Mona Chollet a retroussé ses petites manches et s’est attaquée, brillamment, comme d’hab’, au décorticage de l’imaginaire sarkozyste, celui-là même qui a convaincu des millions de prolos qu’il fallait voter pour ceux qui leur maintiennent la gueule dans la fosse à purin.
Mona a eu l’extrême gentillesse de bien vouloir pointer un flingue sur la tempe de son éditeur préféré afin que celui-ci consente à m’envoyer un exemplaire de son dernier opus. Qu’elle en soit remerciée. D’abord parce que mes finances ne me permettent plus depuis longtemps de m’adonner à mon vice préféré, à savoir sniffer langoureusement l’odeur enivrante du bouquin fraîchement sorti de presse. Et ensuite parce que des bouquins du calibre du sien ne sont pas de tristes pensums qui se contentent d’assener une vérité prête à penser, mais ouvrent des univers insoupçonnés de réflexions et cogitations nouvelles.
Qu’elle en soit encore remerciée.
Le bouquin de Mona n’apporte pas de révélations fracassantes sur un système propagandaire dont nous sommes nombreux à dénoncer les rouages. Elle y apporte un point de vue, une base de réflexion, tisse des associations d’idées pertinentes qui ne nous avaient pas forcément crevé les yeux jusqu’à présent. Elle y pratique la psychologie sociale à l’usage du plus grand nombre et y analyse de son angle journalistique la fabrique des représentations sociales qui corsètent la pensée capitaliste libérale depuis plus de 25 ans en se focalisant sur le dernier chef-d’œuvre de la machine à rétrécir les rêves : le modèle sarkozyste.
Dans les bons morceaux, rapportons en vrac l’usage du storytelling pour l’édification des masses abruties, la crucifixion des petits valets de la pensée étroite comme Michel Houellebecq et un portrait ô combien lucide et cruel de la vraie gauche, celle qui ne transige pas avec le dogme et qui se condamne donc à commenter des coulisses la parade triomphante des vendeurs de rêves frelatés.
Le rabotage des imaginaires est partout à l’œuvre, tout le temps, et n’est pas seulement l’émanation localisée d’une aspiration brutale au pouvoir. Il n’y a pas fondamentalement d’imaginaire sarkozyste, mais une norme de vie mondiale sécrétée tout le temps à tous les niveaux, partout dans le monde. La mondialisation, ce n’est pas juste la danse des yaourts et des stocks options autour du globe, c’est l’appauvrissement global des représentations sociales en une sorte d’ersatz de way of life universel. Pub, ciné, livres, discours, telenovelas, films, infos, art, tout ce qui porte du sens ne cesse de projeter le même modèle normatif, une sorte de cliché de la vie, non pas telle qu’elle est, mais telle que nous devons impérativement la désirer. Il n’y a pas de possibilité de créer son propre projet de vie, il faut adhérer au modèle universel du bonheur.
Et quand la réalité se met à nier avec vigueur cette norme artificielle, alors il convient de plier la réalité à cet imaginaire racorni.
Le petit bout de la lorgnette
Le travail, c’est l’épanouissement et le socle de l’intégration sociale. Consommer, c’est se réaliser et s’affirmer dans son mode de vie à soi tout seul. Exister, c’est posséder.
N’oublions pas la jolie femme, le couple d’enfants parfaits, la maison lumineuse, la voiture spacieuse et modulable, les collègues sympas et les soldes deux fois par an.
Le reste, c’est de la littérature de pissent-froid qui sont rien que des loosers et des ratés et qui sont jaloux de ne pas accéder à toutes ces jolies choses qui font rêver… surtout ceux qui ne les ont pas!
Le taux d’inflation aux États-Unis est environ deux fois plus élevé que celui indiqué dans le rapport du gouvernement. Afin d’empêcher l’augmentation des paiements de la Sécurité Sociale, le gouvernement a modifié sa façon de mesurer l’inflation. Dans l’ancienne méthode, le taux d’inflation mesurait le coût nominal d’un standard de vie défini. Si le prix du steak montait, le taux d’inflation montait avec. Aujourd’hui, si le prix du steak augmente, le gouvernement présume que les gens l’échangent contre des hamburgers. L’inflation ne monte pas. À la place, c’est l’étalon du niveau de vie qui descend.
