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Ne ressentez-vous pas, vous aussi, avec quelle extrême complaisance morbide notre société se vautre dans le catastrophisme le plus poisseux ?


Je suis blasée...Pas un jour sans une mauvaise nouvelle. Certes, c’est un peu le pain quotidien du brouhaha médiatique, tant il vrai que le bonheur n’a jamais fait vendre ce papier qui salit les doigts sans jamais magnifier les esprits. Mais voilà qu’on en fait des caisses dans le pessimisme le plus noir, le plus profond, le plus désespéré possible et que l’on se repaît sans cesse des images les plus tragiques et des histoires les plus apocalyptiques avec une sorte de compulsion malsaine. Ce ne sont plus des informations, des faits, des données, mais une procession ininterrompue de pénitents qui s’autoflagellent jusqu’à ce que toute la noirceur de leurs pensées égoïstes suinte de cet écorché qu’ils ont à montrer au reste du monde.

C’est la fin, vous dit-on, c’est la fin !

La fin d’un monde de jouissances sans limites, la fin d’une société qui se célèbre comme stade ultime de l’humanité pensante et industrieuse. Regardez comme ils se repaissent en boucle de ce naufrage, métaphore inespérée de toutes leurs autres résignations. À croire que dans un éclair de lucidité folle, le capitaine a voulu offrir à un modèle à la dérive l’image parfaite de la bête agonisante, couchée sur son flanc béant. Et pourtant, derrière cette appétence malsaine pour le pire-disant, on sent bien l’inéluctable constriction de la cosmologie contemporaine autour du nombril de ses thuriféraires. Quand le transatlantique élégant s’embrochait vivement sur l’iceberg terminal, le paquebot ventru des croisières organisées à la petite semaine se vautre lamentablement sur l’éperon timide d’une mer presque intérieure. Il y a un contentement non dissimulé dans la litanie des catastrophes incommensurables ou fantasmées qui égrènent le compte à rebours de l’effondrement final.

Passé la sidération naturelle née de cette massive communication de crise, j’en viens à m’interroger sur la source de cette compulsion fataliste irrépressible. Et je ressens soudain toute la satisfaction narcissique d’une génération qui, par la loi du nombre, a estimé être la seule à peser réellement sur le destin de l’espèce, une génération qui se gausse des révoltes actuelles tant elle se pense détentrice à jamais de l’élan contestataire fossilisé dans l’imaginaire soixantuitard qui accoucha pourtant de la civilisation la plus brutale, égoïste et ravageuse de par son inconscience, son refus de se projeter au-delà de son propre espace-temps, de sa propre durée, de ses seuls désirs et besoins. Le jouir sans entraves est devenu le consommer sans conscience, le posséder sans partage, l’individualisme le plus mortifère élevé au rang de modèle du progrès social et humain à jamais indépassable. Et maintenant qu’ils touchent du doigt leur propre achèvement, les voilà ulcérés par la nouvelle leur mortalité, eux qui ont toujours vécu comme si après eux, ce serait la fin du monde.

En fait de crise, de catastrophe, de sueur, de sang et de larmes chaque jour offerts à nous comme seul héritage de cette cohorte qui s’est autoproclamée glorieuse, il ne s’agit que d’un nécessaire retour de balancier, un réajustement qui ne serait pas si douloureux si les égotismes autocélébrés comme seule condition humaine possible voulaient bien nous lâcher la grappe… et la rampe par la même occasion. Ils ne veulent même pas que nous nous lamentions sur leurs mausolées indécents, ils exigent de nous que nous nous immolions dans leur tombe qu’ils refusent d’avoir aussi froide et sombre que celle de tous les autres. Ils ont, en leurs derniers instants, des compulsions pharaoniques pour un grand suicide narcissique.

Que le monde leur semble cruel au moment où il devient évident qu’il ne supportera guère plus longtemps de porter le fardeau de leur inconséquence ! Qu’il leur semble injuste de devoir procéder à quelques menus arbitrages dans la palette des plaisirs terrestres qu’ils se sont octroyés, alors que leur descendance est priée de régler dans la peine et l’abnégation, la note de frais qu’ils laissent derrière eux.

D’où cette fascination obscène pour les signes qui annoncent infailliblement que cette Terre qu’ils vont bientôt devoir quitter ne tournera plus rond sans eux. D’où ces images de mort, de fin, d’effondrement, de naufrage, qui tournent en boucle dans les regards à facettes d’un monde d’écrans, un monde de peur, un monde de petits vieux égoïstes et brutaux.

58 Commentaires

  1. Salut, premier commentaire, nombreuses visites. Pour une gonzesse, t’assures… gniark, gniark, je sens la volée de bois vert… bon, plus sérieusement, je suis absolument d’accord avec toi, rien à ajouter. Et c’est lyrique, lucide, un poil situ (post-situ)… raaaaahh lovely. Bise.

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  2. On vit une époque qui manque définitivement d’élégance. Au moins le Titanic eut il la décence de disparaitre dans les grands fonds. Et les boursicoteurs de se suicider.

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  3. salut,
    je suis ton blog avec intérêt depuis un petit bout de temps. mais ce post, c’est "Emile dans le mille, Mimile".
    le diagnostic de toute ma vie d’employé de mairie :
    ** "je paie mes impôts" c’est d’ailleurs ton devoir, citoyen, c’est de la solidarité que tu paies, pas une prestation, con-citoyen
    ** "je connais le maire" moi aussi et c’est mon boss, con-citoyen, et si tu savais ce qu’il pense des cons-citoyen comme toi…
    ** "c’était mieux avant" quand avant ? quand on vivait dans des grottes ou lorsque, toi, tu as eu le droit de construire ton pavillon copié-collé en dernier, en limite des champs de maïs pour cochon ?
    ils vieillissent très très mal la fin de leurs "glorieuses" (je vois pas où est la gloire de nous avoir savonné la planche pendant leurs 30)
    bref. merci pour cette synthèse.

    le confort est la mère de tous les vices !!!

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  4. "l’imaginaire soixantuitard qui accoucha pourtant de la civilisation la plus brutale, égoïste et ravageuse"

    L’imaginaire soixante-huitard, vraiment? Nous imaginions pourtant, je t’assure, tout autre chose, un monde généreux et libre, pas de jouir (jouir sans entraves était un truc de machos dragueurs) mais de vivre, de penser, d’aimer. Nous avons été, partiellement, vaincus, de la manière la plus malhonnête qui soit, par des élections, la plupart d’entre nous étaient trop jeunes pour voter, et les dés pipés. Vaincus partiellement, car une flamme est restée dans nos esprits, quelques braises seulement parfois, puis est passée dans ceux de nos enfants qui l’accommodent à leur manière.

