La vraie valeur des choses, c’est le prix que les gens sont prêts à payer pour les avoir.
Non, vraiment, c’est un objet magnifique, en parfait état de conservation, il est nickel. De la belle ouvrage, toujours parfaitement fonctionnel
, poursuit-il. Mais voilà, ça ne suffit pas. En ce moment, il n’y a plus de marché pour cela. Ça vaut le prix du métal, pas plus, mais ce serait vraiment dommage.
L’horloger repose la montre centenaire dans son écrin avec un air désolé. Il y a quelques années encore, les collectionneurs étaient à l’affût de ce genre d’objet, pas extrêmement rare certes, mais une manifestation concrète du génie industrieux humain, le témoignage du temps patiemment investi par un homme méticuleux, soigneux et maître de son art. Cet objet avait la valeur du travail humain, de sa beauté intrinsèque, du soin dont il avait été entouré pendant toutes ces années, de sa capacité à survivre à l’histoire et à l’entropie naturelle des choses. C’était ce genre de choses qui importait.
Plus maintenant.
Maintenant, ça ne vaut que pour sa matière première, son prix comme valeur refuge, investissement sonnant et trébuchant en des temps de vaches maigres. À peine le prix d’un smartphone débité à la chaîne dans une usine à sueur, quelque part, à l’autre bout du monde, dans un de ces pays où la vie humaine est encore moins chère.
Bien sûr, cette valeur hautement subjective est la cible de toutes les manipulations, selon que l’on se trouve du côté de ceux qui vendent ou de celui de ceux qui veulent ou ont besoin. C’est qu’il en a fallu des émissions de M6 and co, rabâchées pendant des années, pour convaincre la population qu’un placard à balai suintant d’humidité dans un gros bourg de province pouvait valoir une vie de SMIC. Au début des années 90, un pavillon habitable dans une ville moyenne valait dans les 300 000 francs. De nos jours, le même à rafraîchir, le même chiffre, mais en euros. Six fois plus cher, la vétusté en prime.
C’est ça le marketing : créer un consensus sur la valeur des choses. Et perdre de vue leur coût véritable. Remplacer la rationalité économique de la valeur d’échange par la portée symbolique des valeurs attachées à cet échange.
De la foutue pensée magique.
Dans le même temps, on n’a cessé de nous asséner que le travail coûtait trop cher. Toujours trop cher, le travail, surtout celui des autres.
Mais voyons, ma bonne dame, le SMIC, c’est la ruine des entreprises, les salaires, ce sont les ennemis de la compétitivité ! Celle qui permet de fabriquer aujourd’hui des voitures même pas fiables (mais avec un GPS intégré !) pour le prix de la villa de mon adolescence, mais avec 10 fois moins d’ouvriers. On nous l’a tellement joué ce petit air-là que plus personne ne s’indigne de la progression des travailleurs pauvres dans notre société. Que plus personne ne sourcille quand on nous annonce que d’un côté, on va augmenter le SMIC de 2 % (et ça va ruiner les PME) et que de l’autre le gaz va prendre 10 % de plus. Donc les Smicards, c’est cher, mais pas le gaz. 10 % de charges énergétiques de plus dans une entreprise, ça fait moins mal que 2 % de SMIC.
Comprenne qui pourra.
Si ce n’est que nous jouons à la rationalité économique alors que nous nous vautrons dans la subjectivité des valeurs, dictées en fonction des intérêts d’un tout petit groupe, probablement les mêmes gens qui hurlent au gaspillage quand on finance les écoles ou les hôpitaux juste d’avant d’exiger le poing sur la table que l’on renfloue à perte et sans poser de question le tonneau des Danaïdes bancaires.
La vie d’un homme ne vaut plus rien. Seul son compte en banque fait loi. Il faut sauver une poignée de privilégiés corrompus, quitte à sacrifier des millions de personnes dans la balance.
Absurdes valeurs de notre temps où nous consacrons le meilleur de nous-mêmes à amasser des colifichets qui n’ont que le prix de notre asservissement. Dilution de notre humanité dans le consommateur éclairé qui purgera ses accumulations vaines dans un vide-grenier à 50 cts la pièce.
Et nous, qu’est-ce que l’on vaut vraiment dans ce merdier sans nom ? Une ligne comptable dans un bilan d’entreprise, un item noyé dans une moyenne statistique ?
Qu’est-ce qui compte vraiment quand on vit dans un monde de petits boutiquiers ? Qu’est-ce qui est vraiment important à mes yeux pour que j’y consacre du temps ?
Du temps.
Voilà la denrée rare.
