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1 mars 2006

Un bien joli nom pour une compagne fidèle de l’humanité. Car il ne faut pas oublier que c’est nous qui vivons chez les virus et les bactéries, pas l’inverse.

Les rois de la planète Terre, l’espèce dominante, ce n’est bien sûr pas l’homme, mais bien les micro-organismes auxquels le reste du vivant a du s’adapter pour survivre. Ils sont partout, dans l’air que nous respirons, sur notre peau, et certains même vivent de manière symbiotique avec nous, comme la fameuse flore intestinale, colonie bactérienne qui a à coeur de finir de dégrader les nutriments que nous ne pouvons assimiler.

Une longue cohabitation

Cette co-adaptation multi-millénaire, puisqu’elle remonte à l’aube de la vie sur Terre nous a permis de prospérer sur notre planète et constitue, comme le rappelle La Guerre des Mondes, la meilleure des barrières naturelles, puisque tout organisme exobiologique est condamné à brève échéance, car non immunisé contre notre environnement viral et bactérien. Mais cette cohabitation quasi-pacifique a un prix, celui d’ajustements douloureux aux mutations de nos hôtes. Car la vie, ce n’est pas la stase, c’est l’évolution permanente. Donc régulièrement, nous nous retrouvons face à une version un peu plus agressive d’un virus ou d’une bactérie connus. Pour l’influenza, il semblerait qu’elle ait des cycles de virulence irréguliers mais récurrents. Une souche un peu plus trappue que les autres fait alors le tour de la planète et remet les compteurs de l’immunité à zéro. Beaucoup de gens ont en mémoire l’épisode de la Grippe Espagnole, qui toucha la moitié de l’humanité et fit entre 20 et 40 millions de victimes au lendemain de la Première Guerre Mondiale. Mais il y eu aussi d’autres épisodes pandémiques virulents dans les années 50-60, dates auxquelles on signale la première apparition de la souche H5N1.

On peut toujours se dire que depuis cette époque la médecine a progressé à pas de géant. Il est vrai que la diffusion des antibiotiques a permis de gagner quelques manches contre les infections bactériennes. Mais comme je l’ai déjà dit, le vivant, c’est le mouvement, aussi l’augmentation des souches bactériennes résistantes à un nombre croissant d’antibiotiques annonce quelques revers futurs pour l’humanité.
Pour ce qui est des virus, nous avons certes quelques antiviraux et la grippe de Hong Kong de 68 nous a permis de faire de gros progrès sur la mise au point de vaccins, mais disons-le tout net, nous restons très vulnérables face aux risques pandémiques, pour deux raisons principales : le temps de mise au point d’un vaccin efficace par rapport à la vitesse de propagation virale et notre mode de vie.

Au royaume des virus…

l’humain est le serviteur le plus zélé. Notre mode de vie qui tend à rassembler de fortes concentrations de population humaine sur les mégapoles et à développer des moyens de transport collectifs à large champ d’action est du pain béni pour les virus. Un virus, comme la plupart des organismes vivants, doit se reproduire. Or, il ne peut le faire qu’en colonisant un autre organisme et en forçant les cellules de celui-ci à produire d’autres exemplaires de lui-même, en lieu et place de leur programme initial. Il s’agit là d’une double contrainte : infecter suffisament d’organismes pour assurer la survie de la souche, ce qui signifie de ne pas tuer trop vite l’hôte, sous peine de ne pouvoir se répandre. Il y a encore un siècle ou deux, un virus d’humain ne devait pas être trop pressé. Il lui fallait se déplacer au rythme de la marche à pied de son vecteur et au mieux à la vitesse d’un cheval. Les populations étaient peu denses et très dispersées. Pour aller d’un bled à l’autre, mieux valait avoir une longue période d’incubation.
Maintenant, c’est le bonheur : une journée peut suffire à aller d’un bout à l’autre de la planète, et l’hyper-densité permet de faire un carton à chaque sortie. Un seul éternuement dans un métro bondé et c’est 100 ou 200 porteurs potentiels d’un coup. Je pense que les virus adorent notre civilisation.
Quoi qu’il en soit, la grippe aviaire actuelle n’est qu’en phase d’épizootie, c’est à dire qu’elle se répand prioritairement via les animaux. Elle semble très virulente, c’est à dire qu’elle a tendance à tuer assez rapidement son hôte, qui, heureusement pour elle, est un oiseau, ce qui permet de parcourir une distance honorable avant que l’hôte ne décède. Pour l’instant, les passages de l’oiseau à l’homme sont très marginaux, cependant, plus le virus se répand dans la population aviaire, plus les risques de contamination humaine augmentent et plus les probabilités que le virus mute vers une forme humaine se précisent. D’où le principe de précaution, qui consiste à limiter au maximum l’épizootie, pour casser la chaîne des contaminations avant le passage à l’homme.

