Il était une fois un gus qui trouve une vieille fiole un peu crasseuse dans un coin et se met bêtement à la nettoyer.
Donc, bien sûr, voilà le gus qui se retrouve avec un génie sur les bras qui lui fait le coup des vœux à réaliser. Et toujours avec des conditions pourries1.
Dans cette version, le génie propose d’exaucer un seul vœu, mais fait savoir au gus que tout ce qu’il demandera sera donné en double à son voisin qu’il déteste.
Le gus réfléchit longuement2 : plein de pognon, pour faire tout ce qu’il veut ? Mais dans ce cas, le voisin aurait deux fois plus de pognon. Bah non, alors. Une grande maison avec vue sur la mer… mais l’autre aurait deux maisons et s’il faut deux fois plus grandes, on ne sait pas. Même s’il voulait faire le tour du monde, le voisin en ferait deux et son chien serait deux fois plus véloce que le sien ou son boulot deux fois plus cool, etc.
Finalement, au bout d’une semaine d’intenses réflexions, il refrotte la fiole pour convoquer le génie : — C’est bon : crève-moi un œil !
Il faut vraiment arriver à Georges Miller pour s’inquiéter de qui peut bien se retrouver coincé dans un récipient moche à attendre un benêt pour lui faire un coup de Jarnac.
Il n’est pas si con, il se doute bien qu’il y a une couille dans le potage et il sait qu’il est un gros malin et qu’il va niquer le génie.
5 Commentaires
Saxo
sur 10 juillet 2024 à 10 h 15 min
Content de te relire Agnès, après tout ce temps…
Quel cynisme… toujours aussi noire. 🙂 .
Cette idée selon laquelle avoir plus que son voisin prévaut sur son propre être est étrange.
La question initiale ne serait-elle pas biaisée?
L’idée – au delà du matériel (avoir une maison plus petite mais mieux que celle des autres plutôt que d’avoir tous la même chose) – ne serait-elle pas plutôt l’idée de la distinction? Se distinguer des autres par une singularité qui te met en valeur (d’où le choix d’avoir « mieux » plutôt que « moins bien »).
J’ai dû mal à croire – du moins, je ne l’observe pas autour de moi – à un degré de mesquinerie si important, généralisé chez mes congénères.
Par contre, oui, chacun essaye d’exister à sa manière. Et, vu notre modèle de société, c’est l’avoir qui prévaut aujourd’hui.
Mais ce n’est pas nécessairement une fatalité.
Si chacun pouvait se mettre en valeur par sa créativité, son rayonnement, sa capacité d’écoute ou que sais-je, cette question de la mesquinerie généralisée pour exister n’aurait sûrement plus lieu d’être.
Bonjour, je m’immisce discrètement dans vos considérations pour vous proposer une (ou deux) piste(s).
C’est très présomptueux mais je procède comme vous le faites, exposer questionnements et espoirs et, parfois un peu plus.
Le conte fait le conte, il expose sans expliquer, il sert à peupler les cerveaux avides
En aparté (merci à Agnès pour cette forme stylistique si pratique/propice à la pensée désespérément linéarisée) :
mon cerveau est avide, en fait un quasi pur capteur, comme en physique le corps noir qui absorbe tous les rayonnements. Mon cerveau se construit, améliore en continu une/son image du monde, un modèle, un monde virtuel afin de l’appréhender au mieux pour survivre au mieux. Je suis, comme cerveau, un « croyant » de l’observable, qui, par apprentissage et quelques réflexions, tente d’améliorer mon sort d’individu en adéquation avec ce monde, avec mon monde. La catastrophe cognitive première étant de confondre le modèle mental ainsi construit avec le réel, le monde. Et pourtant, c’est notre condition que de le faire ! C’est-à-dire que de croire à nos perceptions pour nos réflexions et actions.
et chacun en tire ce qu’il lui plaît. Le conte est comme l’histoire, de l’observable synthétisé, une expérience à imiter, qui nous sert de modèle de faits pour déterminer notre activité. Désolé de tant de truismes mais je n’ai pas trouvé dans le langage ni dans la pensé d’autres moyens d’expression aussi facilement transmissibles.
