Il m’arrive régulièrement de ne plus savoir mettre en mots mon malaise profond.
Non pas que je patine devant le sourire sibyllin de mon psy ; je n’ai jamais eu besoin de ce genre de béquille là, ne serait-ce que parce qu’Internet existe et que tenir un blog pendant des années m’a été bien plus bénéfique de 20 ans d’introspection chronométrée. De toute manière, ce serait penser que mes dissonances sont endogènes quand il s’agit bien évidemment d’un profond malaise global.
Rien que cela. Comprendre la dimension collective de ce qui déconne plutôt que de croire que l’individu est au centre de tout. Ceci est la clé. Mais l’atomisation du social est tellement le modus operandi qui caractérise le mieux notre époque qu’il devient extrêmement difficile de rester à contre-courant de cette fausse évidence.
En gros, j’ai cessé d’écrire pendant plusieurs semaines parce que l’acte même de produire un commentaire sur le temps présent devenait une sorte de collaboration active avec cette entreprise de démolition du sens social. La rapide succession de centres d’intérêt sans aucun lien entre eux, sans aucune mise en perspective finit par déconstruire le réel lui-même, le diluer, le stratifier dans un immonde mille-feuille dont la principale caractéristique est de ne pas faire sens. Même armée de la meilleure volonté d’analyse du corps social, il devient impossible d’en appréhender toute la subtile complexité à travers sa cohérence propre. Cela revient à vouloir décrire les mœurs d’un éléphant sans ne jamais en avoir rien vu d’autre qu’une trompe, un éclat de défense et un bout d’oreille décomposé. Cela revient à croire que de la somme d’éléments disparates, partiels et partiaux naîtra une vision d’ensemble cohérente et non parcellaire et cela même alors que l’hystérie ambiante paralyse les jeux de l’esprit, qui, éventuellement, en prenant bien leur temps, auraient pu recréer les pièces manquantes avec une marge d’erreur négligeable.
Pour dire les choses plus simplement, après un grand état de confusion et de sidération dont je ne parvenais pas à discerner l’origine, j’ai fini par comprendre que le tempo médiatique actuel n’a pas d’autre objet que d’éparpiller nos consciences et de nous distraire, dans le sens premier du terme, jusqu’à ce que nous soyons collectivement totalement incapables de percevoir l’ensemble du dessein tout en ayant l’impression forte d’être immergé au cœur des événements et donc, d’être correctement informés.
Le tempo médiatique, c’est cette entreprise délibérée de bombardements d’informations, de saute-mouton permanent, d’hystérie du direct dont le climax était bien sûr l’affaire de Toulouse où pendant plus de 30 heures, il a fallu tenir le monde en haleine avec du rien. Mais un rien rempli de peur, de terreur, de dégoût, d’abjection et de fausses nouvelles. Un rien qui se contente de commenter le temps qui s’écoule et les non-actions, un rien qui obsède, qui hypnotise et qui oblitère toute velléité d’analyse ou d’esprit critique. Un rien qui évacue préventivement les questions en assénant dès le départ que toute remise en cause de l’unique version livrée en pâture au fil de l’eau serait forcément de l’ordre de la trahison.
Toute ressemblance avec une quelconque stratégie du choc ne serait que purement délibérée.
Cette campagne électorale ne ressemble à rien et surtout pas à une campagne électorale. De la même manière que ce gouvernement n’a ressemblé à rien et surtout pas à un gouvernement. Là aussi, juste un empilement, apparemment sans ligne directrice, de petites phrases, de petites mesures et de grosses provocations, le tout mené tambour battant pour ne jamais laisser le temps : du réflexe et non de la réflexion, la surstimulation permanente du cerveau reptilien afin de mieux engourdir le cortex.
C’est assez finement joué, si l’on arrive à s’attarder sur ce mode de fonctionnement un certain temps : distraire, saturer tous les canaux, décontextualiser systématiquement toute décision, toute information, extraire chaque événement du flux historique comme s’il se suffisait à lui-même, morceler, découper et pérorer sans fin sur les détails les moins signifiants que l’on est parvenu à isoler du chaos ainsi obtenu. C’est même brillant : on isole les idées afin de mieux isoler les gens. Chacun d’entre nous est sommé d’exister en dehors de tous les autres. Chacun d’entre nous doit juger, se positionner, se prononcer, décider, dans une solitude absolue, seul devant l’essorage télévisuel, seul et donc sans perspective, sans échange, sans construction commune d’un sens, seul et donc faible et donc impuissant. Chacun d’entre nous subit le matraquage médiatique sans contexte ni mise en perspective. Nous voilà réduit à un agglomérat informe d’individus, spectateurs d’une succession ininterrompue d’événements dont le traitement n’a aucun rapport avec leur importance réelle, dont l’exploitation médiatique et politique dépend essentiellement de leur potentiel émotionnel et donc de leur capacité à maintenir chacun d’entre nous dans la réaction épidermique et la totale absence de réflexion.
Tout est mis en scène pour atomiser le social et surtout la conscience qu’on en a ou plutôt nous faire croire en l’absence de sa dimension organique où chacun de nous est étroitement lié à divers groupes et à travers eux, à l’ensemble de la trame. Ainsi chacun de nous est présenté et réduit à une sorte de plante hydroponique, sans aucun substrat collectif qui nous aurait nourris et fait grandir. Nous ne sommes plus des animaux sociaux, des produits de notre époque et de notre société, mais seulement un amas de particules élémentaires sans aucune interaction entre elles. Du coup, nos actions et réactions sont privées de sens et de conscience, comme des gouttes de pluie qui zébreraient l’air sans n’être jamais tombées du même nuage. Tout se réduit à un éternel présent, sans profondeur ni perspective et toute tentative d’explication du réel devient vaine, à moins d’être extrêmement simplifiée.
