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17 mai 2006

C’est l’histoire d’un mec qui paie les conneries d’un autre, dirait Coluche.

Imaginez que vous vivez dans une chambre d’hôtel, avec votre famille. Puis, un jour, un gars que vous ne connaissez pas, crochète la porte, vous menace avec un flingue, vous attache avec votre famille et vous confine dans le placard.[1] Ensuite, il s’installe sur votre pieu, mate la télé et se met à vider le mini-bar et à appeler le groom-service comme un dératé.
Quand les gens de l’hôtel viennent servir le caviar du gros naze qui se prélasse dans vos draps, vous émettez bien des signaux de détresse, vous appelez à l’aide, mais là, on vous fait comprendre qu’il s’agit de votre chambre, que ce qui s’y passe vous regarde et que personne ne va commettre d’ingérence dans vos affaires privées. Le mec a vidé votre porte-feuille, est en train de vider vos comptes bancaires grâce à vos cartes de crédits et fondamentalement, cela fait plutôt bien les affaires de l’hôtelier, dans la mesure où vous n’étiez pas aussi dépensier.

Le gars qui est incrusté chez vous fait une java de tous les diables. Il a invité des potes qui saccagent votre chambre et dégueulent dans les pots de fleurs. Comme ils se sont lancés dans une partouze géante, y en a un qui est venu chercher votre femme dans le placard pour s’amuser un peu avec elle. Ca vous rend fou, mais les gars vous ont bien cogné et vous ont fait comprendre que si vous faisiez chier, ils allaient s’en prendre aux gosses. Donc, vous restez dans votre placard, la gueule en sang et vous patientez de votre mieux en vous disant qu’ils vont finir par se lasser et vous vous efforcez de ne pas entendre les cris de votre femme.

Mais la fiesta continue de plus belle. Le tyran de la chambre 208 appelle des fournisseurs extérieurs qui s’empressent de lui vendre de la dope, des ensembles home-cinéma, la dorure à l’or fin des murs, de la sape de luxe, des cigares cubains, des grosses cylindrées, plus un banquet continuel de bouffe fine et très chère. Comme le gars a vidé vos comptes depuis longtemps, il a ouvert une ligne de crédit sur la chambre, laquelle est toujours à votre nom. Parfois, un membre du personnel de l’hôtel vous prend en pitié avec vos gosses et vous glisse un bout de sandwich humanitaire.
Bref, la situation est insupportable, mais vous supportez tout. Jusqu’au moment où un gros lard se met à reluquer votre fille. C’est juste la goutte qui fait déborder le vase. Oubliés la peur, la faim, les tortures, les coups de lattes dans le bide et les beignes dans la gueule. Vous devenez fou, vous décidez que même au péril de votre vie, cela doit s’arrêter, vous sautez sur le gros porc et l’étouffez en lui bloquant une petite boîte de Petrossian au fond du gosier. Puis, avec une chaise, vous menacez les sbires, mais comme le chef est mort, ils se la pètent moins et dégagent fissa. Vous vous retrouvez enfin tout seul avec votre femme violée et vos gosses terrorisés et malnutris au milieu de votre chambre dévastée. Vous avez tout perdu : vos affaires, votre fric, votre job et une bonne part de votre dignité. Le personnel de l’hôtel débarque, ramasse le gros des débris, vous file de quoi vous débarbouiller, des vieilles fringues qui traînaient par là et vous félicite d’avoir su recouvrer votre liberté.

Là-dessus, le patron de l’hôtel arrive et vous présente la note : reconstruction de la piaule, frais de bouche, plus les lettres de créances des fournisseurs, plus les intérêts de la dette qui ont commencé à courir dès le premier jour. Vous protestez : vous êtes une victime, vous n’y êtes pour rien, vous n’allez pas payer pour l’autre fumier. Là-dessus, arrive le comptable de l’hôtel qui vous propose un plan de redressement drastique étalé sur 4 générations avec maîtrise des dépenses : vous déménagez pour un trou à rats sous les combles, les biens de première nécessité seront rationnés, dette oblige, vous et toute votre famille devraient travailler à l’oeil pour l’hôtel pour rembourser et on vous retiendra sur la note le repas par jour de gruau qu’on a bien voulu vous laisser. Bien sûr, il n’est pas question de plomber votre dette avec l’éducation des gosses ou une mutuelle santé : au boulot et ta gueule! Maintenant faut payer!

