Bon, voilà, c’est dit : je n’écris plus ! Ce n’est pas une déclaration, un coup de sang, un cri du cœur. Juste une constatation qui tombe comme le fil du couperet sur la nuque du condamné. D’ailleurs, les plus assidus et fidèles de mes lecteurs avaient bien dû remarquer comme une absence, à force de tout ce rien.
Je n’écris plus pour des tas de bonnes raisons, chacune d’entre elles se suffit largement et le cumul de toutes construit comme un horizon indépassable de sécheresse scripturale.
D’abord, je manque de temps. Enfin, comme l’on peut manquer de temps de nos jours, c’est-à-dire en étant plongée dans cette période de la vie où l’on cumule tant de rôles, de statuts, d’obligations, de pressions, qu’à la fin de la journée, on se demande où l’on a encore trouvé le temps de pisser. D’ailleurs, parfois, c’est un peu juste pour ça aussi.
Le premier de mes temps confisqués est celui du travail ou plutôt, devrais-je dire, du labeur. Cet ensemble de tâches insignifiantes et inintéressantes au possible que l’on doit s’infliger pour le gain relatif d’une poignée d’euros de plus, lesquels sont absorbés avant même d’être médiocrement gagnés par le nouveau train des augmentations contraintes et de la modération salariale érigée en alpha et oméga de la vie économique moderne. Autrement dit, plus le temps passe, plus je dois cumuler de tâches, de bouts d’emplois, d’activités pour seulement espérer ralentir le rythme de mon appauvrissement. C’est une aliénation totale, brutale, à la violence de laquelle répond chaque jour un peu plus une colère sourde et formidable qui gronde sous l’apparente placidité des choses.
Le second de mes temps contraints est celui de mes relations sociales, la famille intervenant en premier lieu. Quelle que soit la configuration de la tribu, celle-ci est éminemment chronophage, même si le temps passé avec la gosse me semble infiniment plus utile et mieux employé de celui que je perds à courir après l’argent. Les temps familiaux sont parfois joyeux, souvent intéressants, mais immanquablement frappés du sceau de la routine, de celle qui use et nous blanchit le poil sous le harnais. C’est le lieu premier de toutes les batailles, de toutes les luttes, dont celle, infiniment stratégique, de mon refus de la disponibilité perpétuelle.
Il y a bien sûr les temps physiologiques, lesquels sont régulièrement amputés par les deux premiers, mais quiconque me connaît bien sait qu’ils sont aussi tyranniques, comme le temps du repos qui, parfois, s’impose à moi avec l’implacabilité d’une crise de narcolepsie.
Et enfin, il y a tous les temps de vie, ceux que l’on arrache presque sauvagement à la banalité aliénante du quotidien. Le temps de penser. Celui de juste jouir de la vie. Celui de profiter de la compagnie trop rare des gens que l’on aime. Celui, surtout, de l’intime, de cette somme de moments précieux où l’on ne joue plus, où l’on ne compte plus, où l’on ne court plus, où l’on peut juste se permettre le luxe extravagant de sentir le flux du temps nous polir doucement la peau et où on le laisse s’écouler pour rien, juste pour l’instant, pour la pure sensation d’exister.
Quand tous ces temps ont passé, il ne reste rien, plus que des pensées éparses, indicibles, inénarrables. L’antimatière de l’écriture. L’assèchement intérieur ou son trop-plein, qu’importe.
Mais encore plus que le manque de temps, il y a le manque flagrant d’envie. De motivation.
Souvent, je me dis : Pfffff, à quoi bon ? Je l’ai déjà écrit 100 fois.
Et c’est vrai. Je lutte désespérément contre une forme sournoise d’oblitération de la pensée : le psittacisme décérébré, le culte du marronnier, la grande machine à radoter et à toujours recycler les mêmes vieilles rengaines. Je suis peut-être arrivée au bout du discours. Nous sommes probablement arrivés au bout des mots, à la nécessité de l’action, au dépassement de la sidération quotidienne. Billet après billet, j’ai chanté la beauté de ce monde et la laideur de ceux qui l’exploitent pour leur unique et dérisoire profit. Billet après billet, j’ai désigné ceux qui nous méprisent et nous considèrent comme des surmunéraires, juste bons à être pressés comme des citrons et à être jetés après usage. Billet après billet, j’ai dénoncé les médias qui mentent, les intérêts inféodés, les petites lâchetés et les grandes forfaitures. Depuis plusieurs années, avec quelques autres illuminés de mon espèce, je gueule contre le plus grand hold-up de tous les temps, celui où 20 % de la population est déterminée à user de tous les artifices, de tous les leurres et de tous les outrages pour dépouiller le reste des humains jusqu’à leur probable anéantissement, par la faim, la maladie, la guerre, l’exploitation, la misère et surtout, le mensonge. Qu’est-ce que je peux ajouter de plus à ça ? Comment trouver encore d’autres mots pour décrire cette guerre totale et totalitaire que quelques-uns livrent contre tous les autres ? Quel nouvel argument pour convaincre ceux qui ne sont pas encore convaincus, quel nouveau coup d’éclat ou coup de gueule pour réveiller les dormeurs, quel nouveau cri pour secouer les résignés ?
Le moteur est cassé. Je n’écoute plus les voix de leurs maîtres, leurs analyses brillantes qui instillent, jour après jour, le poison du renoncement jusqu’au cœur de nos salons, de l’acceptation de ce qui est parfaitement et définitivement inacceptable. Je ne m’offre plus le shoot facile de l’indignation stérile, je ne m’épuise plus à défier les moulins à vent et les agitateurs du vide. Quelle fausse réalité aurais-je à déconstruire, alors que chaque jour, il suffit de vivre, de bouger, de rencontrer, de discuter, pour voir de ses yeux l’ampleur du désastre pourtant 100 fois annoncé ? Pourquoi s’abreuver de ce qu’ils appellent information, alors que ce n’est là qu’œuvre de propagande, gigantesque machinerie à fabriquer de la soumission à l’ordre nouveau, leur ordre de l’injuste, leur néo-féodalité.
Et puis, il y a le poids de la notoriété.
Je ricane à ce mot.
Je ne parle pas là de cette forme assez médiocre de célébrité éphémère élaborée par une surexposition médiatique malsaine qui en vient à prétendre, jour après jour, que certaines personnes sont plus égales que d’autres, ont une singularité artificielle qui leur donne plus de valeur qu’à tous les autres sans-grade réunis.
Non, je parle du fait éminemment concret qu’est l’élargissement progressif de mon lectorat jusqu’aux personnes que je rencontre dans ma vie quotidienne.
