Me voilà ! J’y suis. En sous-vêtements dans un bureau cossu, devant un homme que je ne connais pas. Il y a quelques mois encore, cela aurait été impensable. Me retrouver subitement contrainte d’habiter ce corps qui m’est tellement étranger. Depuis tellement longtemps, que je ne sais même pas s’il a déjà été mien.
Je me souviens du sentiment d’étrangeté totale que j’avais ressenti en détaillant attentivement ma propre main, un soir de fièvre, alors que je n’avais que huit ans. Je n’arrivais même pas à focaliser mon propre regard sur ces étranges brindilles fines qui se mouvaient pourtant selon ma volonté, mais avec, toujours, comme un temps de retard. Peu après, on m’opérait en urgence d’une appendicite et regagner ma petite carcasse m’avait valu, en salle de réveil, un interminable mal de mer.
J’ai toujours eu du mal à ne pas penser cette chair comme un par-dessus mal ajusté. Trop petit, trop gros, trop lourd, trop faible, toujours à la traîne de mes rêves et de mes envies. Toujours tellement insuffisant. Tellement encombrant, tellement de trop. Et toujours si instable. À peine le temps de m’étendre jusqu’à remplir le bout de mes phalanges et le voilà qui m’échappe encore, avec ces deux masses de chair qui tendent la maille de mes pulls que je choisis pourtant toujours trop grands. De plus en plus grands. Et ces poils ! Ces ignobles poils noirs qui colonisent mon sexe, mes aisselles, mes cuisses, mes jambes, que je pourchasse avec une pince à épiler avant de capituler sous le nombre et d’enfiler une burqa mentale de plus.
Je le déteste ce corps de femme qui m’encombre quand je cours, qui m’interdit de lire à plat ventre sur la plage, qui me force à abaisser mon cul dans l’herbe pour uriner à petits jets furtifs et gênés. Je déteste ces seins proéminents et insolents qui aimantent les regards ; gênés pour les garçons ; envieux pour les filles ; lourds et intrusifs pour les hommes. Je ne veux pas n’être qu’un sexe, qu’un corps, qu’un genre. Je ne veux être limitée en rien, ni pour personne et surtout pas pour moi. Mais je n’ai pas le choix et je subis ma condition de femme quand tant d’autres la subliment, la revendiquent fièrement, la brandissent comme un étendard. J’entre en guerre contre moi-même, relais complaisant d’un monde d’hommes, pensé par et pour des hommes.
Je ne me contente pas de cacher ce corps. Je le nie. Je le soumets à ma volonté totalitaire. Je le refuse tellement que je ne supporte pas mon propre reflet, ma propre existence.
Allons, allons, ne faites pas de cinéma!
Et pourtant, c’est une femme!
Brusque, brutale même, elle enfonce son spéculum dans mon corps de gamine comme pour me punir d’exister. Je ressens l’intrusion jusqu’à l’intérieur même de mon ventre. Et je déteste ça. Je déteste ma nudité froide et médicalisée, je déteste ce corps, cette viande réduite à ces fonctionnalités biologiques.
Je suis l’esprit.
Il est la machine.
Je veux le soumettre à ma volonté, lui faire payer son inadéquation fondamentale. Je n’aurai jamais un regard complaisant pour lui. Il est mon geôlier. Jusqu’à ce que mort s’ensuive.
Même adouci par un amour immense et un désir encore plus grand, le regard de l’autre ne me guérit pas de moi-même. Jusqu’au cœur de notre intimité, ce putain de corps continuera de me contrarier, de me renier, de me faire souffrir là où il ne devrait y avoir que de la jouissance. Le divorce est consommé. La guerre en moi est totale.
Ses doigts courent sur ma peau, palpent attentivement mes muscles encore naissants, s’arrêtent sur les articulations, explorent les tensions nerveuses.
… Il y a cette hanche…
Une non-chute, au ski, quand j’avais 17 ans. La carre intérieure avait accroché la pente pendant que le ski inférieur avait continué à glisser sur la neige dure et verglacée. Un grand écart violent avait sorti la tête de mon fémur droit de sa niche d’os dans un hurlement dément qui avait voyagé un moment dans les montagnes. Le moniteur avait pris la situation en main et remis en place l’articulation déboîtée dans une nouvelle vague de douleur fulgurante. L’un de ces petits moments intenses où mon fichu corps se rappelle à mon bon souvenir. Depuis, cette articulation avait gardé comme une faiblesse que mon ostéopathe avait lu sur mon corps comme un aveugle parcourt un livre en braille. Ça et les cervicales, jamais remises d’une lourde chute dans la douche, et puis le dos, fragilisé par de longues heures avachies sur des chaises informes et bancales et puis toutes ces tensions, tous ces refus, profonds, implacables.
Et votre grossesse?
Nickel, la grossesse, rien à dire, même pas malade, rien.
Et l’accouchement?
Une petite boule bien dure, calée entre l’estomac et la glotte, qui me hache le souffle quand j’y pense. Je me souviens des paroles des autres femmes, avant : tu verras, une fois que c’est fait, tu es tellement heureuse que tu oublies la douleur.
Manifestement, nous n’avons pas la même faculté mémorielle et sensorielle.
Pourtant, tout avait plutôt bien commencé, avec une sensation d’étrangeté supplémentaire entre mon corps et moi, une sorte de lévitation interne qui m’avait poussée à acheter le seul et unique test de grossesse que je n’ai jamais utilisé de ma vie. Sensation de vertige tiède et doux à la lecture de la confirmation de mon soupçon, absolue légèreté de l’être en lui annonçant que nous avions mis au but du premier coup. Et quelques degrés de séparation de plus entre ce corps et moi, cette arche de Noé destinée à perpétuer l’espèce, ce vaisseau spatial lancé vers un avenir incertain et dont les flancs hébergent l’Alien.
Je suis la matrice, la circonférence, l’enceinte fortifiée qui ne forcit pas et dont le ventre est comme en sous-location. Mon corps ne m’appartient plus, il est une extension anonyme du grand corps médical tout puissant. Soixante euros la poignée de main avec l’illustre accoucheur béarnais dont le pas pressé emplit de son écho industrieux les couloirs de la clinique. Un Comment allez-vous?
purement formel et médical, présentation du sexe dont je suis définitivement dépossédée, clic-clac, merci, au revoir et à la prochaine. Dix minutes chrono pour une heure de route à l’aller, autant en salle d’attente et les récriminations de mon patron qui exige que je bascule mon suivi prénatal sur mes congés. Mon corps dérange le corps social, le ventre mou de l’entreprise productiviste. Tout devient plus rond, plus lourd, mais, à l’intérieur, je surfe sur une sublime vague de détachement.
C’est comme une épée qui se serait fichée au creux de mes reins. Mon ventre est lourd et dur comme une pierre. Réveil en fanfare au cœur de la nuit, le soir de mon 32e anniversaire. Ressac. La douleur s’efface et je replonge dans le sommeil. La nuit s’étire au rythme des contractions. Toutes les 30 minutes. Trop long. Attendre. Un jour entier à faire les cent pas, à manger debout pour soulager la tension interne, dormir un peu. Une nouvelle nuit, encore plus inconfortable, sans sommeil. Deuxième jour. Rien de neuf. Impossible d’aller en clinique tant que les contractions sont espacées de plus de cinq minutes, sinon, c’est une heure de route dans le froid et la neige qui menace de tomber pour être renvoyée dans ses pénates au bout du compte. Précision médicale au service de la rentabilité des rotations des lits. Le jour s’achève enfin et je traîne ma fatigue immense et mes kilos en trop entre deux contractions violentes. Dix minutes. Encore trop long pour décoller, bien trop court pour se reposer. 23 h, deuxième jour, le seuil des cinq minutes est enfin franchi, encore une heure de route et je confie ma souffrance à la toute-puissance médicale. Une heure du matin, le travail patine toujours, la douleur omniprésente me transforme en bête apeurée, l’épuisement est complet : je commence le gros du travail sans aucune force en réserve. L’apprentie sage-femme de nuit, tout en douceur et compassion, me propose une dose de morphine pour dormir un peu. Je m’enfonce presque immédiatement dans un vertige cotonneux et sans fond dont j’émerge au petit matin par une contraction d’une violence encore inconnue et dont l’intensité va pourtant crescendo.
La sage-femme de jour est un masque de sévère compétence, raide, sèche comme un coup de trique, toute entière projetée dans le respect du protocole. Je suis chair, je suis un corps malade, je suis une succession de gestes techniques chronométrés.