Ben c’est ça une dette odieuse![2]

La première fois que j’en ai entendu parlé, c’était au sujet de l’Argentine, dans Mémoire d’un saccage. Ou comment le FMI et la Banque Mondiale, ces Ténardiers de la finance internationale, forcent les Argentins à se serrer la ceinture comme des malades pour rembourser les dettes contractées lors de plus de 20 ans de régime dictatorial. Or, en droit international, rien n’oblige un pays sortant de dictature de payer les dettes d’un gouvernement non démocratique. Ceci dit, rien n’obligent non plus les autres pays à accepter de créances d’un régime qui pue des pieds. Sauf que les régimes corrompus, ce sont plutôt de bons clients. Vu comme ça, on comprend mieux la divine neutralité que peuvent affecter les nations dites démocratiques face aux dictateurs : cela assure de bons débouchés commerciaux, pour les marchands d’armes, les industries du luxe et tout ça. A croire que par pur appât du gain certains iraient jusqu’à soutenir des tyrans locaux. Surtout s’ils ont les fesses solidement vissées sur de substantielles réserves de ressources naturelles précieuses pour les pays amis. Surtout si on a mis en place des dispositifs internationaux qui font en sorte de récupérer le pognon à toute force sur les peuples non consentants.

Il est sûr que si le principe de la dette odieuse était systématiquement appliqué, je crois qu’il y a bien des banques et des États qui y regarderaient à deux fois avant de traiter avec un régime non démocratique et ce serait un peu le chant du cygne pour les dictateurs de la planète!

Notes

[1] Il y a aussi la version où vous avez invité le gars à boire un pot : le résultat est le même, mais on va vous dire qu’il a été élu démocratiquement, comme Hitler, par exemple!

[2] En ce moment, c’est la dette odieuse de l’Irak qui sort de dessous le tapis, mais en fait, il y a un sacré paquet de pays éternellement en voie de développement qui pourraient sortir de la nasse si on consentait enfin à l’annulation de la dette, plusieurs fois remboursée alors que la majorité d’entre elles avaient été contractées dans des circonstance des plus discutables!

48 Commentaires

  1. Et oui, merci pour la piqûre de rappel, notamment pour le docu de Solanas, que j’ai toujours pas vu (mais c’est prévu 😉 )

    Mais que fait l’OMC ?!? (rires) (jaunes, les rires)

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  2. Les occidentaux, sous leurs dehors humanaitaires, derrière leurs grandes idées fraternelles, sont à la tête du FMI et de la banque Mondiale. Ils n’ont en fait aucun intéret a voir se developper des concurents potentiels.
    Malgré les apparences, rien n’a vraiment changer depuis les colonies.

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  3. Effectivement, ta conclusion est des plus pertinentes et mène à réfléchir.

    Je vous conseil d’ailleurs la bd que le CADTM a publié il y a peu. On y lit l’histoire de la contraction de la dette de 4 pays parmis les nombreux concernés.

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  4. Dois-je en conclure que Mme Monolecte est contre les aides à destination de l’Etat Palestinien, depuis que ses dirigeants « puent des pieds » ?

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  5. Ouais, le truc, c’est que la notion de dictateur engage en partie celui qui juge, et là, beaucoup de choses deveinnent relatives. Chavez est-il un dictateur ? Et au sujet de la Palestine, pareil, l’attitude à adopter est-elle simple ?

    En revanche, je suis entièrement d’accord avec toi au sujet des FMI et autres OMC, à voir, Nadie Se Fue qui retrace les événements en Argentine, de l’intérieur.

    Merci en tout cas pour cette piqure de rappel 😉

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  6. Par rapport à ce que disent Dominique et coco des bois ; je ne pense pas qu’il y ait tant de relativité que celà lorsqu’on en vient à parler de dictature, si l’on en croit la définition de Wikipedia. Si on la prend telle qu’elle, il devient assez difficile d’y ranger la Palestine ou le Venezuela.

