Ses gros mollets en bouteille d’Orangina inversée établissaient la jonction entre ses sempiternelles tongs plates qu’elle portait été comme hiver et les franges délavées de son jean tailladé en bermuda. Juste au-dessus, la masse imposante de son pull tricoté main, un bleu vif ou un rouge pétard, quelque chose de l’ordre de la barrique en laine. Et tout en haut, enfin, comme le couvercle dérisoire d’une cocote-minute toujours prête à exploser, la broussaille de ses cheveux presque crépus à force de se rétracter sous l’effet décapant du pain de savon de Marseille brut qu’elle utilisait pour tout nettoyer dans la maison. Cette gigantesque superposition de strates de graisse et de haine fendait la foule comme un géant chaussé de bottes de sept lieues et ses immenses enjambées martelaient le sol comme si elle voulait l’entendre gémir sous la sauvagerie de cet assaut. Cette silhouette reconnaissable entre toutes sillonnait donc régulièrement les trottoirs de la ville pour aller s’approvisionner, de-ci, de-là, écumant les commerçants de la zone frontalière pour nourrir la fringale sans fond de ce corps en expansion permanente. Bien des piétons peu véloces ou pas assez attentifs avaient déjà fait la cruelle expérience d’un choc frontal d’avec cette masse en mouvement, mobilisée sur les lignes imaginaires de ses trajectoires inflexibles et au fil du temps, la foule, la foule éparse et anonyme des piétons, avait pris l’habitude de s’effacer à l’approche de l’ogresse en furie.
L’univers des enfants est surpeuplé de figures étranges et inquiétantes, tapies dans l’ombre, qui n’attendent pour prendre corps que le départ des parents, le soir, quand ils s’effacent dans le rectangle de lumière de la porte, pendant que les ténèbres prennent d’assaut le petit lit. C’est le moment horrifiant où les sorcières et les monstres rampent de dessous le petit lit ou se glissent par la porte du placard et déferlent dans la réalité obscure.
Mais il y a des enfants pour lesquels le placard est le refuge et les ténèbres sont complices pour les protéger d’une réalité qui fait encore plus peur que celle des livres du soir.
À la traîne de l’ogresse, trottinait donc une petite silhouette pâle et silencieuse, concentrée dans le double défi de ne pas se laisser distancer par le monstre sans trop s’en approcher non plus, faisant mine de n’être là que par hasard et non pas amarrée au sillage de la grosse dame étrange. Cette petite silhouette aussi gracile que l’ogresse était imposante n’en était pas moins connue du public fidèle et involontaire de la rue et nul n’était dupe de son petit manège.
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« Tiens, c’est la fille de la folle ».
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« Pauvre gosse, va ! »
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« Oh, tu sais ce qu’on dit, c’est héréditaire tout ça, elle deviendra donc bien comme sa mère. »
Et voilà comment la sagesse populaire est prompte à nommer les choses et à tricoter des destins qui grattent encore plus qu’un sous-pull à col roulé en acrylique. C’était donc la folie qui avait transformé une femme en personnage de légende, la folie qui avait distendu ses chairs comme une grenouille avide de jouer dans la cour des bovidés, la folie qui allumait ces lueurs sauvages dans ses prunelles transparentes, la folie qui hurlait toutes les nuits dans le petit immeuble coincé contre la voie ferrée, la folie qui déforme les corps, les visages, qui isole, qui fait peur. La folie, qui ronge l’esprit de ceux qui en sont prisonniers, qui bouffe la vie de ceux qui la côtoient.
Parfois, la folle allait au jardin public pour promener sa fille, lui faire prendre l’air, raviver les couleurs de ses joues pâles, lui permettre de jouer avec les autres enfants. C’était là une épreuve toute particulière : celle de la solidité de diamant de la bulle invisible qui isole les parias. La folie de l’une créait l’étrangeté de l’autre et la pensée magique des autres enfants en faisait une intouchable. Envie de disparaître. Impossibilité de ne plus être le centre d’intérêt des curiosités malsaines.
