Plus vite, plus haut, plus loin, voilà où nous entraîne le culte de la performance. Jusqu’à l’emballement et l’agitation compulsive.
Nous vivons dans un monde qui doit aller vite. Pourquoi? On s’en fout, on doit juste aller vite, de plus en plus vite. Parce que ce qui est rapide a l’air efficace, performant, meilleur. Parce que le plus rapide arrive le premier et gagne la compétition. Parce que nous vivons l’air de la concurrence libre et parfaite, le seul truc parfait que l’Homme n’ait jamais réussi à produire, c’est le règne de l’hypercompétition, l’univers des Winwins. A la limite, peu importe le bien, le mieux, du moment que c’est le plus rapide. C’est l’emballement généralisé et quiconque ne participe pas à l’hystérie générale est un boulet, un poids mort, un looser.
Du coup, nous vivons l’ère du zapping généralisé.
Il faut rebondir, comme une grosse balle pleine de vide, tout le temps, partout. Ne pas s’attarder, ne pas creuser. Foncer. Juste foncer. Et hop, transition!
Notre société vit en état de fébrilité permanente. Et la télé donne le rythme. Celui du vidéo-clip monté à la serpe, de la bande-annonce, sorte de Reader Digest du ciné en devenir. Et pour ceux qui vont trop vite et n’ont le temps de rien voir, il y a le sacro-saint Zapping de Canal+, le condensé de 24 heures de télé en 5 minutes chrono. La télé, c’est l’apologie du vite. On n’a plus le temps. Vite, la suite! Dans quelques instants, la suite de vos programmes… mais si c’est la pub, prévoir un bon quart d’heure.
La télé va vite, elle survole, elle effleure, sauf quand il s’agit de vide. Pour regarder des cobayes de télé-réalité tourner en rond dans une ferme, un studio, une île, on a déjà un peu plus de temps. Et avec l’abonnement ad hoc, on peut même transformer son écran de télévision en aquarium 16/9ème du rien.
Mais quand il s’agit d’écouter un Albert Jacquard mettre en cause le culte de la compétition, vite, vite, on n’a plus le temps. Même chez Maïténa Biraben, dont j’apprécie l’émission et à qui je souhaite de survivre à l’été, je suis toujours vaguement mal à l’aise quand je vois le pauvre invité s’échiner à placer 2 ou 3 phrases entre deux chroniques. A peine le temps de faire la promo du jour et couic, plus de temps.
C’est ainsi que le débat en est réduit à la portion congrue sur le petit écran.
Aussi, quand j’ai appris que France 5, la chaîne décidément pas comme les autres, diffusait une émission de… 7 heures, je me suis dis que forcément, on allait avoir un peu de temps pour se poser.
Je débarque aux alentours de minuit dans Toute la nuit ensemble, juste le temps de voir Cornillac se faire expédier en deux coups de cuillère à pot, mais bon, son temps imparti était écoulé… Je persévère et, comble de la malchance, allez savoir, en 6 minutes, j’ai vu s’enchaîner pas moins de 6 séquences. Les présentateurs se coupaient la parole avec des airs de campagnols pris dans les phares d’une voiture en psalmodiant : "vite, la parole à machin… nous n’avons plus le temps, merci, au revoir". Je suis sûre qu’ils ont du se calmer un peu plus tard, parce que 7 heures à ce rythme, même en plongeant régulièrement sa tronche dans un baril de coke, ce n’est pas humain, ce n’est pas possible. Je voyais pleins de lapins d‘Alice au pays des merveilles qui gesticulaient comme des fous. Hallucinant. Et symptomatique. Comme s’ils étaient tellement conditionnés pour toujours speeder qu’ils ne savaient plus se poser, prendre le temps, s’arrêter, réfléchir.
Les temps des dinosaures et l’emballement du politique
Je dois venir d’une autre planète et d’un autre temps. Du temps où on prenait le temps de bien faire. J’ignore si je serais devenue ce que je suis si je m’étais contentée de voir et d’entendre le monde qui m’entoure, au lieu de regarder et d’écouter, attentivement.
Chi va pianu va sanu e chi va sanu va luntanu.