Nous nous retrouvons sans mémoire, avec le référentiel d’un nourrisson : l’objet social qui disparaît de la lucarne blafarde de nos écrans cesse d’exister comme le hochet qu’un parent farceur dissimule derrière son dos. Regardez le méchant terroriste, qui est donc terroriste parce que méchant. Regardez le vilain fraudeur, parce que dans chaque pauvre se cache un coupable et donc, un fraudeur. Regardez le dictateur, parce que c’est ailleurs et que chez nous, c’est différent. Regardez et surtout ne cherchez pas à comprendre. Ne cherchez pas à comparer, sauf avec les modèles que l’on vous présente et selon l’angle choisi pour vous les présenter. Et surtout, n’ayez pas de mémoire, ne jetez pas un simple coup d’œil en arrière, dans votre propre histoire, car sinon, vous vous transformerez en statue de sel. Parce que sinon, vous serez pris d’un vertige infini à mesurer la distance déjà parcourue depuis la dernière fois que vous avez eu le loisir d’arrêter de courir. Et là, dans la perspective du temps qui passe, subitement, vous pourriez comprendre où ce désordre apparent nous conduit tous, inexorablement.
C’est très exactement ça : lors du mouvement des indignés l’année dernière, il était frappant de voir comment chacun apportait sa recette miracle, sa formule magique : reconnaissance du vote blanc, tirage au sort, revenu de vie, dépénalisation du cannabis, abrogation de la loi de 1973 (qui l’est déjà), etc. Comme s’il fallait absolument ne pas voir les luttes passées et en cours, les rapports de force, les antagonismes de classe.
Sauf que… sauf que les choses semblent en train de changer. Nous sommes de plus en plus nombreux à nous rendre compte que rien ne nous oblige à écouter leurs conneries. Et qu’on a les moyens de les virer.
L’entreprise de démolition du sens social avance, effectivement. On peut y adjoindre la perte du sens commun, la perte de sens de la vie, à terme. La désespérance des masses s’est installée pour le long terme, c’est à craindre.
Cela me fait penser à ça : http://www.youtube.com/watch?v=9iUY…
Oui, cette forme informative-là assassine, et cavale autour du cadran comme un marteau qui s’écraserait avec un implacable rythme sur nos têtes, pour nous défoncer de rien.
Pourtant ce n’est pas rien, ce qui nous gagne à ces moments-là, c’est une mort du cerveau, littéralement une agonie complète de l’esprit, qui finit par s’épuiser à courir derrière ces images clignotantes violemment répétées, mises en scène pour attirer le regard mais en vérité aspirant définitivement le cerveau car n’aboutissant jamais à rien et le cherchant encore moins.
Quelques conseils pour se protéger : éteindre, défoncer cette télé à coup de marteau, ou arriver à tenir le coup et à décrypter ce que cette saloperie nous fait subir si on a le malheur de s’y abandonner un peu trop longtemps.
Ce que tu as fait là. Alors Bravo.
(Merveilleux titre. Je confirme, non seulement ce cerveau est intacte mais il carbure)
Mais j’ai un peu l’impression que ça devient de plus en plus difficile de faire prendre des vessies pour des lanternes. Il me semble que de plus en plus de gens vivent ces choses au quotidien, ils sont des témoins directs… ça devient difficile de leur mentir. Alors, j’ai le sentiment que les sondages servent à ça : les sondages servent à dire "ce que penserait une majorité de gens". Peut-être pour isoler un peu plus les gens ? En essayant de leur faire croire qu’ils ne pensent pas "comme la majorité des gens", qu’ils ne sont pas "normaux"…
Quant à la mémoire et au flot d’informations, je ne sais pas si je suis le seul (et si c’est en raison d’Internet), mais j’ai vraiment l’impression d’être devenu une machine à "digérer de l’information". Oui, j’ai le sentiment de ne plus avoir de mémoire. Mais, c’est ma vision de la nature de la substance qu’est l’information qui a changé. Avec une abondance d’informations, il n’y a pas assez de "mémoire" pour tout garder (comme on ferait des "réserves"). Non, l’information est devenue une nourriture qui alimente la construction (d’un système, d’une "idée générale"…). On prend ce qui est "nourrissant" (c.-à-d. l’information) et on rejette tout le reste (c.-à-d. le vent, la rumeur, etc.). Bref, j’ai l’impression de mieux traiter (ou "digérer") toutes ces informations. J’ai l’impression de plus vite me rendre compte de ce qui a un intérêt ("nutritif") ou pas. Mais, c’est vrai que c’est perturbant d’avoir le sentiment de plus avoir de mémoire…
"Cette campagne électorale ne ressemble à rien et surtout pas à une campagne électorale. "
Sans doute parce que tu ne parles ici que de Nicolas Sarkozy, François Hollande, l’ORTF et BFM TV.
Que je sache, la très grande majorité des candidats fait campagne ; c’est juste que tu ne sembles pas t’y intéresser.
Quand on se sent cerné par les connards sauvages, ça fait plaisir de lire une cane qui a la pêche !
