Peut-on seulement envisager l’idée de démocratie sans la libre expression des idées, projets et opinions diverses et variées de la population ? Si le débat démocratique s’alimente de la diversité des points de vue, peut-il s’accommoder de quelconques limitations, quelle que soit la légitimité que l’on peut leur accorder ?
Ce jour-là, je vaquais précisément à ma vaisselle, activité ô combien épanouissante pour l’esprit critique et le cuir des mains, surtout quand elle est pratiquée en écoutant les ondes hertziennes d’État, à savoir France Inter, lorsqu’une petite phrase au journal de midi tinta au creux de mon oreille : quatre mois de prison fermes étaient requis contre Christophe Picard pour apologie de crime de guerre. Un sourire béat se dessinait immédiatement sur mes lèvres, illuminant encore plus cette radieuse journée de juin 2008. Parce que Christophe Picard était une vieille connaissance, un débatteur chevronné et un fasciste assumé avec lequel je m’étais sauvagement affrontée par forum interposé aux grandes heures de l’Écho du Village.Org. Le Village était une sorte de communauté virtuelle regroupée autour d’un journal en ligne, avec force débats, charclage en ligne, modération et bataille d’opinions.
La vie démocratique, quoi!
Ce haut lieu de confrontation d’idées et d’égos fut donc fort logiquement entrepris par une nouvelle tribu venue d’une droite franche et sans fard, menée tambour battant par un fasciste affirmé et fier de l’être, adepte de l’entraînement quotidien à la rhétorique réactionnaire dans les piscines de gauchistes dont nous étions un fleuron. Henri de Fersan devint donc très rapidement le type qu’on aime détester. Il venait faire ses longueurs, à savoir, s’entraîner à retourner à son avantage les argumentations de gauchistes mal dégrossies. C’est à un foutu faf que je dois probablement mon premier concept politique, à savoir la contamination des esprits.
Fersan présentait bien dans ses textes, il dialoguait civilement, ne lâchait jamais le morceau et cherchait systématiquement à engluer ses détracteurs dans leurs propres contradictions. La clé de voûte de sa dialectique était de confronter les démocrates que nous étions et dont il ne se revendiquait pas du tout, avec les limitations de la liberté d’expression.
Peut-on parler de démocratie quand toutes les opinions ne sont pas exprimables ?
Et le Village de s’engueuler de plus belle.
Fersan avait des idées que je trouvais personnellement répugnantes et que je continue à combattre encore aujourd’hui, et c’est sûrement pour cela que la nouvelle de son inculpation pour apologie de crime de guerre sous son vrai patronyme provoqua en moi une grande vague de béatitude avant que le ressac ne me laisse comme une certaine amertume en bouche et un sentiment puissant d’incomplétude.
En effet, le délit d’opinion est-il soluble dans la démocratie bien talquée sous les aisselles ? Autrement dit, l’intense satisfaction que je pouvais avoir à l’idée que quelqu’un puisse être puni pour ses idées nauséabondes est-elle compatible avec la haute idée que je me fais de la démocratie et de son corolaire, la liberté l’expression ?
La liberté d’expression à géométrie variable.
Le débat sur la limitation de la liberté d’expression tourne toujours autour de la question du micro tendu aux fachos et autres gros racistes bien lourds et peu fréquentables, ce qui permet immanquablement d’arriver à un certain consensus mou du bide et fier en gueule : le racisme, l’antisémitisme et tout ça, c’est mal, donc, ceux qui répandent ce genre d’idée doivent se faire bâillonner promptement. Ce qui affranchit de tout débat quant à la pertinence du juge et de la loi pour circonscrire notre droit pourtant fondamental à la parole.
La censure est-elle un mal nécessaire pour garantir nos libertés ou est-elle cette main de fer dans un gant de velours qui limite le champ du débat démocratique? Peut-on débattre de démocratie avec des antidémocrates ? Ne débattre de démocratie qu’avec des gens parfaitement d’accord sur cette question, est-ce encore débattre ?
La vérité toute nue, celle qui n’est pas très bonne de s’avouer, c’est que nous nous accommodons tous parfaitement de la limitation de la liberté d’expression tant qu’elle ne concerne que les idées que nous réprouvons personnellement. L’inculpation de Picard me réjouit en son temps, qu’importe si la prescription l’a sauvé sur ce coup-là, mais quand on fait de Coupat un méchant terroriste essentiellement sur la base de son inclinaison vers des thèses anarchistes, mon petit museau se plisse de colère et me voilà gueulant avec les autres contre cet abominable délit d’opinion.
De la même manière, fallait-il hurler avec le reste du chœur des défenseurs des pensées saines quand Dieudonné a dérapé dans l’humour pas drôle, puis carrément dans la provoc’ à la truelle ? Dieudo nous faisait bien rire, puis, un sketch de trop et le voilà littéralement mis au ban de la société, pendant que les plus zélotes de ses détracteurs lancent des campagnes d’interdiction du bonhomme. Sans discuter du fond de la pensée de Dieudo autour et après le fameux sketch, est-il raisonnable de vouloir condamner un homme à la misère (interdiction tacite d’exercer son métier) parce qu’on n’aime pas ses opinions ?
Les idées se combattent avec d’autres idées. Pas des lois ou des jugements. Escamoter le débat, c’est se tromper de combat. C’est finalement laisser certaines idées se répandre gentiment dans l’ombre tandis qu’on fait semblant d’être tous d’accord sous la lumière. Condamner un Le Pen ou un Picard, c’est paradoxalement leur servir la soupe, les conforter dans leur posture du mec persécuté parce qu’il ose dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Interdire un courant de pensée, parce qu’il véhicule ce qu’il y a de plus vil, de plus répugnant ne résout pas le problème, à savoir l’adhésion d’une partie de la population à ce type de discours. Ce n’est pas parce qu’on se bouche les oreilles que l’arbre cesse de tomber dans la forêt. L’interdiction n’éduque en rien, ne fait changer en rien, et c’est bien là le fond du problème.
Noam Chomsky s’est fait tancer pour avoir défendu Faurisson, ce qui était, avant tout autre malentendu, une grande déformation des faits. Chomsky ne défend pas Faurisson, il défend globalement une totale liberté d’expression, telle qu’elle est garantie dans la constitution des États-Unis. Ce qui permet aux nazillons et autres fondamentalistes chrétiens d’avoir accès au crachoir médiatique sans autre forme de procès, certes, mais qui garantit aussi que nul ne pourra être inquiété pour ses opinions.