La salle de travail est purement fonctionnelle et pensée pour faciliter le travail du plateau technique. Nous y sommes des intrus. C’est un hall de gare dont les portes battantes laissent parfois passer une petite foule en blouse de couleur qui vient s’informer sans aucune forme de civilité de l’état de ma dilatation et qui commente cette violation de ma chair intime avec la même indifférence que si j’étais un objet. De la salle de travail jumelle et attenante, s’échappent le brouhaha rassurant des affaires rondement menées : quelques poussées, quelques cris, et voilà le nouveau-né qui vagit et l’équipe qui évacue prestement les lieux pour la fournée suivante. Je pensais avoir opté pour la meilleure clinique de la région, je suis juste échouée dans un pondoir industriel où l’on purge efficacement les flancs de toutes les inconséquentes à près de 100 km à la ronde.
De temps à autre, la sage-femme de jour s’engouffre dans ma propre salle, le pas lourd de ses silences réprobateurs, et enfonce un doigt inquisiteur et quelque peu vengeur dans mon vagin tout en me fusillant du regard. Femme au rabais, me voilà parturiente encombrante et de mauvaise foi, qui fait traîner son travail et grippe la petite machine à dépoter les bébés. La pose de la péridurale a soulagé la douleur intense quelque temps, mais la perfusion a encore accéléré le rythme des contractions pendant que mon col, mon fichu col rebelle, refuse de s’effacer. Mon corps entier vibre d’indignation contre le traitement qui lui est infligé. Les heures s’égrènent et la douleur revient sans que je retrouve le contrôle de mes muscles. Vers 11 h 30, la sage-femme rébarbative décide que la comédie a assez duré et me rabat les genoux derrière les oreilles. Je proteste faiblement et me débats contre les étriers qui emprisonnent mes pieds et forcent mon bassin à basculer en arrière. C’est absurde. Mon périnée est en surtension et le crâne de ma fille ne cesse de repartir en arrière à la fin de chaque poussée péniblement arrachée à la pesanteur. Je suis totalement à bout de force. Je n’ai ni dormi ni mangé depuis deux jours, l’effet protecteur de la péridurale s’estompe, mais je n’ai toujours pas retrouvé le plein contrôle de mes muscles. Je suis en train de m’éloigner de toute cette souffrance et je ne me rends même plus compte que c’est moi qui suis en train de hurler comme une bête blessée. Du coin du regard, je vois la sage-femme nazie monter sur un tabouret pour mieux s’affaisser ensuite de tout son poids sur mon ventre énorme qui refuse de se vider. J’ai seulement peur. Par flash confus, je me rends compte que je vais mourir. Je pousse, je pousse, à m’en déchirer les entrailles, mais il n’y a plus rien, plus de jus. Je crois bien que la sage-femme m’engueule. Puis, après un temps flou et indéterminé, je vois les bottes blanches de l’obstétricien emplir mon champ de vision. Ce sont les mêmes que celles que chaussent les ouvriers dans les abattoirs à canards. On a glissé un seau à la verticale de mes fesses pour y recueillir tous les fluides qui s’écoulent abondamment de moi. L’homme est en train de monter bruyamment une sorte de gros couvert à salade. Qu’il enfonce sans préavis dans mon sexe pour y chercher la tête de ma fille. J’ai l’impression d’être écartelée. Quelqu’un pose une petite chose vagissante sur ma poitrine lourde et tendue comme un tambour, mais mes bras sont tellement faibles que je n’arrive pas à la tenir. Je cherche du regard quelqu’un pour m’aider, mais déjà, tout le monde s’affaire sur autre chose. C’est finalement son père, pâle, ravagé, en état de choc, qui aura la présence d’esprit de me tenir le coude pour que je ne laisse pas échapper mon enfant par terre, du haut de mon étroit lit de souffrance. Je devrais être heureuse. J’ai juste froid et envie de pleurer. Voilà tout ce qui reste de ce qui aurait pourtant dû être le beau jour de notre vie.
Mon corps a nourri ma fille. C’est ce que je voulais. Créer du lien avec elle. Tenter de me connecter avec moi-même. Malgré la chair, abondante, qui refuse de refluer. Malgré l’épisiotomie qui m’empêche de m’asseoir, de marcher correctement, qui me blesse et qui rend mon sexe encore plus étranger qu’il ne l’a jamais été.
Mais quelque chose a quand même changé. Pas mon regard, pas mon divorce de longue date, non, de nouvelles sensations, de nouvelles envies. La fin des migraines. C’est long, presque insidieux, il me faudra encore quelques années pour comprendre et cesser toute intrusion chimique dans ce fichu corps. Me reconnecter. Prendre possession de la chair. Enfin. Comprendre le jeu des muscles sous la peau, entendre le murmure du flux sanguin. Décider d’entretenir la carcasse plutôt que de la mépriser. Comprendre, enfin, que je ne suis pas une femme-machine, un esprit perdu dans une prison de chair, mais bien un être complet, entier, relié à l’ensemble du monde par son interface corporelle. Apprécier l’effort. Goûter le plaisir du corps qui complète l’esprit et l’emmène sur d’autres chemins. Jouir des flots d’endorphine que l’activité sportive libère dans mes veines. Reprendre contact avec moi-même, pouvoir enfin sourire à mon propre reflet. Contempler avec indulgence et apaisement les ridules et la petite brioche. Se réjouir de pouvoir habiter pleinement ce vieux corps, si familier et si nouveau à la fois. Partir avec lui sur les routes du Gers, l’emmener en balade vers les sommets, lui donner le soin qu’il mérite et recevoir en échange un univers de sensations nouvelles et délicieuses.
Ne plus avoir honte. Ne plus avoir peur.
Exister, pleinement. Profiter de la vie. Tant qu’il y en a.
Être libérée de mon carcan mental pour habiter enfin mon être entier.
Courir, grimper, souffler, ressentir.
S’abreuver à l’étang salé de mon humanité retrouvée.
Enfin.
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Et tu ne parles que des effets physiques et psychologiques qui ont concerné ton corps. Après ou avant ceux-là, 20 ans avant, ma mère a dû subir le fait d’être séparée de la fille qu’elle venait de mettre au monde, l’entendre pleurer au bout du couloir et ne pas avoir le droit de la voir.
Aujourd’hui on jongle entre le surmédicalisé et dans mon coin les femmes qui habitent à presque 2h de route d’une maternité. De plus en plus d’accouchements dans les voitures sur le bord des routes, avec les pompiers, dans les commissariats, ou alors déclenchés en toute contradiction avec les besoins de l’enfant et de la mère.
Impressionnant témoignage.
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This post was mentioned on Twitter by ownicrew: #OwniCrew Ceci est mon corps http://bit.ly/8sbmQy…
C’est remarquablement écrit et très émouvant ( même et surtout pour un père)
Courage et persévérance. Amour et dérision…
Et si on était, en fait, des extra-terrestres enfermés dans une enveloppe physique (dans le seul but de permettre à cette enveloppe physique de se multiplier) ?
🙂
Note : Je sais, je lis trop de science-fiction 😉
Et comment veux tu commenter un tel cri d’amour de haine, de joie de peine,
il y a juste que c’est un poème, une tragédie grecque, ou une comédie romaine.
que veux tu, cet article, ce moment de vie, c’est de l’art pur.
bref, merci d’avoir l’humanisme de nous faire partager cela.
au plaisir chaque fois différent de te lire.
Joli texte sur le corps… difficile quand on est un homme de tout comprendre pleinement… Le détachement de l’être et du corps fait penser à sensation de la folie…
Magnifique, ton texte me laisse sur le cul ! Cela m’a rappelé la naissance de mon fils aîné, tout pareil ou presque, par les reins, "faux travail" comme ils disaient avec une moue dégoûtée, mais vraie douleur, 2 jours, épisio ratée, déchirure énorme et une période reculée où la péridurale n’existait pas. Etrangement, c’est par le biais des deux autres grossesses et des accouchements que j’ai fait la paix avec cette histoire (et un loooong travail sur moi 🙂
Ben ma vieille, tu en as traversé des choses… Mais tu tiens le bon bout, c’est bien, ça, de tenir le bon bout 🙂
Ecriture puissante, intense, sincère comme toujours, impressionnante.
Laissons juste un petit signe (je pense à elles quand même) à toutes les jeunes femmes "nullipares" pitètre enceintes qui liront ce texte en se demandant si c’était vraiment une bonne idée… Pas de panique, les filles, un accouchement, "normalement c’est pas comme ça" 😉 même si la froideur technico-glaciale de certains personnels est réelle, faut vraiment se demander où on va, la bonne réponse étant le plus souvent "à la maternité de l’hosto du coin" quand on ne veut pas aller accoucher à 500 kilomètres.
Donc juste pour équilibrer les terreurs de celles qui "vont bientôt y passer", ben hmmm… des accouchements, Ma Sainteté en a vécu 3 de très très près, dont 2 "premiers". Tout va bien, c’était cool 😉 Intense (très), fatiguant (très), remuant (très), et bien (très)… Sans aucun instrument chirurgical ni tranchant ni cuillereux, en dehors de la paire de ciseaux que j’ai maniée à la fin pour donner le top-départ.
