La course au fric pour payer le loyer (l’emprunt…) quelques mois de plus est en passe de devenir un sport international de haut niveau auquel je m’adonne comme tout le monde, au détriment de ce blog, entre autres. Mais il s’agit bien là de tout ce que je consens à sacrifier à la détérioration entropique de notre vieux monde.
Parce que, pour le reste, tintin ! c’est le moment ou jamais d’en profiter à fond les ballons, non pas en se jetant à corps perdu dans la consommation à outrance ou dans l’individualisme forcené, mais en prenant bien conscience qu’à l’heure où le bateau coule sans que les canots aient été mis à la baille, il faut savourer sauvagement chaque mesure que persiste à nous jouer l’orchestre dans la débâcle. Il n’a jamais été aussi urgent de goûter à la douceur de vivre, jamais aussi important d’en finir avec les conventions rigides, les faux-semblants, les faux-culs, les excuses de merde, les fâcheux, toute cette accumulation de petits renoncements et grands ratages qui nous pourrissent constamment la vie en échange de la promesse d’une récompense future. Ce n’est pas non plus la philosophie égoïste du après nous, la fin du monde
. C’est juste que la fin du monde, c’est pour notre gueule et c’est imminent. Fallait bien que ça tombe sur quelqu’un, à force, un peu comme ma grand-mère qui annonce à chaque printemps que c’est le dernier qu’elle verra fleurir. À ce jeu-là, forcément, elle finira par avoir raison.
Tôt ou tard.
No future
Il ne s’agit pas de se lacérer les fringues en gémissant, de s’arracher les cheveux ou de se couvrir le visage de cendres, ce n’est pas comme si nous avions tant à perdre. Certains, comme sœur Anne à sa fenêtre, guettent le retour à la normale dans le monde qui rougeoit. Sauf que ce normal-là, nous sommes combien à réellement devoir le regretter ? Une normalité où une personne sur 5 a faim, où quelques-uns profitent de l’essentiel des ressources pendant qu’une immense majorité doit se déchirer la gueule pour les miettes ? Une normalité où les petits veinards de notre acabit passent l’essentiel de leur temps de veille à s’épuiser dans des boulots imbéciles et ingrats au lieu de profiter de la vie, des rires de leurs enfants, des bonnes blagues de leurs amis véritables. Une normalité où l’on se gargarise de bonnes intentions que personne n’a l’intention d’appliquer, où l’on parle de développement durable là où il aurait fallu penser en terme d’humanité soutenable.
Bref, le mur est d’autant plus proche que cela fait un sacré bout de temps que nous sommes lancés à pleine vitesse vers lui en klaxonnant comme des cons pour qu’il s’évapore de lui-même. En fait, je pense même que nous l’avons déjà explosé, que nous sommes déjà de l’autre côté du miroir, mais la force d’inertie d’un système civilisationnel tel que le nôtre est telle que nous ne nous sommes encore rendu compte de rien. Nous continuons sur notre lancée, portés par la force de l’habitude, englués dans la rassurante rationalité de la banalité quotidienne, nous agissons comme nous l’avons toujours fait, parce que c’est ce que nous savons faire le mieux, un peu comme le gamin qui ne se rend jamais compte qu’un beau matin, il n’a plus besoin de penser pour nouer ses lacets.
C’est exactement là que nous sommes, dans l’apparence de la normalité, dans la routine, l’illusion. Nous maintenons le mythe de notre société par la seule force de notre aveuglement et notre profonde réticence au changement, quand bien même notre quotidien nous révulse profondément, quand bien même nous devons vivre des vies sans relief, sans grandeur, bouffer de la merde à chaque repas, subir les autres, nous emmerder chaque minute de notre vie, nourrir le gouffre insondable de nos regrets, pourrir ce qu’il y a de beau et de grand en nous. Parce que ça, au moins, on connaît. Et ce que l’on connaît est toujours plus rassurant que le grand plongeon dans l’inconnu.
Nous ne sommes plus qu’à un battement d’ailes de colibri du moment où le voile se déchirera devant nos yeux, avant que le rouleau compresseur de l’Histoire ne nous passe sur l’échine, avant que tout ce que nous connaissons, aimons ou pensons aimer, tout ce qui fait notre réalité ne sombre dans l’oubli.
C’est terrifiant.
Surtout que les effondrements de civilisation se font toujours dans un grand fracas qui résonne longtemps à travers les siècles, et qu’il est nettement plus confortable de les lire dans un bouquin de Decaux, le cul vissé dans un bon fauteuil en cuir, les pieds tournés vers l’âtre crépitant. Mais bon, d’un autre côté, nous allons forcément vivre des instants intéressants.
Au lieu de se pourrir cette fin de règne en nous lamentant contre ce putain de sort qui s’acharne sur nous alors que ceux qui ont foutu la merde devraient réussir à bouffer leur extrait de naissance juste à temps pour ne pas contempler l’océan de désespoir qu’ils nous ont légué, profitons plutôt de ces derniers instants de répit avant la tempête, cessons de remettre l’essentiel au lendemain, qui ne viendra peut-être jamais, cessons de nous mentir, de nous brider, de nous faire chier pour rien.
