplois du temps des élèves "parce que c’est vraiment trop, il n ‘y a que nous en Europe , patati patata…." ne visent qu ‘ à occuper les elèves au lieu de les instruire

    Réponse
  43. Beaucoup de ces commentaires laissent quand même à penser que ce qu’on l’on dit, ce que l’on pense, ce que l’on attend de l’école relève dans sa plus grande partie d’une pensée purement mythologique.

    L’école en France n’a jamais été une institution destinée à niveler les inégalités.

    L’école d’"avant" (avant, il y a longtemps) permettait une sélection "naturelle" des élèves indexée sur la réussite dans le travail intellectuel. Les plus forts à l’école faisaient mèdecins, fonctionnaires, cadres des professions libérales, etc… Les autres devenaient manuels, techniciens, employés, etc…
    Il n’y avait en effet d’égalitaire que le concept de départ qui existe encore aujourd’hui dans la majorité des cerveaux : l’école offre l’égalité DES CHANCES. Une égalité formelle, de départ : tous les élèves sont alignés sur la ligne de départ, ils s’élancent ensemble, et que les meilleur gagnent.

    Il n’en a JAMAIS été autrement.

    Je crois que, mis à part queqlues grands naïfs, personne n’a jamais douté de l’hypocrisie de ce "dogme" national de l’égalité des chances, et que la chance d’"arriver" grâce à l’école à la "réussite" sociale ne concernait que les élèves issues des classes favorisées. Il suffisait par ailleurs qu’une petite minorité d’élèves des classes inférieures arrive à finir la course en tête -et il y en a toujours eu- pour légitimer la croyance.

    Ceci c’était pour l’école d’avant.

    Pour l’école d’aujourd’hui dans la France d’après, le problème est tout autre : tout le monde ou presque (mis à part les quelques naïfs toujours incurables) sait bien que la réussite scolaire ne suffit pas à conditionner la réussite sociale (ce n’est pas Agnès qui va me contredire!) parce que tout simplement il n’y a plus assez de travail pour tous les jeunes ayant fini leurs études, quel que soit le niveau atteint. Un jeune qui veut travailler immédiatement, à quelque niveau que ce soit, doit accepter la sous-qualification. (Sauf pour ceux qui acceptent par exemple de prendre un emploi au smic de suite dans la restauration peut-être…)

    Alors je ne vois pas trop pourquoi on remet sans cesse en cause l’école, et son rôle, et ses responsabilités, et gna gna gna , puisqu’on voit bien maintenant que les dégâts, c’est l’économie libérale et les nouvelles règles du marché du travail qui les provoquent..

    L’école a très peu changé, elle est resté un service public où des enseignants fonctionnaires essayent encore et toujours d’"élever" leurs élèves ("élever" a aussi le sens d’"éduquer") en leur transmettant un savoir et des moyens de progresser intellectuellement. Ils ont pu continuer à le faire, pour la majorité d’entre eux, parce qu’ils n’étaient pas soumis à la loi d’airain de la rentabilité. C’était leur liberté, leur immense liberté.

    Cette possibilité qui leur restait de travailler vraiment à éduquer, à former, à enrichir, sans souci de rendre des comptes à aucun tiroir-caisse, elle va disparaître, très vite. Les réformes de ces dernières années avaient déjà laissé entrevoir que le moment viendrait où les enseignants devraient être remplacés par des espèces de gardiens-animateurs dont la mission serait de former des consommateurs, et surtout sans cerveau libre et critique.

    Voilà, je sais que c’est une vision pessimiste mais j’ai bien peur qu’elle soit juste, car il n’y a pas du tout, comme l’écrivait un récent contributeur, de "dérive libérlale" de l’école dans une société logiquement viable : c’est le contraire, nous avons un océan appelé libéralisme débridé qui a tout englouti et dans lequel la petite île de l’école était un minuscule point de résistance. Maintenant, les jours du petit ilôt sont comptés, il va être englouti lui aussi.

    (Mes excuses pour la longueur – c’est un reste de l’école!)
    😉

    neLLie

    Réponse
  44. >neLLie

    Bonjour,

    Je suis partagé avec ton post, SI tu avais raison, l’école ne serait pas obligatoire. SI tout le monde (sauf les naîfs) savait que l’école avait pour but .. de faire quoi en fait ?

    Si l’école ne sert pas à faire arriver tout le monde avec SON niveau optimal d’éducation : un mix savoir, savoir faire et savoir être, à quoi sert-elle ?
    Jusqu’à maintenant elle servait à conditionner des petits gauchiste, maintenant elle va conditionner des petits droitistes. ( je ne comprends pas comment les jeunes votaient ‘massivement’ à gauche, mais c’est le terreau mis en place par l’EN, avec un regard biaisé sur l’histoire.) il suffit de regarder comment a évoluer le traitement en histoire des personnages comme Louis XIV Louis XVI Napoleon …

    Non, l’école est obligatoire car elle sert à 2 choses : faire perdurer le statut quo ambiant : avoir suffisemment de boeufs de base pour acheter des sonneries de portable à 1€50 et ne cherchant pas se poser de question existentielle, pour faire une bonne petite société qui ronronne le moins mal possible.

    Mais la donne change, l’irruption de média comme internet, déverrouille le savoir et décuple les moyens d’informations (bons comme mauvais) donc le controle devient moins façile, donc effectivement la société se fissure.