Parce qu’à s’accommoder un peu trop facilement de la censure, on finit par oublier de regarder qui tient le curseur qui délimite ce qui peut être dit de ce qui doit être tu. Hier, c’est Picard qui se prend les pieds dans le tapis. Aujourd’hui, c’est un prof qui va au tribunal pour avoir dit "Sarkozy, je te vois".
Et demain, à qui le tour ?
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Voilà une éternité que je n’avais lu ton bloc…
Comme par hasard, je viens de relire (au bord de ma piscine au Mexique) : VANEIGEM Raoul, Rien n’est sacré, tout peut se dire – Réflexions sur la liberté d’expression, La Découverte, 2003.
impeccable, même si le problème peut se poser pour des cas plus immédiatement graves comme, pour ne pas parler du contemporain, le FIS en Algérie ou plus loin encore l’arrivée au pouvoir des nazis (je ne dis pas que les deux sont équivalents) – là cela prend une teinte tragique
Le problème d’une liberté d’expression qui n’est pas totale, c’est "qui tient les ciseaux". Il y a UNE écriture de l’histoire, officielle (juste, fausse ou partiale, peu importe), et une loi pour décider ce qui peut être dit, de ce qui ne peut pas l’être.
Dans le cas d’une démocratie-qui-va-bien, le problème n’est pas si grave, même si la question reste fondamentale. Là où les choses se gâtent, c’est quand le régime devient "hypodémocratique" comme en France en ce moment: la limite à la liberté d’expression devient une arme contre la pensée dominante.
Et je me rend compte que je n’ai fait que paraphraser ton billet 🙂
@ Pascal : Je pense que oui, l’éducation sert à domestiquer ce fameux cerveau reptilien. Ne jamais perdre de vu que j’ai grandi dans un milieu très raciste, tendance facho. L’éducation, pour moi, ce n’est pas l’empilement des connaissances en strates superposées, ce n’est donc pas des têtes bien pleines, mais des têtes bien faites.
Certains profs m’ont fait un cadeau inestimable à l’école : ils m’ont appris à cultiver mon esprit critique, ils m’ont appris que le questionnement est souvent plus important que la réponse, ils m’ont appris à combattre les certitudes, à commencer par les miennes, ils m’ont appris à soumettre le réel au filtre du doute.
C’est ça, pour moi, la bonne éducation : on ne te file pas le poisson, on t’apprend à pêcher.
C’est comme cela que venant d’une famille où majoritairement, on déteste l’étranger, où le discours xénophobe est la norme, que je suis devenue quelque chose d’autre. Si on éduque correctement les gens, c’est à dire que l’on cultive leur esprit critique, alors, on peut faire confiance à leur intelligence pour faire le tri dans les discours. Par contre, quand on ne cherche qu’à développer les savoirs utiles, à inculquer un tronc commun de connaissances au forceps, clairement, on ne fait pas le choix d’un peuple qui pense par lui-même, mais d’un peuple qui sera particulièrement perméable à la propagande.
Le revers de la médaille, parce qu’il y en a toujours un, c’est que doutant de tout, je doute aussi et surtout beaucoup de moi-même, je n’ai pas confiance en ce que je suis ou peux faire, du coup, j’ai du de mal à avancer dans un monde où la confiance en soi est un critère de sélection. Le doute systématique paralyse beaucoup et je lutte en ce moment pour dépasser ce problème et arriver à croire, un peu, en ce que je peux faire, et donc, parvenir à convaincre les autres de ma valeur propre.
Chercher du taff ou des clients en étant comme moi est assez compliqué, en fait. Tout est toujours une question de dosage. Et je bosse beaucoup à dépasser mon complexe du fumiste.
Non, jide, tu n’as pas paraphrasé, tu as réussi à tout condenser en deux phrases!
Même en temps de franche démocratie, la question de
me semble toujours aussi fondamentale. Parce que, comme je l’ai déjà écrit dans un autre billet, la démocratie n’est pas un état stable et permanent des sociétés humaines, c’est un mode de gouvernement, de fonctionnement fragile, jamais à l’abri d’un détournement par un groupe d’intérêt particulier. Je pense que la démocratie vraie, ça se cultive en permanence et surtout, que ça ne se délègue pas, sous peine de la voir confisquée par un petit groupe qui n’a pas forcément la même vision du monde que nous, pas forcément les mêmes intérêts. Ce qui implique : pas de limitation de la liberté d’expression et pas de régime parlementaire!Suis heureuse de "retrouver" Agnès comme je l’imaginais..
Chaque fois que je pense à cette question, de l’impossibilité de restreindre la liberté d’expression, je finis toujours par butter sur des exemples comme crier "au feu" dans un théatre bondé, la condamnation de Goering à Nuremberg (1 point Godwin), les manipulations des sectes (avec la sortie récente du rapport de la Midiluve)…
En théorie tout peut se dire.
Dans la pratique quelle est la responsabilité (pas forcément légale, d’abord morale) de celui qui pousse la foule au lynchage, ou le suicidaire à passer à l’acte ou les crétins à casser du bougnoule / feuj / keufs ?
"L’interdiction n’éduque en rien, ne fait changer en rien, et c’est bien là le fond du problème."
Mais est-ce que l’éducation peut suffire à contrer des idées qui font appel à peu près à notre cerveau reptilien ?
Spinoza disait déjà ça dans le Traité théologico-politique au 17e siècle
je confirme, persiste et signe . Avec un (léger) petit bémol : les faits résistent à l’analyse… et nous vivons une drôle d’époque.
http://gauchedecombat.wordpress.com…
Etrange, cette idée de défendre le droit d’expression des fachos… Vous croyez qu’ils défendent le droit d’expression des démocrates lorsqu’ils sont au pouvoir ? Direct au peloton d’exécution, les contradicteurs ! La démocratie, elle, use des armes de la démocratie pour défendre ses principes : la condamnation à de la prison avec sursis. Elle n’assassine pas ses opposants.