Celui qui va lentement va sûrement, et celui qui va sûrement va loin.
Proverbe corse qui présuppose que l’on a envie d’aller loin ou que l’on sait vaguement où l’on va.
Speed is beautiful et il n’y a pas de mots assez durs pour stigmatiser ce qui va lentement, comme l’Administration, celle avec un grand A, le Mammouth, le truc à dégraisser. Pourtant, j’ai toujours pensé que la lenteur, l’inertie était une composante essentielle du fonctionnement d’un État, de son administration, la condition incontournable pour éviter l’emballement, prélude aux dérapages. Car quand l’énorme machine administrative devient réellement efficace, c’est rarement dans l’intérêt général. Une administration qui devient efficace parvient alors à coordonner et mettre en oeuvre la déportation et l’élimination de plusieurs millions de personnes, fait la chasse aux opposants, pratique l’épuration, érige des goulags et se transforme elle-même en geôlier de sa propre population. J’ai cru remarquer que toutes les dictatures ont tendance à se caractériser par la grande efficacité de leurs administrations.
Il est bon que la chose publique traîne un peu des pieds, laisse le temps au temps, permette au débat citoyen de s’immiscer dans les affaires de l’État. Je ne pense pas que la démocratie puisse s’exercer correctement dans la précipitation, sans prendre le temps de la réflexion, du recul. C’est pour cela que tout gouvernement qui entend avancer à marche forcée m’est éminemment suspect, quelque soit son discours ou son orientation politique.
La méthode de mise en œuvre de ce plan conciliera l’impératif de dialogue social avec la nécessité d’agir vite. Il y a urgence. Chacun voit que nous ne pouvons pas attendre.[1]
Le chômage nous bouffe depuis plus de 20 ans, nous n’étions plus à une poignée de mois près. Au lieu de déclarer l’état d’urgence et de se précipiter sur des solutions toutes prêtes qui ont la particularité d’avoir toujours prouvé leur totale inefficacité, on aurait pu, au contraire, prendre le temps de l’analyse et de la réflexion, tenter de comprendre ce qui n’a jamais marché et pourquoi, dégager de nouvelles orientations, de nouvelles voies, trouver des nouvelles réponses.
Le choix de gouverner par ordonnances, finalement, ne fait que démontrer que l’urgence ou la précipitation s’oppose à l’exercice posé de la démocratie.
Courrez, courrez, petits lapins, toujours plus vite… Mais pour aller où? Qu’importe, du moment que vous courrez docilement!
Notes
[1] extrait du discours de politique générale de Dominique de Villepin, au sujet de son plan de lutte contre le chômage
Quelques posts plus loins, tu critiquais la lenteur des files d’attente et dans ce post, tu critiques la vitesse.
Ca devient vraiment incohérent ton blog.
La seule chose qui en sort de tes posts, c’est cette révolte contre tout et rien.
Ma grand mère disait :
« Etre révolté a 20 ans c’est normal, continué à l’être après 30 ça ne l’est plus ».
Toute cette énergie et révolte que tu déploies sur ton blog, tu devrais la canaliser autrement dans quelque chose de plus concret qu’un blog.
Je comprends que ce blog te serve de soupape, de tribune libre pour exposer les injustices, mais faut pas que ça dure longtemps, personne ne s’épanouit à travers un blog.
Ts, ts, ts, faut bien lire : je ne critique pas la lenteur dans les files d’attente, mais leur fonctionnement même et les comportements inhérents. Ce qui est intéressant, c’est toujours ce que cela raconte de l’humanité.
Normal ou pas normal, telle est la question : est-il normal d’abdiquer et de considérer que l’on peut s’accommoder d’un modèle de société qui génère pauvreté et misère à l’échelle de continents entiers? Est-il normal de vaquer à ses petites occupations comme si de rien n’était alors que notre mode de vie est responsable de l’amorce de la sixième extinction?
A quoi sert un blog? A quoi sert le Net? A quoi sert de discuter et débattre? Pourquoi me lis-tu? Suis-je révoltée? Es-tu conscient? Le dormeur va-t’il s’éveiller? A quoi bon? Que faisons-nous là? A quoi servons-nous? Sais-tu ce qui est vraiment important? Y penses-tu? Penses-tu? Qu’est-ce qui compte le plus : la question ou la réponse?