    Enfin, même si le pouvoir actuel veut (comme avant) modeler l’école à l’image de la société qu’il veut, arrète un peu avec la ‘dérive libérale’ qui est le Serpent de Mer que l’on sort, tel le père Luluth pour faire peur aux enfants. Nous assistons à tout sauf à une dérive libéral, c’est exactement l’inverse que le libéralisme (sinon, je pourrais créer moi-même une école) qui arrivent, c’est la prise de pouvoir (et le verrouillage législatif de celui-ci) par une ‘élite’ politico-économique qui tente d’assoir un nouveau règne mondial.

    C’est tout sauf libéral

    Réponse
  45. Je crains de ne pas avoir tout compris à ce que tu écris, mais en gros je pense être d’accord avec cela :
    "c’est la prise de pouvoir (et le verrouillage législatif de celui-ci) par une ‘élite’ politico-économique qui tente d’assoir un nouveau règne mondial."

    Il y a juste un malentendu , dû aux différentes significations du terme polysémique LIBERALISME .
    Effectivement on nous dit que nos société sont devenues libérales, or, que constate-t-on ? Que l’on ne peut pratiquement plus rien faire tellement les réglementations, les restrictions de liberté, les interdits, ont envahi tous les secteurs de nos vies.

    Le libéralisme dont je parle est le (néo-) libéralisme économique, celui qui asservit aux impératifs économique, donc financiers, donc spéculatifs, toutes les activités humaines, celui qui s’est asservi la plupart des ETATS, nos gouvernements ne sont que les serviteurs des conseils d’administration des multinationales qui régentent le globe.

    Ce malentendu est fréquent : beaucoup de gens mélangent allègrement le libéralisme en politique et le libéralisme économique.Cela permis beaucoup de sournoises manipulations d’une opinion publique qui en effet a été victime d’une "désinstruction" scolaire, pour la raison que je viens de dire et que j’ai expliqué dans mon premier post, et les choses ne vont pas s’arranger, au contraire.

    Je crois donc que nous sommes presque tout à fait d’accord sur le fond du problème.

    Réponse
  46. @NeLLie:
    Je ne sais pas trop si c’est mon précédent commentaire qui est en cause, mais n’ai nullement écrit "dérive libérale de l’école dans une société logiquement viable" mais exactement l’inverse: l’école est, dans une société en pleine dérive libérale, un des derniers corps constitués qui échappent encore aux impératifs marchands…

    En tous cas je suis assez d’accord avec ta vision pessimiste. J’ai vu récemment un sujet télé sur les profs (coréens je crois) qui donnent des cours de maths sur Internet, ça faisait très "ballon d’essai" pour habituer les gens à l’idée. Une solution technocratique idéale pour gérer la diminution des emplois de profs, ce serait des cours en broadcast sur Internet, et remplacer les profs par des vigiles dans les salles, ce qui coûterait nettement moins cher.

    Quant à "libéralisme" c’est par excellence un mot à créer des malentendus, puisque "libéral" voulait dire primitivement "généreux", donc à peu près l’inverse de ce qu’il signifie actuellement. Ce serait beaucoup plus logique d’utiliser la même terminologie que les américains, pour qui les "libéraux" sont les gens (grosso modo) de gauche. Ce que nous appelons "libéraux" désigne chez eux les conservateurs. Au moins, c’est clair.

    Réponse
  47. Bonjour Agnès,

    Avec la réforme des universités, le MEDEF va pouvoir sièger dans les FACS qui pourront rechercher des financements privés… FACS de riches et FACS de pauvres. Fin de l’égalité des diplômes. On entend pas trop gueuler l’UNEF. serait ce parce que des postes de vice président étudiants de FAC sont prévus? Donc pour l’UNEF, syndicat largement majoritaire.

    Ce qui se passe dans la FAC, peut rejaillir sur tout le système scolaire, déjà assez perverti comme tu le décris dans ce post. 5 ans à tenir…

    http://caspieds.over-blog.fr/

    Réponse
  48. en voilà des billets qui, fil de commentaires inclus, prouvent que le blog est une invention grande.

    Réponse
  49. """libéralisme (sinon, je pourrais créer moi-même une école) qui arrivent, c’est la prise de pouvoir (et le verrouillage législatif de celui-ci) par une ‘élite’ politico-économique qui tente d’assoir un nouveau règne mondial.
    """
    Moai ,je plussoie ca …..c’est aussi mon impression !

    Réponse
  50. Je ne pense pas qu’il existe UNE manière d’enseigner ou d’apprendre, mais j’aime assez la prise de notes. Parce que cela me sert encore. Je sais, il y a des enregistreurs performants, j’en ai un très bon, mais en entretien, je gratouille. Parce que gratouiller a plusieurs fonctions dont celle du résumé à la volée qui est un excellent exercice d’écoute et de synthèse à la fois. En plus, en notant les mots et phrases clés au fil du dialogue, je peux remonter sur un point précis et réorienter l’entretien dans un autre sens. En fait, avec la prise de note en cours, je faisais 80% du travail d’apprentissage sur le champs. Ensuite, je n’avais plus qu’à relire mes notes pour fixer les idées et finir d’apprendre ce qu’il y avait à retirer du cours!