Dans mon entourage proche, j’ai (quelquefois) l’occasion de discuter de faits de société. Quand ce n’est pas la crispation névrotique du "choc des civilisations", je rencontre une grande résignation et de l’angoisse face à des informations que l’on sort (délibérément ?) de leurs contextes historiques ou politiques. Quand je propose une autre lecture, j’ai l’impression de passer pour un révolutionnaire "complotiste". Ça commence à me faire chier grave ! J’arrive à me dire parfois que je suis déconnant et que je suis stupide de me mettre la rate au court-bouillon pour des faits qui nous sont montés en épingle par les "mass-merdias". Mais à ma décharge, j’ai toujours eu cette fâcheuse tendance à vouloir sortir des sentiers battus. Donc les médias aux ordres organiseraient sans vergogne cette entreprise de décérébrage ? Absolument ! L’Ordre et la Morale ont besoin d’individus individualistes (enfin se pensent-ils ainsi) amnésiques, erratiques, grégaires malgré eux, pour lesquelles le psychologisme bon marché a pris la place de la réflexion. Cas particulier de notre république française : c’est une démocratie de basse intensité et son peuple est toujours en attente d’un "homme" alors que ce n’est pas de cela dont nous avons besoin, mais d’idées neuves et audacieuses. Tout à fait entre nous, l’homme que tout le monde attend au deuxième tour pourrait bien être une femme. Naaaan !!! J’déconne !!!
Disons que les gens ont quand même beaucoup gobé de trucs sans mâcher avant d’avaler ou de recracher, par exemple une monnaie unique pour l’Europe. Et ça continue,
c’est pas Méluche non plus qui va remettre en cause cette absurde monnaie qui est en train de fusiller les économies européennes.
je crois que je n’ai jamais autant offert La Stratégie du Choc de Naomi Klein que cette année, et malgré ça y’a pas eu des masses de "tilt" pendant la semaine de Toulouse…
y’a pas à dire, celui qui voudra changer le monde devra commencer par décaniller les satellites antennes et autres matériels de la télévision.
@til
Ce n’est pas la monnaie unique qui fusille les économies, mais les règles stupides qui y sont attachées.
On peut garder la monnaie et changer les règles. La monnaie unique a l’avantage de regrouper les peuples en un seul grand peuple : tu peux payer à un polonais sa voiture avec ton argent, sans passer par une banque qui prend son % sur ta transaction. Tu peux voyager et dépenser sans avoir à faire des conversion dans ta tête pour savoir si c’est bien ou pas.
Il faut modifier les règles, mais garder la monnaie.
Ma pensée, exactement.
Le sensationnel chasse le futile. L’émotion bannit l’analyse. Le zapping permanent tue la mémoire. Le direct "ventile, disperse, éparpille façon puzzle" l’important au profit de l’accessoire.
@bernadrian en 2
Quel optimisme! Certes, la loi de 73 a été "abrogée". Mais pour être mieux remplacée par d’autres lois, puis maintenant par des traités successifs (Maastricht (TUE, Traité pour l’Union européenne: oui, le traité "tue"; au moins, celui-ci, il ne s’en cache pas, c’est marqué dessus!), Lisbonne, MES, TSCG…) chacun plus confiscatoire encore que son prédecesseur!
Et que nous soyons de plus en plus nombreux, ce qui nous donnerait les moyens de les virer… sur certains forums, peut-être, mais dans les isoloirs? Il y a loin de la coupe aux lèvres.
@erasmos en 8
Merci, je me sens moins seul…
oh oui !!! que les dissonances ne soient qu’exogènes, s’il vous plaît… soit, en passant, en complète contradiction avec ce que raconte Bourdieu…
"regrouper les peuples en un seul grand peuple"
– qui parle pas la même langue ?
– sans réel gouvernement, ni budget fédéral sérieux ?
– dont les travailleurs sont très peu mobiles ?
En gros ça revient à enlever les 4 suspensions d’une voiture et à mettre un coussin moelleux sous les fesses du conducteur. Évidemment, tant que la route est en bon état ça passe, mais dès qu’arrive une bosse ou un nid de poule
ça aboutit à des trajectoires du véhicule aussi créatives qu’étranges se terminant au choix, dans le fossé, dans un platane, dans un pilier de pont, dans un autre véhicule…
I had a dream… 🙁
En remplaçant le mot France par Europe, on obtient :
« Nous avons perdu une occasion de montrer que la France peut creuser et descendre en dessous de tout et de tous : ce sont des entreprises américaines avec une technologie américaine qui ont organisé cette opération alors qu’en matière de fond à creuser un type comme Kouchner aurait tout à leur apprendre. » a déclaré Raymond Soubie, conseiller social (sic) du président. Et le même de rajouter les yeux brillants : « On a quand même une longue tradition d’accidents industriels dans ce pays, 987 rien qu’en 2007, et je parle pas des accidents du travail, c’est quand même triste qu’on puisse pas capitaliser la dessus ! Quand on voit ce que Piñera est arrivé à faire avec 33 types, possiblement syndicalistes ! Chez France Télécom on aurait enterré l’affaire (et les types avec) sans autre forme de procès ni même de procès d’ailleurs. Ils sont forts ces chiliens … »
http://bravepatrie.com/politique/sa…
Tout plein de trous en forme de dettes pleines de défauts, zut alors.
Faut pas non plus prendre les médiacrates pour des
"cadors sans auge"
ça marche aussi avec "cornacs" .
L’auge est irréfutable (cf A.Vialatte).
Cordialement .
PS : quoique …. "bauge" ???
bernie
je dois être fatigué, j’ai pas trouvé, je donne ma langue au chat.
Merci infiniment pour ce texte, il fait echo à bon nombre de mes interrogations passées et présentes. Je me sens moi seul pour le coup.