Quand j’étais étudiant, je faisais ce qu’on appelait la « révolution de salon » et le monde qui m’entourais ne changeait absolument pas, les injustices étaient toujours la, les problèmes toujours sans solution. J’étais champion du monde de la critique, mais qu’est ce que je faisais personnellement pour changer les choses ?
Rien.
Tout ce que je disais c’était du vent, aucun impact dans la réalité, c’est ça « la révolution de salon ». Ce petit jeu ne m’intéresse plus, maintenant comme on dit, je suis devenu un « homme d’action ». Les longs discours où j’excellais me cassent plus les oreilles qu’autre chose, dorénavant ce sont les actes qui comptent, les solutions aux problèmes, les réponses aux questions, c’est ça qui importe, tout les discours c’est du vent.
D’ailleurs dans beaucoup de tes posts, tu fustiges les politiques qui parlent mais qui n’agissent pas et bien avec ton blog, je constate que tu fais la même chose qu’eux.
Agnès, je te demande ce que toi tu fais personnellement et concrètement pour changer les choses qui te plaisent pas dans le monde ou tu vis.
Encore une fois, rien à voir avec le sujet là, la compétition… mais en général, sur les sujets traités ces temps-ci. Le chômage… Ca me rappelle le début des années 90, entre 91 et 93, l’époque où le tx de chômage était au même niveau qu’aujourd’hui. Il n’y avait pas d’ordonnances. Et pas de solutions originales non plus. Enfin… il faudrait que je retourne voir quelques archives pour mieux m’en souvenir… mais ces histoires de postes à candidats pléthoriques, de formations non-adaptées, de glandeurs qui veulent bosser là où tout le monde veut déjà bosser, de cuisiniers si difficiles à trouver, de BTP qui embaucherait bien mais qui ne trouve que les étrangers, parce que eux sont travailleurs eux. Etc. Le monde change ?
La révolte contre tout et rien c’est mieux que la servitude volontaire : c’est une question d’honneur que ceux qui se résignent n’ont pas ou n’ont plus. Agnès parlerait beaucoup comme les politiques et ne ferait rien : la différence entre elle et eux c’est qu’elle n’a pas leurs pouvoirs. Les politiques n’agissent pas : ce n’est pas vrai, ils n’agissent pas dans le sens de l’interêt général, ce sont des petainistes du libéralisme. Si les politiques étaient exposés aux mêmes règles libérales de concurrence et que leur niveau de vie en dépendait il y a bien longtemps que le libéralisme serait diabolisé ( imaginez une seconde que les critères pour se faire élire et surtout se maintenir soit : recherchons homme ou femme politique payé au SMIC, pouvant assurer plusieurs ministères à la fois, période d’essai indéterminée, réussite exigée car pouvant être révoqué à n’importe quel moment, démagogue s’abstenir… C’est facile de critiquer? c’est encore plus facile de ne rien dire. La parole a au moins un effet cathartique.
La critique est toujours aisée et sert au moins à se mettre en valeur soi-même.
Philippe, à mon sens, Agnès fait beaucoup ! Elle met en relief un certain nombre de disfonctionnements de la société, un type de société qui, de plus en plus, nous est imposé et non plus proposé.
Autant que j’en sache, il devient rare, à l’école, que de tels disfonctionnements sont présentés, étudiés pour être compris et peut-être plus tard, par certains élèves, combattus. Pour apprendre ce qui ne va pas, ne comptons surtout pas sur les médias ; ils n’ont ni le temps, ni l’envie, ni la capacité de le faire. Leur rôle étant de vendre des cerveaux disponible, bien sûr, on comprend qu’ils n’aient plus le temps de faire autre chose qui puisse être utile et constructif.
Tu demandes à Agnès ce qu’elle fait, concrètement pour changer les choses… Tu dis que toi tu agis : Bien, mais ça ne veut rien dire ! Concrètement, tu fais quoi, dis ….