    Que quelques arrivistes parmi les petits chefs que les médias nous avaient désignés, les plus photogéniques bien sûr, que ces quelques arrivistes soient finalement arrivés n’autorise pas à parler de toute une génération comme si elle était homogène.

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  5. Ca c’est sûr c’était mieux avant, mais quand ?

    Le Titanic c’est plus classe, 1500 morts.

    Concordia, 11 morts, petit joueur, le nombre de morts un jour d’été orageux dans un canyon à côté de celui où j’étais.

    14-18 très beau score, 39-45 encore mieux, Attila, les romains, Mao, les cathares, Gengis Khan et puis la liste non exhaustive :

    http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A

    Sans compter les épidémies de peste ou de choléra.

    Ce monde est tellement horrible que plus de 6 milliards y sont en vie. Quelques bombes H et tout sera bien plus propre…

    "l’imaginaire soixantuitard qui accoucha pourtant de la civilisation la plus brutale"

    J’y avais pas pensé.

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  6. Chère Agnès, j’aime beaucoup ce que vous écrivez d’ordinaire, mais cette fois, je suis désolée mais j’entends un petit refrain, une ritournelle que remâchent les générations qui ont suivi celles nées pendant le baby boom et ayant en effet enclenché les évènements de 68. Appeler la génération du baby boom les soixante-huitards est une erreur vu qu’une poignée seulement s’est agitée dans les rues de Paris, pendant que la majorité écarquillait les yeux au spectacle de ces jeunes débraillés. Ensuite s’est enclenchée une longue, très longue partie de bras de fer entre les conservateurs et ceux qui voulaient "changer le monde" et qui se sont inscrits dans divers mouvements sociaux mais ont échoué à faire capituler le capital, eh oui! Ce ne sont pas les soixante huitards qui ont accouché d’un imaginaire brutal, c’est la contre révolution ultra libérale des Chicago boys, ne pas se tromper d’ennemi. Les 68ards ont bon an mal an été les initiateurs du droit des femmes et des enfants à ne pas se faire torgnoler, de l’augmentation du temps libre et du plaisir des fêtes, de la protection de l’environnement etc. Je suis d’accord que ces sempiternelles prophéties d’apocalypse sont insupportables mais elles sont proférées par ceux qui ont intérêt à la glaciation des énergies et les vieux "bobos" n’y gagnent rien, si ce n’est d’être eux-mêmes pris dans le désespoir. Ce n’est pas en versant les vieux par dessus bord qu’on apurera la dette, mais en asphyxiant les 1% qui se gavent au détriment des autres. Et croyez moi, ceux-là n’étaient pas sur les barricades ni dans les sit in contre la guerre du Vietnam.

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  7. "l’imaginaire soixantuitard qui accoucha pourtant de la civilisation la plus brutale, égoïste et ravageuse"

    Quelqu’un qui en parle bien mieux que je ne pourrais le faire, de l’imaginaire soixantuitard, et dans un très beau texte…

    Christian Laval : Insistance de 68
    http://www.pauljorion.com/blog/?p=3

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  8. M’est avis que se repaître de mauvaises nouvelles, c’est se sentir "chanceux". Et permettre à une politique d’exercer sa brutalité sous couvert de protection. Pendant que nous nous occupons à croire que le franc c’était mieux , que le triple A est le symptôme d’une lèpre nouvelle, et pire, alors que nous croyons que la protection sociale est un luxe (inaccessible sans euro, sans franc, sans tripla !) comment lutter, pourquoi lutter ? On en a, de la chance, on n’est pas Grecs.
    Chanceux, vous dis-je, chanceux. Et pendant ce temps, les porcs se gobergent.

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  9. Dans le style hoax, on trouve ça, tout aussi drôle :
    http://www.hoaxbuster.com/forum/aim

    Mort aux aimants, mort aux frigos, mort à tous…viva la muerte.

    Mouarhaha.

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  10. "si les égotismes autocélébrés… voulaient bien nous lâcher la grappe"
    (c’est vrai que tu écris bien 😉 )

    Réponse
  11. Je suis presque complètement d’accord avec ce texte. Juste un truc (même si je n’étais pas né en 68) : pour moi, ce qui nous ont conduit là où nous en sommes, c’est ceux qui était contre Mai 68, contre le Front Populaire, qui ont toujours été contre le progrès social.

    Réponse
  12. Comme Zoé, je pense qu’il ne faut pas se leurrer, ce ne sont pas les 68ards qui ont fait ce monde d’égoïsme et d’exploitation. J’aime bien généralement ce que tu écris, mais là non.
    Ce n’est pas retour de balancier que nous vivons mais le résultat d’une politique de réaction. Ne pas se tromper de cible.

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  13. Avant le mouvement 68, le carquant était celui que l’on subi aujourd’hui, voire pire.
    Les revendications furent ceux de la désincarcération sociale, les richesses équitables, la fin des guerres fratricides, le temps alloué à la vie…
    Il n’y a rien là-dedans que nous n’ayons partiellement obtenu et qui n’aie depuis été combattu par le capital jusqu’à la peau de chagrin congrue que nous subissons de nouveau aujourd’hui.
    Ne nous trompons pas, là c’est le retour à avant-hier et non la conséquence…

    « Il est interdit d’interdire. »

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  14. Lao Tseu l’a dit : il est inutile de combattre son ennemi : il suffit de s’assoir au bord de la rivière et d’ettendre de voir passer son cadavre.

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  15. Merci, Zoë Lucider, tu as bien précisé ce que je ressentais sans savoir comment le dire, blessée surtout que j’étais.

    Plein de mes anciens copains sont restés des militants de base, se battant aussi sur leurs lieux de travail pour changer la manière de travailler et pas seulement leurs salaires. Nous, étudiants, n’étions pas si égoïstes, nous refusions de montrer nos cartes au resto-U par solidarité avec les jeunes ouvriers de la résidence d’à côté qui auraient été refoulés si on avait accepté ce contrôle, la révolte de Nanterre est partie du spectacle des bidonvilles proches de la fac.

