DADVSI vu de mon nombril!
Il y a quelques temps, Didier, d’Utopie, nous avait convié à un petit jeu amusant qui consistait à créer sa compil’ de musique rien qu’à soi.
Pour moi qui écoute assez peu de musique et en achète encore moins[1], trouver 22 morceaux cultissimes était une gageure. Mais, de fil en aiguille, je me suis rendue compte que bien des airs me trottaient dans la tête et que finalement, je pourrai bien dépenser une poignée d’euros pour me graver cette compilation de mes rêves. Grâce à la montée en puissance de la vente de musique en ligne à acheter titre par titre, créer sa propre sélection sans devoir se taper toutes des bouses qui sont sur le même album que le morceau choisi devient possible. Sauf que…
Les linuxiens sont tous de vilains pirates
Vous pouvez ratisser le web en long en large et en travers, il n’existe actuellement aucune plate-forme de téléchargement légale de musique compatible Linux. Même avec la carte bleue en embuscade sur le bureau, rien à faire : je ne peux pas acheter de musique en ligne… à moins de rebooter sous Windows!
Sauf que Windows, cela doit faire 3 mois que je ne suis pas allée dessus, et rien que l’idée de la quantité que mises à jour de sécurité et de bases de données anti-virus que mon OS devra télécharger avant d’être vaguement opérationnel me glace le sang. Et puis, soyons clair : tout mon environnement de travail est sous Ubuntu. Qu’est-ce que j’irais bien faire sous Windows, je vous le demande? Cela fait même quelques semaines que je me demande si je ne ferais pas mieux de libérer de l’espace disque en vidant le bubon de ma bécane. Sauf que je ne suis pas sûre de l’emplacement de mon Grub. Donc, j’y pense et puis j’oublie…
Bref, j’ai commencé par trouver bizarre de ne pas trouver une seule solution de téléchargement compatible Linux. Après tout, le Linuxien est un geek comme les autres, qui peut même éventuellement aimer la soupe sonore. Beaucoup d’entre eux sont des informaticiens bien payés, dotés d’un réel pouvoir d’achat : pourquoi les snober de la sorte?
Réponse simple : parce que Linux est un repère de pirates malfaisants. Entendez par là qu’ils utilisent des logiciels totalement indifférents à l’usage des DRM et qu’il n’est donc techniquement pas possible de limiter l’usage qu’un méchant Linuxien pourrait faire de la musique qu’il aurait, par ailleurs, légalement acquise. C’est même cette imperméabilité aux mesures de restrictions protections techniques qui fait aujourd’hui de chaque Linuxien un criminel en puissance au regard de la loi DADVSI, laquelle est entrée en vigueur[2] ce matin même. Il faut dire que l’été a toujours été la meilleure saison pour l’éclosion des lois à la con.
Parce que dans les faits, c’est en passant sous Linux que j’ai définitivement cessé de pirater.
Avant, c’était la course aux logiciels propriétaires. Pour rester dans le coup de l’inflationnite aiguë de version des logiciels pro à 1000€ pièce.
Quand vous recherchez un nouveau boulot, vous devez pouvoir présenter des compétences à jour, c’est à dire la maîtrise de la dernière version de tous les logiciels vedettes : Photoshop, InDesign, Pack Office, etc. Tant que vous êtes résidant en entreprise, c’est jouable : c’est la boîte qui banque (à prix d’or) l’incessant ballet des mises à jour logicielles. Mais une fois hors-circuit, pour rester dans la course avec des revenus réduits de moitié ou plus, impossible de raquer! Et sans le maintien à niveau des pratiques informatiques, pas d’espoir de boulot [3].
Donc, on pirate. Avec des remords. Mais on le fait. C’est ça ou la reconversion maçon|serveuse|manutentionnaire|masseuse à fin heureuse en interim.
Alors que sous Linux, l’idée même de piratage est stupide. Les logiciels sont libres. Ce qui ne signifie par forcément gratuits. Chaque utilisateur est libre de participer à hauteur de ses moyens à la vie des logciels qu’il utilise. Mon truc, c’est les rapports de bug et les suggestions de fonctionnalités. Ce n’est pas beaucoup, mais c’est ce que je fais de mieux…
Et cela me permet de travailler avec tous les outils dont j’ai besoin dans une philosophie qui me plait, sans cracker à tout rompre, sans me sentir comme un voleur de bas étage. Mais je n’ai pas le droit d’écouter de la musique légale. Même si je souhaite la payer.
Moi aussi, je connais des endroits où l’on peut écouter certains artistes et les rémunérer directement, mais ça ne marche pas pour les vieux classiques que je cherche.
Si, je connais au moins une plate forme de téléchargement qui est compatible Linux, c’est un label indépendant. Tout est écoutable intégralement chez eux. Et on peut acheter les morceaux en mp3 ou en wav !