C’est une chose que de balancer, dénoncer, décrire, d’écrire et décrier quand les mots se baladent sur la toile jusqu’aux confins de l’Asie ou dans l’agrégat mou des grands centres urbains, c’en est une tout autre quand mes mots, comme un boomerang, me reviennent dans la face au moment où j’achète mon pain. Il y a, dans la proximité même de ceux qui lisent ces lignes quelque chose de profondément perturbant et paralysant, une nécessité impérieuse de faire attention à ce que l’on écrit afin de ne pas blesser celui qui lit. Et voilà des histoires merveilleuses ou sordides, de ces petites histoires du quotidien, qui ne pourront plus franchir l’enceinte intime de mes pensées. Parce que, fondamentalement, je vis dans mes histoires, je vis mes histoires et le simple fait de les raconter les déforme et les transforme. Et voilà des idées qui ne peuvent être partagées qu’avec des inconnus lointains et détachés. Et voilà des silences qui me rongent, des cris qui m’étouffent.
J’ai bien pensé à écrire autrement. Je vais peut-être le faire. Renaître ailleurs, sous une nouvelle forme, dans une nouvelle identité, m’autoriser tous les langages, toutes les libertés, tous les scandales, pousser la pensée dans ses retranchements, oser la rage, oser s’exprimer à l’état brut, sans plus aucune forme de contrainte, de censure, de tempérance. Exploser les limites que j’ai fini par m’imposer comme une simple mesure de sauvegarde de ma petite tranquillité sans envergure. La tentation est immense, mais les obstacles aussi : le temps, l’argent, l’envie, la foi. La simple foi en la possible nécessité de l’écriture qui se heurte chaque jour au constat cuisant de son absolue vacuité, de son incapacité à faire, un tant soit peu, bouger les lignes de fractures ou même simplement abreuver les esprits assoiffés.
La vérité, c’est que continuer manque de sens.
Je pensais qu’au fil du temps et des mots viendrait quelque chose de l’ordre de la sagesse et de l’apaisement. Une plus grande acuité intellectuelle. Une vision du monde qui dépasse les limites de notre propre existence.
Il n’en est rien.
Écrire, c’est aussi frustrant et rageant que de continuer à cultiver l’insolent petit lopin de terre qui me tient lieu de jardin : une constance d’efforts et de moyens pour de piètres résultats pathétiques. Écrire, c’est comme lever un barrage de papier contre la déferlante de la connerie humaine : l’ironie grinçante d’outils dérisoires devant une tâche incommensurable.
Restent la colère et la frustration, immenses, comme les courants traîtres sous la surface d’huile d’un lac de montagne : baigne-toi dans mon miroir et je t’entraînerai inexorablement toujours plus loin de la surface.
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comment dire ? … et oui, nous y voilà… 🙁
J’ai envie de dire : "Bah". Tu n’écris plus… Et alors ? Tu ressens le besoin de t’en excuser ? Tu en seras la première victime et tu le sais. Alors tu reprendras, sous une forme ou une autre. Ne t’occupe pas de nous. Nous ne sommes pas importants dans cette décision qui t’appartient. Tu ne nous dois rien. Je ne te demanderai pas de rembourser mon abonnement RSS.
Alors, où est le problème ?
"D’ailleurs, les plus assidus et fidèles de mes lecteurs avaient bien dû remarquer comme une absence, à force de tout ce rien."
Pas une absence, certainement pas: je trouvais que tu écrivais de plus en plus amer, de plus en plus triste. Plus personnel, et toujours des textes de qualité pourtant. Mais si l’écriture ne t’aide pas à aller vers, comme tu le dis, ‘la sagesse, l’apaisement" (et si c’est vraiment ça que tu souhaites), alors, pourquoi ne pas arrêter (tant pis pour nous).
Tu poses aussi la question de l’anonymat: comment écrire les choses telles qu’on les sent quand on sait qu’on sera lu par un entourage aimé qu’on pourrait blesser, ou peu bienveillant qui pourrait nous blesser, on ne peut pas dire la même chose à tout le monde. Mon ancienne chef de service était tombée, un jour, par hasard, sur un texte qui concernait mon travail (j’étais alors à la retraite depuis plusieurs années, je pensais qu’il y avait prescription). Elle m’avait envoyé un mail ulcéré et assassin (et injuste, car rien dans mon billet ne l’attaquait).
Alors, oui, écrire dans un anonymat mieux protégé, c’est peut être TA solution?
Je te vois mal cesser d’écrire. Ou alors très provisoirement. Sur un thème différent, je pense au bouquin de Semprun, "L’écriture ou la vie": il pouvait, il devait ne plus écrire. Mais il y est revenu quand même.
Comment dire ?
C’est exactement ce que je ressens. Un coup de mou, de découragement, une forme de désespoir. Et une question.
A quoi ça sert ?
Quand le monde va t-il changer ?
Pffff…
Tu l’écris tellement mieux que moi…
Tu n’écris peut-être plus, mais tu l’écris très bien.
Je ne suis pas près de chanter "I am a poor lonesome fan", j’ai l’impression
"Écrire, c’est aussi frustrant et rageant que de continuer à cultiver l’insolant petit lopin de terre qui me tient lieu de jardin : une constance d’efforts et de moyens pour de piètres résultats pathétiques. Écrire, c’est comme lever un barrage de papier contre la déferlante de la connerie humaine : l’ironie grinçante d’outils dérisoires devant une tâche incommensurable."
ben wouai hein… tout d’un coup, à ce constat, les bras vous en tombe…
moi ça m’est arrivé à plusieurs périodes, sur divers métiers…
mais effectivement, le ponpon, ça a été le web; ça m’a assommé assez vite au démarrage des premières plateformes de blog communautaires… en plus, je prenais contact et traversais parfois le pays entier pour rejoindre une autre plume et l’espoir d’employeur…
j’ai fait une pause en me mettant à apprendre à maîtriser le système unix serveur web et réseau… puis j’ai relancé le truc simplement pour pas perdre la main
mais j’écris plus : effectivement, ça sert à rien.
le jardin en revanche, même quand la saison est plutôt mauvaise, y’a un côté miracle de la vie au delà des temps géologiques, qui me donne le vertige…
Bonjour chère Monolecte,
IL y a quelques temps que je vous lis au grès de mes pérégrination wébienne. J’ai aimé tomber par hasard, ou pas, sur un de vos textes. Ils nous manqueront. Je comprends vos raisons. Il faut parfois laisser une terre en jachère (si je peux oser cette métaphore jardinière) pour retrouver le désir de faire. Juste une chose, à quoi bon dites vous tous ces efforts "pour de piètres résultats pathétiques", je crois qu’on fait ce qu’on fait parce qu’on en a le désir et qu’il arrive, parfois, que cela change quelques chose (mais qu’on ne le sache pas toujours). L’important n’est-il pas de faire ce qui doit être fait parce qu’on en a le désir ? Laissons à d’autres les pensées utilitaristes. Prenons le temps de laisser le vent mettre du désordre dans nos idées.
Bien à vous. Au plaisir de vous lire, ici ou ailleurs.