Car même si nous avons quelques antiviraux à disposition, même si nous savons fabriquer un vaccin à partir de la future souche humaine, il ne faut pas se leurrer, si la barrière spécifique tombe, nous allons quand même morfler. Parce que les antiviraux ne peuvent qu’atténuer les symptômes de la grippe et limiter les risques de complications (qui sont souvent morbides) et qu’entre la découverte de la potentielle souche humaine et la mise sur le marché de doses vaccinales en quantité suffisante, il va se passer dans les… 6 mois. Autant dire que nous paierons de toute manière le tribu adaptatif. Nous tentons juste de négocier une remise.

Si certaines limitations sur les brevets pharmaceutiques tombent, nous pourront probablement produire plus de vaccins, plus vite et moins cher. Mais je ne pense pas que la santé publique générale puisse prendre le pas sur les intérêts économiques particuliers. Il n’y a qu’à voir la gestion d’autres épidémies, comme la Chikungunya, identifiée en 1953 mais sur laquelle aucune recherche n’a été conduite, car touchant des populations non solvables. Et malgré son retour à la Réunion il y a près d’un an, tout le monde s’est plus ou moins rejeté la charge du financement d’une campagne de démoustication précoce… avec les conséquences que l’on connait. De la même manière, la maladie qui tue le plus dans le monde, c’est le palu. Pourtant, on sait prévenir et soigner… mais pas les populations qui ne paient pas. Comme pour le SIDA et toutes les autres calamités modernes.

Car ce qui compte, ne vous y trompez pas, c’est la préservation des intérêts économiques supérieurs!

Nous ne produiront pas assez d’antiviraux tant que les labos qui possèdent le brevet ne céderont pas des concessions aux labos spécialisés en produits génériques et qui sont, eux, prêts à produire en très grandes quantités et à moindre coût.
Nous ne limiterons pas la propagation du virus aviaire tant que les pouvoirs publics penseront plus aux intérêts de la filière avicole qu’à l’aspect sanitaire général. Dans mon bled, volailles et palmipèdes coulent des jours heureux à gambader dehors, parce que leurs éleveurs sont plus préoccupés par leur bilan comptable que par l’éventualité floue d’une pandémie dont ils ne discernent pas les tenants et aboutissants. Il n’y a que depuis quelques jours que les mentalités bougent un peu et que les aviculteurs, bien qu’ils diposent toujours d’une dérogation de sortie des volailles (si, si…) commencent à rentrer les animaux pendant que les gendarmeries, les mairies et les services vétérinaires se mettent enfin à contrôler les élevages déclarés et à tenter de comptabiliser les poulaillers de particuliers. Que de temps perdu!

Mangez du poulet!

Surtout, maintenir les ventes!
Confinons les volailles. Mais comment expliquer la contamination d’un élevage pourtant théoriquement déjà confiné?
Il n’y a pas de risque de contamination par ingestion. Mais quid du chat mort après avoir boulotter du volatile infecté?
S’il n’y avait déjà eu les précédents du nuage de Tchernobyl[1], de la crise de la vache folle[2], du sang contaminé[3] ou de l’amiante[4], je n’aurais pas de raison particulière de ne pas croire le discours officiel…

Sauf que j’ai la sensation persistante que comme d’habitude, la crise est gérée en fonction des intérêts économiques et non de faits scientifiques.
Mais c’est sûrement parce que je suis une grosse parano…

Notes

[1] Mangez des légumes, le nuage a fait le tour de nos frontières

[2] Bouffez du bœuf, tout va bien

[3] Puisqu’on vous a dit qu’on a tout bien chauffé

[4] Mais non, vous n’avez rien, juste un mauvais rhume

20 Commentaires

  1. Intérêts économiques, dis-tu ?? Ben ouais .. tu es parano. Les entreprises se soucient toujours de notre santé et notre nien-être. La preuve, il parait que 95% des scientifiques travaillant sur les OGM sont employés par des firmes des biotechnologies et de l’agro-alimentaire (selon un docu sur Arte). S’ils voulaient pas notre intérêt, pourquoi ces firmes dépenseraient-elle des sommes colossales à employer des scientifiques de haut-niveau*.

