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Journée de la femme… Et pourquoi pas une semaine, une année, une éternité des femmes, de toutes les femmes, et pas juste des archétypes pour morale bien-pensante?

Ce que j’ai préféré de mes années de fac à Toulouse, c’était les nuits. Les fameuses nuits estudiantines où nous arpentions les ruelles de la ville rose avec mes potes, où nous jouions au tarot jusqu’au bout de la nuit aux Pénitents gris, refaisant le monde autour du duo de bière de la soirée. Je me souviens avec une émotion particulière de ces fins de soirées harassées où nous nous échouions à l’Étincelle, en face de la gare Matabiau, aux petites heures de la nuit.

L’Étincelle était (et est peut-être toujours) une brasserie ouverte pratiquement 24/24H où l’on pouvait s’envoyer un repas complet juste avant l’aube. C’était surtout le repère, l’oasis, d’une petite humanité de noctambules, certains volontaires, comme nous, d’autres moins : les VRP loin de chez eux en attente du premier train du matin, les insomniaques, les alcoolos, les putes qui venaient de débaucher et parfois leur maquereau.
Abrutis de fatigue, l’estomac dans les talons, nous nous laissions bercer par le vacarme feutré du restaurant qui ne fermait jamais. J’avais la sensation de vivre dans une autre dimension quand le serveur aux bacchantes soigneusement effilées en pointes et à la voix de stentor déclamait, impérieux : Et une entrecôte bleue pour la 6!.
Je passais pas mal de temps à scruter le mystère de ces femmes que l’on dit de mauvaise vie. Je regardais leurs traits tirés, leur maquillage exagéré et défraîchi, et peut-être parce que nous partagions un repas quelque part au milieu de la ville endormie, je me sentais proche d’elles.

Aujourd’hui, grâce aux lois Sarkozy, il est possible que l’Étincelle, si l’établissement existe encore, soit devenu un lieu respectable et fréquentable. Il est possible que les filles n’arpentent plus les mêmes quartiers que ceux où vont se distraire les étudiants. Et que le reste de la population, qui déjà ne savait rien d’elles, n’ait plus à supporter de voir à quoi sont contraintes certaines d’entre nous pour bouffer.

A quoi rêvent les putes?

Je n’ai jamais compris cette chasse aux putes, cette stigmatisation, ce mépris pour ces femmes, car c’est bien de femmes qu’il s’agit. Je n’ai jamais compris pourquoi elles paient des impôts tout en risquant à tout moment de se retrouver au violon. Je n’ai jamais compris surtout l’indifférence que nous avons pour elles, notre total manque de curiosité quant à leurs conditions de vie. Sont-elles moins que des humains? N’ont-elles aucun autre droit que celui de satisfaire le besoin de certains hommes et de se faire racketter par d’autres? Pourquoi faut-il les reléguer loin des centres-villes cossus, où se concentre leur clientèle? Parce que monsieur, en promenade matinale avec madame et les moutards ne veut pas croiser celle qui a réellement animé la réunion de travail de la veille au soir? Parce que leur seule vue est contagieuse?

Sorti des clichés des putains de cinéma, la pute au grand cœur, la droguée qui vend son cul pour une dose de plus, la bourgeoise salope, enfin, vous voyez de quel folklore je parle, que sait-on de celles qui sont contraintes de vendre leur corps? Mise à part quelques trop rares associations, qui s’intéresse à leur sort? Qui va leur parler? Qui va leur demander ce qu’elles ressentent, d’où elles viennent, comment elles vivent?

Je ne pense pas qu’il y ait de vocation de pute. Je n’ai jamais entendu parler d’une gamine qui, à la traditionnelle question que veux-tu faire quand tu seras plus grande? aurait répondu putain. Par contre, on entend plus parler de réseaux, de rabatteurs, de marchés, de maquereaux. Je me dis que sans la rapacité et l’égoïsme des hommes, il n’y aurait pas de putes, et que tant qu’il y aura des clients, il y aura des femmes pour se vendre.

Je me suis toujours demandé comment on vit au quotidien ce type de situation. Comment se retrouve-t-on, toute jeunette, à arpenter un bout de trottoir, dans des fringues vulgos, à attendre qu’un type libidineux vienne vous ramasser? Comment supporte-t-on le froid, la peur, la solitude, la déchéance sociale? Quelle mauvaise rencontre, quelle douloureuse histoire finit par faire franchir le pas? Comment supporte-t-on d’être utilisée? Comment supporte-t-on d’être brutalisée? Comment supporte-t-on la douleur? Comment peut-on vivre tout simplement, jour après jour, nuit après nuit?

Ne vous êtes-vous jamais demandé ce que font les putes, au quotidien? Comment trouvent-elles un logement? Pas facile sans feuille de paie. Comment font-elles quand elles sont malades? Je ne pense pas qu’elles cotisent à la Sécu. Ont-elles une mutuelle? Sont-elles réduites à aller dans des dispensaires ou des associations caritatives? Comment sont-elles soignées lorsqu’un client les a dérouillées? Je suppose qu’elles n’ont pas d’ITT. Comment s’habillent-elles? Il y a des créateurs pour fringues de prostituées? Une pute a-t-elle une retraite un jour? Que devient-elle quand elle est vieille? Devient-elle vieille, plus simplement? Une pute peut-elle se permettre d’avoir une vie à elle? Des sentiments? Les putes ont-elles des enfants? Comment font-elles pour les élever? Et leur famille? Quels sont leurs rapports avec leur famille? Je doute qu’elles puissent annoncer un jour : Papa, maman, c’est super, je suis putain! Ça gagne bien mieux qu’à l’usine. Toutes les putes sont-elles de la viande industrielle, l’un des piliers de la mafia ou existe-t-il des freelance? Comment survivent-elles à cette vie? Comment peuvent-elles y échapper? Rêvent-elles d’une autre vie, d’autres possibles? Peuvent-elles encore rêver?
J’ai entendu dire qu’il fallait acheter sa liberté. Si c’est vrai, cela veut-il dire que l’on réprime des esclaves? Car qui doit acheter sa liberté, si ce n’est un esclave? Si c’est le cas, comment tolère-t-on une telle situation? Parce qu’il en faut bien pour assouvir les besoins des hommes? Qu’a-t-on prévu pour les aider à se réinsérer dans la société? Veut-on seulement les aider? Ou ne valons-nous pas mieux que ceux qui les exploitent, à les considérer comme une sous-humanité, un cheptel, un mal nécessaire?

La cause des femmes, de toutes les femmes!

Nous manquons pas mal de curiosité et d’empathie pour ces femmes. Il est bien de compatir au sort des Afghanes qui, quoi qu’on a pu en dire, ne s’est jamais vraiment amélioré. Il est bien de s’indigner des pratiques de meurtres d’honneur dans certains pays ou des infanticides de fillettes dans d’autres. On peut rabâcher jusqu’à plus soif les inégalités de traitement, de salaires que les femmes subissent dans l’entreprise, dans l’ensemble de la société, en fait, même dans les démocraties les plus avancées. Nous ne pouvons qu’être tétanisés par le grand retour en arrière de certaines législations sur le droit des femmes à disposer de leur corps, à maîtriser leur fécondité.

Mais fondamentalement, tant que nous tolérerons que certaines d’entre nous soient ignorées et méprisées, y compris par nous, tant que nous trouverons normale la chasse aux putes, tant que les sociétés s’accommoderont qu’il y ait un commerce du sexe dont les femmes sont les victimes, les fantassins, alors, la cause des femmes restera limitée à de grandes déclarations, de bonnes intentions, des petites journées insignifiantes et n’avancera pas d’un pouce dans la réalité.

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48 Commentaires

  1. Agnès ce coup ci, les hommes ,moi le premier,sommes moins bavard !

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  2. faut oser Msieur 🙂 Avant de livrer ma reflexion deux questions :

    dis moi Agnès dans quelle but tu fais un post sur les putains ? As tu déjà parlé avec elles ?

    Ce n’est pas un vocation de devenir Put ! Tout ce que tu dis est vrai, on est dans le triangle dramatique de la vie, victime / persecuteur / sauveteur. Et comment passe t on du lait au ricard ou à la biere ? LES EFFETS PERVERS A LONG TERME : l’objet de la pourvoyance : la fragilité des unes (les puts), la perversité des autres (les traficants d’esclaves), l’argent facile pour les unes pour les autres. A la veille des lois Sarko, les medias ont « montré  » le phénomène le temps d’une période propice à l’audimat. si les lois Sarkomachin ont permis de casser des reseaux, elles ont aussi stigmatisés amalgamés ces pratiques, en nous montrant entre autres des femmes à la tete des reseaux, anciennes prostituées de surcroit. Surtout pas de pédagogie, c’est sale et ça reste sale Bahhh … pas bon pour la bonne morale ! alors pour la reconversion … c’est du domaine de l’impossible, pas facile dans notre pays de se débarasser de son passer ! ya bien que les chanteurs de rap qui soient capables de gagner des milliards en sortant de prison, (a quelques exceptions, je parle de ceux qui finissent tragiquement assassinés par des collègues du milieu) Ah, le passé, toujours le passé. Evidemment, les puts sont des femmes avec des besoins des désirs, des souffrances, des emotions. … En tant qu’homme , au risque d’en choquer quelques uns je dirai : si t’as des pulsions libidinales, c’est bien normale, prends ton courage à deux mains (je dis bien courage comme je pourrais dire confiance en soi, assurance, …), et vas courtiser une femme, pour vivre un plaisir partagé et occupe toi d’elle et si sa colle pas recommences ! et si t’es timide, et que l’envie d’aller voir une pute, est trop forte masturbes toi !