Pour ce qui est de Picard, il a quand même expliqué les massacre d’Oradour-sur-Glane et de Tulle, comme étant des réponses proportionnée aux agissements des Résistants. Il faut oser, non ?
Picard a de tout de façon été absous en janvier 2009 pour ses propos, par la Cour d’Appel de Limoges, pour cause de prescription des fais d’apologie de crime de guerre. Pour info, le même Picard a été condamné à Paris en mai 2005 pour diffamation et injure publique à caractère racial (3 mois de prison avec sursis). Bref, un homme fréquentable, avec qui on a envie de tailler une bavette…
Saint-Just disait "pas de liberté pour les ennemis de la liberté". On a vu où cela a conduit. Néanmoins, sur le principe, cela reste une idée acceptable. Reste a trouver la limite entre protection de la liberté d’expression et refus de l’apologie de la haine. Ce que ne fait pas si mal la justice française, après tout.
La liberté d’expression est baffouée quand ça arrange l’état.
Regardez le débat escamoté sur les caméras de surveillance, je me suis fait arracher le micro par les représentants de la police aux réunions de MAM "votre pognon en sécurité, vos miliciens" quand j’aborde le sujet après avoir attendu 2h micro en main qu’on me donne la parole..
Pour Delanoe, il ne faut pas faire de vagues car il est d’accord avec la politique répréssive mais veut toujours faire semblant d’être de gauche. Vous allez en avoir dans vos villes aussi des caméras. Voilà la liberté d’expression selon le PS et l’UMP. Des caméras avec micros bientôt. On va vraiment pouvoir s’exprimer.
Sur Paris, nous avons lancé une pétition contre ce plan : http://www.paris-sans-videosurveill…
Signez là et lancez les votres. Car ça, c’est justement la fin de la liberté tout court.
La sécurité n’est pas le premier des droits et ce n’est pas être démocrate que de défendre cette sécurité en premier. C’est la liberté l’élément fondamental, c’est même un devoir de la défendre.
@ Agnès n°5 :
Étant d’accord avec le cadeau inestimable que certains profs peuvent faire… je me suis rapidement dit : "je suis d’accord, je pense la même chose, pas la peine de débattre"… Et c’est une belle démonstration, ça !
Et si on est tous d’accord, à quoi ça sert de débattre ? 😉 Si on doit tous être d’accord, comment on "gère" ceux qui ne sont pas d’accord ? Est-ce que, alors, ne pas être d’accord, est-ce que débattre, etc. c’est une activité subversive ? contestataire ? terroriste ? Ce ne sont quand même que des idées, des réflexions… exprimés à voix-haute. Tout de même, ce qu’on dit, on le fait pas systématiquement, et même parfois on ne le pense pas vraiment. Et puis, il n’y a pas mort d’homme… C’est malheureux quand même. Comment est-ce qu’on peut déformer les choses pour leur faire dire / faire le contraire… ou le danger de pervertir ce qui était de bonnes idées (au départ)… et qu’ils faut remettre en question, quand ça "dérape"…
Bon, et puis il faut pas tomber aussi dans quelque chose d’officiel, de caricatural… Un peu comme le bipartisme, aujourd’hui. Avoir des gens qui font de la figuration, qui n’ont aucun pouvoir, qui sont là pour qu’il puisse être dit "mais si, il y a de la liberté ici, vous voyez bien, on a des gens qui pensent différemment ici, alors !" Mais que ces gens soit enfermés dans une "réserve", dans une "cage dorée"… ce n’est pas vraiment la liberté !
Rien ne change sous le soleil… de mai !
Mais ça fait du bien de rappeler LE faux-débat qui sert surtout ne pas traiter le vrai.
La question de la liberté d’expression comme cache-sexe d’une expression démocratique en vérité en panne.
Réveillez l’anarchiste qui est en vous ! 😉
Le sujet est moins épineux, quoi que…
J’ai repris l’idée de N.Chomsky sur la libre parole concernant Orelsan. Symptôme hygiénique de notre temps que je trouve remarquable.
Bien que cela soit dans un contexte "artistique", j’ai supposé que tout devait être exprimable et sujet à critiques. Quelques chiens et chiennes de garde sont plutôt dans la censure.
Eh oui, si il y a liberté d’expression, il y a tout un tas de vilains qui en profitent pour vomir des insanités. Mais d’un autre côté; s’il y a censure, ça ne les empêche pas d’exister, et de préparer en secret des actes qui n’auront pas pu être exprimés en parole. Alors, est ce qu’on y gagne vraiment ?
La seule véritable parade est bien de dresser ce fameux cerveau reptilien n’en déplaise à nos dirigeants qui n’ont cesse de le titiller pour nous faire accepter de nous tirer des balles dans le pied.
Le fait que chacun a fondamentalement le droit d’exprimer ce qu’il pense sans risquer d’être puni par la loi pour cela ne signifie aucunement que me sente obligée de subir toutes les opinions et encore moins d’en être le relai. La nuance est de taille, non?
Plutôt que de traiter les autres de connards, mieux vaut commencer par leur exposer son point de vue et à travers cette confrontation, leur démontrer la pertinence de sa position.
Ensuite, je le réécris encore une fois, je peux défendre la liberté d’expression et ne pas me sentir obligée de laisser traîner des opinions qui me heurte frontalement dans un espace dont je suis, de surcroît, pénalement responsable!
Puisqu’on creuse côté féminisme et liberté de cracher de grosses conneries, je me suis sentie bien seule à gerber après la sortie de la mère Nadine sur le fait que les femmes qui se font violer, c’est qu’elles le cherchent un peu. Personnellement, ce genre de discours et d’insinuation qui ne sont que l’étalage de la médiocrité mentale abyssale de celle qui les tient me révulse totalement. Cela dit, comme je le précisais dans le billet, des rétrécis du cortex qui tiennent ce genre de raisonnement, ce n’est pas ça qui manque, hélas. Mais faut-il pour autant leur déployer le tapis rouge télévisuel et leur laisser déballer leur médiocrité sans même émettre une quelconque objection propre à les remettre dans les cordes?