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  7. Ceci dit, Mme Monolecte parle de regimes « qui puent des pieds ». Le regime Palestinien, avec le Hamas, est-il un regime qui « pue des pieds » ? Si oui, j’en conclus qu’il ne faut donc pas le soutenir financierement….

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  8. Le regime Palestinien, avec le Hamas, est-il un regime qui « pue des pieds » ? Si oui, j’en conclus qu’il ne faut donc pas le soutenir financierement….

    plutôt que d’essayer de faire dire quelque chose, pourquoi tu ne le dirais pas toi-même, vu que ça a l’air de te démanger?

    cela dit, on m’excusera mon inculture générale, mais j’ai comme l’impression qu’en palestine, les barbouzes à mitraillette et matraque, c’est plus des israeliens que des palestiniens, non? je dirais donc, à vue de nez, que c’est plutot Israël qu’il faudrait ne pas subventionner.

    n’empêche qu’au final, faut peut-être pas s’appuyer sur un (1) exemple qui pourrait être litigieux pour foutre le principe aux oubliettes. y’a pas besoin de chercher bien loin pour trouver de la bonne vieille dictature indiscutable qui ripaille sur le dos de son pays en vendant ses ressources aux gentils capitalistes du monde libre et civilisé (ouais, c’est nous, ça.. paraît-il)

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  9. Petite brêve hors sujet, quoique… Vous vous souvenez de ce maire d’une ville du haut rhin, qui ne supportait plus la vue des manouches à la périphérie de son bled parsemé de pavillons « sam me suffit » avait fait cramer les caravanes des « camps vollants » par ses sbires, employés communaux. Je ne m’imagine pas il y a 60 et quelque années vivre dans ce p’tit village que nous vantes Pernaud à longueur de journal de TF1… Eh bien il vient de passer en jugement : résultat 06 mois de prison avec sursis. Elle est pas belle la vie de maire UMP ? Un petit conseil les casseurs de banlieu, prenez votre carte de l’UMP, ca réduit sérieusement les peines…

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  10. Ou alors, il faut commencer à se demander s’il est bien malin de faire des affaires avec les USA, le pays le plus endetté de la la planète, où les présidents sont élus de bien étrange façon et où ils utilisent de fausses preuves pour pousser les citoyens à accepter de mauvaises guerres illégales…

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  11. Chavez a été élu démocratiquement plusieurs fois, et l’assemblée de ce pays aussi. Les élus du Hamas aussi. Et avec le Hamas, il n’est pas question de dettes. Il est question simplement d’assistance à peuple en état de siège, pour parler avec les mots vrais.

    Tout cela pour dire que je ne vois pas du tout le rapport entre ces gens là, et les dictateurs cités dans le texte ou dans les références.

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  12. Autant pour moi, je pense vraiment que Chavez est un dirigeant novateur et intéressant, et je suis tous les jours attristé de ce qui se passe en Palestine et de l’attitude d’Israel et des USA sur le plan politique.

    Je voulais justement souligner que les USA sont les premiers à crer à la dictature quand quelque chose ne leur plait pas et/ou ne les favorise pas dans un pays, du coup, la notion de dictature devient relative dans les faits et dans les esprits, tout est brouillé, et la dictature de Cuba présente par certains aspects à ma connaissance de nombreux points très positifs (médecine par exemple) et d’autant plus que cette dictature n’est pas née de nulle part.

    Autant que possible, je boycotte les produits américains, ce pays qui (j’en parle dans un article) est prêt à sacrifier des miliers de ses citoyens…

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  13. « Au temps » pour moi, pas « autant » !

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  14. Schlaf: « mais j’ai comme l’impression qu’en palestine, les barbouzes à mitraillette et matraque, c’est plus des israeliens que des palestiniens, non? ». Exact, les palestiniens preferent le sac de cailloux et/ou la ceinture d’explosifs 🙂

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  15. exact … je n’y pense jamais, autant pour moi … :p

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  16. coco_des_bois > Je voulais justement souligner que les USA sont les premiers à crer à la dictature quand quelque chose ne leur plait pas

    Exactement l’analyse de Noam Chomsky depuis 40 ans.