Jean-Michel Pineau
c’est bon signe quand ton entourage lit ton blog, en fait. ça participe à faire le tri.
il y a en effet ceux qui n’acceptent pas d’être mis face à leurs contradictions, face à leurs faussetés, leurs lâchetés quotidiennes, et ceux-là te renverront rapidement leur âpreté et leur rancoeur comme si tu étais le miroir de leur âme. ne t’en formalise pas, ce sont des êtres incomplets, ils ne se connaissent pas eux-mêmes, voilà pourquoi la vérité les blesse, c’est leur problème pas le tien.
il y a aussi les autres, infiniment moins nombreux, certes, mais totalement honnêtes et sincères, eux, et tu peux y trouver de véritables amis, au sens le plus noble du terme.
écrire est à ce prix, je ne t’apprendrai rien de la solitude des plus belles plumes.
quand il te reprendra l’envie de lever le barrage de papier contre la connerie humaine, tu le feras avec cette conviction chevillée au coeur que seuls ceux qui peuvent et veulent agir te suivront, qu’eux seuls comptent d’ailleurs, et que tes mots comptent pour eux comme autant de soutiens, d’invitations à la persévérance, comme autant de liens qui tissent la révolte autant que la résistance, et c’est bien tout ce qui compte, même si quelquefois on a l’impression de se répéter.
après-tout ne répètes-tu pas cent fois je t’aime à ceux que tu aimes?
alors tu découvriras la magie des mots, la vraie, celle qui au delà de l’écriture et de la lecture fait naître la convivialité et l’amitié vraies, des choses autrement plus motivantes que le sourire faux jeton et crispé de la boulangère.
(et pis achète toi une machine à pain tu seras libérée, tiens. lol)
Alors Agnès, un coup de fatigue ! un coup de blues ! prends le temps de te mettre au vert, de prendre un peu de vacance, mais ne décide pas ainsi de priver ceux qui t’aiment bien de ta si belle plume ! Par elle, tu t’es fait beaucoup d’amis (que tu ne connais pas !) qui savent que tu es un bel être (en plus d’être une belle femme !) et qui aiment lire tes billets, la richesse de tes pensées, tes joies et tes colères, ta façon si personnelle de les bien dire. En cessant d’écrire, tu nous priverais d’un grand plaisir (ce serait très frustrant !), nous qui sommes certainement nombreux à te considérer comme une petite soeur aimée. Bises …..fraternelles.
sur le web depuis un petit moment, promeneur occasionnel chez toi, commentateur archi-occasionnel, j’irais de mon petit couplet "c’est toujours ls meilleurs qui s’en vont"… si tu reprends un autre jour ailleurs j’espère te rencontre-débusquer…mes vélléités d’écriture achoppent, (se réfugient ?) sur la vacuité et en plus c’est du boulot, mais c’est de toi, de ton "départ" dont il est question…j’imagine qu’en te croisant dans la rue on peut avoir la chance de croiser un regard intelligent et la super-chance un peu complice…
c’était vraiment chouette de vous lire. vraiment.
merci.
et qui sait peut-être à bientôt.
encore merci
Vos billets ne changent peut-être pas le monde d’un iota, mais ils aident vos lecteurs à respirer. C’est déjà pas mal.
Si tu veux t’éclater sous un pseudo tu peux toujours venir t’enregistrer et balancer incognita ta rage sur une plate forme ( wink wink) … je pense qu’on passe tous par ces stades où on remet en cause le temps et l’énergie mis dans cet univers virtuel, au nom de quoi et pour qui .. merci pour le partage … prends un break, respire …
Dommage, mais aucune décision n’est irréversible…un jour peut-être… difficile de dire plus puisque comme toi, j’ai souvent l’impression d’écrire la même chose, de rabacher et le tout sans résultat. Ceux qui lisent sont d’accord, ils se blottissent dans les textes, agissent peu. Et les autres ne lisent pas . dommage.
A bientôt.
(Faut-il sortir les pierres ? incendier les villes ? pour que cela bouge)
La résignation, c’est sans doute le plus beau cadeau que tu puisses faire à ces 20%. seront plus tranquilles.
Pour ma part, c’est pareil, je parcours les blogs comme le tien, je me révolte mais pas plus de 15m car y a un client qui appelle, les mômes à aller chercher, la bouffe à préparer.. bref je change pas grand chose.
Je crois qu’on on se fait baiser c’est tout, et que ceux qui en ont conscience, finalement, souffrent plus que les autres. Bienvenue au club.
Le monde est tellement lourd à porter par les temps qui courent.
En plus des tracas de sa propre existence, bien sûr.
Bonne suite.
L’écriture est un souffle, une respiration, une création, une envie irrépressible de laisser se déployer émotions et pensées, une occasion merveilleuse de prendre conscience de points de vue inédits et insoupçonnés, de ces images et réalisations qui dormaient tout au fond, et que le Verbe à fait émerger jusqu’à la surface.
Alors lassitude, bien sûr et parfois, pour indiquer un changement de tempo, une maturité du regard, une fin de digestion….., avant de sonner et chanter selon un autre rythme, une dynamique nouvelle.
L’écriture comme un souffle,
Comme une inspiration,
Qui ne cesse de battre au coeur,
Et de frapper à la porte des esprits en éveil.
La vie, quoi. 🙂
LES FOURMIS SONT FATIGUÉES
Moi aussi, chère Agnès ! J’en ai marre, marre de radoter sur Actuchomage. Comme toi, je me dis que j’ai tout exposé, décortiqué, rabâché : ras-le-bol des marronniers et des vieilles rengaines ! Je suis lasse, vidée, je me sens muette d’avoir l’impression d’avoir tout dit. Sans compter que derrière, ça ne suit pas…
C’est qu’en face, ils sont coriaces : inlassablement, ils rabâchent leurs mensonges et y vont de leurs provocations populistes. Un vrai bulldozer. Leur système néolibéral de merde, ils le défendent bec et ongles, sans relâche.
Une seule solution : prendre du recul. S’accorder un break. Souffler.
Et ça va revenir !
Parce qu’écrire, on aime ça. Savoir/pouvoir dire ce qu’on pense est une bénédiction. Et c’est plus utile qu’on ne le croit.
Car chaque jour, des gens débarquent et tombent des nues : ils s’aperçoivent que la machine est en train de les broyer, ils découvrent l’envers du décor et grâce à des fourmis comme nous, ils se mettent à réfléchir, à agir.
Nous sommes des Pénélope, des semeuses de graines. Quelque part, c’est une vocation.
Alors t’inquiète : mets-toi en jachère, et laisse reposer la pâte.
Je t’embrasse bien fort !
Renoncez., c’est perdre votre âme…Continuez à vous indigner !
La quantité n’est pas la qualité. Faire le saut immense de ne plus s’adresser à de multiples personnes anonymes de manière quantitative mais à une seule personne de manière qualitative. Et observer le résultat 🙂 . Technique très utilisée dans le commerce.