    • haut niveau scientifique je veux dire…quand au niveau moral et éthique, reste à voir.
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  2. Une folie

    Ce midi, à la cantine (restaurant d?entreprise), j?ai mangé du poulet. J?ai eu un doute soudain, puis je me suis dis que les deux principales causes de mortalité en France, sont les maladies cardio-vasculaire et les accidents de voiture. Il…

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  3. Bouffez du poulet ! Bien sûr, du moment qu’on le mange pas cru… Ben ouais, le virus ne résiste pas à la température normale de cuisson. Oh pis zut, on a quand même du bol, je trouve, de n’avoir plus à faire face aux horreurs de la peste noire (dite aussi bubonique), qui décima au 14e siècle le quart (!) de la population européenne, de la lèpre, de la variole, de la scarlatine, sans oublier le choléra, la dysentrie, la coqueluche, le tétanos, la tuberculose, la polio et j’en oublie certainement tout un tas… Malheureusement, la pléthore de pandémies dévastatrice qui nous décima des millénaires durant n’a pas suffit à nous apprendre la modération ni la sagesse… Ni à limiter notre croisance démographique digne des rats !

    Alors bon, il me parait évident que dans les décennies à venir, nos modes de vie abracadabrants et notre surpopulation ne peut que déboucher sur quelques bonnes petites épidémies salvatrices pour notre biosphère et la survie de notre espèce en général… Que du bonheur en perspective !

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  4. La plupart des maladies que tu sites comme appartenant au musée des horreurs continuent à faire de forts belles carrières dans l’Afrique contemporaine!

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  5. « Mais quid du chat mort après avoir boulotter du volatile infecté? »: j’imagine que le chat a mangé cru le volatile, sans le faire cuire préalablement sur sa plaque à induction. C’est donc juste un probleme de « malbouffe » chez les chats 🙂

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  6. Pour l’instant, la grippe aviaire ne me fait pas paniquer plus que ça. Le chat n’a pas bouffé du volatile, il a reniflé de la fiente infectée. Je mange déjà rarement du poulet cru, mais je renifle encore plus rarement les merdes d’oiseaux ! Quant à la vache folle, que certains voyaient déjà comme un truc horrible qu’on allait tous chopé rien qu’en regardant la viande du Leclerc à travers la vitrine, y a eu combien de victimes humaines, en tout ?

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  7. Un prion n’est pas un virus, pas assez de recul scientifique pour pouvoir prévoir. Combien il y aura de victimes est une question plus appropriée, si on ne meurt pas d’autres chose avant…

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  8. Je confirme ce que dit Louis : avec une latence de 15 ou 20 ans, les responsables de cette gabegie seront vieux ou morts quand ça va nous péter à la gueule

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  9. Agnès> Ah ben oui, je sais, pis en Inde aussi, enfin un peu partout dans les restes du monde, hein… Mais quelle importance ? C’est comme la chik… Tant que ces saloperies ne frappent pas à nos portes, tout va bien ! 🙂

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  10. Bonjour.

    Cela fait quelque temps que je lis ce blog dont j’apprécie la qualité. D’habitude, je suis entièrement d’accord avec ce que tu écris donc j’acquiesce en silence. Pour une fois que je ne suis pas d’accord, je me sens obligé de réagir.

    Alors voilà :

    Je ne crois pas que les intérêts économiques soient la principale cause de la mauvaise gestion politique de cette histoire de grippe aviaire. Pour une fois, je ne rejette pas la faute sur le capitalisme mondialisé. Il a assez de casseroles pour qu’on lui épargne celle là.

    Je crois que le problème, c’est que notre société, et plus particulièrement notre système politico-médiatique, est totalement incapable de gérer le doute scientifique. Habitué au matraquage de vérités simplificatrices, les médias et leur public ont du mal à appréhender la complexité du monde sans sombrer dans les excés. Dans ce cas, l’excès est à mon avis une psychose irrationnelle. Parfois, l’excès est la culpabilisation des chômeurs ou la croyance en la nécessité de la réforme des retraites.