    Henri > Exact, les palestiniens preferent le sac de cailloux et/ou la ceinture d’explosifs

    Ils font avec les moyens du bord. C’est sûr que les Apache fournis par l’armée US, c’est plus efficace.

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  17. Le plus gros créancier des USA est en passe de devenir… La Chine… Ça laisse rêveur, non? Sinon, il semble que les dirigeants démocratiquement élus aient quelques problèmes d’indépendance vis à vis du FMI, de la BM et de l’OCDE, une fois le siège atteint…

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  18. Ce qui serait intéressant de savoir, c’est POURQUOI l’Argentine ne refuse pas de payer sa dette odieuse ? Et plus généralement pourquoi les pays injustement endettés ne refusent-ils pas de rembourser leurs dettes ? Je me pose sincèrement la question. Quelqu’un pourrait-il m’éclairer la dessus.

    D’autre part concernant la dette faramineuse des USA je peux vous garantir qu’un jour ils diront « On ne paye plus ». Et qui ira leur dire quoi que ce soit ?

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  19. @Foxapoildur : ben oui… ils pourraient… donc ce n’est pas la solution !

    En fait, si on veut la jouer cynique, la seule solution pour réaliser à quel point « le roi est nu », serait un mega tremblement de terre détruisant Tokyo et les infrastructures du Japon.

    Plus gros créancier des USA, obligé de rapatrier tous ses capitaux, ça foutrait les US en faillite immédiate…

    Je sais… c’est dur… 😉

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  20. @ Agnès

    Ben voui…. mais avoue qu’avant qu’un tremblement de terre foute la Chine à genoux, on a le temps de compter un max de moutons !

    Alors qu’avec le Japon, c’est du tout cuit…. je sais… je suis ignoble ;P

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  21. coco> « Autant pour moi, je pense vraiment que Chavez est un dirigeant novateur et intéressant ». Y’a quelques temps, c’etait « Lula do Brasil » la nouvelle vedette des « forces progressistes qui progressent ». Ce dernier s’étant empressé de decredibiliser ses admirateurs en tapant vaguement dans la caisse, ben voilà Chavez, le nouvel idôle des « forces progressistes qui progressent ». RV dans qq mois pour la 3eme saison de « A la recherche de la nouvelle star de l’alter-mondialisme qui alter-mondialise » 🙂

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  22. Et le petit Bolivien qui vient de renationaliser le pétrole, c’est pas mal non plus rien qu’à voir la tête de DESMARET pdg de Total. A mourrir de rire…

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  23. @ Michel : c’est sûr que nous, avec nos dirigeants, on a pas de surprise possible. La paille, la poutre, tout ça…

    Pourquoi ce mépris à peine voilé de cynisme qui se veut fataliste pour les rares dirigeants qui essayent autre chose, un autre discours, et pour ceux qui espérent qu’ils feront vraiment autre chose (même si le pouvoir vérole…) ?

    Est-ce à dire que rien ne sert à rien, rien ne sert d’espérer, tous pourris, et y a plus qu’à supporter notre sort en silence en consommant ?

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  24. Je suis avec un intérêt que je ne saurais cacher les évolutions de ceux qui tentent autre chose. Lula a fait une erreur : il a cédé aux pressions du réalisme politique, donc, on ferme le ban pour lui. Par contre Chavez tient bon, malgré les campagnes de dénigrement internationales qui sont elles-même passionnantes à suivre, tant on sent d’où vient le scud, à chaque fois. Pour l’instant Chavez reste dans ses bottes, il a même livré du gasoil à prix coûtant à des américains trop pauvres pour se chauffer dans le magnifiquement riche pays de l’oncle Sam. Bush en a régurgité son bretzel. Bien sûr, c’est un acte politique, mais c’est carrément bien joué, bien visé et les bénéficiaires n’ont pas eu à s’en plaindre. Quant à Evo Morales, il place ses pas dans ceux de Chavez et oeuvre donc à faire cesser le pillage sans vergogne de son pays, afin d’en accélérer le développement.
    Rien n’est pas parfait, mais dans ces pays soit-disant pauvres, la renationalisation des ressources, comme par hasard, montre immédiatement ses effets : réduction de la pauvreté, mise en place d’infrastructures collectives indispensables pour renforcer encore le décollage des habitants, comme les écoles et les hôpitaux.
    Et y en a qui trouve ça pouilleux : investir la rente pétrolière dans les écoles et les hôpitaux, ce serait populiste!
    Bande de cons!

