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17 février 2017

Le régime de l'arbitraire 3

Je dois voir la police entre 20 et 30 fois… par an. Et quand je dis voir, je devrais dire croiser. Parce que l’essentiel du temps, je suis dans ma voiture, en train de m’acheminer du point A au point B et la maréchaussée est dans son propre véhicule, se déplaçant d’une planque routière à une autre. Je ne croise quasiment jamais les forces de l’ordre quand je suis à pied, ou alors seulement les très rares fois où je me rends dans une métropole régionale. D’ailleurs, pour être précise, je ne croise pas la Police, mais seulement la Gendarmerie, parce que je vis au cul des vaches et qu’en cambrousse, on n’a pas la police, seulement la gendarmerie.

Rats des champs

Il doit m’arriver deux à trois fois par an, à peu près, de tomber sur un barrage de gendarmes au bord de la route. L’essentiel de leur activité visible est là : contrôle de véhicules, papiers, vitesse, alcoolémie. Le plus souvent, j’accroche du coin de l’œil l’éclat du soleil renvoyé par des jumelles radar. La dernière fois que j’ai été verbalisée, c’était il y a trois ou quatre ans, parce que je roulais à 56 km/h à hauteur d’un panneau d’entrée de bled. Pas 10 mètres après, non, à hauteur. De toute manière, cela ne s’est pas concrétisé par une interaction directe avec les gardiens de la paix, puisque j’ai juste reçu ma prune par courrier postal une semaine plus tard.

Sur ces trois rencontres par an, il doit m’arriver à peu près une fois sur dix qu’un agent lève le bras et m’invite à me garer sur le bas-côté. Soit une fois tous les trois ans. Faut dire que j’ai une bonne tête de ménagère de moins de 50 ans (mais plus pour longtemps) et que mon physique ne déclenche généralement aucune réaction (bonne ou mauvaise) sur la voie publique.

La dernière fois que j’ai donc discuté avec des représentants des forces de l’ordre, c’était l’année dernière, au bled à côté. J’allais à mon entrainement d’escalade. J’étais donc en survêt avec juste mon téléphone et mon sac d’équipement (baudard et chaussons) : j’avais 4 km de trajet et en escalade, on a l’habitude de voyager léger.
Ils sont trois ou quatre, mais un seul s’occupe de moi. Il me demande mes papiers, je lui explique que je ne les ai pas sur moi, mais que je peux les apporter à la gendarmerie pour vérification. Là, le gendarme, toujours très poli et vouvoyant, m’informe que j’ai obligation de me déplacer avec les papiers du véhicule et mon permis sur moi et que tout manquement est passible d’une bonne grosse prune. Je lui réponds avec un grand sourire qu’il a de la chance, parce que j’ai toujours une copie de mes papiers sur moi, je stocke leurs photos sur mon smartphone en cas de perte ou de vol, c’est plus pratique et regardez, hop !, je peux agrandir l’image, ce qui est vachement cool quand on commence à mal y voir de près, etc.

Le gendarme est un peu débordé par mon enthousiasme et persiste en m’expliquant doctement que ce sont les originaux que je dois avoir sur moi et non des copies. Je continue à argumenter gentiment sur les joies de l’escalade, la proximité du mur, l’exigüité de mon sac de grimpe, tant et si bien qu’au bout de 10 minutes d’échange, il finit par lâcher avec une pointe de lassitude dans la voix : c’est bon, vous pouvez y aller, mais dorénavant veillez à ne jamais prendre le volant sans vos papiers !
Ce qui était mon objectif premier : ne pas payer d’amende !

Ça, c’est donc mon expérience des forces de l’ordre et celle de beaucoup d’autres comme moi. Cela ne vient pas du fait que je suis une citoyenne exemplaire. Non, cela vient de plusieurs faits : je vis dans une zone rurale, donc une zone à faible densité de population. Ces dernières années, nous déplorons surtout la fermeture de nombreuses gendarmeries et qu’il devient de plus en plus compliqué d’entrer en contact avec les gardiens de la paix dont le gros des missions se partage entre la délinquance routière (très courante, chez nous) et le plan Vigipirate… plutôt très anecdotique.