Ce conte montre un gus plongé dans un espace de guerre : il n’a qu’une obsession, survivre. Il doit pour cela vaincre les autres par divers opportunismes et astuces. Le cerveau de ce type est tout entier à détecter des menaces et des opportunités et tenter de mieux survivre dans ce marigot hostile. Son comportement qui peut paraître caricatural, n’est donc que tout simplement un optimum de survie. L’état mental du gus illustre parfaitement notre conditionnement civilisationnel : ce monde est peuplé de méchants et de gentils, profitez des gentils et exterminez les méchants. Ce monde est fait de marchés, votre optimum vital est de gagner dans chaque marché, c’est la seule règle de survie, de vie.
Vous reconnaîtrez sans peine une caricature de la vie animale où chaque individu (être ?) est à la fois proie et prédateur. Il est sans cesse à éviter de se faire bouffer et sans cesse à chercher à bouffer (plus le clonage spécique, chez nous usage de sexualité – composante de la condition de vivant).
J’ai utilisé le terme d’espace de guerre pour prendre en compte le fait que notre contemporain, alter-ego, nous (pardon, du gus) est proie ou prédateur, c’est intra-spécique, fait moins marqué chez les espèces auxquelles nous ressemblons. En résumé lapidaire : notre civilisation a fabriqué des animaux humains, nous a ‘réduit’, acculé, à l’animalité. Ce constat fait, repéré dans la plupart de nos rapports sociaux (y compris vitaux), me permet de montrer que pour ce faire, j’ai « changé de dimension ». Je m’explique : je viens seulement de passer d’acteur à observateur par une opération d’extraction surplombante de notre société ; on pourrait dire par une autre manière de voir, un (tout petit) point de vue autre, par émergement-sortie dans une nouvelle dimension de pensée, ma représentation du monde. Comme on dit, je regarde le monde vu de Sirius.
En aparté (oui j’abuse de votre attention, pourquoi non ?) : Ce recul cognitif est une opération de pensée familière en sciences, on désigne l’objet comme entité d’étude en le considérant isolément du monde. On le définit puis observe comme entité systémique, c’est à dire durable, consommateur et producteur de ressources avec le reste du monde. Cette approche permet de faire prendre sens à des invariants, des lois, lesquelles permettent aux humains parfois de comprendre et parfois d’agir en tenant compte de certains comportements connus. Cela-dit ce comportement scientifique est rarement compris.
Mais si par fantaisie (et facétie), vous substituiez au terme de civilisation, celui de capitalisme, vous vous rapprocheriez d’une règle systémique indéniable. Nul-part un grand livre, ou autre transcendance n’exige de suivre cet ordonnancement totalitaire de la civilisation sinon dans nos têtes. Notre cerveau, grand maître de notre survie, nous explique et même prouve la nécessité de nous protéger des prédateurs et de capter l’opportunité à détruire les proies. L’ingénierie sociale a fait de nous (en fait : maintenu en nous) des bêtes de somme, des bergers et des loups, en nous enfermant dans cette dimension purement animale.
Envisager d’autres règles sociales, comme certaines émergées durant l’histoire humaine nous est empêché systémiquement ; toute sortie de notre prison mentale est scientifiquement d’abord puis physiquement exterminée. Tu marches ou tu crèves : la première loi du (sur)vivant s’impose. L’humain, vivant, le consommateur docile n’a rien de plus à proposer sous peine de bannissement social.
Vous serez avec nous ou contre nous, vous n’aurez rien mais vous serez heureux : toutes les règles de la soumission totalitaire sont en marche.