    Bon, maintenant, ce qui me convient ne convient probablement pas à tout le monde.

    Réponse
  51. Tiens, ça me rappelle une amie instit en maternelle (enfin l’amie de ma femme plus exactement) à qui on avait appris à l’IUFM, que pour calmer (mater ?) une classe trop chiante, il fallait prendre un gamin et le punir injustement pour faire un exemple… Bon, l’amie en question a les yeux en face des trous, et n’a jamais appliqué la leçon, elle a étrangement gardé une vision très critique de sa formation en IUFM.

    a+.
    matou

    Réponse
  52. Je dois dire que parfois mieux vaut un bon logiciel ou un bon livre, ce qui n’est pas très différent, pour apprendre qu’un prof imbu de son autorité. De même, mieux vaut un médoc imparfait qu’un mauvais psy.
    D’ailleurs, bien des gens ont pu se passer de profs pour avancer dans leur vie. Ceci dit, la présence d’un bon prof est toujours un plus. Un logiciel d’apprentissage n’est pas à opposer à la valeur d’un prof, ce n’est qu’un outil complémentaire. Combien de cours magistraux pourraient être filmés et imprimés pour permettre de les revoir et de les annoter pour mieux assimiler et ainsi économiser du temps à l’élève et à l’enseignant pour apporter des réponses personnalisées aux étudiants lors des TP.

    Parmi mes nombreuses études, le pire c’est le droit où l’on gratte le papier pendant que le maître s’exprime alors que l’imprimerie existe depuis Gutemberg. Si au niveau de nos futures élites juridiques on en est encore là, comment penser que pour le reste ça s’améliorera.

    Il y a quand même un manque d’analyse concernant les meilleurs moyens cognitifs d’apprentissage.
    Le gratouillage de papier comme moyen d’apprentissage c’est aussi con que les pompes à l’armée et ça existe encore. Mais bon, il y a des traditions, même débiles, qui font partie de l’identité d’une corporation.

    Réponse
  53. Je ne nie pas l’intérêt de la prise de notes que je pratique, mais simplement le cours magistral( imprimé ou vidéo) doit être un document de référence que l’on annote. Ca évite une grosse perte d’informations inévitable lors de la prise de notes qui n’est qu’un aperçu personnel spontané de ce qui est exposé. L’un ne s’oppose pas à l’autre mais le complète. L’intérêt des notes ne doit pas interdire le document de base toujours plus complet. D’autre part, imposer une méthode sous prétexte qu’elle est valable pour certains( et soi même en premier) est la première des ségrégations pour les autres qui ont une cognitivité différente mais pas moins productive.

    C’est bien le problème des méthodes closes qui sont limitées à une catégorie d’élèves plutôt que de prévoir des méthodes polyvalentes multiplexées.

    Réponse
  54. Salut, Nathalie 😀

    Comme toi, je connais l’importance déterminante des parents pour la trajectoire scolaires des enfants, mais tout le monde n’a pas la chance d’avoir des parents altermondialistes ;-). Une école républicaine pour tous sous-tendais pour moi la possibilité d’échapper au destin de classe (sociale) pour tous, de n’être pas marqué, dès le départ, par les possibilités plus ou moins grandes du milieu familial. Quelle commune mesure entre la famille petite bourgeoise où la mère instruite, éduque et accompagne l’éveil de ses enfants à plein temps, avec moult supports pédagogiques (sorties, livres, activités) et celle des prolos où tout le monde travaille jusqu’à pas d’heure, où le nain est seul devant ses devoirs (parents pas à niveau et pas dispos) qu’il doit faire avec les moyens du bord, c’est à dire sur un coin de table dans le salon avec la télé en fond sonore? On ne peut pas dire que les parents qui bossent démissionnent. Pour beaucoup, c’est un pure question de survie. Mais il est clair que dès le départ dans la course aux qualifications, il y a des mômes qui prennent l’ascenseur stratosphérique et d’autres la corde lisse.

    L’idée, c’est d’équilibrer les chances : des études accompagnées à l’école et pas de devoirs à la maison (là où la discrimination est la plus forte entre les différents capitaux culturels des parents), des savoirs et savoir-faire et non de la culture générale qui s’acquière dans le milieu social, un environnement extra-scolaire riche et accessible à tous.

    Réponse
  55. J’ai lu tout un paquet de commentaires très instructifs à la suite de cette non moins instructive note, et mon opinion est que l’école, malheureusement, n’est pas là pour éduquer ou élever les enfants, mais pour leur enseigner des matières d’ordre plus ou moins général, l’éducation restant la prérogative des parents. Ce qui parait normal. L’école est bien entendu imparfaite, et son principal défaut, à mon sens, est qu’elle embauche des professeurs qui n’ont, malheureusement, jamais quitté les bancs de l’école, passant de l’état d’élève à celui d’enseignant sans avoir jamais connu autre chose que le microcosme EN. Ceci explique, il suffit de consulter les programmes de l’IUFM, l’inadaptation grandissante de l’enseignement par rapport aux problématiques contemporaines. La démission fréquente des parents, la soumission des enfants à la télé, à la pub, aux émissions de télé-réalité, à la consommation, ne sont pas la faute de l’école mais à un contexte général qui veut que, pour qu’un enfant ou un ado réussisse son intégration dans le monde qui l’entoure, il soit gavé de connaissances sans intérêt et de besoins superflus. Rien à voir avec l’école ! Ce sont les parents seuls qui sont responsables de cet état de fait.
    Par contre, on pourrait préférer une école, des enseignants et des programmes plus adaptés. Comme par exemple un cours de décryptage de l’image, un cours de communication, ou des trucs dans ce genre. Ceci dit, personne n’empêche les bonnes volontés qui ont un peu de temps à donner, de créér bénévolement des interventions en école, collège ou lycées afin d’apporter un peu de sens critiques à nos chers petits anges.