    Nous n’étions pas si nombreux pourtant, dès qu’il a été certain que les examens n’auraient pas lieu en juin les facs et les cités universitaires se sont vidées, ne restaient que les militants. Mais nous avons impulsé, par la suite, un état d’esprit, une résistance à une société moisie et hargneuse, bien plus égoïste que celle d’aujourd’hui, bien plus dure aussi. Les bourses qui arrivaient en mars après que certains d’entre nous avaient dû abandonner, l’assistante sociale qui disait "quand on n’a pas d’argent on ne commence pas des études" ou qui vous faisait virer (sur ordre) de votre chambre parce que vous aviez ramené votre gueule, les copines qui bouffaient "au rab" pour ne pas dépenser le prix d’un ticket pourtant minime, les chambres que la direction se donnait le droit de fouiller au moindre prétexte.

    Si les luttes féministes se sont déclenchées plus tard, elles étaient bien présentes sous forme de prise de conscience dès avant 68, et d’ailleurs ce sont des soixante-huitards qui ont mené les luttes pour l’IVG, on parle toujours de Simone Veil, elle n’a fait que réagir à une situation qu’elle ne contrôlait plus, les avortements "Karmann" avaient lieu dans une illégalité assumée et revendiquée, on ne pouvait plus les empêcher.

    Nous avons oublié tout ça, ce que nous avons conquis alors est devenu naturel.

    Bah, je mets tout ça dans le désordre et la confusion, j’en oublie les trois quarts, le Vietnam, Lip, les paysans, les "établis" en usine, ceux qui ont fait "inspecteur du travail" genre Filoche… Allez donc voir "Tous au Larzac", même s’il ne s’agit que d’un combat parmi d’autres, vous comprendrez mieux l’état d’esprit issu de mai 68. En plus, le film est excellent sur le plan formel, pas ennuyeux du tout, une vraie fraîcheur, et quelques indications, peut être, à prendre au passage sur la manière d’unifier ce qui paraît hétéroclite.

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  16. J’ai bien aimé comme globalement tous les papiers postés car souvent révélateurs. Celui-ci l’est d’autant plus qu’il entraine des réactions du type de celle de Zoé qui de mon point de vue viennent donner résonnance au texte du monolecte.
    Attention aux discours du type : "ben non, nous on est 68trd, on était bien, les droits de femmes, l’écologie et compagnie c’est nous, c’est pas nous les méchants, c’est un truc invisible qui s’appelle la contre révolution ultra libérale". Bonne façon de se dédouaner de toute responsabilité mais le monolecte a malheureusement raison : nous sommes les responsables de cette m@#$*%, pas des pseudos-fantômes ourdissant je ne sais quoi je ne sais où. Quand on prend notre café le matin, café qu’on a volé à d’autres qu’on laisse crever, c’est pas la faute à l’ultra libéralisme, c’est parce que nous n’en avons rien à foutre de la provenance, et c’est encore mieux s’il est bio…
    J’ai beau tourner et retourner, … c’est le monolecte qui a raison, c’est bien nous les responsables de cette m@#$%*.

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  17. Avec la disparition rapide des abeilles, l’humanité toute entière va disparaître………compte à rebour enclenché..
    Alors il ne nous restera que nos yeux pour pleurer, car toute source de nourriture aura disparue.

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  18. les soixantehuitards étaient une poignée, et s’il est vrai que quelques uns se sont ensuite laissés acheter par le grand Kapital (principalement des artistes, c’est bien l’art mais ça ne nourrit pas, du coup on est faible…ou des fils de rattrapés par une famille qu’ils n’ont pas su renier, la révolte du pauvre petit bobo s’arrête où le péril de son héritage commence)….
    les petits vieux salopards égoïstes qui arnaquent jusqu’à leurs propres enfants et à qui on doit la merde ne sont que des usurpateurs qui se prétendent de l’idéologie de mai 68 sans y avoir jamais participé ni de près ni de loin, heureux qu’ils étaient, ces lâches-nés, de simplement échapper à leurs examens et de profiter des quelques ouvertures sociales que les barricades leur apportaient à moindres frais.

    je vois pas comment on peut se prétendre rattaché de près ou de loin à 68 quand on est devenu fonctionnaire ou patron, le tout en laissant crever ses gamins sous couvert de "je me suis débrouillé, ils n’ont qu’à faire pareil", et qu’on se barre en vacances costa pendant que ses mioches n’ont pas de quoi se loger décemment (merci à la divinité facétieuse pour le clin d’oeil de cette semaine, d’ailleurs), on ne parlera même pas de l’enfant qui n’est pas le leur et qui meurt de faim chaque minute pendant ce temps là.

    on est bien loin de quelque idéal de 68 quel qu’il soit et à des années lumières du courage de ses idéaux.

    je conchie l’immense majorité de la génération de mes parents, et le mépris que j’ai pour eux et leurs cons-générationnaires n’a d’égal que l’estime que je porte aux vrais libertaires qui eux ne se sont jamais fait acheter pas plus qu’ils n’ont vendu leurs gosses (d’ailleurs la plupart ont eu l’intelligence de ne pas en avoir) ou ceux de la Somalie. Ceux-là sont très, très rares, je me demande même si il en reste, en fait.

    Ils osent se dire des soixantehuitards, les fils des trente?
    C’est une honte.
    Ils osent se dire libertaires? ce ne sont que des hordes de votards stupides et endoctrinés par le pouvoir de leur carte bleue, ils ne méritent même pas l’alzheimer qui délivrera leurs consciences.

    N’adhérons pas à leurs délires. Ce serait comme dire que tous les français ont été résistants pendant la guerre, et dieu sait si mensonge-là est lui aussi tenace.
    C’est pas vrai mes salauds, c’est pas vrai! Je m’en fous de votre égo de salopards, vous avez été aussi soixantehuitards que vos parents ont été résistants!
    Collabos!

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  19. "Passé la sidération naturelle née de cette massive communication de crise, j’en viens à m’interroger sur la source de cette compulsion fataliste irrépressible."

    Ah, ben moi, j’en viens à m’interroger sur le sens de la phrase! "Compulsion fataliste irrépressible"? Tudieu!

    "Et je ressens soudain toute la satisfaction narcissique d’une génération qui, par la loi du nombre, a estimé être la seule à peser réellement sur le destin de l’espèce, une génération qui se gausse des révoltes actuelles tant elle se pense détentrice à jamais de l’élan contestataire fossilisé dans l’imaginaire soixantuitard qui accoucha pourtant de la civilisation la plus brutale, égoïste et ravageuse de par son inconscience, son refus de se projeter au-delà de son propre espace-temps, de sa propre durée, de ses seuls désirs et besoins."

    Hein? J’ai compris! ce blog est trop compliqué pour moi! Je retourne à "l’anthropologie structurale", bien plus facile à lire!