Panne… Dépannage… En douceur. Et ça repart. Comme grimper, blocs, couennes, grandes voies, avancer, trouver les points de repos, repartir, enchaîner, sans brusquer… 🙂
Arf, jolie et bien pensée, la métaphore de l’escalade.
Finement trouvé, Phil. Ça me fait penser que ça fait plus d’un mois que je n’ai pas grimpé. S’il faut, c’est juste ça…
Des fois ça fait ça, la monolexie …
Laisse dormir la plume,
elle reviendra, au printemps,
nécessaire …
Bonjour Agnès,
je voulais simplement te dire qu’en tant qu’autiste (né en 1967, t’imagines ce qui a été fait pour moi depuis…), ton blog est très important (rapport à l’humanité donc, de ce qui m’entoure); Voilà, important. J’ai essayé pourtant sur d’autres, mais c’est pas ça. Alors non. Abandonne pas s’il te plait.
Et si t’abandonnes, je t’aime quand même de tout ce que tu as écris.
il y a des paroles qui peuvent paraître dérisoires en se brisant sur les murs… et qui pourtant font vivre ceux qui les entendent. C’est pourquoi l’humain continue à se transmettre (un peu comme l’entêtement du chiendent).
tiens… merde alors… y’a toujours pas de commentaire de smolsky !
il doit être en vacance.
non parce qu’en fait, le monolecte c’est un bar où on vient pour réagir les uns aux autres à partir de la proposition d’animation de la tenancière.
d’ailleurs, c’est plus le monolecte, c’est chez agnes.
même si on ne la jamais vue et qu’on ne la verra jamais.
donc en fait, à partir de sa notoriété, ben ça rassemble des tas d’inconnus les uns pour les autres, qui viennent là quand même parce qu’ils savent qu’ils vont pouvoir s’y "débattre"…
bref
j’attends le passage de smolsky et de quelques autres que ça m’amuse de voir ce qu’il vont avoir à dire
Agnès,
prend le temps, souffle un peu, beaucoup, tant que tu voudras,
mais reviens…
ON A BESOIN DE TE LIRE !
Comme vous écrivez bien madame. J’aimerais avoir votre talent pour écrire encore et encore. Écrire est une nécessité. Je sais que vous renaîtrez quelque part dans le grand réseau.
On attendra . Merci pour tout ce que vous nous avez donné .
Bonjour Agnès,
Même si ce n’était pas assidument, nous nous sommes croisés à bien des reprises sur nos bloc-notes respectifs et vous allez me manquer !
Mais vous pourrez toujours venir me lire et me commenter… 🙂 D’accord ?
Toutes mes meilleures salutations.
jf.
Oui, la grimpe dès que tu pourras.
Et puis, il me semble que tu es dans un moment photos. Alors continue ce moment, parle PHOTO.
Ben alors ? Comment je vais faire pour voter en 2012, moi ?
En 2007 j’avais voté José Bové en me ralliant aux arguments du Monolecte… Bon au final ça n’a pas vraiment abouti au résultat escompté, mais on pouvait se dire que l’intelligence politique n’était, comme la richesse économique, que détenue par une élite de l’ordre de 1 à 2% dont nous étions 😉
Cette petite boutade juste pour dire que ça fait longtemps que je te lis Agnès et que tout ce que tu as pu écrire a sans doute enrichi beaucoup de réflexions personnelles sur ce moment particulier de l’Histoire que nous sommes en train de vivre.
Je pense qu’il n’y plus grand chose à dénoncer aujourd’hui… car les dés sont jetés et le système est désormais condamné.
– le système économique et financier est en train de s’effondrer en un gigantesque trou noir
– le système médiatique a révélé son vrai visage (affaire Murdoch)
– la société de consommation est une impasse du point de vue énergétique (peak oil, risques nucléaires) et idéologique (émeutes en Angleterre)
– l’ordre politique et social est désormais contesté par le peuple (Islande,Grèce, Espagne)
Il n’y a donc plus rien à contester, juste à constater et attendre que le temps fasse son oeuvre.
Et dans cette période qui va nourrir bien des désillusions et des amertumes le plus sage est sans doute de se recentrer sur son équilibre personnel pour qu’il puisse inspirer un modèle de société plus juste quand son heure sera venue.
Pour moi, le Monolecte m’aura aidé à formaliser la manière dont je conçois ce modèle de société plus juste :
– un mode de vie "développement durable" (le retour à la terre…)
– une conscience citoyenne (construire une pensée objective sur les grands enjeux de société (TCE, HADOPI…))
– un engagement local (j’en suis pas encore là, mais le récit de ton parcours militant Agnès est une vraie source d’inspiration)
L’essentiel est invisible pour les yeux 🙂
Bonne continuation
Bon, je vais préciser les choses, parce que je n’ai pas l’intention de faire mon Johnny, 100 fois parti, 101 fois revenu. Je n’ai pas dit que je fermais boutique, mais que je me faisais la remarque que, ces derniers temps, je n’écris plus des masses. Du coup, j’ai creusé dans mes motivations et voici ce qui en ressort.
Cela ne veut pas dire que je ferme boutique (je crois que j’ai payé le nom de domaine jusqu’en 2013), mais plutôt que je suis à marée basse, comme certains l’ont compris et qu’il était donc nécessaire que je m’interroge sur cette activité et sur ce qui m’attache à elle. Après, je ne suis rien d’autre qu’un être humain, avec ses coups de mou, ses doutes, ses colères, ses joies, ses déceptions.
En ce moment, je suis surtout déçue, par tout et tout le monde, y compris par moi-même. Parce que, des fois, je ne me sens pas du tout à la hauteur de la créature qui j’ai inventé. J’en parlais récemment avec un ami : Le Monolecte est en train de devenir une sorte de marque, quelque chose de plus tangible que moi, parfois. C’est à la fois un moteur et un boulet. C’est peut-être, aussi, ma version exacerbée : le meilleur et le pire de ce que je suis réellement… encore que je n’ai toujours pas répondu à cette question… et que je doute qu’il n’existe qu’une réponse.
Je crois que j’ai besoin de croire en quelque chose, parce qu’il est impossible d’avancer vers rien. Je pense que j’ai besoin de retourner sur la montagne, même une journée, pour partager un autre point de vue.
J’ai cru voir passer un bébé chat hier matin, hier soir il avait disparu, j’ai rêvé ou quoi ?
Questions pratiques :
– Faut-il se dépêcher d’archiver ce qui nous intéresse avant que le blog ne ferme ?
– Une suite au syndrome du poisson rouge ?
Ça serait dommage que tous ces beaux textes se perdent.
Merci pour ce que vous avez écrit et pour les photos (j’adore celle de la fliquette et du vieux syndicaliste découragés et assis par terre)
Je résumerais cela par un mot: le contexte. Le problème du blog est que c’est un média "hors contexte". Il doit se créer un contexte, une raison d’être. De plus, avec la montée en puissance des médias sociaux, la blogosphère s’est délitée: c’était le contexte dans lequel le blog se développait, son voisinage immédiat, les autres blogs.