Toi qui me lis, finis quand même ce texte, puis éteins ta machine et retourne à la vraie vie, celle que tu n’as jamais osé vivre, parce que tu t’imaginais avoir quelque chose à perdre. Fais-toi porter pâle et va contempler la pluie de pétales qui s’épanouit juste en ce moment sous les arbres fruitiers, va voir la collègue du bureau d’à côté à qui tu n’as jamais osé parler et invite-la à une longue, très longue balade sous le soleil du printemps. Rentre chez toi et va embrasser ta femme, tes gosses, ton chien et même le voisin, s’il s’était un peu attardé dans ton pieu avec ta femme. Tire-toi et va rendre visite à tes vieux amis que tu as presque perdus de vue à force de toujours avoir mieux à faire que d’aller les voir, alors que tu n’habites qu’à 1 heure de route de chez eux et jouis en paix du silence qui peut s’installer entre vous sans que cela ne vous mette mal à l’aise, juste dans le plaisir d’être ensemble. Envoie chier le formateur en conneries psycho-bordel-trucs qui tente de te pondre dans la tête ses idées de winner périmées depuis au moins 3 siècles et te fait perdre un temps précieux que tu pourrais passer avec des gens juste sympa ou même agréables. Va rameuter les collègues qui s’échinent comme toi pour juste éviter le coup de pied au cul et offrez-vous une belle sparadrap-party avec les cadres sup de ta grosse boiboîte en dépotant un barbec de merguez avec des vieux dossiers de recouvrement. Fais tout ce que tu as remis à plus tard, tout ce que tu jugeais trop con, trop immature, trop plus de ton âge. Va faire du patin à roulettes avec tes gosses et vautre-toi la gueule dans un grand éclat de rire, cours au sommet du pont du Gard pour te faire ton vieux trip de chute libre, les pieds retenus par un ancestral slip de sumo. Retrouve tes 12 ans, fais péter la cravate, le tailleur cintré, le bleu de travail, la blouse de larbin, les convenances, débarrasse-toi de tes peurs, de tes hontes et des faux amis. Reprends les pinceaux que tu avais abandonnés pour une très rationnelle carrière d’ingénieur en informatique, recommence à glander comme un ado, écris un livre, publie tes poèmes tellement pourris que même ton conjoint ignore leur existence, ne te raconte plus d’histoires, ne te cherche plus d’excuses, libère-toi de ton pire bourreau : toi!
Profite de ta vie tant que ton sang pulse dans tes veines, que tes jambes te portent un peu plus loin, tant que tu as réellement la possibilité de le faire. Remplis ta mémoire de tous ces moments uniques et merveilleux, nourris-toi de cette euphorie incroyable que tu t’es toujours refusée, capitalise sans vergogne toutes les particules de bonheur que tu peux rafler, démultiplie tes investissements affectifs en les partageant avec le plus de monde possible, sème la joie autour de toi et récolte des tombereaux d’espoir, des brassées d’envie de lendemains qui chantent, que ta gentillesse soit impitoyable pour tous les empêcheurs de vivre en rond, les connards, les profiteurs, les faux-culs, les donneurs de leçons, les moralisateurs et les peine-à-jouir.
Fais le plein d’allégresse.
Pour survivre à la suite.
Pour avoir la force et l’envie d’inventer de nouveaux lendemains.
Powered by ScribeFire.
L’apocalypse a une connotation religieuse que je ne partage pas. Je parle plus de la fin d’une époque, d’un modèle de société que de la fin du monde au sens large. Le fait que le modèle occidental ne soit plus dominant ne sera pas une grosse perte pour l’humanité. Toute la question est de savoir par quoi on va remplacer cette merde et comment nous allons nous y prendre pour faire face aux conséquences globales de la plus effroyable époque de gaspillage de toute l’Histoire humaine.
Maintenant, si l’humanité ne passe pas l’obstacle, ça fera plus de place pour les blattes…
En attendant la déflagration – un empire chute toujours brusquement, repensez à l’Argentine de 2000 – on peut commencer par joyeusement chier dans les bottes du système, puisque de toute manière, il est fini. Il n’y a donc plus de raisons objectives de continuer à s’y soumettre et à gâcher notre vie en ce faisant!
Big fiesta en vue, les copains, et les copines!
Pour répondre à la question de la masculinité de l’interlocuteur que j’exorte à se sortir les doigts du cul… peut-être est-ce que parce que, quelque part, les hommes seraient plus encrystés dans le système, plus timorés quand il s’agit de faire péter les carcans, je ne sais pas, c’est une réflexion a postériori, c’est juste comme cela que le texte est sorti… mais j’en toucherais deux mots à mon inconscient ce soir 🙂
Salut Agnès
Je savourais ta façon d’annoncer l’apocalypse et tes recettes pour y résister, au moins moralement, quand j’ai vu que tu t’adressais à une humanité au masculin:
"Rentre chez toi et va embrasser ta femme, tes gosses, ton chien et même le voisin, s’il s’était un peu attardé dans ton pieu avec ta femme."