Tout le monde savait. Tout le monde voyait. Tout le monde entendait. Mais personne n’a rien fait. Pour des tas de bonnes raisons, dont la moindre était la peur et la plus importante était certainement la conviction qu’il ne faut pas se mêler des affaires des autres, surtout quand ces affaires-là fleurent bon les emmerdements. En fait, il aurait été difficile de ne pas savoir, que ce soit pour les voisins, les médecins, les collègues, les instits, les commerçants, les administrations, ou même la foule sans visage qui se détourne ostensiblement de ce qui dérange.
Il n’y a pas un village, un bled, un quartier qui n’a pas son histoire d’ogre ou d’ogresse. Parfois, le temps fait son œuvre et les gosses des monstres arrivent à s’échapper, à la fois de leur enfance et de leur destin, rarement indemnes. D’autres fois, ça finit juste par faire la une des journaux de caniveaux et revoilà la foule, sommée de comparaître, de témoigner et qui déclare, l’œil rond : « Mais on savait pas ! »
Pour ma part, j’ai surtout eu de la chance. Beaucoup de chance.
Et le premier qui me parle de résilience, je le bouffe !
Ta description m’a fait penser à ça : http://www.deezer.com/fr/#music/res… Une Gulliverte qui n’aurait pas abdiqué…
Mais y’a pas d’enfant dans la chanson 🙁
Tu as raison de dire ce que tu penses, Camille. Ici, on peut même dire que la taulière écrit de la merde sans être censuré. Après, tu as sans doute raison, j’ai peut-être plus écrit pour moi que pour les autres, sur ce coup-là.
Je vais reprendre ma pelle et creuser.
ça m’ennuie… j’ai vraiment l’impression de ne pas avoir compris ce texte ou plus exactement les silences du texte; j’ai l’impression que l’on est censé deviner en filigrane une réalité que je ne comprends pas et je me dis "t’es dégueulasse Camille, tu es en train de fermer les yeux sur une histoire qui a l’air bien sombre" mais je n’arrive pas à comprendre, à remplir les blancs… et je m’en veux et j’ai hésité à te le dire.
Sinon, c’est très joliment écrit et ça ferait un bon début de roman à la Dickens. Mais il manque la suite?
J’ai écrit ce texte il y a quelques temps et je ne l’avais pas sorti, à cause de tout ça. Je l’avais fait lire à un ami qui connaît plus ou moins mon histoire, pour avoir son avis, et lui non plus n’avait pas compris et était mal à l’aise par rapport aux silences.
Incompréhension et malaise, silences, finalement, je le trouve très adapté ce texte bizarre qui était sorti malgré moi.
Un jour, je suis arrivée dans une réunion avec des camarades militant-es (une tite vingtaine) avec un maginfique oeil au beurre noir. De toutes les couleurs et très étendu.
Seuls deux m’ont demandé ce qui c’était passé. Je trouve ça regrettable mais face à une situation, à une histoire personnelle qui les dérange, la plupart des gens restent silencieux.
En plus, t’as coupé l’herbe sous le pied des discours habituels avec une lourde menace 🙂
J’ai eu la même impression que Camille. Mais ce que ton texte dit aussi, et ce que j’en ai ressenti à sa lecture, c’est que souvent les mères et les filles sont confrontées au regard des autres qui n’ont de cesse de les comparer, les jauger. Un regard parfois très réducteur (comme dans ton texte d’ailleurs) qui condamne une fille à forcément ressembler à sa mère, quoiqu’elle fasse, décide ou acte. Quelque chose qui relève de la prédiction et de la focalisation. Bref, de l’enfermement.
Moi aussi, je ne suis pas sûr d’avoir bien compris… mais, en même temps, c’est le propre de ce genre d’histoire !