Si certains combats avancent aujourd’hui, je pense bien sûr à la victoire du NON, mais pas seulement, c’est parce qu’il y a des milliers d’Agnès sur le net… J’en fais partie aussi… Crois-moi, tenter de réveiller les consciences assoupies des consommateurs est une vraie et nécessaire action !
Et dénigrer ce travail de fourmi, ce travail dont, lorsqu’on est simple lecteur, on ne peut imaginer la lourdeur, le temps nécessaire, l’investissement personnel, dénigrer cela, ce n’est pas changer les choses, c’est détruire ce que certaines et certains tentent de construire avec bien peu de moyens.
Bonjour, Et bien moi j’ai l’expérience totalement inverse de Philippe Et bien sûr j’arrive à des conclusions fort différentes. Dans les mêmes lignes que Jean Dornac.
J’en ai connu et j’en connais encore des associations et des projets, qui font dans le concret. Qui accumulent de la sorte actions sur expériences , in vivo, sur des vrais démunis, sur des vrais chômeurs, accumulant aussi échecs sur échecs. A grand frais réels ou humains. Et impunément, le non marchand et les bénévoles, comment leur en vouloir dit-on.
Et le tout dans une amnésie collective permanente et décourageante. Tous pris dans cette fameuse illusion du concret qui empêche de réfléchir à ce qui marche ou pas, et de ce que l’on souhaite ou que l’on refuse, et surtout qui interdit par anti-intellectualisme primaire de confronter ce que l’on fait et la pensée portative qui va avec à l’histoire des erreurs et des succès de l’humanité. Sans doute parce que cette histoire s’appelle aussi science(s) , philosophie, épistémologie, et bien entendu politique. D’abord parce que cette histoire-là est souvent austère, qu’elle donne la migraine quand on n’en a pas l’habitude. Et elle a bien mauvaise réputation auprès des êtres d’actions si pressés d’agir, et si pressés souvent de faire oublier qu’ils sont trop neufs.
Quand Agnès parle, comme j’espère moi aussi ailleurs, comme sûrement des tas d’autres, elle est pour moi qui ne l’ai jamais vue l’ambassadrice de cette idée là: tout le capital de connaissance de l’humanité, est dans ce refus de l’action immédiate rapide et dénuée de sens, et en même temps dans un effort très humble de contribuer à soupeser ensemble ce qui est fait, le ramener à ce qui a déjà été fait et si possible de mesurer l’étendue exacte de nos bêtises et de nos ignorances. Avec la perspective joyeuse d’ouvrir de réelles possibilités qui ne nous condamneront pas à bégayer.
Je pense aussi plus spécifiquement à ce que FAIT Agnès à partir d’un quotidien tout ce qu’il y a de plus concret: réfléchir, être et offrir un carrefour pour la pensée qui prend son temps, parvenir à la capitaliser ensemble par son blog, faire le tri dans les discours, à une époque de plus en plus obscure où l’argument le plus répété par tous est comme auto-proclamé le meilleur (ex: du « à chacun sa vérité » au slogan « you loose you’re out » de Nike ) .
Quand à l’énergie gâchée : effectivement je peux concevoir que c’est aussi une question de goûts, de préférence pour l’instantané sur le long terme, de priorités. Pourtant, je vois beaucoup plus de mauvais usages d’Internet et « d’énergie » gâchées dans les sites du monde que d’énergie mieux dépensées que celle d’Agnès. Pour autant que cette analyse coûts-bénéfices aie le moindre sens humain dès qu’on cesse de faire partie des adorateurs du « flux tendu ».
Mais soyons tolérants : j’imagine qu’un amateur de photos de -disons « animaux domestiques » – ou de jeux vidéo ou de sports, pensera plus probablement que moi que Agnès perd son temps.
Frédéric > mais ces histoires de postes à candidats pléthoriques, de formations non-adaptées, de glandeurs qui veulent bosser là où tout le monde veut déjà bosser, de cuisiniers si difficiles à trouver, de BTP qui embaucherait bien mais qui ne trouve que les étrangers, parce que eux sont travailleurs eux. Etc.