Merci encore.
hatori.
Vous suivant de proche en loin sur votre blog, je "tombe" sur cette page où vous faites part de vos difficultés tout autant à nommer "le malaise" qu’à discriminer ce qui nous assaille depuis quelques années.
Disons pour aller vite, que nommer ce qui ne va pas, me semble la première tâche de résistance, d’autodéfense de chacun d’entre nous par rapport à la machine à fabriquer du consentement.
Travail personnel soit mais pas que. Le recours au "psy" là aussi mais pas que. La discussion, la disputation, la confrontation avec des "concurrents" (et non pas avec des adversaires) me parait une bonne approche de la difficulté de nommer ce qui ne va pas. Bien sur, je crois aussi au vertu de la mise en forme( dans les deux sens) de l’écriture que se soit vers les autres ou bien pour le "fun" intime, mais, bon, ça vous l’avez dit…
Passons à l’impression de ce télescopage des "informations", de ce meli melo qui nous arrive et qui est souligné par D. Wolton dans ses textes autour de l’Internet.
Qu’en faire de cet enfer où tout est dans tout et réciproquement?
Je crois, modestement, qu’ hiérarchiser, peut être l’une des clefs (avec d’autres) pour s’y retrouver. Et pour cribler, filtrer, choisir, discriminer et poser la priorité revenir à ce que j’écrivais au tout début.
Nommer ce que l’on a besoin, dire ce qui manque et agir ensuite.
C’est bien là, le travail du journaliste (en tout cas pour celui qui à encore une éthique ou plus simplement un ordre dans la tête qui fait qu’il sait quoi dire sur ce que les lecteurs ne savent pas encore).
J’en connais un qui y travaille depuis quelques années et qui s’appelle E. Pleynel. Sur qu’il y en à d’autres mais , bon, choisissons celui là. Ce qui m’intéresse c’est pas tant ses "prises de positions" que le fait qu’il ait "créé" Médiapart.
Uniquement commenter le temps qui passe qu’il soit celui des faits, des commentaires ou même de sa météorologie personnelle ne suffit pas. Y a aussi "l’action" , la fabrication de ce qui va au delà du commentaire et qui va trouver son miel dans la confrontation avec le continent du réel.
…Je me relis et je vois que je prends un ton peut-être un peu instituteur…Alors, j »achève.
Sinon, continuez même si, parfois, c’est dur…
Oserais-je le dire… Surtout si ça résiste…
@til
Il y a plus de différence entre un marseillais et un lillois qu’entre un strabourgeois et un allemand.
C’est vrai vaut mieux se replier sur nous même. Mais moi je peux pas me replier avec les parisiens qui sont trop pas comme nous et puis les bretons non plus.
Dans le sud ouest y mangent trop gras, ceux du ch’nord on comprends pas ce qu’ils disent. je n’accepte que ceux de mon village dans mon replis.
Trève de plaisanterie.
La langue n’est pas un problème, ca s’apprend et c’est gratuit.
Un gouvernement fédéral c’est juste une règle du jeu à changer.
On se "bat" contre le gouvernement qui nous monte les uns contre les autres et nous "séparent" et lorsqu’on a un moyen de faire corps à "plus" on gâcherait cette occasion ? La monnaie unique est un premier pas vers un "peuple" unique.
L’europe est "mauvaise" parce que les dominants s’en servent comme d’une arme contre nous en nous mettant en concurrence les uns avec les autres. Ce qu’il faut c’est des _politiques_ et pas des putes qui sucent ceux du cac40.
Tu crois que jeter l’euro rendra l’ouvrier polonais moins compétitif ? Par quel miracle ?
Ce qui ne va pas ce n’est pas le "système", c’est l’utilisation de celui-ci par une minorité de politiques vendus (umpsfn) aux pouvoirs économiques : ca vaut également pour la france intra-muros.
tu penses que le libéral prochainement élu, dans une france emmuré, il va pas se débrouiller pour que renault gagne encore et que toi tu perdes toujours ?
Les frontières de la monnaie unique elles ne marchaient que pour les "petits", les autres, ca fait très longtemps qu’ils font avec ou sans, sans aucun problèmes.
Le problème de fond, c’est que les gens ne comprennent pas.
On peut fermer n’importe quelle entreprise demain : suffit de ne plus acheter leurs produits. Mais qui veut le faire ? personne ? et bien qu’ils se débrouillent tout seul. On peut aider les gens, on ne peut pas faire à leur place.
Et sans vouloir faire ma langue de vipère, si il n’y avait pas l’europe aujourd"hui : on serait dans un état policier digne de la RDA.
herve_02
Joli feu d’artifice de pétards mouillés.
"tu penses que le libéral prochainement élu, dans une france emmuré, il va pas se débrouiller pour que renault gagne encore et que toi tu perdes toujours ?"
Moi, c’est fait, je me suis barré de cette chère France où la grammaire et l’orthographe sont mal en point. C’est un nouveau charme actuel des patriotes, que de massacrer la grammaire française pour se sentir si français.
"si il n’y avait pas l’europe aujourd"hui : on serait dans un état policier digne de la RDA."
Demandez aux grecs, et bientôt aux portugais, aux espagnols, aux italiens bientôt ce qu’il en est des possibilités d’un état policier.
Le jour où vous vous prendrez un lacrymogène dans la tronche, ça va changer l’ordre de vos opinions assez fissa.
"si il n’y avait pas l’europe aujourd"hui : on serait dans un état policier digne de la RDA."