J’en suis tombée de ma branche.
L’apocalypse…
Je me demande si chaque humain passé sur cette planète n’a pas eu ce sentiment (la fin c’est pour bientôt, tout va plus vite, ça ne va pas durer)…
Bah… merdre alors ! J’étais en train de me dire, "allez, un dernier coup d’oeil sur l’écran avant de débrancher" (ok, au moins pour le w-e, ce qui est déjà ça…)
Bravo Agnès ! Merci pour ce texte et toutes les envies qu’il suggère, réactive, amplifie…!
Mon ordi va rester allumé juste pour diffuser très fort un hymne à la vie : Pastime Paradise, dans la version de Ray Barretto :
http://www.youtube.com/watch?v=dDUV…
Enjoy ! 🙂
le cul vissé dans un bon fauteuil en cuir, les pieds tournés vers l’âtre crépitant.
mais a l’ age du feu on avait déjà ça , assis sur une peau de bête devant un feu
il me semblerait que c’est parti en vrille depuis que la femme dans son besoin
de securité a délaissé l’homme pour d’autres hegemonies , les soixante-huitardes feministes y ont cru ; ça l’a pas fait, l’enfant roi ; ça l’a pas fait
l’homme par nature n’est pas hégémonique donnez lui des champs du possible
et il fera des miracles Gagarine , Gandhi , Stallman …. hé oui par le libre un autre monde serait-il possible ?
Les hommes plus incrustés dans le système, c’est à voir, combien de femmes si studieusement, scolairement conformistes et soumises…
Tu vas même pouvoir rallumer la lumière pour les soirées sur la terrasse de ton blog, maintenant que la dopie à sa mémère a levé le camp 😉
@Matrice : "Faire confiance à l’Humain, écouter son cœur…" Voilà, c’est tout à fait ça : "n’ayez pas peur". Mouaaaaarf !
Ton texte est bien..
Cependant, on dirait que tu t’adresses à un peuple de petits cadres ou ouvriers conformistes qui me semble déjà d’un autre monde…En ce moment, c’est plutôt chomeur ou futur chomeur, la position des gens…
Alors partit à la pêche ou boire un coup avec des potes, est-ce que çà a un sens quant tu dois chercher un débouché financier et de vie??
Mais moi, je ne vois pas du tout les choses comme ça…
Pour moi, j’ai l’impression que s’il y a "fin du monde", c’est la fin de LEUR monde… Un monde avec pour mot d’ordre "gagnez toujours plus de fric, sans limites, et le fric au pouvoir".
Un peu la chute de l’autre moitié du Mur de Berlin…
Il y aura toujours l’Humain. Ça sera organisé différemment. Ça le devra de toute façon, LEUR façon a très bien montré son échec. C’est juste que je suis un peu inquiet de voir comment seront redistribuées les cartes (ou de qui les redistribuera…) et du mal qui pourra être fait, à l’Humain ou à son environnement, lors de la chute de cette "élite" dirigeante et de la transition.
Faire confiance à l’Humain, écouter son cœur…
Ah, c’est beau comme si Cassandre avait écrit l’Apocalypse et saint Jean l’Illiade et l’Odyssée.
Bein le monde est pas figé, hein, à part dans le coran.
Remarque, le Teide pourrait exploser (c’est le mieux placé pour demain ou dans mille ans mais à l’échelle des ères ça fait pas grand chose), ça ferait un beau raz de marée et mieux qu’un hiver nucléaire. Ou bien il pourrait pleuvoir des météores pas prévus par les astrophysiciens. Sinon la terre pourrait changer son axe de quelques dizaines de degrés et le pole nord se retrouver au Sahara. Invertir sa rotation aussi, ça nous fera des courants d’air rafraichissants. sinon qu’on le veuille ou non, pollution ou non, le pole nord va fondre de toutes façons parce que mine de rien on est en période interglaciaire, l’eau va monter c’est certain, elle monte d’un mètre par millénaire de toutes façons, qu’on le veuille ou non faudra s’y faire.
Z’arriverez à marcher ou z’avez besoin de béquilles?
Moi aussi je trouve ton texte bien.
C’est vraiment bizarre de voir comment on retrouve ce sentiment de fin du (ou d’un ?) monde chez des personnes
totalement différentes, avec des préoccupations différentes et à des périodes assez éloigné. Le mot allemand "Zeitgeist" (esprit du temps) me semble plutôt bien convenir, pour décrire ce genre de phénomène.
Ton billet me fait penser à ce qu’écrivait il y a un an Paul Jorion.
C’est un type que je trouve vraiment intéressant, un des rares économiste à avoir compris qu’il y avait
quelque chose de pourri dans ce capitalisme financier ( il a écrit un bouquin en 2007 intitulé "Vers
la crise du capitalisme américain ?", je pense que c’est quand même bien vu).
