Alors qu’Arnold Schwarzenegger préparait dans l’ombre l’ascension de Mr Univers au poste de Président du Monde, Sylvester Stallone créait une structure de narration originale qui fait encore recette aujourd’hui.
Comme quoi, on peut avoir des muscles et un cerveau.
Tous les inconditionnels de Sly connaissent l’origine du succès phénoménal de Rocky. Petit acteur sans envergure (sauf celle de ses épaules), Stallone enchaîne les petits rôles et les apparitions[1].
Inspiré par la vie d’un boxeur, il écrit un jour l’histoire de Rocky. Les producteurs aiment l’histoire, mais dans un premier temps, refusent de donner le rôle titre au petit italo-New-Yorkais que personne ne connait. Sly ne lâche pas le morceau. Il finit par avoir gain de cause, le reste appartient à l’Histoire du Cinéma (avec plein de majuscules partout).
Au-delà de Rocky, le film, il y a Rocky, ou la nouvelle structure du conte de fée[2]
- Je suis petit, ambitieux, j’en veux, je veux être au top
- Lors de ma première confrontation, j’en prend plein la gueule pour pas un rond.
- Je subis ma traversée du désert, tendance dépression et doute de soi.
- Un personnage providentiel arrive, me secoue la couenne, me remet le pied à l’étrier (dans Rocky, ce sont, au choix, l’entraîneur ou la femme).
- Je m’entraîne comme une grosse brute, je me prépare comme un malade.
- Arrive la deuxième confrontation. Au début, la victoire semble incertaine, j’ai l’air mou du genou (Adrienne!!!!), et hop, je reprends du poil de la bête et je colle une grosse pilée au naze (voire au nazi!) d’en face.
- J’ai réussi, je suis le winner, je suis le roi du monde, je suis au top, je suis au sommet, plus rien ne peut m’arriver, je suis le meilleur d’entre tous!
Cette recette du succès, c’est celle de Stallone lui-même et elle servira de trame pour de nombreux films par la suite, comme les Karaté Kid, et bien sûr, elle restera la base pour toutes les séquelles balboesques. La structure Rocky est tellement efficace que l’on regrette pour Sly qu’il n’ait pas pensé à déposer le brevet. De très faibles variantes rendent possible son extension à des sujets moins musclés, comme Pretty woman, par exemple:
- Julia Roberts est une pute qui rêve d’être au top, c’est à dire de rencontrer le prince charmant
- Elle rencontre Richard Gere, ça marche un peu, puis ça foire.
- Julia déprime
- C’est la traversée du désert
- Arrive le personnage providentiel : le majordome de l’hôtel
- Il l’entraîne à fond à faire moins pute et plus bourgeoise (ha???)
- Elle reprend le coeur de son prince charmant
- Elle est au top, elle a quitté le trottoir
En fait, la structure Rocky sous-tend aujourd’hui d’autres domaines que le cinéma, c’est en quelque sorte devenu le modèle de la réussite moderne.
La seule bonne question vraiment intéressante qui reste à donc à se poser est :
Qui est le personnage providentiel de la success story de Nicolas Sarkozy
Notes
[1] Comme dans Bananas de Woody Allen
[2] Vladimir Propp a mis en évidence la structure récurente du conte de fée. Pour en savoir plus à ce sujet : Morphologie du conte, par Propp et Psychanalyse des contes de fées de Bruno Bettelheim.
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