Quand aux prix, c’est raisonnable, c’est en fonction de ce que vous estimez correct… Que demander de plus !
http://magnatune.com/info/whynotevi…
Pour être parfaitement honnête, tout n’est pas gratuit sous linux. Il y a aussi des logiciels commerciaux très chers: par exemple Shake ou Maya… bon certains diront qu’il existe bien Blender et Jahshaka pour les remplacer mais ça reste quand même un cran en dessous (enfin surtout Jahshaka qui est quand même buggé jusqu’à l’os). Je n’en suis pas moins d’accord avec toi sur le reste…
Peut être pas encore des classiques, mais à découvrir : http://www.jamendo.com/fr/
Grub se balade sur le premier secteur de ton disque et il y est très bien, et puis il y a des morceaux dans /boot/grub. Rien qui puisse t’empécher de percer ton bubon et de récupérer la place pour y mettre tes enregsitrements du chant des oiseaux.
Bien sur théoriquement on peut mettre les bouts de gruib dans le bubon et alors le percer est ennuyeux mais personne ne fait plus ça. C’était quand on l’installait à la main pour essayerThe Hurd, c’est dire si ça fait longtemps.
Sinon il y a RealPlayer (gratuit mais pas libre) qui tourne sous Linux. Aucune plateforme compatible avec lui?
Yves > Grub se balade sur le premier secteur de ton disque et il y est très bien, et puis il y a des morceaux dans /boot/grub.
-> Agnès:
– il y a dans le premier secteur du premier disque dur un bout de programme qu’on appelle un boot loader qui est lancé par le BIOS au démarrage de la machine; dans ce secteur, on trouve également la table des partitions du disque
– Comme un secteur fait 512 octets, Grub ne tient pas entièrement dans ce secteur, une seconde partie se trouve dans une partition. En l’occurence, il est probablement dans ta partition / ou /boot de Linux.
Tu peux donc 1. mettre à jour Grub pour virer la partition Windows qui y est listée 2. effacer la partition Windows et la réutiliser pour Linux, du genre /zizique 🙂
Je suis aussi un adepte du pingouin et cela ne m’empeche pas d’acheter et d’écouter de la ziq.
Je n’achète pas de musique en ligne, c’est tout.
si les abru… qui concoivent ces sites de téléchargements veulent se passer de ma clientèle, tant pis pour eux.
C’est le seul domaine ou on se fout royalement du client. Faut dire que le troupeaux de Windowsiens est nombreux….
ce qui est beau avec DAVSI, c’est que cela cristallise bien certains problèmes actuels :
l’informatique libre (et libertaire ;), fondée sur le système de la coopération humaine et de la méritocratie, risque de perdre face à l’informatique propriétaire, fondée sur le système de la concurrence humaine et du profit.
Normalement, on sait qui devrait gagner(firefox ou explorer? emacs ou bloc note 😉 ?) et porter en exemple ses fondements. Mais heureusement notre état, qui agit toujours en fonction du citoyen, pèse dans la balance pour favoriser son ami le système économique. vivement mai 2007 pour aller voter dans la joie et l’allégresse…
Guère besoin de mettre à jour grub pour virer windows.
D’abord il marchera fort bien sans modif, s’il est bien installé comme j’ai dit. Il n’y aura que l’entrée windows qui ne marchera pas.
SI on veut la virer il suffit de commenter la ligne adéquate dans /boot/fgrub/menu.lst.
Haa… Les ravages du DADVSI ! Voici un bien bel exemple de l’ineptitude (ça se dit?) de cette loi et des modèles économiques qu’elle est sensée favoriser.. (Enfin lorsqu’il est obligé d’avoir une loi idiote pour rendre viables des modèles économiques, c’est peut-être qu’il y a un problème stratégique quelque part, mais passons…)
Il reste une solution pour toi, Agnès : Emprunter les CD contenant les pistes que tu souhaites mettre sur ta compilation, et les encoder, toi-même, en mp3 ou en Ogg Vorbis, dans le cadre de l’exception pour copie privée.
Même si cette dernière est appelée à disparaître sur les futurs supports-révolutionnaires que nous concoctent nos amis industriels-de-la-galette, et que DADVSI a justement validé que "oui, les fabricants peuvent faire des supports qui empêchent toute forme de copie sans pour autant entraver le bon usage de l’exception pour copie privée…"(!), le CD reste encore copiable, et un emprunt chez un ami, ou dans une bibliothèque passe le test de la "source licite" (un bien belle connerie encore, mais indispensable à ce que nos amis arrivent un jour à nous louer des films de la musique numériques…).
Donc fonce ! Emprunte, prends une carte de médiathèque s’il le faut (il faut en profiter, bientôt les media seront incopiables, voire impossibles à lire par quelqu’un d’autre que l’acheteur, bonjour les mediathèques dans 10 ans !)… ou sinon à force d’explorer Jamendo, musique-libre.org, magnatune, etc… tu finiras bien par dégotter 22 nouveaux "classiques" ! 😉
Merci pour ce billet.