Je peux pas m’empêcher tellement un tel babillage est emblématique d’une paresse intellectuelle. Mais comment c’est possible de dire des trucs pareils ? Putain, il y a eu R Aron pour penser, il y a eu Descartes aussi, et on a des Herve .02 pour recouvrir le tout.
Je n’ai qu’une chose à dire, good luck avec de tels branques.
C’est formidable, n’importe quel allumé fait son quart d’heure de gloriole. Voyons le résultat…
Si le bidule se fout la malle, faudra pas vous plaindre. Vous avez chéri vos guignols, il faudra payer la note.
Excellent, comme d’hab!
Petit conseil, vire ta TV et tu te sentiras bien mieux!!!!
C’est marrant, ce texte m’a fait penser aux discours de Mélenchon. Qui fait des références à notre histoire commune tout le temps. La Révolution, la Commune, 36, Louise Michel, Jaurès, Victor Hugo. Et du coup, moi qui hésitais, c’est pour cette raison que je voterai pour lui.
Redonner au peuple sa mémoire, qu’on tente sans arrêt de lui voler, me semble en effet essentiel. Se souvenir des luttes passées, des combats, pas forcément électoraux, qui nous ont permis d’avancer.
Et peut-être est-ce de l’idéalisme, mais je pense très profondément que le peuple est beaucoup moins con que ce que pensent nos médiacrates. Et je crois que le succès de Mélenchon vient de là : quand on l’écoute, on a le sentiment qu’il nous respecte.
Utiliser l’hydroponique comme vous l’avez fait, est tout le contraire de la vérité !
Les plantes élevées de cette manière se nourrissent toutes au même robinet…
A part ça je pense aussi que vous avez tort sur le fond et qu’en général les gens ne sont pas plus abrutis qu’avant par les infos… C’est votre propre rejet de cette ambiance qui vous le fait croire, mais la campagne présidentielle n’est pas pire que les autres avant…
Oui, Raleu, c’est très exactement ce que je pense et que je devrais développer dans un prochain (je l’espère) billet!
Rappel : 80% des actes de gouvernement concernent la transcription en droit français de décision européennes.
Bref, s’il n’y a pas campagne, c’est parce qu’il s’agit juste d’élire les fonctionnaires chargés d’appliquer les décisions de la commussion européenne en France.
"Nous voilà réduit à un agglomérat informe d’individus, spectateurs d’une succession ininterrompue d’événements dont le traitement n’a aucun rapport avec leur importance réelle, dont l’exploitation médiatique et politique dépend essentiellement de leur potentiel émotionnel et donc de leur capacité à maintenir chacun d’entre nous dans la réaction épidermique et la totale absence de réflexion."
He be Dame Agnès, je crois que c’est une phrase d’une précision telle que je vais l’apprendre par coeur…
Ce billet me fais extrêmement plaisir, parce que j’ai relu il y peu "la télévision" de Pierre Bourdieu, et ma fois tu en fait là une synthèse assez bonne. Livre que je recommande fortement : une centaine de page, et tout y est : cette volonté d’exploitation du fait divers pour nous garder dans la bêtise et la peur, l’absence de question politique posée par les journaliste "politiques" etc…
Merci dame Agnès.
@Vinosse
L’hydroponique est plutôt bien trouvé moi je trouve. Certes les plantes sont nourries par le même "robinet" comme vous dîtes, mais les nutriments nécessaires à la croissance de la plante sont introduits artificiellement dans l’eau.
D’où la métaphore qui va dans le sens du texte de Dame Monolecte, puisque dans ce cas les plantes sont déconnectées du cycle naturel de croissance-reproduction-décomposition-enrichissement du sol-diversité qui fait que ces plantes poussent d’habitude sans aide. L’hydroponie me semble une image tout à fait appropriée : on nourrit les plantes avec des nutriment synthétisés artificiellement, que l’on donne de manière calculée et réfléchie aux plantes pour qu’elles aient la croissance la plus rapide, tout en les coupant de leur environnement social et de l’entraide biologique que constitue les système symbiotiques et la diversité naturelle <=> on nous (les plantes) abreuve d’images et de faits divers fabriqués (les nutriments) dans le but de maintenir une non réflexion sur le fonctionnement d’ensemble de notre société, dans le but de continuer un système de production et d’"innovation" et de "progrès" qui n’a comme objectif que la maximisation du profit (la croissance plus forte) (profits de quelque uns, faut pas déconner).
Ne Mélenchons pas tout. :))
La télé certainement, la radio, les journaux majoritairement aussi, Internet bien sûr, également les outils (e-truc) à décerveler que tous les jeunes (qui en ont les moyens, mais c’est prioritaire souvent) ont.
Un point de vue qui colle à la réalité hélas oui !
Des raisons d’espérer, les nouvelles générations regardent de moins en moins la télé, un truc de vieux. Sur internet on peut lire toutes les points de vue surtout ceux qui ne passent pas à la télé… Il y a 20 ans le seul point de vue officiel pour les 3/4 de la population c’était télé radio journal local , et basta circuler rien à voir, …on peut estimer de ce point de vue qu’il y a un progrès !
Bon je reconnais que c’est maigre comme raison d’espérer l’espace de liberté Internet mais c’est susceptible de faire des grandes choses aussi (des révolutions par exemple…).
A part internet dîtes vous ? Je réfléchis un peu plus et je reviendrai, moi qui reste un optimiste par nature.
@til
si tu savais ce qu’il pense de toi le pétard mouillé.