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  20. BONNNE ANNEE!

    Amitiés, Alberto

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  21. Ce qu’on reproche surtout aux 68ards, c’est de voter, et continuer à voter.

    Et surtout, d’avoir fini par voter Perben/Chirac en 2002 et Sarkozy en 2007, contre le peuple.

    Mais on s’en fout, bientôt, ils seront usagers du grand service public de la dépendance : et si on leur offrait un DVD de Fight Club ?

    Réponse
  22. Tiens ? Je ne m’attendais pas à ce que toi aussi tu tombes dans ce piège grossier.
    Haïr la génération d’avant c’est, comme haïr les juifs ou les immigrés, tomber dans le piège du bouc émissaire qu’"on" te propose de bastonner pour calmer ta rage ou ton angoisse. Et ce "on" se marre bien de voir que des ficelles aussi grosses fonctionnent toujours aussi bien.
    Imaginer que les soixante-huitards ont façonné le monde tel qu’il est aujourd’hui, c’est aussi idiot que de penser que le peuple a une responsabilité directe (autre que son apathie) dans la survenue et dans la gestion de notre débâcle civilisationnelle actuelle.
    Les maîtres du monde, hier comme aujourd’hui, sont ceux qui disposent des leviers financiers, toujours le même 1%. Et ils savent à merveille, jouer des tares et faiblesses de l’humanité, de sa crédulité, de sa cupidité et de son panurgisme.
    Un jour, quand nous serons collectivement un petit peu moins cons, il faudra trouver le moyen de les empêcher de nuire aux 99% restants. Mais honnêtement, je crois qu’ils ont encore beaucoup de temps devant eux.

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  23. Merci pour ces articles, toujours très pertinents et engagés… Et on sait touts au fond de nous que "chaque fin est le début d’un nouveau lendemain"…
    Peace 😉

    La rage des anciens

    Y’a pas à dire mon frère, tout est clair,
    Tout s’éclaire quand on partage de la lumière.
    L’heure est au choix,
    Ne le vois-tu pas?
    Ne laisse pas les anges déchus choisir pour toi.

    Il n’est pas question de religion,
    Seulement de sensations, de perceptions et d’imagination
    Pour construire cet avenir, qui s’exprime de la matière,
    Pour choisir et s’unir à la chanson de l’univers.
    On est tous des frères, l’intuition comme mère, la sagesse comme père,
    On est tous en colère, c’est l’invitation à briser les barrières, à changer de banière.

    Ne reste pas dans l’ombre, ne reste pas dans leur monde.
    Je t’en prie, ne te laisse pas piéger par eux,
    D’ici, nous voyons déjà les décombres des prétentieux.
    Rejoins la fronde métaphysique, la lutte magnétique, énergétique, pour une vraie libération.
    Regarde bien tous ces cyniques cathodiques, ces démons atypiques,
    Qui te manipulent par les ondes, qui te tiennent prisonnier dans leur tombe.
    Ils te vendent le chaos avec tous leurs artifices, leurs images, leurs chimères, qui justifient leur soif de fric.

    Mais dans l’indicible leur danse s’efface, se décompose, et explose face à trop de proses qui s’imposent et appellent au réveil planétaire.
    Prends la pose, arrête toi, l’esprit à l’écoute de ce que tu ne vois pas. Regarde la misère dans les yeux, ressens la souffrance dans les creux de ton ventre, pour que jaillisse de ton coeur la rage des anciens, la rage des lendemains.

    Écoute les arbres et le ciel gronder, partage leur sagesse, leur tristesse et imprègne toi de leur histoire, de notre histoire.
    Celle de la matière qui s’exprime, qui s’anime et demande de l’équilibre, celle de l’univers qui s’affine et s’imprime dans nos énigmes.

    L’heure est à la libération, il est temps de chanter vos propres histoires, chacun est le centre de l’univers, c’est écrit dans nos mémoires.
    Réveillez-vous, rappelez-vous à la matière, rappelez-vous à l’univers, jusqu’à ce que résonnent les mots, les énergies, qu’il n’y ait plus qu’un seul flow menant à l’infini.

    ML (2010)

    Réponse
  24. à un détail près Poutchino : les 68ards ont ceci de particulier qu’ils dirigent.

    Ce qui, vous en conviendrez, les distingue des roumains et autres islamistes.

    Réponse
  25. Bonjour,
    Au titre je pensais que vous alliez parler de moi, de mes parents voire de mes grands parents . Malheureusement ce ne fut point le cas : n’étant ni d’origine capitalistique , n’ayant pas fait de détours par le soixantardisme et n’étant pas consumo-addicts .
    Sans être sociologue je penche pour que ceux là representent environ les 1%.
    Notre famille serait plutôt des 99%.
    Et pourtant . J’ai du mal à admettre que nous n’ayons aucune responsabilité : n’avons nous point voté ? N’avons nous point pris l’avion et la voiture ? N’avons nous point consommé des produits écolo-socialement indignes ? ……….
    Certains commentaires se gobergent de cette stigmatisation en oubliant la proverbiale poutre – paille.
    Les "ras-le-bol", colères, ressentiments sont nombreux face à cette "crise" mais ils pointent surtout sur le fait que la "croissance" risque de ne plus exister : fini les autos, les plats préparés, les tourniquettes à faire la vinaigrette et surtout : les écorches poulets .
    En gros : on a bien foiré sur ce coup là . Ferons nous mieux la prochaine ?

    Réponse
  26. Madame Maillard,
    Toujours ravi de vous lire, j’appréciais et partageais jusqu’ici la plupart de vos réflexions, voire de vos salutaires provocations. Alors pourquoi ne pas avoir définitivement cessé vos livraisons monolectiennes comme vous vous y étiez récemment engagée au lieu de vous fourvoyer dans la vindicte anti-soixante-huitarde ? Cela nous aurait évité ce présent dérapage sarkozyien de liquidation de mai 68, source selon vous (selon Sarko et sa clique du Fouquet’s), de tous nos maux actuels.
    Des slogans scandés en ce merveilleux printemps, vous n’avez retenu que le "Jouir sans entraves" (c’est le verbe jouir qui vous gêne ? ou bien la suite du slogan "vivez sans temps morts, baisez sans carotte" ? ).
    Vous auriez pu choisir et commenter "Consommez plus, vous vivrez moins" ou encore "Vous finirez tous par crever du confort".
    Pour ma part, j’aurai plutôt tendance à vous proposer celui-ci : "Avant donc que d’écrire, apprenez à penser".
    Et à tous les actuels donneurs de leçons qui rêvent d’un grand soir sans agir autrement qu’en stigmatisent les babyboomers, les syndicats, la gauche (la vraie), etc. : "Mieux vaux soixante-huitard que jamais !"