Pour continuer à bloguer, il faut soit être complètement "givré" ou motivé, ou alors avoir des objectifs bien particuliers, concrets. Sinon, le blog risque de n’être qu’une bouteille à la mer qui dérive, sans but.
"Il faut substituer au sentiment du gibier traqué l’allant du combattant", disait, dans des circonstances somme toute assez semblables, Georges Guingouin (Résistant communiste).
Partout dans la machine sociale, cela explose à bas bruit, et parfois à si bas bruit que cela prend la forme d’un suicide. Il n’y a pas un secteur de cette machine qui ait été épargné dans les années passées par ce genre d’explosion : agriculture, énergie, transports, école, communications, recherche, université, hôpitaux, psychiatrie. Et chacun de ces craquements ne donne, hélas, rien, sinon un surplus de dépression ou de cynisme vital – choses qui se valent bien, en fin de compte.
Comme le plus grand nombre aujourd’hui, nous sommes déchirés par le paradoxe de la situation : d’un côté, nous ne pouvons pas continuer à vivre comme cela, ni laisser le monde courir à sa perte entre les mains d’une oligarchie d’imbéciles, de l’autre, toute forme de perspective plus désirable que le désastre présent, toute idée de chemin praticable pour échapper à ce désastre se sont dérobées. Et nul ne se révolte sans perspective d’une vie meilleure, hormis quelques âmes sympathiquement désespérées.
L’époque ne manque pas de richesse, c’est plutôt la longueur du souffle qui lui fait défaut. Il nous faut le temps, il nous faut la durée – des menées au long cours. Un des effets principaux de ce qu’on appelle répression, comme du travail salarié d’ailleurs, c’est de nous ôter le temps. Pas seulement en nous ôtant matériellement du temps – le temps passé en prison, le temps passé à chercher à faire sortir ceux qui y sont -, mais aussi et d’abord en imposant sa propre cadence. L’existence de ceux qui font face à la répression, pour eux-mêmes comme pour leur entourage, est perpétuellement obnubilée par des événements immédiats. Tout la ramène au temps court, et à l’actualité. Toute durée se morcelle. Les contrôles judiciaires sont de cette nature, les contrôles judiciaires ont ce genre d’effets. Cela va bien ainsi.
Ce qui nous est arrivé n’était pas centralement destiné à nous neutraliser nous, en tant que groupe, mais bien à impressionner le plus grand nombre ; notamment ceux, nombreux, qui ne parviennent plus à dissimuler tout le mal qu’ils pensent du monde tel qu’il va. On ne nous a pas neutralisés. Mieux, on n’a rien neutralisé du tout en nous utilisant de la sorte.
Et rien ne doit plus nous empêcher de reprendre, et plus largement sans doute, qu’auparavant, notre tâche : réélaborer une perspective capable de nous arracher à l’état d’impuissance collective qui nous frappe tous. Non pas exactement une perspective politique, non pas un programme, mais la possibilité technique, matérielle, d’un chemin praticable vers d’autres rapports au monde, vers d’autres rapports sociaux ; et ce en partant des contraintes existantes, de l’organisation effective de cette société, de ses subjectivités comme de ses infrastructures.
Car c’est seulement à partir d’une connaissance fine des obstacles au bouleversement que nous parviendrons à désencombrer l’horizon. Voilà bien une tâche de longue haleine, et qu’il n’y a pas de sens à mener seuls. Ceci est une invitation.
c’est intéressant ce que dit le camarade Alberto
à la fin de son exposé il propose semble-t-il une invitation à la construction collective
ce qui m’est apparu intéressant dans le web c’est de prétendre pouvoir créer des réseaux sur de l’expression partagée publiquement
alors par exemple de s’identifier avec un point de raliement comme un site
Alberto n’indique pour ça part aucun site personnel. c’est dommage.
on peut aussi indiquer un site collectif collaboratif
Le site monolecte, objet qu’agnes semble ressentir comme la dépassant personnellement, pourrait avoir une vocation de cet ordre et ne plus simplement servir de raliement à des sensibilités se retrouvant à travers ce que l’animatrice autrice du site exprime.
je ne dis pas proposer que ce site devienne collaboratif au sens de ouvert à publications collectives, bien que son espace de commentaires en prenne souvent l’apparence.
j’indiquerai un exemple de tentative de site de rassemblement de construction collective de réponse aux constats désespérant que nous faisons de diverses façons
http://lavoiedespeuples.unblog.fr/
la voie des peuples pour un assemblée constituante est un site de cet ordre proposé par Caleb Iri
Un Forum sur la même initiative
http://laconstituante.forumgratuit….
et l’initiative d’Etienne Chouard sur la même idée
http://etienne.chouard.free.fr/Euro…
le plan c : instituer une vraie démocratie par une constitution d’origine citoyenne
croire en quelque chose : je ne suis pas sûr qu’on y parvienne seul. il faut partager une foi pour qu’elle ne s’étiole pas dans le poids des circonstances quotidiennes et la barbarie de l’économie anti-sociale actuelle.
Merci Agnès, ton écriture enchante, et comme tous ici, je t’aime.
😀
smolski
Simplement, le Système est en train de s’effondrer, et cela ne se fera pas en quelques mois, mais s’étalera sur plusieurs années, sans doute 10 à 15 ans.
Et c’est bien ce sentiment exacerbé de pourriture envahissante et omniprésente, ce délitement qui touche absolument tous les secteurs de la société, tous les milieux professionnels, qui finit il est vrai par générer une véritable et viscérale et irrépressible nausée.
Corruption (des coeurs et des esprits) tous azimuts, que les politiciens véreux ne peuvent en même temps plus cacher. Corruption du monde de la finance, régime envahissant des oligarques, gangrenés par le seul appât du gain, etc, etc….. Présence envahissante et morcelante des machines administratives qui ont le pouvoir de freiner et de stériliser toutes les initiatives, toutes les bonnes volontés, et ce, dans tous les domaines d’activités…., au point de décourager les citoyens jusqu’alors engagés et honnêtes.
Sans parler bien sûr du harcèlement au travail que subissent des millions de salariés, pressés et pressurés dans des "open space" de merde (sic), chacun devenant le concurrent et le surveillant de son voisin, de son prochain.
Etc, etc, etc…….
Un pays qui finit par écoeurer toutes les bonnes volontés.
Une oligarchie qui est en train de tout détruire sur son passage dans son adoration du veau d’or, du sacro-saint argent.
Mais un Système pourrissant qui s’effondre cependant, inéluctablement et durablement, du moins je veux le croire.
Ce qui compte, c’est de tenir…. debout, et le plus lucide possible, pendant toutes ces années de transition, en sachant que chaque individu, chaque être humain a le pouvoir de changer le monde, son environnement, par la seule force de sa pensée co-créatrice.