On a des chiffres de la délinquance et de la criminalité vraiment très faibles. Ce qui justifie à priori la raréfaction des forces de l’ordre. Mais ce n’est surement pas parce que nous sommes plus respectueux des lois que les autres. Non, c’est juste que la raréfaction policière et une certaine culture rurale nous poussent plutôt à laver le linge sale en famille.

Quand tu as un souci avec un voisin, tu appelles le maire plutôt que les poulets qui, de toute manière, ne sont pas là, pas dispos, trop loin. Quand ça castagne, ça se règle entre quatre yeux, souvent avec des gens de la commune et encore, pas toujours. Tout le monde sait qui a les doigts crochus dans le coin. Quand un jeune fait le con, on en parle au maire ou aux parents et souvent aux deux. Quand quelqu’un plante une bagnole, on n’appelle ni les pompiers ni les flics, mais le cousin avec son tracteur.

De toute manière, quand on veut vraiment porter plainte, c’est un peu la croix et la bannière : faut aller loin, l’accueil, c’est un interphone qui te parle à 50 kilomètres de distance et quand tu arrives à prendre rendez-vous, tu as toujours un officier qui te fait remarquer gentiment que faire intervenir les poulets dans tes problèmes de la vie quotidienne, ce n’est peut-être pas une très bonne idée, vis-à-vis des voisins, de la communauté et tout ça… Du coup, pas de plaintes, pas de chiffres, pas d’effectifs…

Rats des villes

Mais la vie quotidienne dans la République française, cela peut être quelque chose de totalement différent et d’absolument inimaginable pour les gens qui vivent comme moi. Non pas parce que les autres ne sont pas particulièrement respectueux des lois, mais parce qu’ils n’ont pas le bon profil, la bonne adresse, la bonne teinte de peau

Il y a des gens pour lesquels, la Police, c’est pratiquement tous les jours et depuis toujours. Devant chez eux, dans les transports, sur le trottoir, les gares, partout, tout le temps. Il y a des gens pour lesquels voir un képi, c’est l’assurance d’être apostrophé, contrôlé, fouillé, parfois malmené. C’est aussi la certitude d’arriver en retard à son rendez-vous que ce soit pour un job, un café, une balade, un ciné, un enterrement, etc. Des gens qui savent qu’ils ont une chance sur deux d’être tutoyés. Et une incertitude récurrente quant à savoir si ça ne va pas dégénérer, s’ils ne vont pas être insultés, rudoyés, palpés, fouillés, malmenés.

Il y a des gens qui savent que même s’ils traversent dans les clous, même s’ils ont toujours leurs papiers sur eux, même s’ils sont toujours respectueux, calmes et polis, à tous les coups, le contrôle d’identité, c’est pour leur gueule. Leur gueule de métèque, leur gueule de mec qui doit toujours prouver son innocence à priori. Il y a des gens qui doivent se soumettre à l’arbitraire policier, pratiquement chaque fois qu’ils mettent le nez dehors, chaque fois qu’ils prétendent séjourner dans l’espace public d’une manière ou d’une autre. Des gens qui vivent sous le régime permanent de la bavure. Il y a gens pour qui croiser la Police signifie un harcèlement systématique… ce qui, en soit, est déjà beaucoup. Mais pour qui cela peut aussi signifier bien pire : insultes, menaces, coups et blessures, voire une grosse tête ou même une matraque ou un enjoliveur dans le cul.
Il y a des gens pour qui croiser la Police dans la rue peut signifier que c’est le dernier jour de leur vie.
Il y a des gens pour qui fuir dans un transfo EDF peut sembler être une meilleure alternative…

Il y a des gens qui doivent — implicitement — être meilleurs que tous les autres pour ne pas mériter d’être violés par ceux qui détiennent l’autorité, des gens qui savent que leur parole sera systématiquement niée, réfutée, minorée. Des gens qui sont présumés coupables, particulièrement par ceux qui vivent comme moi, loin d’une certaine police. Des gens qui doivent subir en silence et ne jamais, jamais se révolter du sort qui leur est fait.