Je tombe hier sur ce bout de texte et je repense à nos propres problèmes de perception de l’inflation.
Cela fait des années, depuis le passage à l’euro, qui a relativement bien coïncidé avec le passage à droite du gouvernement, que les gens se plaignent de la vie chère. Ce qui est reporté depuis toutes ces années par les journalistes de cette manière : les consommateurs ont l’impression (ou le sentiment!) que les prix augmentent
. Autrement dit, les gens couinent, mais c’est dans leur tête que ça se passe, voyez les chiffres officiels de l’inflation
, aussi plats que l’encéphalogramme d’un électeur le matin du 6 mai 2007…
Les chiffres, les études, les reportages, tout montre une réalité présentée comme objective qui nie la somme des expériences individuelles, forcément subjectives. Quand les gens, cette entité floue et mal définie, se plaignent de devoir raboter le budget bouffe, on leur rétorque doctement que c’est parce qu’on ne peut avoir en même temps l’I-phone et l’écran plasma!
Puis vient la révélation, subitement reprise partout : oui, les prix à la consommation ont explosé, oui, il devient difficile d’acheter son jambon Herta et ses yaourts Danone. Et voilà enfin le spectre du pouvoir d’achat qui envahit l’espace public de communication.
Et le storytelling qui prend immédiatement le relai pour reconstruire cette vérité qui dérange.
Rapidement, on remarque que le discours médiatique se focalise sur le ménage de Français moyens qui n’arrive plus à boucler son budget. Chaque média présente SON ménage de Français moyens et pourtant, ils se ressemblent tous : un couple urbain d’actifs avec deux enfants qui n’a que 3000€/mois de revenus.
Rewind : que 3000€/mois de revenus!!!
Je sens que si j’étais un ménage moyen, je n’aurais pas tant de problème que cela à boucler mon budget. Surtout que je ne biche ni sur l’I-phone, ni sur l’écran plasma, ni sur les vacances au ski à Courchevel, ni sur un 4×4 Cayenne et autres petits accessoires standards de la normalité familiale.
En fait, en deux jours de zapping mou sur les grandes messes de l’info, j’ai fait le tour de la famille moyenne type… selon les médias. Dans la presse d’info, même combat : tout le monde avait une famille moyenne sous le bras qui ne s’en sort pas avec 3000€/mois. Soit déjà deux personnes qui gagnent chacune 1,5 SMIC… À chaque fois, c’est le catalogue de la débrouille, la litanie des sacrifices, avec des vacances assignées dans la résidence secondaire, parce que plus de fric pour les voyages, les courses au discounter (haaaa, c’est trop affreux!) parce que sinon, on doit zapper le petit resto, la modération sur les achats coup de cœur…
Franchement… et après ça chouine pour le prix du litron de lait?
Bref, la mise en scène de ces ménages moyens est créatrice d’un double discours : regardez comme on se préoccupe de la vie des vrais gens… comme vous
et m’enfin, soyons sérieux, c’est pas si grave dans le fond, hein, bande de grands enfants gâtés qui veulent le beurre, l’argent du beurre et le cul de la crémière
! Jusqu’au petit glissement insignifiant vers l’idée qu’on ne peut pas avoir les RTT ET l’écran plasma.
Ce que, du coup, les médias ne montrent pas, c’est la réalité croisée d’une forte hausse des produits de première nécessité avec la forte baisse des revenus d’une part croissante de la population précarisée. Nous sommes invités à compatir avec les difficultés d’une famille qui, selon toute logique, devrait blaser plus de 60% des spectateurs, afin de mieux zapper l’impact de la situation économique sur ces millions de personnes qui surnagent vaguement avec un SMIC partiel, un RMI ou que dalle… La famille moyenne en panne de pouvoir d’achat est la construction d’un objet médiatique destiné à nous faire oublier la question centrale qui est celle de la répartition des revenus et de la paupérisation galopante des classes moyennes.
