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Extension du domaine de la lutte

Par Agnès Maillard
24 mars 2006

Le Net est devenu le carrefour des expressions qui ne trouvent plus leur place dans la société civile actuelle. C’est bien, mais est-ce suffisant?

Extension du domaine de la lutte 1

Cela fait un petit moment qu’on en parle entre nous. Nous, les cyber-potes, les militants du clavier, les alter-machin-truc-chouette, toute cette petite communauté qui a trouvé sur la toile un lieu d’expression inespéré. Nous pensons, à juste raison ou non, que nos prises de position, la forme virale que peut prendre la diffusion des opinions sur le Net nous ont permis de coller 2 ou 3 bonnes suées à la caste qui verrouille totalement la société civile actuelle. Notre plus beau fait d’armes étant probablement le non au TCE, obtenu alors que les médias traditionnels et respectés, les politiques de presque tous les bords, le bel ensemble de la France qui gagne, qui gouverne, qui dirige, qui choisit, qui informe, qui sait, qui pense, rabachait d’une seule et même voix : "Le TCE, c’est bon, mangez-en!".
Cependant, si la construction du débat contradictoire, si la diffusion des arguments et des textes en version intégrale se sont fait sur la Toile, il ne faut jamais perdre de vue que ce qui a probablement assuré la victoire du camp du "non", c’est le maillage serré du territoire qui a été assuré par des débats, des conférences, des réunions d’informations, grâce à des personnes de bonne volonté, un peu partout.

Grâce à Internet, le champ des idées, la possibilité du débat, l’ouverture vers d’autres pensées sont possibles. Nous parvenons, de ci, de là, à remporter quelques victoires sur ce qu’il convient d’appeler la pensée unique, ce que je traduirais par l’emprise du dogme économiste. Nous fissurons l’édifice idéologique de l’absolue dictature du Marché sur toute autre considération. Mais au final, nous sommes tout de même en train de perdre la guerre.

Tout simplement parce que le champ du politique est soigneusement verrouillé par ceux qui ont très nettement intérêt à ce que rien ne change, sauf à aller encore plus dans leur sens. Journaux, télés, radios, hauts fonctionnaires, sphère politique, financière, économique, tous les champs de l’action IRL restent monolithiques, dévoués à une seule cause, une seule vision du monde : la leur.

Insuffisance de l’expression cyber-citoyenne

Grosse Fatigue met la clé sous la porte. Après 7 ans de bons et loyaux services sur la toile, Grosse Fatigue arrête les frais et ses lecteurs restent anéantis par ce qu’ils ressentent comme un abandon. Terminées les chroniques du temps qui passe taillées au scalpel de nos petites lâchetés ordinaires :

Je n’ai pas grand-chose d’autre à ajouter. Ce n’est pas que je n’ai plus rien à dire, c’est qu’écrire là et attendre qu’il ne se passe rien ne m’enthousiasme plus. J’aurais pu parler des sacs plastique en Guadeloupe, de la fille de Villepin et du CPE, écrire sur le choix CPE/RMI, et continuer à me condamner à l’actualité et à son commentaire, ce qui est un piège évident. Le reste est récupéré à l’avenant, comme les pantalons trop larges des faux artistes, des faux rebelles, en provenance des vraies banlieues. Mon bout de web, c’est la banlieue un peu. J’aurais pu continuer à raconter les aigreurs devant l’immonde connerie qui voyait il y a encore quelques jours une fille très jolie et vers les vingt ans et même pas vulgaire lire avec passion dans le train l’un de ces magazines pipole à la con. J’aurais pu continuer à participer. Décrire l’exaspération devant les crétins qui prennent l’avion et prennent tous leurs bagages en cabine (et surtout les cartouches de clopes) pour ne pas avoir à faire la queue pour récupérer leurs valises à l’arrivée à Orly. Mais ça n’a pas beaucoup d’intérêt. J’aurais pu.

Mais non.

Grosse Fatigue est arrivé aux limites de l’exercice.

Certes, avec un bon texte, on peut toucher 2000, 3000, voire 6000 personnes. Etienne Chouard, pour ne citer que lui, a été lu par des centaines de milliers de personnes. C’est bien. C’est généralement mieux qu’un essai de philosophie diffusé du bout des lèvres en librairie et qui peinera à chopper 500 lecteurs. Certes, il y a aussi la loi du nombre qui fait que les idées se diffusent rapidement sur la toile, sont reprises, réécrites, qu’elles contaminent le discours. Parfois même les sites d’information alternative[1], souvent au courant avant les agences de presse, parviennent, au bout de quelques jours, voire quelques semaines à faire éclore certaines informations sur les médias "professionnels".

Mais au final, on est plutôt en train de pisser dans les violons complaisants de notre propre autosatisfaction tout en s’extasiant de nous retrouver si nombreux dans notre cyber-microcosmos.

Car pendant ce temps, ceux qui sont aux affaires ne perdent pas de temps en diatribes puissantes et éclairées : ils font. Ou plutôt ils défont.
Ils font leurs petites affaires, leurs petits arrangements entre amis, ils font la pluie et le beau temps, ils font la fortune de leurs amis, il font avancer un ordre des choses qui leur est monstrueusement favorable, ils font des lois qui arrangent leurs intérêts et ceux de leurs amis, ils font passer leurs intérêts particuliers avant toute autre considération, particulièrement si elle a trait à l’intérêt général.
Ils défont le droit du travail, la protection sociale, l’indemnisation du chômage, la retraite par répartition, l’éducation pour tous. Ils défont ce qu’ils appellent les privilèges, c’est à dire les miettes de protection que certaines catégories sociales laborieuses avaient réussi à préserver de la grande braderie, et ils le font au nom de l’équité : tous dans la merde et que pas un front ne dépasse! Ils défont le prodigieux héritage de l’après-guerre :

l’idée qu’une société plus juste et plus solidaire est le meilleur rempart à toute tentation totalitariste!

Nous pouvons continuer longtemps à décortiquer, dénoncer, sensibiliser, analyser, penser : cela ne masque même pas notre réelle impuissance, notre manque de prise sur le réel.
Nous usons de pédagogie pour commenter l’actualité ou les faits de société et face à nous, le rouleau compresseur des grandes chaînes généralistes, des journaux propriété des géants de la finance et de l’industrie et des radios aux ordres démolit toute vélléité d’argumentation ou de débat en quelques aphorismes démagos bien sentis, voire carrément en travestissant les faits.

Certes, nous apportons du débat, de la contradiction, nous poussons à s’interroger, à douter, petit à petit, nous pouvons espérer changer les mentalités, susciter les prises de conscience et obtenir le changement du social par le changement des pratiques quotidiennes individuelles et groupales, mais il s’agit là d’un travail de titan abattu avec des moyens de fourmis et soumis à l’inexorable temporalité du politique, lequel se repaît de plus en plus de réaction au coup par coup, d’instantanéité, d’action bâclée dans l’urgence.

Et comme si notre impuissance ne suffisait pas, la prochaine étape consistera bel et bien à nous réduire au silence :

"Ce texte pour moi, n’est d’ailleurs que le premier d’une longue série d’adaptations de notre droit à l’ère numérique et je compte bien, par exemple, m’attaquer un jour au problème de la presse et de l’Internet. C’est un autre sujet capital parce qu’il n’y aura pas d’informations de qualité sur l’Internet sans de vrais signatures, de vrais acteurs dont c’est le métier. L’Internet est une grande chance mais je ne veux pas l’idéaliser et sans un cadre clair, beaucoup de ces chances pourraient être gâchées"

Ainsi parle Donnedieu de Vabres lors d’une interview à Libé au sujet du DADVSI qui vient d’être voté.[2]

Les gouvernements sont très mal à l’aise face à la libre circulation de l’information, et ne la permettent que dans une certaine mesure. Les réformes législatives restrictives et les mesures techniques pour empêcher la violation de droit d’auteur pourraient mener un jour à devoir demander la permission pour publier, ou alors à ce que publier hors des sentiers battus semble trop risqué. Le cartel a ciblé certaines des innovations essentielles pour les actualités de demain, tel que le partage des fichiers qui facilite effectivement la violation de droits d’auteur mais qui offre aussi aux journalistes citoyens l’un des seuls moyens abordables pour distribuer ce qu’ils créent. Le gouvernement insiste sur le droit de tracer tout ce que nous faisons, mais de plus en plus d’hommes politiques et de bureaucrates ferment l’accès à ce que le public doit savoir – l’information qui fait de plus en plus surface à travers les efforts des médias non traditionnels.
Dan Gillmor, dans son livre We The Media

Viva activa

Tout cela pour dire que je comprend la démarche de Grosse Fatigue et d’autres cyber-scribouilleurs. Je pense aussi qu’il y a urgence pour nous d’investir le champ du réel, de sortir de notre rôle de spectateurs critiques. Non pas que l’observation ou la critique soient inutiles : elles sont parfaitement nécessaires pour avancer, élaborer d’autres manières de voir. Mais, comme l’a si bien démontré Hannah Arendt, la vita contemplativa n’a de sens que si elle débouche sur la vita activa, c’est à dire l’action, l’emprise sur le réel, l’accomplissement des idées, le politique. Sinon, toute réflexion n’est que pur verbiage. De même que l’action politique sans réflexion philosophique préalable n’est que gesticulation mercenaire, confiscation du vivre-ensemble au profit de la toute-puissance des intérêts particuliers, autant dire que cela fait le lit du totalitarisme que nous retrouvons aujourd’hui dans le culte inconditionnel de l’économisme.

Nous ne sommes que des ombres sur les parois de la caverne, il est temps que nous nous incarnions dans le réel. Mais comment?
Aujourd’hui, la confiscation du politique par une seule caste pousse à la confrontation, au rapport de force, à la lutte des classes. En fait de fracture sociale, nous assistons à l’atomisation du social, à la déconstruction du vivre-ensemble, au détricotage du tissu sociétal. Les explosions de colère et de violence sporadiques auxquelles nous assistons depuis plusieurs mois ne sont jamais que des symptômes de ce malaise profond. Mais la violence elle-même porte en elle les germes de dictatures à venir. Ce n’est donc pas une solution acceptable.

Le renouveau démocratique passe donc forcément par une réappropriation du champ du politique par l’ensemble des citoyens face à une caste qui, elle, est prête à recourir à la violence pour conserver le pouvoir. Voici l’enjeu. Et il est de taille!

Notes

[1] Dans le sens d’une information différente des médias dominants et non d’une information altermondialiste.

[2] Pour les mal-comprenants, deux articles de Ratiatum, ICI et

82 Commentaires

  1. j’avais commencé à rédiger un commentaire, et je ferai peut etre plutot un billet plutot que de dire trop vite fait des aneries.

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  2. Le prochain crash test : les présidentielles. Il me tarde de voir la forme que prendront les débats, dans les médias traditionnels et « chez nous ». Je crains une désillusion sévère, mais je ne peux m’empêcher d’espérer un retournement de situation. Patientons…

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  3. Il y a quelque temps déjà, trois ans, j’ai racheté un ordi.(en remplacement d’un trop vieux 386) avec tout le toutim : adsl, processeur relativement puissant mais dépassé au bout de 06 mois.

    Enfin je découvrais l'internet, si vanté pas nombre de mes connaissances.

    Après l’avoir planté 04 fois, j’ai toutefois pu appréhendé l’ouverture fantastique que permettait cet outil; mais également ces limites. En consultant différents blogs, forums de discussions, j’ai de plus en plus l’impression de rencontrer, toujours les mêmes personnes : les pseudos changent mais la rhétorique reste à l’identique : pro contre anti., en avoir où pas, subir où agir … Bien que les arguments posés sont pour la majorité de hauts niveaux, je parle ici de blogs conséquents (pas ceux d’ados pré-pubères affichants leurs petits soucis existentiels, je le dis sans aucun mépris), mais finalement tout tourne en rond, chaqu’un s’arc-boutant sur ces certitudes. Dans ces conditions, il n’est pas surprenant d’apprendre la disparition spontanée de quelqu’uns, certainement las de crier dans le désert, peut être, comme tu le dis si bien, dame Agnès, la « vraie » vie est au dehors, dans les luttes. Si nous nous contentons que de dresser des constats, tout le monde peut le faire. Par contre il conviendrait qu’au dela, les forces s’organisent afin de contrer le rouleau compresseur du libéralisme, un espoir, pour finir, les jeunes en ce moment nous montrent le chemin.

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  4. Permettez-moi d’intervenir en tant qu’étranger – donc haïssable – dans un débat franco-français.

    Je ne connais pas Grosse FAtigue et je n’ai rien lu de lui sinon la « Fermeture définitive », texte auquel vous renvoyez, et je n’ai pas envie de lire autre chose.

    Que Grosse FAtigue soit fatigué, c’est un pléonasme 😉 Comme quoi le choix d’un pseudonyme n’est jamais neutre.

    Qu’il dénigre les «milliers d’imbéciles continueront l’aventure, à écrire en ligne leurs « pensées »» en dit long sur les prétentions de cet individu.

    Qu’il annonce «un mois ou deux» à l’avance qu’il va fermer et qu’il crée spécialement un blog pour le dire est risible.

    Coup de pub ?
    «Je revends tout sur Ebay. Je ferme d’ici quelques jours. Je veux dire : je ferme totalement.»
    Vendre sa boîte sur Ebay, c’est le pied pour la pub Comment se faire connaître de millions d’internautes et de repreneurs potentiels pour le prix d’une paire de chaussettes ? Libération

    J’ai l’impression qu’il a surtout besoin de ressentir le frisson narcissique des pleurs de centaines de lecteurs… et de lectrices…

    Je m’étonne de tant de bruit pour rien…

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  5. A lou, tu as certainement raison, mais les textes de « grosse fatigue » quel rigueur d’observation, de la vraie, de la bonne « grosse fatigue »; chapeau l’artiste et adieu. Pour rire un bon coup rendez vous à brave patrie : hillarant.

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  6. Bonjour, Lou Quétiero
    Je ne sais pas d’où tu nous écris (enfin, je peux le savoir, mais ce n’est pas le sujet 😉 ), mais c’est flippant quand tu laisses entendre que tout ce qui n’est pas français est haïssable pour nous. Je me doute bien que les grenouilles arrogantes et donneuses de leçon ne jouissent pas d’une excellente réputation ailleurs dans le vaste monde, mais je ne pense pas que l’on puisse tous nous réduire à un gras tas de xénophobes.
    Grosse Fatigue (il y a un film de ce titre sorti en 1994, c’est peut-être un clin d’oeil que ce pseudo!) a écrit de supers textes pendant des années sur le net, il ne faut donc pas s’arrêter sur ce coup de grizou pour circonscrire la bestiasse.

    Ceci dit, son jeté d’éponge et les raisons qu’il dévoile au fil des commentaires rejoignent mes propres réflexions sur la réorganisation démocratique nécessaire et sur les moyens à mettre en oeuvre dans ce sens. Le Net est un bon outil d’expression, mais rien de plus, ce n’est pas un miracle ou l’émergence d’une nouvelle société, comme on a pu le lire trop souvent. C’est le sens de ce billet.

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  7. Je vis au Mexique, un pays bien loin… des clichés habituels. Je suis de passage à Paris pour des raisons professionnelles. J’écoute, je regarde et surtout je dialogue… avec des gens réels.