    Et puis sur cette histoire de nuage de Tchernobyl, il faudrait enfin rétablir la vérité et arrêter de sombrer là aussi dans les excés simplificateurs. Le Service Central de Protection contre les Rayonnements Ionisants n’a jamais prétendu que le nuage n’avait pas passé la frontière. Il a juste affirmé que le surplus de radioactivité n’avait pas de conséquence sur la santé. Un communiqué mal rédigé du ministère de l’Agriculture, monté en épingle par les médias, est la cause de cette légende urbaine tenace. Voir par exemple : ICI

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  11. Et le sang contaminé? Il ne s’agit pas du cas bien spécifique d’un arbitrage entre santé publique et impératifs économiques? Et pour le chikungunya? Quand j’ai entendu l’autre buse dire que l’épidémie était imprévisible, j’ai cru m’étouffer. L’augmentation des cas enregistrés a été croissante depuis près d’un an, puis exponentielle sur les 4 derniers mois. Quand j’ai écrit le billet dessus, on avait franchi le seuil épidémique depuis un moment. Et les Comores, touchées en premier, permettaient de bien voir que cette saloperie se répandait bien. Mais voilà, qui allait payer la démoustication?
    Tu dis qu’on ne peut coller au libéralisme la responsabilité des dérapages de santé publique. J’ai déjà écris un billet très documenté sur la manière dont le capitalisme libéral prend en charge la variable de la vie humaine. Cela devrait t’ouvrir un peu les yeux sur la nature même du dogme qui nous gouverne tous.
    Quant à la gestion de la grippe aviaire, je la suis depuis juillet 2005. Je vis dans une région très avicole. Et je peux te dire que vu d’ici, on voit bien où vont les priorités. En plus, tout ceci est prévu depuis au moins 2 ans, donc, je ne vois pas où peut être l’effet de surprise. Les atermoiments auxquels nous assistons quand à la manière dont il convient d’appliquer le principe de précaution ne sont dus qu’à la réelle volonté de préserver les intérêts économiques avant tout.
    gestion de la pandémie, prévisionnel d’août 2004
    Protocole grippe aviaire, 18 juillet 2005
    mai 2005
    Et le top : le plan gouvernemental d’octobre 2004

    Réponse
  12. Je ne sais pas grand chose du DDT. J’ai donc lu ça, entre autre, pour me faire une opinion. Je ne sais toujours pas. A court terme, ça a l’air efficace, et ça peut sauver des gosses qui sont loins d’avoir une espérance de vie de 20 ans. A long terme… on ne sait rien. Je pense que si je vivais en Zone impaludée, je préfèrerais de loin que l’on sauve mon gosse ici et maintenant, plutôt que de prôner la sauvegarde éventuelle de l’environnement pour des plus tard que ni moi ni mes gosses n’ont de grandes chances d’atteindre…

    Réponse
  13. Agnès> Tu dis qu’on ne peut coller au libéralisme la responsabilité des dérapages de santé publique.

    Non je ne dis pas ça. On peut coller au libéralisme la responsabilité de certains dérapages de santé publique. Le sang contaminé en est un bon exemple. Mais je parlais de la grippe aviaire pour laquelle, à mon sens, il n’y a pas eu de dérapage (pas encore ?).

    Dans le cas du sang contaminé, le sang avait été distribué pour des raisons économiques après que les risques de contamination ont été scientifiquement démontrés.

    Mais dans le cas de la grippe avaire, la situation est différente. Il s’agit de gérer le doute scientifique car les mécanismes de contamination ne sont pas parfaitement connus. En tout cas, il semble bien que la transmission ne se fasse pas via la chaine alimentaire. Il s’agit donc d’évaluer les risques et d’appliquer si besoin le principe de précaution sans créer la psychose. La tâche est difficile.

    Il semble que tu sois favorable à une application très stricte du principe deprécaution. Souhaites-tu qu’on arrête de vendre du poulet dès aujourd’hui ? N’est-ce pas un peu prématuré ?

    Prendre la voiture ou le vélo comporte un risque, est-ce une raison pour arrêter de se déplacer ? Faire du sport comporte un risque, est-ce une raison d’arrêter de se faire plaisir ?

    La question du principe de précaution est délicate car il est difficile d’évaluer le seuil de risque acceptable.