Si nous voulons une société humaine fraternelle, équitable et juste, où le partage des richesses devient une loi naturelle, si nous voulons que tombent les oligarchies dégénérées, il nous faut être convaincus que nos volontés singulières réunies en harmonie, car projetées vers un but commun, sont ultimement souveraines.
Nous sommes des êtres souverains et créateurs,
En train de nous souvenir,
A la faveur du délitement de l’ancien monde,
De ce que nous sommes vraiment.
Je crois que plutôt de vociférer contre ce monde en déliquescence, et face à l’ennemi surpuissant, que nous ne vaincrons jamais.., opposons lui le silence et la disparition…. Disparaissons, ne soyons plus que des ombres déterminées à ne plus donner voix, à ne rien leur quémander… nous n’existons plus pour eux, ils n’existent alors plus pour nous..
"Je crois que j’ai besoin de croire en quelque chose, parce qu’il est impossible d’avancer vers rien."
Alors justement, je viens de créer une petite secte sympa dont je suis le Grand Gourou En Chef.
Si tu veux croire en Moi, c’est très simple, tu m’envoies un chèque de 500€ et je t’envoie gracieusement (avec grâce, quoi) le petit guide rose bonbon du parfait adepte très gentil. Qu’est-ce que t’en dis ?
Elle est pas belle la vie ? Un petit coup de mou et le GGEC, te passe un petit coup de fil légèrement surtaxé. ça vaut le coup, crois-en le GGEC ! Bon allez, et n’oublie pas de le signer surtout. Bise.
PS: Attention, 500€ c’est une promo, dés lundi ça passe à 800€. Fais vite !
Salut Agnes
Je ne commente jamais sur ton blog, mais je te lis ; tu trouves toujours les mots justes, ils m’accrochent et souvent je transmet tes écrits à mon entourage proche et moins proche.
Ce monde va changer c’est sûr, c’est juste une question de temps, c’est long toujours, très long !
continuons ! Moi je n’écris pas ou alors si : des tracts parfois pour convaincre ou informer, ils sont distribués ensuite sur les marchés, dans la rue, des fois c’est chiant, des fois c’est bien…
Nous avons tant dénoncé, reste maintenant à reconstruire, ça va être long, très long mais ça vaut la peine. C’est le moment !
En tout cas tu as une belle plume, il faut t’en servir d’une manière ou d’une autre, on en a besoin nous aussi.
Bises
Oui, détournons le regard, puisque nous avons perdu le goût de jouer au jeu des élections truquées, puisque nous savons, par exemple, que ces sal….pards de députés censés représenter le bon peuple se sont essuyés les pieds sur le suffrage universel qui avait dit Non !!! en France à près de 54% à cette Constitution Européenne Ultralibérale, députés qui approuvaient en catimini cette Constitution rejetée par le peuple, puisque nous savons que ce Système désormais à bout de souffle ne pourra plus survivre sans notre aval.
Détournons le regard et nos paroles de cette machinerie aliénante.
Regardons ailleurs,
Et laissons l’ancien monde s’écrouler,
Sans bouger, sans faire un geste,
Sans plus dire un mot pour nous indigner de cette mascarade qui fait de nous des esclaves,
Depuis si longtemps.
Ne jouons plus le jeu de l’indignation et de la dénonciation du Système,
Puisque c’est là encore faire le jeu et nourrir le Système.
Portons une parole autre,
Un regard autre,
Ceux de nos aspirations et de nos rêves.
Il n’est plus temps de s’opposer.
Voici venu le temps de co-créer.
🙂
Il faut toujours faire ce que l’on souhaite, c’est ça qui nous différencie des machines.
Merci pour le voyage et bon vent.
Un lecteur passager, toujours touché par tes mots si bien choisis, tes coups de gueule et tes émerveillements qui résonnent chez beaucoup d’entre nous à en croire tes commentateurs.
Et certes, on écrit pour être lu, pour dire, et tu as le sentiment que tout a été dit, ce qui est une raison pour ne plus écrire.
Mais on écrit aussi pour écrire, non ?
Même s’il faut un but, le but est un peu le chemin, aussi…
Une belle plume pour une belle personne, en effet, qui va manquer, si tu cesses.
Mais je me ferais toujours un plaisir de relire ceux de tes billets qui m’ont le plus touché, et de les faire découvrir à ceux nombreux qui je le sais auront plaisir à te lire.
Merci
Au delà de cette sensation de fatigue que l’angoisse refoulée fait naître (où c’est-y qu’on va en ce moment, nous les humains ?) , au delà de petits trucs entraveurs de la vie pratique et courante, au delà des attentes des fans, rester créatif, c’est rester honnête, vrai, et questionneur (en recherche si on préfère) – et c’est ce que tu viens de faire – je ne suis donc pas très inquiète pour toi, même si rester vrai et honnête peut faire mal assez souvent.
Bien vu, vieille dame. Dans un monde où il est impératif d’avoir au moins toujours l’air sûr de soi, mon véritable moteur, c’est le doute.
Comme je la comprends cette fatigue, c’est dommage car j’adore vous lire, cela m’as aidé a me sentir moins seul dans ce monde de fou….Avant de finalement en sortir, complétement., sortir du système, ne plus en faire partie..
Actuellement, j’ai quitté l’Europe pour la seule place au monde où des gens essayent de vivre autrement : Auroville. C’est surement pas le paradis, mais au moins ici, on tente autre choses.
Une chose est sur, vos écrits nous ont aidés à prendre notre décisions, et aujourd’hui, nous sommes heureux de ne plus contribuer à ce système en plein déclin.
Merci pour votre temps passés, merci pour vos mots. Au plaisir de vous lire ici ou ailleurs.
Cordialement
Je lis avec un peu d’inquiétude le titre de ce billet.
Mais au fond, quel droit ai-je?
Vous êtes chez vous, c’est votre Blog, vous nous permettez de prendre connaissance de vos idées, de votre vision du monde.
Quelque soit votre décision, elles sera bonne.
Je reviendrai de temps en temps pour peut être vous lire, parce que cela fait du bien.
Merci pour tous ces billets.
Je suis de ceux qui ne commentent que rarement. Mais tous les jours j’espère un nouveau billet à déguster. Un plaisir qui, il est vrai, s’est fait rare ces derniers temps. Mais il n’en est que plus grand. Merci.