Pfouiaaaaa, y’a un fan club? décidément tu es juste étourdissante…
Men sana in corpore sano
Oui, mais, "mon corps n’en fait qu’à sa tête" (Marcel Achard)
Bouleversant.
"De temps à autre, la sage-femme de jour s’engouffre dans ma propre salle, le pas lourd de ses silences réprobateurs, et enfonce un doigt inquisiteur et quelque peu vengeur dans mon vagin tout en me fusillant du regard." Tiens, c’est bizarre, aurions-nous eu la même? Mais vu la date, 1976, ça colle pas. Seconde hypothèse bien plus probable, c’est un modèle standard. Cette seconde hypothèse m’attriste, car je croyais que "la mienne", vieille peau proche de la retraite, était un modèle quasi disparu.
Heureusement, j’en ai rencontré d’autres, attentives, amicales, voire émues. Merci à elles!
Merci pour cette évocation du corps féminin, asservi, bâillonné, magnifique et puissant.
Je veux juste souligner que parmi les professionnels de santé, certains croient plus que d’autre à la force du féminin et luttent pour que ce récit de naissance ne soit qu’une douloureuse exception.
j’en reste sans voix. Quel texte, quelle intensité.
…
Merci pour la sincérité de ton témoignage.
Je suis sans voix, les larmes aux yeux.
Un poème d’Eve Ensler :
J’étais là, dans la salle
J’étais là, dans la salle, quand son vagin s’est ouvert.
Nous étions tous là, sa mère, son mari et moi,
Et la sage femme à l’accent russe, avec toute sa main
Plongée dans son vagin, palpant et tournant avec son gant
En caoutchouc tout en bavardant avec nous
Comme si elle essayait de débloquer un robinet.
J’étais là, dans la salle, quand les contractions
L’ont fait se tordre,
Et pousser par tous ses pores des gémissements inconnus
J’étais là encore, après des heures, quand elle a poussé soudain un cri sauvage,
Battant avec ses bras l’air électrique.
J’était là quand son vagin s’est transformé,
D’humble orifice sexuel
En passage plus vieux que la nuit des temps, en un vaisseau sacré,
En un canal vénitien, en une source profonde avec un tout petit enfant blotti en son milieu
Et qui attendait qu’on le délivre.
J’ai vu les couleurs de son vagin. Elles étaient changées.
J’ai vu le bleu des hématomes,
Le rouge vif des boursouflures,
Les gris-rose – les ombres.
J’ai vu le sang perler sur le bord comme une sueur,
J’ai vu le jaune, les humeurs blanches, la merde, les caillots
Jaillir de partout, pendant qu’elle poussait plus fort, encore plus fort.
J’ai vu dans ce trou béant, la tête du bébé,
Rayée de cheveux noirs, je l’ai vue, là, juste derrière l’os,
Souvenir dur et rond,
Pendant que la sage-femme à l’accent russe tournait et retournait
Sa main gluante.
J’étais là quand sa mère et moi
Lui avons tenu chacune une jambe et résisté
De toutes nos forces à ses énormes poussées
Et son mari qui comptait inexorablement « Un, deux, trois »,
Lui disant de se concentrer… « Mieux que ça ! »
Nous regardions en elle.
Ne pouvant détacher nos regards de ce point, là.
Tous, autant que nous sommes, nous avons oublié le vagin.
Comment expliquer autrement
Ce manque d’admiration, ce manque de vénération pour lui.
J’étais là quand le docteur
Est entré avec ses étranges cuillers,
Là encore, quand son vagin s’est transformé en une grande bouche de soprano
Chantant de toutes ses forces.
La petite tête d’abord, puis le petit bras blême élastique, et puis le corps nageant vite
Vite vers nos bras ruisselants.
J’étais là quand plus tard, m’étant retournée, je me suis retrouvée en face de son vagin.
Et moi debout, je l’ai vue
Elle allongée sur le dos, complètement brisée,
Meurtrie, tuméfiée, déchirée,
Saignant sur les mains du docteur
Qui tranquillement la recousait.
J’étais là, debout, et son vagin, soudain,
M’est apparu comme un grand cœur rouge qui battait.
Le cœur est capable de sacrifice.
Le vagin aussi.
Le cœur est capable de pardonner et de réparer.
Il peut changer sa forme pour nous laisser entrer.
Se dilater pour nous laisser sortir.
Le vagin aussi.
Il peut souffrir pour nous, s’ouvrir pour nous, mourir pour nous
Et saigner pour nous dans ce monde difficile et merveilleux.
Le vagin aussi.
J’étais là, dans la salle.
Je me souviens.
C’est un extrait d’un long texte :
"Les monologues du vagin"
http://infokiosques.net/imprimersan…
Magnifique.
Merci à Kiwfranc d’avoir partagé ce texte sur twitter.
@eo : Si tu commences à cauchemarder _avant_, je te prédis quelques difficultés à suivre…
Merci de ce texte. Je m’y retrouve totalement même si mes accouchements ont été plus rapides.
Cette étrangeté vis à vis de mon propre corps me met mal à l’aise.
Le corps médical qui souvent ne dit rien me met mal à l’aise
Ce monde dans les hôpitaux cette queue qu’il faut faire systématiquement me dégôute..
Le sentiment d’infériorité physique qu’on vit lorsqu’on est une femme me met mal à l’aise.
Ce décalage permanent entre ce que nous demande la société et notre corps qui ne suit pas toujours m’interroge beaucoup et créé en moi un sentiment de révolte.
Quand allons nous enfin dans notre société arrêter de nous considérer comme des robots!!!!
Il est de plus en plus difficile d’exprimer des sentiments…comme si la société toute entière trouvait anormal d’avoir des sentiments.
C’est exactement pour ça que je voulais accoucher à la maison…
Et je viens d’apprendre que ce ne sera pas possible à 8 mois et c’est un cauchemar.
Si je peux oser une critique : "ma volonté"… En es-tu certaine ?
"totalitaire" ?
Voilà pourquoi les poupées Barbies naissent totalement glabres quand elles ne sont pas préépilées juste avant leur sortie d’usine.
@ Pas perdus Bien sûr que tout ceci est ouvert à la critique.
La question induite de la subordination du corps féminin au corps social est pertinente : parce qu’on nous présente ce corps soit comme un objet d’érotisation dont nous sommes par ailleurs dépossédées, soit comme une masse de chair faible à dompter, à enfermer dans le carcan de la mode ou du corps idéal en papier glacé, je pense effectivement que notre non-connexion à nous-même est plus de l’ordre du fait social (dans le sens Durkheimien) que de la volonté individuelle. Cela dit, ce que ces codes et ces normes nous poussent à faire à nos propres corps est bien de l’ordre du totalitaire. C’est ce qui s’impose à nous, soit en se faisant passer pour notre propre volonté, soit en outrepassant nos désirs.
Le totalitarisme médical s’exprime peut-être aussi envers les corps masculins, mais j’ai l’intuition que le mépris et l’intrusion sont tout de même nettement moins normalisés que ce qui est normalement fait au corps des femmes.
@Docteur No : tu peux mieux faire, d’autant que tu vis au cœur de la machine à réprimer les corps féminins… 😉
Quelle tristesse, cette incapacité à habiter son corps! Cette impossibilité de vivre l’unité profonde de la matière et de l’esprit! ça fait beaucoup de souffrance, trop longtemps. Des méthodes existent pour vous aider à vous réconcilier avec votre corps, je vous souhaite de les croiser un jour, sincèrement.
@ eo:
Ne pars pas vaincue, ne te laisse pas voler ton accouchement par avance. Renseigne-toi au mieux, des maternités accueillantes et respectueuses existent. Prépare-toi aussi, si nécessaire, à ne pas accepter d’être mal traitée, ou même, dans les cas graves, à te ressourcer en toi-même, à t’abstraire d’un éventuel environnement inhospitalier.
J’ai accouché quatre fois, ce fut quatre fois différent, et dans… la moitié des cas j’ai été bien accueillie et bien soutenue.
Ne magnifie pas trop l’accouchement à domicile, il y a de beaucoup de très belles histoires mais il en existe (heureusement peu) de catastrophiques, sage-femme injoignable, présentation difficile, souffrance du foetus, hémorragie…
@ eo:
Et ne te laisse pas non plus "prophétiser" par Swâmi: remonter le moral par la provoc est une de ses spécialités. Des fois ça marche.
@ Athanase : je peux écrire tout ça parce que justement ça va bien mieux. Je ne crois pas trop aux "méthodes". La vraie méthode, c’est la vie.
Le totalitarisme médical peut s’exercer aussi sur le corps masculin. Un ami m’a raconté en détail son opération de la prostate (j’en ai encore des frissons) et m’a fait réfléchir sur les comportements du "corps" médical sur les corps en général et sur la souffrance des patients/clients en particulier.