    Réponse
  14. Selon l’OMS, les contaminations de félins se sont faites par ingestion de viande crue de volailles contaminées -> http://www.who.int/csr/don/2006_02_28a/fr/index.html
    Certes, on pourra toujours objecter que nous cuisons nos aliments et mangeons plus « proprement » qu’un chat, que les volailles infectées ne sont pas sensées se trouver dans le circuit de distribution. Ceci dit, il y a encore 3 jours, j’ai entendu des « experts » déclarer qu’il ne pouvait strictement y avoir de contamination par voie ingestive, y compris de viande crue… Pourtant l’info de l’OMS sur les précautions à prendre en cuisinant les volailles datent du 21 novembre dernier : http://www.who.int/features/qa/29/fr/

    Réponse
  15. salut agnès,
    je fais hors sujet, désolé, mais après la braderie sncm, voilà les soldes chez gdf. perso, m’en fout, suis ni actionnaire ni usager. mais suis sidéré par les facultés de nos gouvernants actuels à « captiver » les joyaus de la couronnes. la grippe aviaire, n’est ce pas un rideau de fumée médiatique ? o loup, la grippe aviaire, à eux le pactole des biens publics.

    Réponse
  16. Off-Topic

    -Pierre Marcelle à écouter de toute urgence chez Mermet.

    Réponse
  17. Il semble effectivement que sur ce sujet OMS et l’AFSSA (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments) ont des avis divergents.

    Extrait du communiqué de l’OMS du 28/02/06:

    On pense qu’à chaque fois, l’origine la plus probable de l’infection a été la consommation par l’animal de viande de volaille contaminée.

    Extrait du communiqué de l’AFSSA du 23/02/06:

    {{la contamination par voie digestive stricte reste non formellement démontrée chez les mammifères (félins et homme) (donc estimée de nulle à négligeable), car le risque théorique d’infection par voie oro-pharyngée n’a jamais été conforté par les données épidémiologiques chez l’Homme. En effet, les rares cas documentés où une contamination pourrait faire suite à l’ingestion de volailles ou de sang de volailles ne permettent pas de faire la distinction entre la voie digestive et la voie orale au sens large, incluant la voie respiratoire.}}

    Considérant les conditions de préparation des volailles destinées à la consommation (plumée, vidée, chaîne du froid, abattage des élevages où le virus a été détecté, etc…), l’AFSSA considue de considérer le risque négligeable pour le consommateur.

    Que faut-il en déduire ? Que l’AFSSA est vendu au lobby des aviculteurs ? Que l’OMS est trop alarmiste ? Ou que nous nageons en plein doute scientifique ?

    Je ne cherche pas à nier que la situation soit préoccupante. La transmission du virus de l’oiseau au chat est en soi inquiétante. Mais je considère toujours que manger un poulet frite n’est pas un acte suicidaire.

    Réponse
  18. Je pense juste qu’en tant qu’agence gouvernementale, l’AFSSA est légèrement plus sensible aux « particularismes locaux ». En France, le mot d’ordre est actuellement : sauvons la filière avicole. Mais on ne débloque pas de somme significative pour indemniser ceux qui vont fatalement perdre leur outil de travail. Ce qui implique 2 choses :

    1. Qu’on compte sur le maintien de la demande intérieure pour soutenir la filière, alors que le gros du CA, à l’export est clairement menacé
    2. Qu’en l’absence d’un dédommagement à hauteur des pertes, les probabilités pour qu’un certain nombre de producteurs temporisent avant de déclarer la contamination de leur élevage est plutôt forte
    Réponse
  19. Un peu de lecture : pour diversifier les sources d’information, parce que bonjour la qualité des infos des medium classiques (télé, radio, journaux).

    Citation: Qui est le dindon de la farce ?

    Le rôle central de l’industrie de la volaille dans la crise de la grippe aviaire c’est un peu long mais très instructif : http://www.grain.org/briefings/?id=195

    Ou encore : On chope la grippe avec du poulet? Peut-on attraper le H5N1? Le tour de France des psychoses et des peurs irrationnelles.