Même le plus riche d’entre nous ne pourra jamais acheter des minutes pour les ajouter à ses heures.
Il y a le temps consacré à de vaines transactions, cette vie que l’on perd à la gagner, ces temps morts, des temps pour rien, des instants précieux qui nous filent entre les doigts comme s’égrènent des regrets. Il y a ces temps volés, où l’on nous distrait de l’essentiel, où l’on nous perd dans des considérations vaines, où l’on focalise notre attention sur des choses éphémères, sans consistance, sans aucune espèce d’importance, des choses que nous aurons oubliées demain à la faveur d’un nouveau mouvement de muleta.
Et puis il y a tout ce temps que l’on remplit de rires, de sourires, du brouhaha apaisant des discussions entre amis, du temps de vie, du temps pour vivre, du temps pour aimer. Le temps qui compte, le temps que l’on vit avec cette intensité toute spéciale, ce temps précieux où chaque seconde s’étire en une petite goutte d’éternité. C’est un temps grave, mais aussi un temps léger, celui que l’on prend, que l’on arrache à la futilité des temps frénétiques, un temps que l’on savoure, que l’on goûte pleinement, comme une gorgée précieuse d’un très bon vin, celui qui reste en bouche. Longtemps.
À moment donné, j’ai atteint cette sublime lévitation intérieure, cette faim d’absolu qui se nourrit de petits riens. C’est comme cela. Une ouverture, une aptitude, un élan et le monde entier sourit. Je savais déjà pendant ces instants précieux qu’il s’agissait là de quelque chose d’autant plus unique et important qu’ils étaient fragiles, éphémères, qu’il faut juste se contenter de prendre la vague et de se laisser porter, jusqu’à l’endroit où elle finit immanquablement par nous déposer. Cet état de grâce, je l’ai vécu avec d’autant plus de force, de puissance, que je voulais le graver dans ma mémoire pour les temps futurs et incertains où je serais de nouveau obligée de me coltiner avec la lassitude du quotidien au lieu de planer à la surface des choses. Je voulais encapsuler au plus profond de moi ces petites bulles de félicité afin de pouvoir ensuite m’en souvenir et me servir de leur puissance évocatrice pour allumer quelques lueurs dans les heures plus sombres.
La vague est repartie, comme elle est venue.
Mais j’ai gardé le goût de collectionner les petits instants précieux et je m’efforce, chaque jour, de me souvenir de ce qui compte vraiment pour moi et de ne plus trop m’en détourner.
Powered by ScribeFire.
Il y a deux mois et demi déjà, après une journée mouvementée place du Capitole, je déambulais à Toulouse. Je me suis arrêté dans l’après-midi à la terrasse d’un café dans l’étroite rue du Taur, à deux pas de l’église Saint Sernin. Pendant deux heures je me suis passionné à observer les passants. J’ai eu l’impression d’accumuler là des richesses, rien qu’à les sentir vivre, tellement vivre ! Il y avait là manifestement tout un groupe d’étudiantes espagnoles, et leurs démêlés rieurs avec quelques très jeunes garçons apportaient plus de joie que toute la "richesse" du monde.
Le bonheur, c’est gros comme un grain de poussière, et cela emplit l’univers.
Vous avez raison.
Vous qui avez une si belle plume, pourriez-vous nous imaginer ce que pourrait être un monde sans argent ?
J’y arrive dans ma tête, mais c’est difficile de l’écrire.
Je m’explique.
Je ne parle pas d’un monde d’échange, mais de quelque chose de totalement différent.
Nous savons tous, au fond de nous ce que nous avons à faire, le problème c’est que dans ce monde où nous sommes obligés de "gagner notre vie", alors qu’on nous l’a donnée, cette contrainte ne nous permet pas de faire ce que nous avons à faire.
Les besoins de base :
-l’eau, la nourriture
-l’énergie
-la santé
-les communications
Les gens qui travaillent déjà dans ces domaines savent ce qu’ils doivent faire pour que cela marche, ils savent même ce qu’il faut faire pour que cela soit bien fait.
Dans un monde sans argent, il y aurait beaucoup plus de gens qui pourraient s’occuper de ces choses là, puisque la formation (communication) ne coûterait rien, pas de salaire à verser, ni cotisation, ni impôt, ni retraite, rien.
Tout le monde pourrait s’occuper de tout le monde suivant le précepte : prenez soin les uns des autres.
On objecte en premier lieu, le plus souvent, oui mais il faut acheter du pétrole pour fonctionner.