Un peu de pub pour "Le choeur des femmes " de martin Winckler. Rejouissant, face a tant d’usages brutaux en medecine.
Mes accouchements, une premiere cesarienne, tres propre froide impersonnelle (depossedee de l’accouchement!), puis un deuxieme accouchement hard, sage femmes qui appuient, forceps, sang, malaise, etc, mais le tout tres rapide donc moins dur que vous.
On aimerait que les sage femmes et medecins nous aident, nous soutiennent, ne soient pas debordes par le manque de personnel, ou simplement blases, uses par le metier et une formation insuffisante.
Comme dirait ma generaliste et amie, pour qu’un accouchement se passe bien, pour ne pas arreter le processus dans la froideur des hopitaux… il faut aller le plus tard possible a la maternite;..
J’écris tout le temps. Ici et ailleurs. Passer à la fiction est une autre aventure qui se murit longuement, effectivement. j’aime bien le mode des chroniques, ça offre une grande variété de thèmes et de tons. Je cherche à faire éditer en circuit traditionnel les chroniques du Monolecte.
Faut que tu écrives !
Un roman? (il faut du TEMPS pour que la quête mûrisse).
Sur la première partie, ce CORPS qui ne t’appartient pas, qui ne NOUS appartient pas.
Que tu travailles pour toutes les femmes de notre temps, aliénées par cette foutue IMAGE.
( Je ne comprends pas pourquoi la grande question des iconoclastes et de l’Islam n’est pas reprise aujourd’hui : un seul avis: l’IMAGE est formidable ! pourtant, quand on voit les dégâts de l’IMAGE…)
Pense à toutes nos jeunettes, mille fois plus conditionnées que nous.
euh …
en même temps , me font bien marrer , ces pêreuuuh zet mêreuuuh d’famille … le professionnel de santé, y survit comment si y s’investit émotionnellement ?
y fait comment , l’urgentiste qui voit débarquer une môme en 3 morceaux un samedi à 5h du mat, pour mobiliser toute la froideur de son professionalisme sans lequel le mioche, il est mort ?
elle fait comment , l’infirmiére qui voit passer des mioches cancéreux, pour pas se tirer une balle dans la tronche si elle s’investit de trop ?
( surtout qu’ils pratiquent pas les tarifs des charlatans de la médecine douce … eux )
Bon , chez les médecins, les flics, les blogueurs, les curés, y a un pourcentage non négligeable de sales cons, ni plus , ni moins …
M’enfin, en même temps , quelques milliers d’années que les femelles mamiféres mettent bas, en chient , en crévent parfois …
Mais juste 2010 années qu’on nous casse les pieds avec le mythe marial de l’immaculée contraception !!!
Le mécanisme de reproduction, c’est rien d’autre qu’une fonction physiologique … parfois douloureuse ! et dont les humain-E-s n’ont pas à être particuliérement fier-E-s … une salers véle toute seule , et son veau est autonome 6 heures aprés !!!!
Où est-ce que je demande qu’on s’extasie? Où est-ce que je demande qu’on me prenne la main????
Je demande juste qu’on ne me traite pas comme un bout de barbaque sans sentiments, sans pensée, sans consistance. Je demande qu’on m’informe correctement des actes médicaux qu’on envisage de pratiquer sur mon corps, qu’on parle de consentement éclairé. Je demande que des gens que je ne connais pas du tout ne viennent pas planter leurs doigts dans mon sexe comme si j’étais un cadavre d’étude oublié dans un coin d’amphi.
Putain! Je n’ai vraiment pas l’impression de trop demander!
Je me dois d’ajouter que lors de ma première expérience d’accouchement (en tant que père), ma première épouse n’a échappé à l’épisiotomie qu’à partir de l’instant où j’ai émis d’une voix très calme mais n’admettant visiblement aucune contradiction, à l’attention de l’obstétricienne présente depuis seulement 5 pauvres minutes dans une scène qui durait depuis bien plus longtemps, les mots : « Tu poses ce truc immédiatement où je te fous mon poing dans la gueule ? »
Parfois, les médecins, quand on sait leur parler avec une délicatesse du même métal que celle dont ils savent parfois faire preuve, on obtient des résultats et on évite des "actes" médicaux inutiles – comme la suite de l’histoire allait le démontrer 2 minutes plus tard.
Merci Swâmi pour ce grand éclat de rire. Sur ce chapitre, tu t’entendrais bien avec CSP. En fait, je suis d’accord avec le fait que nous devons cesser de nous soumettre au corps médical et j’encourage vivement le port de la batte de baseball dans le sac à langer avant l’accouchement, parce qu’on obtient bien plus en demandant fermement avec une batte dans la main, qu’en demandant juste fermement! 😉
J’ai bien souvent l’impression de ne pas vivre dans votre monde……
Je suis, par la force des choses, une fidèle habituée du centre hospitalier de ma sous préfecture…J’ai toujours eu à faire à du personnel compétent ET agréable….Sans doute parce que je ne me pense pas unique?….
J’ai eu deux enfants….grossesses ordinaires et sans problèmes (j’avoue, à contre courant des idées actuelles que ça n’a pas été des mois de bonheur). J’ai accouché, toujours à la maternité du CH de sous prefecture….Bon, comme je n’etais pas persuadée de mettre au monde la 8eme merveille du monde….bin je n’en garde pas un souvenir merveilleusement inoubliable….l’accouchement c’est violent.Mais comment voulez vous que les sages femmes s’extasient avec vous de cet évenement intime, personnel en vous tenant la main?
Je me retrouve dans ton texte, pour l’accouchement aussi… mon premier s’est passé comme ça. Par contre le deuxième a été un oasis de douceur et de respect. Comme quoi…
J’ai longtemps vécu mon corps comme un sac pesant à traîner.
A bientôt 30 ans et 2 enfants, je me réconcilie enfin avec lui. J’ai enfin assimilé que je ne serais jamais un canon mettant du 38, j’ai arrêté le lui faire recracher ce qu’il avait ingéré, arrêté de le torturer et de l’observer sous toutes les coutures en faisant la liste des travaux à prévoir.
Je le vis enfin comme une partie de moi, marqué par ce que j’ai vécu. Mes vergetures, même si j’aurai bien pu vivre sans elles, sont la marque de la protection offerte à mon aînée pendant les 9 mois où elle vivait en moi, elles ne sont finalement qu’un tatouage de plus, sauf que celui ci, je ne l’ai pas choisi…
Je vis enfin mon corps pour moi, non plus comme une projection de la perfection que je devrai atteindre. Une certaine forme de sérénité peut être. Mais cette paix avec lui est aussi du au regard amoureux de mon homme, lui qui aime ce corps m’a aidé à l’accepter… peut être n’est ce qu’une trêve…
putain qu’il est beau ce texte Agnès. quelle claque!
merci pour cette sincérité, j’en ai eu les larmes aux yeux.
La description de votre accouchement me renvoie à ce qu’a vécu la mère de nos enfants il y a trente cinq ans. A ces techniciens des profondeurs dont le degré d’humanité baissait avec leur place dans la hiérarchie. La meilleure étant cette « simple » veilleuse de nuit capable de la bercer comme son bébé car elle pleurait. La pire étant cette ordure de sage-femme qui, en enfilant sa blouse, lui avait jeté d’un ton professionnel : « Allez-y Madame, plus vous pleurerez plus vous l’aimerez » (la suite lui a sinistrement donné tort).
Le seul effet positif de cette boucherie fut que des années après, cette mère parvenue à la tête d’un service de prévention dans une mutuelle anima un groupe de femmes et d’hommes qui est à l’origine de la création d’une Maison de la naissance où, ce fils mal-né a pu le voir à trois reprises, mère enfant et famille sont traités avec dignité.
Faut bien reconnaitre qu’auprés d’un corps médical dit libéral, et qui défraie réguliérement la chronique des affaires de défiscalisation douteuse ( on peut escroquer le patient, puis se faire détrousser par plus prédateur que soi ensuite) , les argument menaçants sont parfois plus crédibles qu’une feuille de CMU…
Ou alors, d’ évoquer le 4X4 qui dort paisiblement dans le parking, en rappeler le caractére inflammable indéniable.
Franchement, Obama ne sait pas s’y prendre avec la classe moyenne sup qui s’en branle que le voisin chomeur créve par absence de soins médicaux : demander sans menacer n’est plus crédible.
Quel temoignage … C’est affreusement troublant. Je dois accoucher en Juin, et tout ce que j’ai lu ici j’espere l’eviter. Et pour ca, je vais accoucher a "l’etranger", ou plutot en Belgique. Il semblerait que le respect de la femme y soit plus grand et moins hypocrite que dans ces maternités "fashion" qui se disent naturelles et qui au final manient le ciseau et le forceps avec autant d’habileté qu’ailleurs. Pour le bien des femmes bien sur.