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  25. @ Michel : Sans oublier que Chavez a été élu 4 ans avant Lula. Ca fait donc depuis un petit moment qu’il « tient ».

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  26. Au sujet de la dette faramineuse des USA, je recommande (vivement) ce site : La fin du capitalisme — > http://20six.fr/aurelianobuendia/rss . Les publications y sont rares deux à trois par mois, guère davantage, mais du plus grand intérêt.

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  27. Michel (note 21),

    Lula déçoit après avoir été starifié. Le tout aprsè seulement trois ans d’exercice du pouvoir. Alors tu laisses entendre que les altermondialistes qui s’entichent de Chavez s’exposent au même type de désillusion quand Chavez aura déçu à son tour. Petite précision : Chavez est en poste depuis huit ans et il a remporté huit scrutins. A ce jour, il n’a commis aucun faux-pas susceptible d’engendrer un quelconque désarroi chez ses supporters.

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  28. Pour mieux situer le bestiau, voici ce que declarait Hugo Chavez il y a moins de 6 mois (dans le genre « propos qui puent des pieds…): « «Jésus, le commandant des commandants des peuples, Jésus le justicier (…), le Christ révolutionnaire, le Christ socialiste». «Plus que jamais, le Christ nous manque (…), mais il se trouve qu’une minorité, les descendants de ceux qui ont crucifié le Christ (…) s’est emparée des richesses du monde et a concentré ces richesses entre quelques mains.» ». On comprend mieux le culte voué à ce mec par les gauches extremes…

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  29. Ah… je l’attendais celle là…

    – Chavez est un fou de Dieu – Chavez est un antisémite

    Je ne vais pas refaire l’histoire, tu fais l’écho d’une pauvre tentative de manipulation de propos totalement sortis de leur contexte et cuopés dans tous les sens… ce ne sont pas du tout des propos qui puent des pieds, lis les ouvrages de Starhawk, tu verras que ceux qui se battent effectivement contre l’ordre établit se sentent souvent « habités », car quelle que soit la force qui te pousse à ne pas faire comme on voudrait que tu fasses, elle est là. Chavez lui donne le visage du dieu catholique… c’est son droit, mais ça n’a rien à voir avec sa politique qui pour l’instant me semble en accord avec des idées de gauche anticapitalistes.

    Chavez a résisté avec succès à deux coups d’état et se fait élire de façon parfaitement légale… l’avenir reste à écrire, mais celui d’un dirigeant comme Bush lui est déjà tracé…

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  30. @Michel – Boarf… Ca vaut bien La « rupture » libérale (sur le libéralisme à la française) ou la « Karcherisation » des services publics avec les « racailles ». On comprend que cet autre mec-là soit plutôt bien vu par les droites extrêmes (toutefois, va falloir cavaler pour rattraper Le Pen, s’il y arrive).