    Le « haïssable » était bien évidemment provocateur 😉

    En ce qui concerne le « franco-français », j’ai été très surpris de ne rien entendre et de ne rien voir le 18 mars en France contre la guerre en Irak comme dans beaucoup de pays dans le monde :
    «De Sydney à Londres, de Karachi à New York, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté samedi dans le monde entier à l’occasion du troisième anniversaire du déclenchement de l’intervention américaine contre le régime de Saddam Hussein.»
    Le Nouvel Observateur

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  8. A la différence près, c’est que nous ne participons pas à la coalition du gringo Bush. Et les gens sont déjà ds la rue, si cela t’avais échappé.

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  9. Les français, ils n’ont pas participé à la guerre. Les français luttent contre la mondialisation libérale. Comme les mexicains le font déjà, parfois, quand ils le peuvent, et vont le faire plus concrètement, quand ils auront élu le maire de Mexico. Les français, ils aimeraient avoir autre chose comme perspective que l’arrivée du néo-libéral Sarkozy, qui n’a qu’une seule ligne, conforter la France dans le giron néo-conservateur à la sauce ricaine, à la sauce « nous sommes des occidentaux fiers d’aider nos entreprises trans-nationales à vivre sur le dos des peuples ». Et visiblement, cette lutte génère pas mal de sarcasmes sur le refus de la réforme et le refus du mouvement. Pourtant, quand le mouvement va dans le mauvais sens, pourquoi critiquer ceux qui le refusent et tentent de l’inverser ce sens ? Je sais que c’est stupide de vouloir inverser le cours d’un fleuve. Mais là, le fleuve, il nous emmène dans un trou sans fond… Alors… Autant éviter de tous terminer dans le siphon des chiottes qu’ils nous préparent… et ramener le cours du fleuve jusqu’à un océan un peu plus sympathique, un peu plus vivable, un peu plus Vivant, avec un grand V, comme la Vie, la Vraie, celle qu’on ressent jusque dans sa chair. Et donc non, ce n’est pas stupide de s’opposer à l’oppression, ce n’est pas stupide de donner son avis. Même de cette façon. Et lors des prochaines élections, nous aussi nous saurons élire un mec mieux. Ca prendra le temps, mais ces gens, les néo-libéraux, ils n’auront plus autant d’importance. Ils s’en rendent compte à mon avis. C’est pour cela que les attaques deviennent si voyantes, partout, dans leurs décisions politiques, dans les articles grossiers qu’on trouve ici ou là (L’Express est un relais de leur réthorique particulièrement voyant ces temps-ci, cf. « Les réactions à l’étranger » de ce jour). Je ne dirais pas qu’ils font eux aussi leur baroud d’honneur. Mais de devoir se découvrir comme ils le font, c’est un signe. A mon avis. Que ça se radicalise de tous côtés. L’intervention de ce jour de Chirac aussi est un signe. Ils provoquent tous. Enormément. Ils forcent à la radicalisation.

    Sinon… J’ai tendance à lire un peu sa démarche à GF comme tu le fais. Beaucoup d’orgueil dans sa démarche. En général. Je dis cela tout en appréciant énormément son regard sur les choses. Tout en m’étonnant à intervalle régulier, de ses bouffées d’orgueil.

    Ah… juste pour terminer sur un trip avec moins de trémolos. Je crois que c’est un malheureux hasard le choix de la date de la manif unitaire sur l’anniversaire de la guerre en Irak. Je crois.

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  10. Le choix de la date est celui de l’anniversaire de l’occupation anglo-américaine…

    Je comprends que la bagarre contre le CPE occupait tous les esprits, mais une petite banderole n’aurait pas fait de mal 😉

    Savez-vous que les États-Unis construisent un mur de plusieurs milliers de kilomètres pour contenir la « barbarie » des Mexicains ?

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  11. Il y a eu des banderolles. Tout au moins j’ai vu quelques photos à ce sujet 😉 Mais incapable de me souvenir où !

    Oui, la frontière électrisée, filmée aux infrarouges et tout et tout, j’ai vu des reportages télé. Qu’ils construisent un mur désormais… ça ne serait qu’un pendant du mur israélien. Un indice de plus que les deux Etat auraient bien des points communs et des connivences. Le plus comique dans l’histoire, c’est qu’ils (les US) insistent pour créer leur zone de libre-échange… sans mouvement de population… de préférence… de gré ou de force.

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  12. J’ai pas tout lu de Grosse Fatigue, loin de là, mais petit rappel : les textes sont écrits pour les archéologues du net, pas pour les « vivants » comme il dit. Donc avant de parler d’orgueil ou de jetage d’éponge, peut-être faudrait-il replacer le tout dans la perspective. Le point de vue solipsiste est assumé et la recherche d’efficacité sur le réel ne me paraît pas si évidente… pour moi c’est comme si on avait attendu de Cioran une révolution…

    Il y a de mon point de vue chez GF le même froid réconfort que chez Cioran (Un feu sans flamme, pour reprendre la définition que celui-ci donnait de l’aphorisme), le même type de cynisme au sens noble… or ce genre de pensée fonctionne sur la lassitude existentielle, la résistance par inertie, en aucun cas sur la mise en avant d’une contre-proposition.

    Aussi qu’il arrête c’est à mon avis bien mieux s’il n’a plus l’envie, car le danger dans ce genre d’exercice c’est de prendre la pose. La vraie lassitude ne se regarde pas, elle se contente de s’écouler : visqueuse, trouble, tiède.

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  13. Fred me rassure… Je n’ai pas une si bonne vue que lui 😉

    L’accord de libre-échange entre les États-Unis, le Canada et le Mexique fut signé en 1994… Même Fox (PAN = droite libérale et catho) se sent « trahi » par son ami Bush.

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  14. Dans mes bras Agnès, un début de réflexion sur l’intérêt de l’action réelle qui modifie le champs du réel par rapport au blablatage habituel qui ne change rien et ou chacun se complait dans sa situation.
    Mais je serai encore plus réjouit le jour ou tu posteras un truc du genre « pas le temps de bloguer, j’ai mieux à faire » ou encore pour être plus subversive « un bon blog est un blog fermé ».

    Ce jour la, quand tu commenceras à utiliser ton énergie pour investir la réalité, les gens que tu côtoieras n’auront qu’à bien se tenir.

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  15. Dans la manifestation parisienne du 18 mars, il y’avait un petit groupe de britanniques qui arboraient une pancarte sur laquelle on pouvait lire:

    BLIAR

    Je pense qu’il manifestait leur refus de la guerre en Irak

    Réponse
  16. Alain,

    On se demande décidément pourquoi tu lis et blablates sur ce blog, alors que tu as certainement mieux à faire dans le champs du réel. Enfin, non, on ne se le demande pas puisque nous savons que tu es un troll et que je suis en train de te nourrir.

    En tout cas, les blablatages de ce blog m’encouragent à continuer à investir la réalité, en faisant grève mardi prochain et en allant manifester à nouveau.

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  17. Toutes les paroles sont bonnes à prendre et je partage ton point de vue, Agnès. Il y a un moment où le net ne redevient finalement que ce qu’il est mais c’est déjà beaucoup : un outil. Pour ma part, je ne crois qu’il soit à ce titre à opposer à la vie réelle, mais je pense qu’il la complète, l’anime, l’accompagne, etc. C’est pour cela que chaque jet d’éponge comme celui de Grosse Fatigue – il y a en a eu d’autres, il y en aura d’autres – n’est pas une bonne nouvelle démocratique. Je pense en outre que le net est l’un des outils de cette vie démocratique à faire bouger. Bref, il n’y a pas l’un ou l’autre, l’un contre l’autre, l’un mieux ou moins bien que l’autre mais il y a des outils qui mis ensemble permettent d’aller voter un soir de mai autrement, permettent de signer des pétitions, permettent d’aller dans la rue, etc. Je ne crois pas qu’il faille jeter le bébé avec l’eau du bain, ni cracher dans la soupe, surtout quand le bébé est beau, et que la soupe est bonne !!! J’aime assez l’idée qu’il faut de tout pour faire un monde. Et que rien ne se perd.

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  18. bonjour, je ne connais pas grosse fatigue, et je connais un petit peu vos textes, (et j’aime) mais j’ai l’impression qu’il vaut mieux arreter que de tourner à l’aigre, les « rebelles » aigris sont les pires.

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  19. Didier, permettez-moi d’intervenir dans votre débat franco-français, mais quand je lis «C’est pour cela que chaque jet d’éponge comme celui de Grosse Fatigue – il y a en a eu d’autres, il y en aura d’autres – n’est pas une bonne nouvelle démocratique.» les bras m’en tombent – j’ai appris récemment cette expression qui me fait bien rire.

    Vous avez une conception de la démocratie que je ne comprends pas. Dire que l’abandon narcissique d’un blogueur «n’est pas une bonne nouvelle démocratique» me paraît injurieux pour la démocratie.

    En 1988, Carlos Salinas a gagné les élections au Mexique après avoir volé les urnes des communes qui avaient voté contre lui.
    En 2000, George Bush fut élu aux États-Unis grâce à l’exclusion du vote de milliers de noirs et au trucage du décompte des voix en Floride.
    En 2006, Alexandre Loukachenko vient d’être élu en Biélorussie avec 82,6% des voix grâce à une fraude massive.

    Voilà de vraies atteintes à la démocratie ! Mais peut-être qu’un pays, qui fut longtemps admiré à l’étranger pour son passé révolutionnaire mais qui a élu en 2002 son Président avec 82,15% des voix pour lui éviter la prison, n’a plus le sens de la mesure 😉

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  20. Non, mais, un pays contraint d’élire, bien à regrets, son président avec 82,15% des voix est plein de désillusions. Il a perdu la foi et ne croit plus en la représentativité de ses institutions démocratiques.

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  21. je ne veux surtout pas parler à la place de Didier – mais ce que j’ai compris de sa formule, je le partage : l’idée que la démocratie, ici, aujourd’hui, c’est l’espace de libre expression que représente l’internet-mondial (quoiqu’il faille tout de même disposer des compétences techniques et d’un accès matériel…).

    de ce point de vue, le jeté d’éponge d’un Grosse Fatigue, qui connaissait une certaine audience (qu’il est possible de mesurer grossièrement, notamment par le nombre de référencements), n’est pas une bonne nouvelle : c’est une voix indépendante (et chafouine… mais ça n’a rien à voir !) qui s’éteint.

    *****

    par ailleurs, je suis à la fois ravie et angoissée à la lecture de ce texte d’agnés. ravie parce qu’elle sait si bien mettre en mots ordonnés – et néanmoins agréables à la lecture et vivants – une tendance forte, qu’il se trouve que nous sommes plusieurs à partager. angoissée… je ne fais pas ce que j’imagine qu’il « faudrait » faire. s’investir IRL, au-delà de nos pratiques quotidiennes, oui ! mais je suppose que nous sommes un certain nombre à le faire déjà, plus ou moins, selon les périodes, mais plus ou moins…

    non, elle a raison, ça ne suffit pas. pour ma part, je m’intéresse beaucoup à la question de la « courroie de transmission » => à la façon de mettre en forme, de valider / légitimer et d’inscrire (de faire inscrire ? mais par qui ? et comment ?) sur l’agenda politique les préoccupations et les réflexions qui agitent ces microcosmes (réflexions effectivement souvent plus profondes et informées que les débats des milieux autorisés). en même temps, je redoute les phénomènes liés à l’organisation (institutionnalisation, professionnalisation, expertise autorisée, légitimation, captation de la parole, représentation / représentativité…)

    la vieille question des mains sales.

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  22. C’est exactement ce que j’ai voulu exprimer, Ko. Ma vision de la démocratie, Lou, est assez simple : un citoyen = une voix. Point. C’est l’addition de ces « un » qui fait une société. En France, on déplore souvent le fait que les gens se sont désintéressés de cette vie démocratique, se sont désengagés, et pour moi, c’est en tout cas ce que j’ai voulu exprimer en réagissant à l’article de Agnès, le net est un terreau qui permet de réinvestir ce champ, qui donne la parole à des gens, qui aide à remettre sur la place publique des sujets, des échanges, des pensées qui n’y étaient plus. Ma vision de la démocratie, Lou, tient en cette simple formule : les petits ruisseaux font les grandes rivières. Naïf ? Utopique ? Oui, bien sûr ! Mais j’y tiens ! Chaque matin, je croise le regard de mes enfants. Leurs yeux sont brillants de vie. Cela me motive chaque jour.

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  23. Pour nourrir la réflexion, un papier intéressant (comme toujours) de Patrick Mignard, prof d’économie atypique et humain terriblement passionnant!

    Pour moi aussi, ma fille est une véritable motivation pour agir, ne pas lui laisser un monde de merde, ne pas lui confisquer ses chances d’avoir une bonne vie… tout le contraire de nos parents…

    Réponse
  24. Voilà de vraies atteintes à la démocratie ! Mais peut-être qu’un pays, qui fut longtemps admiré à l’étranger pour son passé révolutionnaire mais qui a élu en 2002 son Président avec 82,15% des voix pour lui éviter la prison, n’a plus le sens de la mesure

    Pas pour lui éviter la prison, mais par rejet (rationnel ou non, c’est toute la question) de Jean-Marie Le Pen… pas franchemment démocrate au sens commun si tu connais un peu le personnage et ses sources théoriques en matière de politique.

    Pour le reste, c’est pas de la faute des gens si à l’étranger on gobe tout ce qu’il y a sur le prospectus. Y a pas besoin de venir lire ici pour savoir que la France n’est pas une démocratie, tu regardes juste le mode de scrutin, tu te demandes qui aura la chance de pouvoir peser dans la prochaine assemblée suffisament pour exercer le pouvoir réel et tu t’aperçois qu’il n’y a que deux partis… et puis après tu te demandes pourquoi les gens se sont dispersés au premier tour en 2002. La réponse ? parce que beaucoup se disent que ce sera toujours PS/RPR(UMP aujourd’hui) au second tour, le truc habituel, fatigant, attendu, un truc qui fait pas franchement bander… alors au premier tour, on se fait plaisir, on se faisait parce que ça maintenant on se dit que ça peut aussi partir dans le fossé.

    La démocratie française, tu veux savoir ce que c’est ? on vote pour éviter l’extrême droite puis on se retrouve avec des gens qui t’en mettent plein la gu… en expliquant pour passer outre toute contestation qu’ils ont la légitimité des urnes. Nous élisons démocratiquement des dictateurs. Notre pseudo-démocratie est une machine qui tourne à vide, juste de la froide mécanique législative, rien d’autre.

    Alors tu peux venir donner des leçons et titiller avec le spectre de la France révolutionnaire… la France révolutionnaire de la démocratie mon oeil ! tu veux une chronologie grossière ?

    1789 : Révolution qui aboutit à 1791 : Monarchie constistutionnelle avec suffrage censitaire (1ère république en 1793 en pleine Terreur).
    1802-1815 : 1er Empire, Napoléon Bonaparte – dictateur.
    jusqu’en 48 : suivront la Restauration puis la monarchie de Juillet – monarchies sans suffrage universel…
    1848-1852 : 2ème République.
    1852-1870 : 2nd Empire, Louis-Napoléon Bonaparte – dictateur (pas un Mexicain qui va dire le contraire).
    1870-1940 : 3ème République dont le premier acte de bravoure sera d’écraser la Commune de Paris avec des armes allemandes (Allemands qui viennent de proclamer le IIème Reich dans la galerie des glaces à Versailles).

    La voilà l’histoire révolutionnaire de la France… y a rien à titiller, faut pas confondre aspirations et valeurs proclamées avec réalité historique (même si là, j’en conviens, c’est sans nuance aucune que j’expose tout ça).

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  25. Nous utilisons les mêmes mots, mais nous mettons pas les mêmes choses dedans.