Je me souviens très précisément d’un de ces post qui m’avait fortement marqué en juillet 2008, intitulé
"Le dernier rivage" (http://www.pauljorion.com/blog/?p=6…).
Un lecteur avait laissé le messages suivants au sujet de son billet "Le krach qui se profile à l’horizon" (http://www.pauljorion.com/blog/?p=6…) :
"Au point où vont les choses, vu le rythme qui semble s’accélérer, je crois que ça va sans doute être les
dernières bonnes vacances cet été pour beaucoup de personnes. On devrait tous se faire un petit weekend
tous ensemble, entre gens de bonne compagnie qui voyons les choses telles quelles sont et non comme les
dirigeants voudraient qu’on les voie. Un bon petit weekend sympa histoire de profiter une dernière fois des bonnes
choses de la vie et d’avoir une discussion stimulante avec des gens intéressants et intelligents."
un autre:
… c’est la fin d’un système, et l’instabilité qui en découlera peut donner n’importe quoi, y compris des guerres…
Alors il est utile de se rappeler (à soi même !) pourquoi on vit; une fois qu’on le sait, il faut le faire savoir aux autres,
en espérant qu’ils se comporteront en humains dans leurs actions individuelles. Ces actions individuelles, contiendront
en elles au moins cette parcelle de cohérence, qui accumulée donnera un sens, à l’ensemble apparemment désordonné.
D’ailleurs, il illustrait ce sentiment général avec un extrait du film "Le dernier rivage" ("On the beach") avec Gregory Peck.(http://fr.wikipedia.org/wiki/On_the…)): Suite au déclenchement de la troisième guerre mondiale, l’Australie est le seul continent épargné par le conflit.
On suit les derniers instants d’une poignée d’hommes et de femmes, condamnés à terme par les retombés radioactives.
Ton billet est d’une portée plus générale (Paul Jorion se préoccupe principalement de question économiques et financières), mais il traduit vraiment bien ce sentiment diffus: nous sommes dans un système qui va à sa perte, et que rien ne peut arrêter. Alors autant profiter du temps présent.
"Le dernier rivage" : http://www.youtube.com/watch?v=9suI…
Les petits cadres constituent le ventre mou du système, sa force d’inertie, justement. Quand ils vont commencer à tomber, c’est que tout le reste aura été élagué. J’ai déjà écrit dans Quand la merde monte que pour le petit peuple, la crise, ce n’est pas nouveau. Personnellement, j’ai grandi dedans. Il y a aussi le fait que quand les riches maigrissent, les pauvres crèvent, et c’est assez juste de le rappeler. Mais mon appel à profiter de la vie vaut pour tous. Je ne sais pas combien de temps encore je vais pouvoir payer mon loyer. Je participe donc à la grande course à l’échalotte collective pour glâner quelques sous de plus, mais même si je suis au bord de la faillite, je suis à fond dans mon pricipe de profitation de la vie! Manière, on risque de massivement finir en voisins Quetchua d’ici la fin de l’année…
"Quand ils vont commencer à tomber.."
Ben, ça y est c’est fait, comprends pas pourquoi nobody le knows..
Etrange ce non-dit !
Contempler les pluies de pétales, oui, mais garder un oeil sur le reste…
Et un oeil gourmand, car loin d’être terrifiant, l’avenir est radieux Agnès.
Mets un "paypal don" sur ton blog, on va te faire comprendre que dans cet avenir, la solidarité y occupera une belle place boudiou ! Et plein d’autres choses….
Beau texte .
Superbe texte Agnès.
J’adhère totalement à ta conclusion.
Profitons de nos vies, ne cédons pas à la peur, à la morosité.
L’empire occidental, s’écroule…c’est ainsi, des ruines naîtra un autre monde et nous pouvons être les acteurs de la reconstruction…
c’est très excitant!
Chevillette n’a pas tort, sauf sur la peche à ligne dont l’avenir me parait menaçé à trés court terme, où alors, il faut étre amateur du fameux contrat à Hirch ( un homme qui a fait ses classes chez Emmaus,ce qui veut tout dire ).
Pour les autres, il suffit de jeter un oeil sur Ebay, de parcourir des brocantes, des salons du livre , des parkings de ventes sauvages de bagnoles, bref tous ce qui fait l’underground de la crise …
Les riches vont bien, essayez donc de vous procurer une Audi A5 chez un concessionnaire, ou la nouvelle class E ; la classe moyenne résiste d’autant qu’en terme d’épargne elle est championne du monde…quant aux chomeurs, ils étaient combien, sur la derniére manif à oser revendiquer le statut , 10 à ce qui parait – la vache !!!
Bien sur , le peu d’industrie qui restait , se barre à l’est , pendant que nous autres les importateurs distributeurs devont faire face a ce même Est qui fait mumuse avec les TVA intra…..mais ça, c’est pas la crise, c’est juste nos politiciens et nos intellectuels qui trahissent.