    Réponse
  27. @ Frasse

    Les soixante-huitards dirigent ? ?

    Vous confondez les soixante-huitards et la génération des soixante-huitards. Malgré le feu d’artifice de mai, il y avait beaucoup moins de révolutionnaires que d’opportunistes et de "gentils citoyens qui attendaient que ça passe", dans cette génération-là (exactement comme dans les suivantes (et les précédentes, d’ailleurs)). Autrement dit, il ne suffit pas d’avoir eu 20 ans en 68 pour être soixante-huitard.

    Réponse
  28. Bonjour Agnes

    Je me permets d’attirer ton attention sur ce texte, je trouve que ce concept de "forçage du monde" entre en résonnance avec tes propres écrits.
    http://www.monde-diplomatique.fr/20

    Pour ce qui est de la génération des soixante-huitards (celle de mes parents), elles est surtout coupable d’une certaine forme d’aveuglement sur ce qui était réellement en train de se passer, sur là où "les puissants" étaient en train de l’ammener.
    Mais à vrai dire, notre génération ne fait pas mieux, sinon nous serions tous dans la rue pour exiger une mise au pas de la finance mondiale (entre autres) depuis 2008.

    Une anecdote que m’a contée ma mère sur 68 : cette anée là, elle devait passer l’agrég. Les meneurs de la contestation étudiante leur avaient tenu des grands discours comme quoi il fallait boycotter le concours, et c’est ce qu’elle a fait, avec la majeure partie de ses camarades de promos. Et qui s’est présenté au final ? les meneurs, qui n’avaient rien glandé de l’année et auraient bien eu du mal à être reçus au concours s’ils avaient du affronter une vraie concurrence.

    Il y avait sans doute de vrais humanistes révolutionnaires parmis les soixante-huitards, mais aussi une belle bande d’opportunistes qui ont su profiter du mouvement, et le récupérer…

    Réponse
  29. Ton propos me blesse Agnés, hurler avec les loups sans rendre justice à ceux qui ne se sont jamais rendu ni couchés et qui ne se sont jamais mis en avant ou en "avantages" est finalement contre productif car tu peux aussi bien dire que ceux qui se révoltent aujourd’hui sont les opportunistes de demain…. Ils seront nombreux à te remercier!

    Réponse
  30. Bonjour,

    Lecteur depuis loooongtemps, mais premier commentaire, car c’est l’une des très rares fois où je ne suis pas d’accord avec la publication.
    Je ne vais pas paraphraser… c’est bien Zoé en 9 qui est la plus proche de ma conviction.
    Arrivé peu après 68, je n’ai rien à reprocher particulièrement aux soixantuitards. Ce ne sont pas eux tout seuls qui ont conduit notre civilisation dans sa deliquescence actuelle. Mais j’en veux à tous ceux qui se sont laissé endormir par les promesses de Nice, Maastricht et autres Lisbonne, tandis que les effets libéralo-délétères de ces "machins" se trouvent aux antipodes de leurs miroirs aux alouettes.
    J’en veux à tous ceux qui, dans un éclair de lucidité inespéré, ont dit ‘non’ à cela en 2005, pour ensuite élire un individu qui avait annoncé qu’il ferait comme si on avait dit ‘oui’.
    J’en veux à tous ceux qui veulent continuer de croire et de nous faire croire qu’un parti ou son représentant primairifié (c’est pas comme ça qu’on dit?) puisse encore se permettre de se revendiquer de gauche alors qu’il a soutenu ce ‘oui’, et dont il me parait clair qu’il n’a pas depuis changé sa position d’un iota.
    J’en veux à ceux qui déclinent à l’envi: "on n’a plus les moyens" (sous entendu de payer les assurances santé, retraite, chômage, etc). Mais bon sang!! Jamais par le passé nous n’avons eu autant de moyens qu’aujourd’hui! Comment peut-on imaginer une seule seconde que nos moyens toujours plus étendus chaque jour par une technique et une productivité toujours croissantes (à ne pas confondre avec les chiffres du PIB…) puissent, par la magie de 3 lettres (et encore, 3 fois la même!) être devenus insuffisants un beau matin?! Insuffisants pour les 1%, sans doute…
    Juste un chiffre vu aujourd’hui en provenance des échos (http://www.lesechos.fr/entreprises-…): en 2011, 45 milliards d’euros ont été versés aux actionnaires du seul CAC40 (c’est à dire sans qu’ils lèvent le petit doigt, à part au moment de l’approbation du montant des dividendes… alors que ce sont les plus virulents à revendiquer vouloir redonner sa valeur au ‘travail’), soit une augmentation de 15% par rapport à l’année précédente. Allez, un 2ième chiffre: avec 1% de cette somme, on finance largement entre 15 et 20 mille fonctionnaires. Autrement dit, rien que cette augmentation représente la masse salariale au bas mot de 200 à 400 mille fonctionnaires! Effectivement: on n’a plus les moyens. Ou plutôt: les 99% n’ont plus les moyens, car ces moyens sont préemptés par les 1%. Mais qu’est-ce-que tout ceci a à voir avec les soixantuitards?
    st~

    Réponse
  31. Poutchino: un des grands apports des 68ards, c’est le recours à la rhétorique si chère aux maoïstes : ce que vous entendez vous déplait ? Alors, pour contredire, vous contestez la définition des termes adoptée par celui qui tient le discours qui vous déplait.

    Peu importe la faiblesse du procédé : ce qui transparait, c’est cette attitude typiquement professorale qui consiste à ne surtout pas laisser autrui dire. Sans doute est-ce pour cela que les générations montantes vous laisseront le monopole de votre langue désuète et de ses usages : quand plus personne n’entravera plus rien aux discours ecrits en Bon Français, la génération des causeurs pourra toujours causer.

    à supposer qu’il y ait encore qui que ce soit pour se fatiguer à lire ou écouter les professeurs professant.

    Réponse
  32. "Ne ressentez-vous pas, vous aussi, avec quelle extrême complaisance morbide notre société se vautre dans le catastrophisme le plus poisseux ?"

    Se complaire à ne relever que la noirceur des faits, n’est-ce pas ça le plus poisseux?
    A quand cette plume au service de l’optimisme?

    Réponse
  33. @Frasse,

    Je ne comprends pas très bien votre sortie, mais peu importe.