Ainsi, on réduit les difficultés réelles d’une part croissante de la population à accéder au minimum, comme de quoi bouffer ou se loger, à une problématique de réduction des loisirs… Une pure négation du réel vendue comme une vérité, avec une histoire de vrais gens à l’appui.
Et ainsi, on n’évoque pas le moins du monde le transfert de 10% du PIB des revenus du travail à ceux du capital, l’impact des nécrocarburants sur le prix des matières premières agricoles mondiales et sur notre nourriture en particulier, le fait que le prix des loyers a rattrapé celui des salaires, que la hausse du prix du pétrole est surtout un problème de baisse du dollar et devrait peu nous affecter, etc.
Bref, ce n’est pas l’imaginaire sarkozyste qui est au pouvoir, mais une vaste entreprise globale de négation de la réalité.
tres bon comme d’hab ton article
Ça faisait longtemps que j’avais omis de te dire que ce que tu écris est toujours aussi excellent, je sentais qu’il fallait que je le refasse ;-))
Un "système propagandaire" ? Ouaaarf… Je dirais plutôt un "technique de vente". Mouuuais… je sais, ça fait un peu politiquement correct. Mais je trouve que c’est plus imagé : ils ont réussi à (nous) vendre un truc qu’on n’avait pas besoin, et qu’on va payer encore pendant très longtemps…
C’est un plaisir à chaque fois: de la clairvoyance et du talent
Merci Agnès (et Mona)
Je rejoins Lapin sur la "technique de vente". C’est du grand art. On a d’abord eu une belle campagne marketing et la PLV était bien étudiée. On a acheté le produit.
Le problème maintenant, c’est que le Service après-vente ne répond plus.
En attendant, c’était un vrai plaisir de vous lire. Félicitation.
Ça me fais penser à la technique du "Good Cop, Bad Cop". D’un côté t’as les politiques qui nous disent que "on ne devrait pas se plaindre, parce qu’il y a des gens que ont moins de chance que nous", bref qui nous "rabote nos idées", et qui nous incline à accepter une vie de merde. Et de l’autre, t’as les médias qui nous exhibe des "salauds de bourgeois", qui ont tout (et qui se plaignent encore). Je ne sais pas ce qu’ils cherchent à faire… quel est leur but ? Donner un idéal à atteindre ou diviser, trouver un bouc émissaire … ?
Hors sujet…quoique?
Y’a deux jours, la France avait peur, because des vilains pauvres licenciés anti-patrons menacaient de polluer une de nos belles rivières (qui entre parenthèse voit plus de poisson le ventre en l’air que le sourire aux lèvres, merci à la société Chimar Agriphar qui déversa 80 kg d’insecticides dedans en aout dernier). Ils n’ont pas donner suite à leur menace, apparemment suite à la médiation d’un sénateur…belge.
J’arrive pas à trouver des infos, et j’ose pas regarder la TV, j’en ai même un peu peur…Quelqu’un a des news?
Je suis profondément d’accord avec toi sur ce billet. Et il m’est agréable de savoir que nous sommes plus que deux à penser ainsi J’ai énormément de bouquins (déflorés) que je ne sais plus où stocker (à Paris, les logements sont plus petits…). Je serai ravie (en descendant dans le sud) de t’en déposer quelques caisses. Maile moi, si tu es intéressée.
A noter que l’essai de Mona Cholet est en libre consultation sur http://www.editions-zones.fr/spip.p…
Entendu sur TV5 Monde cette perle à enchâsser (je cherche un bon bijoutier, parce qu’elle le vaut bien!):
"L’Iran dilapide ses ressources pétrolières. Le fonds de stabilisation a été entièrement vidé par Ahmadinejab pour le distribuer aux pauvres".
Quelle horreur, autant donner de la confiture à des cochons!