 

53 Commentaires

  1. Quel bonheur tant de lucidité.

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  2. Je suis à moitié antillais, donc suffisamment basané pour passer selon les lieux et les époques pour un Turc, un Marocain, un nègre, un Américain, un Brésilien…et même un « pied-noir »…

    J’ai une expérience des contrôles au faciès qui remonte à mes années parisiennes vers le milieu des années 80, époque où Pasqua avait entrepris de « terroriser les terroristes ». A une fréquence de 2 ou 3 contrôles par semaine – et compte tenu de l’impétuosité de la jeunesse – je peux te dire qu’à ce régime tu commences à regarder les « forces de l’ordre » avec une hostilité certaine.
    Même si dans mon cas je disposais d’une carte de fonctionnaire de la République magnifiquement barrée de tricolore, ce qui constitue un assez efficace antidote au zèle policier, même quand on est pas de la même maison.

    Ces deniers jours j’ai croisé une escouade de la police municipale récemment armée par le maire de mon bled en chef, Bayrou. Ces messieurs dames, matraque bringuebalante d’un côté, pistolet de l’autre – j’ai même cru apercevoir un gilet pare-balle mais c’était peut-être un fantasme – se précipitaient sur un véhicule en stationnement interdit…Ouf, j’ai bien cru à une intervention du GIGN me concernant.
    Aux dernières nouvelles il paraît que l’on réfléchit à autoriser ces recalés de la police nationale à effectuer des contrôles au faciès….euh pardon…d’identité.

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  3. Police partout, justice complice.
    La géographie et l’origine sociale peuvent être des critères pour évaluer les rapports de chacun(e) avec la police mais il faut aussi souligner que l’engagement militant doit être ajouter à ces critères. Depuis longtemps, la répression policière s’abat violemment aussi sur tous ceux et celles qui contestent radicalement l’ordre bourgeois (zad, manif loi travail, antinuk, …).
    Aujourd’hui, toutes ces personnes se retrouvent à crier ensemble « tout le monde déteste la police » dans toutes les manifs sauvages qui ont lieu actuellement en France. C’est le début d’une jonction inespérée entre les prolétaires des quartiers et les « cortèges de tête » des manifs du printemps 2016.
    Dans cette océan de nouvelles, plus sombres les une que les autres, cette jonction s’annonce comme une ouverture vers d’autres modes d’actions. Moins affligeantes que les cortèges syndicaux du point A ou point B, que les pétitions bidons et qu’un citoyennisme moralisateur et bobo.
    L’État est devenu incapable de canaliser les dérives fascistes de sa police, il ne reste plus que la rue pour faire barrage.

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  4. Mon expérience des forces de l’ordre
    1) à la campagne, c’est plutôt des gens sans uniforme
    – qui rechignent à te rendre la monnaie sur 50 euros quand tu le
    achètes le volatile en ce moment.
    – qui ont condamné les camarades d’air France en octobre 2015 sous prétexte que agriculteurs, ils ne font que des dégâts matériels et pas humains
    – qui te disent que la police n’a pas lieu d’être et sous ce prétexte affirment que manifester contre la loi travaille c’est inventer des solidarités qui n’existent pas.
    – c’est le vieux qui t’explique qu’il faut pas appeler les pompiers pour un nid de frelons mais faire appel à une entreprise privée.

    2) à la ville, c’est ta voisine gitane qui veut bien que t’appelle les flics quand son mari la bat mais pas quand tout va bien et qu’elle fout le brun integral dans les parties communes de l’immeuble.
    C’est ta voisine martiniquaise qui estime que tu dois supporter sa clim réversible la nuit car ça lui fait des économies soi-disant
    Etc…
    Alors on est tous tellement bien policés que de mon point de vue, il y a trop d’éducateurs mais pas assez de gens éduqués.

    Alors quand pour cause de feu orange j’ai pris une prune de 90 euros et 4 points de permis en moins, j’ai juste eu des gouttes de sueur sur mon front.

    Bref, j’aime pas la résignation.
    La résignation tue.

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  5. Les forces de l’ordre…

    Pour moi, quand j’étais môme, c’était les gens qu’ils fallait aller voir quand t’étais perdu pour demander ton chemin.
    Là, pour aider la population, engagés à la servir.