    Au Mexique, nous utilisons les réseaux depuis 1994 comme un outil collectif de réflexion et d’échange. La possession individuelle d’un ordinateur et d’une connexion est réservée aux couches supérieures de la société. La majorité des gens utilise le réseau dans des lieux publics : universités, bibliothèques ou cafés internet – il y en a dans tout le pays, y compris dans les villages, à un prix abordable.

    Au Mexique, les fournisseurs d’accès ne permettent pas la création d’un site gratuit comme Free. Le paiement se fait par carte de crédit, moyen de paiement réservé à la minorité qui a un emploi stable et qui a les moyens de payer ce service. Cela nous rappelle que «l’espace de libre expression que représente l’internet-mondial» n’est pas individuellement accessible à tous.

    Toutes les études que j’ai lues sur l’utilisation du net en France montrent que, même dans un pays développé comme le vôtre, l’économie sociale est au cœur de la vie démocratique. De ce point de vue, il y en a qui sont plus égaux que d’autres 😉 C’est pourquoi je ne suis pas ému par «le jeté d’éponge d’un Grosse Fatigue» surtout quand, au passage, il crache à la gueule «des milliers d’imbéciles» qui «continueront l’aventure».

    La démocratie n’est pas en danger parce qu’un individu en a marre de se gratter le nombril jusqu’au sang, mais parce que des millions de gens n’ont pas les moyens d’accéder à cet outil de communication. Pardonnez-moi ma naïveté de « barbare », mais il me semble que la légitimité d’un site est fondée sur des valeurs qui dépassent les préoccupations narcissiques des individus.

    Dans l’autre Amérique, qui va du Mexique à l’Argentine, nous ne sommes pas fatigués de la démocratie politique. Le IV Sommet des Amériques fut l’occasion de refuser le modèle américain de développement économique et politique :

    • Les États-Unis ont la responsabilité « inéluctable et inexcusable » des politiques appliquées en Amérique, qui ont non seulement provoqué la misère, la pauvreté et une grande tragédie sociale, mais aussi une instabilité institutionnelle et la chute de gouvernements démocratiquement choisis, a déclaré le Président de l’Argentine, Néstor Kirchner à l’ouverture du quatrième Sommet des Américas.
    • « Nos pauvres, nos exclus, nos pays, nos démocraties ne supportent plus de parler à voix basse. Il est fondamental de parler avec beaucoup de respect et à haute voix » pour construire un système qui nous place dans un cadre d’égalité et restitue l’espoir et la possibilité de construire un monde différent.
    • La Jornada
    
    

    Pour ceux qui ne lisent pas l’espagnol, je conseille cet outil de traduction automatique : WorldLingo

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  26. juste pour préciser que j’avais bien signalé l’évidence : savoir que le réseau n’est pas accessible à tous (en france non plus, quoique dans des proportions beaucoup moins importantes qu’au mexique ou ailleurs) pour diverses raisons, financières, matérielles, techniques, de compétence, de sentiment de légitimité à s’y exprimer… d’intérêt…

    je fais là un parallèle avec la presse : n’importe qui peut aller lire Politis en bibliothèque municipale, par exemple ; encore faut-il le vouloir, le savoir, s’y intéresser, se sentir impliqué.

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  27. La democratie commence par l’éducation de nos enfants. C’est le préalable indispensable. C’est la première pierre à l’édifice. Je connais plein de gens qui ont des idées altermondialistes et achète des Nike à leur gosse.
    En ce sens « grosse fatigue » à raison d’avoir peur du rouleau compresseur, mais de là à jeter l’éponge en cassant ceux qui continue la lutte, je trouve ça un peu fort !
    Des sites comme celui de « Grosse Fatigue » permette certes une prise de conscience de quelques indivifdus, mais il ne remplaceront jamais la démocratie en elle même. Si l’auteur a cru le contraire, il fait preuve d’orgeuil un peu démesuré. Croire que l’on peut changer le monde en 7 ans, en écrivant des billets sur le Net est un peu naif. Le monde évolu, lentement certes, mais il évolu. Même si il existe encore beaucoup de poche d’intégrime en tout genre. (et les pires sont les intégristes de la tolérance qui croient savoir comment il faut vivre.)

    Je suis par ailleurs d’accord avec Lou, nous sommes beaucoup trops nombrilistes en France. Ce n’est pas une légende… Nous sommes un peu comme les grecs qui se prenaient pour le peuples le plus civilisés du monde. Des gens qui invente la démocratie …des élites (seuls les citoyens grecs pouvaient voter, ils ne representait qu’une minorités des classes supérieures)
    Pour finir, bravo a toi Agnès pour le choix du titre, le héros de ce roman de Houellebecq, Raphaël Tisserand, s’est peut-être matérialisé en grosse fatigue…qui sait.

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  28. Je suis heureuse de constater que nombre de mes préoccupations sont partagées.

    Je ne considère pas non plus que le « jeté d’éponge » du bloggeur en question soit un drame démocratique, mais qu’il suscite beaucoup de regrets des habitués du site, pour qui il constituait un espace de débat précieux, et une occasion de se confronter à des points de vue à la fois familier et questionnants, sans nul doute, et ce n’est certainement pas à prendre à la légère. Existe-t-il donc tant d’espace de ce type où les mots peuvent prendre toutes leurs dimensions, y compris violentes, mais en protégeant les interlocuteurs du contact direct, et infiniment plus violent, avec l’émotion incarnée qu’il y a derrière ces mots, dans ces mots ? Il me semble que nous avons bien de la chance de vivre une époque où nous disposons d’un tel outil, capable justement de nous permettre de prendre un peu de distance, de réaliser les enjeux émotionnels/affectifs qu’il peut y avoir dans chacun de nos positionnements politiques/idéologiques. Ca n’est pas un regret, ni un constat d’échec, c’est juste une réalité à prendre en compte pour approfondir la réflexion sur le type de rapports sociaux que nous souhaitons.

    L’outil permet non seulement cette distance-là, mais aussi – je rejoins-là un autre internaute manifestement tenant de la décroissance à l’égard de laquelle j’ai une certaine méfiance – celle qui dégage de « l’urgence » . Vite, vite, le maitre mot de notre époque : calendrier politique, rythme de remise en cause des institutions sociales, gains de productivité, rêve d’immédiateté. Le vécu de l’urgence a ceci de commun avec la panique qu’il limite le champ de la pensée. Or, justement, ce dont nous avons besoin, c’est de penser, et de penser tranquillement, pour pouvoir le faire ensemble. Je ne dis pas que penser suffit. Le monde bouge vite vite sous mes yeux effectivement, la violence, la dangerosité, l’insécurité s’infiltrent de façon croissante dans ma vie relativement privilégiée ( et j’insiste sur le relativement ), me mettant en demeure d’intervenir là par l’acte. Mais avons-nous suffisamment pensé pour pouvoir agir d’une façon qui nous convienne le mieux possible ? Je m’explique : comme nombre de ceux qui s’expriment ici, j’en ai assez de fulminer dans mon coin, ou même de débattre avec les copains (quand nous en avons le courage, tellement la déprime gagne vite … ), ou encore de participer comme je peux aux actions collectives ponctuelles telles que CPE, retraite, fusion Suez-GDF, etc…
    Donc agir plus globalement. Avec d’autres, si je vise un minimum d’efficacité. Qui ? A gauche. OK, voilà déjà une bonne chose de faite. Chez les socialistes ? J’ai tellement de souvenirs de renoncements sociaux, de perversité intellectuelle liés aux socialistes – pour n’en citer qu’une, la « logique de guerre » de François Mitterrand lors de la première guerre du Golfe – que je ne peux pas m’y résoudre. Ma « famille » de pensée se trouve plutôt du coté des communistes. ( et vous vous doutez bien que quand je dis « famille », je pèse mes mots ! ) Mettons. Malheureusement, je n’ai rien réglé. Dans cette organisation comme dans toutes les autres – je ne connais pas d’exception, mais si vous en connaissez, je suis preneuse – les modes de fonctionnements collectifs ne permettent pas l’expression tranquille de tous et de chacun. Le règne de la « grande gueule » est assez général. J’ai cru comprendre qu’au sein des mouvements syndicaux et associatifs sont entrés progressivement en vigueur des règles de fonctionnement visant justement à la correction des effets pervers dans la circulation de la parole. C’était déjà le cas du temps où je militais encore, il y a bien dix ans sonnés. Où en est-on ? Je ne suis pas allée voir. J’ai un peu la trouille, la trouille de me faire agresser, mais aussi de ma propre violence, toute prête à jaillir pour peu que l’autre, dans son enthousiasme, sa soif de pouvoir, d’expression, de compensation de ses multiples frustrations, ou tout simplement sa maladresse, énonce des mots qui tout à coup me dénie, me méprise, m’écrase. Là, je ne réponds plus de rien, heureusement que je n’ai pas de batte de base-ball à la maison…

    Au final, le débat interne aux organisations est donc dominé – pour moi, s’entend – par des visées personnelles et affectives (y compris les miennes ) qui ont sérieusement tendances à, d’une part, évacuer le débat de fond, d’autre part, limiter le nombre de ceux qui parlent et qui échangent. C’est fou comme j’ai envie de retrouver ça. C’est dingue comme ça me fait envie.

    Et voilà ma velleité active bloquée. Bien, donc quelles règles à l’intérieur des organisations pour faire en sorte que ce soit ET vivable, Et représentatif ?

    Heureusement, je n’ai pas fini de réflechir, ici et ailleurs, grâce à vous et à d’autres ET je vais aussi finir par faire quelque chose du genre aller faire un tour du coté de ceux dont le contact sera pour moi le moins douloureux, dans un premier temps.

    A propos du « narcissisme » : l’amour de soi, et heureusement, est constitutif de la personne. Il n’a pas, en soi, à être l’objet d’un jugement de valeur. Je pense que je ne rencontrerais pas grande opposition du coté des professionnels de la psyché – en admettant la dychotomie psyché-soma pour des commodités de discours – pour considérer qu’aujourd’hui, dans notre société et sans doute dans bon nombre d’autres, il est mis à mal chez une très grande majorité de la population. Que nous soyons nombreux à chercher à le réparer à travers des outils comme le net, où est le mal ? Bien au contraire, réjouissons-nous d’être aussi nombreux à être encore capables d’activités auto-réparatrices, même si elles ont un petit aspect égocentrique (j’ai fini par revenir à l’idée initiale, ouf !) D’un point de vue clinique, l’ouverture sur le monde et les autres sont, pour ce que j’en comprends, les apanages de personnalités parmi les moins souffrantes. La souffrance induit le repli sur soi et un égocentrisme protecteur.

    Je suis crevée ! Quel effort !

    Bises à tous

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  29. Merci Sextus d’avoir corrigé ma maladresse lexicale. Il aurait fallu écrire, comme me l’a dit un ami, «ce qui lui a évité la prison» au lieu de «pour lui éviter la prison».

    Sur le fond, je ne suis pas convaincu par l’argument du vote en faveur de Chirac par «par rejet (rationnel ou non, c’est toute la question) de Jean-Marie Le Pen…». Il me semble que Le Pen n’avait aucune chance de l’emporter au deuxième tour même si toute la gauche et l’extrême-gauche s’étaient abstenues. Au pire, Chirac aurait été élu avec toutes les voix de la droite (10 809 458) et Le Pen avec toutes celles de l’extrême-doite (5 472 459), ce qui aurait donné 66,39% contre 33,61%.
    Je pense que la gauche a agité le spectre d’un risque Le Pen pour camoufler sa défaite du 21 avril : perte de presque 2,5 millions de voix par Jospin (2 487 685) et de 1,6 de voix par le PCF (1 672 183).
    Chirac aurait de toute façon été élu, mais avec 50% d’abstentions. Ce qui changait tout, car il n’aurait pas alors pu réaliser la politique antisociale qui a abouti au désastreux CPE…

    On ne peut pas refaire l’histoire, mais analyser les erreurs pour éviter de retomber dans les mêmes pièges. Je dis cela parce que j’ai entendu des gens exprimer l’opinion qu’il ne fallait pas faire tomber de Villepin, car cela faisait le jeu de Sarkozy. Entrer dans cette logique me paraît aussi absurde qu’appeler à voter Chirac en 2002.

    Réponse
  30. OUIIII !! pour la bêtise incommensurable que ce fût d’aller voter en masse pour Chirac… désolée pour ceux d’entre vous qui l’ont fait, mais je pensais déjà que c’était une grave erreur et la suite me l’a confirmé…

    il aurait été politiquement beaucoup plus courageux de dire : peuple de gauche, n’y va pas.

    ou mieux, de chercher à créer un séisme politique pouvant mener à une crise de régime par la démission collective de tous les mandataires se considérant comme démocrates : du conseiller municipal au sénateur, tous, maires, conseillers régionaux, élus dans les syndicats mixtes… tous remettant leur mandat dans la balance… ça aurait eu une autre gueule, non ? c’est peut-être abusé, et en tout cas carrément idéaliste et foutraque, mais au moins, ç’aurait été sincère et au service de la patrie (c’est pas un gros mot, la patrie, quand c’est celle de la constit de 46, par exemple – aparté : la litanie des contre-révolutions, des réactions qui ont rythmé les deux derniers siècles est pertinente, mais n’accusons pas les révolutions de créer leur contraire : on ne reproche pas au noir l’existence du blanc ! après une révolution, il y a, quasi automatiquement, une période de reflux : cela n’infirme pas pour autant le bien-fondé des idées ayant mené à la révolution !)

    Réponse
  31. Et bien moi, je n’ai pas encore fait le tour des possibiltés énormes des blogs et des forums. Le monde s’est ouvert lorsque j’ai eu ma première connexion et je crois qu’il est loin d’être refermé. Déçu par la décision de Grosse Fatigue et d’autres d’arrêter, encore plus déçu lorsqu’ils crachent sur ceux qui restent, je reconnais bien volotiers les limites de ces moyens de communication, mais ça n’en enlève pas pour autant l’immense intérêt.

    Bref, au bout de 7 ou 8 ans de tchatche virtuelle, pas encore blasé.

    Trop con sans doute.

    Réponse
  32. Merci Sextus d’avoir corrigé ma maladresse lexicale. Il aurait fallu écrire, comme me l’a dit un ami, «ce qui lui a évité la prison» au lieu de «pour lui éviter la prison».

    De rien, j’ai oublié que tu étais étranger et que tes tournures pouvaient être faussées… 😉

    Entrer dans cette logique me paraît aussi absurde qu’appeler à voter Chirac en 2002.

    C’est la logique du mauvais mieux que pire… mais je suis bien d’accord, c’est très loin de la vraie démocratie, c’est bien pour ça que je dis que tout n’est que froide mécanique.

    Tu as aussi raison pour Chirac contre Lepen àmha (« à mon humble avis », je traduis au cas où 😉 )… c’était absurde, il y a dans l’absolu plus de sympathisants UMP que de Lepenistes… je pense même qu’il aurait fallu « défendre » Lepen car le rouleau compresseur médiatique qu’il a eu contre lui, « pour la bonne cause », c’est le même qu’on a eu pour le Traité Constitutionnel Européen… « pour la bonne cause ».

    À l’époque j’ai voté Chirac… je ne referai plus jamais ce genre de c…erie : Lepen est resté dehors mais ses idées sont passées, voilà le résultat… en 2007 je sais pas ce que je ferai, j’ai pas envie de voter pour l’autre flan ou sa bourgeoise ni pour aucun des présidentiables… je n’ai pas oublié le TCE vendu comme un modèle de démocratie. Pour moi ça dit tout sur l’étroitesse de vue de ces gens là et sur leur mépris et leur défiance profonds vis à vis du Peuple.