Et ça me fait penser à une «expérience» (une vidéo, je crois, pour un documentaire ou un reportage…). Où une première fois, les expérimentateurs font du bruit avec un instrument de musique (des percussions, je crois), et les voisins viennent se plaindre. Et une seconde fois, ils font autant de bruit, mais avec des cris comme lors de violences… et là, personne ne vient ! C’était choquant, mais je crois que c’est sain de se mettre face à une réalité, à un comportement qui n’est pas acceptable.
Et puis, comme l’histoire de Kitty Genovese, aussi…
Je trouve que ça, ça manque dans les informations, quand ils parlent de faits divers par exemple. De, comme ça, pouvoir apprendre de ses erreurs… se rendre qu’on aurait vraiment pu aider. Un peu une éducation populaire…
On pourrait presque croire qu’il suffit d’un "corps en expansion" pour faire une ogresse. Je me doute que ce n’est pas ça, mais c’est ce qui est pointé du doigt…
C’est juste que la littérature de distraction se vend mieux que celle du combat ; c’est l’époque qui veut ça, bien que ce ne soit pas nouveau (Saint-Simon, Kafka, et tant d’autres ).
C’est pas qu’on comprend pas, ça me semble très clair. C’est qu’on a peur de comprendre, qu’on veut pas, qu’on voudrait pas. Et (pour moi) qu’on a peur de commenter aussi, qu’est-ce qu’on pourrait bien dire….
J’ai juste envie de poser une question, mais ça va peut-être pas te plaire: qu’est ce qu’elle a donné à sa fille, l’ogresse qui lui a pris son enfance? Quelle minuscule étincelle enfermée au creux de son corps difforme a-t-elle, quand même, réussi à faire briller?
La même question que je m’étais posée en lisant "Un deuil blanc" de Chantal Montellier.
Connaissant bien (modestement), les contes, les légendes et le folklore et les aimant beaucoup, je "lis" ce "conte personnel" par le prisme de Clarissa Pinkola Estés, l’auteure de "Femmes qui courent avec les loups", un chef-d’œuvre.
La figure de l’ "Ogresse" est une incarnation de la force et de la puissance féminine, que les millénaires patriarcaux ont tenté de raboter mais qui affleure toujours, inextirpable, parce que la Femme fait partie de l’Humain, et que sans les femmes il n’y aurait tout simplement pas pas de vie, puisqu’elles la donnent, et qu’il faut une force quasi surhumaine pour accoucher de la vie. Toutes les femmes sont des ogresses en puissance.
"Ce qu’un homme fait, une femme peut le faire", dit le vieil adage féministe. C’est l’homme qui ne peut pas faire ce que peut faire une femme: il ne peut pas accoucher de la vie, de là l’immense ressentiment qui conduit à la domination masculine (voir F. Héritier).
Cette ogresse là, si elle avait évolué dans un milieu plus favorable, moins enclavé, aurait eu de bonnes probabilités de devenir championne de lancer de poids. Et personne n’aurait moufté.
La "folie", elle est, selon moi, la résultante de l’enclavement: cette puissance féminine n’a trouvé aucun exutoire légitime dans son environnement confiné.
Ce n’est pas pour rien que m’est venu à l’esprit un personnage féminin du roman de l’extraordinaire conteur qu’était Marcel Aymé, " La jument verte", où une femme de cette stature physique, qui abat plus de travail qu’un homme en mieux, et qui pourrait d’une pichenette écrabouiller n’importe quel péteux masculin (vous avez remarqué qu’il y a des hommes malingres qui ne peuvent pas faire le quart de la moitié de ce que peut faire une femme? Ce qui n’est pas un reproche, d’ailleurs, il y en a de gentils qui ne feraient pas de mal à une mouche comme il y en a de hargneux – mais c’est la même chose pour les femmes), se laisse maltraiter par son père (un malingre hargneux), parce que c’est un homme, qui plus est le père, le représentant du patriarcat. Ce qui est une construction culturelle.