Je le répète, nous sommes dans un monde sans argent, l’énergie nous pouvons la produire nous-mêmes : éoliennes verticales individuelles par ex, je ne parle pas des panneaux photovoltaïques, je ne comprends pas leur utilité quand un simple cul de bouteille en verre peut mettre le feu à des hectares de pinède.
Les déplacements seraient réduits à des choses vraiment importantes, il n’y aurait plus besoins de remplir des avions entiers d’hommes d’affaires, les gens pourraient s’organiser entre eux pour se trouver à une portée de vélo de leur lieu d’occupation, et plus besoin de construire des tas de voitures, ni même de téléphones et d’ordinateurs, il suffit de faire fonctionner tout ce qui a été mis au rebut pour équiper jusqu’au plus lointain village d’Afrique.
La deuxième objection qui vient c’est "mais plus personne ne voudra travailler" !
Sous entendu, "moi, je vais me décarcasser alors que les autres ne foutront rien", entendu aussi à propos du revenu minimum universel.
Parce que, bien sur, les autres sont des paresseux finis !
Lorsque vous aurez réalisé que le fonctionnement des besoins de base ne vous prendra que 2 ou 3 heures par semaine, il faudra peut être mieux se demander, mais que vais-je faire de tout ce temps !
Utopie ?
En êtes-vous certains ?
Y avez-vous VRAIMENT réfléchi ?
Ce ne sont là que quelques fils que j’ai tirés, il faut continuer à dévider le tas de laine que les petits chats ont mélangé .
Juste pour relecture…
A un moment donné…
et
Je l’ai vécu avec….
à corriger.
Déjà le prix de l’eau, bientôt le prix de l’air.
Le prix du temps d’une vie : la rente ultime des petits boutiquiers. C’est ça qu’ils nous vendrons quand nous aurons épuisé tout le reste.
Nous sommes la toute dernière marchandise. Après nous il n’y a plus rien à vendre mais ils s’en foutent.
Il doit faire beau à Rio, non ?
Déjà le prix de l’eau, bientôt le prix de l’air.
Le prix du temps d’une vie : la rente ultime des petits boutiquiers. C’est ça qu’ils nous vendrons quand nous aurons épuisé tout le reste.
Nous sommes la toute dernière marchandise. Après nous il n’y a plus rien à vendre mais ils s’en foutent.
Il doit faire beau à Rio, non ?
Beau texte, comme d’habitude. Très pertinent.
Je me permet tout de même une critique :
"Même le plus riche d’entre nous ne pourra jamais acheter des minutes pour les ajouter à ses heures."
C’est très angélique comme phrase, on a envie d’y croire, ça donne un peu d’égalité entre tout le monde.
Mais un riche, et ben il a quand même la possibilité d’avoir plus de temps que le commun du mortel, parce que a priori, quand on a quelques millions sur son compte, on a pas vraiment besoin d’aller se tuer à la chaine pour pouvoir manger et avoir un toit. Pas de temps a perdre à gagner sa vie puisque certain on déjà suffisamment pour plusieurs vies, ce qui permet d’avoir nettement plus de temps disponible pour les loisirs, la contemplation, les rencontres, les voyages etc…
Et oui, être riche c’est quand même octroyer du temps de travail aux autre pour pouvoir disposer du sien.
Beau texte, comme d’habitude. Très pertinent.
Je me permet tout de même une critique :
"Même le plus riche d’entre nous ne pourra jamais acheter des minutes pour les ajouter à ses heures."
C’est très angélique comme phrase, on a envie d’y croire, ça donne un peu d’égalité entre tout le monde.
Mais un riche, et ben il a quand même la possibilité d’avoir plus de temps que le commun du mortel, parce que a priori, quand on a quelques millions sur son compte, on a pas vraiment besoin d’aller se tuer à la chaine pour pouvoir manger et avoir un toit. Pas de temps a perdre à gagner sa vie puisque certain on déjà suffisamment pour plusieurs vies, ce qui permet d’avoir nettement plus de temps disponible pour les loisirs, la contemplation, les rencontres, les voyages etc…
Et oui, être riche c’est quand même octroyer du temps de travail aux autre pour pouvoir disposer du sien.
Les voitures d’aujourd’hui sont bien plus fiable qu’avant, parole de dépanneur….
Les voitures d’aujourd’hui sont bien plus fiable qu’avant, parole de dépanneur….
Ben ouais, mais justement, ces petits instants précieux, il faut se battre comme un chien juste pour avoir le temps de les vivre. Pas facile de vivre un pur moment d’émerveillement en regardant des gamins jouer quand on a passé la journée à se crever la rate en montant du placoplâtre…
Du coup, il faut se battre. En permanence. Trouver le juste milieu : celui qui te rapporte suffisamment de pognon pour être un minimum libre, sans dévorer tout ton cerveau et te détruire ta capacité d’émerveillement. Et ça, dans une société qui te vends du Travail et de la Carrière, alors qu’on le sait tous, très bien, nous autres jeûûnes, qu’on est condamnés à la précarité sauf pour une petite minorité d’élites.