En aparté :
Certain diront avec forts arguments que cela a toujours été. Que donc rien à faire (« c’est comme cela que ça marche », « il faut vivre avec son temps » … et autres tombereaux de serviles çonneries). Soyons moutons et loups, bergers et chiens de garde. Ma modeste objection vient qu’ayant pris conscience de la chose, étant capable de l’appréhender mentalement, je pourrais la changer et apaiser, améliorer mon sort, durant le temps de vie de chacun. C’est ma conscience qui me permet d’inventer et par là de survivre dans un aléa (µ-aparté : le monde est aléas quantique et lois d’invariance physiques). Je, vivant, néguentropique face à l’entropie inexorable (de mon monde de matière-énergie, dans l’émergence du Vivant sur mon tas de boue – j’en profite encore pour glisser en aparté-ter, que le veau d’or est toujours de boue) pourrait aussi inventer une condition humaine distincte de celle de l’animalité sans en enfreindre les règles de survie. On peut « s’autoriser à penser » une société d’humains sans devoir se faire la guerre perpétuelle (comme le gus du conte), s’entre-tuer pour croire survivre encore une minute monsieur le bourreau, questions de rapports sociaux entre êtres pensants à l’image, déformée, des bêtes moins bien dotées de capacités néocorticales.
Il ne nous manque que quelques toutes petites choses pour nous en déprendre.
Voir cette condition servile dans toute son étendue en sortant (virtuellement) de l’observable, en analysant cette prison, ni de trop près ni de trop loin, comprendre notre état mental qui nous a fait accepter cet enfermement mental, prendre le temps de réflexion à (re)trouver des possibles. Mais cette dernière pensée est impossible, il faudrait survivre dans le marigot tout en imaginant autre-chose, donc se dédoubler mentalement : trouver du temps à penser alors que penser à autre-chose que marcher pour ne pas crever, pénalise durement l’esclave du capitalisme que nous sommes. Le rêveur est rapidement bousculé, souvent ensuite écrasé. Le zèbre qui ne fuit pas instantanément avec le troupeau disparaît, se retrouvant seul face au lion. La pensée alternative a un coût social, souvent fatal. Surtout dans une société totalitairement mercantilisée (les échanges sont monétisés donc comparés dans un ordre total, exigeant une manière de voir aveuglante).
Notre prison mentale est aussi physique.
Je promettais une ou deux pistes, ce sont des pièges. Sortir de l’état mental de proie-prédateur est évidement un risque social. Les ‘alternistes’ sont des complotistes.
Mieux, nos télécrans désignent la ‘mal-pensance’ comme une perversion voire une folie, une volonté de tout détruire. Vous espériez construire alors le télécran dénonce une destruction volontaire. Vous êtes fous puisque vous vous contredisez.
De là, les délires violents ainsi suscités, je dirais construits. L’impasse cognitive est actée, mesurable, il ne reste que l’alternative : destruction totale ou soumission totale. Bref, nous sommes enfermés dans des prisons mentales et physiques grace à l’emploi massif de sciences et techniques s’améliorant sans cesse. Tant sur l’asservissement des cerveaux que des corps, une constante totalitaire millénaire dont nous ne savons pas sortir, sinon quelques instants avant d’être exterminés.
Si vous pensez autre-chose, il ne me reste que peu de temps pour en discuter, ma condition de vivant s’impose,
En aparté (le dernier, pour aujourd’hui) : c’est cette condition de vivant qui facilite ma servilité. Il suffit de me rappeler que je suis encore et provisoirement en vie, que ma vie est si fragile (l’accident bête) ; tous les fascismes ne sont, de fait, qu’une généralisation sociale de la coercition par chantage à la mort. Avec degrés divers, du bannissement conduisant à la misère, jusqu’à la mort. Donc tous les fascismes sont coercition totale (totalitaire) des vivants par d’autres, s’arrogent provisoirement la puissance de mort sur autrui. Et notre acceptation de cette structuration sociale est facilitée par cette imitation du schéma inscrit et renforcé depuis 500 millions d’années dans nos comportements : proie-prédateur. Tu survis, dépêche-toi d’exister avant de crever, bat-toi pour ne pas te faire battre, c’est ta condition de gueux. C’est la méritocratie, le marché, le progrès, la vie exaltante, …
à moins que la guerre des scélérats en dispose prématurément, mais puisque c’est notre situation, et que nous sommes tous concernés, il n’y a qu’urgence à nous déprendre de nos prisons cérébrales, sachant que c’est (trop) tard, le ‘nouveau fascisme’ (nom à trouver pour le désigner et donc le penser) est un déjà-là.