@ Corbeaux13 : Vous qui avez gagné la cité de la Mère et d’Aurobindo, je vous signale cette extraordinaire traduction en français du grand oeuvre d’Aurobindo, "Savitri", que vous pourrez lire librement sur FeedBooks.com, ici :
http://fr.feedbooks.com/userbook/55…
Très cordialement à vous. 🙂
L’auteur crée, ici écrit, partage ses choix
Le narrateur raconte, ici écrit, retranscrit l’auteur
Le lecteur interprète, ici lit, transforme le narrateur
Le commentateur réagit, ici écrit, afiche sa voie
Il tape sur son clavier, reprogrammant l’auteur
Écris tes propres textes et reste lectrice – avec nous – de ton blog
Car nous aussi nous voulons le rester…et avec toi
virtualité partagée, anonyme et impersonnelle, que tu nous donne mais que nous te volons
Face au monde que tu nous décris, auquel il est difficile d’échapper,continu de nous réunir, et peut être nous retrouverons nous autour de sujet plus joviaux
En 53° commentateur, je me risque innocemment à apporter du nouveau, alors que je suis ébloui par tant d’échanges de points de vue déjà ouverts, convergents pour la plupart : quelle santé que ton blog… finalement collectif alors que tu l’as conçu individuellement… à t’en sentir ‘au bout du rouleau’. Enfin, pas à la façon ‘esbrouf’ de Johnny (101°retour, comme tu dis), mais du moins à celle de l’escaladeur des cimes, soudain sans crampons… provisoirement!
J’ai connu (et connais et il m’arrive d’en être) plein de gens audacieux qui ont osé, comme toi, se ‘lancer’, avec plaies et bosses, joies et émerveillements aussi… et ont plus ou moins ‘tout arrêter’ un temps long (une éternité pour les mort(e)s). J’ai 73 ans, me suis lancé dans l’écriture à 13 ans, l’ai abandonné, ai comme toi pratiquer la photo… et mon escalade à moi, depuis 60 ans reste LA POESIE.
C’est toujours là, grâce aux poètes, aux arbres, à la truculence de la vie, que je me suis ressourcé.
Tiens, mon dernier ‘p’tit poème’, pour toi et Agnès, et tes lecteurs (en espérant que le format web va à peu près le respecter :
Poème comme ça
C’est un poème comme ça
Qui me vient d’une étoile ou pas
Entre nous deux on appelle ça
poème et porquoi pas ?
Entre tout deux il y a du comme ça
Du lien du poème de la sève
Entre arbre et oiseau il y a poème
Entre ce que vous voulez ou pas
Et puis basta car il n’y a pas de fin
Tout vit passe et trépasse soit
Une idée une montagne une étoile
La carcasse venue envelopper le moi
Juste le temps d’en chier d’en rire et pfuit
Il n’y a plus de moi mais tout reste
Comme l’idée d’un poème comme ça
Et c’est la
Poésie
Merci d’avoir publié mon commentaire, mais…comme je le craignais, mon ‘poème comme ça’ a été déformé par les règles bêtasses de la transcription ‘web’. C’est encore plus grave que mes quelques fautes d’orthographe que vous aurez corrigé de vous-même (infinitifs au lieu de participe passé!) , merci !
Je retranscrits ce poème avec la convention suivante : le signe / signifie un ‘blanc’ de 3 ou 4 espaces entre certains mots : c’est important pour la respiration du poème, chose que je pratique par mes lectures à haute voix, en attendant le musicien … :
Poème comme ça
C’est un poème comme ça
Qui me vient d’une étoile / ou pas
Entre nous deux on appelle ça
du lien / du poème / de la sève
Entre arbre et oiseau il y a poème
Entre ce que vous voulez / ou pas
Et puis basta car il n’y a pas de fin
Tout vit passe et trépasse / soit
Une idée / une montagne / une étoile
La carcasse venue envelopper le moi
Juste le temps d’en chier / d’en rire / et puis pfuit
Il n’y a plus de moi mais tout reste
Comme l’idée d’un poème comme ça
Et c’est la
Poésie
« Mais encore plus que le manque de temps, il y a le manque flagrant d’envie. De motivation.
Souvent, je me dis : "Pfffff, à quoi bon ? Je l’ai déjà écrit 100 fois." »
Ben oui, Agnès, comme tu imagines bien, c’est ce que je ressens depuis déjà un bail (sauf que moi c’est mille fois, vu mon grand âge (!) et mon ancienneté dans la carrière !), et qui m’a fait abandonner le bloc-notes … Mais tu as trop de talent pour ne pas rebondir.
Je t’attends au coin du roman !
Allons bon,… voilà Agnès qui craque,… qui nous fait une petite déprime en plein cœur de l’été !
Allons, allons Agnès ! Faut pas se laisser aller comme ça ! Tu sais que tu n’es pas la seule dans ce cas. Bon, oui, je sais, à la limite tu n’en as rien à foutre,… c’est de toi que tu parles,… et tu as raison. Mais enfin, tu n’es pas seule à ressentir ce que tu exprime,… nous sommes j’en suis sur des milliers.
J’ai passé ma vie professionnelle et militante à répéter, rabâcher mille et mille fois, que dis-je, des millions de fois, les mêmes choses… et quand je vois où l’on en est moi aussi, parfois, j’ai envie de « partir à la pêche ».
Moi aussi j’ai mon petit jardin avec mes tomates – excellentes au demeurant – des copains – sympas – une famille, et mille et mille autres choses à faire… Pourtant je suis toujours à écrire, à répondre pour des cours, des conférences, des interventions… Et je me répète, me répète,…
Qu’est ce qui peux me pousser à ne pas tout « envoyer promener » et à ne plus « cultiver que mon jardin » ? Bonne question !
Je ne sais pas trop quoi répondre. Pas l’intérêt, au contraire ça me coûte. Pas la notoriété, je suis un inconnu comme toi. La rage,… oui,… la rage, la colère de voir ce que je vois, la connerie, l’individualisme, le mépris des autres, la reproduction des mêmes erreurs… Ecrire contre tout ça et essayer de faire comprendre c’est comme se laver quand on se sent sale… ça fait du bien à l’esprit… et ça c’est important,… c’est une hygiène de vie qui m’est moralement spirituellement indispensable… et puis je me dis, en regardant l’Histoire que ce sont des gens comme nous, largement inconnus, sans pouvoir, qui ont peu à peu fait évoluer des idées. Oui je sais, c’est usant, frustrant, mais nous le ressentons comme nécessaire,… c’est pour cela que l’on ne décroche pas.
Pour t’avoir régulièrement lu et même échangé verbalement – tu te souviens ? – je pense que tu fonctionnes de la même manière… C’est pour cela que je ne me fais pas trop de soucis sur ton « craquage ».
Un conseil peut-être, si j’ose, d’un « vieux » : tout en écrivant, change de style… c’est ce que j’ai fait,… en plus des articles j’ai fais des bouquins et me suis lancé dans les fables politiques… en plus des dessins bien sûr. Ca fait varier les plaisirs.
Allez,… pas de panique et au plaisir de te lire et de te rencontrer à nouveau !
Bises
Patrick
Justement, depuis quelque temps je me dis "à quoi bon lire tous ces textes, à quoi bon visiter tous ces blogs, j’ai déjà lu ceci ou cela tant de fois….."