    Donc, si on vous suit quant à la définition des termes, Claude Guéant, notre cher ministre de l’intérieur, qui avait 23 ans en mai 68, est un putain de soixante-huitard. Bon…ben c’est comme vous voulez.

    Réponse
  34. Finalement, on ne sait plus très bien de qui on parle: pour moi, soixante-huitard, ça voulait dire avoir été, au moins un peu, militant pendant les événements de mai 68. Déjà, dans ce lot là, yavait une certaine proportion d’arrivistes aujourd’hui arrivés, et ça se voyait déjà sur leurs tronches à l’époque. Mais aussi, un sacré nombre de mecs et de nanas sincères qui allaient être moteurs dans tous les changements positifs qui ont suivi, qui sont encore moteurs aujourd’hui.

    Bon, si ça veut seulement dire né entre 1944 et 1954, ça change un peu. Mais ce qui ne change pas, c’est qu’une bonne partie de ceux qui nous gouvernent, de ceux qui dirigent les banques, les médias, les multinationales sont alors dans le même sac que la petite retraitée à 800 euros, le mec en pré-retraite bradée pour avoir perdu son boulot, le gars qui voudrait bien s’arrêter mais kipeupas parce que qui sait combien il toucherait si son compte était pas bon, la bonne femme qui a pas ses trimestres parce qu’elle a pas travaillé tout le temps.

    Ça, voyez vous, ça me convient PAS DU TOUT.

    Réponse
  35. "un des grands apports des 68ards, c’est le recours à la rhétorique si chère aux maoïstes : ce que vous entendez vous déplaît ? Alors, pour contredire, vous contestez la définition des termes adoptée par celui qui tient le discours qui vous déplaît." (Frasse, 32)

    Ah ben tiens, me voilà prise en flagrant délit de rhétorique maoïste. Essayer de préciser le sens des mots, c’est de la rhétorique maoïste. Vont être surpris, les académiciens!

    Tiens, au passage, parlant d’académiciens, j’ai corrigé deux fautes d’orthographe: attitude typiquement professorale, j’assume.

    Réponse
  36. Rien à ajouter aux écrits de Zoé et de stepht. J’adore le Monolecte mais je crois que ce dernier billet est erroné. Mais il ouvre un débat et c’est très bien. Je suis étonné de ne voir aucune intervention d’Agnès M. Que pense-t-elle de ces réactions ?

    Réponse
  37. En réfléchissant, je me suis demandé qui, des soixante-huitiers (comme émeutiers) avait pris le pouvoir. Ou plutôt quel âge avait nos leaders maximo à nous, en 68. Calculez-vous-mêmes
    Giscard d’Estaing (1921), Mitterrand (1916), Chirac (1932), Sarkozy (1955, il était petitou en 68). Idem pour les premiers ministres à part Fabius (1946) et Raffarin (1948, redoutable gauchiste!!!) tous les autres sont nés avant la guerre ou avaient 13 ans (Villepin), 14 (Juppé, Fillon) en 68. Quant au pouvoir économique, entre A Seillères (1937) et Laurence Parisot (1959), il y a un grand trou temporel. En réalité et sans faire de mauvais esprit, je crois que le pouvoir a plutôt échappé à la génération 68, parce qu’elle n’y tenait pas tellement au fond et s’est transmis directement à la suivante qui s’est tranquillement contentée de jouir des acquis et a instauré le bling bling, le look, la conso à tout crin etc. La relève est davantage entre les mains des jeunes Indignés, fort heureusement.

    Réponse
  38. Magnifique épitaphe Agnès. Formidables commentaires. Pouvons nous encore réagir ou c’est vraiment la fin ?

    "L’heure est à la libération, il est temps de chanter vos propres histoires, chacun est le centre de l’univers, c’est écrit dans nos mémoires.
    Réveillez-vous, rappelez-vous à la matière, rappelez-vous à l’univers, jusqu’à ce que résonnent les mots, les énergies, qu’il n’y ait plus qu’un seul flow, menant à l’infini."le 24

    Le XXI eme siècle sera spirituel, ou ne sera pas.

    Bises
    Laurine

    Réponse
  39. Pouvons nous encore réagir ou c’est vraiment la fin ? (Tustole, 39):

    La fin d’un monde, le commencement d’un autre. Meilleur ou pire, on sait pas encore. Mais ça dépendra de nous, vieux ou jeunes, le temps ne fait rien à l’affaire.

    Tiens, j’ai arraché, dans mon jardin, les vieilles feuilles gelées d’une cousoude qui tapissaient le sol. Dessous, pas encore très vertes car privées de lumière, mais déjà bien hautes, les pointes d’une touffe de jonquilles.

    Réponse
  40. D’habitude, on comprend bien le fil conducteur de l’article, les tenants et les aboutissants, on suit bien le raisonnement. Mais là, c’est un magma un peu confus.

    Cette histoire de générations, c’est pas très convainquant. Il aurait mieux valu parler de "tranches d’âge", on aurait mieux compris. Mais puisque, parait-il, "faut pas généraliser", pour le coup la généralisation est tellement énorme que tout se dilue dans le vague et l’imprécis.

    Concrètement, en mai 68 j’avais 14 ans, une jupe plissée, des soquettes blanches et des talons plats comme pratiquement toutes les filles du même âge, et je ne faisais pas la révolution sur les barricades. Par contre mon père était piquet de grève, et ma mère allait dans l’amphi de la Sorbonne écouter la bonne parole des meneurs, c’est elle qui ramenait les nouvelles à la maison (et dans le quartier). Mais mes parents ne sont pas des soixantehuitards; ils appartiennent à la tranche d’âge 1930-1945.
    Les 1946-1954 seraient théoriquement des soixantehuitards. Manque de bol les 1952-1962 sont ceux qui voient leur retraite diminuer et s’éloigner comme le supplice de Tantale, je ne vois pas trop où dans l’ensemble ils sont favorisés.

    Sans parler des femmes qui, de toutes façons, dans l’ensemble et de quelque tranche d’âge qu’elles soient, ont une retraite moyennement inférieure de 35% à celle des hommes, ce qui fait que 80% des retraites minables à 7-800 €, se sont elles.