    La plupart des échecs scolaires sont dûs, principalement, au contexte familial, et aussi un peu au fait que l’école n’est pas prévue pour ceux qui montrent des capacités "supérieures", mais pour l’élève "moyen"…
    Quant à réintégrer les quelques "marginaux" par le moyen des CLIS, il n’y a qu’à considérer le fait que les enseignants de CLIS sont, pour la plupart, des débutants sans formation aucune pour ce type d’enseignement…

    Réponse
  56. Si il faut changer l’état de la société pour que l’école aille mieux, alors ça va être très long.
    D’ailleurs les acteurs de bien des autres domaines pourraient formuler la même analyse( l’industrie par exemple où c’est de plus en plus problèmatique, voire Danièle Linhart sociologue du CNRS ).

    Pour ce qui est de l’évolution de la société, à méditer les propos de Jacques ROBIN qui vient de décéder :

    http://mediawm01.cines.fr/3517/wind

    Economies plurielles et complexité sont au rendez-vous et elles nous attendent, mais les sauts conceptuels et d’angles de vue ne vont pas être aisés. Accrochons nous au bastingage, il va y avoir de la houle, ça ne fait que commencer selon lui. Il va falloir être autant optimiste que critique…

    Réponse
  57. Certes, mais tu oublies, d’une part, que les parents les moins présents ne sont pas forcément les moins riches (chez la plupart des classes moyennes, comme les profs ! les 2 parents travaillent), la "démission" n’est donc pas (surtout pas !) l’apanage des prolos… Je connais des familles défavorisées où les parents, tout en bossant comme des malades, avec des emplois genre femme de ménage ou jardinier, ont avec leurs enfants des exigences très pointues, et d’autres familles, genre de dentistes, avec plein de temps libre, où les mômes sont totalement livrés à eux-mêmes. Donc je crois qu’il s’agit avant tout de volontarisme, comme pour les interventions bénévoles au sein des établissements. Si les parents s’impliquaient un peu plus dans l’éducation et l’enseignement, les choses pourraient changer.

    Bises ma poule ! 😉

    Réponse
  58. Et, punaise, ça c’est un sujet qui me fait bondir, rebondir comme une super-balle ! 😀

    Réponse
  59. Et puis crotte, on le sait que l’école n’est pas idéale. Je ne dis pas qu’il ne faut pas chercher à la faire évoluer, mais qu’elle ne représente tout simplement pas le seul facteur d’éducation et d’élévation des enfants. Et aussi que nous avons malgré tout la chance d’avoir (pour l’instant !) un système scolaire ouvert à tous, même si l’égalité n’est qu’une ravissante utopie dans un monde avant tout inégalitaire par l’essence même de l’être humain…
    Oui, parce que mine de rien, on a un peu la société qu’on mérite, et quand on sait que nous sommes avant tout des barbares égocentriques, quoi d’étonnant à ce que la société reflète cet état de fait. La seule chose capable de faire évoluer un peu tout ça, c’est l’éducation prodiguée par les parents ! et je n’en démordrai pas…

    Bon enfin, je m’embourbe. Toujours est-il que nous vivons dans un monde de plus en plus absurde et complexe, où les besoins sont remplacés par les envies, où les valeurs primordiales sont noyées dans les codes sociaux stupides, où pour être "adapté" il faut devenir totalement schizophrène…

    T’as vu ce qui se passe, de plus en plus ? On tend à faire passer tous les comportements "déviants" (c-à-d les gosses désobéissants, par ex) pour des maladies mentales, et là, hop ! Plus à se prendre le chou avec l’éducation, une pillule suffit !
    http://www.dailymotion.com/einstein
    http://www.dailymotion.com/related/
    Orwell et Huxckley n’ont qu’à bien se tenir…

    Réponse
  60. Sans doute l’idée de F. Dolto de séparer la fonction d’enseignant de celle d’éducateur reste valable.
    Alors, il faudrait recruter des éducateurs accompagnant les élèves les plus en difficulté.
    Que des classes moyennes type dentiste et professions libérales ne s’occupent pas de leurs enfants, c’est que eux aussi ont horaires à tenir pour payer tout ce qui permet à leur cabinet de tenir, je doute qu’ils aient autant de temps libre que ça. C’est ça le productivisme actuel, reliquat du passé, ça prend du temps et bien d’autres choses…

    Sans une révolution éclairée et pensée du système économique et social, ça empirera dans le "more of the same". J’espère que les politiques et dirigeants français et européens, voire plus, finiront pas voir ça, mais il faudrait que la plupart des lambdas que nous sommes le voient également. Vu les débats des dernières élections , nous n’y sommes encore loin.