    C’était lundi, à Marseille, à l’arrivée du car-ferry Méditerranée en provenance de Tunis. Cinq oiseaux sont trouvés morts sur le pont. Le commandant du navire décide de consigner les 450 passagers à bord, le temps de procéder à l’enlèvement des cadavres. En ces temps de migration, il arrive que des volatiles meurent d’épuisement sur les ponts des navires, ou après y avoir heurté un obstacle, mais la SNCM ne veut prendre aucun risque. Equipés de combinaisons de protection, des membres de l’équipage ramassent les animaux morts qui sont aussitôt envoyés à la direction départementale des services vétérinaires pour analyse. Puis ils nettoient et désinfectent les ponts ­ une opération qui prend quelques heures ­ avant de «libérer» les passagers. Mercredi, après analyses, la préfecture des Bouches-du-Rhône a fait savoir que les oiseaux n’étaient pas porteurs du virus de la grippe aviaire, le fameux H5N1. «Oiseaux». Hitchcock aurait pu en faire une suite de son célèbre film les Oiseaux. Depuis la découverte, il y a deux semaines, d’un canard mort de grippe aviaire dans la Dombes (Ain), puis, quelques jours plus tard, d’un élevage contaminé dans la même zone, les services d’urgence croulent sous les appels de promeneurs, de propriétaires d’animaux ou de parents inquiets. Parfois même affolés. «J’ai un oiseau mort dans mon jardin, qu’est-ce que je dois faire ?» «Mes enfants peuvent-ils partir en classe verte ?» A en croire la préfecture des Bouches-du-Rhône, les services vétérinaires, les pompiers et la police de Marseille reçoivent chaque jour 70 à 80 appels sur le sujet. Idem à Bordeaux. Environ 70 communications pour la seule journée d’hier, considérée comme une «petite journée». «La semaine dernière, on a eu jusqu’à 200 appels le même jour», souligne un responsable. A Toulouse, le téléphone de la mairie ne cesse de sonner. «Même les employés de la voirie qui jetaient jusqu’alors les cadavres de pigeons dans la benne à ordures se mettent à nous appeler», raconte Christian Raoust, adjoint au maire.

    «Est-ce que je peux attraper la grippe en mangeant du poulet ?» La question était cette semaine au hit-parade des appels adressés au numéro vert «grippe aviaire info», mis en place par le gouvernement: 080 825 302 302 (0,15 € la minute). Après avoir atteint en début de semaine un pic de 5 000 appels, le «baromètre de l’angoisse» semble amorcer une baisse, avec «seulement» 1 200 appels enregistrés hier. L’inquiétude aurait pu virer à la psychose quand, mardi, un chat a été retrouvé mort du H5N1 en Allemagne. Mais il semble que ce soient les oiseaux qui cristallisent le plus la peur.

    Entraînant des comportements souvent irrationnels, sans doute exacerbés par les cris d’alarme des organisations internationales relayées par les médias, en tout cas clairement disproportionnés par rapport à la réalité de la menace. Petit tour de France des anecdotes.

    LPO. A Strasbourg, la Ligue de protection des oiseaux (LPO) a enregistré des cas d’empoisonnement de rapaces, pour lesquels des enquêtes sont en cours, et quelques «réactions extrêmes». Ainsi un habitant du Haut-Rhin a-t-il pris contact avec l’association pour se plaindre d’une chouette chevêche, espèce protégée. L’oiseau, qui niche à proximité de sa maison, a l’habitude de se poser sur la gouttière de sa toiture. «Vous vous occupez de ça, sinon je m’en charge moi-même, et ce sera du travail vite fait…» a menacé l’homme. Dans le Bas-Rhin, c’est une femme qui a exigé que l’on démonte le nid de cigogne installé sur un pylône électrique près de chez elle. «Globalement, explique Christian Braun, à la LPO, les gens sont mal informés. Beaucoup d’instituteurs nous appellent sur interpellation des parents d’élèves au sujet des oiseaux de proximité, hirondelles, mésanges, rouges-gorges, alors qu’il n’y a aucune raison de s’alarmer.» A la direction des services vétérinaires (DSV) du Loiret, on note une tentation de délation. «Une dame m’a appelé pour dénoncer son voisin qui laissait ses trois poules en liberté», se souvient un technicien. «Elle craignait d’être elle-même contrainte au confinement…»