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  31. Arf, je l’attendais avec une impatience un peu perverse, la fameuse allusion au discours non moins fameux de Chavez. Avant de vous filer les références pour bien comprendre de quoi l’on parle, une petite digression.
    J’ai passé récemment un WE dans la famille de monsieur Monolecte, chez son grand-père, fonctionnaire cat A à la retraite. Sympa, je l’apprécie beaucoup, mais totalement confiant dans les médias de masse, à tel point que s’en est parfois touchant. Bref, il nous raconte une affaire relative au traitement urbanistique de la métropole où il a oeuvré, avec moults détails, tous plus passionnants les uns que les autres. Or, il se trouve que ce fait d’arme urbanistique a été déterré il y a quelque temps (un an ou deux) par un grand hebdo national dans lequel il a une totale et bien aveugle confiance : "Alors là, je ne comprends pas : je connais bien l’affaire, j’y étais, et là, en gros, cet article est truffé d’erreurs, d’inexactitudes, d’approximations douteuses, quand il ne s’agit pas carrément d’affabulations quasi grotesques. J’ai demandé à un collègue de publier un démenti, et il m’a juste dit de laisser tomber. Depuis il est mort, mais quand même, cet article, je ne comprends pas comment un tel tissu de conneries a pu être publié". Je lui ai juste répondu que lorsque dans la presse de masse, je lis un article sur un sujet que je maîtrise, à tout les coups, c’est n’importe quoi. Cette semaine, dans le courrier des lecteurs de Télérama, il y a un médecin qui faisait le même constat pour son domaine de compétence. Quand tu connais, tu vois que c’est des conneries.
    Pourtant, et c’est pour moi un paradoxe, le grand-père continue à faire confiance aux mêmes canards.


    Pour en revenir à Chavez, ce dangereux bolchévick qui prétend améliorer la condition du peuple et à son fameux discours, quelques lectures… différentes :

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  32. Y avait aussi un papier ou deux sur le blog de Mélenchon, relatifs à cette tentative de manip’ anti-Chavez.

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  33. Pensée à géométrie variable

    D’un côté, tu as Bush, effectivement, qui envoie de jeunes gars se faire tuer dans un bled dont la principale caractéristique est d’être assis sur un gros tas de pétrole et qui a fini par avouer publiquement qu’il a déclenché une guerre illégale sur des allégations même pas bien montées, et pire, en trafiquant des fausses preuves, afin d’induire son propre peuple en erreur. Résultat : rien!
    De l’autre, tu as un type qui dérange profondément certains types de personnes dans le monde, parce qu’il a fait un bras d’honneur à la logique du FMI, OMC et Banque Mondiale, logique dont il faut rappeler qu’elle a invariablement plongé les peuples dans la misère, et là, on en fait un portrait montrueux, quitte à manipuler ses discours et à décontextualiser ses propos pour les retenir contre lui. Résultat : c’est harot sur le baudet!
    Même sans Chavez, comparer Clinton, qui a subi une procédure d’impaechment pour une histoire de fesse (à moins que les mauvais esprits pensent qu’il s’agissait de bloquer son projet de mise en place d’une sorte de vraie Sécu aux USA) et Bush, qui a plus de casseroles au cul qu’un mariage mormon, et pour qui tout va bien, merci pour lui!

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  34. Et dans la série, la citation, qui, une fois décontextualisée et tronquée dit l’inverse de ce que racontait son auteur, nous avons la célèbre :

    "La France ne peut accueillir toute la misère du monde, mais elle doit en prendre fidèlement sa part"

    Seule la première partie de la phrase a eu le succès que l’on connait et Rocard a toujours été mal vécu cette inversion de sens née d’un simple coup de ciseaux! On ne se méfie jamais assez des coups de ciseaux.

    « Je suis prêt, quand je lis votre loi – avec laquelle je suis en grave désaccord – à vous accorder le crédit que je m’accordais à moi-même lorsque je disais, en 1989, que « la France ne saurait accueillir toute la misère du monde, mais qu’elle doit en prendre fidèlement sa part ». Mais, précisément, l’histoire m’a donné une leçon que je ne suis pas près d’oublier. (…) Cette phrase, dont le contenu empirique semble peu contestable, quelle n’a pas été ma consternation de ne la trouver citée que tronquée et reprise en d’innombrables occasions par les orateurs du Front national qui m’engrangeaient dans leur délire ! Je la prononçais pourtant avec les meilleures intentions du monde. (…) Il me faut admettre pourtant qu’elle parlait faux, puisque Le Pen et les siens l’ont instrumentalisée à leurs fins propres. (…) Réveillons-nous ! La conclusion s’impose d’elle-même : il est temps que, gauche et droite, nous adoptions tous un nouveau discours sur l’immigration. Il est temps de rouvrir enfin nos yeux sur le réel… »
    Michel Rocard, le 4 février 1997, lors d’une énième loi sur l’immigration.

