Finalement, ça a du bon, une coupure Internet.
Bien sûr, tu ne peux pratiquement plus assumer aucune des activités modernes normales, surtout si ton travail est entièrement numérique, bien sûr tu es coupé de tout et de tout le monde, bien sûr, ça devient extrêmement compliqué quand tu vis loin de tout, que ton seul voisin à portée de Wifi t’a déjà bien fait comprendre qu’il ne partage pas sa connexion avec n’importe qui et donc particulièrement avec toi, bien sûr tu es aussi dans une zone grise, un endroit où le téléphone mobile passe, mais à peine (donc, l’élu local se frotte les mains en susurrant qu’il n’y a plus de zones blanches qui font tache dans son schéma directeur), ce qui fait que tu téléphones dans un mètre carré bien délimité dans ton bureau et que si tu ris trop fort, tu perds la communication, bien sûr, tu ne peux te connecter qu’en edge et si tu veux relever tes mails, le point d’accès public le plus proche est à 9 km A/R en voiture.
Bien sûr.
Mais d’un autre côté, tu t’es sorti la tête du flux faute de l’avoir fait d’entre la raie de tes fesses. Tu as coupé le robinet à conneries et tu apprends à concentrer tes actions connectées sur le strict nécessaire, voire l’essentiel, ce qui exclue toutes les distractions de notre temps, comme le combat des chefs à la mode de chez eux, les nouvelles vieilles et le flot permanent de la novlangue qui te pond dans la tête même jusqu’au fond de tes rêves. Tu apprends à sélectionner le plus pertinent en cinq secondes de lecture diagonale et à archiver le PDF pour plus tard, dans le recueillement de ta caverne, à ne répondre qu’aux mails urgents, à ne pas laisser tes amis sans nouvelles et à penser par toi-même.
Ce n’est pas rien, quand même.
Tu te retrouves de nouveau confronté à la solidité concrète du temps, à l’anticipation et la latence et surtout au nécessaire silence intérieur qui prend tout sa place quand le brouhaha permanent du reste du monde s’éteint enfin. Tu as le temps de chercher des réponses par toi-même, maintenant que Wikipédia n’est plus à portée de clic, pas plus que les experts ampoulés, les forums encombrés, les potes numériques, les médias frénétiques.
Un pas de côté et l’agitation retombe comme un soufflet.
Tu vois le barnum préélectoral comme à travers le gros bout de la lorgnette, celui qui te donne l’impression d’être à 1000 kilomètres de là… ce qui est assez proche de la réalité, en fait. Tu te marres en pensant que pour la énième fois, tout le monde fait semblant de découvrir la corruption généralisée et sans vergogne qui caractérise à peu près toute la classe dominante de notre pays (et probablement ailleurs aussi). Le grand spectacle qui nous est servi chaque jour peut se résumer à imposer au troupeau de vaches de choisir entre MacDo et Burger King. Ce qui ne fait pas très sérieux, si l’on y réfléchit un peu. Qu’au final, quand le cuivre se rompt, ce qui importe est bien plus pragmatique que cela et que les choses dont tu parles avec les gens que tu croises, elles ne semblent pas exister dans le monde virtuel qui se veut plus grand et plus vrai que la réalité.
Dans le monde déconnecté, il y a le froid qui a vidé la cuve de fuel plus vite que planifié et les cours du pétrole qui enflent dans un silence remarquable et qui pèsent chaque jour un peu plus sur tes finances bien réelles. Il y a le double prélèvement d’EDF des 23 et 24 janvier dernier. Un bug informatique avec des conséquences bien pratiques pour beaucoup de gens. Tout est rentré dans l’ordre, parait-il, mais je trouve toujours quelqu’un pour me raconter la relance menaçante d’EDF envoyé 2 jours après, le découvert qui en a résulté, le fait que ce sont aux victimes de prouver leur bonne foi pour ne pas encore repasser à la caisse, les heures de téléphone au service client. Il y a aussi la CAF qui se plaint des non-recours tout en les planifiant le plus efficacement possible, qui ne communique ni barème ni règlement et qui reprend toujours de la main gauche ce qu’elle avait concédé avec tant de tracasseries de la main droite. Il y a les magasins qui ferment dans le bled, les banques qui s’automatisent et les services publics qui se virtualisent pour mieux disparaitre ensuite.