    Dans la banlieue de Lille, Josette, 80 ans, avait depuis toujours des petites poules de Barbarie courant librement dans son jardin. Mais la séparation avec le jardin du voisin n’est pas étanche. Celui-ci lui a sèchement téléphoné la semaine dernière lui enjoignant «de les supprimer». Il craignait pour ses deux filles qui jouent régulièrement avec les volailles. Josette a obtempéré et téléphoné à un neveu chasseur. Celui-ci a tiré les poules l’une après l’autre et les a enfermées dans un grand sac plastique pour s’en débarrasser. Les bestioles sont mortes pour rien. Le voisin a toujours des moineaux, corbeaux et autres pigeons qui visitent son jardin…

    Pompiers. Valérie, elle, a découvert le 22 février, à Paris, un pigeon mort sous sa fenêtre, gisant dans la gouttière. Ne reculant devant rien, elle appelle les pompiers. Vu le sérieux de l’affaire, ceux-ci préfèrent s’en remettre aux autorités concernées : ils lui conseillent d’appeler le 3975, numéro mis en service par la mairie de Paris. Là, l’interlocuteur semble sérieux et compétent : «N’ouvrez pas votre fenêtre, ne touchez surtout pas à l’oiseau. Nous transmettons aux services sanitaires.» Deux jours plus tard, elle n’a toujours pas de nouvelles. Et se risque à aérer son appartement. Huit jours après, toujours rien. En revanche, le pigeon a été dévoré par les corbeaux. Qui, n’en doutons pas, ont attrapé la grippe aviaire.

    Dans les écoles, la psychose n’est pas loin. Dans le Val-d’Oise, l’une d’elles vient d’interdire le poulet à la cantine. Dans le XVIIIe arrondissement de Paris, le directeur d’une école élémentaire a enjoint mardi à tous les élèves de se regrouper sous le préau pendant qu’il enfilait un masque et des gants pour ramasser un pigeon découvert mort dans la cour. Il a ensuite glissé l’animal dans un sac en plastique et confié celui-ci aux services vétérinaires de la ville appelés en urgence.

    A la Bibliothèque nationale de France, à Paris, un homme s’est hier soudainement penché au-dessus des jardins, où de grands arbres bruissaient d’oiseaux. Il a tenté de les disperser en claquant des mains et en hurlant. Voyant qu’il n’y parvenait pas, il s’est mis à les insulter : «Salauds d’oiseaux !» Au bout d’un quart d’heure, les vigiles ont été obligés d’intervenir pour le calmer…

    Cygne. A Lyon, à quelques dizaines de kilomètres de la Dombes, un cygne échappé d’un parc s’est pris mercredi les ailes dans les lignes de trolleybus. Il a fini par se crasher, sonné, sur le pont Lafayette, en plein centre-ville. Accident bête et presque banal. Sauf dans le contexte actuel. Témoins, les très nombreux coups de fils reçus par les pompiers après l’incident. Pour faire face à ces inquiétudes, le préfet du Rhône a décidé de mettre en place à partir d’aujourd’hui un numéro destiné à centraliser toutes les questions de la population (081 10 006 69).

    Dans l’Ain, la cellule d’information installée il y a deux semaines doit parfois faire face à des interrogations surprenantes. «Est-il encore possible d’organiser des rassemblements dans une salle des fêtes ?» Ou encore : «Savez-vous à quelle date se terminera l’épisode de grippe aviaire ?» Le docteur Hervé Zacharie dit constater «une peur, mais une peur maîtrisée» : «Les gens s’inquiètent notamment lorsqu’ils ont de jeunes enfants. On leur explique qu’il faut éviter le contact avec des oiseaux, garder les chats confinés, des mesures de bon sens…»

    source : http://www.liberation.fr/page.php?Article=364132

    Enfin :

    Un chat retrouvé mort sur l’île de Rügen, dans le nord-est de l’Allemagne, était porteur d’une forme du virus H5N1 de la grippe aviaire, a annoncé mardi le laboratoire allemand de santé animale…. Ile Rügen? : cette île est à proximité d’une autre île (15 km à vol d’oiseau) où se trouve un des principaux centres allemands d’expérimentation biologique (île de Riems) c’est apparemment le fameux laboratoire à côté de Rügen qui fait des recherches sur la grippe aviaire et les vaccins. Certains l’avaient suspecté d’avoir laissé « s’échapper » quelque chose qui expliquerait la forte mortalité de cygnes juste à côté…

    Je pense que ce « petit detail » aucun media classique n’en a parlé

    Réponse

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