    Chirac aurait de toute façon été élu, mais avec 50% d’abstentions. Ce qui changait tout, car il n’aurait pas alors pu réaliser la politique antisociale qui a abouti au désastreux CPE…

    Là je pense que tu fais erreur, ce qui compte pour eux c’est d’être passés. Ils savent très bien qu’ils ont été mal élus, qu’ils ont perdus toutes les élections après 2002 mais ils s’en moquent, ils ont le pouvoir, point barre. Ils ont une conception primaire de la démocratie : le Peuple s’assemble pour voter et élire ses représentants, puis il se dissout en eux et eux seuls peuvent prétendre parler en son nom (théorie de Locke).

    la litanie des contre-révolutions, des réactions qui ont rythmé les deux derniers siècles est pertinente, mais n’accusons pas les révolutions de créer leur contraire

    Ce ne sont pas les révolutions que j’accuse, c’est simplement que la France n’est pas une amoureuse de la Liberté à tout prix. Le fait est que le peuple français a plus vécu dans la dictature qu’autre chose et que les aspirations à la liberté ont été sporadiques. Il ne faut pas non plus oublié que la France a pratiqué l’esclavage jusqu’en 1848 (suivi du guère enviable statut colonial), que le droit de vote pour le femmes ne date que de 1947, que la dernière exécution en Europe a eu lieu en France… oui, il y eu de grandes et belles idées exprimées en français, mais l’État français et ses gouvernants ne les ont guère incarnées.

    Àmha, si on veut comprendre quelque chose à la France, il faut se débarrasser de ces images… pour moi la France est un pays profondément monarchiste ne concevant le pouvoir que comme altérité : ce à quoi il faut se soumettre ou ce contre quoi il faut lutter. Sans entre-deux.

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  33. Réctificatif : 21 avril 1944 pour le droit de vote des femmes 🙂

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  34. Allez, une fois n’est pas coutume, je vais me la péter grave.

    Militant associatif de toujours, j’ai eu le chance de découvrir internet fin et de l’employer très régulièrement depuis.

    Je me souviens de Fnet, de l’association française des utilisateurs d’internet, puis des premiers agités avec les mouvements de 1995 : mygale, minirezo, etc.

    Tous les deux ou trois ans revient la vieille rengaine : internet meurt ragnagna pas assez de citoyenneté. Foutaises. Il est vrai que, parfois, une génération entière de militants passe à la trappe, faute de capter une évolution souterraine des techniques ou des usages, faute parfois d’avoir yrop investi dans une technicité soudainement rendu obsolète par un énième ovni s’imposant peu à peu comme l’un des piliers de la réalité quotidienne des réseaux. Et les nouvelles générations d’arrivants ignorant tout de l’existence de leurs aînés un instant déboussolés, et bientôt inaudibles. C’est normal, c’est la vie : les vedettes d’antan redécouvrent les joies de l’ombre et mettent leur expérience au profit des mêmes ambitions que celles qui les avaient poussé à se montrer en pleine lumière quelque temps.

    Jamais il y a dix ans je pensais qu’on en serait là aujourd’hui.

    Rétrospectivement, je vois cette histoire comme un miracle qui s’est déroulé sous mes yeux.

    Et je ne vois pas de raison pour que ça ne continue pas, surout avec l’aide de politiciens aussi nuls et méprisants envers ces générations montantes qui restent, par leur nombre et leur engagement, les auteurs du miracle quotidien.

    Ho, bien entendu; les formes de militance classiques, qui étaient déjà bien obsolètes en 95, perdent encore plus leur sens : qu’importe : ne regardez pas derrière vous, les jeunots : droit devant, et n’ayez pas peur de ceux autour de vous avec qui vous sentez bien que vous partagez quelques valeurs sans parvenir à vous entendre sur le détail des fins et des méthodes. Et surtout, ne trahissez jamais vos convictions au nom de quelque victoire immédiate et ayez confiance en l’avenir pour obtenir demain ce dont vous n’osiez même rêver hier.

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  35. Grosse Fatigue s’arrete ? La belle affaire. Meme si j’etais d’accord avec 90% du fond, la forme laissait souvent a desirer, travaillee de grosses ficelles cacapipipopo. Et puis par ailleurs difficile de trouver plus deprimant que cette lecture.

    Evidemment la fatigue revendiquee par opposition a un monde publicitaire de gens  » a fond la forme  » (ce slogan designait-il un objet oblong enfonce a fond ?…) ne m’avait pas echappe …. mais initier une parole par la fatigue…. bah je trouvais ca amusant mais d’entree de jeu pas tres oriente vers the brighter side of life….. (ouais c’est en anglais Chirac ! et j’en rajoute, doo be doo be doo). Ca remuglait cette Rance deprimee et cafardeuse. Et l’egotisme aussi. Ne parler que de soi demande un immense talent………….

    Le net est largement responsable du non au TCE et ce fut une grande victoire de la reflexion, du vrai monde contre le monde factice et pour le coup plus que virtuel, irreel, des medias officiels. On n’arretera pas le mouvement meme si les gouvernements peuvent nous mettre dans le noir a tout moment – et ca se produira quand les conditions vont l’exiger – bientot vraiment.

    On baillonnera les resistants par la Force quelque soit leur habilete a programmer du soft. (Comme cela s’est produit avec la presse et la radio). En les marginalisant dans les zones ennuyeuses. En persecutant les personnes physiques et morales. Internet sera mis au pas comme les autres medias meme si la bagarre sera dure. Quand les choses vraiment serieuses vont commencer (20/30ans), accrochez-vous aux branches.

    D’ici la eclatez vous avec le web. Tiens bon Agnes, jouis et travaille. Et regarde…. tout tombe en poussiere.

    Vahines, tout est vahines comme disait l’autre.

    
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  36. Grosse fatigue arrête. C’est clair que l’on peut ressentir comme une frustration si on met en parallèle le bouillonnement du net et les effets sur la politique. Le net avec le TCE a révélé qu’il était un levier important, mais chacun de nous s’il se contente d’agir sur le net par des interventions à la réflexion dans tous les forums, peut se rendre compte que le gouvernement n’a rien changé après le TCE, et que localement dans les « luttes » le net n’a pas beaucoup d’effet. En fait tout revient à dire qu’il n’est pas suffisant de relayer les idées avec son clavier. C’est comme si d’être actif tous les jours dans un max de forums pouvait dispenser de voter ! Nous devons en plus du net, être présents dans les syndicats les partis la « société civile » etc. pour agir vraiment. Le net est le véhicule des idées qui éclatent, mais je doute fort qu’il puisse servir, actuellement, à véhiculer les idées politiques plus générales, malgré tous les efforts que certains semblent y porter.

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  37. Merci à tous pour votre accueil. Voici deux petites choses liées à la discussion :

    • Les journaux personnels en ligne : des pionniers à la révolution des blogs
    Une conférence de Philippe Lejeune et Bernard Massip dans le cadre du cycle « un auteur, une oeuvre numérique ».
    Ecole normale supérieure Lettres et Sciences humaines
    Vidéo de la conférence (1h54)

    • Lawrence Landweber présente GENI : “L’avenir de l’internet est trop important pour être laissé au hasard”
    Une conférence sur la plate-forme de recherche et d’expérimentation sur les réseaux du futur autour de laquelle les États-Unis et plusieurs autres pays s’apprêtent à investir plusieurs centaines de millions de dollars.
    Internet Actu

    Réponse
  38. je te salue Agnes et aussi les autres. je viens d’en bas ( fier ? même pas c’est comme cela ) et suis tjs en bas ( par manque d’ambition ) -ma bagarre a toujours été pour gagner mon pain et mon toit – je suis ouvrier de chantier -J’ai acquis un peu de culture en lisant de tout ( merci au net et aux potes de passage ) -aussi est elle plus trouée qu’un vieux pantalon, quant à mon orthographe elle fait ce qu’elle peut ! J’ai parcouru l’ Amérique latine en sac à dos car jeune je voulais voir ( j’ai vu la misère et j’ai compris la violence )-j’ai travaillé en Arabie Saoudite pour faire un peu de fric ( j’ai vu l’esclavage des gens du Bengadesh- des Philippines – du Pakistan et j’ai compris pourquoi leur religion les tenait aux tripes -pour maintenir un espoir encore vivant même le dernier, même si même si…) Il est vrai comme dit notre ami mexicain qu’ailleurs c’est plus dur -il y tjs plus bas que soit -A chaque fois que j’ecoute un ( e ) representant du peuple d’ici ou d’ailleurs – je me dis, applique t il ( elle ) pour lui même les idées qu’il (elle) avance ? Que font ses enfants -combien gagne – t il (elle) -que lit -il (elle) . Combien paie -t-il ( elle ) d’impot ? je me souviens du tollé quand le Canard enchainé avait publié la feuille d’impôt de Chaban Delmas valeur de l’impôt à payer : zero ( tout à fait légalement ! ) .Je crois ne pas me tromper de personnage. Tous ces représentants se font une gloriole d’esquiver ( mentir) avec élégance -On applaudit le joueur truqueur qui enleve la partie avec panache – Pardonnez par avance l’expression : le mal fascine -le bien emmerde § Tel est l’homme me semble t il . Avec cela je fais moi même le décompte de mes lachetés quotidiennes -j’ai un peu honte par moment alors par faiblesse je me laisse berner par mon amour propre qui tente comme toujours de reconstruire en mieux mon passé. Pour conclure mon laius je pense qu’il faut faire soi même sa propre révolution en esperant que les autres fassent de même . ( Georges Brassens ) Merci Agnes de corriger s’il y a des bourdes énormes -Salutations.

    Réponse
  39. Dans le domaine de l’extension de la lutte, ce texte de lycéens, qui fait du bien à lire, ne serait-ce que par rapport à tout le travail de réflexions qu’ils ont dû faire:

    « RÉFLÉCHIR À NOTRE AVENIR

    CITOYENS EN DEVENIR

    Lycéens, étudiants, chômeurs, salariés, retraités, peuple de France et d’ailleurs

    HOMMES ET FEMMES

    Parce que aujourd’hui encore, la constitution française inscrite dans la 5e République est imparfaite et permet à nos gouvernements successifs de passer outre l’avis du peuple (voir articles 12, 16, 37, 49)

    Parce que nombre de principes fondateurs de la démocratie ne sont pas respectés (voir articles 10, 11, 20, 21)

    Parce que les médias simulent une liberté d’expression, alors que l’information est maîtrisée par des groupes peu scrupuleux (Lagardère, Dassault, Bouygues, Vivendi …)

    Parce que la politique actuelle veut diviser pour mieux régner et abrutir pour diriger (loi immigration choisie, censure et propagande)

    Notre gouvernement passe à nouveau en force pour un intérêt incertain et minoritaire. Il ne représente aucunement son peuple. Il est donc illégitime. (Le CPE est injuste et rejeté en masse ; c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase)

    Doit-on rappeler que le vote blanc et l’abstention s’ils étaient reconnus seraient passés en tête des suffrages en 2002 ?

    APPEL GÉNÉRAL MANIFESTATION NATIONALE LE 28/03 11H00 PLACE DE LA GARE À RENNES

    LA MAISON BRÛLE ET LE GOUVERNEMENT JOUE L’USURE, LE POURRISSEMENT ET LA PROVOCATION AVEC LA JEUNESSE.

    Nos dirigeants préfèrent risquer l’embrasement que de retrouver la raison.

    Au-delà de nos revendications actuelles (retrait de la loi « égalité des chances », CPE, CNE), nous demandons l’arrêt immédiat des répressions contre les mouvements sociaux et nous invoquons un réel débat de société :

    – respect du code du travail – démocratie participative – nouvelle constitution française – respect de la planète et du vivant – nouvelles orientations économiques

    L’HISTOIRE NOUS APPREND À AVANCER SANS REVIVRE LES ERREURS DU PASSÉ.

    Établissons un système où la totalité des citoyens par vote obligatoire peut-être représentée par un gouvernement qui lui ressemble.

    Il est temps que la raison prenne le relais des armes.

    Voulez-vous réellement faire partie de ceux qui auront perdu tout ce que nos parents ont acquis et laisser nos enfants « libres » de reconquérir leurs droits par le sang et les larmes ?

    Nous sommes libres, mais nous sommes menacés. Et pourtant nous ne sommes pas armés …

    Mais nous luttons pour la défense de nos acquis sociaux pour lesquels se sont battues les générations précédentes !

    NOUS VOUS APPELONS À FAIRE PREUVE DE CLAIRVOYANCE, FAIRE GRÈVE C’EST PRENDRE LE TEMPS DE RÉFLÉCHIR TOUS ENSEMBLE POUR NOTRE BIEN-ÊTRE À LONG TERME ! » (c) Mouvement Pacifiste du Lycée Agricole du Rheu

    Réponse
  40. Agnès, prenez le temps de réfléchir…

    à tout ce qui a dû être fait pour que vous puissiez avoir un blog : puisque vous utilisez des logiciels libres, vous devez comprendre ce que je veux dire. derrière ce travail, il y a des hommes, derrière les actes des hommes, des convicitions.

    Ecrire du logiciel et le donner, certains vous diront que c’est un acte d’amour : ça me semble être une description un peu excessive. Mais dire que c’est un acte de foi sonne curieux dans cette langue née dans un pays qui se dit laïque. Pourtant, il s’agit éventuellement d’une double conviction :

    La première est qu’il vaut mieux faire tout simplement ce à quoi on excelle que participer en tant que simple citoyen-anonyme-et-égal-à-tout-autre à une action organisée.

    La seconde est de faire ce que lle coeur vous dicte de faire, sans machiavélisme ni détours, sans grands calculs, et surtout, sans trop réfléchir à ce qui va en ressortir, et en ayant confiance en le fait que quelqu’un d’autre, ailleurs, trouvera quoi en faire.

    La première conviction est une question de confiance en soi. La seconde est une question de confiance en l’inconnu, confiance en l’amitié, la bonne volonté et la fraternité de ceux qu’on ne connaitra peut-être jamais, mais qui sauront, comme nous, reconnaître ce qui vient du coeur.

    Aussi vous répondrai-je que c’est bien parce que le domaine de la lutte était déjà bien plus étendu que vous ne le suggérez que l’existence même de votre blog a été possible. Pour autant, votre prise sur le réel est déjà énorme : vous émettez un appel. Un appel à l’attention des générations montantes, qui n’ont à cette heure comme discours que des parents névrosés, une école en crise, et un environnement médiatique manipulateur. Un appel à l’attention de ceux obtus des autres générations qui jusqu’à présent ont refusé d’autres appels.

    L’existence de ces « militants du clavier », même isolés, même peu nombreux, réalise le rêve récupéré de Sartre qui souhaitait, en 1973, que le peuple prenne la parole et le garde. Réaliser un espoir, même 33 ans après, est une avancée, une victoire, même si Sartre ne reconnaitrait probablement pas son propre rêve. Par ailleurs, leur simple existence renforce l’action existante d’autres personnes, qui agissent à leur manière, dans leurs secteurs respectifs.

    Bien entendu, les personnes que vous êtes auront certainement envie, avec le temps, de faire autre chose. Mais c’est une autre histoire.

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  41. Ah… voila enfin une explication du pourquoi du comment de l’existence d’un « peuple de gauche » si important en France… Tout est question de QI ! Et encore, pour arriver à 94, ils ont dû faire l’impasse sur les auditeurs de Skyrock 🙂

    ===

    Les Allemands les plus intelligents de l’Europe ? (Agence France-Presse)

    Les Allemands sont le peuple le plus intelligent en Europe, loin devant les Britanniques (8e) et très loin devant les Espagnols (15e) ou les Français (19e), selon une étude de l’université de l’Ulster (Irlande du Nord) citée dans le Times lundi.