Ils ont des grands mots pour ça , écologie, mise à niveau européenne…
Tenez , j’ai une bien triste nouvelle, je ne mangerai plus de sardines péchées dans les ports de mon bled – Barnier nous a trahi au profit de la pêche industrielle espagnole – adieu les petits vendeurs saisonniers qui participaient tant au chame de ma ville…
C’est la gueule de bois pour beaucoup depuis longtemps, maintenant ça le devient pour les classes moyennes mais aussi pour les tunés. A défaut d’autre chose, une ballade printanière dans les chemins boisés ne coûte pas grand chose et c’est encore possible…un peu d’air ne fait pas de mal et même un peu de bien.
@ fao
C’est ça, promène-toi pendant que le loup y est pas et peeense à profiter de la vi-e, ne céde pas à la peurrr, à la morosité. Pense à l’empire qui s’écroule, c’est tellement excitant, et à la reconstruction du monde dans la joâ et la bonne humeur, c’est à dire pareil qu’avant mais différemment. Genre c’était ‘achement mieux au moyen-age que dans l’empire romain (mfff!!!). Si on sera toujours vivant mais ça m’étonnerait, parce que le passage d’un monde à un autre prendra un certain temps. Un bon siècle je dirais.
magnifique, si proche de mes pensées que c’est un régal…
tu dis "mais la force d’inertie d’un système civilisationnel tel que le nôtre est telle que nous ne nous sommes encore rendu compte de rien"… là ce n’est pas vrai, enfin pas pour tout le monde : si je puis me permettre en 1995 Pierre Thuillier publiait chez Fayard ce sublime "rapport sur l’effondrement de l’occident, La Grande Implosion". Une petite citation du livre, on est en 2081 : Pour nous les choses vont de soi : une société dominée depuis les origines par la figure du Marchand était une société gravement handicapée, d’ores et déjà condamnée à la stérilité poétique et spirituelle."…
Lire ce bouquin et vivre…
floreal,
quand je me promène, j’évite de penser à l’avenir, de façon optimiste ou pessimiste, c’est pourquoi je me promène, ne vous en déplaise. Je n’ai parlé ni de l’empire romain ni du moyen age en tant que bonne époque, alors je ne vois pas pourquoi vous en parlez. Arrêtez la science fiction, ça ne vous fait aucun bien à part de croire que vous dialoguez avec un autre alors que vous dialoguez avec vos fantasmes.
"libère-toi de ton pire bourreau : toi!"
Putain de ma race , je savais bien .
Il est temps que je te fasse ta fête , toi ! enfin ..moi ..bref , on a des comptes à régler , toi, moi .
Bravo Monolecte , un vrai morceau d’anthologie que tu nous offres là .
N’empêche que ça fiche un peu le cafard car tous ces mots mis exactement sur tout ce qu’on n’en finit pas de pressentir depuis longtemps , depuis presque toujours , c’est dur ..
Finalement, Claudia, écrire n’est rien d’autre qu’un boulot de terrassier : l’intérêt, c’est d’aller sous la surface des choses, là où tu enterres bien profondément tout ce que tu ressens et n’oses même pas penser et tu creuses!
"Il y a aussi le fait que quand les riches maigrissent, les pauvres crèvent, et c’est assez juste de le rappeler."
Voilà une affirmation surprenante. Cela justifierait le "bouclier fiscal" de Sarko! Surtout ne pas faire maigrir les riches!
Les grandes fortunes n’ont jamais été aussi opulentes qu’en ce moment, et la misère aussi démesurée. Il n’y a jamais eu autant de milliardaires et autant de gens qui meurent de faim, au sens propre.
Des milliers d’Africains se tuent sur les routes de l’exode vers le Nord alors que leurs classes dirigeantes n’arrivent pas à compter leurs fortunes planquées dans des paradis fiscaux.
Liliane Bettencourt, fortune évaluée à 17 milliards d’euros (je dis bien milliards), se serait soulagée d’un milliard au profit d’un petit ami sans se sentir vraiment affaiblie par cette cure d’amaigrissement.
Je crois, au contraire, que plus une minorité accapare la plus grosse part du gâteau, plus la majorité crève la dalle en la regardant se bâfrer.
C’est effectivement une question de taille des parts de gâteau, lequel devrait nous permettre de tous vivre de manière correcte. Sur la cure d’amaigrissement des riches, je voyais plutôt ça comme le fait que quand le gâteau commun rétrécit, comme les mauvaises habitudes de répartition inégalitaire perdurent, la même proportion pour les pauvres ne suffit plus à leur survie. Autrement dit, quand tout va bien, les riches ne laissent aux pauvres que la portion congrue qui permet de ne pas crever tout de suite et quand tout va mal, ils ne s’embarrasse plus de ce genre de détail et les laissent crever pour maintenir leur putain de niveau de vie.
Cela dit, tu as bien fait d’intervenir, parce qu’au final, je pense que c’est ton interprétation qui est la bonne 🙂
Là, en ce moment ils parlent de Clara Rojas…
Je trouve qu’en fait, il y a beaucoup de similitudes avec la situation actuelle.