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  3. T’as du trop forcé sur le cognac PPG, dés putes j’en vus quelques fois et elles sont rarement à jeun et clean. Mais j’arrête; car ca fait trop ancien combattu. De plus, la base des lois sarko, c’était pas la lutte contre l’esclavage moderne (on aurait pas le CPE aujourd’hui) mais parce que ca faisait sale dans le paysage. Combien de pétition de bons riverains ?

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  4. Je suis tout à fait d’accord avec manu, Sarko a fait comme à son habitude : il a pris des mesures « énergiques », à rameter toute la presse puis à tranquillement balancer le dossier dans le fossé. Pour le problème de fond (cassé les réseaux), je pense qu’à part avoir poussé les putes en dehors des villes (du côté de Sénart, on les voit en pleine forêt), le problème reste entier.

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  5. C’est difficile de comprendre ce qui pousse une femme a devenir prostitué. Il y a les réseaux bien sur, mais je ne pense pas qu’elles soient toutes victimes de ceux-ci. Et puis pour tomber dans les pièges des maqueraux, faux dejà être sacrément paumé. En fait, le vrai problème, c’est plutot les « clients » de ces dames. Tant qu’il y aura de la demande, il y aura des filles pour vendre leur corps. Apprenons dejà a nos garçon a respecter les femmes, et avec un peu de chances la situation des femmes changera.

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  6. En tout cas, certainEs refusent visiblement d’être considéréEs comme des victimes. Pute pride, le 18 mars

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  7. Il est notamment intéressants de lire, sur le site mentionné par Titzel, la lettre ouverte à ceux qui veulent nous abolir.

    Finalement, plutôt que de parler des putes, ne vaudrait-il pas mieux plutôt les écouter ?

    Il est bien évident que le site indiqué ci-dessus n’est pas représentatif de toutes les putes ni de toutes les diverses situations ou formes de prostitution, je suppose que cela va sans dire…

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  8. Cela va sans dire…mais ça va mieux en le disant. Merci de l’avoir fait pour moi.

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  9. Ne pas croire que j’ai voulu parler au noms des putes. Il est clair que je ne sais rien de leur vie, que collectivement, nous ne savons rien sur elles et c’est précisément ce sur quoi je souhaite interpeller avec ce texte. Il me semble qu’avant de dire à un groupe social : « je sais ce qui est bon pour vous, laissez-vous faire« , il faudrait commencer par écouter les principaux intéressés. Et sur le plan de la surdité générale, je trouve que les putes sont aussi bien placées que les chômeurs, autre catégorie sociale qui n’est jamais représentée dans les instances qui décident de leur sort, et rarement dans le sens de l’amélioration!

    Et merci pour le lien. Même s’il ne s’agit pas de toutes les putes, c’est un bon début pour se déboucher les esgourdes!

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  10. Un constat : régulièrement des voix s’élèvent pour stigmatiser la prostitution. Des voix morales, bien-pensantes, qui condamnent les « putes » ou crient haro sur le « maquereau », qui pourfendent les « clients », exigent des mesures, fournissent conseils et avis éclairés pour enrayer ce « fléau » impie. Mais… mais…

    Mais la prostitution demeure depuis la nuit de des temps ! C’est un fait, et c’est tout. Le désir sexuel, dans TOUTES ses manifestations, se révèle être une constante de la nature humaine que même les religions, ces grandes pourfendeuses du corps et de ses envies, ne parviennent pas à enrayer.

    A défaut de l’éliminer, on la côtoie en se bouchant les yeux, le nez et les oreilles. Et les prostitués sont rejetées à la marge, livrées aux appétits des margoulins, contraintes à la plus extrême des précarités. Dans certains pays, on y fait même travailler les enfants.

    Car ce n’est que cela, finalement, n’en déplaise aux moralistes fatigants : la prostitution est tout simplement un TRAVAIL. Un travail qui devrait être reconnu et régi par les lois du travail, avec des contrats de travail, une protection par la médecine du travail.

    Et avec des travailleurs(euses) respecté(e)s et écouté(e)s, comme le propose Agnès.

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  11. Cela fait un bon moment que je réfléchis au statut des putes. Ce qu’elles vivent actuellement est inique : stigmatisation, mise à la marge, absence de droits sociaux. C’est inacceptable.
    D’un autre côté, la légalisation de l’activité n’a pas, semble-t-il, amené des conditions d’activité nettement meilleures dans les pays concernés. Cela revient surtout à offrir une vitrine légale aux mafias marchandes de viande. Car la prostitution est un problème très vaste, avec la criminalité qui va avec. Comment différencier les « volontaires » des « forcées »? On ne peut rien décider, je pense, tant qu’on n’a pas l’avis des principales intéressées. Cela nécessiterait la mise en place d’une grande enquête spécialisée type rapport Kinsley sur la prostitution en France, en sachant que beaucoup de filles sur les boulevards ne parlent pas notre langue et ont probablement été importées de force : parcours, trajectoires individuelles (quelles sont les situations prédisposant à la prostitution?), conditions de vie et d’exercice, répercusions physiques et psycholgiques, adaptation, violence, santé, loisir (pourquoi, ça vous choque qu’une pute puisse avoir des loisirs?), satisfaction de cette condition, volonté de reconversion.
    La prostitution est certes l’un des plus vieux métiers du monde, avec chasseur et soldat, mais en tant que femme, j’ai du mal à la considérer comme un job comme un autre, comme en témoigne la situation allemande. On peut aussi bavasser sans fin sur la nécessité de l’existence des putes pour assouvir les désirs sexuels, mais il faut préciser que ce sont majoritairement des femmes qui sont utilisées pour assouvir les désirs sexuels des hommes. L’inverse est nettement plus marginal. Je pense aussi que la prostitution pose éternellement le problème du statut de la femme et de la domination. Pourquoi se paie-t-on une pute? Uniquement pour tirer un coup? Ou pour dominer, posséder quelqu’un d’autre? Pour pouvoir exercer un pouvoir sur quelqu’un dont on s’est payé la passivité et la totale soumission?
    Je pense aussi que l’exploitation des femmes est un business monstrueux, titanesque, extrêmement lucratif, et qu’il est plus facile et confortable de coller les filles au ballon régulièrement (en prélevant une « taxe trottoir » en passant) plutôt que de s’occuper de ceux qui les exploitent, nettement plus puissants et dangeureux. Il faudrait travailler sur des portes de sorties pour celles qui agissent sous contraintes et aménager un statut décent pour les autres. Le soucis, c’est qu’est-ce qu’on peut proposer comme reconversion? Caissière de supermarket, avec le petit chef haineux qui pose des caméras dans les chiottes et un salaire de misère? Sans parler des problèmes annexes, comme la drogue, l’alcool ou ce genre de chose? Et quel type de statut pour les freelance? Quel type de protection?
    Bref, le problème est vaste et c’est pour cela qu’il conviendrait de commencer par le commencement : en savoir plus sur les putains, les écouter!

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  12. D’accord avec votre analyse, Agnès. Mais si je vous décrypte bien, vous parlez aussi de droit du travail. Avec son corollaire détestable : le détournement de ce droit par toutes les « mafias marchandes de viande » du monde, l’exploitation légalisée du travailleur(euse). Cette exploitation, on la retrouve dans bien d’autres domaines que la prostitutions. Que croyez-vous qui se passe actuellement en France avec la généralisation de la précarité ?

    Le problème spécifique avec la prostitution, c’est qu’avec ce qu’elle renferme de sulfureux et de culpabilité judéo-chrétienne-islamique, elle laisse croire à certains qu’ils peuvent en user et en abuser. Et la « criminalisation » de cette profession est souvent considérée par les bien-pensants , consciemment ou inconsciemment, comme une fatalité, presque une punition « divine » incontournable.

    Quand à essayer de trouver des « portes de sorties » au filles du trottoir, c’est je pense déplacer le problème sans l’enrayer. La seule solution serait de lutter contre cette exploitation insupportable en écoutant, comme vous dites, les interessé(e)s. Vaste programme qu’on pourrait étendre à bien d’autres domaines (les « caissières de supermarket » dont vous parlez, par exemple).