    Aussi, quand ado, je me suis mis à fumer autre chose que que des clopes, j’ai pris la mesure de cette absurdité qu’était la répression et j’ai commencé à lutter pour la dépénalisation pour faire tomber cette barrière qui d’un coup s’était érigée entre moi et ces gens qui étaient destinés me servir, plutôt que contre eux. Et au passage, en généralisant mon exemple, il m’a semblé une évidence que cette défiance entre jeunesse et police prenait une grande partie de sa source, non pas dans les forces de l’ordre elles mêmes, mais dans les lois qu’elles étaient censées faire appliquer.

    Je n’ai quasiment jamais eu le moindre problème avec les flics ou les gendarmes, et pourtant, ado, avec les cheveux jusqu’aux fesses et des sapes toutes pourries, j’avais dix fois la dégaine à me faire contrôler.
    A contrario, mon frangin (qui soit dit en passant n’a pas une tête si éloignée de la mienne que ça) qui avait une haine viscérale de ces mêmes personnes s’est fait contrôler un nombre incalculable de fois…

    A se demander, si la peur ou la haine ne se lit pas dans le regard…
    Dans tous les cas, c’est bien cette peur et cette défiance réciproque qui génère toutes ces violences.
    Le problème étant qu’elles ne sont légitimes qu’à sens unique.

    Au fond, j’aime bien cette notion du boby anglais sans arme et au service de la population…
    On en est très loin aujourd’hui.

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    • Le flic que tu décris saxo, ses collègues jugeraient de suite qu’il est pas fait pour ce métier, et tes voisins diraient : saxo, il est bien mais…il appelle les flics.
      Un viol, c’est un viol.
      Un pays de cons, c’est un pays de cons.

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  6. saxo : cette défiance entre jeunesse et police prenait une grande partie de sa source, non pas dans les forces de l’ordre elles mêmes, mais dans les lois qu’elles étaient censées faire appliquer.

    Tu rêves, saxo, va-t’en chercher la loi qui te fourre une matraque au fond du trou d’ balle voire un peu la défiance réciproque ?
    Il n’y a rien de réciproque entre le tortionnaire légale et les victimes illégales ou non de celui-ci, heureusement pour le premier d’ailleurs, parce que vu le nombre qu’ils prétendent soumettre, c’est plus un fion (hi hi hi… quand l’actualité s’en mêle en plus) qu’ils auraient au cul mais un aérogare !
    « En blesser un pour en terrifier plusieurs » est leur maxime, tu semble l’oublier.

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  7. Un viol est un viol.
    Évidemment, Alain, je dis pas le contraire.
    Des psychopathes (et des frustrés haineux) y’en a partout, et sûrement plus dans les rangs des forces de l’ordre qu’ailleurs (parce que quand même, pour vouloir exister en portant un uniforme et une arme…). Je dis pas… Mais faut pas non plus réduire les forces de l’ordre à leurs brebis galeuses.

    Joël, dans ma phrase, y’a « une grande partie » 😉 . Je dis pas que c’est une explication exclusive.
    Sinon, ta maxime « En blesser un pour en terrifier plusieurs », elle sent la peur à plein nez. On utilise la violence pour se faire entendre que lorsqu’on se sent soi-même menacé. (Menace réelle ou fictive, d’ailleurs – elle peut être paranoïde).
    Va pas non plus me dire que les flics dont les commissariats sont installés au pieds des grandes cités peuvent être aussi sereins que ceux des commissariats du bled d’Agnès (ou du mien d’ailleurs). Je connais pas les stats des dépressions ou du niveau de stress de cette espèce de fonctionnaires, mais ça doit être quelque chose…

    Sérieux, je le redis, pour faire descendre la tension, la première chose à faire, c’est de dépénaliser les drogues. L’essentiel du trafic deviendrait caduque, et tous les consommateurs perdraient leurs statut de délinquants en puissance. Ca changerait pas mal les rapports.

    Réponse
    • Une loi pour dépénaliser les drogues ?

      Pourquoi ? Les drogués ils veulent gagner et après, ils appellent ça la loi !

      Réponse
    • Alain :
      « Les drogués ils veulent gagner et après, ils appellent ça la loi ! »

      Gagner quoi?
      Puis « Les drogués » c’est quoi?
      Ou là, là…

      T’as un pourcentage non négligeable de tes concitoyens qui fume régulièrement, un gros pourcentage, occasionnellement, et une majorité qui a déjà tiré sur un joint. Tout ce beau monde est (ou a été) susceptible de faire de la taule rien que pour ça.
      Tous sont (ou on été) délinquants d’après la loi.
      Et sûrement à classer parmi « les drogués » selon toi?

