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La route du rhume

Par Agnès Maillard
19 janvier 2005

Ne me dites surtout pas que le rhume est anodin, ça me rend méchante… spécialement quand j’ai le nez bouché.

Le rhume est un sale petit virus tenace qui vous prend la tête une semaine si vous ne faites rien pour le combattre et 7 jours si vous vous soignez. Éternuements dans la face, embrassades reniflantes et poignées de mains suspectes sont les principaux vecteurs de la maladie de l’hiver. J’ai beau fuir les gens comme la peste et le choléra réunis, y a toujours un petit malin peu avare de ses miasmes qui parvient à me contaminer. Et là, c’est la fin!

Cosette, la dame aux camélias, Dark Vador, le rhume me transforme en tout cela à la fois. Voix nasillarde, yeux rougeots exorbités comme un lapin myxomaté, cerveau embrumé, dardé de migraines incendiaires, je ne suis plus que l’ombre de moi-même, je n’aspire plus qu’à retrouver mon lit de souffrance, où, de toute manière, la bouche entrouverte comme un poisson hors de l’eau, je cherche désespérément un repos qui se refuse à moi. Le rhume me terrasse dans un monde où il est considéré comme bénin.

Donc, me voilà contrainte de continuer à travailler alors que je ne suis plus que l’ombre de moi-même, croissant au téléphone comme un crapaud agonisant, fuyant les incontournables empoignades de politesse dans le soucis respectable de ne pas passer le relai. Je trompette à longueur de journée dans des Kleenex[1] immédiatement aussi pleins que des couches de chiards un jour de gastro, je hais le monde entier de me forcer à exhiber ma déchéance physique.

Bien que je me mouche à tour de bras, le flot incessant de mucus parvient toujours à se glisser dans l’arrière-gorge menaçant à tout moment de transformer le rhume en laryngite, aggravant le calvaire par une méchante petite toux. Puis il s’épaissit enfin, tournant à la spéciale de claire, n°0. Il ne reste plus qu’à extraire consciencieusement quelques litres de substance visqueuse, et je peux enfin reprendre une existence normale. A condition d’avoir veillé à ne pas compliquer, c’est à dire à bien se traire les fosses nasales afin d’y éviter la stagnation du virus et le contamination de la gorge ou pire, de l’oreille interne!

Enfin, du moment que cette année j’échappe à la gastro… Voilà qui clôt mon chapitre grandeurs et misères de la condition humaine, mais là, c’était plutôt les misères, le sujet!

Notes

[1] Je prends des Kleenex Balsam, les seuls qui protègent un peu les ailes du nez compressées toute la journée. Sinon, en plus de toutes les misères que je vous décris, vous vous retrouvez avec le pif écorché, l’entrée des narines à vif, ce qui achève la loque humaine qu’un petit rhume de rien du tout parvient à faire de votre grandeur

1 Commentaire

  1. Enfin ! Tu es une soeur pour moi Agnès !

    Depuis le temps que je claironne partout et sous les rires méchants, les moqueries faciles, que le rhume est la pire des petites saloperies ! Je ne suis même plus l’ombre de moi-même au moment du pic critique des rhumes ! D’autant que chez moi la toux, pas petite du tout, forme un duo inséparable dès le deuxième jour avec le rhume et que deux jours après la fin de la pénible chose, ça se transforme en sinusite heureusement pas aigüe…

    Ne sommes-nous pas de bien petites choses, dis-moi…

    Réponse

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