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  35. « Je l’attendais celle là » => bravo les gars ! On sait que son chien a des puces, mais on se garde bien d’en parler… Pire, on recommande même de s’y frotter 🙂

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  36. Le chien qui a des puces, c’est Bush qui très sérieusement explique qu’aller bouter les irakiens hors d’Irak, c’est Dieu qui lui a donné cette mission. Et quand pour chaque chose qu’il met en oeuvre, il ressort la même lithanie, tu te demandes si vraiment, ce mec représente la modernité de l’Occident.

    Quant à Chavez. Si une citation te suffit à juger l’homme et son action. Tant pis pour toi.

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  37. Ok, ok… Nous dirons donc que cette citation de Chavez est le point de détail de sa carrière politique 🙂

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  38. Non Michel, ouvre tes yeux ou cesse tes remarques stupides, cette citation de Chavez n’est pas un « point de détail » dans sa carrière, avec tous les sous-entendus dégueulasses que ça implique…

    Cette citation est une connerie de manipulation comme a essayé de te l’expliquer Agnes, mais visiblement tu n’as aucune intention d’en discuter…

    Agnes, Merci pour cette citation de Rocard, perso je l’ignorais (enfin j’ignorais la vraie version) et j’ai été étonné il y a quelques jours d’entendre cette phrase attribuée à ce dernier.

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  39. Merci, mon caillou, mais en fait, c’était une balise blockquote de fermeture mal orthographiée…

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  40. Très bon article d’acrimed (pour changer), avec le Plan B, c’est une excellent organe de décryptage des médias.

    C’est quand même incroyable la façon dont se comportent des médias comme France Inter, le presque bien cotoie, dans la plus totale confusion, le pire… 🙁

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  41. Sans vouloir vous contredire sur l’argument général (qui est correct à mon avis), le cas de l’Argentine est un peu plus compliqué; une grosse partie de la dette de l’Argentine vient du régime Menem, lequel avait été élu régulièrement. Certes, il y aurait beaucoup à dire sur le soutien sans faille du FMI et de la Banque Mondiale au régime Menem, qui avait une politique économique délirante consistant en gros à fixer une valeur extravagante à la monnaie nationale et remédier temporairement à la perte de compétitivité en empruntant et en bradant les ressources du pays à de grandes sociétés étrangères (je veux dire étrangères à l’Argentine, certaines étaient françaises). Des organisations financières responsables auraient coupé le robinet à crédit à l’Argentine bien avant et évité la catastrophe. C’est en cela que la dette argentine est odieuse : elle est à rembourser en grande partie à ceux qui ont cautionné et préparé le désastre. Mais bon, Menem représentait plus une faillite de la démocratie pervertie par des financiers internationaux sans scrupules qu’un dictateur.

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  42. à propos de Mr : en prendre sa part, ça pourrait être, par exemple, annuler des dettes, non ? parce que pour la créer cette misère et pour en prfoiter la France a su prendre sa part, et plsu, et la défendre.

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  43. Bien vu, GIL!
    J’ai justement récemment appris que la France faisait partie du club très fermé des plus gros créanciers de la planète. Autrement dit, on couine beaucoup sur ce que l’État doit mais on évite soigneusement de parler du blé que l’on nous doit, de certains pays qui nous ont, à nous, déjà remboursé 2 fois la somme prêtée au départ et qui continuent à raquer. Si on annulait subitement toutes les dettes du monde, je ne suis pas sûre du tout qu’on y gagnerait… 🙂

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  44. Le tableau de la dette est très imagé – trop peut-être – mais il ne révèle pourtant pas la grande forfaiture de cette mise en scène bancaire hautement médiatisé.

    Si l’on cherche à rapprocher « éthologie » et « économie » ce que les bons économistes devraient toujours faire, on constatera que le processus de la « dette », propre au sociétés, comporte, comme toutes les formes de relations d’échange interpersonnel (langage, affection, sexe, commerce) deux termes, en l’occurrence : un créditeur, qui emprunte et un créancier, qui prête.