Un des rares trucs qui me rends un peu d’espoir, c’est que je ne connaît PERSONNE de ma génération qui s’attende à trouver un boulot stable. On va tous galérer, et avec un peu de chance on va tous galérer tous ensemble, se refiler des tuyaux pour grappiller un peu de blé et ne pas oublier de boire des canons – tant pis si t’as la gueule de bois, de toute façon ton stage s’arrête dans trois semaines et ça sera reparti pour la galère.
Parfois, je rêve que ma génération soit celle qui, enfin, démolisse cette putain de "valeur travail", d’assignation d’une valeur aux individus par rapport à leur "carrière" et au pognon qu’elle produit. Plus de "projet de vie", plus de "plan de carrière", juste du "on verra bien".
Forcément, ça va se compliquer quand les gamins entreront dans l’équation…ça nous laisse une demi-douzaine d’années pour trouver une solution. Au boulot.
Ben ouais, mais justement, ces petits instants précieux, il faut se battre comme un chien juste pour avoir le temps de les vivre. Pas facile de vivre un pur moment d’émerveillement en regardant des gamins jouer quand on a passé la journée à se crever la rate en montant du placoplâtre…
Du coup, il faut se battre. En permanence. Trouver le juste milieu : celui qui te rapporte suffisamment de pognon pour être un minimum libre, sans dévorer tout ton cerveau et te détruire ta capacité d’émerveillement. Et ça, dans une société qui te vends du Travail et de la Carrière, alors qu’on le sait tous, très bien, nous autres jeûûnes, qu’on est condamnés à la précarité sauf pour une petite minorité d’élites.
Un des rares trucs qui me rends un peu d’espoir, c’est que je ne connaît PERSONNE de ma génération qui s’attende à trouver un boulot stable. On va tous galérer, et avec un peu de chance on va tous galérer tous ensemble, se refiler des tuyaux pour grappiller un peu de blé et ne pas oublier de boire des canons – tant pis si t’as la gueule de bois, de toute façon ton stage s’arrête dans trois semaines et ça sera reparti pour la galère.
Parfois, je rêve que ma génération soit celle qui, enfin, démolisse cette putain de "valeur travail", d’assignation d’une valeur aux individus par rapport à leur "carrière" et au pognon qu’elle produit. Plus de "projet de vie", plus de "plan de carrière", juste du "on verra bien".
Forcément, ça va se compliquer quand les gamins entreront dans l’équation…ça nous laisse une demi-douzaine d’années pour trouver une solution. Au boulot.
2. Le samedi 23 juin 2012, 10:04 par berenice
Un monde sans argent, et sans contrainte, tel que vous le décrivez est techniquement possible, sans le moindre doute. Il pourrait même être envisageable à une échelle faible,sur un groupe de 10 à 100 personnes. Pour le reste, deux soucis fondamentaux se posent. Aider son prochain implique pour l’immense majorité des êtres humains, de connaitre cet autre. Si certains font des dons, s’impliquent dans des associations caritatives, il faut reconnaitre qu’ils consitituent des exceptions, pas la norme. La plupart, dont moi, je le reconnais avec une immense honte, se fout comme de l’an 40 du simple clodo qu’il croise tous les matins en allant au boulot et pourrait bien le voir crever sans avoir l’idée de téléphonjer pour lui envoyer une ambulance. J’exagère ? oui, si on veut, mais est-ce bien sur ? Combien d’entre vous, qui lisent ce blog, ont dit une fois un clodo (pardon, un SDF) croisé en bas de leur immeuble "tiens, ce soir, je fais un lapin à la moutarde, et mon appart est chauffé. Si tu veux, tu viens bouffer à la maison, tu pourras en profiter pour prendre une douche et laver tes fringues, si ça te dit." ? Combien ? levez le doigt ! Mouais, marrant, je vois pas beaucoup de doigts levés. Pourtant, c’est pas très difficile, et pas très couteux, si on y pense.