    Avec un quotient intellectuel (QI) moyen de 107, les Allemands devancent d’un souffle les Néerlandais (107) et les Polonais (106), Suédois (104) et Italiens (102) suivant au classement.

    Les Britanniques, avec un QI de 100, sont largement devancés, mais ils gardent une confortable avance sur les Espagnols (98) et surtout les Français (94), qui ne devancent que la Bulgarie, la Roumanie, la Turquie et la Serbie, dernière au classement.

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  42. Le QI pour les mal-comprenants

    Le QI n’est pas une valeur absolue, tel que l’on tend à nous le présenter, mais la mesure relative d’une performance individuelle à l’instant t. La structure des tests du QI est telle que l’on s’est rendu compte qu’ils favorisaient clairement les Males anglo-saxons blancs protestants, les WASP. Étrange, non?
    Le QI mesure donc les performances intellectuelles INDIVIDUELLES à l’instant t et les compare avec la MOYENNE des autres individus équivalents du même pays. Le niveau d’éducation moyen fait fluctuer la valeur moyenne du QI dans le temps, mais attribuer un QI à un peuple est pour le moins oiseux. Cela a des relents de classifications raciales d’un autre temps et peut servir de justificatif à une hiérarchisation des peuples. Autant dire que le commentaire de Segolene pue du slip et confirme bien l’impression qu’avait laissé son commentaire précédent que j’ai repris dans un autre billet!
    Je n’ai donc laissé ce commentaire qu’à titre éducatif!

    Réponse
  43. Allez, demain, grand jour, tous et toutes dans la rue, si vos enfants et leurs avenirs vous importes un temps soit peu. Pour la première fois, les cheminots rentrent dans la dance, et ça les fait chier les « fameux otages des privilégiers fonctionnaires grévistes », Chirac, dissoud une nouvelle fois l’assemblée nationale, svp, merci. Quand au QI des Français, avec la m… distillée tt les soirs à la tv, je suis sur que l’on s’en sort plutôt bien. Vous esperiez quoi avec une tv type moldave? Préparez vos pancartes, et sortez, de toute façon pas de radio pas de tv… Vous n’avez pas (plus) le choix. A demain.

    Réponse
  44. Merci Agnes,

    d’accord avec toi sur les deux points :
    1. la revolution par internet « ca manque de sueur » (comme le chante No One Is Innocent). Ca ne saurait suffire.
    2. mais c’est un outil devenu indispensable. Notament pour developper une theorie de la critique. Le discredit complet (et souvent justifie) dans lequel le marxisme a ete jete dans les annees 80-90 a offert un boulevard a la « reaction » qui a pu parler sans contre-voix. Tous tes billets peuvent sembler vain face a un 49-3. Ce sont pourtant eux qui aident la main a se saisir du pave.

    Alors je t’en prie, ce n’est qu’un combut, continuons le debat.

    Réponse
  45. On en sortira pas, hein? Les « allemands » plus intelligents que les « espagnols »…

    Y’a pas plus idiot, comme constat! Une telle généralisation, cette volonté de vois des caractères précis attachés à la nationalité (exemple, quid de l’espagnol devenu allemand la semaine dernière: con comme un espagnol, ou intelligent comme un allemand?).

    Les « français » sont moins intelligents que les roumains. Bon. Voila, on est content, on peut en parler des heures. Sur ce constat bidon qui ne repose sur rien de concret, on va échafauder des théories encore plus fumeuses et ridicules, concernant l' »aptitude au travail » (les « francais » travaillent 27 minutes de moins que les « belges ») ou la « volonté d’évoluer » (les « portugais » sont moins sensibles à la mondialisation que les « grecs »)

    Y’a que des êtres humains. Sur chaque sujet, ceux qui ont la volonté de se positionner le font pour des raisons et selon des motivations bien précises. Vouloir déduire des comportements ou des postures d’individus selon des critères aussi trompeurs que la nationalité, le sexe, l’appartenance religieuse ou l’âge sont des conneries de publicitaires ou de politiques, refusant de prendre en compte les réalités et désireux de ne travailler que sur l’abstrait, le facile, le prévisible…

    « Nous sommes tous américains », « toute la France veut la coupe du monde », « les femmes sont toutes folles de lui »…

    Ou mieux: « qu’il agace ou qu’il fasse réver, il ne laisse personne indifférent » (devinez de qui ils parlent?)

    Réponse
  46. J’ai laissé ce commentaire nauséabond et raciste uniquement pour l’édification de chacun en le commentant sur le fond : hiérarchisation des peuples de sinistre mémoire, avec les Aryens en tête et les Slaves en queue de peloton, il n’y a pas besoin de se forcer pour trouver l’analogie.
    Maintenant, je ne désire pas que ce retour gastrique soit commenté plus longtemps ici et parasite le sujet du débat ici, à savoir la manière dont les cybers débatteurs peuvent envisager investir l’espace public traditionnel, l’Agora, le forum démocratique…

    Réponse
  47. Une chose me paraît acquise, en tout cas : les cybers débatteurs (très joli terme) risquent gros s’ils essayent d’investir l’espace public traditionnel en utilisant les moyens traditionnels.

    je déplore grandement le peu d’audience des syndicats (ai été syndiquée lorsque j’étais salariée), mais je le comprends très bien, hélas. les partis politiques, je préfère pas en parler (c’est pas bon pour ma tension ! 😉 disons que j’ai longuement étudié la question, de près, de loin, le plus objectivement possible ou pas, et que j’ai constaté de visu à quel point ce système, ici et maintenant, est parfaitement vicié et porte en lui les germes de son dévoiement… réfléchir un instant aux critères qui font que tel militant deviendra un candidat éventuel à un poste électif : ce sont rarement les personnes les plus éthiques et désintéressées)

    les assoces ? c’est très bien, les assoces, pour tel ou tel sujet, cependant. au niveau local ou sur un thème particulier, bien défini, il est possible d’être efficace, oui. quoiqu’il y aurait beaucoup à dire sur les assoces, mais ceci est une autre histoire ! cependant, les assoces ne sont pas le lieu de déploiement d’une vision politique globale.

    le problème demeure : comment donner l’audience la plus large possible aux très intéressantes réflexions et aux échanges qui irriguent le réseau, sans passer par ces canaux-là ? – en inventer d’autres ?

    – en utilisant les caractéristiques du réseau ? les liens hypertextes qui font sauter d’une idée à l’autre, d’un argument à l’autre, en mettant tout ça en rapport, rapport parfois inédit mais souvent fécond ?

    – en conservant la spécificité de l’écrit quasi immédiat ? >> l’obligation de réfléchir à ce que l’on va poster, l’obligation de lire ce qu’a écrit l’autre (si on veut pouvoir lui répondre), mais sans attendre trop longtemps non plus (gros avantage par rapport au courrier postal, et par rapport à l’oral : ici, chacun et chacune peut se faire entendre – dans les AG, c’est celui qui gueule le plus fort qui se fait entendre, ici c’est celui ou celle qui écrit clairement et avance des arguments. alors oui, il faut posséder la compétence intellectuelle minimale : ceci est de toute façon un combat d’aujourd’hui, doter tout un chacun d’une capacité de réflexion autonome et d’une capacité à mettre en forme son raisonnement afin de le partager…)

    Réponse
  48. Certes le « Net », carrefour des expressions, n’est pas suffisant… MAIS il comble un sacré vide, ce que confirme ce texte et les nombreux commentaires qui l’accompagnent.

    Agnès cite : «qu’il n’y aura pas d’informations de qualité sur l’Internet sans de vraies signatures, de vrais acteurs dont c’est le métier. » Doit-on comprendre des vedettes de la plume ou des rédacteurs de talent ? De toutes façons les deux existent déjà et le succès de ce blog signifie certainement que tu es bien placée, Agnès!

    Manu25 a écrit : « mais finalement tout tourne en rond, chaqu’un s’arc-boutant sur ces certitudes.» Il oublie que Paris ne s’est pas construit en un jour. La confrontation des idées génère aussi des doutes qui, telles des graines que l’on sèmerait sur un sol ingrat, ne germeront qu’à un pour mille. Bien moins nombreuses seront celles qui sèmeront à leur tour mais la nature veut que ce soit les meilleures.

    Didier a écrit : «chaque jet d’éponge comme celui de Grosse Fatigueil y a en a eu d’autres, il y en aura d’autres – n’est pas une bonne nouvelle démocratique.» Dans une autre intervention il se contredit : «Ma vision de la démocratie, Lou, est assez simple : un citoyen = une voix. Point.» La démocratie ne se réduit pas en effet aux élections. La vraie démocratie est directe et passe donc par le discourt. Certains abandonnent. Ils ont tors mais c’est leur droit même s’ils ont beaucoup de lecteurs, ce qui est très difficile à réussir sur le ouaîbe!

    Titzel a écrit : «Non, mais, un pays contraint d’élire, bien à regrets, son président avec 82,15% des voix est plein de désillusions.» Sextus a fort bien répondu là dessus mais je tiens à relever combien le sentiment de contrainte éprouvé par Titzel (et bien d’autres!) révèle la puissance d’une propagande bien menée.

    Mariano12 a écrit: «Nous devons en plus du net, être présents dans les syndicats les partis la société civile » etc. pour agir vraiment. » Tout à fait ! D’ailleurs, si le peuple de France est tombé aussi profondément en état de servitude volontaire c’est aussi en raison de son désengagement syndical. Il convient impérativement qu’il se reprenne en mains également de cette façon.

    Bovo cite des lycéens : «Notre gouvernement passe à nouveau en force pour un intérêt incertain et minoritaire. Il ne représente aucunement son peuple. Il est donc illégitime. (Le CPE est injuste et rejeté en masse ; c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase)» Cette citation prouve que les lycéens ont bien compris que ce n’est pas le CPE le problème mais toute la politique socio-économique en cours. Sur ce plan le CNE avait déjà rempli le vase à raz ! De plus la précarisation de l’emploie s’est accompagné d’une défiabilisation des assurances chômages, d’où des risques d’exclusion, etc… Le tout programmé et construit sur des années mais bien analysé malgré tout par les futures victimes! Dans l’attente cela signifie aussi qu’un éventuel retrait du CPE constitue une concession minimale pour ouvrir de vraies négociations, vu le passif accumulé !!!

    Agnès a prit le commentaire de Ségolène, certainement ironique, au premier degré : «Le QI pour les mal-comprenants» En réalité l’intelligence n’existe pas ! (lire ça et Aller à « Coup de bec » n° 10)

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  49. Mise en application du principe : on sort du ghetto Internet…

    Oui, j’ai fait ça hier. Un peu contraint et forcé… à force d’en causer sur Internet, on en parle aussi chez soi. Et moi, je vis avec une fille charmante, intelligente (bon sang qu’elle est productive dans son boulot d’ingénieur), avec de l’humour. Mais par contre, niveau conscience politique, j’ai l’impression d’être face à un mur. Ou alors, c’est moi qui suis dans un autre monde.

    Les fonctionnaires sont surprotégés, les syndicats ralent pour trois fois rien, les étudiants feraient mieux d’étudier.

    Et moi, évidemment, je m’insurge. Elle ne comprend pas mon indulgence maladive envers les grèves, alors que je ne me déplace qu’en bus, métro, train. Par exemple. En plus, elle trouve que de toute façon « l’homme » est mauvais. Alors que pour ma part, je suis persuadé du contraire. Alors là aussi, on s’oppose sur l’analyse des violences des banlieues. Là encore, je suis idéaliste.

    J’ai tenté ça un jour avec un copain de fac. On a tous les deux fait Science Eco’, ensemble, on est tous les deux vaguement dilettantes, mais bosseurs quand on a la pression, un peu doués, mais pas trop. Je lui demande quelques mois après le 29 mai ce qu’il a voté. Il m’a répondu : « Quand j’ai vu qui appelait à voter non, j’ai voté oui, hors de question que je vote comme les extrêmes ». Et voilà à nouveau un autre exemple de conformisme, de conscience politique proche de zéro. Comme si la conscience politique avait été anesthésiée.

    Et vous. Ce genre de tentatives d’intrusions dans la vie réelle, elles se passent bien ? 😀

    Réponse
  50. cher Fred de L., c’est une excellente question… !

    Pour ma part, si je farfouille autant sur le réseau pour trouver des idées, des débats, des trucs légers aussi des fois, c’est en partie parce que je n’en trouvais pas assez IRL (ok, c’est aussi que je peux me permettre de prendre ce temps, soit…).

    Mis à part au sein de l’assoce que je fréquente épisodiquement, et qui, bien que concentrée sur d’autres problématiques – quoique pas si éloignées – s’intéresse de près aux questions sociales (et philosophiques… et éthiques…), mon goût pour les discussions « on refait le monde » était bien peu nourri. Or, c’est non seulement un des sels de l’existence, de mon point de vue, mais en outre, une nécessité morale et personnelle, que de s’interroger, se remettre en cause, entretenir le doute et aller toujours plus loin dans la réflexion. Seulement, la plupart des personnes abandonnent cette activité une fois dépassé le stade estudiantin. C’est grandement dommage. Avoir des soucis professionnels m’a, au contraire, plus incité encore à m’intéresser à la politique et à l’économie. Bref.

    Et, dans les situations comme celles du TCE, ou des émeutes en banlieue, ou du CPE, ou de la DADVSI, aussi, il est absolument essentiel de faire entendre d’autres idées que celles rabâchées par le Parisien, la téloche, ou même, les journalistes idéologues-sans-le-savoir (ou pire, en le sachant), de France Inter. C’est souvent très difficile. Ma vendeuse de presse : « ouh, moi, je n’y comprends rien à tout ça, et je ne lis plus que les magazines de déco ». Ok.

    Perso, j’ai de la chance : en famille, on est politisé (trop, aux dires de certains !). Pas forcément toujours d’accord, mais sur les postulats de base (rationalisme, humanisme, éthique, justice, fraternité…), on est raccord. ça permet d’éviter que certaines discussions finissent en pugilat, d’ailleurs, de se recentrer sur les fondamentaux !!

    Dans mon cercle privé, pareil, on s’intéresse, on débat, on s’écoute, on se perd assez vite dans des considérations philosophiques et généralisantes, au détriment du quotidien et du pratique (concrètement, on fait quoi ?), mais c’est tout de même satisfaisant intellectuellement et je réussis à faire reculer la tentation de l’individualisme pour mon homme et son alter ego, deux garçons intelligents, sensibles, cultivés, mais parfois tentés par un trop fort pragmatisme. Ici, les discussions d’ici ou d’ailleurs me fournissent à la fois des arguments, des pistes de réflexion, et un « panorama » des idées qui s’affrontent => c’est important de bien connaître « le camp d’en face » et comment il réfléchit et comment d’autres discours sont construits.

    Je suis allée pendant très longtemps sur un forum foutraque qui offrait, entre autres, des prises de becs que je pourrais qualifier d’idéologiques, et dont le ton, absolument pas modéré, versait assez souvent dans l’injure gratos (mais rarement méchante). Bon, on y a eu de grands moments, notamment en 2002 (les abstentionnistes politiques s’y sont fait étriller, mais nous avons bien défendu notre position) ; et l’an passé, pour le TCE, et la qualité des débats y a été impressionnante, bien au-delà de tout ce qu’on pouvait lire dans les journaux.

    Je crois qu’il est important de diffuser ainsi des doutes et des convictions, mais là encore, je ne suis pas sûre que ce soit « suffisant » (même si c’est certainement un pré-requis à l’action).