Bonne fin de vie.
Je me demande ce qu’il faut aux gens : contes et légendes, écrivains les plus éminents, expériences scientifiques et Histoire, tout va dans le même sens, et pourtant, certains nient encore que la nature humaine soit cela.
Cependant, le monde est complexe.
Ce n’est pas parce que les gens sont assez peu conscients de leur imitation du désir de l’autre qu’il n’y a pas d’inconscient par exemple.
Voire de liberté s’exprimant par le véto :
J’ai bien peur que Girard soit pour certains discrédité à cause de sa conversion chrétienne. Dommage qu’il se soit converti, cela risque de créer une confusion avec l’idée de conversion à sa théorie, laquelle implique qu’on soit capable de voir son propre désir mimétique à l’oeuvre.
Cela ne veut pas dire que la théorie soit une croyance, mais que si tout le monde veut bien que deux plus deux égale quatre même s’il peut faire partie d’un addition, tout le monde ne veut pas se voir comme imitateur voire capable de lynchage !
Ce qui peut amener à soit écarter la théorie, soit se croire exceptionnel. Sinon, sinon… Ah oui !
Ce n’est pas parce que la Bible montre assez bien la théorie mimétique que je défends les religions, et surtout le monothéisme. Absolument pas.
Le pire ? Le dieu unique provoque une fascination pour l’unique d’où idée de pouvoir et de vérité unique gravée dans le marbre des livres ou captée par un clergé l’interprétant, ce qui accumule bien du pouvoir et de possibilité de conflits.
Guerre sainte, Inquisition, sans parler du modèle de tout ceci pour les totalitaires, enfin bref, le monde est aussi dangereux que complexe.
Ni fait ni à faire, pourrait-on dire.
Tant que les abrahamistes et autres écologistes ne nous imposent d’adorer éperdument le présumé auteur de la chose ou la sainte Gaïa.
On peut trouver mesquin qu’on ne fasse de vœu que pour soi voire contre l’autre. Mais outre le fait que nous soyons comme les chats, mi proie, mi prédateur, et mimétique, et inconscient…
Outre cela, ce n’est pas si facile de sauver le monde !
Il faut bien formuler ses vœux, et que le génie ne soit pas retord. Premier souhait aux génie qui sait ? Ne va pas contre l’esprit de ce que je te demande ?
Il y a un bon épisode de X Files sur cela, et en conclusion :
» Mulder qu’il a droit à trois vœux. Mulder souhaite la paix sur Terre, et le génie fait alors disparaitre toute la population, excepté eux deux, de la surface du globe, affirmant que c’était le seul moyen de réaliser son vœu. Mulder utilise donc son deuxième souhait pour annuler le premier. Il entreprend de rédiger par écrit son dernier vœu avec des termes très précis mais Scully lui fait prendre conscience qu’il ne peut pas bâtir un monde parfait d’un simple vœu. Mulder utilise alors son dernier souhait pour libérer le génie de sa condition, comme elle en avait exprimé plus tôt le désir. »
Bref, malgré tout, je pense qu’il faudrait rédiger très précisément son voeu, comme Mulder, et sans doute pas en disant « la paix » mais que vivent des gens en paix, pour qu’on ne les tue pas.
