Ce qu’il y a de bien avec les lois Borloo, c’est qu’elles intègrent le double effet Kiss Cool.
Si les chômeurs sont bien placés pour sentir le vent du boulet, les salariés encore en place ne voient pas le coup bas arriver et devraient commencer à numéroter leurs abattis.
Borloo a beau être ébourriffé, il n’en est pas moins un vrai petit gars de l’UMP!
L’un des effets secondaires des plus intéressants des lois Borloo, c’est qu’en contrevenant au Code du Travail, elle vont forcément amener quelques discrets démentellements aménagements des droits des salariés, imposés assénés votés, probablement lors des prochaines vacances, pour plus d’efficacité démocratique. Démonstration sur 2 points forts.
La baisse de salaire
Jusqu’à présent, le Code du travail interdisait de baisser la rémunération d’un salarié, y compris lors d’un changement de poste.
Exemple : Mme M., 52 ans, en poste depuis 25 ans dans l’entreprise Thumpsun. Elle a commencé sa carrière modestement sur une chaîne de montage, puis, de formations internes en promotions diverses, Mme M. est entrée dans l’administratif, petit secrétariat. Avec son ancienneté, elle touche un bon petit salaire, mais à 52 ans, son entreprise la trouve vieille et trop chère, bien plus chère qu’une paire de CES. Avant Borloo, l’une des solutions, pour pousser gentiment Mme M. vers la porte de sortie, consistait à la remettre à son premier poste, à la chaîne, et attendre tranquillement qu’elle veuille bien craquer. Mais il fallait tout de même continuer à la payer sur la base de son dernier salaire. Grâce au deuxième effet Borloo, plus d’angoisse pour l’entreprise, on peut la remettre sur la chaîne, au même tarif qu’un débutant. Et quand vous avez 52 ans, 25 ans de boîte, quelques crédits sur le dos, des grands enfants, repartir à la case SMIC n’est pas franchement envisageable![1]
Le reclassement obligatoire
Jusqu’à présent, le code du travail garantissait au chômeur qu’on ne pouvait lui imposer un emploi inférieur à ses qualifications ou qui serait géographiquement trop éloigné.
Grâce au deuxième effet Borloo, vous ne pouvez plus refuser un emploi qui correspondrait à une formation proposée par votre agence de placement. De même, si vous recevez une aide à la mobilité[2], impossible de refuser un boulot, même éloigné de votre domicile, même si cela ruine votre vie familiale et sociale. Parce que vous n’avez plus le droit à une vie familiale ou sociale : vous êtes un agent économique parfaitement interchangeable, donc parfaitement remplaçable[3].
C’est ainsi, qu’il y a quelques jours, j’ai reçu une baffe dans ma face une proposition de l’ANPE : une formation d’opérateur sur machine à commandes numériques. C’est quoi t’est-ce donc, cette chose-là?
Renseignements pris, il s’agit du nouveau nom du tourneur-fraiseur, une formation niveau 3ème… ce n’est pas que je pète plus haut que mon cul je refuse toute adaptabilité, mais il me semble que cette proposition n’a rien à voir, mais alors rien avec mon profil actuel!
Je vais donc me rendre à la réunion d’information sur cette intéressante proposition. Car la loi Borloo prévoit que je dois accepter ce que l’on me propose sous peine de sanction!
L’usine ou la radiation!
Le progrés social est en marche!
Prenez garde à ce qu’il ne vous passe pas sur le corps!
Notes
[1] Le cas de Mme M. n’est pas fictif, il s’agit d’une femme qui a été poussé à accepter un licenciement en échange de 350 000 francs de l’époque (il y a 10 ans). 8 ans à 350 000 francs, ça lui faisait 3645 francs par mois pour attendre la retraite…
[2] Comme rien n’est précisé sur le montant de l’aide en question, il n’est pas obligatoire qu’elle compense totalement le surcoût de votre exil
[3] voir l’excellent article de Hio-Tin-Vho : Et si le libéralisme économique pouvait conduire à une dictature ?
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