C’est ça aussi, la liberté d’expression à géométrie variable : Timsit se fait poursuivre pour une blague sur les trisomiques, mais absolument personne ne moufte quand Nadine explique que les femmes devraient s’habiller autrement pour éviter les ennuis! De la même manière que je trouve extrêmement tendancieux le procédé qui consiste à traiter d’antisémite quiconque critique un personnage médiocre dont il s’avère qu’il est aussi, par ailleurs, juif, alors que tout le monde trouve parfaitement normal que des représentants du peuples, des élus, donc, balancent à longueur de temps des petites phrases assassine d’incitation à la haine sociale contre les chômeurs, les pauvres, les miséreux, les réfugiés, etc.
Vous voyez, tout n’est qu’une histoire de curseur…
"Courez courez : Petite, essaie pas de me fréquenter / Ou tu va perdre ton pucelage avant d’avoir perdu tes dents de lait (…) / Les féministes me persécutent, me prennent pour Belzebuth / Comme si c’était d’ma faute si les meufs c’est des putes / Elles ont qu’à arrêter de d’se faire péter l’uc / Et m’dire merci parce que j’les éduque, j’leur apprend des vrais trucs / Des fois j’sais plus si j’suis misogyne ou si c’est ironique / j’serai peut-être fixé quand j’arrêterais d’écrire des textes où j’frappe ma p’tite copine /…/ J’suis pour de vrai de vrai, j’dis c’que j’pense, j’pense c’que j’dis. Tout ce que j’écris, c’est du premier degré, hé !"
"Différent : J’finirais par acheter ma femme en Malaisie / (…) Renseigne toi sur les pansements et les poussettes / J’peux t’faire un enfant et te casser l’nez sur un coup de tête"
"Suce ma bite pour la Saint-Valentin : (Mais ferme ta gueule) ou tu vas t’faire marie-trintigner / (…) Vis le sexe comme un conte de fées, depuis qu’j’ai mon BAFA / J’respecte les shneks (filles) avec un QI en déficit / Celles qui encaissent jusqu’à finir handicapées physiques (…) / Viens bébé on va tester mes nouvelles MST !"
C’est de l’art.
La liberté d’expression est sauve.
On a toutes le droit d’ aller se faire "marie-trintigner" , c’est meme recommandé au nom de l’art et de la liberté d’expression.
Ben voyons, faut bien laisser démocratiquement passer l’idée que des femmes à broyer c’est bon pour calmer le malaise juvénile de pauv’zopmmes ados attardés qui souffrent tellement dans leur cerveau reptilien.
Si à la place de femmes il s’était agit de noirs ou d’arabes, les MRAP et autres Halde auraient déjà trainé l’auteur devant les tribunaux et obtenu réparation, avec la bénédiction des fiers défenseurs de l’art et de la liberté d’expression qui, s’agissant de femmes, défendent au contraire chaleureusement l’ Orelgland.
Je me dit que l’ignorance et le mépris, c’est bien efficace que la censure, non ? Ça ne nourrit pas la source aux idées nauséabondes. Et surtout, ça n’empêche pas la liberté d’expression…
Et si la censure avait l’effet inverse ? La censure n’est-elle pas une formidable occasion de publicité ? Ça attire l’intérêt d’un grand public sur un sujet qu’il aurait ignoré, méprisé…
La liberté d’expression… selon Voltaire : "Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous puissiez le dire librement".
Bravo Agnès!
revenons à Vaneigem, cité plus haut:
"Autorisez toutes les opinions, nous saurons reconnaitre les nôtres, nous les combattrons, nous apprendrons à annuler la force attractive des nuisances (…) Nous les combattrons par la seule puissance qui puisse les éradiquer: en pensant par nous mêmes".
pour combattre les idées malsaines il faut qu’elles soient exprimées.
Il faut avoir la vue bien courte pour réclamer la censure celle-ci est un premier pas vers le totalitarisme, après, on brûle les livres, puis les êtres.
juste un mot pour répondre à Pascal (et Floreal aussi, tiens):
effectivement, les manipulations de tout genres posent probleme..mais soyons cohérents: combien de personnes le discours de sectes ou de nazillons touchent-ils, et combien le discours publicitaire omnipésent et totalitaire lobotomise-t-il de foyers?
idem pour les propos misogynes denoncés par plusieurs commentaires…le systeme publicitaire encourage cette misogynie bien plus que les propos d’un obscur rappeur, il me semble..mais là, on ne prle pas de liberté d’expression, mais de liberté d’entreprendre..et ça ne choque (presque) personne
Que dire de Meyssan obligé de se réfugier en Russie et aujourd’hui au Liban tellement il est indésirable en democrat-land, pour douter de la version officielle du 11/9.
J’ai l’impressiond’être du coté des salauds et la démocratie n’est qu’un mensonge. Qui confierait la composition d’une équipe de foot au public du stade? Qui a remporté la première élection au suffrage universel ? Un type inconnu qui s’appellait ‘Napoléon’, la com’ était faite d’avance. POurquoi Obama a été élu? Deux fois plus de thunes!
La démocratie est un mensonge confortable qui donne l’illusion du choix, qui ne supporte pas la contradiction et qui mène une propagande aggressive contre tout autre régime et en son sein contre la dissidence ‘secte’ ou ‘ultragauche’.
J’ai l’impression d’être du coté des salauds et j’ai honte.
Là, je me sens très bête mais absolument émerveillée par ce que je viens de lire car tout est d’une haute tenue, exceptionnelle d’après ce que je vois des sites où je me promène. Parfois, moi aussi, je me dis que la démocratie est un mensonge, mais vivons-nous vraiment la démocratie ? Il ne s’agit pas uniquement de pouvoir dire ce qu’on pense. La démocratie ne se résume pas à la liberté d’expression, même si c’en est l’un des piliers. Dans le contexte actuel, j’ai parfois l’impression que cela joue le rôle d’une soupape salutaire, ce qui ne me déplaît pas parce que je sens la violence qui frémit, trop de gens au désespoir autour de moi…. Je suis totalement d’accord avec Agnès et avec Céleste : lorsque des idées répugnantes deviennent souterraines, qu’elles se cachent, elles sont encore plus dangereuses. Je crois à la suprématie de la raison, même si parfois le crocodile en moi dévoile ses dents….
Salut, j’ai abordé ce thème sur mon blog (http://k.mouhoubi.free.fr/monblog/?…).