    Certains milliardaires, qui ne sont pas obligatoirement des monstres, allemands ou américains commencent à vitupérer aussi sur l’absurdité de ce qui se passe.
    Que ces milliardaires usent de leurs finances, non versées à l’impôt, pour des entreprises à visées sociales expérimentant de nouveaux modes et pouvant avoir une valeur d’exemple, de changement d’approche, là ça serait un bon pas en avant.

    Réponse
  61. voir aussi le fichage qui se met en place : http://www.politis.fr/Touchez-pas-a

    sur le reste j’oserais vous renvoyer à qq vieux trucs du genre Ivan Illich "Une société sans école" : nos interrogations ne datent pas d’hier.

    Réponse
  62. oaf> "Que des classes moyennes type dentiste et professions libérales ne s’occupent pas de leurs enfants, c’est que eux aussi ont horaires à tenir pour payer tout ce qui permet à leur cabinet de tenir, je doute qu’ils aient autant de temps libre que ça."

    Si !!! Justement !!!
    Il faut arrêter de croire que si les gens ne s’occupent pas de leurs gosses c’est qu’ils n’ont pas le temps ! Cette déresponsablisation individuelle me fout en l’air.
    "On" veut une école plus performante, plus ceci, plus cela, "on" veut une société plus juste et égalitaire, mais "on" n’est pas foutu d’accomplir au quotidien ce qui pourrait la changer !
    Si "on" estime ne pas avoir de temps à consacrer à des enfants, "on" devrait s’abstenir d’en faire ! Là encore, "on" a tous les moyens de contraception à notre portée, mais "on" fait des gosses comme "on" s’offre un animal de compagnie, sans envisager les responsabilités que ça implique.
    Commençons par changer ce qu’on peut changer, le reste suivra…

    Réponse
  63. @Nathalie

    Tout a fait d’accord, si on peut ou veut pas s’occuper de ses gosses, mieux vaut s’abstenir.
    Sauf que les aléas de la vie actuelle ne permettent pas de faire des prévisions à long teme ( 5 ans maxi et je suis optimiste, ce qui ne fait pas encore un humain à peu près autonome).

    Donc, pour ceux qui sont exposés à la précarité c’est pilule ou autres de rigueur. C’est bien, on aura tout plein de gnomes français issus de l’élite sociale blanche et formatée par le nec plus ultra.

    Pour le ménage, la maçonnerie etc ( le dur de dur quoi), y a qu’à importer le clé en mains mesuré et validé par le ministère adéquat.

    Les romains, les grecs et d’autres avaient vu ça. Finalement, les vieilles recettes ont de l’avenir.

    Réponse
  64. @Nathalie : je considère, définitivement, que l’être humain n’est fait ni pour la sécurité, ni pour la richesse.

    J’ai même comme qui dirait l’impression que la vie n’est pas faite pour qu’on y survive…

    @Ko : Isis et Eden, ce sont de jolis prénoms, je trouve

    Tout juste, comme toujours :-}

    Réponse
  65. >oaf

    Oui, j’avais bien compris, t’as pas besoin de répéter…
    Je te parlais pas (c’est marrant comme les gens comprennent que ce qu’ils veulent) des pauvres qui devraient arrêter de faire des gosses, ni des riches qui devraient en faire plus.
    Non.
    Juste des gens qui devraient, peut-être, avant de faire des mômes, considérer les tenants et les aboutissants.
    Oui, parce que, quand même, quand on fait des enfants, vois-tu, il ne s’agit pas de faire de la prospective à 5 ou 10 ans.
    Non.
    Il s’agit de mettre au monde un ETRE HUMAIN.
    Qui n’est d’ailleurs pas si compliqué à élever…
    Seulement, il faut bien se rendre compte qu’une fois qu’il ou elle est rentré dans ta vie,
    plus rien n’est pareil
    ça veut pas dire que c’est moins bien, plus compliqué ou quoi

    juste

    qu’il faut en tenir compte.

    C’est tout

    Réponse
  66. Quant à la précarité, mon petit gars, j’y suis exposée depuis bien avant que ta mère aie fini de t’allaiter.
    Tiens, d’ailleurs, j’ai pas fini, vu que je cotise ni aux assedic ni à la retraite…

    Eh ben tiens, je vais te choquer j’en suis sûre, mais figure-toi que je considère, définitivement, que l’être humain n’est fait ni pour la sécurité, ni pour la richesse.

    Hahahahahahahahaahah….

    Réponse
  67. Tiens, ben puisqu’il n’y a personne à cette heure, j’en profite pour te raconter (à toi, ma cop’s) ce qui m’arrive aujourd’hui.

    Mes filles (Isis, 12 ans, Eden, 10 ans) sont parties jeudi dernier passer 3 semaines avec leur cousin et grand-mère en métropole (jusque là, tout va bien, ça fait 4 ans que tous les ans elles font la même chose). Cet après-midi, coup de fil affolé de notre fille aînée : pendant qu’elles étaient à Poitiers au Futuroscope, leur grand-mère glisse (pluie !) et se casse la cheville. Bon. On calme la gamine et on se tient au courant. Elles ont encore plus de 2 semaines à passer. La grand-mère se fait opérer ce soir. Dieu merci, Johan, le frère d’Eric (mon mari) trouve un plan pour héberger les enfants pour ce soir et peut-être demain (sinon quoi ? la DDASS ???) Grâce au frère d’une amie qui vit à Poitiers (à la retraite, le frangin, ouf !)… Bref, en attendant le rapatriement à Paris, on essaie de penser à comment on va gérer ces impondérables, selon la manière dont la grand-mère va se sentir, etc,…
    Enfin, demain sera un autre jour, n’est-ce pas ?