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  13. Je ne parle pas de droit du travail, mais bien de droits sociaux (Sécu, retraite, maternité, etc… en plus, toutes ces nouvelles cotisantes nous ferait un bien fou!) et de statut social. Je me fous de la morale chrétienne, mais je persiste à dire que l’on ne peut considérer la prostitution comme un boulot comme un autre. Sinon, cela signifierait, un peu comme en Allemagne, que si demain l’ANPE me propose un bout de trottoir, je ne pourrais refuser, sous peine de sanction. Il serait bien, par contre, qu’il y ait un droit du travail, mais pas que pour les putes, vu que le droit du travail, actuellement, va mal pour tout le monde.
    J’ai bien lu les revendications sur http://www.lesputes.org, mais je ne pense pas qu’elles représentent toutes les putes, même si c’est un bon début. Je pense que comme dans l’importe quelle catégories sociales, elles sont un peu le haut du panier, l’aristocratie du « métier ». Un peu comme les assoc’ de chômeurs regroupent souvent les plus motivés, les plus éduqués des chômeurs, oubliant un peu au passage ceux qui peuvent moins facilement avoir accès à l’expression, ceux qui se planquent. De la même manière qu’il n’y a pas qu’une façon de vivre le chômage (entre honte et chôm’ pride), je ne pense pas qu’il n’y ait qu’une façon monolithique d’envisager la vie de pute.

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  14. D’accord à 100% come d’hab. Le débat n’avance pas car il semble impossible pour 90% de la population de mettre fin au problème. La notion de plus vieux métier du monde colle à la peau de ce « métier ». j’ai entendu dire hier à la radio qu’à Strasbourg lorsque s’ouvrent des cessions au parlement Européen on voit débarquer des putes de toute l’Europe. Les Hommes politiques étant de gros consommateurs c’est pas près de changer.

    Une anecdote rigolote. J’avais utilisé, comme souvent, le terme putain dans un post sur le Clemenceau. Je parlais d’un « putain d’avion supersonique ». Ce texte a été repris sur le forum des « marxistes révolutionnaire » mais avec une petite coupe. Ca faisait : » un-moderate- d’avion supersonique ». Ca m’a fait rire. Excès de féminisme à mon avis.

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  15. C’est pour faire avancer le débat qu’il nous faudrait un rapport Kinsley de la prostitution. Un truc au-delà des clichés, des chiffres et des préjugés. Un état des lieux de la condition de prostituée en France.

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  16. Chère Agnès, Je n’ai pas dit que la prostitution est un « boulot comme un autre ». Je ne me permets d’ailleurs pas de porter un quelconque jugement de valeur. Je constate que c’est un « boulot » qui existe, c’est tout. Et qu’il convient d’en protéger les protagonistes au mieux.
    Tout à fait d’accord, bien sûr, pour l’idée du rapport Kinsley.

    (PS : en parlant de « droit du travail », je pensais bien évidemment aussi aux droits et aux statuts sociaux. Désolé pour ma petite imprécision de langage.)

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  17. Les putes

    Le débat sur ce « plus vieux métier du monde », qui revient régulièrement sur des tapis divers, est semé de milles embûches qui vont du voyeurisme pur et simple jusqu’à tous les pièges idéologiques et lieux-communs ressassés, souvent teintés d’idéologie…

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  18. Je parle ici par expérience dans des pays autres que ceux d’Europe (même si le présent article traite des prostitués en France).

    Il y a très peu de volontaires (mais il y en a, c’est vrai) et il y a beaucoup de femmes « volées » ou « trompées ». Mon opinion sur le sujet, le facteur primordial d’existence de la prostitution est la pauvreté. S’il n’y avait plus de pauvreté, il n’y aurait plus de ventes humaines, plus d’enfants vendus (assez courant dans les pays asiatiques comme l’Indonésie), plus de jeunes femmes « envoyées pour gagner des sous », envoyées par la famille même d’ailleurs.

    Le très connu facteur « libidineux mâle » (ainsi que le montre Michel Msgn°5) n’est pas, à mon sens, le facteur principal d’existence de la prostitution : il y joue certes un rôle majeur (évidemment) mais il n’est pas le phénomène instigateur.

    S’il n’y avait pas de pauvreté, la libido galopante de quelques mâles ne suffirait pas à entretenir des réseaux mondiaux de prostitution.

    Qu’est-ce qui peut pousser des parents à VENDRE leurs enfants ? Chose inimaginable en Europe, chose intolérable tout court également mais qui malheureusement existe. Si je peux me permettre d’émettre un jugement tranchant : AUCUN argument n’est valable pour VENDRE ses enfants. Je réfute personnellement tout « bon » argument quel qu’il soit à ce sujet.

    Cela dit, les prostituées, quand elles sont majeures – et c’est souvent le cas – peuvent choisir (= non contraintes et non forcées par la force brutale s’entend) de faire prostituées. Elles le font pour des causes qui leur sont propres et qui pourraient nous sembler, nous européens, relevant d’un non-sens voire stupides ou abherrant. A l’inverse de ci-dessus, je n’émettrais aucun jugement : la vie apporte souvent de « drôles » de choses dont on a pas un seul instant idée en France. La raison principale et majoritaire est « Je dois nourir mon (mes) enfant(s) ». Parfois la décision est prise parcequ’il n’y a pas d’autre moyen (pas de commentaire) d’apporter suffisamment d’argent pour nourrir, soigner, etc.

    Il existe également, il faut le dire, des femmes qui aiment l’argent et qui sont capables de faire « don de leur corps » pour s’enrichir. Ce n’est pas une légende même si je sais que ce type de femme n’est pas aussi légion qu’on veut nous le faire accroire.

    Evidemment, dans ce dernier cas, elle est alors quelque peu « forcée », par la force des choses, mais il reste que cela est important qu’elle décide par elle-même (même si c’est « forcé ») et PAS qu’elle se retrouve prise au piège.

    Si je veux compléter un peu ma thèse de la « pauvreté comme nécessité pour que la prostitution existe », laissez-moi vous conter des faits sur « comment ça arrive » (du moins dans certaines parties du monde) :

    – Beaucoup d’heures de travail pour un salaire très bas ;

    – Annonce (journaux, internet, etc.) d’un poste comme serveuse, etc. dans tel ou tel pays ;

    – Départ (avec tout ce que cela contient comme détresse de savoir laisser amis, famille et surtout enfants pour un bout de temps) ;

    – A l’arrivée : si elles veulent revoir leur passeport, il faut qu’elles rapportent plusieurs milliers de dollars en échange. Evidemment, faut « rembourser » en 6 mois maximum.

    Saupoudrez de deux ou trois méthodes de sévices corporelles histoire de pulvériser la résistance mentale de la jeune femme et voila. Les méthodes de pulvérisation du mental (et pas forcément employées dans tous les pays) vont de la drogue (elles *deviennent* droguées, elles ne le sont que rarement au début) au viol collectif massif, et … d’autres choses dont vous n’avez pas idée. N’essayez pas d’imaginer, vous seriez en deçà de la vérité.

    Vous voyez ici que ces femmes sont trompées. De se dire qu’il faut être bête pour tomber dans un tel piège relève de l’obscurcissement mental volontaire. Il y a des personnes qui peuvent ne pas avoir le déclic nécessaire pour se dire « Oula ! Ca pue le piège ! », d’une part parceque ces annonces sont tout ce qu’il y a d’officiel et les rabatteurs font preuve d’une grande persuasion mais d’autre part parceque il n’y a que nous, Occidentaux, à douter de tout, y compris de son propre voisin qui, pourtant, est très sympa, mais justement, c’est louche.

    Je force un peu la dose dans cette explication, mais croyez-moi, elle n’est en rien puérile.

    Toute personne qui suppose ou imagine que ces femmes :

    – font ça par plaisir,

    – aiment ça,

    – sont des s…,

    – sont forcément mauvaises ;

    – sont « de basse moralité » ;

    – n’ont *forcément* aucune qualification ;

    – sont stupides et bêtes ;

    – …

    … se gourent GRAVEMENT. Bien sûr, il existe des prostituées qui ne font ça que parcequ’elles aiment le fric et le Q, mais le pourcentage est infinitésimal. Il faut se sortir de la tête ce genre de stéréotypes et d’une, dégradant pour ces femmes et de deux, qui sont une insulte à l’intelligence (les stéréotypes, pas les femmes).

    N’en déplaise à certains, ces femmes sont pour beaucoup instruites ET avec qualification. Elles sont aussi pour beaucoup d’un niveau éthique/moral bien au dessus de la moyenne.

    Comme je le disais en début de texte, mes assertions sont sur une base de connaissances établies en dehors des pays européens, mais elles devraient y être probablement valables en Europe avec quelques bémols par-ci, par-là.

    Quant à légiférer cet esclavagisme en tant que Travail (Convention de la Métallurgie pendant qu’on y est), je me suis tâté pour savoir si je devais répondre …

    Si nous partons du FAIT (fait *avéré*) que ces femmes sont majoritairement *volées* ou *enlevées* ou *détenues* voire encore *vendues*, et ce, par la force brutale, par la force psychologique, la drogue, et contre leur volonté d’Etre Humain et que nous pouvons dès lors appeler cela (au moins) « Esclavagisme » ou encore « Commerce d’humains », _comment pouvons-nous laisser entr’apercevoir le fait que cela puisse être LEGIFERER et faire lieu d’un TRAVAIL rémunéré, même avec protection sociale et tout le toutim_ ?

    Ceux qui pensent de la sorte ont soit mal été renseigné soit le pense par méconnaissance du problème.