D’autre part, un tel monde n’est possible que si personne, dans ce monde, ne ressent le besoin, l’envie, de dominer, dêtre au dessus des autres. Pour cela, il faudrait carrément changer la nature humaine. Les sarkozy, ivres de pouvoir, qui ne concoivent pas l’existence sans qu’elle consiste à avoir les autres dans le creux de sa main, qui sont persuadés que leur vie et leur confort vaut largement le fait que des dizaines d’autres meurent pour qu’ils puissent les obtenir, qui sont simplement incapables de se dire "j’ai assez, le reste pour les autres", ces sarkozy, à tous les niveaux (chef d’état ou simple contremaitre), sont légions. Et tant que des gens comme ça existeront, soyons clair, un monde d’échanges, d’amitié, d’entraide n’aura pas le début du commencement d’un soupcon de chance d’exister.
Pessimiste ? Ben oui, malheureusement j’ai des yeux.
4. Le samedi 23 juin 2012, 13:52 par Patrick
"Déjà le prix de l’eau"
A ce sujet, et pour les rares qui ne l’auraient pas déjà vue. Il faut absolument prendre connaissance de l’interview d’un des responsables de l’entreprise nestlé à ce sujet. Elle se trouve à la fin du film documentaire "We feed the world", disponible gratuitement sur internet. Attention cependant, c’est du très lourd et il est préférable de prendre des anti vomitifs en prévention, car la nausée arrive à une vitesse et avec une force impressionnante.
5. Le samedi 23 juin 2012, 18:01 par denis
Entièrement d’accord avec toi sur ce point. Même si être riche ne permet pas d’acheter plus de temps (quoi que même ça, ça pourrait se critiquer), cela permet à coup sur de pouvoir disposer de son temps à sa guise. Le seul truc, cf. ma réponse à berenice, c’est que la plupart des riches, pour ne pa dire tous, n’en n’ont jamais assez et travaillent d’arrache pied pour en avoir toujours plus. Ce qui prouve une chose, formellement : être riche n’empêche pas d’être un imbécile, bien au contraire.
Ça me fait penser à Richard III, de Shakespeare, avec le fameux « Un cheval ! Un cheval ! Mon royaume pour un cheval ! »
Heu… j’y ai cru moi aussi au mythe du temps.
J’habite dans un pays de l’Est, plus précisément en Roumanie. Il m’arrive souvent de sortir de Bucarest pour aller dans la campagne.
La Transylvanie est encore très peu industrialisée. Donc en pleine campagne, on revient vite au mode de vie d’autrefois, disons d’avant l’industrialisation en France.
A première vue il y a une "gratuité" presque totale de la vie. On prend l’eau au puits, tout le monde a son jardin et ses arbres fruitiers, on fait de la cueillette dans les bois, on fabrique son alcool, on élève poules et vaches, dans certains coins encore mais c’est rare, on tisse ses vêtements. On ne circule qu’à cheval ou en charrette.
Pour un urbain comme moi, la première stupéfaction a été de voir à quel point la nature "produit". Quelques poules, ce sont des oeufs tous les jours. Un pommier c’est 150 pots de compote…
Mais surtout, pour moi, l’étonnement et la destruction d’un mythe, ça a été de voir à quel point les gens travaillent dur tout le temps. Tout le temps c’est à dire presque autant que moi lorsque j’étais salarié en région parisienne et que je rêvais de cette vie.
– Faut s’occuper du jardin, labourer à cheval, déserber à la main, arroser avec l’eau du puits,
– Faucher pour le fourrage pour les bêtes,
– Ramasser, pommes, patates,, courgettes, ….
– S’occuper du cheval, transporter du bois, couper le bois…
Bref, une petite grand mère m’a dit un jour que dans ce contexte, celui dans lequel elle vit, elle aurait bien aimé faire plus de pauses pour se reposer, discuter un peu….
Merci pour vos mots, toujours. Que ça fait du bien à la tête de lire ça.
Que ça soulage aussi, de se sentir moins seul avec ce genre de pensées.
MERCI !
Oui, les riches ont une meilleure espérance de vie… en moyenne. Mais l’espèce de pandémie de cancers, Alzheimer et autres saloperies assez modernes qui nous touche a tendance à être très démocratique. Ce que les riches arrivent à faire, c’est à prolonger un peu leur vieillesse et éventuellement l’avoir un peu moins handicapée que celle des autres, mais au final, leurs heures ne sont pas plus longues que les nôtres.
"Même le plus riche d’entre nous ne pourra jamais acheter des minutes pour les ajouter à ses heures."
Pas si sûr, les pauvres ont de moins en moins accès aux soins. Les riche eux n’ont pas ce genre de problème… Il n’y a qu’à regarder les dents par exemple.
Les riches peuvent vivre plus longtamps, il me semble ?
Petite correction dans l’avant dernier paragraphes :
"Cet état de grâce, je l’ai vécu avant d’autant plus de force, de puissance"
En :
Cet état de grâce, je l’ai vécu AVEC d’autant plus de force, de puissance
Non ?