On est pris "en otage"… dans LEUR monde, dans LEUR système…
Et puis, il y a ceux qui sont touchés par le syndrome de Stockholm, ceux qui ont cru au "travaillez plus pour gagner plus", etc.
C’est frappant de voir les choses sous cet angle-là…
Ne soyez pas médisant, L Bettencourt finance ses bonnes œuvres contre le sida en Afrique : http://www.solthis.org/objectifs-r9…
Bien vu ! En somme " carpe diem " ! Le problème, et même le malaise, c’est que beaucoup de ces crapules financières, de ces élites politico-financières qui nous ont conduit dans la crise où nous nous nous débattons vivent depuis longtemps ainsi !
http://crayondenuit.canalblog.com
Mouais, le centre commercial de mon bled est toujours rempli de jeunes couples modéles venus acheter le dernier gadget à la mode…
A mon avis, il faudra attendre la banqueroute finale pour la prise de conscience et c’est pas encore çà…
Bah ! Comme aurait dit Derrida nous commençons à peine un travail de déconstruction. Ca prend du temps.
"Que ta gentillesse soit impitoyable !"… c’est le camouflet le plus provocateur que l’on puisse en effet souffler à la face de politiciens pervers, de petits économistes infatués ou de dirigeants malotrus.
"Si la solidarité est un délit alors je veux bien être poursuivi pour ce délit"… Quel slogan plus frappant que celui-ci ?!
Merci Agnès de ce magnifique billet ! Mon dieu, qu’il est difficile d’écrire après toi… 🙁
Ben si on était bloqué tous les 2 dans un ascenseur, 5 minutes avant l’apocalypse, ben je crois bien que je prendrais le temps profiter de la vie méthodiquement, monolectement, minute par minute et au diable les poils
;-))))
C’est très gentil, Farid, mais je sens ça va être festif quand monsieur Monolecte va passer par ici comme il le fait régulièrement pour lire mes billets et les commentaires qui vont avec 😀 ! Je ne crois pas que ma révolution personnelle soit très facile à vivre pour lui actuellement… d’un autre côté, je ne pense pas avoir été jamais facile à vivre tout court.
Bon, maintenant, dans un ascenseur, à cinq minutes de la fin du monde… 😉
Dommage qu’en ce moment, je systématise le recours à l’escalier pour cause d’hygiène de vie en constante amélioration 😀
Profiter du temps présent ne change pas un système.
Ce système est à bout de souffle parce que nous avons tous profité du temps présent.
De 2 choses l’une : soit on la ferme et on profite, soit on dresse un tableau de merde à la hauteur de la dite-merde, et on se bouge le cul pour changer le dit-tableau.
On ne peut pas être dans une description négative et profiter du temps présent. C’est un non sens.
Le vieux monde avait le choix entre aller dans le mur ou la crise.
Sans la criiiiiise on allait dans le muuuuur c’est suuuuuuur.et archisuuuuuur.
Avec la crise on va peut être avoir le temps de démonter le mur pour aller de l’autre côté.
De l’autre côté du mur il y a le Nouveau Monde.
Tout à fait, profitez du temps présent sans rien faire alors que c’est la merde pour beaucoup ce serait presque coupable..
Bizarre, je sens un vent de découragement chez les meilleurs jugements sur le monde actuel, comme si au moment ou cela va être possible, la peur de l’inconnu revenait au galop!
En vérité, je te le dis, petit bonhomme de peu de foi, celui qui préfère profiter de la vie que de vivre du profit, celui-là commence déjà à changer le monde…
Je change le monde alors, à mon petit niveau 🙂
C’est quand même beau ce que tu écris Monolecte, et même si çà me dérange un peu, sur le fond je suis bien sur d’accord, hein!
@Agnès de foule pas trop, pour ton homme, tu lui expliqueras pour contractualiser un peu tout ça qu’entre aller dans le mur ou se taper une bonne crise, vaut mieux prendre l’ascenseur. Et puis s’il se pointe pendant qu’on est coincé dedans, je lui suggérerais d’aller chercher du secours, ça l’occupera 5 mn 😀
Je me réjouis profondément de découvrir que tu n’es pas un homme jaloux ou même vaguement possessif.
Bon maintenant, trêve de grivoiseries, revenons aux choses sérieuses : que diantre comptes-tu faire en seulement 5 minutes???
😀
Vous avez parfaitement raison !! Ne sacrifions rien de nos rêves ,c’est le moment d’agir et vous l’exprimez si bien !
idée géniale
http://www.gibello.com/blog/index.p…
bruno
on va vivre un truc extraordinaire mais on ne pourra pas le raconter…
Nostradamus où es-tu ?
Houla, mes fautes me poursuivent partout "ne te foule pas trop" et pour la suite c’est ""pour contextualiser" et non "contractualiser" … comme on contractualise à tout va à l’hosto …
Sinon comme tu dis trêve de grivoiseries, je n’ai pas besoin d’expliquer à une fille intelligente qui a déjà bien compris la gravité de situation et le caractère irréversible de la dégradation entropique de l’ancien monde ce qu’on pourrait faire en 5 minutes pour ne pas mourir idiots.