    Voilaaaa

    Bisous

    Réponse
  68. (Rien à voir, mais Isis et Eden, ce sont de jolis prénoms, je trouve)

    Réponse
  69. ko>
    (merci)

    Réponse
  70. ooooh Swâmiiiiii….

    Réponse
  71. @Nathalie

    Bizarre cette façon de prendre ceux qui écrivent pour des débiles.
    J’avais bien compris également qu’un enfant est un être humain.
    Pour ce qui est des dates de mon allaitement, vous semblez bien renseignée.
    Ravi de savoir que vous avez l’oscar de la précarité et donc tout plein de leçons à donner.
    Si l’être humain n’est fait ni pour la sécurité, ni pour la richesse alors tout est parfait, vous devriez aller vivre en Irak, à Mexico ou à Sao Paulo, insécurité et misère garantie, vous pourriez ainsi exercer au mieux vos talents en matière de survie commando. Quand à vos gamins, ils s’y épanouiraient superbement.

    Réponse
  72. Très intéressant, comme d’habitude.
    Des articles qui font réfléchir et qui amènent des commentaires intéressants (je pense à ce qu’a dit Nathalie sur l’école, par exemple).
    En particulier sur les profs qui n’ont jamais quitté l’école. Ma formule, c’est que les profs, ils ont le cartable greffé au bout du bras.
    De plus, souvent issus de classes moyennes, des résultats scolaires honorables, voire satisfaisants, un parcours scolaire sans embûches, un comportement plutôt docile, ils s’attendent au même schéma quand ils sont de l’autre côté du bureau. Comme les parents et les élèves, d’ailleurs.
    Et les marginaux, les inventifs ont peu de place dans cette structure. Ils seront rejetés ou recadrés.
    Alors quand on parle d’en "finir avec mai 68", c’est encore une formule populiste qui n’a aucune réalité sur le terrain.
    C’est oublier que toutes les méthodes progressistes ont été étouffées, dénigrées, stigmatisées depuis longtemps (voir méthode Freinet, par ex).
    C’est oublier que les profs sont encadrés, notés, voire sanctionnés par des inspecteurs et toute une hiérarchie administrative.
    C’est aussi oublier que les pédagos qui influent sur les décisions au plus haut niveau perpétuent un conservatisme de "bon aloi".

    Maintenant, je ne voudrais pas faire trop long, mais j’ai été interpellée par le cas de cet instit qui n’avait rien à présenter de ce qui avait été fait dans sa classe.
    Quelle misère.
    Je ne comprends pas comment c’est possible.
    Même si on est précaire, même si on ne sait pas y faire, même si les enfants sont agités, on ne peut pas afficher un tel mépris. Pour soi-même et pour des enfants.
    Ce n’est pas vrai qu’on ne peut RIEN faire avec eux – si on veut s’en occuper, s’entend.
    Et ce sont les plus vulnérables, les plus marginaux qui sont souvent les plus attachants et qui demandent le plus d’attention. Comme il est dit plus haut: ils disent toujours bonjour. Exact. Et pourquoi donc?
    Il faut se poser les questions qui s’imposent et quitter l’enseignement si, au départ, on méprise les enfants. Et si en tant qu’adulte, on est incapable de les encourager et de les valoriser. Ils n’attendent que cela. Et ils en sont reconnaissants.

    Certes, il faut de l’enthousiasme et de l’énergie. Beaucoup.

    Et je pense à ces enfants qui sont peut-être venus dans l’école et qui n’avaient rien à montrer à leurs parents. Même s’ils faisaient les matamores, au fond d’eux-mêmes, ils devaient être profondément blessés.
    Et ça, pour moi, c’est inacceptable.

    Réponse
  73. D’accord avec toi, Jack, mais critiquer n’est pas dénigrer. Il ne faut pas s’interdire de regarder cette institution en face, d’en voir les manques et les carences et de s’interroger sur ses objectifs réels. Je ne viens pas d’un milieu défavorisé, mais modeste (c’est à dire avec pas de fric, mais un bon capital culturel) et comme toi, j’ai déjà expliqué à ma fille qu’à l’école, c’est comme ailleurs, y a de tout, et que c’est à elle de prendre le meilleur et de dépasser le pire.
    Maintenant, à quoi sert une école hyper performante, si à la sortie, y a pas de place pour tout le monde?

    Réponse
  74. Personnellement, j’ai dit à mes trois enfants de travailler à l’école, qu’ils auraient de bons et de mauvais profs, que j’en avais rien à cirer, et qu’ils n’avaient qu’à s’adapter. Je suis issu d’un milieu défavorisé, vous comprenez. En tenant un discours négatif sur l’école, je savais que c’était là le meilleur moyen de les pousser vers l’échec scolaire. Ils ont réussi tous les trois, et connaitrons une vie meilleure que la mienne, c’est une certitude.
    Dans beaucoup de pays, il n’y a pas d’école, et donc pas le moindre accès à "l’ascenceur social".