D’ailleurs, je serais curieux qu’une autorité indépendante nous indique le nombre de postes effectivement valides, ce qui permettrait déjà d’avoir une vue plus juste. Je doute fortement que des millions de postes cherchent actuellement preneurs (pour les plombiers par exemple, j’ai lu un organisme patronal donnner le chiffre de 6.000. On est bien loin des millions de gens affectés par le sous-emploi massif en France…)
Par ailleurs, la CGPME et le MEDEF auraient plus de chance d’être pris au sérieux s’ils organisaient une enquête auprès des chômeurs pour comprendre la désaffection dont souffrent quelques secteurs, principalement l’hôtellerie – restauration, certains métiers artisanaux, le travail en usine. Et c’est là qu’on va se apprendre que ce sont des emplois mal payés, à contrats instables et horaires contraignants (quid de la vie privée quand on bosse dans la restauration?), physiquement pénibles voire dangereux, sans grand espoir de progression. Je doute fort que le Baron ait rêvé pour ses enfants qu’ils deviennent ouvrier BTP ou femme de chambre payée un demi-SMIC…
Devenir un « homme d’action(s) », c’est entrer dans le rang, se fondre dans le système, agir pour son nombril et quelques uns autour, mettre de l’eau dans son vin jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de vin (Jules Renard, je pense, mal cité). Agnès et ses semblables font réfléchir, et ça, c’est déjà important.
Il est évident que le futur d’un « révolutionnaire de salon » c’est « salonnard ». Par contre, lorsqu’on est révolté, on le reste toute sa vie, et chaque petit progrés (et en 30 ans de « révoltes », j’en ai tout de même vu quelques uns) est une marche qui permet de tenter l’ascension de la suivante, et des marches, il y en aura toujours tant que l’être humain vivra sur cette terre.
Maintenant, on peut aussi se poser sur un palier et attendre que le sommet descende. C’est une solution, mais il me semble qu’elle n’est pas satisfaisante pour des gens comme Agnès qui, en dépit du billet ci-dessus, me paraît pas mal pressée sur certains sujets. :o)
la revolte est le moteur de l’ame. Elle permet de maintenir eveillée sa capacité d’indignation et maintien le pouvoir devoir de dire Non. Informer, réfléchir, critiquer, analyser est l’exercice citoyen que chacun d’entre nous devrais faire. Il permet aussi à d’autre de réfléchir. Certains sans arret critique les critiqueurs et prétende se mettre hors de portée de la critique car ils disent qu’eux agissent !
Bref surtout, plus on a de pouvoir et plus on s’investit, plus on doit être exempt de critique, pourvu de toute qualité, infaillible et surtout surtout irresponsable. Car celui qui s’éxonére de la critique, est quelqu’un qui refuse d’évoluer, qui refuse la simple vie démocratique. Comme philippe. Pour moi c’est tout le contraire celui qui agit s’expose à la critique et même doit en tirer son profit et non la stigmatiser du fait même de son action.
Agnés a bien raison de critiquer la vitesse, je pense neammoins qu’elle confond vitesse et efficacité, ce n’est en effet pas la même chose. Qu’une admnistration prenne le temps de la reflexion, du débat etc.. soit, qu’elle fasse mal son travail aprés ce délai là cela ne va pas. Lorsque par exemple aprés 2 mois pour analyser un dossier, on fasse revenir la personne pour un seul document manquant et faire repartir le délai ce n’est pas normal.
Pour info philippe que fait agnes pour changer le monde ben c’est simple mon gars, elle croit en certains principes elle les applique a sa vie quotidienne, elle garde une independance d’esprit, elle consomme intelligemment, elle evalue la portée de ces actes, peut être éléve t’elle un enfant, ou milite dans je ne sais quelle association. Plus simplement, cherche t’elle simplement a s’améliorer elle même, en refusant la paresse intellectuelle de rester indifférente à l’évolution de la société etc… pour moi c’est beaucoup et si tous reagissait ainsi sans aucun doute ce serait une revolution et pas de salon.