Ma réflexion propre ma améné dans un premier temps à soutenir la censure, car elle permettait de museler des ennemis, des nazis, des pédophiles, etc., mais je me suis vite rendu compte à quel point ma liberté dépendait de la leur.
Quand je prive mon ennemi de la liberté de s’exprimer, je lance un signal très clair au pouvoir, je lui exprime mon indifférence à la liberté d’autrui, je lui donne un feu vert pour ma future censure…
Nous ne sommes libres qu’à la condition que tous soient libres sinon c’est une liberté de pacotille, une liberté illusoire et précaire.
Je suis pour abolition totale de toute censure, mon discernement, ma lucidité me suffisent pour me faire ma propre opinion, je n’ai pas besoin d’un maitre de conscience ou d’un chaperon étatique pour veiller à ce qu’est bon ou mauvais pour moi.
La liberté de mon voisin est une condition de ma liberté… c’est une notion subtile certes, mais il est indispensable d’en saisir toute la profondeur.
Non, non et non, la démocratie ne peut pas tout permettre ni dans le langage ni dans l’action. Cest là sa très grande faiblesse largement utilisée par tous ceux qui haissent cette vertu. Demandez aux musulmans extrêmistes ce qu’ils en pensent ! La démocratie est leur ennemie jurée, ils ne connaissent que le chef, le coran à la sauce criminelle et les dictatures. La démocratie deviendra une véritable force susceptible de faire des émules quand elle appliquera à ses contradicteurs le même sort que celui promis par eux à l’égard des démocrates, ces "mous du cerveau"
Très beau texte sur les ambiguïtés de la liberté d’expression. Je n’ai pas franchement envie de défendre la parole d’individus pour lesquels je n’ai que mépris. En même temps, si personne ne le fait, je risque d’être un jour concerné par ces restrictions qui s’étendent progressivement, et dont les effets pervers cités méritent d’être pris en considération.
Concernant la démocratie, nous avons peut-être laissé ce concept formidable mais à géométrie variable, dominer progressivement celui tout aussi formidable des Droits de l’Homme et du Citoyen. On a tendance à avoir "juridiquement tort parce qu’on est politiquement minoritaire". Absurde et dangereux. Or, ces droits ne souffrent pas de la même confusion dans leur interprétation et dans leur application, et ils me paraissent supérieurs au principe démocratique qui ne doit pas tout permettre.
Or, les partis savent en jouer, au gré des découpages électoraux et des aménagements au fil de l’eau, et ils parviennent hélas à s’affranchir des Droits qui protègent l’individu, et par là la société. Je ne sais pas si c’est clair ainsi. Je vous laisse développer… ou critiquer.
Salut la compagnie : ( ça fait facho comme les tifs courts ).
Le mépris, l’arme fatale du gôchiste ! L’on sait où ça méne : la voie royale pour laisser le champ libre aux odeurs de chiottes.
La censure est ce qui est de pire, c’est abdiquer sans avoir convaincu personne.
Malheureusement par manque de talent, de courage, de volonté – la censure et le mépris sont devenus les deux outils les plus utilisés du ouébe et ce d’un coté comme de l’autre.
Cela ne me géne pas de la part du camp d’en face ; au contraire, on feint d’ignorer ce qu’on craint , on censure ce qui fait peur…
Mais lorsque je vois si souvent ces deux mauvais médicaments employés sans vergogne par le camp censé représenter l’intelligence , l’humanité, les droits de l’homme dont le premier est la liberté d’expression….alors je doute et je frémis.
permettez-moi, cette liberté mais la liberté d’expression permet de noyer la vérité dans un flot de conneries. Si toutes les paroles ont la même valeur et donc le même droit de s’exprimer, qui entendra la voix de Socrate?
Je crois que la stratégie du flot de conneries est déjà largement employée dans notre pays, sans avoir eu besoin, pour cela, de lever les restrictions à la liberté d’expression. Ce qui fait la différence dans le flux d’informations, c’est la capacité du récepteur à trier. Quand on ravage au démonte-pneu le système scolaire, ce n’est certainement pas parce qu’on parie sur l’intelligence des citoyens.
Les restrictions à la liberté d’expression reviennent à dire que nous sommes concidérés par nos gouvernants comme trop cons pour penser par nous-mêmes.
Le post de JC dans sa candeur révolutionnaire est éloquent et explique probablement – je le ressens intuitivement dans ma triste et professionnelle fréquentation des foreux. – le vote de droite ou de centre de gens qui à la base pourraient veauter à gauche.
Cela me rappelle les années 80 ou le polar genre social par excellence se déchirait entre auteurs gôchiste et un certain ADG qui par dérision, bravade , se revendiquait de droite ( collabora même chez Minute ).
La littérature D’ADG fût bien meilleure que celle de Fajardie, peut-étre parce qu’elle se prenait moins au sérieux ….quand les successeurs de ce polar dit de gauche aujourd’hui représentés par des éditeurs post 68 tards has been et des auteurs bien tristes cons eu regard de leurs ainés plus talentueux.
Bref faut faire gaffe aux discours qui excluent ….c’est du pain béni pour le vrai fascisme.
Les conditions de parole dans les médias audiovisuels sont, dans la majorité des cas, idéales pour les démagogues et leur permettent de déverser à grande échelle leurs conneries, mensonges, etc..
Ecoutez le morceau « Frédéric Lordon et Mathias Raymond, Mp3 Durée 19’46 » (A partir de 4’22)
http://www.passerellesud.org/spip.p…
Si bien que, malheureusement , je crains que le « citoyen moyen », qui s’informe peu et/ou principalement dans les médias audiovisuels,
ne soit suffisamment armé, n’ait un sens critique suffisamment affuté, pour être capable de déceler des arnaques /des mensonges de ce type :
http://www.editionsladecouverte.fr/…
Picard, alias de Fersan, alias Enzo. Modérément apprécié dans son propre camp, notamment pour ses pratiques d’éditeur recevant des à-valoir plutôt que les donnant (et ne les rendant pas).