Bref, on verra ce qu’il en sera. Et pourtant je suis flippée de la douleur !
Salut Mélusine. Il faut noter, en filigrane de ce billet que dans la salle d’accouchement à côté, les affaires étaient rondement menées, avec des nanas qui sont sorties de là enchantées et en pleine forme. J’en ai croisé quelques unes ensuite au cours de "tu as un bébé maintenant, va falloir apprendre à t’en servir", elles gambadaient comme des cabris et tout. Donc, les accouchements qui se passent aussi mal, je ne pense pas que c’est la norme quand même. Tu as toutes les chances que ça se passe bien, surtout si tu sais ce que tu ne veux pas!
Dingue…je n’aurai pas pu l’écrire mais j’ai vécu presque la même chose. Cela c’est terminé attachée croix en sur une table, avec des inconnus découpant mon ventre puis mon utérus.
Pareil pour ma deuxième princesse. Et puis j’ai aussi décidé que personne ne me toucherai plus contre ma volonté. Notre troisième naissance s’est passée à la maison. Et vous savez quoi? Ma sage-femme qui porte tellement bien son titre, sous son regard bienveillant, me renvoyait une image de moi même tellement valorisante que j’aurai pu grimper l’Everest! Elle n’a eu de cesse de mon dire qu’elle était à mon service, que JE décidais et je décidais. Je me sentais belle et forte, doté de ce que toute les femmes sont dotées : la capacité de transmettre la vie. Même si l’allaitement allait de soi, je ne m’en suis pas servi pour me prouver que j’étais quand même une bonne mère. D’ailleurs, j’ai réussi à accepter que je suis simplement mère, avec mes capacités mais aussi mes faiblesses. Je me sens vrai avec mes enfants. Je ne me sens pas emprisonnée dans un rôle de parent tout puissant, mais je sais que je serai toujours là pour accueillir ce qu’elles ont besoin de me déposer au creux de mon oreille.
Maintenant, je me sens vrai !
Belle journée !
Chère Monolecte
Il me faut bien laisser de côté ma pudeur (mon absence de légitimité) pour te féliciter. Depuis quelques mois tes textes ont gagné (encore plus) en profondeur de la réflexion, en puissance émotionnelle, en subtilité dans l’expression de tes sentiments, en sincérité lucide, en singularité. Bref, en style.
Est-ce que cela a un rapport avec le corps retrouvé ?
Un signe qui ne trompe pas (pour moi) : il y en a toujours 3 ou 4 qui traînent dans mon agrégateur, le temps de trouver la disponibilité d’esprit et l’energie nécessaire pour ne pas en gâcher la lecture.
Tu es un écrivain.
Merci !
Un texte magnifique, si juste et puissant ! Bravo !
Quand notre société respectera-t-elle enfin le corps des femmes ? Sûrement pas tant qu’il n’y aura que des hommes au pouvoir. Mais ceci est un autre débat…
Pour les futures mères, il existe heureusement quelques rares endroits où nous pouvons être traités en être humains. Je remercie à cet égard la maternité des Lilas (94) pour mon 2ème accouchement qui s’est merveilleusement bien passé (avec quand même une épisio. , mais dont on m’a informée et qui n’a été faite qu’après que je l’ai acceptée, les arguments exposés ayant l’air convaincant et je n’étais hélas pas accompagnée d’un swâmi Petaramesh).
Surtout ne vous laissez rien imposer !!!!! Ne vous laissez pas voler votre accouchement qui peut -et devrait- être un moment merveilleux. Les contractions si on sait les accompagner ne sont pas nécessairement douloureuses, je peux témoigner que je n’ai pas souffert lors de mon 2nd accouchement, mais je m’étais bien préparée (après le 1er qui avait été catastrophique dans une clinique que je préfère ne pas évoquer tant le souvenir en est encore douloureux).
Pour les futures mamans il existe de nombreux ouvrages et techniques qui aident à se préparer à l’accouchement. Il me semble également qu’il est important de savoir comment s’est passée notre propre naissance, car des répétitions inconscientes peuvent se jouer dans ces moments clés de la vie.
Et bien je retrouve pas mal de mon accouchement (béarnais aussi) dans ce texte.
Voici l’écho :
http://lyjazz.cheminsinstantanes.fr…
http://lyjazz.cheminsinstantanes.fr…
On a dû rencontrer la même sage femme 🙁
Justement, je déconseillais cette clinique hier à une copine qui doit accoucher dans les 3 semaines.
Et je confirme, comme Swami Petaramesh le disait, que c’est bien mieux de savoir ce que l’on ne veut pas pour se faire respecter. Mais faut avouer qu’entre deux contractions et quand on est saucissonné sur une table il faut puiser bien au fond de ses réserves (alors qu’on a autre chose à faire de bien plus important) pour arriver à se faire respecter.
Maintenant, dans le Béarn, c’est vite vu, il ne reste plus qu’un pondoir! Rationalisation, qu’ils disaient.
Beau texte, comme d’hab, mais personnellement, je l’ai trouvé triste, émouvant, certes, mais déprimant.
A mon avis, croire que l’esprit est indépendant du corps est une illusion. Certes, à force de discipline, on peut forger sa volonté, mais les plus grands esprits ont vu leur oeuvre modifiée selon leur âge et leurs problèmes. A preuve, quand vous parlez des endorphines fabriquées durant les sports de fond. Je m’attendais presque à voir évoqué un début d’anorexie mentale durant l’adolescence. C’est le corps qui impose la sexualité, toutes les pensées, les actions et le temps qu’on y consacre, de même que l’envie d’assurer la descendance ne naît pas ex-nihilo d’un raisonnement à froid de notre esprit, c’est un besoin ressenti par la majorité d’entre nous – et pourtant, la planète n’en a pas franchement besoin ces temps-ci ! Penser que les ostéopathes lisent quelque chose d’autre sur votre corps que ce que vous leur dites est aussi une illusion à mon avis, mais c’est un autre débat.
Le moniteur de ski qui vous a réduit une luxation de la hanche à chaud sur la piste me paraît assez gonflé, vous auriez pu avoir une fracture, qui pouvait se déplacer à la réduction…
Quant à Swâmi dont le commentaire semble vous avoir amusé, je pense que l’obstétricienne a été bien gentille de ne pas appeler la sécurité pour l’expulser de la salle de soins. Je crois me rappeler que l’appel à la violence, aux battes de base-ball, aux incendies de 4×4 est encore un délit de nos jours ( m’en fous, je suis généraliste et n’ai pas de 4×4). Si ce monsieur sait tout mieux que les spécialistes à qui il a confié le suivi de la grossesse de sa femme et l’accouchement, pourquoi n’a-t-il pas fait tout ça chez lui, en famille, peinard ?
@Krokodilo : « l’obstétricienne a été bien gentille de ne pas appeler la sécurité pour l’expulser de la salle de soins »
Tu parles du vieillard cacochyme faisant fonction de concierge dans cet hospitalinou de province ? 😉
Je doute qu’elle en aurait eu le temps quoi qu’il en soit, il y avait plus urgent à faire :-}
> « Si ce monsieur sait tout mieux que les spécialistes à qui il a confié le suivi de la grossesse de sa femme et l’accouchement »
Toute l’outrecuidance du cuistre médical. D’abord, je n’ai pas "confié le suivi de la grossesse de ma femme", ma femme n’étant pas un objet et étant assez grande pour se "confier" toute seule le cas échéant, et puis justement non, mon con, une femme peut se faire _assister_ d’un professionnel pour son accouchement sans forcément s’y "confier" aveuglément et pieds et poings liés. Donc tout professionnel se munissant des ciseaux sans en avoir demandé l’autorisation ni même l’avoir évoqué mérite amplement d’être invité à les reposer séance tenante sous peine de poing dans la gueule, que ça te plaise ou pas.
Le patient est un être qui demeure majeur et n’appartient pas au médecin, jusqu’à preuve du contraire, on ne saurait donc décider à sa place et sans son consentement, et en particulier pour l’accouchement, qui n’est pas une maladie.
@Krokodilo: Il serait sans doute quelque peu ridicule de se crêper le chignon pour un "incident" s’étant produit il y a bientôt 24 ans de cela, n’est-ce pas, puisqu’il y a prescription dans tous les sens du terme.
Il n’en reste pas moins que je trouve votre approche du "problème" aussi stupide que déplaisante et bien significative de la "mainmise" ou la "tutelle" qu’une bonne partie du personnel médical trouve naturelle d’exercer sur les patients dès lors qu’ils sont sous leur contrôle.
J’ai constaté bien des cas où l’on semble perdre son statut de personne majeure dès qu’on se retrouve sur le lit d’un hôpital ou d’une clinique, bien que rien ne permette de penser que cela altère les facultés de jugement ou le droit de décider pour soi-même… Je sais bien que pour de nombreux médecins le patient est "un organe à réparer" et que le fait que cet organe puisse s’exprimer et avoir son opinion est avant tout un regrettable problème.