    Critiquez l’EN tant que vous voulez, mais un conseil, faites en sorte que cela ne revfienne pas aux oreilles de vos enfants. cela vous évitera dêtre les artisans inconscients – dans tous les sens du terme – de leurs échecs.

    Réponse
  75. Je suis évidemment révoltée de cette attitude et notamment du fait de parler devant les enfants de cette manière, rien de tel à mon avis pour continuer à garder ces enfants sous l’eau. Les liens vers le journal du remplaçant ou des forum d’enseignement spécialisés peuvent vous permettre d’en savoir plus sur la quotidien des enseignants de ces classes qui, eux, n’ont pas eu la chance de recevoir la formation d’éducateur spécialisé.
    Je dis d’autant plus "la chance" que j’ai pu travailler dans les deux structures :

    – d’un côté une personne seule face à des problèmes qu’il n’aurait même pas imaginé (il faut effectivement de plus en plus un parcours lisse pour devenir enseignant) et une formation gentillette ne donnant aucune piste sur : la communication à l’adulte, les difficultés comportementales des enfants, on nous donne l’illusion que seule une instance personnelle appelée : "autorité", qu’on a ou pas pourrait résoudre les problèmes
    – de l’autre une formation dure, sur trois ans, avec une sélection non sur les connaissances mais sur une force de caractère particulier et une immersion dans des stages avec des situations très diverses et déstabilisantes.

    – d’un côté un malaise social fait, comme tu le décris si bien, de rejet : inadapté au système scolaire puis plus tard à la société : combien d’entre nous ont côtoyé ne serait-ce que des enfants handicapés dans la cour ? De plus en cas d’échec ou de difficulté, pas d’aide, personne n’est formé pour travailler avec ces enfants, personne n’a déjà travaillé avec eux et l’institution ne considère pas que ce puisse être une difficulté d’être avec des enfants avec ces comportements : on a l’autorité suprême ou on ne l’a pas c’est tout. Si on y arrive pas on est une bille ratée qui n’a rien à faire là. Aucune solution trouvée puisqu’il n’y a de problème que dans l’enseignant.
    – de l’autre une équipe qui prend en charge les enfants à plusieurs, avec des réunions essentielles où l’on choisit comme fait de base que l’on peut être désarçonné par un comportement extrême (qu’on est pas nul pour autant) et essayer ensemble de trouver des solutions. C’est même sain de dire ce qu’on ressent ou ce qu’on vit de difficile, on peut ainsi travailler, trouver des solutions.

    A mon avis, les solutions ne pourront être trouvées qu’à partir du moment où l’institution acceptera de considérer que le comportement, l’éducation font partie de l’enseignement et qu’on peut être formé pour cela :
    – formé à la communication (parce que là on n’a même pas parlé des relations avec les adultes, on est tellement immergé pleinement dans les relation aux enfants qu’on oublie ce qui va pouvoir convaincre, montrer ce qu’on fait, on peut être un très bon enseignant, si nos traces n’apparaissent pas, les parents sont perdus, inquiets et en étant maintenant de l’autre côté, je m’en rends encore plus compte. C’est une grande méconnaissance de l’importance des traces que de ne rien présenter à une porte ouverte et en plus de le justifier par ce type de discours)
    – formé à la conscience des différents être humains qui existent (en dehors de l’élève bien scolaire) ; pourquoi pas des stages en CLiS obligatoires par exemple, est-ce donc si honteux qu’on ne peut pas voir et qu’on réserve la surprise à ceux, soit qui se sentent de le faire, soit qui ont tellement peu de points qu’ils vont se retrouver là : ce n’est pas un refus de voir la réalité ?
    – formé comme un éduc spé : à la prise en charge de tous les enfants, quelque soient leurs difficultés
    – formé aux techniques de gestion du groupe
    – formé à savoir dire ses difficultés sans en avoir honte pour qu’ensemble on trouve des solutions qui ne se résument pas à : t’es pas fait pour ça ou quels gosses in-gérables.

    Il faut que l’on pense à une difficulté pour pouvoir la gérer, il ne faut pas comme aujourd’hui qu’on la cache dans des classes ghetto en laissant le soin à ceux qui y sont de faire comme ils peuvent et en plus en stigmatisant ceux qui s’en chargent (je parle de l’institution mais aussi des parents sommes-nous prêts à ce que nos enfants "soient retardés" -et c’est ce qu’on entend- par des enfants qui auraient besoin de plus d’attention, et des autres enseignants)
    En bref : libérer la parole, mettre à jour la réelle difficulté de prise en charge sans se renvoyer la balle -enseignant-parent-société- et à partir de là on pourra peut être écouter (ou se mettre à plancher) les personnes qui ont réfléchi sur le sujet.