Allez sur son blogue, tombez sur les textes consacrés à l’éducation des enfants. Tombez sur celui où il évoque son fils :
"Mon petit bonhomme de 5 ans, qui connaît bien son catéchisme et lit ses vies de Saints, a considéré le martyre comme une fin possible. Ces propos, venus du fond de l’âme et du cœur de l’enfant, tombant dans l’oreille d’un père, montrent qu’une partie de l’éducation a été réussie et que la génération suivante prend dans sa petite main le flambeau. Comme dit notre cher abbé : « le martyre et le couvent ne sont pas demandés à tout le monde. Il est demandé à tout le monde de vivre à côté de Dieu ». Musulmans, talmudistes (y compris dans la variante communiste), satanistes, anarchistes et autres continuent encore à tuer les catholiques. Tous les enfants de Tradiland le savent, cela arrive dans le monde entier et même en France. Et si on demande aux enfants de notre peuple de citer un nom de « martyr en haine de la foi…»
Et sortez vomir.
Ya souvent quelque chose qui me gêne dans les coms de Chris, même si, souvent aussi, je suis partiellement d’accord avec lui. Mais alors là (32) d’accord à 100%!
Par rapport à Orelsan, évoqué plus haut, il est paradoxal (et normal) que pour appeler à le censurer on soit obligé de le CITER! Mais ce qui est marrant, c’est que lui qui, pour se défendre, en avait appelé à la liberté d’expression veuille maintenant faire appel aux tribunaux pour FAIRE TAIRE les contradictrices.
On rejoint le com n°9 de Gergovia, qui tout en défendant le "Pas de liberté pour les ennemis de la liberté" finit quand même par remarquer: "On a vu où cela a conduit".
Revenant à Orelsan, il est étonnant qu’il ait eu si peu de contradicTEURS: il donne des hommes une image si dégradante que ça aurait dû les faire réagir massivement, plus vite même que les femmes. Seraient-ils encore nombreux à placer leur honneur dans la fidélité de leur copine plutôt que dans leur propre comportement?
H2F triturait un peu allègrement les faits historiques pour présenter ses thèses; mais comme aujourd’hui, lorsqu’on affirme quelque chose avec force et conviction, qui va en vérifier la véracité ? Au Village (et à d’autres endroits où il allait dégueuler), pas grand monde.
Je suis entièrement d’accord avec toi sur la priorité à accorder à la liberté d’expression.
Voilà quelques années, une pétition était lancée par Charlie Hebdo pour demander l’interdiction du Front National. J’avais signé à deux mains par conviction, je le referais aujourd’hui, moins par conviction que par malice, mais je le referais. Et pourtant, je pense être bien plus mesurée que Mme Maillard, moins en colère. Voilà deux fois seulement que je viens sur ce blog et la première, j’avais parcouru quelques papiers qui m’avaient semblé bien plus radicaux que celui-ci. J’ai l’impression d’être passée aujourd’hui du NPA au PS. Euh, c’est vexant ? D’accord, je suis désolée mais quand même. Contrairement à vous, je ne lis pas beaucoup de blogs et je n’aurai pas envie de passer des heures à discuter par forum interposé avec un connard de cet espèce. Pas envie et pas le temps non plus. Ce Christophe Picard a eu, avec la justice, le plus bel interlocuteur qu’il pouvait avoir. Liberté d’expression oui, évidemment dirais-je, mais pas au nom de la haine ou de la violence. Condamné, il se taira un peu.
@40
Faire condamner, embastiller, exclure …non seulement n’a jamais fait taire les gens et j’ai presque envie de dire dans votre cas ; jusqu’où seriez-vous prêt à aller pour faire taire les gens qui ne sont pas d’accord avec vous ?
Exclure, c’est pousser vers la clandestinité et le plus sûr moyen de se retrouver en face d’ une Kalachnikov pour toute forme de dialogue…
Super ton billet Agnès.
Je ne sais pas si tu as lu "les maitres censeurs" D’ E. Levy, mais on y est.
Elle, elle décrit l’impossibilité pour une partie de la gauche à faire entendre sa voix dans les années 90. Au seul motif, que, le mot d’ordre de l’époque (des socialistes) étant la lutte contre le front national, tout penseur émettant des réserves sur cette stratégie, ou voulant aborder d’autres sujets (comme la critique du capitalisme) était illico montré du doigt, et considéré comme suspect, voire infiltré du FN…
Suite à quoi, évidemment, les idées initialement défendues ou même simplement évoquées n’avaient plus aucun écho. Seul le bannissement du malheureux profanateur de la pensée unique du PS. était retenu.
Cette stratégie a fini par mener Le Pen au second tour de la présidentielle, et, le pire, c’est que les socialos ne l’ont toujours pas compris.
Censurer les idées qui nous dérangent, c’est stupide, ça revient à se boucher les yeux, le nez et les oreilles en affirmant sa foi sans écouter les autres. Si on prétend penser (et non pas croire), l’écoute, le dialogue et le débat sont nécessaires… Soit qu’on puisse influencer les autres, soit qu’on entende leur malaise et qu’on en tienne compte.
Ce n’est pas parce qu’une partie de nos concitoyens sont fondamentalement égoïstes qu’il faut les juger. Il faut se souvenir de notre propre égoïsme, les regarder sous ce prisme là, et si on pense avoir dépassé certaines choses, leur montrer le chemin qu’on a suivi. Et, tenir compte du leur !
Sinon, le dialogue n’a pas lieu et l’affirmation de notre point de vue ne vaut pas mieux que la leur de leur point de vue.
Quel que soit ce qu’on peut penser d’E.Lévy, son bouquin (les maitrs censeurs) est un de ceux qui, à l’époque ou je l’ai lu, m’a profondément fait réfléchir, précisément sur le point que tu soulèves dans ce billet.
@41
Je n’aime ni faire condamner, ni embastiller. C’est marrant cette manière de simplifier les propos. C’est vrai que c’est souvent le propre des forums. Ne vous inquiétez pas, je suis une démocrate et absolument pas un censeur né. Pour des tas de raisons, notamment professionnelles, que je n’évoquerai pas ici. Je ne vais pas refaire l’histoire de cette pétition, ni de Charlie Hebdo que je ne lis plus d’ailleurs. C’était un exemple, c’est tout. Pour dire que parfois, j’aimerais qu’ils ferment leur gueule. Le Pen m’emmerde et la publicité qu’on lui fait avec. Dieudonné idem. D’autant qu’ils évoluent dans un pays qui condamne avant que les personnes commettent une faute (cf Coupat).