1 – tu t’es barré, quels conseil tu peux nous donner ? Moi les gens qui se barrent et qui donnent des conseils aux autres, je les conchie un peu.
2 – Est-ce que tu penses "sérieusement" que s’emmurer derrière des frontières ca va changer la donne ? Tu penses que la france est assez forte industriellement et économiquement pour revenir au protectionnisme d’avant guerre ? Ah oui, on va construire des cannons et des chars et on va aller péter la gueule… aux allemands (les grecs, espagnols et portugais y viendront avec nous…) on a gagné d’avance. Ensuite, on fait un traité qui les force à nous payer des réparations de guerre, et on est les rois du pétrole….
Réveille toi, le monde à changé et tu ne peux pas revenir en arrière. Il faut avancer, et oui c’est difficile d’avancer. Moi je n’ai pas envie de laisser une france 1900 à mes enfants. Toi tu t’en branles t’es même plus là pour participer à l’effort à faire, tu brailles de manière excessivement condescendante, et de loin… super intéressant comme point de vue.
Ben oui…
Agnès, je ne sais plus qui vous a conseillé de jeter votre télé… moi ça fait 20 ans qu’elle est partie à la poubelle (enfin je l’ai filé à un pote, un beau cadeau à l’époque). C’est grâce à "la société du spectacle" de Guy Debord que j’ai balancé l’engin. Quelques extraits ici :
http://sami.is.free.fr/Oeuvres/debo…
Vous y retrouverez quelques unes de vos analyses.
Postulat 28 de la Société du Spectacle
Le système économique fondé sur l’isolement est une production circulaire de l’isolement. L’isolement fonde la technique, et le processus technique isole en retour. De l’automobile à la télévision, tous les biens sélectionnés par le système spectaculaire sont aussi ses armes pour le renforcement constant des conditions d’isolement des « foules solitaires ». Les spectacle retrouve toujours plus concrètement ses propres présuppositions.
Votre texte
Chacun d’entre nous est sommé d’exister en dehors de tous les autres. Chacun d’entre nous doit juger, se positionner, se prononcer, décider, dans une solitude absolue, seul devant l’essorage télévisuel, seul et donc sans perspective, sans échange, sans construction commune d’un sens, seul et donc faible et donc impuissant.
Magistralement exprimé. Ce texte est magnifique Bravo Agnès.
Qu’ajouter d’autre ? Tout est dit !
"Réveille toi, le monde à changé et tu ne peux pas revenir en arrière. Il faut avancer, et oui c’est difficile d’avancer. Moi je n’ai pas envie de laisser une france 1900 à mes enfants. Toi tu t’en branles t’es même plus là pour participer à l’effort à faire, tu brailles de manière excessivement condescendante, et de loin… super intéressant comme point de vue."
Tu conchies les mecs qui se barrent, moi je conchie ceux restent les pieds dans la bouse et qui s’en font une fierté pour justifier leur paresse, leur passivité, leur inertie.
Ben si barre toi, comme les grecs, les espagnols, mets les voiles et cesse de conchier sur place dans
ta bouse.
Les frontières je les ai franchies, à plusieurs reprises, c’est toi qui est là dedans, ces frontières. Pas moi.
T’as vécu où Marcel ? Dans combien de pays, combien de temps ? Tu parles combien de langues Marcel ? Pour nous vendre ta daube européenne. Je parle 4 langues, j’ai vécu dans plusieurs pays européens, et toi Marcel tu vas m’expliquer la vie ?
« Tu penses que la france est assez forte industriellement et économiquement pour revenir au protectionnisme d’avant guerre ? »
C’est plus mon problème, je produis chez les germains, lassé de la connerie des gaulois qui se la pètent en s’enfumant la tête et en chiant sur leur tas de fumier en faisant cocorico. Pays de lâches suceur de bites. Aller, gueule viva la révolution en tombant dans le puis, ça te fera plaisir, celui du dernier du condamné.
En retour. Réveille toi gosse, et accroche ta caravane à ta merco de 10 ans pour aller camper par ci par là.
@ Raleu Agnès : c’est bien là le noeud du problème, la décision politique comme l’industrie a été délocalisée. Du reste M. Draghi, ex-Goldman& Sachs, aujourd’hui le dit très bien: il faut harmoniser salaires et sécurité sociale dans l’UE, et il donne comme exemple le fait que sur la bonne voie les Portugais ont basissé les salaire de 25 %. Magnifique; non ? A qui le tour. M. Monti annonce de nouvelles mesures pour les Italiens, à la question du risque de manifestations de mass, il répond c’est de la physiologie sociale. Quand le peuple aura pissé, il ira mieux et digèrera les mesures et de toutes façon, lui il s’en fout.
Bref. saluons quand même les Espagnols qui font grève et manifestent aujourd’hui.
"saluons quand même les Espagnols"
http://reflets.info/ce-nest-pas-la-…
Oléééé !
@tel.
Ben…moi non plus j’ai pas envie de laisser une France de 1900 a mes enfants. Mais je suis de plus en plus persuadé que quand mes enfants seront grand, ils auront de vrais chances de vivre dans une France proche de 1900.
Au fond, c’est pas compliqué pour revenir à 1900 il suffit d’enlever le pétrole.
