Flatulences dans le bocal : le bruit et l’odeur du provocateur et l’empressement des scribouilleurs à plonger dans les miasmes fétides!
Le borgne a éructé. Une fois de plus.
Comme chaque fois qu’il a besoin que l’on parle de lui. Il sort quelques phrases bien provocatrices et attend tranquillement que cela fasse des ronds en retombant dans l’eau saumâtre du marigot. Ce qu’il peut bien dire n’a rigoureusement aucune importance. Ce qui compte, c’est que ce soit bien lourd. Et il attend.
Ce qui est fascinant, c’est l’empressement avec lequel le microcosme journalistique[1] s’en empare et monte l’affaire en épingle, piaille d’indignation, tout en nous expliquant longuement qu’il fait cela pour provoquer des réactions, nourrir la polémique et surtout, faire parler de lui.
Et donc, ils en parlent, citant consciencieusement de longs extraits de pétomanie extrémiste, s’en faisant l’écho efficace, lui ouvrant un boulevard vers une large exposition médiatique d’au moins 6 mois.
La seule attitude responsable face à un homme, un parti, qui cherchent à revenir de la sorte sur le devant de la scène, alors qu’ils s’enfonçaient dans un bien confortable oubli, c’est le mépris, c’est le silence. Au lieu de cela, les journaleux se jettent dessus, la sauce va prendre, la mayonnaise va monter et la machine à fabriquer de l’opinion publique va tourner à plein régime.
Les politiques, par l’odeur de la curée alléchés, montent déjà au créneau, chacun se bousculant pour y aller de sa petite phrase, pour avoir sa petite place sous le projecteur soudain aveuglant.
Le borgne a éructé. Le spectacle de marionnettes va commencer. La même pièce va encore être rejouée, pour distraire le chaland[2].
Il n’y a rien à en penser, rien à en dire.
On ferme le ban.
C’est un symbole de ce temps… Moins la valeur de ce que dit un individu est grande, plus la presse en parle. Cette presse n’ayant pas plus le sens des réalités et de la responsabilité que le borgne en question, il n’est pas illogique qu’elle soutienne ce vrai confrère en nullité avérée. Qui se ressemble s’assemble !
Mais pour l’un comme les autres, les mauvaises odeurs ne sont pas très loin : celle des latrines du côté FN et celle des canons huilés à coups d’euros libéraux bien crades de l’autre… L’un crache sur les cadavres, devenus cadavres par la volonté des bailleurs de fonds des autres…
Dans le fond (le bas-fond !) normal que les vendeurs d’armes aiment les politiciens déjantés : c’est que, la folie de ces politiciens prépare les juteuses affaires de demain…
Plus prosaïquement, je dirais que Machin relance sa campagne électorale en vue des présidentielles, et il s’y prend tôt pour être sûr d’avoir le temps d’emballer la machine médiatique. Les déclarations à l’emporte-pièce n’ont d’autre objet que lancer une bonne grosse polémique autour de laquelle, il pourra, au fil des débats et interviews, rebroder la trame de son idéologie par petites touches bien subtiles, elles. Les vrais thèmes de campagne de Machin devraient s’articuler autour de l’insécurité sociale, le chômage massif, la paupérisation grandissante de la classe moyenne (la vraie, celle qui tourne autour de 1200€/mois, pas celle des médias qui tourne plus autour des 3000€/mois) frappée de plein fouet par les différentes poilitiques libérales, et la peur du lendemain que cette situation engendre chez le plus grand nombre. Les cibles vont être les « eurocrates », les « tous-pourris » de la politique (Vous les avez tous essayé et de droite comme de gauche, vous voyez le résultat!« ). Il devrait donc se présenter comme le défenseur des petits qui subissent contre les gros qui profitent de la mondialisation. En gros, il devrait marcher pas mal sur les plates-bandes altermondialistes (semant la confusion et aggravant les tentatives d’amalgame actuelles entre alter et extrême-droite) pour ratisser plus large et récupérer la grosse masse de la classe moyenne aujourd’hui laminée tant par la droite qu’oubliée par la gauche : redoutable!
– mais sans aucun bruit ni odeur
– Madame vous prendrez chaque jour une de ces pilules, et vous revenez me voir la semaine prochaine
La dame revient la semaine suivante et dit :
– J’ai toujours autant de flatulences, pas de bruit, mais désormais l’odeur est insupportable
– Parfait dit le Docteur, cette semaine nous allons soigner l’ouïe