    La trop fameuse « dette publique » ne fait pas exception : l’Etat et les collectivités publiques ont emprunté. Suivant les estimations, les chiffres varient : entre 1800 et 2000 milliards d’euros, sur des durées plus ou moins longues. A travers elles, c’est chaque citoyen qui se voit affubler, dès sa naissance, d’une obligation de remboursement, estimée entre 12000 et 15000 euros.

    Si l’on s’en tient à ce point de vue, c’est môche, très môche car, dans notre beau pays de paysans catholiques économes si fiers de ne rien devoir à personne, la dette, c’est une preuve, au mieux, d’insouciance, au pire, de dépravation. Bref, derrière le discours libéral du XXIe siècle transpire la bonne vieille morale du XIXe siècle : haro sur les vilains créditeurs, pour l’essentiel des salauds de pauvres qui surchargent la collectivité avec leurs dépenses sociales pharaoniques.

    Sauf qu’il y a aussi l’autre volet, en l’occurence le point de vue des créanciers. Car, pour financer les salauds de pauvres, il a bien fallu trouver des prêteurs bienveillants, les créanciers qui ont mis la main à la poche pour financer la fameuse dette publique. Pourquoi l’ont-ils fait si c’est si mal ? Par philantropie ? Sûrement pas ! Par souci du bien public et de l’intérêt général, alors ? Soyons sérieux! S’ils ont mis au pot, c’est bien sûr, par « intérêt » ! Un intérêt, au propre et au figuré, que leur ont recommandé les banques, les compagnies d’assurance et les autres opérateurs financiers pour leur fourguer des placements juteux.

    
    

    C’est vrai que, dans le contexte actuel, pour le bon père de famille, la dette publique de la France, quoi qu’on pense de l’usage des deniers publics, reste plus attractive que celle de l’Argentine, du Burkina-Faso ou de la Birmanie. A fortiori quand le placement proposé par l’opérateur (OPCVM, assurance-vie) ne laisse rien transparaître de la destination finale des fonds collectés : la dette publique française.

    En comme, dans notre beau pays de paysans catholiques économes si fiers de ne rien devoir à personne ont répugne à placer ses éconocroques à la bourse en préférant plutôt les placements de bons pères de famille, les fonds abondent. Tout le monde en veut de cette vilaine dette-là. Finalement, dans la finance mondialisée, ce sera toujours plus facile de faire payer les salauds de pauvres pour qui on a prêté.

    Résultats : tous les citoyens, c’est sûr et certain, naissent avec une dette de 12000 et 15000 euros euros, c’est selon. Mais, certains d’entre eux naissent aussi avec les créances qui correspondent à cette part de la dette publique. L’un du montant de l’assurance-vie qu’il a souscrite, l’autre du placement dérivé qu’il a hérité.

    Aussi, chaque fois qu’un technocrate, un économiste de cour ou un politicien vous fait remarquer que vous êtes endetté, demandez-vous si vous n’êtes pas aussi un peu créancier ou, si vous n’avez aucun placement de ce genre, qui, dans l’assistance pourra, un jour ou l’autre, vous réclamer son dû.

    Réponse
  45. Bon, apparement, l’idôle Chavez n’a pas convaincu tout le monde…

    L’ancien président social-démocrate Alan Garcia a remporté la présidentielle du week end au Pérou, selon des résultats partiels, battant l’ancien officier Ollanta Humala qui s’était déclaré partisan d’une nationalisation des ressources naturelles. Alan Garcia s’est réjoui de la défaite du président vénézuélien Hugo Chavez qui voulait « nous intégrer dans sa stratégie d’expansion du modèle militariste et rétrograde qu’il prétend implanter en Amérique du Sud »

    Réponse
  46. Faut pas oublier le contexte particulier de la présidentielle du pérou, c’était une défaite d’Humala, qui n’a pour l’instant pas prouvé qu’il avait quoi que ce soit à voir avec chavez… Il a joué la carte de la gauche assez tardivement et, si Chavez peut être taxé d’ambigu, Humala l’est encore plus. Pis, au pays du sentier lumineux, un pouvoir autoritaire qui s’appuierait quasi exclusivement sur les paysans, ca a du effrayer un tantinet. Heureusement pour cette brêle de Garcia, il avait un épouvantail en face…

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