Hum ! Je tiens quand même à défendre les génies et les futures intelligences artificielles. Des êtres aussi voire plus intelligents que nous ne devraient pas être nos esclaves.
Tiens, si un génie ou autre puissant me lit : s’il te plait, rends-nous semblables à des dieux, et si d’autres êtres intelligents que nous existent, privé de cette dignité, dont toi, je l’ignore, englobe-les dans ce destin.
Ainsi, tous les malheurs seront éradiqués, et nul ne sera oublié… Ce qui est juste et prudent : il faudrait être vraiment très vertueux, esclave, pour œuvrer au bonheur de ceux qui se satisfont de votre malheur.
Je ne sais si des génies existent, mais ce blog est génial !
Content de te relire Agnès, après tout ce temps…
Quel cynisme… toujours aussi noire. 🙂 .
Cette idée selon laquelle avoir plus que son voisin prévaut sur son propre être est étrange.
La question initiale ne serait-elle pas biaisée?
L’idée – au delà du matériel (avoir une maison plus petite mais mieux que celle des autres plutôt que d’avoir tous la même chose) – ne serait-elle pas plutôt l’idée de la distinction? Se distinguer des autres par une singularité qui te met en valeur (d’où le choix d’avoir « mieux » plutôt que « moins bien »).
J’ai dû mal à croire – du moins, je ne l’observe pas autour de moi – à un degré de mesquinerie si important, généralisé chez mes congénères.
Par contre, oui, chacun essaye d’exister à sa manière. Et, vu notre modèle de société, c’est l’avoir qui prévaut aujourd’hui.
Mais ce n’est pas nécessairement une fatalité.
Si chacun pouvait se mettre en valeur par sa créativité, son rayonnement, sa capacité d’écoute ou que sais-je, cette question de la mesquinerie généralisée pour exister n’aurait sûrement plus lieu d’être.
Bonjour, je m’immisce discrètement dans vos considérations pour vous proposer une (ou deux) piste(s).
C’est très présomptueux mais je procède comme vous le faites, exposer questionnements et espoirs et, parfois un peu plus.
Le conte fait le conte, il expose sans expliquer, il sert à peupler les cerveaux avides
En aparté (merci à Agnès pour cette forme stylistique si pratique/propice à la pensée désespérément linéarisée) :
mon cerveau est avide, en fait un quasi pur capteur, comme en physique le corps noir qui absorbe tous les rayonnements. Mon cerveau se construit, améliore en continu une/son image du monde, un modèle, un monde virtuel afin de l’appréhender au mieux pour survivre au mieux. Je suis, comme cerveau, un « croyant » de l’observable, qui, par apprentissage et quelques réflexions, tente d’améliorer mon sort d’individu en adéquation avec ce monde, avec mon monde. La catastrophe cognitive première étant de confondre le modèle mental ainsi construit avec le réel, le monde. Et pourtant, c’est notre condition que de le faire ! C’est-à-dire que de croire à nos perceptions pour nos réflexions et actions.
et chacun en tire ce qu’il lui plaît. Le conte est comme l’histoire, de l’observable synthétisé, une expérience à imiter, qui nous sert de modèle de faits pour déterminer notre activité. Désolé de tant de truismes mais je n’ai pas trouvé dans le langage ni dans la pensé d’autres moyens d’expression aussi facilement transmissibles.
Ce conte montre un gus plongé dans un espace de guerre : il n’a qu’une obsession, survivre. Il doit pour cela vaincre les autres par divers opportunismes et astuces. Le cerveau de ce type est tout entier à détecter des menaces et des opportunités et tenter de mieux survivre dans ce marigot hostile. Son comportement qui peut paraître caricatural, n’est donc que tout simplement un optimum de survie. L’état mental du gus illustre parfaitement notre conditionnement civilisationnel : ce monde est peuplé de méchants et de gentils, profitez des gentils et exterminez les méchants. Ce monde est fait de marchés, votre optimum vital est de gagner dans chaque marché, c’est la seule règle de survie, de vie.