"Le travail, c’est l’épanouissement et le socle de l’intégration sociale. Consommer, c’est se réaliser et s’affirmer dans son mode de vie à soi tout seul. Exister, c’est posséder.
N’oublions pas la jolie femme, le couple d’enfants parfaits, la maison lumineuse, la voiture spacieuse et modulable, les collègues sympas et les soldes deux fois par an."
Tout est dit ! Bravo.
http://assez-pense.blogspot.com/200…
Merci ernesto pour le lien.
J’avais déjà lu des extraits de l’ouvrage de Mona Chollet et ton texte est vraiment très bien.
je l’ai mis en lien dans mon billet d’aujourd’hui qui s’articule, comme d’autres lus sur des blogs choisis, tristement avec le tien.
à Nicolas W ( «Tout est dit ! Bravo.» ) et aux autres….
Non, pas d’accord !
Il faudrait aussi dire et expliquer à quel point celà relève d’une grave pathologie sociale. Ce n’est justement pas le sujet ici… Une autre fois peut-être ?
C’est qu’il y a une honte certaine à avouer qu’on est pauvre ou devenu pauvre, alors la plupart des gens font semblant, cherchant absolument à donner le change, quitte parfois à aller jusqu’à mentir, entretenant l’illusion que nous serions encore dans une dynamique issue des Trente Glorieuses. D’un échec global de projet de société, les gens en font un échec personnel, avec toute la culpabilisation que cela induit.
Ce serait révolutionnaire si d’un seul coup on se mettait à brandir la pauvreté comme projet de société. Je ne possède rien, forcément, je suis.
En tout cas, c’est mon credo, et j’peux vous le dire, c’est vachement bon d’être pauvre. On n’imagine pas comme d’un seul coup l’essentiel apparaît, (quelqu’un qui te donne des bouquins), oui, voilà, on redevient apte à recevoir.
Soyons fiers d’être pauvres, osons l’afficher, tranquillement.
Ca donne envire de lire le livre. Par contre tu parles du prix du
pétrole en faisant relation au dollar, sans émettre la rareté des ressources et le fait que le Pic à certainement été atteint..
Récemment dans un article pour le Monde Yves Cochet déclarait : "A 100$ le baril on change de civilisation".
Bon, mais à 110$ on fait quoi ? Et bien la réponse qui paraît unanime est : "on change de bagnole !"
T.
Bravo ! mon ressenti est si bien exprimé dans ce texte ! et aussi merci à Ernesto pour le lien !
Excellent billet. Clair et net. Rien à rajouter.
Juste une petite precision
pour un couple avec 2 enfants, 3000 euros/mois (apres impots !) represente bien le revenu median :
http://www.inegalites.fr/spip.php?a…
sinon je me joins au concert de louanges
@Croa n°12 : c’est juste, je reprends:
Tout est non-dit. Bravo de le dire.
Je ne sais pas pourquoi, je n’aime pas le vol…
"D’abord parce que mes finances ne me permettent plus depuis longtemps de m’adonner à mon vice préféré, à savoir sniffer langoureusement l’odeur enivrante du bouquin fraîchement sorti de presse."
Pourquoi ne les volez-vous pas, ces bouquins fraîchement sorti de presse (ou pas)? La plupart du temps ils ne sont pas munis d’antivol et il suffit de les empocher.. (et si vous avez un doute sur le fait qu’il y ait des antivols, regardez si les vendeurs les démagnétisent..).
@blop (18) :
Les chiffres que vous citez sont le revenu disponible, c’est à dire incluant les prestations sociales.
Pour deux enfants, on inclut donc 120€ par mois de base.
Avec garde d’enfant (on supposera que les 2 parents travaillent pour avoir un revenu pareil), on ajoute jusqu’à 380 € par mois par enfant (suivant l’âge des petits) plus la prise en charge des cotisations sociales (jusqu’à 400 € par mois par enfant selon l’âge)
En supposant deux enfants de plus de 6 ans, cela fait 120 € de CAF.
En supposant deux enfants de moins de 3 ans , cela fait beaucoup plus.