    Bon un peu long, moi aussi une vraie verbeuse ! Mais les profs ne m’aimaient pas… trop originale et en parlant des notes (que je refuse de mettre aujourd’hui peut être pour les raisons que tu as donné !), une fois une prof m’a dit : à ton devoir j’aurais pu mettre 20 ou 11, parce qu’il est trop approfondi pour ce que j’avais demandé, alors j’ai mis 11.
    Deux semaines de boulot pour présenter l’entreprise de mon père dans un dossier dûement rempli, avec rencontre des différents collègues, visite complète d’une installation des traitement des déchets équipée par mon père) , de quoi se dégoûter des cours d’économie (déjà que je n’étais pas motivée !) et de travailler ! Au delà du rejet clair des classe fourre-tout, il y a aussi dans nos classes des élèves hors-norme t j’avais été choquée d’une collègue qui m’avait remplacée et qui a traité un de mes élèves de "singe savant" parce qu’il adorait faire des exposés sur différents sujet. Mais dans ma petite-moyenne carrière, j’ai plutôt rencontré des collègues investis, réfléchis et qui passent bien plus que les heures effectives pour leurs élèves, qui se bilent pour trouver des moyens de faire progresser chacun d’entre eux avec espoir mais aussi conscience des limites de notre action.
    Tout cela pour conclure qu’effectivement l’attachement à notre institution et le coeur à défendre la qualité de notre métier (bien fortement attaquée ces dernières années) ne doit pas nous faire oublier les difficultés et c’est bien en en parlant qu’on peut réfléchir à les résoudre.

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  76. @ Tous: j’ai suivi et apprécié vos interventions. Je n’avais pas l’intention d’intervenir car ce sujet me rappelle trop de mauvais souvenirs. Il y a longtemps, en début de carrière, j’avais accepté une classe d’adaptation. Ce que l’on nomme actuellement CLIS. C’était une ouverture dans une petite école 10 jours après la rentrée…. L’inspecteur m’avait tenu un discours lénifiant: enfants "en délicatesse avec le système scolaire", prise en charge collective, décloisonnements.

    La réalité s’est montrée très cruelle. Un groupe très hétéroclite en age et en problèmes. Un réseau d’aide à l’époque inexistant. Des collègues très fermés. Pas question de décloisonner. Et un directeur odieux.

    J’ajouterais l’hostilité de certains parents à qui on avait fait miroiter des miracles, surtout pour une gamine qui était passée par divers institutions privées auparavant…

    Tout cela, je l’ai réalisé ou appris petit à petit . Bref, je me retrouvais à la tête d’une classe ghetto, au fond du couloir, bien à l’écart. Je me suis creusé la tête en permanence pour trouver des solutions, en investissant du matériel sur mes deniers, en cherchant un fil pour ce groupe terriblement hétérogène.

    J’avais le sentiment d’être tombé dans un piège redoutable. Cela s’est mal terminé pour moi. Une bonne déprime qui m’a permis de mettre fin à cette expérience.

    Pour finir, je pense qu’une classe CLIS ne s’improvise pas. Pour l’implanter il faut un désir au sein de l’école et de la direction.Et un projet. Par la suite j’ai croisé d’autres classes de ce genre. Certaines fonctionnaient bien, d’autres moins bien.Mais il y a tellement de paramètres ….

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  77. Un regard bienveillant! Je crois que c’est ça. Juste ça. Cyrulnik en parle dans sa théorie de la résilience. Celui qui est abîmé n’a pas besoin de pitié ou de pygmalion. Juste un peu de bienveillance au fond du regard de l’autre pour pouvoir se retricoter un moi social!
    Et c’est bien cela mon propos : cette classe vide n’induit qu’un regard gêné ou de pitié. Alors qu’un peu de bienveillance, le plaisir de montrer ce que l’on sait faire, même si c’est hors de tout académisme, ce petit rien aurait pu faire des miracles. La psychosociologie en témoigne!

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  78. Lu pas mal des commentaires de ce post et réfléchi… Instit depuis 32 ans, toujours dans des classess "normales". Toujours désespérée par le fonctionnement de ce gros appareil où je travaille, toujours passionnée par ce que mes éléves m’enseignent sur la façon de travailler… Je suis passée par des mouvements pédagogiques (souvent plus en surface qu’en profondeur) genre GFEN, Freinet, AFL, apprentissage vicariant,… (Le Québec et la Finlande sont des pays où il doit faire bon être élève…) Mais mon expérience me montre que ce n’est pas l’idéologie qu’on applique dans sa classe qui importe le plus. L’essentiel c’est le regard qu’on porte sur nos élèves. Que chaque enfant soit aussi important que s’il était notre enfant. Ce qui importe, c’est la qualité de la relation qu’on met en place. C’est l’humilité face à eux. J’ai appris bie plus sur mon métier des élèves en difficulté que des stages de l’éducation nationale…
    Mère de trois garçons normalement intelligents mais réfractaires à l’éducation nationale, j’ai souvent vécu les affres des parents désespérés. Je me suis souvent dit qu’il suffirait parfois de montrer de la bienveillance à un gamin pour qu’il ait au moins envie d’essayer. Mais voilà, la distanciation n’est pas le fort de certains profs. De vieilles choses se règlent parfois au sein des classes et pas seulement du côté des élèves…

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  79. Bien vu : ni pygmalion, ni maître, ni saints compatissants. Un simple individu mortel, équivalent par son incomplétude, est bien plus bénéfique.

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  80. j’ai un garçon de 8 ans atteint de dyspraxie. depuis 2 ans il est en clis.par rapport a cet exemple, lui il a la chance de faire beaucoup d’activités: equitation, patinoire,.. et l’accent est mis sur tout ce qu’il peus réaliser. Pae contre, dans notre système je n’arrête pas d’avoir peur pour la suite, aura t’il toujours des personnes intentionnées pour s’occuper de lui?

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