Bien à toi l’homme d’action qui ne perd plus son temps à réfléchir, fonce droit devant … sans prendre le temps de regarder ou, il y aura peut être des agnes qui te diront si tu va dans le ravin , mais orgeuilleux de ton statut de pilote et estimant que cette petite voie est stupide ou inutile tu fermera tes oreilles et tu la rejetera, et le ravin te tendra les bras.
Tout d’abord, comme beaucoup d’autres, je ne trouve pas que ce blogue soit de l’énergie gachée. En prenant mon exemple personnel, ce blog me permet de recevoir une vision du monde différente de la mienne, différente de mon entourage et c’est une source de réflexion concernant ce décalage qu’on a tendance à oulier rapidement quand on ne fait pas l’effort d’aller vers ce qui est différent. Donc, merci Agnès de tous tes efforts.
Concernant la question de la vitesse, je me demande si ce n’est pas la nature de l’homme (un être entre pensée pure et animal) de vouloir aller vite, tout comme la capitalisme correspond à la nature plutôt individualiste de l’être humain. Par contre, il me semble évident que l’état, instance qui par nature (ou plutôt en théorie) a une vision long terme de l’avenir, se doit de prendre des décisions réfléchies qui s’inscrivent dans un plan global (suffit de voir la progression de la Chine, programmée il y a 30 ans).
La question est de savoir si la nature humaine peut vraiment s’accomoder d’une vision théorique voulant que tout soit réfléchi allant vers un idéal tout en acceptant de casser des oeufs pour y aller…
à 20 ans la révolte est peut-être un arrière goût de la crise d’adolescence, à 30 ans c’est peut-être aussi de la conscience, l’absence de renoncement, un combat pour la survie de certaines valeurs… Rares sont ceux qui ne se laissent pas bercer par la facilité illusoire, par les discours fatalistes. A force de se faire raboter les coins beaucoup y perdent leur identité… Pas Agnès. A la lire, perso, je me sens moins seule dans ma façon de percevoir le monde.
Dans « Eloge de la fuite », Henri LABORIT fait aussi le constat de la sacro sainte compétitivité qui agitent les neurones du monde humain et lui en fait oublier l’essentiel. Vite et bien c’est de la théorie. Plus on prend le temps, plus on laisse surtout du temps à l’autre pour réfléchir…Et ce n’est pas trop le but de laisser réfléchir. Dans un monde voué à la hiérarchisation, la domination, la victoire, tous les coups sont permis. L’anesthésie cérébrale passe par plusieurs chemins, cela dépend des objectifs à atteindre : soit on est si rapide que la proie ne voit rien venir, soit on est si lent qu’elle ne se méfie plus !
Stratégie quand tu nous tiens !
Tiens, ça parle d’Agnès : )
http://www.liberation.fr/page.php?Article=306916
On retrouve les mêmes questions aborsées ici, avec les arguments et les contradictions de chacun.
Je confirme : merci, monolecte, de toute la matière que tu parviens à extraire du quotidien. Bravo au passage pour la qualité de l’écrit. A ceux qui clament que gratter des textes dans un blog, ce n’est pas de l’action, je les mets au défi de pondre des billets tels que ceux-ci. Partir de rien, élaborer un texte, agencer des idées, soumettre ensuite cela à partage, je dis chapeau. J’aimerais parfois en faire autant. J’imagine en effet que comme de nombreux visiteurs de ce blog, c’est en lisant qu’on se dit ah mais c’est bien sûr ! Encore fallait-il y penser… Et le faire… Voilà pour le soutien à la démarche du Monolecte. Quant à cette question du temps qu’on ne prends plus, ou pas assez, il est effectivement le reflet de nos compétitions. Mais je crains qu’il soit aussi le reflet de cette peur de mourrir devenue peur de vivre. Culte d’une sorte de demain sera mieux pour le moins nichée dans nos inconscients, non ? Culte aussi de la vie triée, rangée, classée, façonnée par le règne de… l’emploi du temps. Combien d’années studieuses avons nous passé avec en tête des journées structurées comme des rayons de supermarché ? L’âge adulte venant, on n’a plus ce matelas… C’est bien sûr un culte absurde, quand on y pense, et dangereux, quand on l’observe : les gens se mettent finalement à fonctionner comme des objets. Ou des machines. Ou des robots. On zappe les relations humaines, les histoires d’amour, les amitiés, les boulots et tout et tout. Il y a de l’illusion, dans tout ça, non ? Un trouillomètre, plus sûrement ? Manquer de temps, courir après le temps, n’est-ce pas au fond manquer d’envies, cavaler après les envies. Autrement dit le goût de vivre ? Et si par le temps retrouver, c’était tout simplement un temps à vivre qu’on cherchait. Un temps présent. Qui nous remettrait dans le bon sens. De temps en temps.