Comme toujours sur ce site, un article imparable. J’avais juste envie d’ajouter, en mémoire de Samuel Beckett ("Quand on est dans la merde jusqu’au cou, il ne reste plus qu’à chanter") ce mot délicieux de ma voisine, aujourd’hui 80 ans, ex-petite enfant du placard, mais les yeux encore bien en face des trous : "C’est fou ce que le franc a augmenté depuis l’euro!"
"Pourquoi ne les volez-vous pas, ces bouquins"
Voler des livres, je ne sais pas, j’ai comme un blocage là. Quand le livre sera totalement devenu un objet de consommation comme l’écran plasma, et que l’imagination se réduira au discours de nos storytellers, y’aura comme un vide et un froid que je ne suis pas pressé de connaître.
Le maire PCF de Montreuil battu par Voynet.
Les couples à 3000 euros de revenu par mois ont pris le pouvoir dans cette ville. Les pauvres vont être obligés de faire leur baluchon et s’éloigner encore plus de Paris, s’ils ne l’ont pas déja fait.
En attendant que les bobos les rattrappent pour les chasser encore plus loin.
@ fin de partie : Pour virer les pauvres, à coups de billdozer au besoin, Brard savait très bien le faire. (Je lui dois plusieurs coups de matraque.) Ils sont un certain nombre comme ça, comme à Saint-Ouen aussi, à anticiper le Grand Paris.
@ Bert : ils ont un gueblo, comme quoi c’est des métallos modernes : http://lenoir-ou-le-noir.over-blog….
Apparemment il a fallu qu’un élu belge se déplace pour les convaincre de repousser l’ultimatum.
La preuve que tu n’esq pas HS c’est que justement Périphéries (le site à MC donc) en parle : http://www.peripheries.net/article3…
Rien de nouveau dans ces écrits…..Relisez donc notre ami Debord (La société du spectacle) il avait tout compris en 1960….Finalement ces espaces d’expression Internet (blogs ou autres) n’ont aucune prise sur le réel et sont surtout utiles pour les gens convaincus à l’avance ce qui ne veut pas dire qu’il faille se taire.
Pour Paul Graig Roberts, ancien secrétaire du trésor sous Ronald Reagan tout un programme il parle de ceci (classe moyenne, etc…) depuis plusieurs années et aux USA classe moyenne permet d’évacuer le mot classe…car nous savons que tout le monde a sa chance….try harder…..
@ fin de partie:
Probable que l’évolution sociologique de la ville a joué dans la victoire de Voynet. Mais c’est peut-être un peu court de ne voir que cela. Les méthodes de Brard… n’étaient peut-être pas pour rien dans sa défaite. Un maire sortant, s’il a fait du bon boulot, a quand même un sacré avantage, à priori, sur quelqu’un qui débarque.
Je me souviens avoir refusé de figurer sur la liste d’un maire communiste qui m’avait dit "les habitants, moins ils ne savent, mieux ça vaut". J’avais pas aimé. Il est vrai que, selon ta classification, je suis moi-même une bobo… Mais aujourd’hui, les prolos non plus n’aiment pas qu’on les prenne pour des "vote et tais-toi".
"Finalement ces espaces d’expression Internet (blogs ou autres) n’ont aucune prise sur le réel et sont surtout utiles pour les gens convaincus à l’avance ce qui ne veut pas dire qu’il faille se taire.", alain maronani, 27:
Si ça ne sert vraiment à rien pourquoi ne pas se taire? Je pense au contraire que ça permet à des convaincus mais divergents d’affiner leurs idées, de les échanger, discuter, partager, modifier. De faire circuler des infos aussi, des connaissances, un petit lien vers un texte de Debord ou un site qui en parle n’aurait pas été superflu.
Pour ma part, j’essaie d’éviter autant la polémique stérile que les congratulations entre convaincus de la même chose, je me concentre sur ce qui fait débat et enrichit la réflexion.
Les idées ont toujours prise sur le réel, dès lors que quelqu’un s’en empare.
Surement que j’arrive après la bataille… et que je serai le seul à me lire… mais ça soulage.