Il y a surtout les gens qui en chient, tranquillement et en silence. Les salaires qui sont coincés entre deux paliers de compression pendant que les prix rognent, rognent, rognent, jusqu’à la dernière miette de parcimonie avaricieuse. Il y a les toubibs qui prescrivent à tour de bras des anxiolytiques et des bêtabloquants pour aider à tenir le coup, encore un peu. Il y a des visages qui se ferment, des regards qui se détournent, des silences qui s’installent et la sensation diffuse que le couvercle ne tiendra pas éternellement en place.
Amusant de lire ce texte…alors que je viens juste de retrouver une ma connection après 7 jours « d’isolement »!
Et bien sûr,…tout à fait d’accord!
Encore un bel article qui va plus loin que ma « déconnexion partielle » (https://cheziceman.wordpress.com/2017/02/04/blog-desintox-sociale/)
Car si le monde et l’économie sont connectés, ils se déconnectent de la réalité.
Ah, tout fout le camp, ma bonne dame !
La patate est plus chère.
Le banquier est à portée de clic.
L’eau n’est pas assez chaude et est trop mouillée.
Les gens ne sourient plus, ils se plaignent.
> Il y a surtout les gens qui en chient, tranquillement et en silence
Et ça n’est que le début…
https://www.youtube.com/watch?v=71FxfVzU2N0
On peut très bien vivre hors ligne (internet – telephone) volontairement en n’y consacrant que le strict nécessaire, que ce soit professionnellement ou de manière privée.
Ne pas partager son numéro de portable si cela n’est pas nécessaire et le laisser éteint lorsque nous ne l’utilisons pas pour appeler.
Indiquer plutôt son mail pour être contacté.
Éteindre son pc dans le cours de la journée et de la nuit en ne le visitant que d’une manière sensée ne demandent qu’un peu d’organisation dans ses horaires.
Lire et se créer des intérêts suivis pour son environnement social et naturel.
Laisser la télé éteinte lorsque nous n’avons aucun intérêt à l’utiliser fait aussi partie de ces déconnexions individuelles nous invitant à vivre pleinement sa vie.
Tout le reste à l’avenant :
Dire bonjour et au revoir aux caissières des super-marchés avec qui nous pouvons ajouter quelques mots d’encouragement pour la dureté de leur métier.
Sourire aux personnes que nous croisons,
aider qui demande de l’aide et
partager librement tout ce que nous avons à partager de soi pour nous enrichir tous plutôt que quelques-uns.
Vivre en nomade même si nous sommes sédentarisés, c’est-à-dire accueillir et être accueillis pleinement comme allant de soi. Et si jamais personne ne le fait pour vous, alors c’est bien l’occasion de le faire de vous à tous !
Ah oui, il y a aussi et surtout :
Arrêter de geindre que tout cela se vit dans un autre Monde, d’autres Mondes que vous-mêmes, il n’y en a pas.
No pasaran
‘La dureté du métier des caissière des supermarchés »
Voilà doudou qui passe..
Hl ou bhl ?
Eh oui, il y a pire que caissière de supermarché comme job, par exemple faire parti du cercle familial de fion, c’est vraiment pas une sinécure !
Dans la plupart des familles, ce qui compte ce n’est pas le visage mais le trou.
Les tronches des réunionnais ont gravement été prises en otages.
Ça devrait même peser davantage sur la conscience des écologistes.
J’adore la méthode Smolsky. Tout le monde doit avoir son portable allumé au cas où M. Smolsky trouverait nécessaire d’appeler quelqu’un, mais M. Smolsky a son portable éteint, parce qu’il a horreur d’être dérangé…
Pierre : Tout le monde doit avoir son portable allumé au cas où M. Smolsky trouverait nécessaire d’appeler quelqu’un
Où j’indique cela ?
Ton interlocuteur a déjà oublié la caissière d’auchan city de tourcoing qui a fait une fausse couche.
Trop dans le moule.
Ici, je cite :
« le laisser éteint lorsque nous ne l’utilisons pas pour appeler »
Ce qui a pour conséquence immédiate :
1) quand nous l’utilisons pour appeler, nous nous attendons, a priori, que notre correspondant ait le sien allumé.
2) quand nous ne l’utilisons pas pour appeler, nous le laissons éteint et que les correspondants qui essayeraient de nous joindre, aillent se brosser…
Je ne vois pas d’autre possibilité, hormis celle d’avoir un portable juste pour faire chic et enrichir les fabricants de portables…
tu dis des grosses mac(r)onneries.