pareil que didier.
je réitère mon plaisir de lire les « bafouilles » et autres états d’âme d’agnès. quel autre intérêt de venir ici lire et partager ses interrogations ?
pour en revenir au sujet, c’est la démocratie qui est zigouillée. impunément. à la vue de tous. sans vergogne. à la vitesse grand V.
heureusement qu’il y a encore quelques consciences dans ce pays. malheureusement moins nombreuses que les pseudos « hommes d’action ». comme on dit par ici « marchandise vantée par soi-même n’a pas de valeur ».
en aparté : agnès, dans quelle activité te lances tu ? si tu as besoin d’un coût de main, tu as mes coordonées.
Vi, pis plus vite on va droit dans le mur, plus on est sûr de pas pouvoir en réchapper…
Je crois qu’ a l’origine, la critique de la vitesse concernait la volonté qu’a ce gouvernement de vouloir procéder par ordonnance en prétextant l’urgence. Ceci n’est ni plus ni moins que la vision de la démocratie par un homme qui n’a jamais été élu, qui ne s’est hissé que par la volonté d’hommes politiques. Je pense que le critique de l’homme d’action ou autre n’as pas de lien avec cela. Je crois que la différence entre « révolte » et « évolution », c’est justement la vitesse. Ce n’est pas parceque l’on va vite que c’est « mal ». Parfois, il faut savoir accélérer, ce ne doit pas devenir pour autant un leimotiv, ni un bouc émissaire pour justifier nos faiblesses, nos fénéantises ou nos lachetés.
Bonjour,
Article très intéressant qui mériterait presque une recherche encore plus poussée, tellement le sujet est riche. Le temps, c’est la condition sine qua none de la maturité, hors notre société qui vit dans le culte de la vitesse y associe aussi la jeunesse. Vitesse/jeunesse, lenteur/vieillesse, deux tandems aux résultats différents, mais aussi vieillesse sagesse. Qui dit sagesse dit recul, réflexion, bilan… etc
Citation du texte d’Agnès : « Le choix de gouverner par ordonnances, finalement, ne fait que démontrer que l’urgence ou la précipitation s’oppose à l’exercice posé de la démocratie. »
La précipitation ne laissant pas le temps de la réflexion, elle ne laisse aussi pas le temps de la contestation. L’urgence, la marche forcée est valable en temps de guerre, de famine… etc de catastrophe nécessitant la coordination des forces de tout un peuple, l’abandon provisoires parfois de certaines libertés individuelles (et j’insiste sur le terme provisoire) vers un but commun « la survie ». Est-on dans ce cas ?
La vitesse est aussi le pendant de la productivité, de la compétitivité… toujours plus vite pour devancer son concurrent, quitte à faire tourner hommes et machines en 2×8 ou 3×8… pourquoi pas aussi ouvrir les magasins le week-ends pour faire du chiffres d’affaires… etc Aller vite oui mais pourquoi ?
Quel est la finalité ultime de ce rythme ? Est-elle compatible avec les finalités des individus, de l’humanité ? 😉 Prenons le temps de la réflexion.
Moi je me pose une question concernant les remarques de Philippe. Comment il peut savoir qu’Agnès n’agit pas ? Juste en lisant son blog, il en déduit qu’elle passe son temps à écrire des posts pour ses lecteurs ? Ou alors, il doit la connaitre dans la vraie vie. Il doit au moins savoir à quoi elle passe ses journées ? Savoir que tout ce qu’elle dit, elle ne l’applique pas. Je trouve bizarre de confondre le blog d’une personne avec la personne elle-même.