En effet, c’est très intéressant, MAIS…
Donc. C’est très intéressant, car certaines idées fortes sont éclairantes et méritent d’être retenues : "la vaste entreprise de négation de la réalité", ainsi que "la mise en scène des ménages moyens".
Je partage ton identification et évidemment ta dénonciation des dysfonctionnements de notre société (le début de ton papier). MAIS je ne suis PAS ENTIEREMENT D’ACCORD avec ton analyse : car ta protestation me parait être exactement le résultat attendu par le système que tu dénonces.
La mise en scène de ce modèle universel permet de créer un important différentiel entre l’idéal à atteindre et la réalité que tout le monde vis. Il ne sert pas (seulement) à convaincre la classe moyenne de se satisfaire de son sort. Ce différentiel sert d’abord à justifier tous les mécanismes qui stimulent toutes les classes vers l’inaccessible : l’aliénation au travail salarié, la consommation, la soumission, la compétition, l’envie, la convoitise, les conflits mondiaux, etc… C’est le prix à payer de la réalisation de notre rêve !!
Ce modèle est totalement irréalisable, intenable voire pas souhaitable. Et ce différentiel est totalement virtuel.
Différentiel VIRTUEL ? Comme j’y vais !!!
Serais-je aussi un partisan du "CE N’EST QU’UN RESSENTI" ? Bien sûr que non. La perception du quotidien difficile est légitime, mais le pire, c’est que ce n’est pas qu’une perception : c’est une dure réalité.
UNE DURE REALITE CONSEQUENTE D’UNE VIRTUALITE ?
Ben ouais ! Est-ce qu’une société sans bagnole (invention de moins de 200 ans), sans téléphone, sans fraise l’hiver, sans viande tous les jours, sans congélateur, … (à compléter), et sans … internet… est possible dans l’harmonie, le et un bien être certain confort ? Probablement, des exemples existent.
Mais quand on est dedans, nous sommes individuellement "obligés" de nous y conformer. Qui, aujourd’hui, peut se passer d’une bagnole ? Qui peut se passer d’un travail salarié ? Qui peut tenter la révolution sans internet (qui n’a pas son blog ?? ah ah ah !!) ! QUI EST DISPENSE DE PAYER LE PRIX DE NOTRE REVE COLLECTIF ?
Pas grand monde. A moins de s’exclure totalement, et là… c’est une autre histoire.
Bref, il faut révolutionner notre imaginaire pour vivre mieux la réalité, voire même en vivre une autre ! Je crois que c’est un peu ce que voulait dire Tof’, the number 14 !
Mon commentaire est peut-être un peu hors sujet, et embrouillé, mais c’est ce que j’ai "ressenti" à ta lecture. C’est légitime, non ? Ah ah ah !
Stef
Excellent, mais j’ai du mal à lire les expressions comme Vraie gauche… Y a pourtant d’autres termes comme PS ou gauche social-libérale… ?
Un peu HS : s’agissant de Brard, même si effectivement il présente un bilan mitigé, quand même, Voynet aurait pu s’attaquer à un type de droite.
Et puis Voynet, hein… Elle fait des mamours à Mcdo dans leur journal interne (cf. le Plan B et La Décroissance)…
Sinon, moi, je l’ai acheté, le Chollet, pour le plaisir de l’objet et parce qu’acheter des livres est un des rares plaisirs d’achat que je m’accorde. Et aussi parce que le jeune gars qui s’occupe du rayon "philo, pol, essais" dans la librairie où je m’approvisionne y fait un super boulot et qu’il faut le soutenir.
Y a pas mal de choses qui convergent, chez les alters : comme dit l’autre (S. Latouche), la question clé est bien de décoloniser les imaginaires…
Ça se fait un peu sur ‘ternet (pour affiner les arguments et les analyses, pour les alimenter) et aussi beaucoup sur le terrain. Les deux sont, de mon point de vue, indissociables.
@alain maronani (27)
Guy Debord a fourni dans La Société du Spectacle, en 1967, une grille de lecture de nos sociétés consuméristes, encore pertinente aujourd’hui.