ben si
moi je vois très bien de quoi ça parle dès les premiers mots.
c’est simple : selon la "sagesse" populaire, être le fils d’un con c’est mal. mais être pas con comme ses parents, c’est pire. ce qui est pire, c’est de ne pas être un bon fils ou une bonne fille à ses parents : une reproduction de la fierté parentale.
parce qu’implicitement, les "gens" ont terriblement peur que leurs propres "gosses" ne soient pas comme eux et ne reproduisent pas leur fierté, leur connerie, leur folie. parce que la reproduction, c’est la légitimation bien plus et par dessus la justification.
donc ils ne se mêlent pas de "ça" parce qu’ils ne veulent surtout pas qu’on se mêle de leur propre doute sur la légitimité de leur reproduction égoïste.
et dans sa tête, quelques soient les "chances" qu’on a pu rencontrer de sortir des pattes de la "sagesse" populaire, j’ai sacrément envie de dire vulgaire à la place de populaire, on traîne ça toute sa vie dans son coeur.
alors moi aussi, la résilience du pape de la psychologie néolibérale, je la hais.
un enfant n’est rien en lui-même.
il est le capital de respectabilité sociale de ses progéniteurs : c’est la racine de la propriété des ressources économico-sociales. donc du capitalisme.
@ Paul: "la résilience du pape de la psychologie néolibérale, je la hais."
De qui parles-tu?
A priori, de Boris Cyrulnik, pour lequel j’ai pourtant le plus grand respect.
Marrant comme ce texte est essentiellement projectif. Cela doit être sa principale vertu.
je suis ce monstre en colère, cette énorme vieille dame, et ma fille, pendant longtemps, avait honte de marcher à côté de moi en ville….
l’autre jour, elle a recommencé, parce qu’on s’était engueulées parce qu’elle a du mal à trouver de travail, après 6 ans d’études supérieures… (prépa-école d’ingénieur- master en plus) et que ça nous rend nerveuses…
et cela m’a toujours fait aussi mal !
je n’ai jamais blessé physiquement personne
j’ai élevé ma fille aussi bien que je le pouvais
je suis énorme parce qu’après la guerre de 40, j’ai été une petite fille abandonnée à une très jeune bonne qui mangeait mes repas…parce qu’à cause de la guerre mon père était fou,
et me faisait peur, parce que la vie c’est dur, et parce que j’ai arrêté de fumer…
devenir énorme, c’est aussi facile que de fumer et d’attraper un cancer du poumon – mais la dame au cancer attire la pitié, on la pistonne pour du boulot, la grosse dame attire la haine… et on la jette du boulot dès qu’on peut, c’est comme ça !
devenir énorme, c’est subir le jugement de gens qui se croient autorisé à le faire, qui croit que l’on est une sorcière, qui croient que l’on est une "méchante"… si l’on adopte pas le statut protecteur de "rigolotte" seul toléré chez les gros
être gros, c’est beaucoup de souffrance, dont on n’a même pas tellement le droit de parler, parce que "c’est de notre faute" et que "nous manquons de volonté".
effectivement
devenir gros, dans ce monde ignoble, perdre son corps, épuisé, c’est aussi facile que ne pas trouver de travail après des études supérieures longues : les uns comme les autres nous craignent parce qu’ils savent que leur "réussite" ne tient pas à grand chose de tout ce dont ils se prétendent.
ils craignent de perdre.
ils jalousent ceux qui ont eu la patience d’étudier autant que ceux qui ont eu la patience d’endurer la souffrance, puis celle d’endurer la chute, la perte, du travail, du corps, de la santé, de grossir, de devenir chauve, de devenir quelque chose qu’ils craignent par dessus tout : ne plus être parmi ceux qui ont le droit de part leur identification au plus grand nombre à condamner plus que juger ceux qui n’y sont pas identifiables.
mais "vieille dame"… après tant avoir été le mauvais fils d’une cinglée et d’un con, je sais par expérience, que l’on constate que nos cinglés et cons de progéniteurs, ou congénitaux, sont les seuls à nous accepter… alors après un long voyage pour les fuir, on revient, parce qu’ils nous rappellent, parce que eux aussi sont totalement seuls.