Agnès :
"Qu’est-ce qui est vraiment important à mes yeux pour que j’y consacre du temps ?
…
nous consacrons le meilleur de nous-mêmes à amasser des colifichets qui n’ont que le prix de notre asservissement"
Les souvenirs et les désirs sont des miroirs sans fond propres à abuser nos ambitions comme le Chevalier aux Miroirs viole la quête d’identité suivie par Don Quichotte.
Rien n’est plus important à vivre que la totalité de l’instant tel qu’en lui-même, par nous-mêmes.
D’accord avec Smolski… (c’est mon commentaire #3) et il manque "un" pour ‘ à "un " moment donné’, juste avant.
"La vraie valeur des choses, c’est le prix que les gens sont prêts à payer pour les avoir."
Ouais, c’est la loi de l’offre et de la demande.
Ceci dit, ça pourrait se réécrire plutôt avec l’adjectif "comptable" plutôt que "vraie".
La valeur "comptable" des choses, c’est…
Et il y a une différence entre cette valeur, la valeur émotionnelle que tu peux projeter sur un objet, ou encore la valeur travail investie dans cet objet pour le fabriquer.
Non, ce qui déconne, c’est que cette valeur comptable a pris, dans l’imaginaire collectif, la place de toutes les autres.
C’est l’offre et la demande qui ajuste la valeur des prix, et on se fie au prix (en tant que demandeur) pour estimer la valeur de l’objet (ce qui d’ailleurs fausse la loi !).
Le truc, c’est que tu peux critiquer la loi de l’offre et de la demande autant que tu veux, c’est bien elle qui fixe les prix. Quand y’a pas de pain pour tout le monde, le prix du pain augmente, non pas que les boulangers soient tous des corrompus, mais que les clients donnent plus pour s’approprier ce qui risque de leur échapper.
Quand tu es un particulier, tu peux te permettre de vendre un truc "au rabais" ou "plus cher qu’à sa valeur de marché". (genre tu revends ta maison le prix que tu l’a achetée + le prix d’entretien qu’elle t’a coûté, c.à.d. 4x moins cher que le prix du marché si tu l’a achetée il y a 20 ans, ou une sculpture que t’a faite aux prix du nombre d’heures de travail que tu as passées dessus alors qu’elle est franchement moche)
Mais quand tu es commerçant, tu ne peux tout simplement pas, puisque tu vis des marges que tu fais entre prix d’achat et prix de revente. Or, c’est les commerçants qui assurent la "distribution" des biens…
Bref, il faut arrêter de penser que le prix représente la "vraie" valeur des choses…
Et pour répondre à la deuxième partie (de manière un peu provocante, j’admets), rappelons le dicton:
"le temps, c’est de l’argent" !
Le prix des choses n’est pas rationnel. L’économie n’a rien de rationnel : elle repose sur des croyances, comme celle de la croissance infinie ou celle, encore plus conne, que de la somme des égoïsmes individuels naîtra l’intérêt commun.
J’ai croisé, il y a quelques années, un responsable marketing d’une ex grande marque de matériel HiFi dans une soirée. À l’époque, j’étais nettement moins politisée qu’actuellement et j’étais très loin d’avoir attaquer ma critique du capitalisme. je trouvais cool les gadgets modernes et n’avaient aucune idée de leur impact social ou environnemental. Tout ça pour dire que c’est le gars qui a lancé la conversation. Lui, il était franchement blasé de nos conneries technophiles, d’autant plus qu’il était au cœur de la machine à nous faire désirer des trucs inutiles et à créer un consensus économique faussé quant à la valeur des choses.
Il nous a expliqué que grosso merdo, une TV cathodique, quelle que soit sa taille, sa sophistication et tout ça, ça ne coûtait réellement que 100 ou 200 FRF. Ouais, on était encore en Francs. Dans ce prix, il comprenait tout : les matières premières, le salaires ridicules des Chinois qui bossaient déjà à la chaîne à la place des ouvriers français que sa boîte dégraissait par tous les moyens, les frais de transport, les frais de pub, ceux de mise en place et une petite marge pour le distributeur. À ce prix-là, tout le monde faisait du profit. Mais voilà, son job était de créer cette croyance irrationnelle qu’une bonne télé, ça vaut 20 ou 30 fois ce prix. Du coup, tout le monde se gavait, sauf le pauvre con qui devait raquer un mois de salaire pour un truc qui ne valait qu’un seul jour d’efforts.
"En fait, on mettrait en vente les TV à leur vrai prix que personne n’en voudrait, pensant que ce serait louche. "
Tout à fait.