Vous reconnaîtrez sans peine une caricature de la vie animale où chaque individu (être ?) est à la fois proie et prédateur. Il est sans cesse à éviter de se faire bouffer et sans cesse à chercher à bouffer (plus le clonage spécique, chez nous usage de sexualité – composante de la condition de vivant).
J’ai utilisé le terme d’espace de guerre pour prendre en compte le fait que notre contemporain, alter-ego, nous (pardon, du gus) est proie ou prédateur, c’est intra-spécique, fait moins marqué chez les espèces auxquelles nous ressemblons. En résumé lapidaire : notre civilisation a fabriqué des animaux humains, nous a ‘réduit’, acculé, à l’animalité. Ce constat fait, repéré dans la plupart de nos rapports sociaux (y compris vitaux), me permet de montrer que pour ce faire, j’ai « changé de dimension ». Je m’explique : je viens seulement de passer d’acteur à observateur par une opération d’extraction surplombante de notre société ; on pourrait dire par une autre manière de voir, un (tout petit) point de vue autre, par émergement-sortie dans une nouvelle dimension de pensée, ma représentation du monde. Comme on dit, je regarde le monde vu de Sirius.
En aparté (oui j’abuse de votre attention, pourquoi non ?) : Ce recul cognitif est une opération de pensée familière en sciences, on désigne l’objet comme entité d’étude en le considérant isolément du monde. On le définit puis observe comme entité systémique, c’est à dire durable, consommateur et producteur de ressources avec le reste du monde. Cette approche permet de faire prendre sens à des invariants, des lois, lesquelles permettent aux humains parfois de comprendre et parfois d’agir en tenant compte de certains comportements connus. Cela-dit ce comportement scientifique est rarement compris.
Mais si par fantaisie (et facétie), vous substituiez au terme de civilisation, celui de capitalisme, vous vous rapprocheriez d’une règle systémique indéniable. Nul-part un grand livre, ou autre transcendance n’exige de suivre cet ordonnancement totalitaire de la civilisation sinon dans nos têtes. Notre cerveau, grand maître de notre survie, nous explique et même prouve la nécessité de nous protéger des prédateurs et de capter l’opportunité à détruire les proies. L’ingénierie sociale a fait de nous (en fait : maintenu en nous) des bêtes de somme, des bergers et des loups, en nous enfermant dans cette dimension purement animale.
Envisager d’autres règles sociales, comme certaines émergées durant l’histoire humaine nous est empêché systémiquement ; toute sortie de notre prison mentale est scientifiquement d’abord puis physiquement exterminée. Tu marches ou tu crèves : la première loi du (sur)vivant s’impose. L’humain, vivant, le consommateur docile n’a rien de plus à proposer sous peine de bannissement social.
Vous serez avec nous ou contre nous, vous n’aurez rien mais vous serez heureux : toutes les règles de la soumission totalitaire sont en marche.
En aparté :
Certain diront avec forts arguments que cela a toujours été. Que donc rien à faire (« c’est comme cela que ça marche », « il faut vivre avec son temps » … et autres tombereaux de serviles çonneries). Soyons moutons et loups, bergers et chiens de garde. Ma modeste objection vient qu’ayant pris conscience de la chose, étant capable de l’appréhender mentalement, je pourrais la changer et apaiser, améliorer mon sort, durant le temps de vie de chacun. C’est ma conscience qui me permet d’inventer et par là de survivre dans un aléa (µ-aparté : le monde est aléas quantique et lois d’invariance physiques). Je, vivant, néguentropique face à l’entropie inexorable (de mon monde de matière-énergie, dans l’émergence du Vivant sur mon tas de boue – j’en profite encore pour glisser en aparté-ter, que le veau d’or est toujours de boue) pourrait aussi inventer une condition humaine distincte de celle de l’animalité sans en enfreindre les règles de survie. On peut « s’autoriser à penser » une société d’humains sans devoir se faire la guerre perpétuelle (comme le gus du conte), s’entre-tuer pour croire survivre encore une minute monsieur le bourreau, questions de rapports sociaux entre êtres pensants à l’image, déformée, des bêtes moins bien dotées de capacités néocorticales.