    Pour en finir avec ce commentaire, je dirais que la prostitution engendre une souffrance humaine d’une rare violence et peu égalée par d’autres phénomènes de société ou naturels.

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  19. Les situations qu’Agagax décrit ci-dessus correspondent certainement à une réalité (encore qu’on puisse regretter qu’il les décrive sous une forme générale plutôt qu’au moyen de quelques exemples précis, la forme générale ne permettant que difficilement de faire la part des choses entre une réalité rapportée et les fantasmes de l’imaginaire collectif concernant cette réalité).

    Toutefois, même si cette réalité existe, et même si le trafic et l’exploitation d’êtres humains sont incontestables et intolérables, cette réalité ne dépeint pas l’ensemble de l’univers de la prostitution, qui est certainement bien plus vaste et varié que cela, comme j’en donne quelques exemples dans mon propre article à ce propos.

    D’autre part, prendre prétexte de cette réalité d’exploitation pour refuser aux prostituées des droits et une protection sociale équivalents à ceux des autres corps de métier me semble parfaitement absurde. Si elles sont déjà victimes d’exploitation (par des tiers), en quoi le fait de les frapper, en plus d’ostracisme et d’exclusion sociale, et leur refuser la protection sociale dont bénéficie tout le reste de la société, peut-il leur venir en aide ?

    Je crois qu’avant même de se poser la question de ce que les « autres » (proxénètes, mafias, trafiquants d’humains) font subir aux prostituées, nous ferions mieux de nous pencher sur la question de ce que notre société – c’est-à-dire nous – leur faisons subir. Car si nous ne sommes pas directement responsables des agissements de tiers, nous sommes en revanche pleinement responsables des actes de notre propre société « démocratique ». Et il semble donc plus facile et urgent de régler le second problème, avant de s’attaquer au premier, ce qu’il faut bien évidemment faire aussi.
    Mais actuellement, et depuis des lustres, c’est l’inverse qui se produit. Avec les résultats que l’on voit.

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  20. Merci Swâmi. Pour le coup, je trouve que tu fais avancer le débat. Quelle que soit la forme que peut prendre la prostitution, la véritable indignité, c’est la violence sociale qui leur est faite, en les criminalisant et en les excluant de fait de toute protection sociale digne de ce nom. Ce qui implique logiquement la dépénalisation de la prostitution. Ce qui pose le problème du proxénétisme, qui lui, doit rester illégal, mais mieux ciblé. D’après ce que j’ai compris, un proxo, c’est quelqu’un qui vit de l’argent de la prostitution sans la pratiquer lui-même. Un exploiteur, donc, un marchand de viande. Soit! Mais que fait-on du mari de la pute? Il n’est pas forcément un proxo dans l’esprit de la loi, mais dans la lettre, bingo, c’est un pimp. Ou alors, on applique la loi sur l’esclavage à destination de ceux qui forcent d’autres personnes à se prostituer?
    On avance, mais lentement!

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  21. Dans l’époque dans laquelle nous vivons, où les choses du sexe ont définitivement été désacralisées, comment se fait-il que la prostitution ne soit pas enfin reconnu comme un travail ?

    Une prostitué (type hors-réseau genre rue Saint-Denis) vit-elle une vie réellement plus misérable qu’une ouvrière de l’usine du coin qui sacrifie sa vie sociale en horaire de nuit (genre 22h-7h)

    Le problème français pour ma part est que nous n’institutionnalisons pas les choses. Un bon réseau de maison-close légale et l’affaire est dans le sac.

    Ayant passé pas mal de temps en Chine, j’en ai croisé de ces échoppes type salon de coiffure où les massages sont… poussés. Les femmes y pratiquant leur art y étaient elles plus malheureuse que d’autres ? Au salaire qu’elles recevaient et vu leur garde-robe, j’ai comme un doute.

    Alors oui, vendre cette partie du corps est choquant pour les bien-pensant mais c’est curieux comme on ne pense jamais à ceux qui voue leur corps entier à un boulot manuel.

    PS: C’est vrai qu’c’est dommage qu’il n’y ai pas plus de putes mâles (bien que le bois de boulogne…), ça redresserait un peu l’opinion qu’a la Société de la profession

    Réponse
  22. @Agnès : D’après ce que j’en sais (je ne suis pas juriste etc.) la loi condamne pratiquement les putes au célibat, puisque toute personne qui bénéficie directement ou indirectement d’argent provenant de la prositutition peut « tomber » à tout moment pour proxénétisme. Si tu vis avec une pute et qu’elle paie le loyer, crac ! Proxénétisme. Si tu es le mari d’une pute et qu’elle a payé le caddie au supermarché, dès que tu manges un steak, Crac ! Proxénétisme. A la limite, un fils de pute est un proxénète qui s’ignore, du point de vue légal.
    Il y a aussi, je crois, la notion de proxénétisme hôtelier. Tout hôtelier qui loue une chambre à une pute pour y exercer son art en connaissance de cause, Crac ! Proxénétisme.

    Ce qui veut aussi dite, en toute logique, que le fisc qui ne ne prive pas de les taxer et de les redresser devrait aussi tomber pour proxénétisme…

    Réponse
  23. L’État est le plus gros proxo de France, mais ça, je le savais! 😉
    J’ai reçu un mail d’un lecteur sur les filières de l’Est ou comment des nanas qui en chient pour boucler leur fin de mois dans des pays économiquement pas en forme, finissent par accepter un job plus rémunérateur à l’étranger : passeport confisqué à l’arrivée, dressage et « servage pour dette », les nanas devant rembourser les frais de voyage et d’hébergement, dans un pays dont elles ne comprennent pas la langue. Là est la ligne de démarquation entre putes, entre profession libérale et servage. Dans les deux cas de figure, les femmes doivent avoir accès à des conditions de vie digne, et pour les secondes, elles doivent impérativement être secourues et leurs exploiteurs punis!

    Réponse
  24. Maisons closes : lire ceci, ici et .
    Dans la mesure où seules des indépendantes « volontaires » devraient pouvoir exercer et que toutes les formes de contraintes devraient être interdites, je conçois le regroupement dans les maisons closes comme une forme pernicieuse de contrainte.

    Réponse
  25. (suite demande de Agnès de poster ici, je poste. C’est long)

    Swâmi,

    Merci de votre commentaire hautement interressant et constructif.

    Les situations que j’ai décrites correspondent à des réalités vécues en direct par moi personnellement je. Je comprends bien que vous ayez eu un doute, c’est tout à fait normal. Mais mes écrits n’ont aucun rapport avec quelque fantasme de l’imaginaire collectif que ce soit bien qu’il fallait que ce point soit éclairci.

    Je me dois de re-préciser quelquechose que j’avais déjà mentionné dans mon précédent commentaire à savoir que je ne connais PAS les prostitués européennes n’ayant jamais eu les expériences que vous relatez dans votre article (sur votre site) ou d’autres en Europe.

    Par contre, mes expériences m’ont amené à croiser la vie d’un certain nombre de prostituées dans certains pays du Moyen-Orient, en Afrique et en Asie. Quand bien même, comme vous le rappelez, cela ne saurait dépeindre l’ensemble de l’univers de la prostitution.

    Nous savons qu’il existe plusieurs catégories de prostituées, et que l’une d’elles, est la catégorie des prostituées ayant choisit d’exercer ce « métier » (appelons-ça comme ça) et ce pour des raisons qui leurs sont propres. Celles-ci ne sont pas amenées à l’exercer ni par la force physique ni par la force psychologique, ou tout au moins autre que celle relevant de la nécessité de vie (nourriture, etc.).

    Qu’il y ait une dépénalisation de la prostitution (comme le fait remarquer Agnès) et qu’il y ait abolition de toute forme d’exclusion, je suis totalement d’accord, et c’est URGENT.

    Que ces dernières aient une couverture sociale, oui, pour les « qui ont choisis ». (Mais attendez la suite, car il est fallacieux de dire « qui ont choisis » puisqu’aucun moyen de contrôle ne pourra avérer ou infirmer ce fait)

    Par contre, que celles qui font ce métier forcées d’une manière ou d’une autre – par violation complète du respect fondamental de l’individu – aient également une couverture sociale et, pourquoi pas, une feuille de paye, DIRE CELA, c’est implicitement reconnaître leur existence (illégale, de par le fait, puisque forcée = volée, enlevée, trichée) et par conséquent autoriser le marchandage d’êtres humains (ce que vous n’avez pas dit, Swâni et je doute que vous pensiez cela).

    CE QUI SIGNIFIE en d’autres termes que si nous ne pouvons PAS savoir _assurément_ qu’une prostituée ait choisis elle-même son métier, nous nous exposons alors à voir de *l’esclavagisme légal, légiféré*.

    Ainsi, il ne faudrait comme prostituées QUE des personnes qui désirent faire ce métier (quelles que soient ses raisons).

    Je ne vois pas personnellement comment parvenir à cela (à en être sûr).

    Quelle personne, qui a subit des violences par brutalité physique ou psychologique ne répondra pas « Oui, monsieur l’agent, je fais ça parceque je le veux ! » ?