Les incidents parfaitement inadmissibles qui peuvent parfois se produire aux urgences de la part de "patients" irascibles ou bourrés ne sont en rien de nature à justifier les abus médicaux,et un médecin n’a pas à prendre un décision qui n’est pas sans conséquences (donner du ciseau dans le sexe d’une patiente) sans prendre la peine de la consulter ou même de l’en informer.
Je vous laisse vos fantasmes de "domination virile" ; il se trouve qu’à l’époque mon épouse et moi-même étions en parfait accord sur l’ensemble de ces points, et il se trouve également qu’au stade final de l’accouchement une femme est suffisamment "absorbée" pour ne pas forcément remarquer ce qui se passe en catimini hors de son champ visuel, comme l’obstétricienne qui s’arme silencieusement des ciseaux sans rien demander à personne.
En l’occurrence, ma réaction immédiate a été purement instinctive et réflexe, et 24 ans après, je ne la renie certes pas !
Il se trouve qu’avant d’opter pour un lieu d’accouchement et un obstétricien nous avions visité une dizaine de ces établissements et médecins, et que je jour "J" l’obstétricien choisi et qui avait suivi la grossesse était absent – ce qui arrive souvent et force à finir dans des conditions un peu différentes de ce qui avait été initialement prévu – et remplacé par une consoeur qui n’avait visiblement pas les mêmes qualités de présence et d’écoute, c’est le moins qu’on puisse dire.
Tout ce que je sais c’est que ce jour-là ma menace instinctive et directe a évité à mon épouse une épisiotomie non prévue, non discutée, et même "sans prévenir", outre que la suite a démontré qu’elle aurait été inutile.
J’ai donc tout lieu de me féliciter de ma réaction ce jour-là.
En matière d’expériences amusantes, pour "ma" 3ème grossesse, soit la seconde de ma 2ème épouse 😉 dans une nouvelle ville, à la première visite chez l’obstétricien, un Pr. Machin réputé dans une clinique réputée "conseillée par des amis", nous sommes tombés en matière de médecin sur un tel connard imbu de sa personne, refusant de répondre à toute question, traitant mon épouse "comme un morceau de viande" et branché en mode "Moi je sais, toi tu te tais !" que nous avons eu ensemble, mon épouse et moi-même le réflexe de se regarder, de se dire "on se casse !", de se lever et de le faire. J’ai juste ajouté à l’intention de ce gros naze qu’il ne nous reverrait pas et que pour ses honoraires, je ne jugeais pas qu’il y avait matière à lui régler quoi que ce soit.
Après, nous sommes allés à l’hopital général du coin voir l’obstétricien disponible, plutôt qu’à la clinique huppée, et y avons été extrêmement bien traités.
Krokodilo : "Si ce monsieur sait tout mieux que les spécialistes à qui il a confié le suivi de la grossesse de sa femme et l’accouchement, pourquoi n’a-t-il pas fait tout ça chez lui, en famille, peinard ?"
Avec une telle phrase, symbolique de cette attitude largement répandue dans le corp médicale, il fallait bien vous attendre à une vive réaction de Swami, ou alors vous ne le connaissez pas bien 😉
Et il a raison quand il dit : "Il n’en reste pas moins que je trouve votre approche du "problème" aussi stupide que déplaisante et bien significative de la "mainmise" ou la "tutelle" qu’une bonne partie du personnel médical trouve naturelle d’exercer sur les patients dès lors qu’ils sont sous leur contrôle."
Nous sommes trop souvent confrontés à cette attitude infantilisante et malgré le soin que nous prenons à choisir nos interlocuteurs, il est parfois inévitable de se trouver confronté à un de ces "mini potentats".
Et votre réponse est tout à fait déplacée faisant appel à la généralisation, au déplacement du problème et à une terminologie pseudo psy ("vous avez la phobie des ciseaux ?").
Ouais, sinon, dans la vraie vie, j’ai travaillé 3 ans 1/2 avec des pneumologues, en milieu hospitalier ou en cabinet, et maintenant je bosse assez régulièrement avec des radiologues, des "Pr. Machin", des "qui publient".
Autant dire que le phénomène de la tête qui gonfle en milieu médical, je connais plutôt bien par pratique directe, merci. (et je connais très bien aussi des médecins et personnels médicaux qui n’en sont pas du tout victimes).
Mais en matière de médecins, bien souvent, pas toujours, "plus y’a de barrettes sur l’épaulette, plus c’est un gros con qui se la pète"… Quand on est dans le fauteuil du patient, c’est ennuyeux.
Depuis que les injures, agressions verbales, bagarres de récréation, incendies de voiture, et autres délits sont qualifiés de modestes incivilités, depuis que le personnel des urgences se voit confronté à l’incivilité des concitoyens (traduisez menaces, coups de poing, insultes), depuis que certains veulent choisir le sexe de l’obstétricien, bientôt la longueur de ses cheveux, il y a toujours aux urgences un infirmier costaud ou au moins un personnel de sécurité, en tout cas il devrait y en avoir un, et il est probable que l’obstétrique puisse y avoir recours.
Si votre femme s’est confiée toute seule à l’obstétricien, elle doit pouvoir décider par elle-même de ce qu’elle refuse, alors que votre message semblait indiquer une volonté de domination virile sur les évènements, face auxquels les pères sont malheureusement impuissants, hormis partager le stress et soutenir moralement. Pourquoi ne pas reconnaître que votre agressivité dans la situation que vous décrivez est due au stress et non à l’attitude du personnel médical ?
A part ça, vous avez la phobie des ciseaux ?
Il y a effectivement une incertitude quant à la nécessité et l’utilité de l’épisiotomie, mais celle-ci peut être faite a minima, ou faite seulement si elle s’avère nécessaire. Ca va peut-être vous étonner, mais je savais que l’accouchement n’est pas une maladie ; par contre, il peut se compliquer rapidement, même dans une grossesse supposée sans risque.
Je vois que vous êtres également grossier dans vos messages – je veux dire incivil. Après tout, notre président en a donné l’exemple.
@Krokodilo : « A part ça, vous avez la phobie des ciseaux ?
Il y a effectivement une incertitude quant à la nécessité et l’utilité de l’épisiotomie »
Pour mon deuxième enfant (soit le premier de ma deuxième épouse, faut suivre 😉 quand nous avons demandé à l’obstétricien quel était les stats de la clinique où il officiait en matière d’épisiotomie, il nous a répondu « Pour la clinique, c’est 98% d’épisio, et les 2% qui manquent, c’est moi ! Moi, j’ai environ 12% chez les primipares et 8% chez les multipares »
On l’a embauché, bien sûr :-}
…Et oui, pour «l’utilité de l’épisio», y’a des coins où c’est du quasi 100% (ce qui manque aux 100%, c’est les césariennes), mais pour ma part, j’ai vécu 3 accouchements, dont 2 primipares, dont un siège décomplété sans péridurale chez une primipare, et zéro épisiotomie, zéro scalpel, zéro problème. Juste une menace de pain dans la gueule :-}
Merci pour ce texte, Agnès.
Tiens, d’ailleurs il en rejoint d’autres lus sur
http://boob.over-blog.fr/
La difficulté, c’est de manifester sa volonté quand on se trouve diminué justement par son état de santé, et de résister à l’intimidation.
Après avoir été mutilé, comme ça m’est malheureusement arrivé, à cause de l’incompétence de plusieurs médicastres, on n’a plus le coeur à leur mettre un marron, hélas. Mais on a au moins remarqué, comme Swâmi, que les plus péremptoires sont les plus incompétents et on recherche des modestes.
Quant au bon docteur Krokodilo, non seulement il mélange dans son télé-diagnostic les considérations médicales et psychiatriques, mais il parle comme un politicard, en rajoutant en plus, complètement hors de propos, du jargon latino-judiciaire. Il montre par là, s’il le fallait encore, que savoir faire un score à quelques QCM suffit peut-être pour se placer dans le numerus clausus, mais ne développe pas forcément d’autres talents ou aptitudes.
@Krokodilo: « Que l’absence d’épisiotomie se soit bien passée ne prouve rien, car une confirmation scientifique nécessite une étude sur un grand nombre de patientes. Si ça date de 24 ans, vous avez peut-être été des précurseurs, mais c’est un pur hasard. »
Whouhahahaha ! C’est sûr que sur un million d’années d’histoire de l’humanité, ça ne fait qu’environ 25 ans que quelques "précurseurs" ne recourent plus systématiquement à l’épisiotomie, on manque de recul statistique MouHAHAHAHAHAHAHAAAAAAA !