    Si on va par là (si on suit ton raisonnement), la "génération" la plus naze, ce serait plutôt les 35-45 ans; "la génération Minitel". Alors ceux là, le syndicalisme ils ne connaissent pas, la politisation pas davantage, le bling-bling, la sur-consommation, les avantages conquis par les "soixantehuitards" et la libéralisation des mœurs qui leur est tombée toute cuite dans leur bec de bisounours, le téléphone rose jusqu’au porno, ça par contre ils connaissent. Evidemment, ils ont quelques problèmes: pour les retraites ils sont berniques, ils ne seront pas rentiers comme ceux d’avant et n’auront guère de quoi se payer des croisières. Ils auront même du mal à retrouver du boulot et de bonnes probabilités de finir SDF. Quant à avoir une couverture sanitaire correcte… ça reste à voir.

    Donc, non. Cette histoire de conflits générationnels gratuits, ça ne me parait pas une bonne route. Il ne faudrait pas aller "par là".

    Réponse
  41. C’est vraiment le type d’article que je déteste par-dessus tout ! Dois-je me sentir visé puisque je suis de cette "génération qui se gausse des révoltes actuelles tant elle se pense détentrice à jamais de l’élan contestataire fossilisé dans l’imaginaire soixantuitard qui accoucha pourtant de la civilisation la plus brutale, égoïste et ravageuse de par son inconscience" ? Et de quoi accoucheront les révoltes actuelles ? Vous le savez ? Non, alors, taisez-vous. Pour le reste, continuez d’écrire, votre plume est superbe.

    Réponse
  42. J’ai dû m’emmêler les doigts… mille zexcuses.

    Réponse
  43. Un peu sec mon précédent com’, merci de m’en excuser. L’humeur était mauvaise et ne demandait qu’un prétexte pour se défouler.

    Réponse
  44. @crapaud rouge : ben non, faut pas s’excuser! Et puis quoi encore? D’ailleurs, est-ce que je m’excuse, ou que je cherche même à me justifier? Que dalle! Bon, à la limite, Baby-boomers est plus adapté que soixante-huitard, mais c’est bien tout ce que vous obtiendrez de moi… gros max

    Réponse
  45. "Baby-boomers est plus adapté que soixante-huitard"

    Je ne crois pas non plus. 🙂
    Ce qui a été fait socialement est hors du jugement personnel envers chacun des membres de cette société.
    Les sociétés n’existent pas en tant que responsablité individuelle, car elles sont menées par une culture collectiviste dans l’instant de leur action sociale, et non dans l’intelligence particulière des individus qui les compose.

    Réponse
  46. Merci pour tout – j ‘ aime ce que tu dis du " jouir sans limite " – Mais flippe pas Agnès – on les emmerde ! Un jour ils blêmiront de voir les amoureux s ‘ aimer sans limites – écoutes " apesar de você " de chico Buarque , sur deezer.fr ( ou musicme.fr – je sais plus ) – si tu veux je te traduirai les paroles – LOVE

    Réponse
  47. "D’ailleurs, est-ce que je m’excuse, ou que je cherche même à me justifier? "

    après :

    "l’imaginaire soixantuitard qui accoucha pourtant de la civilisation la plus brutale"

    on y est, la décomplexation Nadine Morano, vive le marché des poissons et ses poissonnières.

    Yeeeess ! I can !

    Réponse
  48. C’est pas une question de soixante-huitards ou de baby-boomers: en mai 68 aussi, c’étaient DES "vieux" (mais pas TOUS les vieux) qui dirigeaient tout et nous accablaient de leur condescendance ou, pour certains, de leur mépris et de leur hargne, faut dire qu’on le leur rendait bien car ils étaient gratinés, les "vieux" de l’époque.

    Pas oublié ce directeur du CROUS, chauve et ventru, qui nous disait d’un air bonasse "Moi aussi, quand j’étais jeune, j’étais anarchiste". Et nous, jeunes fous persuadés de ne jamais devenir vieux, ni chauves, ni ventrus ou en tous cas, si on pouvait pas l’éviter, de JAMAIS nous renier, ni traiter les jeunes comme il nous traitait nous…

    Ou mieux, Lanza del Vasto, lançant à un jeune qui l’avait interpellé sur la nécessité, parfois, de la violence: "Jeune homme, quand vous aurez une barbe comme la mienne…". Il l’avait fort belle, c’est vrai. Mais que le droit de parler soit lié à la longueur de la barbe, c’était encore plus embêtant quand on était non pas un jeune présomptueux, mais une nana qui n’aurait, de toute évidence, jamais une belle barbe blanche à caresser d’un air suffisant.

    Pour ma part, je suis devenue vieille, pas encore chauve, pas barbue et pas trop ventrue. Mais je n’ai jamais traité plus jeune que moi avec condescendance. La frontière ne passe pas entre les générations.

    Réponse
  49. Le plus oilpant, c’est que plus soixantehuitard que le Bové (le gaulois moustachu qui trouvait que, quand même, la prison c’était dur et qu’un peu de porno aurait dû faire parti de l’appareillage social pour soulager ces pauv’zhommes incarcérés -et les pauv’femmes esclavées par l’industrie porno? Rien à foutre il en avait le Bové, tant que c’est pas des épis de maïs…-), tu meurs.

    Mais c’est pas précisément le macho soixantehuitard Bové que soutenait Agnès Maillard il n’y a pas si longtemps? Si, il me semble me souvenir que si. Mais ça ne semblait pas alors impliquer un conflit de génération. ça doit être de la géométrie variable… Tiens, moi non plus je ne cherche pas à me justifier pas d’avoir la mienne, de géométrie variable, et je me fous pas mal qu’on m’excuse ou pas.

    Réponse
  50. "un peu de porno aurait dû faire parti de l’appareillage social"
    C’est un peu hors contexte du fil, mais bon…

    La pornographie n’est pas cette chose rectiligne signifiée par Floréale post51.
    Elle peut être aussi un vécu normal et librement partagé.
    Que la société consumériste en diable s’en approprie l’essentiel, comme elle tente de s’approprier l’essentiel de nos vie d’ailleurs, ne fait pas du porno par lui-même un abîme pour l’humanité.
    Voici un lien qui peut-être ?
    http://auteursreunis.free.fr/_WWW/_

    Réponse
  51. bon…
    là, on va mettre tout ça sous le coup de la fatigue hein de l’autrice qu’a pondu un truc un peu par dessus la jambe dans un coup d’humeur…

    mais non

    c’est pas la première fois que je note semblable soupçon de manque de structure idéologique sérieuse… donc forcément… on tombe dans des panneaux genre bouc-émissaire : à qui la faute : faut un coupable… là c’est le truc de la génération ou d’un mouvement etc… ailleurs ça serait autre chose… faut toujours qu’il y ait des rivalités partout entre les humains. donc entre classes, entre clans, entre ethnies entre tout et n’importe quoi…

    après y’a encore des gens pour dire que la relève prend forme ailleurs : bouc-émissaire inverse. y’a toujours eu des gens pour profiter de n’importe quelle situation. y’a toujours eu des gens pour se mettre en colère, d’autres pour tenter de faire réfléchir du monde, d’autres de pondre des projets etc… et y’a toujours un grand oublié : l’idée de l’intérêt général.