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  51. Quel tournant raté! si les partisans du NON au référendum européen avaient pu proposer une alternative (en serait-ce qu’une VI ème république…) et défendre un vrai projet, ils auraient matière, aujourd’hui, devant la non prise en compte de l’avis du peuple par ses dirrigeants, à mener une révolution (dans le sens où les étudiants, les banlieux, les salariés, l’opinion seraient alors unis sur un même projet alternatif, ce qui n’est pas le cas car les propositions ne sont pas claires ou inexistantes). Oui, alors, on pourrait en finir avec ce sale moment que nous vivons depuis ces dernières années, cette « fin de régne » pourrissante qui est le moment le plus pénible avant le renouveau…mais que le projet fédérateur tarde!

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  52. Oui, un projet fédérateur alternatif tarde ; il est justement question de débattre des moyens d’en semer les graines, de les cultiver, de les « tutoriser »…

    Ou devons-nous attendre qu’il nous tombe pré-mâché dans le bec ? (évidemment, de mon point de vue, il ne faut surtout pas attendre que quoi que ce soit nous tombe pré-mâché dans le bec… y compris de la part des leaders du Non ou de leurs organisations, qui ne voient pas plus loin que le bout de leur lorgnette électorale… même lorsqu’ils se persuadent d’être désintéressés)

    Réponse
  53. Le moment est celui là même où une étincelle peut allumer la mèche et envenimer les choses trés vite. Regardons vers le passé récent. Si tout s’accélére suite à une bavure ou un comportement méprisant des dirrigeants clairement exprimé, alors celà va mener à une révolution du type « aprés » urss, où ceux qui se montreront les plus présents lors du conflit (ex: Eltsine sur son char) et les plus médiatiques emporteront la mise; ce sera le règne de nouveaux oportuniste…bref, c’est pas terrible quand on voit ce qu’est la Russie aujourd’hui… Il faut donc batir un projet alternatif AVANT que tout pète afin de pouvoir le mettre en place le moment venu; c’est un peu la méthode Arnaud Montebourg, avec sa constitution pour une VI ème république, déjà parue. ça me parait déjà mieux sur la méthode, même si je ne me prononce pas sur cette constitution, que je n’ai pas lue.

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  54. 1) nformation, enseignement, éducation, grèves, occupation, réflexion, … bravo. On continue. Lire et écrire sont des armes. Ne pas les déposer. Pourtant, un jour il faudra affronter LE problème : transformer tout cela en force politique. Pire transformer tout cela en force politique locale, nationale ET europénne. Dur à penser. Un défi colossal. Sans rire. 2) c’est vrai, amis Français, vous êtes souvent un peu nombrilistes. Pas assez à l’écoute des voisins. Mais voilà, vous avez rejeté l’infâme traité européen, souvent pour d’excellentes raisons. Et c’est bien, c’est mieux que bien. Mais si vous vous étiez ouverts à l’écoute des voisins vous auriez su depuis longtemps ce que réservait l’Europe. Et encore : qui parle en France de la plus grande manifestation jamais vue en Californie qui a eu lieu la semaine dernière pour défendre les immigrés (2 millions de personnes) ? 3) Battez-vous contre le CNE, le CPE, ce sont des infamies mais n’oubliz pas qu’en ce moment en Angleterre ce sont des centaines de milliers de personnes qui se battent contre la réfome des pensions de Blair (reprot à 68 ans et plus de l’âge de la pension, ce sont des mcntaines de milliers de foncionnaires locaux allemans qui se battaient en Allemagne… 4) Soyez aux aguets aussi : la Commission Barrose devrait publier ce printemps un documents pour la réforme des codes du travail de l’ensemble des pays européens. Le CPE le CNE pour tous les Européens ? Sans doute. Pourquoi ne pas préparer une riposte européenne dès maintenant ? Sans passer par la CES, mais entre mouvements et syndicats… 5) Alors ?

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  55. J’oubliais: si Tinkie Winkie se presente en 2007, surtout, votez pour lui 🙂

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  56. Hello, il y a comme du parasitage : jcd (moi) n’a rien oublié donc le message 56 est dû à quelqu’un qui usurpe le jcd (cela crée de l’embrouille !).

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  57. Ouh la ! En effet, y’a parasitage ! Je vois que plusieurs personnes se permettent d’utiliser mes initiales (jcd, pour Jean-Claude Duss) sans mon accord… C’est inacceptable, surtout pour colporter de telles inepties ! J’crois cependant qu’j’vais conclure… 🙂

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  58. En comparant les IP des jcd, j’ai pu voir qu’il y en avait effectivement 2. J’ai filé un numéro à chacun et démerdez-vous!

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  59. pffiouu !

    sujet crucial et passionnant, discussion très intéressante et très stimulante.

    Pour ma part, Internet a été un havre, un refuge où trouver non seulement l’info qui me manquait, mais aussi les compagnons, croisés au fil des pages et des commentaires, des gens qui partagent certaines valeurs, et pour le moral, c’est essentiel.

    Je vis dans une toute petite ville du fond de la campagne, une des seules sous-préfectures à n’avoir pas de gare. Le député-maire est très critiqué autour de moi mais s’il est là, c’est que des gens votent pour lui. Au lycée où je travaille, aujourd’hui nous étions peut-être dix ou douze enseignants en grève aujourd’hui, sur une quarantaine, et c’est un pic de mobilisation ! Les lycéens avaient organisé un bus pour aller à la manif, mais je n’en ai vu qu’une vingtaine (je ne prétends pas les avoir tous comptés !!!), et je vais apprendre demain que beaucoup se sont déclarés « grévistes » et sont allés prendre l’air ou quelques bières. Je ne les condamne pas car la conscience politique demande une certaine maturation, or à seize ans on sort à peine du cocon idéologique familial. Mais le bilan est assez triste. (Je vous rassure, il y en a aussi qui bougent, qui réagissent, qui réfléchissent, qui s’enthousiasment… L’actualité le montre bien !)

    En bref l’action est possible mais elle reste très difficile, peu relayée, peu aidée, voire marginalisée ou regardée de travers. Ceux qui partagent vos convictions ne croient pas à la possibilité du changement, ou très peu. Le défaitisme et le repli de chacun sur sa bulle quotidien-proches-loisirs pour ne pas trop broyer du noir… De quoi vous flanquer le cafard et le moral dans les chaussettes par moments ! Et c’est là qu’intervient Internet pour débattre, s’informer, affiner ses positions et ses arguments, et remonter le moral des troupes !!! cela ne suffit pas mais c’est très important. On ne peut agir que si l’on en a l’envie, la motivation, l’énergie.

    Pour le rete, il se trouve que j’ai un boulot qui touche de près l’éducation des jeunes futurs citoyens etc (vous l’aviez compris :)) alors j’essaie d’agir à ce niveau-là. Non pas de les influencer (ah, ces hordes d’enseignants gauchistes manipulant nos chères têtes blondes… il faut fréquenter Brave Patrie pour bien se pénétrer de la gravité de ce fléau!), je fais tout ce que je peux pour ne pas faire intervenir mes convictions personnelles, mais leur donner des outils de d’analyse et de réflexion, éveiller leur esprit critique, semer les graines d’une réflexion qui en est encore à s’élaborer… Les conditions ne sont pas toujours idéales, classes et programmes chargés, concurrence des divertissements « faciles » et des valeurs d’une société de consommation toute paillettes et marqueting, élèves plus ou moins réfractaires, quelles qu’en soient les raisons, à tout ce qui nécessite un effort, un investissement… Certains même nous semblent « appauvris » intellectuellement, manquent de recul, de curiosité… et ceux-là nous font mal au coeur, noyés dans le flux de la classe et de l’enseignement, on veut leur lancer des bouées de sauvetage mais on n’en a pas toujours les moyens !

    Pour le moment, mon action dans la « vraie vie », c’est celle-là. L’éducation, sans laquelle la démocratie n’est que populisme. Contribuer à mon modeste niveau, et sans garantie de résultats, à la formation de citoyens actifs, capables de s’informer, de se former un jugement, et d’agir à leur tour. Et je vous assure que ce n’est pas évident à tenir tous les jours, même quand on n’est pas en ZEP ou autre zone sensible !

    Alors bien souvent, ce qui me donne du coeur à l’ouvrage, ce sont des lectures glanées sur Internet, comme de grandes bouffées d’oxygène avant de repartir à l’assaut de la montagne, tel Sysiphe remontant sempiternellement son rocher (eh oui. Tous les ans, on en prend d’autres, on recommence. Toutes les heures, on prend les mêmes (que la fois d’avant), on reprend, on recommence. Passion, patience)

    Pour moi, cette action que j’ai tenu à inscrire dans mon métier ne va pas sans la fréquentation des réseaux, la diffusion des idées, l’affinement permanent des convictions qui la fondent, et pour cela Internet est une merveille.

    Donc merci Agnès, merci GF pour tes défauts et ton humanité, merci à tous les autres. Merci de rompre cet isolement (relatif, je ne veux pas non plus me faire plaindre !) et merci pour ce réconfort, et merci de ne pas baisser ni les bras ni les neurones !!!

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  60. Mobilisation générale

    Plus trivialement, je suis allée me frotter au vrai monde aujourd’hui en allant shooter la manif du bled en chef (comprendre la préfecture de mon département). Bonne ambiance, forte mobilisation, et la joie de rencontrer du monde. Comme un militant très engagé du micro-bled d’à côté du mien, que je ne connaissais que par mail, super rencontre. Ou le gars de Sud Solidaire qui m’avait défendu l’année dernière lors de mon opération « incruste à la préfecture » : en fait c’est le secrétaire général du département de Sud, sympa, ouvert, il m’a reconnue très rapidement et il vient lire ici (mierda, la contamination des esprits est en marche, je vous le dis!). Des voisins. Des potes. La directrice de l’école de ma fille. J’ai retrouvé aussi le CGTiste qui prend les photos de manif pour son clan.
    Les gens, sur le parcours, étaient très accueillants, favorables au mouvement. J’ai trouvé très facilement des postes surélevés d’où je pouvais prendre des plans de foule : des gens me laissaient entrer dans la chambre du petit au premier, un labo d’analyse m’a prêté sa fenêtre, un entrepreneur en BTP, sa plate-forme de camion.
    Le seul mec franchement hostile était un ami à moi qui habite sur le parcours. Il a créé sa boîte qui marche bien. Il est dans le business à fond, et trouve que les grévistes sont des branleurs qui font chier les honnêtes gens qui veulent bosser. Ben oui. Mais c’est un ami.
    Bref, une bonne matinée sous le soleil avec une dispersion éclair sous une soudaine pluie glaciale. Bon timing en somme. J’ai ramené des supers clichés, un bon rhume et de quoi pondre 3 papiers d’ici demain matin!

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  61. 1- j’espère que je ne suis pas trop sortie du sujet…

    2- j’ai une idée ! et si justement je soumettais à mes ados un débat tiré d’un blog, genre celui-ci, pour étudier, bien sûr, cette bonne vieille argumentation mais aussi pour se poser certaines questions… Argh… il me faut trouver un sujet politiquement relativement neutre. Si vous avez des suggestions…

    3- Agnès… je me demande si on a pas fait la même manif… y a-t-il des canards par chez toi ? 🙂

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  62. cher ami aux initiales homonymes, Il est aisé de dire « ineptie ». Dommage je croyais me trouver sur un lieu de débat! Bon à part ça si tu veux jcd1, être le premier, c’est chouette non, je te cède volontiers cet honneur. Disons donc que jcd-bruxelles me convient (et ne vient pas me dire que tu vis aussi dans la « capitale » de l’Europe! A bientôt, Jcd-Bruxelles, ex-jcd.

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  63. à Agaagla : oui, plein de canards et mon papier, s’il n’est pas oublié par la rotative, devrait sortir dans un journal qui parait tout les jeudis. Autres indices : j’ai couru tout le temps (pour couvrir tout le putain de cortège qui était trop long), en sachant que le bled en chef est bien pentu, surtout au début et à la fin du parcours. Et à la Patte d’Oie, la photographe sur le camion qui change les abris bus, c’était moi (plus pratique de squatter que de traîner son échelle comme un autre photographe de presse!), et non pas un membre des RG comme la rumeur a couru 😉

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  64. {{Pourquoi est-ce que je parle tant, alors que bien souvent je suis incapable de faire tout ce que je dis ? – Les idées que tu défends publiquement, il faudra t’efforcer de vivre en accord avec elle », répond son coeur. C’est parce qu’il pense être ce qu’il dit que le guerrier finit par devenir ce qu’il affirme être.}} (Paulo Coelho, Manuel du guerrier de la lumière)

    J’aime bien cette citation. Et j’ai adoré cet article… Merci Agnès, pour ta vision à la fois lucide et éclairante de cet internet citoyen auquel j’ai la prétention de vouloir appartenir. La cyber-réflexion participe à la conscientisation générale, et plus les voix comme la tienne seront lues et relayées, plus la mobilisation et l’action citoyenne auront d’impact ! Nous DEVONS continuer à « décortiquer, dénoncer, sensibiliser, analyser, penser… », comme nous devons relayer les initiatives positives, les solutions concrètes que le génie citoyen met en oeuvre un peu partout sur la planète (cf. les initiatives en ce sens de Reporters d’espoirs ou de Place Publique, qui sont de bons exemples de relais entre réel et virtuel. Intéressante aussi, cette iniative de jury citoyen qui propose une vraie participation à la vie démocratique entre deux bulletins de vote…

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  65. Je livre cet extrait à notre réflexion des échanges sur le net 😉

    Le mail source de malentendus

    Vous avez envoyé un e-mail enjoué à vos collègues de travail, histoire de détendre l’atmosphère, et certains l’ont mal pris ? Celui que vous avez adressé à vos cousins pour organiser le déjeuner dominical a été compris de travers par la moitié d’entre eux ? Normal. En optant pour la messagerie électronique, vous avez pris le risque maximal de créer un malentendu, affirme une étude publiée par l’université de Chicago Graduate School of Business (Chicago GSB).
    (…)
    Les expéditeurs estimaient que, dans 75 % des cas, le « ton » de leurs propos serait interprété sans problème. Ce qui se révéla vrai avec le téléphone, mais pas avec les e-mails, que les destinataires n’interprétèrent correctement qu’à 56 %. Un taux de réussite d’autant plus désastreux que ces mêmes destinataires étaient persuadés, quant à eux, avoir bien compris la teneur d’environ 90 % des messages, que ces derniers aient été communiqués par téléphone ou par mail.