      Mieux vaut crever d’une cirrhose ou d’un cancer du poumon (dû à la clope), au moins, c’est légal.
      Qu’on arrête de materner les gens pour leur expliquer ce qui est bien pour eux, didiou!
      Sérieux, Alain, c’est quoi ce propos réac?

      Bon, je veux pas transformer le blog d’Agnès en tribune pour la dépénalisation, mais, il me semble que la prohibition des drogues, à commencer par le cannabis n’est pas pour rien dans la crispation entre la jeunesse et les flics – mais pas que Joël, ok – et que, comme je l’ai développé plus haut, ben faudrait s’attaquer à ce non-sens pour faire descendre la tension d’un gros cran.

      Réponse
      • Non, ta technique de ringardisation ne marche pas.
        C’est de la merde comme la drogue.

        Non mais ça ne va pas la tête ou la teloche ?

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      • dépénaliser ( surtout éviter les pensées nauséabondes et foireuses des partisans de la mère Lepen LOL)
        Mais à part cela, rien n’est simple dans cette idée de légaliser la drogue, car c’est faire s’effondrer les cours du shit et Cie, hors avec le chômage massif sévissant dans certaines zones dites de non droit pas mal de gens en vivent, c’est paradoxalement tout un système économique souterrain qui s’effondrerait. Ce n’est pas un jugement de valeur entre le bien et le mal, mais juste dire qu’il est très difficile de prévoir alors ce qui se passera pour tous les no futur qui en survivent, et bien malin sera celui qui pourra prédire comment et de quel côté, va pencher la balance de  » la paix sociale »

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        • Rien n’est simple dans cette idée de légaliser la drogue

          Cela me fait d’abord penser à la fabrication d’armes qui sont à la base des économies dominantes, faut-il persévérer à fabriquer ces armes pour maintenir des économies liberticides et meurtrières s’il en est ?

          Pour en revenir au terme de drogue pour le hash, c’est un peu excessif d’autant plus que si la production de cannabis est régulée il sera d’autant moins nocif pour la santé. La vigne produit bien de la drogue légalisée sur le marché ainsi que les distilleries des alcools forts sans émoi particulier pour personne.

          La Vie est une charge émotionnelle qu’on ne devrait pas réduire à y faut ou y faut pas.
          À chacun son chemin devrait être le premier pas à suivre et à défendre pour tous. Ce n’est que par l’abus qu’il est nécessaire de proposer des régulations et non des sanctions.

          Réponse
          • Saxo a biaisé le forum comme un vulgaire austeritaire avec cette histoire de dépénalisation.

            On en oublierait presque les pharmaciens. L’autre jour j’en ai entendu un qui est à la retraite et qui se vantait d’avoir tué des gens pendant 40 ans .
            On est plusieurs témoins de ça. On a eu tort de ne pas porter plainte.

        • Salut Tungstène,
          Bien que je pige ce que tu racontes, je ne vois pas en quoi c’est un problème…
          Quand une loi est mauvaise, faut-il la garder sous prétexte que l’abroger va s’avérer difficile? C’est un peu bizarre comme argument. En d’autres temps, il aurait pas fallu abroger la peine de mort, parce qu’elle faisait perdre leur emplois au bourreaux alors… 😉 (caricature, mais c’est l’idée)

          Faire s’effondrer tout le système économique souterrain, bah tant mieux, il est pas meilleur que l’autre de toute manière. Et t’inquiètes pas que des petits malin pour se convertir de l’illicite au licite, ben va y en avoir plus d’un – ce qui fait que l’effondrement…

          La restructuration s’opérera comme elle s’opérera. Bien malin, en effet, qui prétend savoir comment ça se passera. Mais une chose est sure, ce faisant, tu ôtes à beaucoup le statut de délinquant qui leur pèse sur les épaules et tu leur redonnes le statut de citoyens irréprochables qui leur permettra d’affronter la police sans plus aucune culpabilité.
          Ca assainira les rapports (qui pour l’instant sont hyper biaisés).

