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25 janvier 2005

C’est en ces termes de Condoleeza Rice, la nouvelle secrétaire d’État de l’administration Bush a parlé des tsunamis de Sumatra le mardi 18 janvier 2004

C’est l’histoire d’un gars qui est train de tomber d’un immeuble et qui, à chaque étage, répète "Jusqu’ici, tout va bien"![1]

C’est aussi l’histoire de notre civilisation. OGM, Guerre en Irak, modifications climatiques, pollution, nombreuses sont les personnes qui ne cessent d’alerter l’opinion publique, l’humanité du mur dans lequel elle se précipite, mais rien n’y fait. L’homme de la rue s’accroche à ses illusions, admet qu’il y a bien quelques problèmes, craint pour son pouvoir d’achat, reconnaît qu’on lui ment et s’empresse d’oublier et de réélire les mêmes, parce qu’au fond, il n’a pas envie de tout remettre en question, qu’il ne ressent pas l’urgence et que jusqu’ici, tout ne va pas encore trop mal!

Condoleezza Rice était interrogée par la commission sénatoriale des relations étrangères lors d’une audition destinée à confirmer sa nomination au poste de secrétaire d’État.

Un des membres de la commission, le sénateur républicain de l’Ohio George Voinovich, a évoqué l’action des États-Unis dans les pays touchés par le tsunami. "Je pense que ce que nous faisons actuellement par rapport au tsunami est merveilleux", a-t-il déclaré.

Condoleezza Rice a alors répondu: "Tout d’abord sénateur, je suis d’accord avec le fait que le tsunami a été une merveilleuse occasion de montrer, au-delà du gouvernement des États-Unis, le cœur du peuple américain". "Et je pense que les dividendes en ont été importants pour nous", a-t-elle ajouté.[2]

Pour ceux qui n’était pas sur la planète Terre ces 4 dernières années, rappelons que le précédent Secrétaire d’État[3] était Colin Powell, considéré là-bas comme une colombe face aux faucons[4] de l’administration Bush dont Condo’ Rice est une digne représentante. Condoleeza Rice, c’est aussi cette femme qui a fustigé la vieille Europe et a clairement dit que les Français devraient un jour payer le prix de leur opposition à la croisade contre l’Irak, ce qui rend inquiétante sa nomination présente. Et c’est cette même femme qui se réjouit de la merveilleuse opportunité que représente la catastrophe de l’Asie du Sud-Est pour la politique étrangère américaine, totalement indifférente à ce qui n’est pas de l’ordre de son intérêt immédiat, comme les morts, 280 000 à ce jour, les orphelins, les nouveaux pauvres et autres victimes de ce désastre.

Mais le cynisme de cette digne représentante de la classe dirigeante actuelle, tant aux USA que dans les autres démocraties avancées et industrialisées du monde ne s’arrête pas à quelques détails sordides.

Nous allons répandre la liberté et la démocratie à travers le monde[5]

Quand on voit comment cela se passe actuellement en Afghanistan et en Irak, on a plutôt envie que leur politique missionnaire s’arrête là!
Pas démontée pour un sou, elle continue sur sa lancée en refusant de condamner les pratiques de tortures avérées des forces américaines, parce que ce ne serait pas bon pour la sécurité des Etats-Unis. Autrement dit, on va porter la démocratie aux autres, mais selon nos critères et nos besoins. Quant au sempiternel conflit Israëlo-Palestinien, elle y voit une opportunité et nous devons la saisir…. Voilà la reine des opportunités. Partout où ça meurt, partout où ça souffre, il y a surtout des opportunités pour les USA! Cela nous éclaire singulièrement sur la cohérence de la politique internationale selon l’oncle Sam.

Et quand cela ne souffre, ne se bat ou ne meurt pas assez pour dégager de belles perspectives pour madame Rice?

Rien de plus simple, on crée de nouveaux conflits, pour entretenir la machine à faire du fric sur la guerre perpétuelle[6], et on définit son nouvel axe du mal, avec l’Iran en ligne de mire. Après les armes de destruction massive, dont même Bush a reconnu implicitement la non-existence, voici l’arsenal nucléaire secret des Iraniens, car c’est bien dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes. J’imagine bien Condo se pointer au Conseil de Sécurité avec de jolies animations en images de synthèse et des photos satellites floues pour prouver le bien fondé d’une nouvelle petite guerre entre amis. Il lui faudra par contre faire un peu de muscu si elle veut agiter une petite ogive nucléaire iranienne sous le nez de ces homologues, à moins d’en faire une reconstitution fidèle en carton-pâte. Et surtout, être aussi sourde que Powell chaque fois que le reste du monde s’opposera à ses thèses belliqueuses ou que les faits viendront contredire ses positions. Mais qu’importe la vérité, la justice ou la démocratie? Les Irakiens en savent quelque chose…

Notes

[1] Ouverture du film de Matthieu Kassovitz, La Haine

[2] Condoleeza Rice devant la commission sénatoriale des relations étrangères, extrait.

[3] L’équivalent du ministre des Affaires étrangères chez nous, mais là, il s’agit des Maîtres du Monde

[4] Les faucons seraient des va-t’en guerre quand les colombes bosseraient pour la paix. Je me souviens encore de Powell qui exhibait devant le Conseil de Sécurité de l’ONU des shémas idiots et des fioles de poudre blanche pour convaincre le reste du monde de partir en guerre contre Saddam et ses fameuses armes de destruction massive… Ca augure bien de ce que peut être un faucon dans l’esprit de ces gens-là!

[5] Condoleeza Rice promet une offensive diplomatique, le grand oral de Condo, vu par RFI, le 19/01/2005

[6] Rendons à Michael ce qui est à Moore! C’est à son film Fahrenheit 9/11 que j’ai emprunté cette expression particulièrement pertinente, tant la prétendue guerre contre le terrorisme n’est, en fait de pax americana qu’une perpetua bella, une guerre éternelle qui va se nourrir de la pauvreté dans laquelle le libéralisme est en train de nous plonger collectivement et aussi de la chair de nos enfants! Un film à voir, j’y reviendrai dans un autre billet pour comprendre à quel point il n’y a pas d’outrance dans mes propos. Lire aussi un billet de Michael Moore à ce sujet.

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