Mais il a été "oublié", lui et toute son œuvre, justement au moment (années 80) où le Spectacle triomphait sans vergogne; le nouveau modèle de réussite est représenté par le publicitaire, et le nouvel ordre social, individualisé, se fonde exclusivement sur la consommation, de marchandises ou d’idées (pensée unique).
Ce n’est pas un hasard si on le (re)découvre aujourd’hui, adapté à notre époque (médias, mondialisation, soumission du politique à l’économique… ), et ce n’est peut être pas non plus un hasard si cela se fait sur la blogosphère, un des derniers rare espace public encore véritablement libre.
http://assez-pense.blogspot.com/200…
Moi aussi je suis pauvre…j’aime bien…on ne peut rien me prendre…J’ai 57 ans ptet que je vais mourir de rire. J’ai un studio de 24 m2…J’aurais jamais de maison…Comment je m’en tape.
Sarko ne pourra jamais rien contre moi ….j’existe pas…comment c’est trop cool.
Ca fait maintenant 20 ans (cette année) que je bosse plus ( j’étais ouvrier faut dire…faut aimer) . Avec un peu de chance et pas trop de fatigue je pense tenir autant…Ca fait rêver?
Mais il n’en tient qu’à vous mes chers amis…je vous attends……Même N C mais il faudra qu’il ferme sa gueule un peu, la pauvreté c’est mon truc …je connais mieux que lui. Si j’avais envie de faire des choses …je pourrais organiser des stages…des trucs pour faire sourire. Ben oui gratuit…Car c’est bien là la seule sortie de ce merdier….
Merde je suis hors sujet…comment faire autrement?
La misére c’est autre chose…
@YR : oui, c’est le revenu disponible, mais ca veut dire aussi que c’est le revenu APRES impots, impots locaux, etc. Je crois que cela compense en partie les allocations familliales, non ?
De toute facon, ces chiffres cachent d’enormes disparites puisque la moitie des francais sont proprietaires de leur logement (certains endettes, d’autres non).
Or 3000 euros quand on a fini de payer les traites c’est autre chose que 3000 euros quand on doit payer un loyer dans une grande ville…
@Dom:
Dans une société fondée sur l’exploitation d’une grande partie du peuple et la confiscation de la richesse au profit d’une minorité, réussir à se soustraire de cette exploitation quand on n’a pas de capital, ne mène pas à la richesse et à l’abondance.
Oui?
Je crois que je ne comprends pas en fait.
Ou alors qu’il n’y a qu’une seule destinée? C’est ça?
J’en sais rien…il me faudrait une vie pour y répondre…je vais la passer à autre chose…on m’a si souvent dit que je ne pouvais rien changer…je suis là c’est tout…vais éviter d’etre "le millionième"
Oui, ça surprend toujours… mais si on compte les chômeurs, les minima sociaux, les temps partiels, les SMIcards, les travailleurs pauvres… ça fait déjà plein de monde. Cela fait quelques années que nous n’avons plus vraiment de chiffres sur l’évolution de la pauvreté… je crois qu’on se ferait peur.
Et la crise qui arrive nous enseigne que s’il n’y a jamais de pognon pour les pauvres, le logement, la santé, on peut toujours trouver des dizaines de milliards dans la journée pour soutenir le putain de marché!
Mieux vaut être une courbe à la Bourse que 7 millions de pauvres!
J’ai été surpris d’apprendre ( en regardant une émission de la 5 sur l’argent ) , qu’avec un salaire de 2770 euros/mois ( je ne sais pas si c’était brut ou net ), on faisait partie des 10% de français les plus riches.
@yenayer 38
L’article de Capital du mois dernier donne des chiffres par foyer fiscal : 82.000 euros annuels pour un foyer fiscal dans les 10% des revenus les plus élevés (de mémoire). Ca fait 3415 par personne et par mois en moyenne si on compte 2 personnes dans le foyer fiscal.
Mais les revenus ne sont pas forcément des salaires.