Ibrugnios
Cornatte !
J’appelle occasionnellement de mon portable mais je n’attends pas que l’on me réponde, comme souvent depuis que nous nous croisons sur ce blog, tu me fais un procès d’intention de tes propres pratiques on dirait.
Les sms et, comme je l’ai dit, les mails sont alors requis, et je préfère ces derniers, même et surtout professionnellement, et c’est très bien perçu.
Franchement, c’est quoi cette mode du :
« t’es où ? » et tout ce qui va à l’avenant depuis la dissémination du portable !
Je joinds à cet avis de l’usage du GPS, non mais vraiment, comme si nous habitions dans une brousse indéfectible quand on ne sait pas ce qu’en dit le satellite…
Sur l’usage du GPS… bah, ça détruit le sens de l’orientation. C’est con, hein?
Et pourtant quand on y a goûté, on a du mal à s’en passer…
Genre, quand tu vas à une adresse dans une banlieue paumée que tu connais pas du tout, c’est tellement plus facile de suivre des indications prémâchées que de te faire chier à mémoriser tout un trajet sans pouvoir être sûr de ton fait…
Bref c’est pas bon pour la mémoire, mais ça sert bien la flemme. 😉 .
Après, le portable, quand on n’est pas né avec, on se souvient d’une autre ère, où on faisait sans internet, sans portable, et on se démerdait très bien alors… (et on avait plus de lien social physique)
Dans le monde actuel, si t’as ni l’un ni l’autre, quelque part, tu t’exclues de la société. Aussi déprimant ce constat soit-il, c’est difficile de prétendre le contraire.
Hors ligne, oui! mais pas trop longtemps alors 😉 .
Oui, c’est une culture que de ne pas s’exposer aux tyrannies du portable et du GPS…
Tous les tyrans l’annoncent, on peut donc le croire :
– Je fais ceci et cela uniquement pour votre bien.
Et les brebis sont bien gardées quoâ…
saxo : Dans le monde actuel, si t’as ni l’un ni l’autre, quelque part, tu t’exclues de la société.
C’est exactement ça.
Pourquoi avantager un mode de vie qui nous est si contraire alors qu »y a qu’à pour ne pas s’y déterminer ?
Par contre, en gérant son portable l’exclusion ne porte pas sur ton entourage, loin de là même puisque nous nous montrons alors dans le monde réel beaucoup plus dispos pour chacun ainsi, tout comme avant quôa….
Mais vous supportez bien vous que les gens s’interromprent d’une rencontre avec vous pour consulter/répondre à leur portable qui les réclame ?
Edgard Degas à propos de l’invention du téléphone : « Ah ! On vous sonne et vous y allez ! »
ben merci. ces temps derniers je me suis surpris a aller plus souvent sur le net, sur ma boite mel. tt en disant aux copains que nous vivions ds l » ‘ amour de notre propre servittude » comme disait huxley dans le meilleur des mondes.
et oui, merci, car nous avons tout simplement notre libre arbitre. et des capacités à choisir. pour le reste, l amour de la vie , il convient de le trouver en soi… et à vivre en conscience.
pour finir, alors j ‘ ai reduit la voilure, portable, numérique, bagnole un peu moins… et je dis souvent: nan, pas de mail, nan pas de sms plus tard.
l’ instant et puis d’ ab l ‘humain et après peut être, la machine.
J’ose …
http://old.aldebaran.eu.org/index.php?2008/07/16/134-big-dealer
oui, la société se délite tranquillement, avec une moitié de pauvre qui gueule sur l’autre moitié parce qu’elle profite de 400 euros par mois, le prix à payer étant l’humiliation.
Les même crétins qui trouvent chez macron un nouvel élan, les même crétins qui trouvent chez fion un programme, les même crétins qui oublient et pensent hamon fréquentable.
Le monde est rempli de crétins qui ne pensent qu’à leur petite gueule, ça me donne envie de les voir crever en les regardant pour voir l’étincelle de la compréhension s’allumer lorsqu’ils comprendront que ceux qu’ils conchiaient les laissent crever sans lever le petit doigt.
Réaction sotte.
Lis les journaux. Il va y avoir du nouveau.
Il y a aussi contre toute attente des blogueurs et des lecteurs, encore là !