Cet homme est impayable 😀
> « pour le siège chez une primipare, beaucoup d’obstétriciens conseilleront une césarienne, vu les énormes risques en cas de procès s’il y a des complications… »
Donc, si je vous comprends bien, la principale indication de la césarienne est le risque… de procès ! 😀
Rassurez-moi, c’est bien du second degré ? Je vous en conjure, rassurez-moi, je commence à flipper !
> « Je ne vois pas ce qui vous autorise à penser que j’ignore les difficultés psychologiques … »
Je ne vois pas non plus, tiens 😀
John. Psychiatre, politicien, juriste, je ne me savais pas tant de talents, merci.
Swâmi.
« On l’a embauché, bien sûr » Hormis accouchement programmé, l’obstétricien qui suit la grossesse n’est pas forcément celui qui fera l’accouchement, vu les gardes de nuit ou de weekend.
Des cas individuels ne suffisent pas à prouver la valeur de tel ou tel protocole. Que l’absence d’épisiotomie se soit bien passée ne prouve rien, car une confirmation scientifique nécessite une étude sur un grand nombre de patientes. Si ça date de 24 ans, vous avez peut-être été des précurseurs, mais c’est un pur hasard. Autre exemple : pour le siège chez une primipare, beaucoup d’obstétriciens conseilleront une césarienne, vu les énormes risques en cas de procès s’il y a des complications…
Je ne vois pas ce qui vous autorise à penser que j’ignore les difficultés psychologiques à se retrouver patient, réduit à une machine défaillante, l’infantilisation possible, l’attitude de certains médecins, etc., on ne va pas traiter tous les aspects d’un vaste sujet.
Et pour votre information, nous sommes nous aussi allés à la maternité du coin, qui est d’ailleurs souvent plus proche de la néonatalogie que les cliniques privées.
Vu l’appel à la violence que vous revendiquez, dont vous tirez même fierté, je m’étonne que vous ne supportiez pas quelques taquineries par Internet !
Je n’aurais pu mieux expliquer le rapport que j’ai à mon corps… Mon premier accouchement est si proche du tien…je n’ai pu mettre au monde, moi même, qu’au cinquième! Il ne reste plus qu’à rendre comme toi mon corps en harmonie avec ma tête. Arrêter d’en être spectatrice.
"John. Psychiatre, politicien, juriste, je ne me savais pas tant de talents, merci."
Savez pas lire, on dirait. Je vous reconnais le talent de faire un score dans un questionnaire à choix multiples, rien de plus.
Et je dis "politicard", pas politicien ; "jargon judiciaire", pas juriste.
Et c’est vous qui parlez de procès, si je ne me trompe.
Swâmi, il s’agit d’un blog après un article émouvant sur un ressenti personnel, je ne vais pas faire des messages détaillant des questions médicales ; et vous pourrez toujours tourner en dérision un message court.
Et si vous préférez l’expertise de plusieurs millénaires, vous pouvez aussi recommander d’accoucher assis comme le faisaient probablement certaines tribus, le poids du foetus aidant d’ailleurs son expulsion, et lécher les plaies de vos enfants comme le font les chats, ou ne pas aller chez le dentiste, puisque Jésus et Bouddha s’en passaient fort bien.
"Donc, si je vous comprends bien,"
Eh non, vous avez mal compris…
@Krokodilo : Je conclurai ceci (chacun se fera son opinion par ailleurs) en vous conseillant un très excellent livre : « Les mémoires d’Elizabeth Frankenstein » de Théodore Roszak (Livre de Poche). Je ne saurais trop le conseiller à tout le monde d’ailleurs.
Je vous salue bien, Monsieur le Médecin.
splendide et bouleversant.Pour moi, ta plus belle chronique depuis parrainage.
Concernant l’épisiotomie, qui est non seulement inutile mais invalidante lorsqu’on laisse la femme accoucher sans chercher à l’accoucher….
http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/0…
Voir aussi le travail du CIANE : http://wiki.naissance.asso.fr/index…
et plus généralement le travail de Sophie Gamelin-Lavois sur son portail :
http://www.projetdenaissance.com/
Tous les liens sont trouvables à gauche.
Sinon, dans le Béarn, je connais 2 endroits qui ne sont pas des pondoirs : la clinique d’Oloron, où il est possible d’accoucher dans une ambiance respectueuse, et même dans l’eau.
Et celle d’Orthez, qui pratique aussi les naissances les plus naturelles possibles.
En ce qui concerne la naissance à domicile, le tableau est noir dans le béarn, et si vous souhaitez que cela change, vous pouvez encore signer la pétition pour soutenir une sage femme :
http://www.mesopinions.com/detail-p…
Ayant lu ce texte sur marianne 2, j’ai préféré laisser un post ici, plutôt qu’à la suite de commentaires affligeants que j’ai pu lire sur ledit site.
Alors mon commentaire, le voilà : Bravo.
Le récit lui même est assez terrorisant. Même pour un homme qui sait qu’il n’aura jamais à subir ce genre d’épreuve, sa simple évocation fait froid dans le dos (je prie pour que ma copine, qui voudrait faire un enfant mais n’en est pas encore sure, ne lise jamais ceci, elle prendrait alors la décision de ne jamais en avoir de façon , je le crains, définitive).
Le style quant à lui, est tout simplement magnifique. Si seulement la moitié des "vrais" écrivains actuels pouvaient écrire leurs livres moitié aussi bien que l’est ce texte, nous vivrions un age d’or de la littérature.
Bonsoir, je vous lis en sous-marin, régulièrement, depuis quelques années maintenant. Je rejoins BB, concernant le Choeur des femmes. Je pense que vous devriez même envoyer ce billet directement à Martin Winckler, il semble facile à joindre (http://wincklersblog.blogspot.com/).
Merci pour les émotions.
Bonjour, votre texte et certains de vos commentaires renforcent encore ma conviction : la position horizontale pendant l’accouchement est la meilleure POUR LES MÉDECINS. On a tellement l’habitude de cette situation que ça peut paraître "primitif" d’accoucher debout, mais à choisir entre ça et la sage-femme qui appuie comme un bœuf sur le ventre, suivie du forceps si ça ne va toujours pas… De plus, la péridurale affaiblit les muscles, se qui rend l’aide ou l’intervention extérieure nécessaire.
Un lien sur la péridurale : http://www.bien-etre-bebe.com/Bien-…
En tout cas une chose est sûre, c’est que si jamais il faut s’allonger, autant le faire le plus tard possible, puisque Sir Isaac Newtown et sa gravitation universelle aident bien quelques kilos de bébé, d’eaux et accessoires à se diriger vers la sortie si elle est vers le bas (donc si la dame est en position plus ou moins verticale) mais n’aident absolument pas s’il faut pousser tout ça à l’horizontale et en remontant même un peu à cause de la forme du bassin, tout ça.
Quiconque veut s’en convaincre se munisse d’un pack de bouteilles d’eau, de poids comparable, et teste si un tel objet semble désireux de se mouvoir de lui-même vers le bas, et s’opposer à être poussé à l’horizontale et a fortiori vers le haut…
très joli texte, dur à lire pour certaines je pense… mais très bien écrit
Ce temoignage est bouleversant. Comment peux t on fraire subir ca a une femme.
Ca me rappele quand ma maman me parle de ma propre naisance.
Elle n avait quasi plus de contractions, completement crevée, la sage femme qui l engueulait, des eleve qui passait tous les 5 mn avec ma maman qui avait les jambes en l air.
La sage femme est quasiment grimpée sur ma maman, lui a enfonce les mains sur le ventre a tel point que ma pauvre maman a eu des griffure.
Moi cordon autour du cou, je suis née bleue. Maman decue 5 sec que je sois une fille, et ne m a pas vu pendant 2 ou 3 h je crois avec la fatigue elle etait a moitie inconsciente.
Aujourd hui elle m appele sa fille preferee cherie (en meme temps je suis sa seule fille)
Pour mon demi frere, c est mon abruti de beau pere qui l a engueule et il s est fait engueuler par la sage femme.
Magnifique! Une pure merveille a lire! Triste aussi…
J’ai accouchée il y a 9 mois maintenant, dans une clinique fantastique, à paris XII. Certe j’ai été très déçue par l’équipe des infirmières qui ressemblent fortement a celles que vous décrivez, elles ne m’ont apportées ni soutien,ni conseils, RIEN.
Par contre, les sages-femmes sont fabuleuses! J’ai pu accoucher en tête a tête avec ma sage-femme, personne d’autre! hormis un médecin qui est passé 5min discrètement vérifier que tout se déroulait bien et a été très sympatique avec nous.
Ma sage-femme que je ne remercierais jamais assez, a fait selon mes désirs du début a la fin, m’a laissé aller a MON rythme.Elle m’a d’ailleurs avoué que j’ai échappé de peu a l’épisio et aux forceps, et je suis persuadé que j’y aurais eu droit avec une équipe médicale. Mais elle m’a laissé gérer MON accouchement et comme l’a dit quelqu’un plus haut, je me sentais bien et surtout très forte dans son regard!