          Réponse
          • « cela leur ôtera le statut de délinquant » LOL, ils vont ouvrir des petites boutiques en tant qu’auto entrepreneur, payer toutes leurs taxes et TVA ? Agnès a très bien pigé mes propos

        • Je sais que le point soulevé par tungstene est précisément celui sur lequel les politiques se sont arrêtés. Pour le dire autrement, ça arrange pas mal de monde que les surnuméraires du capitalisme traficotent à la marge pour survivre dans les conditions indignes qui leur sont faites, plutôt qu’ils s’interrogent sur leur éviction du monde et décident de s’insurger.

          Réponse
        • Y’a deux aspects.

          Le « pourquoi ça se fait pas » ce que souligne Agnès (du moins l’explication qu’elle en donne).

          Et le « faut-il le faire? ».

          Là, on parle pas de la même chose. Moi je te parle du « faut-il le faire? ».

          Pour ce qui est des questions pratiques (commerces, taxes, etc…) on peut regarder comment ça se passe ailleurs (dans les Etats américains qui ont franchi le pas, par exemple). Et c’est loin d’être aussi dramatique que ça…

          Réponse
          • saxo : Pour ce qui est des questions pratiques (commerces, taxes, etc…)

            Le commerce est là où se situe la blessure de ta proposition en faveur de la légalisation du scheet.
            Dès lors que tu te places sur le terrain monétaire, tout ce que tu proposes en est vicié ainsi que toutes les réponses qui te sont fournies, dans la forme autant que dans le fond.

            Voyons cela d’une autre façon, est-il possible d’interdire quoique ce soit à tous, sans discernement pour chacun ? Cela ne porte-t’il pas déjà les germes des totalitarismes les plus ignobles ?

            La drogue est une réponse à une situation créée arbitrairement.
            On ne naît pas avide de drogue, cela s’acquière et même se justifie dans le cours de sa propre vie. Cela regarde donc chaque individus ce qu’il en est de là où il demeure et pas à partir de ce qu’il en est de tous, sinon à créer le problème de la drogue non seulement sur ceux qui sont réellement concernés, mais sur tous les autres, sans différenciation aucune.

            C’est le principe du « Surveiller et punir » fasciste que de ne pas distinguer socialement chaque individu dans l’exercice de sa volonté propre mais tous en groupe.

          • Je sais Joël (« Le commerce est là où se situe la blessure… »)
            Je sais bien.

            Simplement, même si j’aspire l’économie du partage, ce n’est pas celle dans laquelle je vis. Et dans le monde dans lequel je vis, j’envisage des solutions, même imparfaites, aux pires absurdités.

            L’aspect économique et monétaire existe déjà dans les trafics… Il est mafieux et non anarchiste. L’économie parallèle du trafic de cannabis (on pourrait aussi parler des autres trafics, mais je n’ai pas envie de ranger les drogues de synthèse ou les armes à la même enseigne) n’a rien de vertueux, elle assujettit, hiérarchise – ET – criminalise les gens.
            Si on peut déjà enlever ce dernier point, c’est pas rien de gagné. En terme de sécurité et de citoyenneté pour les consommateurs comme pour les commerçants.
            Ensuite, pour le consommateur lambda, avoir le droit d’avoir des plants chez lui, ça rentre pas dans le commerce et ça le dé-criminalise aussi.
            Y’a plusieurs aspects à la dépénalisation.

            Pour le couplet sur l’aspect totalitariste de l’interdiction générale (quelle qu’elle soit, d’ailleurs), bah, entièrement d’accord avec toi.

            Après, le pourquoi du besoin des drogues, c’est un autre débat. La dessus, y’aurait beaucoup à dire mais je crois qu’on s’éloignerait un peu trop du sujet initial 😉 .
            Pas si sûr que l’humain n’ait pas une propension naturelle aux drogues… Je ne connais pas de société qui n’ait développé les siennes, et peu de congénères n’ayant jamais eu d’aspiration ne serait-ce que pour les drogues légales (j’en connais quand même quelques un(e)s – mais ça reste exceptionnel).

          • Proposer une solution de pis aller c’est participer à ce que le problème perdure.
            Tu le vois bien par les réponses qui te sont proposées, là. 😀

          • C’est pas une solution de pis aller.
            Y’en a pas d’autre sauf à conserver le statu quo (qui est abject).