"29. Le jeudi 29 mars 2012, 17:01 par fly
Des raisons d’espérer, les nouvelles générations regardent de moins en moins la télé, un truc de vieux. Sur internet on peut lire toutes les points de vue surtout ceux qui ne passent pas à la télé"
C’est vrai que se débarrasser de la télé au profit d’internet, notamment en ce qui concerne l’information, est certainement un immense progrès… A condition de disposer de la réflexion, des méthodes d’analyses, et du temps pour faire le boulot que les journalistes devraient faire, à savoir rechercher l’information, la recouper, la vérifier, l’analyser. Toutes ces chose qu’on devrait apprendre à l’école dès le plus jeune âge. Malheureusement, plus ça va, plus l’école apprend à apprendre, et pas à réfléchir
« 30. Le jeudi 29 mars 2012, 19:21 par herve_02
Réveille toi, le monde à changé et tu ne peux pas revenir en arrière. Il faut avancer, et oui c’est difficile d’avancer. »
Quel magnifique tissus d’ineptie. Je ne sais plus ou j’ai lu cette métaphore, mais la voici : lorsque tu traverses une rivière, et que tu t’aperçois arrivé à peu près au milieu que tu n’as plus pied et que tu ne sais pas nager, il est préférable de revenir en arrière et de trouver un gué, plutôt que de continuer à avancer.
La réflexion « on ne peut pas revenir en arrière », comme le ‘il n’y a pas d’alternative », c’est exactement ce qui fait que nous sommes dans une telle merde actuellement. Et savoir qu’on va dans le mur sans avoir ni l’imagination, ni le courage intellectuel de se forcer à revenir au dernier croisement pour trouver une autre route, ça me parait pas vraiment une preuve flagrante d’intelligence.
"La réflexion « on ne peut pas revenir en arrière », comme le ‘il n’y a pas d’alternative », c’est exactement ce qui fait que nous sommes dans une telle merde actuellement." (RiGeL #38)
Bien d’accord ! Et ça me rappelle [cette chanson de Graeme Allwright|http://www.maxilyrics.com/graeme-allwright-jusqu%27%C3-la-ceinture-lyrics-76c2.html] :
On avait d’la flotte jusqu’au cou
Et le vieux con a dit d’avancer.
Quelques explications pour Hervé Marcel 0.2 en triporteur à béquille :
http://www.liberation.fr/politiques…
Magistral. Rien à rajouter. Tout est dit.
ah ! si, Gênes 2001 ! Il fallait y être pour y croire. Soudainement, on comprenait que l’on avait vécu dans un mensonge éhonté. D’un coup, d’un seul, tout s’est déchiré.
C’est une date clé, une ville clé. Toutes les huiles capitalistes sur un simple rafiot mouillant au large pendant qu’on tirait quelque part sur les gens et qu’on tuait, pendant qu’on matraquait tout le monde et n’importe qui et qu’on enlevait les manifestants vers des casernes pour les torturer tandis que les tortionnaires chantaient de vieux chants mussoliniens en rigolant. En grande part, ça part de là et c’est juste avant le 11-9. Après, bizarrement l’ Altermondialisme a considérablement décliné. La guerre en Afghanistan, en Irak, et puis la méga-crise financière mondiale de 2007, puis etc..puis le peuple islandais, puis le peuple irlandais, puis le peuple grec, puis le peuple espagnol, puis le peuple portugais, pillés par les banques, humiliés, lynchés par la haute finance ….puis …etc,
Ah au fait, pour Hervé Marcel 0.2, en étant dehors la Fronce, je fais quand même bosser quelques uns qui sont dedans la Fronce. Alors que si j’étais encore dedans la Fronce, je serais au chomdu très probablement et je m’ennuierais à mourir, agonie certified hallal financed by les assedics popaul.
Alors, j’ai fait le mauvais choix ? Probablement pas pour moi, et pour toi aussi, tu me paye pas avec tes impôts. C’est pas cool ça ?
Divertissement.
Quand je m’y suis mis quelquefois, à considérer les diverses agitations des hommes et les périls et les peines où ils s’exposent, dans la cour, dans la guerre, d’où naissent tant de querelles, de passions, d’entreprises hardies et souvent mauvaises, etc., j’ai découvert que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre. Un homme qui a assez de bien pour vivre, s’il savait demeurer chez soi avec plaisir, n’en sortirait pas pour aller sur la mer ou au siège d’une place. On n’achètera une charge à l’armée si cher, que parce qu’on trouverait insupportable de ne bouger de la ville ; et on ne recherche les conversations et les divertissements des jeux que parce qu’on ne peut demeurer chez soi avec plaisir.
Mais quand j’ai pensé de plus près, et qu’après avoir trouvé la cause de tous nos malheurs, j’ai voulu en découvrir la raison, j’ai trouvé qu’il y en a une bien effective, qui consiste dans le malheur naturel de notre condition faible et mortelle, et si misérable, que rien ne peut nous consoler, lorsque nous y pensons de près.
Quelque condition qu’on se figure, si l’on assemble tous les biens qui peuvent nous appartenir, la royauté est le plus beau poste du monde, et cependant qu’on s’en imagine, accompagné de toutes les satisfactions qui peuvent le toucher. S’il est sans divertissement, et qu’on le laisse considérer et faire réflexion sur ce qu’il est, cette félicité languissante ne le soutiendra point, il tombera par nécessité dans les vues qui le menacent, des révoltes qui peuvent arriver, et enfin de la mort et des maladies qui sont inévitables ; de sorte que, s’il est sans ce qu’on appelle divertissement, le voilà malheureux et plus malheureux que le moindre de ses sujets, qui joue et se divertit.
Blaise Pascal, Pensées, (éd. Brunschvicg n° 139)
Bonne réflexion, tout ça ! Qui ne déprime pas mais stimule.