Ce n’est pas sans me rappeler le (mauvais) documentaire de Michael Moore, Sicko, où il vient en France et prend l’exemple d’un "ménage moyen": un couple avec 8000€ de revenus mensuels et un immense appart dans le centre de Paris…
Le documentaire de Michael Moore n’est pas mauvais, il est partisan et parfois caricatural. Une des caractéristiques de Michael est de forcer le trait mais, sur le fond, il est difficile de lui donner tort. Le systeme de santé US est mauvais. Il ne faut pas en conclure pour autant que les autres sont parfaits.
speedy > Ca fait 3415 par personne et par mois en moyenne
Justement : dans cette tranche, pour avoir une vision juste de la situation, il ne faut surtout pas utiliser la moyenne mais la médiane.
> Mais les revenus ne sont pas forcément des salaires.
Exacte. Si les écarts de revenus s’accroissent depuis les années 80, c’est encore pire si l’on prend en compte les revenus du patrimoine. Ce qui n’est quasiment jamais fait (et pour cause : de quand date la dernière étude fiable sur le sujet?)
dominique a écrit :"C’est qu’il y a une honte certaine à avouer qu’on est pauvre ou devenu pauvre, alors la plupart des gens font semblant, cherchant absolument à donner le change, quitte parfois à aller jusqu’à mentir, entretenant l’illusion que nous serions encore dans une dynamique issue des Trente Glorieuses. D’un échec global de projet de société, les gens en font un échec personnel, avec toute la culpabilisation que cela induit."
Les gens font un echec personnel d’un échec global de société car ils sont dressés à celà .
Ils sont dressés à celà depuis longtemps , on leur insuffle dés l’école le mythe du battant , on leur serine de moins en moins implicitement que les chômeurs sont des feignasses et que pour gagner plus , il suffit de travailler plus . Bref , on leur renvoie systématiquement la balle dans leur camp , on en fait des coupables .
Tu n’as pas de monnaie ?
Coupable !
Tu n’as pas de taf ?
Tu n’es pas heureux ?
Coupable !
Et le pire , c’est que ça marche .
Tous coupables .
L’autre jour, sur Tronche-Inter, une émission du matin, ça parlait agences de voyage, ça nous causait des bons plans, et toussa®… à destination des personnes "avec un salaire correct", bien entendu !
Et le gars de préciser ce qu’il entendait par là : les 4000 €, quoi !
Qu’est-ce que c’est que cette usage effreiné du "comme d’hab" (quand c’est pas "comme dab") ? Pas la peine de blinder les serveurs Web de toute votre prose si c’est pour s’affranchir de la rédaction complète de "habitude" ! Ca ferait peut-être trop Claude François sinon…
Je suis un peu deçu de voir qu’ici sur ce site,c’est la pensée à sens unique et que vous n’aimez pas l’esprit de contradiction dans vos argumentations un peu sommaire
Je ne suis pas un troll,je me débat sur les idées car les votres ne tiennent pas la route et plombent la gauche dans un discours ringard
Ah, ça y est, les adorateurs de sarko, sans doute déçus (avec accent) des piètres prestations de celui-ci, se rabattent sur le purisme linguistique effréné (sans i) ou viennent s’imposer pour dire qu’ils se "débattent sur des idées" (!???) qui , elles, seraient censées "tenir la route".
Il va falloir les aligner, ces idées, pour expliquer une telle suffisance.
PS: bravo pour la référence culturelle à Claude François, grand poète s’il en était, enlevé trop tôt à notre affection.
Donne moi 3000€ je m’achète un appart, je pars en vacances, je bouffe tous les jours Bio , je double mes épargne, je m’abonne à des magazines et je fermerai ma gueule au lieu de me plaindre !
Quelle honte que de publier de tels témoignages : c’est de la désinformation, faire croire que les gens consomment plus que de raison.Elle se plaint de n’avoir "que" 346€" pour boucler la fin de mois ?Je ne sais pas comment ils gèrent leur pognon, mais y a des trous quelque part 😉