            Pour l’économie du partage, de l’absence de lois liberticides, on en reparle dans 500 ans, ou alors après la troisième guerre mondiale (on en a déjà pas mal discuté ailleurs).

            Là il s’agit de la dépénalisation (et donc de la dé-criminalisation de toute une population)

            Après, si toute mesure, dès lors qu’il ne s’agit pas de partir en guerre et de renverser l’ordre mondial établi, est à jeter à la poubelle, alors ne discutons de rien.
            à titre individuel, je suis d’accord avec Brassens. « mourir pour des idées, d’accord mais de mort lente… »

          • Décriminisalisateur, un beau métier, une pub du MEDEF.

          • saxo : C’est pas une solution de pis aller.
            Y’en a pas d’autre sauf à conserver le statu quo (qui est abject).

            Voilà sur quoi repose la démocratie justement, le fait que des pis aller lui permettent de perdurer.

            David Graeber : Prenez ce groupe d’anarchistes qui s’appelle CrimethInc : il a l’une des meilleures propagandes qui soit ; ils ont cette petite phrase qu’ils utilisent tout le temps : « Vous savez, en Amérique, tout le monde aime la démocratie et déteste le gouvernement. Eh bien, l’anarchie aime la démocratie et déteste le gouvernement ! »
            Ils tiennent l’idée de démocratie pour un idéal, celui que le peuple se gouverne d’une façon alternative. Cela a toujours existé. Et le fait que les institutions qui ont été créées pour contenir la démocratie soient appelées « démocratie » crée des confusions interminables.

            Source : http://www.revue-ballast.fr/david-graeber/

          • Les « pis-allers » permettent peut être à la « non-démocratie » de perdurer, mais à certains moments faut réfléchir à ce qui peut faire avancer le bousin, à ce qui peut améliorer la vie des gens.

            Moi je dis, démerdons nous pour ne plus avoir peur des flics. Toi tu réponds, virons les flics. Très bien. Ma solution me semble simplement plus réalisable que la tienne et à terme aller dans le même sens (quand plus personne n’aura peur des flics, ils seront inutiles et disparaîtront d’eux même).

            Relis bien tout mon argumentaire, et n’ergotons pas sur des positions de principe qui nous lient les poings et les pieds.
            Pis si t’as mieux à proposer que le statu quo ou la dépénalisation, propose.

            Que reproches tu à mon discours? que je veuille rapprocher les citoyens, qu’ils soient flics, pauvres ou riches plutôt que de partir en guerre?
            Guerre contre des groupes dépersonnalisés, justement (institutions, démocraties, flics, riches) ce que tu dénonçais plus haut..
            je te cite :
            « C’est le principe du « Surveiller et punir » fasciste que de ne pas distinguer socialement chaque individu dans l’exercice de sa volonté propre mais tous en groupe. »

            Il y a des leviers à actionner pour rapprocher les gens. Si tu refuses de les toucher sous prétexte qu’ils sont intrinsèques à une société que tu rejettes, ok. Ne te salis pas les mains. Mais n’attends rien alors…
            Si ce n’est la guerre totale.

            Bref, excuse moi d’être un peu virulent. Mais je trouve que rejeter toute la validité de mon argumentation au seul motif qu’elle prend en compte une situation économique pré-existante (au lieu de la nier), ça ne peut pas faire avancer le schmilblick. Note, je capte parfaitement ce que tu dis 😉 .

          • Saxo, stp, ne parle pas de ton argumentation, c’est un mot de plus de 3 syllabes et en banlieue tu te ferais agresser.
            On ne fume pas de joints à New-York mais beaucoup de jeunes de banlieue aimeraient y aller.
            Faudrait juste leur en donner la possibilité et puis c’est tout.

          • saxo : Les « pis-allers » permettent peut être à la « non-démocratie » de perdurer

            Non, c’est l’inverse, ta solution fait perdurer la démocratie qui dégrade la République où elle agit. Voir le lien mis précédemment sur les propos de David Graeber cités.