    Pour résoudre le problème, il ne faut pas à mon sens pallier nos déficiences sociales par des morceaux d’adhésifs « légaux » qui ne feront qu’augmenter finalement le problème.

    Aujourd’hui, donnons des protections sociales aux prostituées : très bien. Demain, les maquereaux feront encore le commerce humain, mais beaucoup moins illégalement qu’avant. Résultat direct : encore plus de misère.

    Vous disiez par ailleurs : « Je crois qu’avant même de se poser la question de ce que les « autres » (proxénètes, mafias, trafiquants d’humains) font subir aux prostituées, nous ferions mieux de nous pencher sur la question de ce que notre société – c’est-à-dire nous – leur faisons subir. Car si nous ne sommes pas directement responsables des agissements de tiers, nous sommes en revanche pleinement responsables des actes de notre propre société « démocratique ». Et il semble donc plus facile et urgent de régler le second problème, avant de s’attaquer au premier, (…). »

    Non. Pourquoi voir ou pallier un effet de bord au lieu de s’attaquer directement au problème générateur ? Je ne crois pas au « raccomodage par des bouts de ruban adhésif ». Le premier problème, celui qui est en début de chaîne, la cause ultime du commerce humain, c’est la pauvreté. Inutile de passer par d’autres chemins, il n’y en a pas. Tout le reste dans la chaîne, n’est que conséquence directe ou indirecte de cette pauvreté.

    Il ne s’agit pas ici d’alléger les souffrances de quelqu’un, il s’agit de les faire _disparaître_. Solution unique ? Abolir la pauvreté (oui, rien que ça, je sais. Mais vous noterez qu’UNE FOIS DE PLUS, la pauvreté est encore là quand on regarde la source d’un problème. En digression, je dirais que puisqu’il ne faut éradiquer, au final, qu’UN seul problème, ce devrait être plus simple, non ?)

    Pas de pauvreté : pas de vols/rapt/enlèvement d’humains pour des motifs pécuniaires.

    Il n’y aura QUE des prostituées qui auront choisies. Plus de maquereau (elles n’en auront pas besoin), plus de trafiquant d’humains (en tout cas pas pour alimenter les réseaux de prostitution « grand public »), plus de vente d’enfant par les parents, … Elles auront des droits sociaux et tout le toutim.

    Permettez-moi de vous relater quelques faits, et vous comprendrez que j’ai quelques difficultés à rester dépassionné du sujet. Ca rejoindra ce que dit Agnès dans son commentaire n°22, puisque le lecteur en question, c’est moi. Mais je vais parler de pays autres que ceux d’Europe et en l’occurence, ça se passe à Abu Dhabi, Capitale mondiale du Q (disputé par Dubaï).

    (Agnès, je vais copier/coller des parties de mon mail et en ajouter d’autres)

    Le schéma généralement constaté dans le processus consistant à enlever les femmes d’Europe de l’est (Russes, Kazak, Kyrgyz, etc.) est très souvent calqué sur ce mode opératoire : une femme, avec enfants, divorcée, la trentaine, travaille BEAUCOUP (ex. d’horaires avérés : départ au boulot à 6h00 du matin, retour le soir à minuit, ajoutons à cela qu’il faut, à partir de minuit, manger, repasser, laver, etc. et accessoirement … dormir) , et gagne peu en regard de son labeur (peu selon les normes du pays, pas seulement selon les normes françaises).

    Elle découvre dans le journal une annonce où elle se voit offrir un salaire « important » (par rapport à ce qu’elle gagne dans son pays) mais il faut s’exporter pendant au moins 1 an à Abu Dhabi (puisque c’est des UAE que je tire mon exemple). Elle se voit faire son passeport (qu’elle remboursera plus tard), se faire payer son billet (idem), et se faire prendre en charge (paperasse, différence de langage, etc.) jusqu’à son arrivée. N’oublions pas les adieux à ses enfants et à sa famille à qui elle dit qu’elle va travailler en Russie, car les UAE ont une mauvaise réputation dans son pays (le Kirghistan).

    Elle arrive dans le pays (UAE)(dois-je rappeler que dans les pays de l’ancien bloc soviétique ce sont les caractères cyrilliques qui ont cours, ete non ni les caractères arabes ni les latins). Donc, elle ne sait ni lire ni parler dans ce pays tout beau tout nouveau.

    Voici un mail que j’écrivais à un ami à ce sujet (et n’oublions pas que cela se passe aux UAE, PAS en France):

    Mais seul détail, arrivée à l’aéroport, on lui confisque son passeport et on lui dit « Si tu veux le revoir, donne moi 10 O00 dollars ». Infiniment plus que ce qu’elle aurait pu penser gagner en toute une vie. Quelle solution ? Tapiner. Elle veut pas, bien sûr. Alors on la colle dans une chambre et quelques gars se chargent de la violer. J’en rajoute pas plus, mais essaye d’imaginer tout ce que « violer » peut signifier. Je peux pas te raconter les sévices qu’elles reçoivent, car il y d’autres tortures de ce type qui sont pas racontables.

    Inutile de dire que la nana en ressort matée. Si cela ne suffit pas : on supprime la bouffe, l’appart, on la menace de la vendre au flic et donc de la renvoyer chez elle en racontant chez son « chez elle » que c’était une « pute » à Abu Dhabi. Finie. Il lui reste soit à tapiner soit à crever. Evidemment, les flics sont dans le coup (et le gouvernement), sinon ça ne serait pas marrant. D’ailleurs soyons clair, le plus gros maquereau du pays, c’est la police (= état).

    La « passe » coûte environ 300 Dh (70 euros) (mais peut être beaucoup plus si elle tombe sur le fricqué). Fais le calcul, tu trouveras combien de passes elle doit faire pour ravoir son passeport. Evidemment, la bouffe, l’appart, le maquillage, le visa (140 euros MINIMUM par mois hors taxi) bref, tout reste à sa charge. Ca multiplie le nombre de passes à faire PAR JOUR. Et faut pas qu’elle rembrourse en 10 ans, non, entre 3 et 6 mois max (sinon c’est pas du jeu et elle pourrait être « punie »).

    Je fais très très court, mais je pourrais développer ces horreurs pendant plusieurs pages. J’ai appris des trucs ici qui pourrait rendre humain un scorpion noir. Au moins le scorpion ne veut-il pas de mal, lui.

    Aaah .. qu’il est beau le pays. Toutes ces nanas sont oblitérées de l’esprit, certaines deviennent folles, incapables de supporter les sévices encourues. Certaines annoncent que « plus jamais elles ne feront l’amour quand elles seront rentrées ». Ce sont celles-ci qu’on retrouve dans les poubelles ou tombées du 18e étage. Formidable, on réduit le chômage mondial en plus !

    Et on fait quoi quand dans un bar, une des nanas qui a un peu bu, se met en pleurs, couchée par terre, secouée par les spasmes et hurle « FUCKING COUNTRY !! I WANT TO DIE !! » (Saloperie de pays ! Je veux mourir !) à plusieurs reprises ? Quand une autre hurle qu’elle veut revoir ses enfants, on fait quoi là aussi ? Ou une autre qui me tombe dans les bras en disant « Qu’est-ce que je peux faire ? Pourquoi est-ce que je dois avoir MAL comme ça ? » ou encore quand j’en retiens une in-extrèmis par le pantalon alors qu’elle est à moitié au travers de la fenêtre au 18e étage ? On fait quoi là ? On fait VRAIMENT tout sauter ?

    Elles sont femmes, étrangères et en plus prostituées. Un seul ver de terre a plus valeur ici que 1 000 d’entre elles.

    Si ça suffisait pas, en cas de dépassement du temps de visa (un mois en général), si elles sont chopées, c’est déjà une amende bien sentie. Ensuite c’est la taule. Et puis elle doit payer son billet d’avion avant d’être rendue à son pays. Elle peut pas payer ? Bon, on est sympa, on lui laisse 15 jours pour obtenir les sous mais en plus faut qu’elle nous donne des copines en situation irrégulière, et tous les jours, au moins 6 ou 8.

    La nana qui n’aura pas le choix et va donner ses « collègues » finira certainement dans une poubelle abattue par les mac de celles qui ont été données.

    Si la police fait semblant de choper des nanas et des les renvoyer au pays, montrant ainsi leur volonté d’assainir le pays, c’est UNIQUEMENT parcequ’ils touchent une part de l’amende quand ils en renvoient une. Et pour une de partie, c’est dix qui arrivent. Toujours sous la férule et le patronnage de l’état qui se frotte les pognes. …/…

    Désolé pour la longueur.

    Les seules femmes à ne pas être sous la coupe d’un mac’, c’était les chinoises, qui, elles appartenaient à la catégories de « celles qui ont choisies ». Les autres, russes et affiliées, indonésiennes, erythréennes, ghanéenne, etc. : c’était du rapt à l’image de l’exemple que je viens de donner.

    Concernant les Maghrébines, je ne sais pas si elles choisissent ou non. Elles font office de « prostituées de luxe » et donc pour les pontes (quand ces mêmes pontes n’affrètent pas un avion pour descendre à Casablanca directement).