Parce qu’après tout on peut aussi jouer à papier caillou ciseau … reste juste à voir la tête de Saint Pierre nous accueillant dans l’au delà avec un "ah les cons !"dépité 😀
Pour les classes moyennes en train de degringoler, et vu les chiffres, on devrait plutot parler de miettes plus ou moins grosses a laper sous la table (en se prenant des coups de pied) que de parts de gateau.
On peut se consoler en pensant que (peut-etre?) plus gros sera LEUR festin, plus grosses seront NOS miettes.
Le tout est de savoir si on veut vivre comme ca (ou pas).
Ma grande, je ne peux qu’applaudir de toutes mes mains, c’est ce que je prêche depuis des lustres !
Et puis surtout, surtout, n’oublie pas te plonger avec délices dans un bouquin magnifique : "La conjuration des imbéciles" (John Kennedy Toole)… Du bonheur très impolitiquement correct en barres.
Que restera t’il de notre esprit civilisateur après le grand marasme … la fin d’un monde est pas forcement la fin du monde 🙂
Nath, ah! ce cher Ignatius Reilly et son rapport au salariat, superbe et si difficilement praticable : mais que reste -il de praticable aujourd’hui qui soit humain, totalement humain. l’Homme économico-machinus que nous sommes devenus (depuis Descartes) ne supporte plus rien qui grince, qui hausse le ton, qui est en avance sur son temps, qui joue, qui s’amuse… qui pense activité gratifiante plutôt que occupation salariée inutile pour la plupart du temps. Qui emmerde le monde quoi… surtout les principaux vecteurs de l’idéologie marchande que sont les petits salariés occupés à emplir de propagande nos chères petites têtes blondes !
Il le dit si bien Ignatius, mieux que moi… le livre, La conjuration des imbéciles, vient d’être réédité en poche cartonné avec une très jolie jaquette. Et vivement la Grande Implosion… (http://www.humains-associes.org/No8…)
Comme d’habitude, texte superbe et généreux… Quel souffle ! J’ai écrit il y a peu sur la mort des civilisations… mais on ne peut même plus parler de civilisation pour le monde atroce que l’on nous a fait. C’en est l’antithèse absolue. Total mépris du plus précieux : l’humanité.
J’ai la chance depuis 20 ans de n’être plus obligée de courir comme une folle pour gagner ma vie et je préfère encore être abonnée aux peu de ressources de la Planète pauvre qui ne peuvent qu’inciter à une forme d’épicurisme bien compris : se contenter de peu…
Je préfère mes luxes : les livres et les amitiés aux appétits inextinguibles de biens matériels que tout nous incite à acquérir, le plus "jetable" possible (pour mieux considérer dans la foulée les gens qui les produisent comme tout autant jetables !).
Sinon, je pense quand même que l’on peut parler d’Apocalypse. Je suis depuis fort longtemps intriguée par un passage de celle de Jean (13- 17,18) "de façon que personne ne put acheter ou vendre sans être marqué du nom de la Bête ou du chiffre de son nom (…) aux gens avisés de calculer le chiffre de la Bête ! Car c’est le chiffre d’un homme, et ce chiffre est 666"…
Il faut bien sûr laisser de côté tout le fatras millénariste, la Parousie, la Kabbale et tout le tremblement…
Mais je me suis amusée à consulter un petit bouquin sur la numérologie et j’ai été surprise d’y découvrir que les seules trois lettres qui forment 666 soient "FOX" ! Comment ne pas penser au triste con qui prétend formater les esprits à la "culture de marché" (dixit le Monde diplo) ?
Carpe diem, c’est exactement cela. Retrouver ou conserver la part d’humanité, celle d’enfance, ne rien abdiquer de nos rêves et petits ou grands plaisirs qui ne s’achèteront jamais.
L’amité et l’amour, l’instinct de toujours préférer les plus humbles et d’être, contrairement à certains, gentille à leur égard (ce qui n’empêche nullement la critique) et féroce envers les puissants qui nous méprisent. du haut de leur connerie en béton armé.
Je saurais être optimiste (sauf pour ma vie perso) mais rien ne peut nous atteindre, sauf des galères matérielles et je suis tellement habituée à me serrer la ceinture (d’autant plus facile que j’ai perdu 20 kg !) que l’avenir que tu nous promets – une fois traversé le miroir des illusions – ne peut que m’enchanter ! Osons la vraie vie !
Superbement écrit !
Ceci dit je pratique quelque part déjà tout ça … je n’ai jamais aimé cette société, je n’en regretterais rien, mais je suis inquiète des réactions de mes semblables quand ils comprendront que c’est effectivement la fin de la civilisation occidentale qui est en-cours, ce qui risque d’agraver considérablement les problèmes matériels auquels nous allons être confrontés. Je suis en zone rurale, ce sera plus facile qu’en ville …
Je ne suis pas très optimiste concernant la capacité des être humains de cette société à redécouvrir d’un seul coup, comme par magie, ce qui est important dans la vie, ce qui peut rendre heureux, qui ne peut s’acheter et se vendre, qui ne peut être mis en scène, et de ce fait profondément méprisé comme dépourvu de valeur … valeur marchande bien entendu !