"Seule la loi, universelle et la même pour tous, permet d’arbitrer entre les libertés individuelles", c’est Kant qui le dit. Ce n’est pas moi. Je pourrais dire aussi que les libertés de chacun s’arrêtent, etc. etc. Mais ce serait un poncif. Les propos fascistes, racistes (vous aurez compris je l’espère que je parle pas des "Sarko je te vois" et autres attrape-nigauds médiatiques) n’ont pas à être justifiées sous couvert de bien-pensance.
@41
Je ne simplifie pas, j’extrapole en essayant d’anticiper les actes possibles qui découlent de certains modes de pensée….exemple de la liberté de chacun qui fait que chacun est pour la liberté mais surtout la sienne, moins pour les 4X4 et d’autant lorsqu’il s’agit d’un campement nomade à sa porte ou d’y construire une prison.
Et je me dis méfiance…
@39 qui écrit :
"On rejoint le com n°9 de Gergovia, qui tout en défendant le "Pas de liberté pour les ennemis de la liberté" finit quand même par remarquer: "On a vu où cela a conduit"."
Tu tritures mes propos pour leur faire dire ce qu’ils ne disent pas.
Je ne défends pas la maxime de Saint-Just, car le principe sous-entendu nous a conduit à la Terreur : la loi sur les suspects, cela te dit quelque chose ? Pas un petit accident de l’Histoire, mais le premier crime totalitaire moderne.
Ce que j’écris, c’est qu’entre enfermement de la liberté d’expression, à la mode Saint-just, et apologie des crimes de guerre ou du racisme, à la mode Picard, il existe heureusement un large champ de liberté d’expression que certains semblent oublier ici.
L’appel à la haine n’a jamais consitué un discours politique valable. Il traduit simplement une faiblesse idéologique et une incapacité à convaincre du bien-fondé de ce en quoi l’on croit. Il n’y a qu’à voir le nombre de groupuscules à caractère totalitaire ou sectaire qui se tournent vers la violence dès lors que leur idées peinent à trouver leur public. La faiblesse idéologique et l’erreur non assumée.
La démocratie, elle, se défend avec les armes de la démocratie. Molassonnes, bien sûr. Elle pose des jalons, des bornes acceptables entre liberté totale d’expression et apologie du meutre. Et la limite est large. La démocratie n’assassine les gens au hasard dans la rue. Elle ne fusille pas ses opposants. Elle ne déporte pas les gens selon leurs idées réelles ou supposées, ou selon leur couleur de peau. A la différence des fachos dont Picard fait la promotion.
Là est toute la différence.
Il semble que beaucoup de gens confondent paroles et actes.
La liberté d’expression n’a pas de limite, mais tolérer l’expression de toutes les idées ne signifie pas les accepter ou les cautionner. On ne combat pas, par exemple le racisme, en interdisant les propos racistes aussi ignobles soient-ils.
La liberté d’action, elle, a une limite. On ne peut tolérer et on doit combattre, par exemple les actes racistes. Plus difficile en pratique…
"On ne combat pas, par exemple le racisme, en interdisant les propos racistes aussi ignobles soient-ils."
Vos propos sont étranges. Rien n’indique en effet que laisser librement tenir des propos racistes en public soit non plus une manière efficace de combattre le racisme…
La liberté d’expression connait donc des limites en France, pour ce qui se rapporte aux crimes de guerre, par exemple. Mais aussi plus couramment pour l’injure publique ou la diffamation. Il y a aussi la dissolution des ligues factieuses ou l’interdiction des sectes, dans un domaine plus étendu que la seule liberté d’expression. Rien de vraiment choquant là-dedans.
Le massacre d’Oradour-sur Glane, ce n’était pas un forum internet. Pas une discussion de salon. Picard a été condamné pour avoir tenté d’amoindrir la responsabilité des assassins qui ont commis ce crime de guerre. Il s’agit pourtant d’une histoire de messieurs en armes assassinant des centaines de femmes et d’enfants français. Du vrai sang, des vrais morts. Aucune excuse.
Tout le monde se fiche donc de convaincre les individus comme Picard, qui ont choisi leur camp. Qu’ils ne s’attendent pas à ce que les démocrates se laissent avoir une nouvelle fois. C’est pourquoi on empêche ce type de (censuré) d’extrême-droite de faire la promotion de la haine. La grosse araignée noire n’a été écrasée qu’il y a 65 ans.
Ajoutons que Picard a accompli sa peine de ferme sous bracelet électronique.
"On ne combat pas, par exemple le racisme, en interdisant les propos racistes aussi ignobles soient-ils."
Gergovia n’est pas d’accord. Je ne sais pas si ma position est semblable à celle d’Agnès, mais j’ai envie de préciser la mienne.
Nous ne devrions pas nous reposer sur des lois pour faire disparaître les propos racistes. C’est l’affaire de chacun d’entre nous. Dans les conversations de comptoir, dans le métro, auprès de nos amis quand ils sont ambigus. Dans nos propres familles. Dans l’éducation de nos enfants. Dans les syndicats, les partis, les associations. DANS NOTRE PROPRE TETE. Si nous l’avions fait, si nous avions méthodiquement arraché ces mauvaises herbes quand elle étaient minuscules et faciles à extirper, nous aurions changé la face du monde peut être.
Je pense aux blagues de Belges, remplacées maintenant par les blagues de Blondes, et qui avaient succédé aux blagues de juifs ou de boches. Ca n’a l’air de rien, une blague. Ca fait de mal à personne. Pourtant, ça propage une manière de penser qui fait qu’on continue de se marrer quand arrivent les premières étoiles. Car si cette manière de penser est très répandue, alors de vrais malfaisants surgissent, et trouvent un terrain tout préparé.
Sinon, ça nous fait une belle jambe qu’un "Picard" ait fait sa peine entre quatre murs (moisis de préférence) ou à l’air libre, sous le soleil, avec juste un pti bracelet à la cheville.
Comme si, pour lutter dans mon jardin contre les limaces, je me contentais d’en attraper une très grosse de temps en temps (après qu’elle ait pondu une centaine d’oeufs) et de la mettre en cage sous les flashs journalistiques!