Je viens ici en touriste, pas souvent, juste pour cueillir une fleur et repartir et ce soir je tombe sur "panne sèche" !
Exactement la même impression, vue du côté de la simple lectrice.
Je pense que ce sentiment devient général, il nous tarde tant de pouvoir passer à autre chose, ne plus avoir à courir après trois sous pour payer loyer, edf et tutti cuanti, le monde se délite sous nos yeux, mais il n’en finit pas de finir.
Et oui, on s’indigne, et oui, on rage, on enrage, de ne pouvoir rien faire, de ne savoir quoi faire, d’avoir l’impression de crier dans le désert.
Il faudra que j’aille lire tes articles sur ton jardin, si j’ai le temps, moi aussi.
Comme le chantait Jacques Brel : "Il est paraît-il des terres brûlées donnant plus de blé qu’un meilleur avril" , moi je dis ; "il ne faut jamais désespérer de la nature".
Et puis, tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir et comme l’espoir fait vivre…….
"l’impression de crier dans le désert."
Et tous de faire silence, ne serait-ce pas plus rageant encore, plus douloureux même ?
Bonjour Agnès et bonjour à tous,
je viens ici régulièrement mais c’est mon premier commentaire.
Comment berenice (57e commentaire), je ressens exactement ce que tu écris si bien.
Et nous sommes énormément, je n’en doute, pas à le ressentir.
C’est aussi le sens du texte d’Edwy Plenel publié sur Mediapart le 10 août (Contre la dictature financière, la révolte nécessaire).
Un commentateur fait le constat, que d’autres ont fait ici, que le temps n’est plus à la contestation mais à l’action.
Marre de ressasser sans arrêt les mêmes évidences et de voir que ça continue, mais toujours en pire.
Ce travail de fourmi, est certes nécessaire, mais il nous use, je crois. Parce que dans les faits, nous n’en voyons pas les fruits.
Se retirer du jeu, sortir du système, c’est très tentant, et j’y pense de plus en plus sérieusement.
Mais je ressens déjà comme une forme de culpabilité d’abandonner ceux qui y restent. Sans compter que je vois mal comment en sortir totalement. Ne serait-ce que par l’effet qu’il a sur notre planète et sur la vie en général, ce système ne peut pas laisser intact qui que ce soit.
Il est temps de se battre !!!! Oui mais comment ?
Si nous nous regroupions, plus chacun derrière son ordi mais en vrai ?
Par exemple, un mouvement international est prévu pour le 15 octobre, un rassemblement de tous les indignés du monde.
Voir : http://www.democraciarealya.es/inte…
Je ne sais pas si la mayonnaise va prendre, mais j’ai l’impression que le constat est de plus en plus flagrant et que les gens sont de plus en plus conscients de ce qu’il se passe et de la nécessité d’agir.
Les soulèvements un peu partout semblent l’indiquer.
Je suis tombée sur cet article : http://www.agoravox.fr/tribune-libr…
Et l’idée finale m’a frappé : plutôt qu’une révolution, une percolation. Je cite :
"En un sens, la réalisation humaine se détermine au moment même où elle se construit, par les acteurs, dans leurs contradictions, les synergies et s’effectue non pas via une révolution (la révolution des planètes n’est jamais qu’un tour autour de l’astre central), mais via une percolation, qui est l’état d’un système lorsqu’une idée devient majoritaire."
Un petit schéma illustre le propos. Et pour cela, continuer, chaque petite fourmi, à diffuser les idées, est indispensable.
Pour ne plus survivre en machine, mais vivre en humain.
Ah bah oui mais z’avez qu’à pas donner l’adresse de votre blog à ceux qui vous connaissent aussi…
Dommage, je vous suis depuis tout récemment et voilà que vous annoncez que vous mettez la clé sous la porte… Bonne continuation en tout cas.
@paul
houlala! c’est pas de moi. Les guillemets fermants ont manqué, et je ne trouvais pas la référence (j’avais copié-collé à l’époque ce texte car je le trouve très bien), mais c’est un article, dans la rubrique idées, ou société, ou quelque chose du genre, publié par les personnes qui ont été arrêtés à Tarnac dans le journal le Monde (je l’avais pris sur le site web).
Amitiés, Alberto
ps: comme Agnès avais dit qu’elle n’écrivait plus, je n’étais plus revenu… 🙁
Je ne sais pas si ça résoudra votre panne sèche. Mais j’ai trouvé cette citation d’Elias Canetti, sur les bas-côtés de la route :
«Les mots ne sont pas trop vieux, ce sont seulement les hommes qui le sont et qui se servent trop fréquemment des mêmes »
"Et voilà des idées qui ne peuvent être partagées qu’avec des inconnus lointains et détachés"
Et les inconnus lointains et détachés t’en remercie.
Courage, compassion pour tes interrogations.
Pour moi, la vie se conçoit comme un long ricochet : savoir donner un coup de fouet au cailloux pour qu’il rebondisse, pour se laisser le temps de contempler la trajectoire et les ronds dans l’eau
"Et voilà des idées qui ne peuvent être partagées qu’avec des inconnus lointains et détachés"
Et les inconnus lointains et détachés t’en remercie.
Courage, compassion pour tes interrogations.
Pour moi, la vie se conçoit comme un long ricochet : savoir donner un coup de fouet au cailloux pour qu’il rebondisse, pour se laisser le temps de contempler la trajectoire et les ronds dans l’eau
argh, tu sais, sérieux, j’trouve ca dommage (oui je parle en lectrice, je sais que t’as le droit, et de bonnes raisons, de choisir de plus écrire), mais argh. Si argh. (j’dirais bien reviens bordel, reviens, ou repousse ailleurs (mais zut, j’peux pas te forcer)), mais argh (fait chier). (t’as vu j’ai vachement de vocabulaire 😉 )
Alors, très gros bisous.
oh pardon, mais tu vois, j’voulais te mettre un poeme (d’aragon), alors j’ai cherché, pi j’suis tombée sur mon ancien site dis donc (j’étais jeunette),
"Que ton poème soit l’espoir qui dit A suivre
Au bas du feuilleton sinistre de nos pas
Que triomphe a voix humaine sur les cuivres
Et donne une raison de vivre
A ceux que tout semblait inviter au trépas
Que ton poème soit dans les lieux sans amour
Où l’on trime où l’on saigne où l’on crève de froid
Comme un air murmuré qui rend les pieds moins lourds
Un café noir au point du jour
Un ami rencontré sur le chemin de croix
(je te mets le lien, (en entier) http://totosurlelavabo.free.fr/Arag… )
pi porte toi bien. (je sais, bordel, c’est pas des poemes méga gai, mais si moi ca me manquera(is) que t’écrive plus.
Là, je manque de mots, mais je manque surtout de temps : j’ai passé l’été à bosser et avec la rentrée et les activités extra-scolaire, je n’ai juste plus de vie…
Travail = aliénation, mais je n’apprends rien à personne.