Si le net permet d’avoir le plaisir de croiser des personnes avec l’esprit desquelles on se sent en phase, et permet de savoir qu’on est pas seul à voir les choses d’une manière différente … c’est en même temps frustrant, parce que ces personnes sont généralement assez loin de chez soi, et pas possible de sortir du virtuel, et de dire : tiens si on se retouvait pour papoter et refaire le monde en buvant un café !
Faute de pouvoir le proposer, amitiés à toi Agnès et à Kamisole dont j’apprécie également l’esprit et l’écriture … nous ferons ce que nous pourrons, avec le peu que nous savons, où nous nous trouvons, au fur et à mesure que les choses se préciseront … 🙂
Je pense comme toi que rien ne vaut le papotage autour d’une tasse de café ou une bière bien fraîche. En ce moment, je tente de rééquilibrer ma vie réelle par rapport à ma vie virtuelle. Je passe moins de temps au clavier, plus avec mes proches. Hier, je suis passée chez un ami perdu de vue depuis 2 ou 3 ans : n’importe quoi de ma part! Quelqu’un de vraiment gentil et sympa avec qui je m’entendais bien. Bon, pas de chance, il faisait les courses ailleurs avec sa femme, mais les bonnes actions ne sont jamais perdues : voyage dans la Gascogne printanière avec un ciel remarquable et un pote qui sait que je ne l’ai pas oublié mais que je suis une merde en visite-surprise! 🙂
Si seulement c’était vrai ! Mais hélas j’ai peur qu’aucune apocalypse ne vienne troubler le troupeau de boeufs en pâture. Qui continue inconscient à parler de la texture de l’herbe, ou pour les plus conscient à s’imaginer que d’autres générations, d’autres qu’eux même, sont responsables. Sans jamais voir que la situation est l’exacte conséquence de la somme de nos comportements et que nous avons le pouvoir de tout changer sans en avoir l’envie.
Vous le dites tellement bien que ça n’a plus d’autre importance que d’avoir été dit comme vous l’avez dit. Vous dictez sans doute vos textes, car le rythme est celui de l’éloquence. Je ne crois pas qu’on puisse ÉCRIRE de cette façon. Si vous décidez de porter un message vous le porterez loin. Rien à ajouter, car vous êtes complète.
À moins qu’en fait, je ne parle comme j’écris 😉
Blague à part, je fais attention au rythme des phrases que j’écris, j’y mets une forme de musique des mots et beaucoup de sensations, aussi, de ressenti (et non de ressentiment), mais au final, le plus souvent, tout a tendance à sortir un peu comme cela, beaucoup de retouche, si ce n’est la chasse aux fautes. D’ailleurs, je me demande si on sent la différence entre les papiers qui sont sortis dans un grand élan rageur et ceux qui ont mariné sous le clavier pendant des jours, des semaines, voire des mois…
Merci, Cacou.
Vous avez raison, c’est un peu des deux : un profond optimisme quant à l’issue de tout ce merdier et un indécrotable optimisme quant à notre capacité à dépasser notre médiocrité, nos peurs, nos freins pour peut-être toucher au sublime, lequel est de vivre, tout simplement, mais vivre, complètement!
Je souhaitais simplement vous partager l’émotion que vous avez suscitée en moi. Votre article m’a donné matière à penser. Merci. Mais ne se cacherait-il pas derrière cette vague d’optimisme un semblant de désespoir ?
personne ne parle de tout péter, d’arrêter tout ça, d’en finir une bonne fois pour toute. Bien sur ce sera violent, cruel pour certains et libérateur pour d’autres, comme d’habitude. Je crois que si on n’ose plus c’est parce qu’on tiens au peu qu’on a et qu’on n’accepte plus de tout perdre, même ce peu là. Alors je vous demande: ou est la solution, s’il y en a une? Et bien oui il y en a une, mais elle est impensable et ironique: c’est se soucier de l’autre…
Je viens de finir (enfin!) L’insurrection qui vient. Je suis assez en phase avec l’ensemble du texte mais reste toujours dans l’expectative quant à la question du recours à la violence. D’ailleurs le Comité invisible ne prône pas l’affrontement direct mais bien des stratégies de guerrilla et de sabotages. La violence frontale appartient à l’autre camp et a tendance à surtout retomber sur les clampins de base.
Le questionnement sur la forme que peut prendre l’œuvre de déconstruction de notre société est fondamentale. J’ai encore tendance à penser que l’usage de la violence ne profite pas aux opprimés ou, tout au moins, a tendance à remplacer une élite dominante par une autre, cette fois issue de l’usage de la violence. D’un autre côté, l’élite actuellement au pouvoir fait usage de violence contre le peuple chaque jour et n’a clairement pas l’intention de lâcher la part du lion si on se contente de lui demander poliment.
. Al Capone.