Moi aussi, je respecte profondément Boris Cyrulnik, même si je regrette désormais de voir sa bonne bouille souriante si souvent qu’elle en perd sa sincérité. Il a été le premier à combattre victorieusement, au niveau de l’opinion publique, cette idée atroce et stupide qu’un enfant maltraité deviendrait automatiquement un adulte maltraitant.
Toute mon expérience professionnelle me démontrait le contraire, je rencontrais très souvent d’anciens enfants maltraités qui étaient devenus des parents tout à fait acceptables, voire plus réfléchis et plus conscients que la moyenne. Mais impossible de faire passer le mur du son (et de l’image) à cette vérité.
Inversement, l’idée qu’un adulte délinquant, maltraitant, fou est (presque?) obligatoirement un ancien enfant détruit ne semblait évidente pour personne, tant le besoin de punir celui qui fait du mal, M. le Maudit, est fort. On met aujourd’hui des schizophrènes en prison, et on se prépare à enfermer des fous qui n’ont rien fait sous prétexte qu’ils pourraient bien, qui sait, faire quelque chose.
"Et voilà comment la sagesse populaire est prompte à nommer les choses…"
C’est pour ça que qu’en j’entends un politicard parler de de bon sens populaire / paysan ou autre baliverne du même acabit, j’en ai mal aux côtes à force de rigoler…
j’ai au début été séduite par Cyrulnik, mais c’est juste un petit malin, qui semble au premier rabord vendre de l’espoir aux gens qui ont été près d’être totalement détruits, et au deuxième rabord, vend de la maladie mentale génétique… et se goberge en compagnie de Ruffo, un autre "expert", aux dépens des riches et des malheureux qui achètent leurs livres… et rigole avec lui, tel fillochard et riboudingue, en navigant au large de Marseille et en profitant du soleil !
"devenir énorme, c’est aussi facile que de fumer et d’attraper un cancer du poumon – mais la dame au cancer attire la pitié, on la pistonne pour du boulot" (la vieille dame)
Ah ouais? En tel cas maigrir, c’est pas plus difficile que d’arrêter de fumer.
A la différence près que quand on est grosse, on peut toujours maigrir et finir par trouver du boulot, tandis que quand on a un cancer du poumon, on n’en a plus pour longtemps, quant à aller bosser en cours de chimiothérapie, faut en avoir subi une pour savoir de quoi on parle.
Si on a réussi a cesser de fumer on n’est pas obligée de baffrer des saloperies comme une truie. On peut même bouffer bio et faire de la marche à pied. Si on ne deviendra pas filiforme, on n’aura pas trop de mal non plus à perdre sa mauvaise graisse. Et comme on sera encore en vie on aura toujours une probabilité de retrouver du boulot, tandis que quand on n’est clamsée, on ne bosse plus puisqu’on à droit à l’éternel repos.
CTJ écrit : « tant le besoin de punir celui qui fait du mal, M. le Maudit, est fort. »
Si je me souviens bien, ceux qui avaient le plus envie de punir M. étaient les malfrats de la ville, que la traque policière empêchait de faire leur estimable boulot. Scène terrible (je n’ai jamais voulu revoir ce film), où M. explose devant eux, en hurlant qu’il est comme ça parce que lui, à la différence d’eux, ne peut pas être autrement (si je l’ai mal vue, qu’on me le dise !)