Ce que vous dites sur la confusion me renvoie à deux colères dans mon ex-métier : la casse en marche de l’enseignement de l’Histoire, et l’affaiblissement quasi-orchestré de l’étude de notre langue et de notre culture littéraire.
Connaître l’Histoire (et pas que de France) c’est connaître notre passé de façon à maîtriser le présent et préparer l’avenir. Ce n’est pas par hasard que les régimes autoritaires ont toujours contrôlé voire interdit cet enseignement.
Connaître sa langue, son vocabulaire, ses nuances, c’est être capable d’en percevoir l’usage pervers chez les tribuns et dans les médias, c’est être capable de s’exprimer au mieux, de contredire les beaux parleurs.
Connaître sa littérature, c’est maîtriser un patrimoine nourricier de nos réflexions et de nos actions. Ne pas savoir qu’il y eut Rabelais, Montaigne, Molière, La Fontaine, Hugo (et Cervantès etc.) c’est marcher avec un handicap : on arrive, mais après les autres, qui au passage vous ont marché dessus.
Philippe Nassif a écrit un beau livre pour contrer le découragement qui nous assaille. «Les grandes promesses d’une lutte finale pour l’émancipation de tous ont été avalées par l’image et la consommation. Que faire?» Il suggère une «réforme de soi» pour se libérer de la médiasphère. Pour ce faire, il propose une «lutte initiale» (titre de son livre) pour «quitter l’empire du nihilisme» (sous-titre). Au lieu de se laisser emporter par le tempo déchaîné de la médiasphère, il suggère de s’en éloigner complètement et de trouver son propre rythme. De retrouver l’art de prendre le temps….
@ Agnes
J’aime beaucoup ta description de l’atomisation de la pensée.
La perte du sens global pour se concentrer sur le futile.
Tu pourrais même pousser plus loin. Avec notre super président qui pond une loi à chaque fait divers, l’exemple est direct.
Maintenant, y’a rien de neuf, non? C’était déjà comme ça aux élections précédentes il me semble…
Peut être le sens même du mot "politique" a-t-il effectivement changé. Mais ça date déjà des années 90.
Avant, faire de la politique, c’était proposer des idées (voire les appliquer) pour améliorer le vivre ensemble. Aujourd’hui, c’est se faire élire.
Quand j’étais gamin, on appelait ça "la politique politicienne". Aujourd’hui c’est la norme. Et il y a une raison simple à ça. C’est qu’en dehors de Mélenchon et Le Pen, personne ne semble croire qu’il peut réellement changer quoi que ce soit dans le système mondialisé sans se prendre une déculottée dans la guerre économique (qui est malheureusement bien réelle).
Alors plutôt que d’essayer de voir plus loin et de proposer des politiques courageuse pour limiter la casse, le jeu est de fausser les cartes et la vision d’ensemble pour se faire (ré)élire.
On vit vraiment une époque "No Future" à un point qu’on aurait pas osé imaginer il y a 20 ans.
à til.
T’es super agressif mon gars (vis à vis d’Hervé). Et je capte pas grand chose à ton discours…
Moi, si mes impôts permettent de faire vivre ceux qui n’ont pas, comme moi, la chance d’avoir un travail qui leur permet de bouffer, ben j’en suis ravi.
Et quand j’ai pas de taf, ça me permet d’avancer en bossant à mon développement personnel et j’en suis aussi ravi.
Faudrait penser à sortir du mode de pensée self made man qui ne se réalise que dans son boulot et pour qui "partage" signifie "assistanat.
Excellent post, relayé par une amie, et que j’ai relayé à mon tour.
Merci.
Autrefois on créait des sitcoms pour maintenir le téléspectateur attentif jusqu’à la prochaine séance de pub. Aujourd’hui on remplace ces petits films par des directs de situations, par des faits réels. Dans l’affaire de Toulouse on a parlé de tout sauf peut-être du vrai problème: des jeunes sans avenir, mis au ban de la société, qui cherchent leur destin dans un coup de folie. On dit que la misère fait le lit du communisme, on peut dire aussi que l’absence de perspective, l’impression de ne jamais pouvoir se hisser au rang des meilleurs, fait le lit d’un soit disant terrorisme. Qui est, au final, du terrorisme.
Et puis tout cela fait monter l’audience, fait,le lit des recettes publicitaires.
Mais sommes nous vraiment dupes? Savons- nous, voulons-nous savoir, qu’on nous manipule devant nos postes de télé, entre deux pub? N’est ce pas le plus important, que nous soyons toujours là au moment de la pub? Sachez nous captiver, dirigeants, hommes politiques, experts et journalistes, par n’importe quel moyen s’il le faut, et nous serons là!
Si cette campagne ne ressemble a rien, c’est peut-être parce que les équations n’ont pas toujours une infinité de solutions. Depuis la révolution française et bien avant cela, on cherche des solutions au problème des recettes / dépenses et l’histoire a montré que, par cycle, l’histoire se répète. Avons-nous épuisé toutes les solutions? Et ne sommes nous pas, tout simplement dépassés par des éléments , européens, mondiaux écologiques, sociaux et j’en passe? Tout élite que l’on soit, le jeu d’échec a ses règles et il a une fin. Alors quand les berges s’effondrent, il n’y a plus à dire. Ça me fait penser à ces programmes informatiques dont les conséquences, à l’exécution, dépassent l’intelligence humaine, deviennent ingérables et plus personne ne maitrise quoi que ce soit. La seule solution, parfois, c’est de le détruire. 🙂 ou détruire l’ordinateur 🙂