C’est elle aussi qui m’a aidé a réussir mon allaitement là où, des infirmières insensibles a mon désir d’allaiter ,et devant ma douleur de ne pas y arriver, me lançaient sans cesses des "donnez lui le biberon c’est aussi bien" "je ne vois pas pourquoi vous vous compliquez la vie, le LA c’est très bien" qui me décourageaient tant…
Grâce a elle j’ai vécut un accouchement de rêve.Mon fils est arrivé dans la sérénité la plus totale,je me suis remise très vite et garde un merveilleux souvenir de ce jour là qui reste pour son papa et moi, le plus beau.
Je suis triste que vous n’ayez pas eu l’opportunité de vivre cet instant là dans ces conditions et comme vous, j’avais beaucoup de mal avec mon corps avant de donner la vie.Maintenant, je me sent FEMME et j’aime mon corps, je me suis enfin acceptée grâce a la naissance de mon bébé et au soutien sans faille de ma sage-femme.
Il y a aussi, heureusement, des gens dans le milieu médical qui se battent pour nous offrir le meilleur accouchement possible et je les remercie de tout coeur.
Ma mère, elle, n’a pas eu cette chance non plus. Attente pendant des heures dans un "lit" de fortune dans un couloir, avec un tas d’autres femmes…
Moi qui arrivait en siège, l’équipe médicale qui l’engueulait, la rabaissait, ma mère a fini par vouloir mourir, elle ne voulait plus que je naisse, elle rejetait complètement ma naissance…
un accouchement qui a été un cauchemard pour elle…et pour moi.
Puis après mon arrivée, l’équipe médicale qui s’est encore acharnée parce que je n’étais pas "assez" grosse je ne mangeais pas "assez"…ma mère a dû se battre pour qu’ils ne me mette pas d’office en couveuse et qu’ils ne me gave pas de LA, elle qui éspérait tant pouvoir m’allaiter en toute tranquilité sans que je sois pesée X fois par jour…et cela n’est pas si vieux, je vais avoir 25 ans…
Et petite je faisais beaucoup de rêves très violents et après un certain nombre de séances chez un psychologue, ce dernier nous a dit que c’était dû pour lui, a la violence de ma naissance…
Ma mère a eu un autre enfant, 12 ans après, mais elle était terrorisée a l’idée d’accoucher a nouveau, ça a été très dur pour elle…heureusement elle n’a pas eu a revivre un tel cauchemard mais elle n’a pas pu vivre pleinement son deuxième accouchement car trop traumatisée du premier…elle avait tellement peur de revivre ça et qu’on essaie ensuite de lui enlever son enfant etc…
Heureusement tout de même que tous les accouchements ne se déroulent pas ainsi…Et je comprend que parfois le milieu médical se "désensibilise" lorsqu’il est en contact constant avec la mort (dans des services lourds…) mais il ne faut pas oublier que le patient n’est pas juste un "sujet d’étude" ou un "cas"…le personnel médical manque souvent d’humanité et c’est bien dommage lorsque l’on exerce un tel emploi!
Ma sage femme a été très émue qd mon fils est né,et elle a été très fière qd j’ai enfin réussit mon allaitement!Ca se voyait dans son regard sans qu’elle ne dise quoi que ce soit. Et pour moi ce regard là a beaucoup compté! Si certain arrêtaient de se croire a l’usine dans l’exercice de leur fonction et donnaient un peu plus d’humanité a leurs gestes…ça serait fabuleux!
ps: désolée pour le roman! 🙂
Magnifique et je m’y retrouve un peu.
Il y a cette phrase que j’ai lu quelque part il y a longtemps : "Nous ne sommes pas des êtres physiques vivant une expérience spirituelle, nous sommes des êtres spirituels vivant une expérience physique".
"pauvres femmes que nous sommes" (giséle, 75):
Ouh, que j’aime pas ça… !
Chère A
Eh oui , ce grand décalage entre le mental et le corps, (ou la bête)
moi c était mon absence de poitrine qui n’ avais pas été délivrée en kit afin de satisfaire un sentiment légitime de normalitéseins en silicones implantés plus tard, n’ont pas réussi à me "formater" femme pour autant! comme quoi!
Quant à la grossesse et l’ accouchement, je n’ ai jamais compris l’ expression quasi extatique peinte sur le faciès de femmes qui se disaient épanouies????
Quand enfin,mon fils ainé a montré le bout de ses cheveux clairs,et u n petit visage fripé, après des hurlements que je ne me suis pas entendu pousser, j’ ai ressenti en même temps qu’ un vide légitime, un vide tout court complètement existentiel ….avant de recouvrer mon identité mise à mal;
‘c est vrai q’ être considérée comme une masse de chair à l’ étal d’ un boucher, entame douloureusement ce qui reste du moi, dans la mesure où il a réellement existé un jour
Je te rejoins Agnès, nous pauvres femmes que nous sommes, comme dit l’ autre, et surtout, je te comprends!
et moi qui vais accoucher dans 6 mois pour la première fois… ton texte ne me fait pas peur, mais au contraire, me rassure sur mes prises de têtes constantes, sur ce moment de ma vie, de notre vie que sera cet accouchement.Aucune peur sur la grossesse ne m’envahie … mais la peur d’être traitée comme de la merde si …
@Lou pasejaire et Carmen_cru me font doucement rigoler … prendre de la distance dans un métier difficile ce n’est pas perdre son humanité … je suis éduc, et des dossiers d’enfants abusés, ou des visites chez des jeunes tox’ où je suis pas sure qu’ils sont vivant,s c’ets mon quotidien … n’empêche que je ne deviens pas froide et odieuse avec les gens que j’accompagne … on choisi son métier … si aider à donner la vie ça les gave, qu’elle-ils se barrent ailleurs, personne ne les a forcé (et bien évidemment, je ne parle que de ces gens pour qui l’accouchement d’une telle et le même que l’autre … la grande majorité du personnel médical est humain et attentif …)
en tout cas merci pour ce texte si joliment écrit … du bonheur (même si déchirant) à lire…
Bravo et merci, très humblement, pour ce texte quintessentiel.
J’écris "très humblement" en tant qu’homme qui n’aura jamais à écrire ce genre de choses. Mais en fait, le témoignage de Swâmi Petaramesh sur le poing dans la gueule m’a rassuré. Moi qui n’aime guère prendre un ton d’autorité, je l’ai fait deux fois envers le corps médical, en prenant ma voix la plus basse et la plus ferme (dans mon souvenir), peu avant les naissances de mes 1er et 4ème enfants, et je pense que la mère et les enfants en ont plutôt bénéficié.
Mais le père qui lit ce billet, ça lui rentre dans la tête que la relation mère-enfant, elle est enracinée profond dans ce qui s’est passé ce jour-là. Bon bref, merci.
J’ai pleuré, pleuré en lisant cette "belle" histoire, et re- pleuré aussi en lisant les monologues du vagin.
Ca fait du bien, ça évacue et en même temps ça rempli, ça blinde.
Des similitudes avec mon accouchement en 2006, avec des sage femmes géniales mais un obstétricien monstrueux qui a fait son apparition pour me zigouiller dans tout les sens et sortir mon bébé avec des outils qu’il balançait au fur et à mesure dans sa caisse en attendant de trouver le bon qui finisse de m’arracher, me couper, m’estropier l’endroit de mon corps pour lequel je prenais le plus de précautions.
Je suis restée alitée une semaine et ma chambre était juste à côté de la salle d’accouchement. Chaque fois que j’entendais les femmes accouchées j’étais surprise de la rapidité et je ne pouvais m’empêcher de murmurer: "salope!" comme si ça pouvait me soulager et comme si elles y étaient pour quelques choses dans le ravage de mon corps.
La première fois que je me suis levée, je suis tombée dans les pommes dans la douche et je n’ai jamais pu aller à la salle commune où toutes les mamans échangeaient en faisant prendre le bain à leur bébé. Heureusement mon compagnon était là, 24/24, et j’ai aussi pu allaiter mon bébé.
Tout ça aurait pu être évité, on aurait pu prendre les choses plus en mains avec mon compagnon, mais notre timidité vis à vis du gynéco "qui sait tout" nous a empêché de parler. Et encore, il m’avait préparé la salle d’opération pour une césarienne et j’ai mendié son accord pour essayer une dernière fois.
Je suis enceinte du 2ème, j’accouche dans 4 mois, dans la même maternité, j’espère que ça ne sera pas un dimanche ou le médecin de garde ne sait pas quoi faire et que nous serons seuls avec les sages femmes, sinon, ça va gueuler!
Merci Agnès, de la partie la plus intime de mon corps-carapace.
Soleito
Tout finit par arriver, comme la possibilité d’échapper à un accouchement déshumanisant.
Les maisons de naissance voient le jour en France