Le pire est que cela s’applique autant dans la nourriture bio par exemple.
J’ai travaillé avec des producteurs/vendeurs qui me l’expliquaient, augmentant sciemment leurs marges sinon leur clientèle diminuait.
On peut croire que c’est un système de pensée permettant de se placer dans l’élitisme social, que la connerie d’acheter au plus cher de ses possibilités ne vient pas d’ailleurs qu’en nous et qu’ainsi, le marchandisage dénoncé ici ne crée pas de marge frauduleuse mais qu’il suit un système préexistant en chacun dans sa définition de lui-même par rapport à autrui.
@agnes
Sauf ton respect sur la maladie égalitaire, c’est tout juste faux. Combien de "riches" ne mangent pas en low-cost, ne boivent pas d’eau du robinet (traitée sel d’aluminium), ont un primeur qui achète des bons légumes pas traités avec de la saloperie. Et bien ca fait une vrai différence. Et je ne parle même pas de se soigner et laisser traîner des affections qui mettent une petite pierre dans l’édifice de nos grandes maladies.
Alors oui, il y a des gens qui gagnent 2500 euros et qui sont "comme nous", mais est-ce vraiment eux qui sont riche ? est-ce vraiment eux qui prennent "notre" part du gâteau ?
Je crois que la vrai victoire des "riches" c’est de nous avoir vendu des ennemis parmi nous. Mais c’est le propre du crétin de détester son voisin parce que son jardin est 15% plus grand que le sien.
Moi je suis devenu très pessimiste et je ne vois le salut qu’en "petite communauté" d’entraide et de partage, un micro-monde plus ou moins indépendant. Mais je ne me fais pas de soucis cet état aux ordres des "riches" aura toujours les moyens d’y mettre fin dès que ca deviendra génant, il y a tout plein de moyens, sectes et terroristes sont des termes qui endorment le bon peuple d’abrutis et permettent de ne pas être assujettis aux mêmes lois que les autres.
Notre système de valeur qui nous pousse à penser qu’il faut acheter une télé 30 fois son prix réel est très soigneusement entretenu par ceux qui nous vendent ces objets :
À titre d’exemple, c’est comparable au budget de l’enseignement public du second degré la même année : 29,435 milliards d’euros.
"Notre système de valeur qui nous pousse à penser"
D’accord, néanmoins, il reste en chacun de nous la part de libre arbitre à utiliser sous notre responsabilité individuelle.
Je crois que la tendance naturelle est à la paresse et à l’économie de moyens pour vivre. C’est là que me paraît résider l’essentiel des problèmes conduisant à l’acceptation et à la perpétuation d’un système sociale contraire à toute logique.
Il est probable que la diffusion d’une contre-culture vers un système de partage, notamment via internet, permet une évolution plus étendue et plus responsable en chacun devant les faits catastrophiques qui se dessinent pour tous dans le monde entier aujourd’hui.
On peut constater que la Toile véhicule dans son fratras un nouveau type de pensée autorisant chacun à recevoir et à offrir librement un peu plus de lumières pour tous.
Dont ce blog (parmis beaucoup d’autres plus ou moins interconnectés) par exemple.
La lutte ouverte des pouvoirs en place pour contrarier cette liberté accrue vers la responsabilité individuelle donne à penser que ce courant libertaire se met bien en place contre eux et par devers eux, justement.
Parce que la photo. Parce que je l’ai prise pour sa portée symbolique. Parce ce que c’est très exactement ce que je ressens.
Tout à fait d’accord, Agnès, la loi de l’offre et de la demande est faussée…
Par la publicité, par l’illusion que la valeur d’un objet est représentée par son prix…
Ta "belle ouvrage", ta montre centenaire, tu la mets en vente 10 000 € sur internet, t’as plus de chances de la vendre que si t’essaies de la donner (ou de la vendre à un prix raisonnable). Ou alors tu la revends au prix du métal au bijoutier.
A titre d’exemple, j’avais une marquise qui encadrait la porte d’entrée de ma maison. Je devais l’enlever pour faire des travaux. Ca m’aurait coûté de l’enlever et de l’emmener à la déchetterie. Je l’ai mise en vente 800€ sur internet (sans y croire, après avoir jeté un oeil aux prix de trucs équivalents) , elle est parie pour 600€, et le gars est venu me l’enlever super proprement (ceci dit, c’était un truc sur mesure et ça correspondait exactement à ce que mon acheteur cherchait. Tant mieux pour lui).