Et si la majorité décrète que le racisme, c’est bien ou que les gauchistes n’ont pas le droit à la parole? Le problème de la liberté d’expression, ce ne sont pas ses limites, mais qui décide des limites. Et partant de là, le plus sûr, c’est qu’il n’y ait pas de limites.
À ma réflexion sur les relations humaines, j’oppose toujours deux filtres non manichéen : le principe de réciprocité et le principe de causalité.
Mon droit s’arrête au droit de l’autre, ce qui implique également que j’aimerais que l’autre pense à respecter le mien.
La liberté d’expression, tout comme la démocratie, sont des systèmes inventés et installés. Soit on essaye de les optimiser, soit on en revient au système classique et naturel du rapport de force ou l’autre n’est qu’une contrainte à notre propre liberté, et alors tout, absolument tout, est permis.
La liberté n’est pas absolue, c’est tout le contraire. C’est le désir de liberté qui est absolu. La liberté doit être contrainte pour qu’elle puisse représenter une valeur.
Personnellement, j’estime les gens à ce qu’ils disent, mais aussi à ce qu’ils se contraignent à ne pas dire. C’est ce à quoi on se contraint qui donne de la valeur à nos actes. C’est ce à quoi on se contraint qui donne de la liberté à l’autre.
"Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit". (Clin d’œil à Aggie)
J’ai toujours été anarchiste, parce que la loi ne s’impose pas, elle doit s’accepter. Ce sont les situations qui imposent la solidarité comme une réaction évidente.
Il y a des gens qui sont respectables parce qu’ils se respectent d’abord eux-mêmes et qu’ils ont une haute idée de la dignité humaine, et puis il y a les autres qui ne respectent rien au nom d’une pseudo-anarchie qui n’est qu’un désir de liberté narcissique.
Je ne vois pas au nom de quoi la société permettrait à un asocial de s’exprimer. La tolérance implique l’intolérance. C’est le même concept. Ce qui est acceptable par la majorité exclut ce qui n’en est pas acceptable. Ce n’est pas de la censure que d’envoyer l’individualiste forcené à la gare vers son utopique île déserte. En fait, ce n’est pas la société qui le rejette, c’est lui qui s’exclut de la société par l’excès de liberté qu’il prend.
L’être humain s’inscrit dans un chaîne inter-générationnelle. Il doit y tenir sa place. L’individu doit rendre plus qu’il n’a reçu, sinon son existence ne consacre que lui-même, et comme il est mortel, autant arrêter les frais tout de suite puisque ça ne lui profitera même pas.
L’individu est contraint par le corps social parce qu’il est une part, une cellule, de ce corps social.
Ce n’est pas à moi d’imposer les gens à se contraindre dans leur liberté d’expression, c’est à eux de se contraindre. S’ils ne se contraignent pas d’eux-mêmes en respectant le principe de réciprocité, alors que le principe de causalité, qui ne s’encombre pas de morale, leur explique que toute cause produit sa part d’effets désirables, et sa part d’effets indésirables.
Lorsque j’ai été admin (une bonne dizaine de fois), j’ai toujours partagé le pouvoir de l’admin. J’ai toujours jeté les trolls parce que leur motivation est évidente. Quand la majorité me la reproché, au nom de la liberté d’expression, je suis toujours parti. La majorité a toujours raison. On ne représente pas la majorité tout seul, sauf quand on est élu et un admin n’est jamais élu.
Pierre Meur,
Belgique
Agnès @53 : "Et si la majorité décrète que le racisme, c’est bien ou que les gauchistes n’ont pas le droit à la parole? Le problème de la liberté d’expression, ce ne sont pas ses limites, mais qui décide des limites. Et partant de là, le plus sûr, c’est qu’il n’y ait pas de limites.
Ma chère Agnès, et si la liberté d’expression des uns s’oppose à la liberté d’expression des autres, où est la liberté ? Pas de limites, c’est dépasser les limites. La charte du Monolecte, n’est-elle pas une atteinte à la liberté "sans limites" de l’expression ?
Ce ne sont pas les gens qui décident, c’est le contexte qui décide à leur place. On est dans le contexte, on est pas le contexte.
Les analyses a posteriori sont toujours très facile, mais c’est dans l’a priori que les informations manquent.
C’est quand nos raisonnements sont figés dans la rigidité cadavérique, que tout est à craindre. Rien n’est absolu dans l’univers, sauf les représentations abstraites que l’on s’en fait. Et tous les progrès de l’humanité doivent s’inscrire dans une mise en pratique progressive pour se protéger des effets négatifs du "progrès". Aujourd’hui, pour moi, la liberté d’expression est clairement bafoué parce que sa motivation est incomprise.
On ne peut pas imposer la liberté, qu’elle soit d’expression ou autre. Elle doit être comprise et acceptée. Ça doit être vécu comme une libération. Mais si on ne comprend pas son enfermement, on ne comprend pas non plus la révolution qui veut nous en délivrer.
Par exemple, l’ambition des athées à délivrer les croyants de l’obscurantisme religieux. Rien n’est plus odieux que d’enlever l’espoir aux gens, même si cet espoir est chimérique. D’ailleurs l’athéisme est devenu un dogme aussi rigoureux que ce que qui le précédait. On a changer le nom, on a changé les sacrements, on a changé les évangiles, mais la rigueur dogmatique est restée.
À l’instar de sa pipe, Renée Magritte aurait peint la liberté d’expression et aurait écrit en dessous : "Ceci n’est pas la liberté d’expression".
Si on impose la liberté, la liberté devient aussi une oppression. C’est un paradoxe, mais c’est comme ça.
La liberté d’expression n’avait qu’une vocation : permettre au plus faible de s’exprimer et que cette expression soit respectée par le plus fort. Si, à nouveau, la liberté d’expression consacre la liberté du plus fort d’opprimer l’expression du plus faible, la liberté d’expression ne vaut pas un pet. Même le plus faible doit mettre les formes quand il s’exprime s’il veut que son expression soit respectée.
Ce sont les professeurs qui donnent les cours, pas les élèves. Ce que les élèves savent, le professeur le sait aussi. Il a été élève avant eux. C’est pourquoi, la préséance revient au professeur.
Si la liberté d’expression donne un droit, elle impose également un devoir. C’est le principe de réciprocité qui veut cela.
Pierre Meur,
Belgique