    Réponse
  52. J’aime toujours ce que tu écris Agnès.

    Marrant comment la critique de mai 68 est un sujet "touchy"…
    Je l’avais déjà remarqué, ça m’avait valu un savon une fois où j’avais moi aussi malencontreusement désigné cette "révolution" comme émancipatrice de l’individualisme auquel on assiste aujourd’hui.
    Bref, ça fait du bien des fois de shooter dans la fourmilière. C’est pas parce qu’il y a eu du bon dans les idées défendues alors, que ce qui en résulte aujourd’hui est fantastique. Loin s’en faut…

    Réponse
  53. "Marrant comment la critique de mai 68 est un sujet "touchy"…"

    La libération sexuelle (entre autre) dans ce mouvement n’a pas à être stigmatiser par elle-même.
    Ce mouvement universel répond à une nécessité individuelle nécessaire.
    On peut faire le parallèle avec la mondialisation qui répond elle aussi à une nécessité de survie individuelle par la globalisation des ressources.
    Ce ne sont que des outils, des courants de pensées qui traversent l’histoire de l’humanité.
    C’est ce que chacun en fait qui est criticable, au cas par cas, hier, aujourd’hui et demain, non l’idée répandue en chacun.

    Réponse
  54. Comme quoi on lit ce qu’on veut bien lire ^^. Moi j’ai pas lu "mai 68, etc", j’ai lu :
    eh oui. Nous sommes au mieux sur cette terre depuis 100 ans au mieux pour les vivants, 30 000 pr les morts. La terre a donc vécu son existence sans nous. Terre elle même point infime de l’univers. Et même si l’on ramène tout à l’humanité, cette dramatisation est à la fois d’une prétention extrême, et à la fois, un manque total de confiance en nos capacités. Toute faute tout malheur est imputable à l’autre, et donc toute possibilité de changement et de bonheur futur ne dépend que des autres. Soyons responsables, déjà de nous mêmes, et si chacun d’entre nous fait un petit pas pour le mieux du monde, sans se dire "mais c’est la nature humaine, personne d’autre ne fera d’effort!", je vous assure que si chacun fait un petit pas vers l’autre, si chacun travaille sur sa propre liberté, l’humanité et la terre ont de beaux jours devant eux. Et si ce n’est pas le cas, est-ce si grave?

    Merci Marko pour le poème, j’adhère!

    Réponse
  55. Dans un premier temps, je n’ai lu que l’article d’Agnès Maillard et j’ai réagi en fonction.
    Dans un 2xième temps, j’ai lu les commentaires, et j’aurais tout de même à faire 2 objections en fonction.
    La 1ère se réfère au post #18 de pupuce. Oui, c’est vrai, mais partiellement. Elle a parlé de croisières à un certain moment, et ça a fait tilt dans mon esprit parce que c’est justement un secteur que je connais bien et depuis longtemps. Et ce secteur est à mon avis actuellement un marqueur sociologique qui permet de faire des photos précises de la situation générationnelle.
    Je décomposerais donc le tableau comme suit:
    Sur la totalité, grosso modo, 1/3 de cette population échantillon correspond très exactement à ce qu’elle dit.
    Les 2 autres tiers se décomposent différemment, à savoir que la moité se compose de personnes conscientes des problèmes de la génération de leurs enfants, qui ne s’en fout pas mais considère le problème secondaire. Ils sont égotistes, mais il s’agit tout de même de leurs enfants. Donc, ils ne s’en foutent pas vraiment mais ça passe après eux: leurs croisières (ou séjour thermal et autres pour leurs rhumatismes et leur bien être d’abord, le reste ensuite. Le reste, c’est un chèque pour les restau du cœur ou autre ONG pour avoir bonne conscience pa’ce que tout de même, et un pour leurs rejetons qui galèrent, pas tellement plus que pour leur clebs qu’est une brave bête, franchement le laisser crever sans l’euthanasie du vétérinaire, c’est pas humain, leurs enfants en somme, c’est pas tellement plus que le clebs qui fait partie de la famille).
    Le dernier tiers se fait sincèrement des cheveux pour leurs enfants précaires et les aident de leur mieux en s’octroyant un moment d’oubli avant de passer l’arme à gauche parce que la vie n’a qu’un temps, et ce sont des braves gens.
    En clair, numériquement parlant, 2/3 d’entre eux, de mauvaise ou de bonne grâce, servent d’ "amortisseurs sociaux". Après eux, il est certain que les générations qui suivent ne seront pas en mesure de jouer ce rôle, de mauvaise ou de bonne grâce que ce soit: ils n’en auront tout simplement pas les moyens, pour 90% d’entre eux.
    Bien photographier le tableau de la situation, c’est se donner la capacité de pouvoir y remédier.

    Ensuite, le comm. #53 de smolski. En règle générale, ce qu’il dit est vrai. Rien à objecter. Mais je ne parlais pas du général vague et imprécis qui noie un peu le poisson, j’étais solidement arrimée au sujet et par rapport à lui. A savoir que, pour cette portion de la gauche de la gauche (et pour d’autres portions d’ailleurs), les femmes se situent entre l’homme et l’épis de mais. Bein non, les femmes sont des personnes humaines qui ont les mêmes droits que les hommes, et qui n’ont pas à passer après le reste au nom de l’humanité, de sa survie etc. Clairement, pour Bové, c’était les épis de mais d’abord et les bonnes femmes après. Niet. Vous crèverez tous, y compris les épis de mais, ou bien vous vous déciderez à considérer les femmes vos égales, bordel. Cette fois, on ne marchera pas dans vos combines qui nous relèguent toujours après tout le reste après chaque révolution; on a déjà donné.

    Réponse
  56. "Ne ressentez-vous pas, vous aussi, avec quelle extrême complaisance morbide notre société se vautre dans le catastrophisme le plus poisseux ?"

    Tellement même que juste par inadvertance comme ici :
    nora berra – secrétaire d’état à la sante en « twittant » (sic !) conseille aux sdf :
    …par ses grands froids, de bien restez chez eux.

    Poisseux, méprisant et morbide, tout y est.

    Réponse

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