    Autre exemple bref : Mlle X, prostituée de 18 ans à Singapour, venant d’Indonésie pour donner à manger à son gosse de deux ans (le père, il s’est transformé en nappe de gaz).

    Une môme.

    Alors je suis heureux de voir que les exemples que vous donnez, Swâmi, qui ne corrhoborent pas du tout les miens.

    Note : Swâmi, il est vrai que j’ai beaucoup répondu à votre intervention, mais je répète que je la trouvais constructive. N’y voyez pas dans cette longue réponse, une quelconque attaque de ma part (si d’aventures c’était le cas).

    Réponse
  26. @Agagax : Je commencerai ce commentaire, que je vais essayer de conserver à une longueur raisonnable, en disant que si vous évoquez une expérience non-européenne, qui a toute sa valeur, je ne parlais quant à moi que de ce que j’ai pu voir en France, et dont je sais que ce n’est évidemment pas représentatif de l’ensemble de la situation.
    Notamment, depuis des années, les filières de « trafic d’humains » en provenance des pays d’Europe de l’est, et d’Afrique noire, ont complètement inondé le « marché » français (du moins paraît-il), avec des traitements et sévices identiques aux situations que vous décrivez (du moins selon ce que j’en ai lu et entendu).
    Toutefois, quand vous écrivez :

    > Aujourd’hui, donnons des protections sociales aux prostituées : très bien. Demain, les maquereaux feront encore le commerce humain, mais beaucoup moins illégalement qu’avant. Résultat direct : encore plus de misère.

    Je m’inscris totalement en faux avec cette analyse. Pourquoi ? Tout d’abord parce que le marché du trafic d’humains semble se porter déjà très bien, merci, ce qui démontre que la situation actuelle ne le dérange pas vraiment.

    Mais surtout parce qu’aujourd’hui, privées de tous droits et de toute existence sociale légale, les putes sont en quelque sorte invisibles. Elles n’existent tout simplement pas. Celles qui sont exploitées comme vous le décrivez – et à qui leurs souteneurs ont bien souvent confisqué leur passeport – n’ont strictement personne vers qui se tourner, à qui se plaindre, à qui révéler la situtation qu’elles vivent, à qui dénoncer ceux qui les exploitent.
    Si elles se font coffrer par les flics, qui les méprisent et les traitent le plus souvent également comme du bétail, elles passent la nuit en cellule, écopent d’une grosse amende, se font jeter dehors au matin suivant, et ont toutes les chances de se faire en plus « corriger » ensuite par leur souteneur pour avoir été assez connes pour se faire prendre, et ne pas avoir rapporté l’argent qu’elles « auraient du ». Quel cauchemar !
    Comme elles sont invisibles et n’ont personne vers qui se tourner, elles sont en état de totale dépendance vis-à-vis de leur souteneur, et cette situation, certainement, arrange bien ces derniers.

    Supposons que demain elles aient accès à des prestations sociales, à un suivi médical régulier, qu’elles ne soient plus traitées en « problème à éliminer » mais en êtres humains à prendre en compte.
    Ne croyez-vous pas que cela leur donnera plus de « prise » pour pouvoir se plaindre et se défendre ? Ne croyez-vous pas que le simple fait d’être reconnues par la société les rendra, déjà, moins dépendantes de ceux qui les exploitent ? Ne croyez-vous pas qu’après avoir pris confiance dans un médecin ou une travailleuse sociale, elles seront plus enclines à dénoncer, le cas échéant, ceux qui les oppriment, les battent, ou ont confisqué leur passeport ? Ne croyez-vous pas qu’une relation de confiance s’établissant entre ces femmes exploitées et la société serait de nature à faciliter la lutte contre ceux qui les exploitent ?

    A mon humble avis, les proxénètes ont tout intérêt à ce que la situation actuelle perdure, car plus leurs victimes sont niées, plus elles sont invisibles, plus ils conservent facilement le pouvoir sur elles et moins ils courent de risques.

    > Non. Pourquoi voir ou pallier un effet de bord au lieu de s’attaquer directement au problème générateur ? Je ne crois pas au « raccomodage par des bouts de ruban adhésif ».

    Vous voyez bien que je ne parlais pas ici de bouts d’adhésif.

    > Il ne s’agit pas ici d’alléger les souffrances de quelqu’un, il s’agit de les faire _disparaître_. Solution unique ? Abolir la pauvreté (oui, rien que ça, je sais. Mais vous noterez qu’UNE FOIS DE PLUS, la pauvreté est encore là quand on regarde la source d’un problème. En digression, je dirais que puisqu’il ne faut éradiquer, au final, qu’UN seul problème, ce devrait être plus simple, non ?)

    J’ai comme l’impression que l’objectif d’éradiquer la pauvreté dans le monde, pour louable qu’il soit, n’est pas près d’être atteint. Si les prostituées exploitées doivent attendre ce Grand Soir pour leur libération, j’ai bien peur qu’elles ne soient condamnées à perpète.

    En attendant le Grand Soir, ne serait-il pas préférable de commencer par des mesures plus réalistes, et plus immédiatement applicables ?

    Réponse
  27. Solution simplissime et efficace

    Le but de ce billet était de mettre un coup de tamtam dans la volière et de confronter les avis pour trouver une solution acceptable pour sortir les putes de leur merde. Ça fait longtemps que j’y pense et grâce à vous tous, ça devient plus lumineux. La fin des problèmes des putes, c’est juste 3 mesures, 2 lois cadres.

    1. Volontaires ou non, il est inacceptable que les putes n’existent pas : dépénalisation de la prostitution, mais pas n’importe comment! 2 statuts juridiques possibles : profession libérale ou salariée d’une scoop montée avec d’autres putes. Toute autre forme juridique impliquerait un rapport de subordination imcompatible avec le statut de pute. Ceci implique donc la possibilité de facturer en service à la personne les services proposés et la cotisation à une caisse spécialisée comme c’est le cas pour les artistes qui ont une caisse spéciale, la MDA. Ainsi les putes peuvent se syndiquer, paient des impôts sur les bénéfices et bénéficient d’une couverture sociale complète, laquelle couverture sociale verra arriver toutes ces belles cotisations avec soulagement. Et elles peuvent avoir accès à une retraite bien méritée
    2. Suppression du délit de proxénétisme : une pute peut se marier, avoir des enfants et héberger sa vieille mère, filer du blé à un cousin, rembourser un crédit (et oui, pas de banque maquerelle). Cela lui permet d’avoir une vie sociale normale sans qu’on accuse ses proches de l’exploiter.
      Mais là, vous me dites : sympa le cadeau pour les macs, les réseaux et les marchands de viande! Oui! Sauf que voilà le troisième volet de mon plan :
    3. Criminalisation du travail forcé! « Nul personne ne peut être contrainte, de quelque manière que ce soit, à exercer une activité professionnelle qu’elle n’a pas librement choisi« ! Avec évidemment la modification du code du travail qui va avec… et c’est l’ensemble de la société qui profite de la loi Monolecte. 10 ans de réclusion criminelle minimum pour quiconque fait usage de la force ou du chantage pour contraindre une personne à exercer une activité qu’elle n’a pas librement choisi. C’est les chômeurs qui vont être contents, en passant.

    Evidemment, par rapport à la tendance actuelle qui favorise et amplifie les rapports de force déséquilibrés, c’est la révolution culturelle, mais qui peut dire : « hors de question de protéger les gamines qu’on colle de force sur le trottoir! Ce qui compte, c’est que les travailleurs soient soumis au marché »?… C’est la logique même de notre système économique qui permet donc l’exploitation de l’homme (en l’occurence la femme) par l’homme!

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  28. @Agnès : C’est limpide !

    Bon, alors on met la proposition au vote et… Ah oui, zut, on est sur un blog, pas à l’Assemblées Nationale…

    Là-bas, par les temps qui courent, ils ne votent pas le même genre de lois…

    Réponse
  29. Je ne suis pas juriste, mais je pense qu’au sujet du troisième point sur la criminalisation du travail forcé, il faudrait sacrément bien rédiger l’article pour que ça ne mette pas, du même coup, tout travail salarié potentiellement hors la loi.

    Réponse
  30. Mais tout existe déjà! Il s’agit juste de rendre les peines suffisamment dissuasives :

    Selon l’Organisation internationale du Travail (OIT), « le travail forcé ou obligatoire » est un « travail ou service exigé d’un individu sous la menace d’une peine quelconque et que l’individu en question n’exécute pas de son plein gré ».

    Il faut comprendre que partout dans le monde, le travail forcé jouit d’une étonnante impunité : lire ceci et cela et ce d’autant plus qu’il s’exerce majoritairement sur les personnes les plus faibles : les femmes et les enfants!

    Quand on veut, on peut

    Le Brésil, sous l’impulsion de Lulla a déclaré la guerre au travail forcé en général, y a consacré des moyens, pratique l’interdit bancaire pour les entreprises qui se font choper (bonne idée, ça, la saisie des comptes de ceux qui pratiquent le travail forcé : en général, ça calme!) et Ô miracle, le travail forcé recul (voir les liens ci-dessus!).

    Réponse
  31. Swâmi :


    Je m’inscris totalement en faux avec cette analyse.