    L’explication de ces malentendus ? L’égocentrisme, affirment les chercheurs. Privé d’emphase, d’intonation et de toute la communication « non verbale » qui accompagne ce que l’on dit, le message par e-mail nous parvient en effet sous une forme relativement neutre, ou du moins peu décodable au plan émotionnel. Ce qui ne fait qu’accroître notre penchant naturel à épouser notre point de vue plutôt que celui des autres.
    Le Monde

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  66. Le poids des mots

    Villepin, au cours de sa réponse à Hollande dans le cadre des questions au gouvernement, vient de dire :
    – «Le Conseil constitutionnel donnera sa démission demain»
    – un blanc, il est tendu et ses yeux errent un moment dans le vide…
    – «Le Conseil constitutionnel donnera sa décision demain»

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  67. Merci pour ce texte courageux. Permettez-moi de résumer.
    « Le Net est devenu le carrefour des expressions qui ne trouvent plus leur place dans la société civile actuelle. C’est bien, mais est-ce suffisant? » Non évidemment.
    « Nous fissurons l’édifice idéologique de l’absolue dictature du Marché sur toute autre considération. » C’est une tâche absolument nécessaire !
    « Mais au final, nous sommes tout de même en train de perdre la guerre. » Pas certain ! L’avenir est ouvert, et la contestation est encore relativement récente, au rythme où respirent les sociétés.
    Le danger avec le Net, c’est d’y consacrer toutes ses énergies. Ça, c’et le piège ! Il faut aussi agir ou vivre en-dehors de la toile ! Et atteindre les gens autrement que par le Net. Vous le dites vous-même, finalement :
     »« Le renouveau démocratique passe donc forcément par une réappropriation du champ du politique par l’ensemble des citoyens face à une caste qui, elle, est prête à recourir à la violence pour conserver le pouvoir. Voici l’enjeu. Et il est de taille! »  »

    La violence de l’Etat, c’est bien ce qui m’effraie. Le jour où la majorité voudra, pacifiquement et légalement, changer les règles d’un jeu absurde et mortifère, les pouvoirs saliront, intoxiqueront, manipuleront (ils le font déjà tous les jours), et au bout du compte enverront les fusils. Autant le savoir. La conscience politique doit s’étendre et prévenir ce risque certain. Comment ?
    Dans mon isolement, je ne sais pas. Seul le débat pourra construire des réponses.

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  68. Allez, courage Dominique ! Tu y es presque ! Faut pas lacher le morceau, et montrer à ce peuple de france que la politique d’un pays ne se décide pas dans la rue (apres tout, j’ai voté pour un programme UMP, pas pour voir les economistes en herbe de la SNCF ou de l’UNEF diriger le pays…).

    Réponse
  69. Bien dit ! Un peu de courage, Dominique ! Tiens… vas-y ! Fonce ! Fais-nous une petite dissolution du Parlement dont tu as le secret, histoire de lui donner la parole à cette populace en casquettes de la rue… oups ! Pardon… ce peuple de France ! Allez quoi…. fais-moi plaisir… un peu de panache, quoi !

    • repars en sifflotant… mwarf !*
    Réponse
  70. Je surnomme souvent Internet « la machine à effacer ». D’une certaine façon, tout ce qui est écrit ici s’efface aussitôt, devient inopérent, transparent. L’Internet n’est, souvent, qu’un exutoire. N’oublions pas que les bloggers sont avant tout des CLIENTS. Ce que vendent les « fournisseurs de tuyau »? Le droit de pisser dans leurs violons…

    Réponse
  71. @ Eric : et ce « droit de pisser dans {leurs} violons » t’apparaît-il parfaitement futile et vain ? si oui, tu es champion de cynisme ! mais ça ne fait pas plus avancer le schmilblick.

    Réponse
  72. Bonsoir Agnès, bonsoir à tous :o)

    Merci pour ce blog intelligent (que je n’ai malheureusement pas toujours le temps de lire aussi attentivement que je le voudrais).

    Le mardi 28 mars 2006 à 14:33, CBABE a dit :
    « Quel tournant raté ! Si les partisans du NON au référendum européen avaient pu proposer une alternative (ne serait-ce qu’une 6ème république…) et défendre un vrai projet, ils auraient matière, aujourd’hui, devant la non prise en compte de l’avis du peuple par ses dirigeants, à mener une révolution… »

    Précisément, je ne travaille qu’à ça, jour et nuit, depuis des mois : formaliser une réelle alternative, réellement protectrice des citoyens, cette fois. C’est très long, il ne faut pas nous en vouloir de tarder, il faut venir nous aider, c’est une réflexion accessible à des humains normaux (mais déterminés), pas experts (mais travailleurs, respectueux des autres et honnêtes), et je vous invite chaleureusement, en complément à votre présente réflexion, à venir nous aider à imaginer l’incroyable alternative.

    Ma thèse est qu’aucun combat ne pourra être gagné, ni économique, ni social, ni politique, tant que sera verrouillé le droit du droit, les règles mêmes du pouvoir, le texte essentiel où sont définis les précieux contre-pouvoirs, ce texte fondateur qu’on nous a soigneusement appris à négliger, qu’on nous invite encore à abandonner aux « experts », justement parce que c’est le plus important peut-être : notre Constitution, avec un grand C.

    Le TCE a servi de révélateur pour l’Europe, qui n’a jamais dit ce qu’elle prépare en douce : l’irresponsabilité politique de tous les acteurs et la disparition des démocraties nationales au profit des entreprises multinationales, cette réalité terrifiante qu’on découvre en grattant le vernis des grandes et belles déclarations liminaires.

    Le CNE et le CPE servent aujourd’hui de révélateurs pour la France de la même impuissance radicale des citoyens, programmée depuis longtemps dans la Constitution de 1958 : vous êtes ulcérés, nous sommes des millions à tempêter contre la destruction du droit du travail et autres méfaits non annoncés par les candidats avant les élections… et pourtant… pourtant… incroyable… entre deux élections, nous sommes véritablement en prison, dans un tunnel d’obéissance, et si le Président est (ou devient) un tyran (ce qui est vraiment nouveau, en cinquante ans de régime), tant pis pour nous. Au lieu de pacifier la Cité en imposant d’honnêtes débats, la 5ème porte en elle les racines des pires violences.

    Je prétends que si la Constitution est inique, si notre démocratie ne fait que balbutier ses premiers mots (liberté d’expression, élections…), c’est parce que nous avons laissé les hommes au pouvoir (parlementaires, ministres, juges et autres futurs puissants) écrire eux-mêmes cette Constitution qui devrait limiter leur pouvoir au lieu de limiter le nôtre : c’est idiot, ils allaient tricher, bien sûr, on ne peut presque pas leur en vouloir tellement c’est humain et donc prévisible.

    Ma thèse n’est pas antiparlementariste : nous avons besoin d’hommes de pouvoir, de délégués qui nous représentent, mais il faut pourtant absolument les écarter du processus constituant, et nous devons écrire nous-mêmes notre Constitution pour que les contre-pouvoirs qui nous protègent tous soient réels et permanents.

    C’est le seul moyen de sortir de la préhistoire de la démocratie.

    Ce n’est pas une utopie : si un « petit » candidat à la présidentielle promet de simplement nous permettre de changer nos institutions de cette manière très nouvelle (sans parlementaires ni candidats, etc.) pour ensuite se retirer, on tient notre chance historique.

    Si ça ne fonctionne pas en 2007, ce sera une fois suivante. De toutes façons, il y a du travail pour préciser entre nous quelles sont les règles consensuelles, celles sur lesquelles on tombe tous d’accord : nous écartons toutes les règles qui font litige grave, et nous ne gardons que celles qui restent et qui mettent d’accord les citoyens « de gauche » et « de droite » : nous avons TOUS besoin d’être bien protégés contre les abus de pouvoir, et cette exigence fondamentale dépasse complètement le clivage gauche/droite (clivage souvent artificiel, pour donner aux citoyens ravalés au rang d’électeurs l’apparence de l’alternance).

    « Extension du domaine de la lutte »… Ce titre est parfait. Merci Agnès :o)

    Venez nous aider à réfléchir et progresser, il y a sur le forum une trentaine de points importants (et passionnants) à débattre : prenez-en un par jour ou un par semaine.

    Hâte de vous lire :o)

    Amicalement.

    Étienne.

    PS : si vous voyez que je tarde à répondre ici, ce n’est pas de la négligence, je suis simplement débordé : écrivez-moi un mail à etienne.chouard@free.fr et je vous rejoindrai aussitôt :o)

    PPS : l’adresse du forum : http://etienne.chouard.free.fr/forum/

    Réponse
  73. Salut Étienne et merci pour ton intervention. Je suis comme toi, j’ai des délais de réponse aux mails à rallonge, mais sache que j’ai bien reçu le tien et qu’il m’a fait un immense plaisir!

    Réponse
  74. Merci Etienne de m’avoir indiqué cette adresse.

    Bonjour Agnès.

    Un passage de votre introduction, ici, m’a interpellé.

    « comme l’a si bien démontré Hannah Arendt, la vita contemplativa n’a de sens que si elle débouche sur la vita activa, c’est à dire l’action, l’emprise sur le réel, l’accomplissement des idées, le politique. Sinon, toute réflexion n’est que pur verbiage. De même que l’action politique sans réflexion philosophique préalable n’est que gesticulation mercenaire, confiscation du vivre-ensemble au profit de la toute-puissance des intérêts particuliers, autant dire que cela fait le lit du totalitarisme que nous retrouvons aujourd’hui dans le culte inconditionnel de l’économisme. »

    Alors… – pour la seconde partie, je me sens plus à mon aise. Et je crois que s’il nous faut une nouvelle constitution, il faut vraiment un « effort philosohique » pour nous permettre d’apprendre à donner du sens au nouvel ordre mondial. Les gens qui proposent des comment et qui sont infichus de donner des pourquoi, on ne les compte plus. Dans toute situation de société de type « pré-révolutionnaire » (les indices abondent – quant à H. Arendt, son introduction à La crise de la culture en dit long sur ce qu’elle annonce comme besoin de tous les individus de repenser la société et la politique, sans ne compter que sur les « conseils » de l’Histoire). – Pour la première… je (re)prends note. Si c’est Hannah Arendt qui l’a écrit, nul doute que je n’oublierai plus…

    Sur la démarche entreprise par Etienne Chouard : je crois que celle-ci, tout en suscitant pas mal de réflexion philosophique, ne tient pas de la simple vita contemplativa : j’y vois de « l’action, de l’emprise sur le réel, de l’accomplissement des idées, du politique ».

    Quand on fait le constat de notre impuissance et de l’autisme des politiques, cela ne devrait pas nous faire oublier que les politiques sont aujourd’hui impuissants face aux pouvoirs économiques. C’est déjà parce que le politique est impuissant qu’il devient plus autoritariste. La réelle puissance du politique, elle se mesure par sa légitimité, par sa capacité à donner du sens aux choses publiques, et à l’action politique, par sa capacité à créer du lien social, à faire cohabiter sphéres économique et sociale… Vu l’état d’imprégnation de la « pensée unique », ne confondons pas autoritarisme d’imuissants et puissance : ils sont infichus de donner du sens et à mener une action politique, « là-haut », et la première chose que je me dis, c’est qu’à leur place, je ne ferais pas non plus des pruesses.

    Il faut amettre que pour sortir de ces deux impuissances qui cohabitent (celle des citoyens et celle des politiques), il est nécessaire de refonder la politique sur une constitution nouvelle, juste mais aussi moderne, adaptée notamment à composer avec la mondialisation économique.

    Au dela de la réflexion, qu’est-ce que le fait de passer des heures sur internet et dans les livres et à réunir des contributeurs pour un projet de constitution écrit par des citoyens, sinon de l’action politique ? Puisqu’il s’agit déjà de redonner du pouvoir aux politiques.

    Réponse
  75. Bonjour, à toutes et à tous, reaction par rapport au Message 60 de Agaagla : « Pour ma part, Internet a été un havre, un refuge où trouver non seulement l’info qui me manquait, mais aussi les compagnons, croisés au fil des pages et des commentaires, des gens qui partagent certaines valeurs, et pour le moral, c’est essentiel… » Je rejoins tout à fait son avis, ce blog est vraiment trés enrichissant (façon de parler par les temps qui court) et je tiens à dire à cette personne que j’aurai aimé suivre ces cours Pour ma part j’ai gaché ma scolarité et je le paye maintenant car j’ai beaucoup de retard concernant une éducation politique et social (référence à la conscience politique lu dans ce message). Vos propos à tous son trés interressant, mais à qui s’adresse t-il ? Je travaille, je suis salarié et surtout citoyen avant tout mais je n’entends pas autour de moi ce discours. personne n’arrive à aligner 3 mots, 3 phrases censées. Moi le premier, et pourtant nous sommes tous concerné par ces problèmes. Vous parler de bouger, de réagir, de manifester, c’est ce qu’il faudrait faire bien sûr mais la plus part des gens ‘ont pas de conscience politique parce qu’ils sont trop ignorant alors vos discours vous penser!!! Je suis énervé par ce manque de cultures sociales et politiques qui nous entoure mais je vous soutien car j’apprend au fur et mesure de vos lecture j’èspère ne pas avoir été hors sujet mais j’avait surtout envie de m’exprimer sur un activisme virtuel à mes yeux. Je finirai en citant Aglaagla :

    "L'éducation, sans laquelle la démocratie n'est que populisme"

    Merci pour son travail citoyen et merci à vous tous. Merci aussi à Mr Étienne Chaourd qui m’ a permis de vous découvrir

    Réponse
  76. Merci pour cette implication, Etienne, et cette possible voie dempowerment

    Juste pour répondre à sam17 sur l’impuissance des politiques face aux pouvoirs économiques : certes, c’est un constat assez généralisé pour bien des situations, mais tout de même, il semble qu’il reste des marges de manoeuvre. Par exemple lorsque les autorités étatsuniennes protègent leurs industriels en favorisant leurs exportations et en limitant les importations.

    L’Europe politique n’existant pas, il semble difficile d’obtenir pour l’heure, et de ces dirigeants-là, une pareille intervention des autorités sur l’économie. Pour autant, elle ne me paraît pas impossible à imaginer.

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  77. A Ko,

    bonjour.

    « il semble qu’il reste des marges de manoeuvre ». Je dirais plutôt que les politiques manoeuvrent « à la marge ». Soyons sérieux. Il y a d’autant moins de marge de manoeuvre que la pensée unique est installée. Comme dit Agnès, tous les partis sont quasiment obligés de mener une politique libérale (je ne dirais pas les choses ainsi, je parlerait de « ultra libérale » – nuance qui est question de conventions, passons).

    « les autorités étatsuniennes protègent leurs industriels » … tout est dans le « LEURS » 😉

    Quelques pensées en vrac, pour commencer :

    • Sur le 4*4 de fonction de mon patron (je suis ingénieur dans la fonderie, pour l’automobile) il y a plein de pièces qui sont fabriquées en Asie, chez… « nos » currents (dont on subit le dumping, évidemment). Sa bagnole est de fonction. mais c’est la sienne. « Nos » concurrents son surtout ceux de ma boîte. Qui appartient essentiellement à mon patron.
    • Jamais je n’ai vu ce type s’interresser aux soucis de son personnel, et les augmentations et les formations qui n’arrivent pas, c’est aussi courant que les démissions et les nouvelles arrivées. Mais quand la CGT a tenu une grève de 5 semaines (c’est énorme) dans une de « nos » grosses usines, ils ont fini par nous tâner pour qu’on aille filer le coup de main… au motif que « les 1000 et quelques familles de la boîte » (ils voulaient parler de nos familles, au sens propre, à nous salariés)… étaient menacés. Je vous passe le compte rendu sur l’action de la CGT (je n’ai que la version patronale, bien sûr).
    • la dernière fois, mon directeur du développement me parle des pratiques d’un concurrent asiatique pour dumper. Je lui répond « c’est du suicide ». je parlais de notre réaction. Il me dit « bien sûr, mais on n’a pas le choix »… Le tout, c’est d’espérer que « l’autre » crève avant, et qu’on ait encore assez pour se remettre.
    • Dans un autre registre : ma voisine est « contre » les homos (quelle idée, d’ailleurs, d’être pour ou contre). Ma soeur est homo. Il y a des plombiers polonnais qui ne sont pas des intégristes cathos. Si si. Moi, surtout vu la vitalité des cathos polonais en ce moment, je me sens plus proches d’eux que de ma voisine.

    Vous me parlez en gros de refonder un patriotisme économique si je ne m’abuse.