Plus ça va, plus je lis blogue sur blogue, et plus je me dis que j’ai eu de la chance, cette chance qu’évoque le Monolecte, d’avoir des parents normaux, c’est-à-dire imparfaits, mais qui nous ont ouvert plus de portes qu’ils n’en ont fermé…
jolie cicatrice tout de même.
un bon texte, ou l’on peut trouver la trace de ce que l’on a pas eu le courage de déposer nous même.
un bon moyen d’ouvrir le dialogue aussi.
je vis avec une sorte de fille d’ogresse, et je vous remercie.
jolie cicatrice tout de même.
un bon texte, ou l’on peut trouver la trace de ce que l’on a pas eu le courage de déposer nous même.
un bon moyen d’ouvrir le dialogue aussi.
je vis avec une sorte de fille d’ogresse, et je vous remercie.
la mienne n’était pas grosse.
elle en a pourtant bouffé des gens et des gosses…mais ça ne lui a jamais profité.
ils n’ont rien dit non plus. jamais. ni rien fait. ils ne disent toujours rien d’ailleurs. et moi, j’attends mon heure pour parler. fort.
Cette dame que tu décris serait-ce ta personne au vitriol, Agnès ?
Bonsoir,
J’ai pas lu tous les commentaires mais pour commencer quelle force à ce texte et est la preuve que la vie de tous est universelle. Je m’explique chacun de nous se retrouve dans ce texte avec ce sentiment plus ou moins fort selon son vécu et sa situation.
De plus, le confinement ayant montré les gens, il m’est impératif de dire que les gens ont les classes trop facilement
bon d’accord il reste la classe des bourgeois que rien ne perturbe dans leur prétention et droit à tout.
Agnès ne te défends pas sur la résilience concept creux et non scientifique de Boris Cyrulnik pseudo scientifique français roi des plateaux médiatiques mais n’ayant jamais publier un texte scientifique ni n’ayant un titre scientifique. Faites comme lui il a créé son université pour paraître universitaire, encore faut il pouvoir…..
dans tous tes écrits transpire cette humanité propre au gens qui savent la marge, le pas comme il faut…..
L ogresse est parti par pensée ou en présentiel sur sa tombe transmet lui une bises pleine d’affection de moi pour avoir eu une fille que tu es………………
Pour Cyrulnik, pas d’accord : son début de carrière a été brillant, particulièrement dans le domaine de l’éthologie où il a produit des œuvres majeures. Je l’ai vu à un colloque à Jussieu, c’était juste excellent. Ensuite… comme le disait mon directeur de recherche :
.Le concept de résilience est intéressant au départ, mais Cyrulnik s’est fait happer par des jeux de médias et de pouvoir et il a fini clairement par tourner en eau de boudin, ce qui est — à mon sens — un immense gâchis. Mais il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain.
Oui, je trouve même que Cyrulnik est un cas d’école : non pas d’un chercheur qui trouve (ce qu’il cherchait) mais d’une chercheur qui arrête de chercher parce qu’il trouve autre chose : en effet, du côté du pouvoir et du succès.
Cas d’école parce que ses livres, quand on compare les premiers (excellents, archi-documentés, plein de réflexions…) aux derniers (style rapide, retranscription de confs ou suites d’articles compilés, opinions plus que réflexions, peu de références et d’ouvertures, etc.), se sont dégradés au fur et à mesure que son succès médiatique augmentait. Autrement dit, et juste sur l’aspect « temps » : celui qu’il donnait pour occuper le terrain médiatique était de moins en moins disponible pour penser, chercher, écrire.
Du coup, la résilience, il n’a pu très longtemps défendre l’intérêt du concept qui est devenu un grand fourre-tout.
Attristant.
Bien vu, oui. Il a été corrompu par le succès. Quel dommage, quand même. Il avait vraiment une belle pensée, fluide, curieuse, fulgurante.
J’éprouve toujours un petit pincement de tristesse quand — par le plus grand des hasards — je tombe sur une des tristes platitudes qu’il dégoise depuis quelques années.
Mais bon, j’ai toujours ses premiers bouquins ! Tout n’est pas perdu.