    Ce que je voulais dire c’est que légiférer ainsi pour toutes les prostituées, donc incluses celles qui sont forcées, c’est implicitement reconnaître que le traffic d’humain existe, et, par extension que c’est « quelque part légal » (je force un peu là, sur les termes).

    Que le traffic d’esclaves se porte déjà très bien, tout à fait, mais il existe quand même des restrictions ou des freins à cet usage (légers, TROP légers, mais ils existent quand même). Une légalisation telle que vous la décrivez, dans un but louable, retirera le peu de frein qu’il peut y avoir. Mais j’insiste, je parle des forcées ! Dans le cas des non-forcées vos propositions sont très valables !

    Je pense que nous disons la même chose, vous par des solutions progressives car la solution brutale (éradication pauvreté) n’est pas, malheureusement, pour demain, moi je ne vois la résolution QUE par la solution brutale, car je n’envisage même pas de concessions intermédiaires (nous parlons ici d’êtres humains et non de canettes de bière ou de voitures) sauf si elle s’inscrivent dans un plan dont l’échéance est la résolution du problème primaire, à savoir la pauvreté.


    Les prostituées sont niées.

    Oui, tout à fait d’accord, c’est pour cela que je rappelais en début de mon précédent commentaire (mais, après relecture, pas très clairement je dois dire) qu’il faut, DE SUITE URGEMMENT :

    – dépénaliser
    – abolir l’exclusion

    Ces deux mesures ne tiennent pas compte du forçage ou non forçage, c’est quelquechose qui doit être fait de suite, maintenant.


    Pauvreté

    D’accord sur le fait que c’est pas pour demain que ce sera aboli. Toutefois, n’est-il pas fallacieux de la part de nos gouvernants d’édicter des lois palliatives (ou de vouloir le faire), que j’appelle du raccomodage, au lieu de s’attaquer au VRAI problème ? Dépenser de l’énergie, de gros moyens pour de simples « rustines » me semble une façon de procéder quelque peu viciée.

    – – – – – – – – – – –
    Digression :

    
    

    Il existe une technique maintes fois éprouvée par les entreprises (page 72 du manuel du parfait directeur des ressources humaines) qui consiste à ANNONCER qu’il y aura des restrictions sur des acquis ou suppressions d’acquis. Dès lors, les employés (pas contents) râlent. Le DRH annonce qu’il comprend MAIS qu’il a des ordres (il se déresponsabilise) mais, dans sa grande mansuétude (car cette personne est bonne fondamentalement)(arf !) il propose aux employés « Bon, ok les gars, mais alors que proposez-vous ? » (attention, il y a un piège).

    Selon le manuel précédemment énoncé, les employés sont sensés réfléchir de la sorte : « Bon, on a 100, ils veulent nous donner 10 car ils ne peuvent plus (croient-ils naïvement bien sûr) nous donner 100 et ce sont les ordres, alors coupons la poire en deux et demandons 50″.

    Ce 50 se transformera de toute manière en 40 ou 30, et sera accepté par les exmployés.

    Ce que je veux montrer c’est que ce sont ceux-là mêmes qui sont lésés qui proposent finalement de se faire léser ! Seul argument valable ici qu’il faudrait avoir : « Non seulement on veut pas 10, mais en fait on ne veut plus 100 : on veut 150 ! Sinon, on bosse plus » ou encore « Nous ? On ne propose rien, c’est à VOUS de proposer quelquechose ».

    Croyez-moi, cela fonctionne et le « DRH » repart dans sa case, et on ne le revoit plus (expérience vécue à plusieurs reprises).

    C’est pour cela que je ne voulais pas proposer de palliatifs concernant notre sujet, même annoncé dans un esprit noble, car il est des choses qui ne sont PAS négociables. Et la dignité et le respect humains en font partie.

    Nous pouvons en discuter, mais je suppose fortement que vous êtes d’accord avec moi sur ce dernier paragraphe.

    fin de digression
    – – – – – – – – – – –

    Alors osons dire, au risque de passer pour un idéaliste, que la SEULE solution, c’est l’éradication de la pauvreté. Osons au moins le dire, à défaut d’avoir les moyens nécessaire de le faire (quoiqu’il existe moults organisations qui luttent contre ce fléau créé et entretenu volontairement). Il faut se dire (JE me dis) que C’EST possible, au lieu de « c’est trop compliqué, ça marchera jamais » comme s’il s’agissait de quelque chose de perdu d’avance. Une sorte de mantra quoi (si je vous dis que ça marche, vous allez me prendre pour un fou).

    C’est pour cela que je suis tout de même d’accord avec vous (dans un certain sens) sur prenons des mesures immédiates AVANT de leur péter la gl de voir la pauvreté abolie, mais je ne l’ai pas écrit car ce n’est pas LA solution.

    Agnès : Vos propositions : voui. Ca résume une première passe rapide de ce qui doit être fait maintenant.

    Réponse
  32. La dépénalisation de la prostitution ne peut aller sans les 2 autres dispositions : abrogation du délit de proxénétisme et surtout criminalisation du travail forcé. Si on se contente de dépénaliser, effectivement, on sert la soupe aux mafias en niant le problème de la prostitution forcée et on encourage les traffics. Pire, on rend tout chômeur susceptible d’être aiguillé de force par les agences de placement vers l’industrie du sexe! La clé de voûte des mesures Monolecte c’est la criminalisation du travail forcé au sens du BIT. La saisie des avoirs financiers en plus de lourdes peines d’emprisonnement me semble une bonne approche dissuasive. En plus, ces mesure ont un tas de conséquences positives à tous niveaux : pensez un peu aux travailleurs clandestins importés par des réseaux, ou aux petites boniches esclaves de certaines enclaves diplomatiques… Il est d’ailleurs étrange que le travail forcé ne soit pas plus sévèrement réprimée dans une société qui se dit libérale, dans le sens d’éprise de liberté pour tous… à moins que certains ne soient plus égaux et plus libres que d’autres?

    Réponse
  33. Pourquoi ne pas tout simplement leur proposer une tribune?

    Ou un blog, pourquoi pas?

    Réponse
  34. Agnès : d’accord avec ton commentaire n°31.

    Toutefois, je ne suis pas sûr que libérale dans ce contexte signifie dans les textes à éprise de liberté pour tous. Je dirais plutôt éprise de liberté pour les entreprises.

    Réponse
  35. Je sais très bien ce que recouvre le terme de « libéral » en France. C’est juste pour bien souligner l’hypocrisie de la démarche qui se planque derrière ce terme et informer les naïfs et les mal-comprenants!
    A noter qu’aux USA, quelqu’un de libéral, c’est limite coco! Manière, en cours d’Anglais, on a tous appris à se méfier des faux amis 😀

    Réponse
  36. Depuis Zola, on a pas tellement évolué, finalement… Entre la pute et la « fille facile », quelle distance ? Le gars, 16 ans, boutonneux, trouve un jour sa bonne fortune avec une fille pas très jolie mais généreuse… Quelle conclusion en tirera-t-il ? Il a baisé une salope ! La salope en question, une fois intégré le fait que l’affection et le cul ne vont pas forcément de pair, pansera ses plaies et jurera que cette fois, on ne l’y reprendra pas !

    Ben non, en vrai c’est pas toujours comme ça que ça se passe…

    En général, c’est plutôt une fille qui s’est fait abusée dans son enfance. Abus sexuel ou affectif, en tout cas cette nana se fait avoir. Car sauf cas extrêmes, peu de filles songent d’elles-mêmes à se prostituer.

    Dans la plupart des cas, c’est un petit ami qui va les y pousser. Ou leur Maman. Ou leur « petit père » (c’est comme ça qu’on appelle, à la Réunion, le copain de la Maman)

    Résultat des courses, contrainte ou pas, contrainte quand même…

    Pis y a tout le reste qu’on sait pas

    Réponse
  37. Bonjour,

    quelques remarques en désordre :

    (Anecdotique) depuis des années les bars ne peuvent plus rester ouverts 24 heures sur 24, ils sont tenus de fermer au moins une heure pour nettoyer, et ce me semble bien antérieur à Sarkozy.

    Les rapports entre les hommes ne sont que violence et rapports de force, même si adroitement habillés en démocratie, en amour du prochain ou tout ce que vous voudrez; la prostitution ne fait hélas pas exception.

    Etes-vous bien certains qu’une prostituée ne peut prendre une assurance sociale ou cotiser à une caisse de retraite en indépendante ?

    Dans le domaine, toujours, de la violence, lors d’un stage de débourrage dans l’un des pays de l’ex-Yougoslavie de pauvre filles venues de plus loin à l’Est, on prétend que le massacre d’une fille un peu rétive est de nature à rendre les autres plus conciliantes.

    A l’inverse Grisélidis Real qui nous a récemment quittés semble avoir excercé son activité dans la plus grande sérénité, et même dans l’amour de ses semblables (sans jeu de mot vulgaire).

    A l’inverse de l’inverse, Ulla, qui fut l’une des meneuses du mouvement des prostituées de 75 a déclaré 25 ans plus tard et en substance : « Nous vous disions alors que nous étions libres et n’avions pas de mac, c’était évidemment une farce ! ». Il est vrai que les temps ont changé.