Il ne nous manque que quelques toutes petites choses pour nous en déprendre.
Voir cette condition servile dans toute son étendue en sortant (virtuellement) de l’observable, en analysant cette prison, ni de trop près ni de trop loin, comprendre notre état mental qui nous a fait accepter cet enfermement mental, prendre le temps de réflexion à (re)trouver des possibles. Mais cette dernière pensée est impossible, il faudrait survivre dans le marigot tout en imaginant autre-chose, donc se dédoubler mentalement : trouver du temps à penser alors que penser à autre-chose que marcher pour ne pas crever, pénalise durement l’esclave du capitalisme que nous sommes. Le rêveur est rapidement bousculé, souvent ensuite écrasé. Le zèbre qui ne fuit pas instantanément avec le troupeau disparaît, se retrouvant seul face au lion. La pensée alternative a un coût social, souvent fatal. Surtout dans une société totalitairement mercantilisée (les échanges sont monétisés donc comparés dans un ordre total, exigeant une manière de voir aveuglante).
Notre prison mentale est aussi physique.
Je promettais une ou deux pistes, ce sont des pièges. Sortir de l’état mental de proie-prédateur est évidement un risque social. Les ‘alternistes’ sont des complotistes.
Mieux, nos télécrans désignent la ‘mal-pensance’ comme une perversion voire une folie, une volonté de tout détruire. Vous espériez construire alors le télécran dénonce une destruction volontaire. Vous êtes fous puisque vous vous contredisez.
De là, les délires violents ainsi suscités, je dirais construits. L’impasse cognitive est actée, mesurable, il ne reste que l’alternative : destruction totale ou soumission totale. Bref, nous sommes enfermés dans des prisons mentales et physiques grace à l’emploi massif de sciences et techniques s’améliorant sans cesse. Tant sur l’asservissement des cerveaux que des corps, une constante totalitaire millénaire dont nous ne savons pas sortir, sinon quelques instants avant d’être exterminés.
Si vous pensez autre-chose, il ne me reste que peu de temps pour en discuter, ma condition de vivant s’impose,
En aparté (le dernier, pour aujourd’hui) : c’est cette condition de vivant qui facilite ma servilité. Il suffit de me rappeler que je suis encore et provisoirement en vie, que ma vie est si fragile (l’accident bête) ; tous les fascismes ne sont, de fait, qu’une généralisation sociale de la coercition par chantage à la mort. Avec degrés divers, du bannissement conduisant à la misère, jusqu’à la mort. Donc tous les fascismes sont coercition totale (totalitaire) des vivants par d’autres, s’arrogent provisoirement la puissance de mort sur autrui. Et notre acceptation de cette structuration sociale est facilitée par cette imitation du schéma inscrit et renforcé depuis 500 millions d’années dans nos comportements : proie-prédateur. Tu survis, dépêche-toi d’exister avant de crever, bat-toi pour ne pas te faire battre, c’est ta condition de gueux. C’est la méritocratie, le marché, le progrès, la vie exaltante, …
à moins que la guerre des scélérats en dispose prématurément, mais puisque c’est notre situation, et que nous sommes tous concernés, il n’y a qu’urgence à nous déprendre de nos prisons cérébrales, sachant que c’est (trop) tard, le ‘nouveau fascisme’ (nom à trouver pour le désigner et donc le penser) est un déjà-là.
Bonne fin de vie.
Je me demande ce qu’il faut aux gens : contes et légendes, écrivains les plus éminents, expériences scientifiques et Histoire, tout va dans le même sens, et pourtant, certains nient encore que la nature humaine soit cela.