    Sur le papier je n’ai rien contre. Et je comprends assez le besoin : il faut bien trouver une alternative à « l’harmonisation sur le bol de riz ». Je pourrais vous dire « c’est impossible hors isolationnisme, avec tout ce que cela suppose sur le plan diplomatique, pour le contrôle futur des institutions mondiales, et… pour les questions d’environnement ».

    Je me contente de vous dire ceci : le patriotisme économique, aujourd’hui, il y a ceux qui le moquent ouvertement, et ceux qui le réclamment. Tous deux se plantent, nous dupent, et ont les yeux rivés sur les mauvais indices : des moyennes nationales, du PIB, de la croissance. Des trucs qui comptabilisent essentiellement l’enrichissement des riches dans chaque nation. Certainement pas l’explosion des inégalités, toujours au sein des nations. Les premiers, ce sont soit les « néo libéraux actifs » – les seuls pour lequel on peut parler de néo libéralisme comme d’un courant politique, non pas de l’idéologie (dominante, donc) -, soit les «  »néo libéraux passifs » » (les pragmatiques qui envahissent le centre, droit et gauche). Les seconds, pour ne parler parmi eux que des démocrates, ce sont les plus honnêtes des dynosaures…

    Parce que le patriotisme économique, c’est devenu absurde. Et qu’on le moque ou qu’on s’en réclame, le problème est que tout le discours politique (ultra dominant) se fonde dessus. On est formatés pour çà : la démocratie, çà se fonde sur le peuple souverain. La politique se fait dans la nation, essentiellement. L’économie, plus du tout.

    La mondialisation actuelle, c’est :

    • 80% environ du commerce des produits, services et matières premières réalisé au travers des firmes transnationales (200 000 environ) et de leurs filiales. 75% en 2001, je ne sais pas exactement depuis.
    • un « commerce virtuel » (opérations réalisés sur les marchés des changes dans le monde) qui fait environ 58 fois le commerce réel. Sans compter les échanges avec les paradis fiscaux, par définition impossibles à comptabiliser
    • 98% de l’activité boursière réalisée au Nord
    • sur les 100 premières entités économiques (en poids) mondiales, 41 sont des Etats… le reste, des multinationales.
    • La plus grande entreprise au monde, en nombre d’employés, Wall Mart, crée par un gars de l’amérique profonde est aujourd’hui un empire. Elle ne compte pas un seul syndiqué : 10 000 personnes / an environ sont virées pour raison d’adhésion syndicale. C’est interdit par la loi, même aux States, mais les pénalités sont peu élevées, et la boîte préfère endiguer le « problème » à la source, et empêcher la « mode » de prendre.
    • France (2005) – les revenus du patrimoine augmentent 4 fois plus vite que le « pouvoir d’achat des ménages »
    • « France » (2005) : au CAC40, la moitié des bénéfices dégagés vont en dividendes aux actionnaires. Cela ne dit pas quelle part de ce qui est dégagé vient d’une politique de court terme, faite de restructurations internes (dont on parle bien moins que de délocalisations), de démantellement de métiers, et au final, de « compression de ressources »… dont celles « humaines », compensées par le stress
    • France (2005) : le stress au travail, c’est 2 fois le creusement du trou de la sécu (qui c’est qui râle sur l’Etat « qui nous coûte cher » ? – tout est dans le « nous »).
    • « France » (2004 + 2005) : bénéfices moyens dégagés au CAC40 : actionnaires : +30% environ / salariés : moins de 2.2% (voir le Monde diplomatique de ce mois, je n’ai pas les chiffres exacts en tête). Comptez avec l’inflation, et comptez dans la moyenne ce que les cadres dirigeants s’envoient en augmentations (et bien sûr, plus ils se gavent, plus ils sont solidaires des actionnaires). « France » entre guillemets, évidemment… Quelle part d’actions est détenue par des français ? des européens ? d’autres ? Quelles règles y a-t-il en la matière ? Aucune. Combien ces boîtes payent d’impôts en France ? Même Renault (RSA), ancienne « régie nationale des usines Renault »… en tant que firme transnationale, paye peu de ses impôts à la France (moins de 15%, de mémoire). Combien ces boîtes embauchent en France, en europe, ailleurs ? Combiens vendent-elles en France, en europe, ailleurs ? Quelle quantité de pub font-elles en France, en europe, ailleurs ? Quelles règles y a t-il sur le plafonnement de ces pubs ? Le seul pouvoir de les financer, et le fait d’avoir des décideurs qui privilégient le marketing.

    La concurrence entre entreprises, c’est une vue de l’esprit (de capitalistes à la noix). Ce sont des riches qui se font la guerre, et qui emmènent au front des pauvres d’un pays, d’une boîote, contre des pauvres d’un autre pays, d’une autre boîte. Sur le plan sociétal, tant que les individus sont bien canalisés par le travail, ils restent tranquilles. Mais « la guerre économique, c’est la paix ». Ca vous les unit, les pauvres, contre un ennemi fantoche et bien maniable. C’est ce qu’on peut appeler une interprétation structurelle de la soumission planètaire à une idéologie d’essence totalitaire (l’une des grandes caractéristiques d’une idéologie totalitaire est qu’elle repose sur de forts paradoxes. Ca divise pour mieux règner, çà a réponse à tout, çà permet de manier un ennemi plus facilement ajustable, çà aliène).

    Les inégalités, elles n’explosent pas (plus) tant entre pays, mais bien au sein des pays.

    La seule véritable concurrence entre nations, elle porte sur des protections sociales. A défaut, c’est l’harmonisation par le bas.

    Notre système de pensée politique est trop fondé sur le patriotisme économique, et on se fait n… à tous les coups… par une rhétorique capitaliste. Ce sur quoi la gauche doit focaliser, c’est sur des inégalités économiques – entre pays, dans les entreprises, entre capital et travail. Et entre nations, c’est une internationale qu’elle doit reconcevoir. Aujourd’hui, c’est l’internationale capitaliste qui s’est crée la première, à défaut. Ce qui semble un peu le monde à l’envers, car les conservateurs ont exploité bien tard la dynamique cosmopolite plutôt issue d’un projet de gauche. Toutes ces considérations tiennent, je crois, d’une vision altermondialiste. Je dis çà, je n’ai de carte nulle part (enfin, ATTAC n’a pas encore enrigistré mon inscription) : ce qu’il faut, c’est institutionaliser le commerce équitable généralisé. C’est en défendant l’égalité économique partout que lm’on défend nos protections sociales. Et pour cela, il faut garantir la lisibilité de l’économie (info et activité ; finance, commerce, organisation du travail) PARTOUT ou nos ressortissants (français, de l’Europe) L’Europe a un grand atout potentiel à jouer la politique de l’exemple : en s’unissant, c’est la plus grande entité économique du monde. On l’oublierait.

    J’ai décidé, pour me sentir un peu utile, d’aller donner le coup de main sur le forum d’Etienne Chouard, et je me suis lancé un défi, qui a été plutôt bien reçu à ce jour : créer un volet qui traite des « principes constitutionnels relatifs à l’activité économique« . Cherche bonnes volontés. Depuis 1945, et 1983-1989, il s’en est passé des choses. Si une constitution nouvelle est nécessairement une révolution, je dirais comme Agnès : « il faut « sortir du flux des événements et de réfléchir aux origines, aux causes ou que je dis qu’il est bon de chercher à comprendre au lieu d’agir et surtout de réagir. »« 

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  78. Au fait, Ko.

    Les inégalités, et les riches qui dressent les pauvres au front de la guerre économqiue, c’est tout autant le lot des USA.

    Mais pour notre malheur, les gens qui ont voix au chapitre chez nous lisent les indices macroscopiques, et ont pour interlocuteurs les puissants, au States, pas des gueux.

    Cette capacité qu’il y a de monter les nations les unes contre les autres est énorme, songez-y.

    Et songez-y en particulier au sujet de la couverture du « débat » référendaire français sur le T »C »E. Il n’y a pas eu de référendum européen, donc il n’y a pas eu de débat européen, donc pas de revendication populaire européenne, donc pas de peuple européen reconnu par l’expression d’une volonté commune. Par contre, on a eu des médias qui ne montrent des autres pays européens que leurs élus, de l’Europe que Bruxelles. Accessoirement, des médias centralisés aux mains de puissants, marchands d’armes, sarkozystes de premier rang, et sélectionneur de politologues et autres journalistes de salon sarkozystes de choix. Des médias qui nous ont rabâché, pour nous faire entendre que le T »C »E n’était pas trop « libéral » (?? (*)) que la preuve, les hollandais vont voter contre… en peuple souverain. C’est normal, l’UE devant être une alliance d’Etats souverain. Mais nous, quand on est souverain, on est réactionnaires… Paroles de promoteurs de nouveau monde, l’internationale capitaliste, premier parti (chronologiquement) du village mondial.

    (*) Demandez à Clinton, à Stieglitz, à Bush père, à Reagan, à Thatcher, … à De Gaulle, à A. Smith, … à Bolkestein, à Villepin… ce qu’est le libéralisme. Qu’on rigole. Mais que voulez-vous : combien tiquent sur l’énormité des racourcis, abus (parfois et inversions) de langage ?

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  79. @ Sam 17 : fondamentalement, je suis bien d’accord avec tout ce que tu dis (je dis « tu », c’est que j’ai été élevée par des *camarades*, c’est une vieille manie… je vouvoie quand je me méfie !)

    Simplement, étant donné qu’un domaine d’intervention privilégié pour nous est bien le cadre national, et surtout que la légitimité politique s’exerce à ce niveau, j’espère, certainement assez naïvement, une implication politique, justement, à ce niveau… Au moins dans un premier temps, en tout cas.

    Par exemple, je me sens profondément citoyenne *du monde*, ce qui ne m’empêche pas de me reconnaître aussi dans la notion de *patrie* => je mets plein de guillemets, parce que je parle de tout sauf de nationalisme étroit bas-du-front, mais je veux bien reconnaître et perpétuer l’héritage français => de même que dans le fédéralisme, on imbrique plusieurs dimensions identitaires qui vivent en paix, de même je pense qu’il faudrait idéalement imbriquer plusieurs niveaux d’intervention économique, car malgré le contexte que tu décris fort bien, certains services, certaines productions ne pourront pas être mondialisés (les soins à la personne ; le bon pain ; l’agriculture dans des systèmes type AMAP…)

    Tiens, un exemple : si les conseils municipaux concernés décident de réattribuer la gestion de l’eau au secteur public, puisqu’un certain nombre de concessions arrivent à leur terme, ce sera un chouette retour… au progrès social ! la dé-marchandisation de la distribution de l’eau, localement. Bien sûr, cela est parfaitement insuffisant, mais tout de même… ça compte.

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  80. Bonjour Ko,

    pour parler de *patrie* sans honte et sans guillemets, tu peux dire que le « peuple souverain », c’est la base de la démocratie. De 1789 (article 3 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen) à nos jours (Déclaration universelle de 1948 – « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes », affirmé à l’ONU).

    La manière dont « on » (les médias, les politiques nationaux et européens) a tout à la fois empêché tout débat populaire européen, monté les nations les unes contre les autres et moqué leurs aspirations souverainistes, c’est pour moi l’un des aspects les plus odieux de la « campagne » sur le T »C »E, et les plus caractéristiques de l’état d’esprit anti démocratique de nos starlettes politico-médiatiques. Parce que dans l’UE, qui était supposée être au mieux (et encore, cet objectif n’a pas vraiment été atteint par la « Convention ») une fédération d’Etats-nations, il était évident que les peuples restent souverains. Et puis : pas de référendum européen commun (même question, même protocole, scrutin le même jour), pas de débat populaire européen. Donc pas d’expression d’une volonté populaire européenne… donc pas de constitution européenne, pas d’Europe politique (et démocratique). Tout cela est évident… mais pas pour tout le monde, surtout en haut lieu. Preuve que la Constitution est affaire de bon sens populaire.

    Qu’il y ait des activités économiques « non mondialisables »… Mammon merci 😉 Qu’il faille établir (clairement) plusieurs niveaux d’intervention économique, parce qu’il y a plusieurs niveaux de « relai » (supposé) démocratique, pays, fédération ou groupe d’Etats à marché commun, institutions mondiales en formation, çà me paraît aussi indispensable. Qu’il y ait (a écrire noir sur blanc qu’il y a) des produits non marchandables (et appliquer le droit des peuples à jouir d’un environnement sain, déjà affirmé à l’ONU)… pareil.

    Au delà de çà :

    • il faudrait que toutes ces firmes transnationales, leurs actionnaires, leurs salariés… soient rattachés au droit des pays, des fédérations… et de l’ONU, même. L’important c’est qu’ils trouvent des pouvoirs publics et un exercice démocratique en vis à vis, qu’ils ne soient pas extérieurs à l’Etat de droit (et ne continuent pas à tirer les ficelles d’une concurrence entre nations dont leurs propriétaires sont les principaux bénéficiaires).
    • il faudrait que chaque pays, pour pouvoir exercer sa démocratie, garantisse la transparence, la justesse des informations relatives à toute activité économique qui implique ses ressortissants. C’est à dire, des actionnaires (quelque soit le pays dont ils sont ressortissants) aux fournisseurs asiatiques et autres, qui sont dans la même boucle. Il faut bien voir que c’est par l’intermédiaire des entreprises agissant sur le territoire du pays que le pays peut responsabiliser ces gens qui n’en sont pas nécessairement les ressortissants. Pour faire vite, on peut imaginer que plus une entreprise rémunère ses actionnaires au dépend des salariés et d’autres devoirs ou bonnes pratiques (protection de l’environnement ; écarts de salaires raisonnables ; investissements sur place) plus elle se verrait taxée. De sorte que les seuls actionnaires n’auraient plus d’intérêt à exercer de chantage comme c’est largement le cas aujourd’hui. On pourrait imaginer également de plafonner le volume de pub autorisé pour une enseigne sur le territoire en fonction de ces mêmes indices de bonne conduite… ce qui serait efficace, et légitime (le droit de polluer par la pub n’en est pas un…)
    • pour commencer, il faut que les pouvoirs publics de chaque pays disposent de ces informations, au travers d’organismes institutionnels et indépendants, interlocuteurs du législateur et des « partenaires sociaux ». Et que ces pouvoirs publics conditionnent l’accès aux marchés intérieurs au respect de cette transparence. On peut très bien imaginer ensuite que le niveau de contraintes fiscales (impôts, aides, droit d’émettre telle quantité de pub, …) soit proportionné à la qualité des pratiques des entreprises (disparités de salaires dans l’entreprise, idem chez ses fournisseurs, différences entre dividendes et augmentations de salaire, respect de l’environnement, …)

    C’est ce que j’appele l’institutionnalisation du commerce équitable généralisé.

    Réponse
  81. Mille excuses aux poètes.

    Je repassais… et je me dis que mes longs messages un peu techniques n’incitent pas trop à la conversation, et font un peu tâche sur ce weblog plein d’humanité.

    Que Mammon me pardonne, et ses sujets avec… 😉

    Pour achever ces derniers… et mon tableau du 31 mars, je voulais ajouter cette ligne, pas des moins parlantes (les actionnaires, c’est un gros mot, oui mais c’est une étiquette elle-même bien générale) :

    • 1% des actionnaires possèdent environ 80% des actions.

    Source : Noam Chomsky – Deux heures de lucidité (entretient).

    L’étau se resserre…

    Mille excuses au poètes, disais-je. Qu’ils soient assurés que les froids calculs ne sont jamais pour moi que des petites images qui illustrent les choses ; grand merci et gros poutous cybernétiques à la patronne des lieus (très chouette, ta parabole des vaches).

    Réponse

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