    En dépit de son aspect moral, on peut encore s’interroger sur les conséquences réelles et l’opportunité de la loi Marthe Richard de 1948.

    Le terme de prostituée est d’une grande imprécision et recouvre un vaste continuum (multidimensionnel !), allant de la bonne soeur vierge de 65 ans à la « caravelle » des bars des Champs-Elysées, de la pauvre émigrée malienne du périphérique à la femme du notaire qui n’a jamais travaillé et maltraite sa femme de ménage, etc.

    Pour conclure, un papier connexe et très émouvant ici : http://lattention.com/article.asp?ArtID=9&lk=sexe

    Sam

    Réponse
  38. Nathalie Ce que tu dis est souvent vrai mais puisque tu parles de la Réunion, regardes ici la prostitution féminine sous sa forme classique (rue, bar) est assez marginale et ne concerne en majorité que des femmes immigrées, par contre existe une fréquentation intéressée dont personne n’est dupe forme inavoué de prostitution qui ne choque personne ici tant elle est habituelle Il n’en va pas de même pour la prostitution masculine qui existe aussi sous la forme « classique » et là ton explication sur les agressions durant la jeunesse etc. ne tient ,me semble -t-il ,plus la route,en tous cas ici tant ce phénomène prend de l’ampleur

    Réponse
  39. liberté et reconnaissance « l’estime de soi et le fait d’être bien intégré  » Herman HESSE.sont les deux ressorts psychologiques qui nous donnent la force de continuer à vivre ! j’ai lu la lettre ouverte à ceux qui veulent nous abolir, ainsi que les coms précédents. Effectivement Agnès tes propositions sont pertinentes. La prostitution, c’est un travail, qui ne procure pas de plaisir comme tout travail, mais de la souffrance, comme tout travail, et qui en contrepartie de cette souffrance exige une remuneration (compensation), comme tout travail… un détail relevé dans la lettre ou la personne reste confuse sur le principe de plaisir dans le travail je te rejoins dans le sens où avant de debattre sur la place et la raison d’être des puts dans la société, et dans le monde, il est urgent de les reconnaitre en tant que personnes, et pas en tant que laideur … Bien cyniques celles et ceux qui s’exclament sur la laideur de cette pratique pour finalement choquer l’opinion. Il ne sagit pas de hurler ou de pleurer, mais déjà d’agir pour que ces personnes soient reconnues.

    Réponse
  40. petite précision : j’ai retenu de mes discussions avec des prostitué-e-s qu’elles et ils insistaient sur un point : ils/elles ne « vendent » pas leurs corps, mais le « louent », ce qui fait tout un monde de différence, n’en déplaise aux abolitionnistes….

    le site d’une association qui s’est constituée autour de cette exigence : rendre les putes visibles, en leur laissant la parole, ce qui pose toute une série de problèmes… « hénaurmes » !

    merci à agnès d’ouvrir un focus sur cette question ; l’un des axes de réflexion afférents renvoie de mon point de vue à notre rapport, collectif et personnel, à la sexualité et au genre (dans le sens anglosaxon de gender)

    lourde tâche, bien que passionante.

    Réponse
  41. Intéressante discussion!

    Que pensent les uns et les autres du commentaire d’Afro, pro-maisons closes? Il ou elle écrit :

    « Dans l’époque dans laquelle nous vivons, où les choses du sexe ont définitivement été désacralisées, comment se fait-il que la prostitution ne soit pas enfin reconnu comme un travail ? Une prostitué (type hors-réseau genre rue Saint-Denis) vit-elle une vie réellement plus misérable qu’une ouvrière de l’usine du coin qui sacrifie sa vie sociale en horaire de nuit (genre 22h-7h) »

    On trouve cet argument et ce disours partout dans les discussions sur la prostitution. Qu’est-ce que c’est que cette histoire de « désacralisation » des choses du sexe? Il n’y a plus d’intimité ? On taille une pipe comme on prend une bière ? Qui sont les « bien-pensants » dont Afro parle ? Afro, en tant que non-bien-pensant ayant désacralisé les choses du sexe, tu as des moeurs particulières ? Vraiment je ne comprends pas la comparaison avec le métier d’ouvrière.

    Réponse
  42. Si l’on envisage l’acte de prostitution comme celui d’une location de son corps (j’ai bien dit « location » et non pas « vente »), la comparaison avec n’importe quel métier est pertinente :

    lorsque, en tant que thésarde, je me suis faite exploitée sans vergogne par un labo de recherches, m’investissant à 300 % auprès des étudiants et dans la vie administrative du-dit labo, tout ça pour peanuts, puisque l’alloc avait été attribuée au piston, et que je ne percevais que l’argent que je gagnais laborieusement en tant que chargée de td et petite main d’études foireuses dans le domaine des politiques publiques, je prostituais mon intelligence, mon savoir et mes compétences à produire des kg de rapports inintéressants pour la Datar, que personne ne lirai. d’ailleurs, à force de prostituer ainsi mon intelligence, je suis allée l’exercer ailleurs.

    alors effectivement, la location en question touche à un domaine « sensible ». mais pour qui l’est-il, sensible, ce domaine ? n’est-ce pas la pudeur de celui qui s’exprime que l’on entend lorsque quelqu’un s’offusque de ce qu’on puisse « louer » son sexe ?

    la vraie question ne me paraît pas être là : d’abord, aidons à améliorer le sort des prostituées, écoutons-les, permettons-leur l’empowerment. permettre un exercice légal et donc, encadré légalement, de ce métier aidera également à lutter contre les réseaux qui contraignent de trop nombreuses femmes.

    ensuite, ou en même temps, plutôt…, interrogeons-nous sur nos réactions face à la prostitution : qu’est-ce qui est remis en cause, dans l’échange argent / prestation sexuelle ? c’est bien le dogme selon lequel la relation sexuelle devrait être désintéressée, sublimée par l’Amour, tout ça tout ça…

    Je ne prétends pas convaincre chacun et chacune des vertus du libertinage (n’en étant pas moi-même ni convaincue ni adepte !), mais je nous invite à aborder ces questions en laissant de côté l’héritage de notre morale.

    Réponse
  43. Ko, Le libertinage n’interdit ni pudeur, ni morale… Une relation sexuelle désintéressée n’est pas nécessairement sublimée par l’amour, désolée c’est un cliché. Il y a question de sensibilité, oui c’est vrai, dans une réaction négative face au phénomène de la prostitution. Quand on aura répondu aux urgences mentionnées ci-dessus (protection des personnes etc), il sera peut-être temps de répondre aux questions philosophiques, esthétiques, posée par la prostitution, c’est-à-dire la relation sexuelle réduite à une relation commerciale. Et les prostitué(e)s n’ont pas, à ce sujet, le monopole de la parole, puisqu’alors il s’agit de choisir une éthique plutôt qu’une autre. Encore une fois, il faut aller au-delà de l’opposition entre prostitution et relation amoureuse.

    Réponse
  44. @Lucie : je suis bien d’accord avec ton dernier message. J’utilise un cliché afin de forcer le trait.

    Je ne pense pas qu’il faille attendre d’avoir réglé les questions « pratiques » pour aborder les questions morales (d’abord, ça pourrait bien être trop long !! ;-)) , et puis surtout, elles ne sont pas dissociables).

    >> Réfléchir à un statut du travail sexuel implique de toute façon, même si c’est en creux, une réflexion sur les représentations du corps, et aussi des relations sexuelles.

    Réponse
  45. Moi je crois simplement qu’il faudrait créer des maisons de prostitué légals. Maison dans lesquels les femmes sont vue par des médecins de temps en temps, sont soumise au meme loi que tous travailleur et surtout, ne risque pas d’se faire battre ou violer par leur procénète. Ca existe déja en Amérique dans certain états aux États-unis. Voyez ca comme ca, il y aura toujours des clients. PAr contre, comme client, si t’as le choix entre une maison bien faite, des putes propres (pas de VIH d’éphatite de bébite) et que tu risque pas d’te faire tomber dessus par la police, la majorité ou ira-t-elle?… Reste que cette idée est pas nouvelle mais je crois que c un bon début de solution.. en tout cas ca vaut mieux que des le envoyer en prison. Quand on fait ca, on envoie un message aux autres, vous etes des merdes, on veut pas de vous! Alors elle se cache, et ca devient underground, avec des conditions épouventables. Et c’est pas elles les pirent. Le pire c’est les gamines qu’ils capturent en Ukraine ou dans les pays de l’ex-union, pour le importé dans les pays riche.. c’est vraiment pas la joie.

    Réponse
  46. Mais malheureusement Adsederq , les maisons de prostitués légales n’améliorent pas les choses. Le client se sent dans son droit puisqu’il paye et les traitement infligés aux prostituées (qui croit encore sérieusement que l’on parle de sexe ??? il s’agit de domination) sont semble-t-il pires. Et meme le bouton d’alarme situé dans chaque chambre est inefficace puisque quand la prostitué peut appuyer dessus et faire venir le vigile, le client l’a déjà bien massacrée.

    Réponse

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