Enfin, pas tous :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Girard
Cependant, le monde est complexe.
Ce n’est pas parce que les gens sont assez peu conscients de leur imitation du désir de l’autre qu’il n’y a pas d’inconscient par exemple.
Voire de liberté s’exprimant par le véto :
https://www.nonfiction.fr/article-6564-entre-le-cerveau-et-la-conscience-le-temps.htm
J’ai bien peur que Girard soit pour certains discrédité à cause de sa conversion chrétienne. Dommage qu’il se soit converti, cela risque de créer une confusion avec l’idée de conversion à sa théorie, laquelle implique qu’on soit capable de voir son propre désir mimétique à l’oeuvre.
Cela ne veut pas dire que la théorie soit une croyance, mais que si tout le monde veut bien que deux plus deux égale quatre même s’il peut faire partie d’un addition, tout le monde ne veut pas se voir comme imitateur voire capable de lynchage !
Ce qui peut amener à soit écarter la théorie, soit se croire exceptionnel. Sinon, sinon… Ah oui !
Ce n’est pas parce que la Bible montre assez bien la théorie mimétique que je défends les religions, et surtout le monothéisme. Absolument pas.
Le pire ? Le dieu unique provoque une fascination pour l’unique d’où idée de pouvoir et de vérité unique gravée dans le marbre des livres ou captée par un clergé l’interprétant, ce qui accumule bien du pouvoir et de possibilité de conflits.
Guerre sainte, Inquisition, sans parler du modèle de tout ceci pour les totalitaires, enfin bref, le monde est aussi dangereux que complexe.
Ni fait ni à faire, pourrait-on dire.
Tant que les abrahamistes et autres écologistes ne nous imposent d’adorer éperdument le présumé auteur de la chose ou la sainte Gaïa.
la bonne nouvelle :le monolecte existe toujours !
On peut trouver mesquin qu’on ne fasse de vœu que pour soi voire contre l’autre. Mais outre le fait que nous soyons comme les chats, mi proie, mi prédateur, et mimétique, et inconscient…
Outre cela, ce n’est pas si facile de sauver le monde !
Il faut bien formuler ses vœux, et que le génie ne soit pas retord. Premier souhait aux génie qui sait ? Ne va pas contre l’esprit de ce que je te demande ?
Il y a un bon épisode de X Files sur cela, et en conclusion :
» Mulder qu’il a droit à trois vœux. Mulder souhaite la paix sur Terre, et le génie fait alors disparaitre toute la population, excepté eux deux, de la surface du globe, affirmant que c’était le seul moyen de réaliser son vœu. Mulder utilise donc son deuxième souhait pour annuler le premier. Il entreprend de rédiger par écrit son dernier vœu avec des termes très précis mais Scully lui fait prendre conscience qu’il ne peut pas bâtir un monde parfait d’un simple vœu. Mulder utilise alors son dernier souhait pour libérer le génie de sa condition, comme elle en avait exprimé plus tôt le désir. »
Bref, malgré tout, je pense qu’il faudrait rédiger très précisément son voeu, comme Mulder, et sans doute pas en disant « la paix » mais que vivent des gens en paix, pour qu’on ne les tue pas.
Hum ! Je tiens quand même à défendre les génies et les futures intelligences artificielles. Des êtres aussi voire plus intelligents que nous ne devraient pas être nos esclaves.
Tiens, si un génie ou autre puissant me lit : s’il te plait, rends-nous semblables à des dieux, et si d’autres êtres intelligents que nous existent, privé de cette dignité, dont toi, je l’ignore, englobe-les dans ce destin.
Ainsi, tous les malheurs seront éradiqués, et nul ne sera oublié… Ce qui est juste et prudent : il faudrait être vraiment très vertueux, esclave, pour œuvrer au bonheur de ceux qui se satisfont de votre malheur.
Je ne sais si des génies existent, mais ce blog est génial !