Bref, le prix d’un objet est déterminé par la loi de l’offre et de la demande, ce qui déjà déconnecte la valeur de l’objet de son prix, et cette même loi détermine tout sauf des prix rationnels. Simplement parce que la demande est elle même faussée par le prix (pour deux objets équivalents, on fait plus confiance qualitativement au plus cher des deux)…
C’est le serpent qui se mord la queue…
A ce tarif, les prix enflent au grand bonheur des industriels et au détriment des consommateurs consentants, jusqu’à trouver un point d’équilibre qui ne représente rien. Un bel exemple en la matière est le prix du matos informatique…
Maintenant, On peut jouer les économistes, analyser le mécanisme, le modéliser, le critiquer, mais le défaut est intrinsèque à la monnaie. Dès lors qu’on a recours à la monnaie pour échanger les biens, on retombe dans ces travers, justement parce qu’on croit naïvement que la valeur de quelque chose est représentée par son prix (et que c’est le vendeur qui fixe le prix, le client n’ayant le pouvoir que d’acheter de refuser ou de marchander, le marchandage n’étant culturellement pas très bien vu).
Et pour l’instant, je ne vois pas comment, à 7 milliards d’êtres humains, on pourrait vivre sans monnaie.
Ceci dit, comprendre le mécanisme, refuser d’être dupe et communiquer sur le sujet peut permettre de mieux nous armer collectivement contre les débordements.
On peut aussi dénoncer la société de consommation, mais il nous faut une alternative crédible…
Question, Agnès, pourquoi ce titre : " L’infinie solitude du maître nageur un jour de pluie " ?
THE CAPITAL-IS-ME !
untodeath.com
"Même le plus riche d’entre nous ne pourra jamais acheter des minutes pour les ajouter à ses heures."
Au contraire, les riches savent comment gagner du temps en achetant pour quelques pennies celui des autres. Le temps est notre seule réelle richesse mais cette richesse a un prix que n’importe quel économiste sera capable d’évaluer. Ne dit-on pas encore de nos jours que le temps, c’est de l’argent ? Huit heures de travail au salaire minimum valent donc à peine de quoi survivre (loi d’Airain oblige) mais la vie d’un homme a aussi son prix qu’un assureur peut lui aussi évaluer. Nous sommes encore des primitifs, en tous cas le capitalisme nous fait plutôt régresser
qu’évoluer.
Quelques citations que je trouve intéressantes.
« C’est la personne humaine, libre et créatrice qui façonne le beau et le sublime, alors que les masses restent entraînées dans une ronde infernale d’imbécillité et d’abrutissement. »
« La possession de merveilleux moyens de production n’a pas apporté la liberté, mais le souci et la famine. »
Albert Einstein.
Quand le dernier arbre aura été abattu – Quand la dernière rivière aura été empoisonnée – Quand le dernier poisson aura été péché – Alors on saura que l’argent ne se mange pas.
Citations de Geronimo
"Même le plus riche d’entre nous ne pourra jamais acheter des minutes pour les ajouter à ses heures."
Au contraire, les riches savent comment gagner du temps en achetant pour quelques pennies celui des autres. Le temps est notre seule réelle richesse mais cette richesse a un prix que n’importe quel économiste sera capable d’évaluer. Ne dit-on pas encore de nos jours que le temps, c’est de l’argent ? Huit heures de travail au salaire minimum valent donc à peine de quoi survivre (loi d’Airain oblige) mais la vie d’un homme a aussi son prix qu’un assureur peut lui aussi évaluer. Nous sommes encore des primitifs, en tous cas le capitalisme nous fait plutôt régresser
qu’évoluer.
Quelques citations que je trouve intéressantes.
« C’est la personne humaine, libre et créatrice qui façonne le beau et le sublime, alors que les masses restent entraînées dans une ronde infernale d’imbécillité et d’abrutissement. »
« La possession de merveilleux moyens de production n’a pas apporté la liberté, mais le souci et la famine. »
Albert Einstein.
Quand le dernier arbre aura été abattu – Quand la dernière rivière aura été empoisonnée – Quand le dernier poisson aura été péché – Alors on saura que l’argent ne se mange pas.
Citations de Geronimo
« La possession de merveilleux moyens de production n’a pas apporté la liberté, mais le souci et la famine. »
On peut effectivement constater mondialement que dans le système social d’échange actuel « l’esclavage pour dette » est le fruit naturel de nos technologies les plus avancées.
« La possession de merveilleux moyens de production n’a pas apporté la liberté, mais le souci et la famine. »
On peut effectivement constater mondialement que dans le système social d’échange actuel « l’esclavage pour dette » est le fruit naturel de nos technologies les plus avancées.