            Sinon, tu es sur le même chemin que la plupart d’ici, juste que tes perspectives semblent bornés par un visuel qui nous est à tous imposé via les médias et tout l’tintouin culturel des démocrates se justifiant eux-mêmes de leur pouvoir de nuisance. Genre :
            « Si c’est pas nous, ce ne peut être que le pire. »
            Ce qui est partagé par le fascisme (d’où la démocratie découle directement en tant que totalitarisme affirmé) comme ici :
            « Si nous ne pouvons être les vainqueurs, emportons le Monde dans l’abîme avec nous. »

            Si nous supprimons du pénal comme tu le proposes, c’est toujours une avancée, pas de problème, mais c’est aussi un masque si le reste des lois n’en deviennent pas caduques elles aussi de fait. Comme un chateau de carte qui s’abat à plat.

            Et si tu partages ce point de vue, tu ne peux en même temps défendre un point de vue contraire à cet abattement total des forces réactionnaire absolutistes. Je te signale que tu présentes l’anarchie comme un jusqu’au boutisme alors que le jusqu’au boutisme démocrate et fasciste est ce que l’anarchie combat.

            Comme s’il y avait des lois justes quelque part seulement ?

            Fraternellement, Joel 😀

          • Relis bien ton Graeber, Joël. 😉 C’est à double sens …

             » le fait que les institutions qui ont été créées pour contenir la démocratie soient appelées « démocratie » crée des confusions interminables. »

            Sinon :

            « ta solution fait perdurer la démocratie » et « Si nous supprimons du pénal comme tu le proposes, c’est toujours une avancée, pas de problème, mais c’est aussi un masque si le reste des lois n’en deviennent pas caduques elles aussi de fait. Comme un château de carte qui s’abat à plat. »

            Réponses.

            * Je ne propose pas de solution. Une solution, ça résout un problème. Moi, je ne résout rien du tout. Je propose de supprimer une absurdité qui ne fait que créer des torts.

            * Si nous ne supprimons pas de lois, les autres ne tomberont pas plus comme un château de cartes. Nous n’aurons pas fait avancer le gros merdier d’un iota, pis c’est tout.

            – Pour toi, défendre l’abrogation d’une loi, c’est cautionner le système. Libre à toi de le croire. Moi pas.

            Pour moi, le système on le cautionne dès lors qu’une fois dans sa vie, on est entré dans un magasin (réel ou virtuel) et qu’on a acheté quelque chose. Et plus encore, dès lors qu’on a un jour reçu une paye ou un salaire en l’échange d’un travail – et même lorsqu’on reçoit une aide d’Etat.
            Autant dire que je ne connais personne qui ne le cautionne(ou alors des personnes si riches qu’elles non jamais eu besoin d’acheter quelque chose elles mêmes).

            « Comme s’il y avait des lois justes quelque part seulement ? »

            Une loi n’a pas vocation à être juste. C’est elle qui définit la justice, non qui l’inverse.

            + la loi est là pour dicter une justice qu’un humain administrerait arbitrairement. C’est le principe de la république. Après, si elle crée des torts plus qu’elle n’en résout, elle peut être modifiée ou abrogée.

            Une loi est (censée être) une forme de garantie contre l’arbitraire.

            Dans notre système démocratique, c’est devenu un outil de contrôle de la population, mais ce n’est pas la vocation première d’une loi…

          • Saxo, tu ne prends pas assez en compte les gens qui vivent au milieu des bandes de drogués, qui ne vivent plus d’ailleurs…
            Et tout ce qui va avec.

            Le seul truc c’est quand un chasseur s’en va chasser un sanglier, il lui met pas une matraque dans le cul à la fin ou alors il est cinglé ,punto.

          • saxo : Si nous ne supprimons pas de lois, les autres ne tomberont pas plus comme un château de cartes.
            Tu n’as pas tort. En même temps, si on supprime une loi qui abouti à rendre plus confortables ou explicites tout ou partie des autres, on consolide le système qui s’enorgueilli alors d’autant de ses lois liberticides et les fait perdurer comme inviolables, elles, non seulement pratiquement mais aussi dans la tête de ceux qui les subissent.
            ~~~
            Pour être explicite sur le sujet cela fini par édicter que :
            Pas de loi = L’activité des possibles n’est pas disponible.

            Alors qu’en réalité, c’est tout l’inverse :
            Pas de loi = Tous les possibles en action sont disponibles….
            ~~~
            Aussi, d’un point de vue anar, les lois fourbissent leur propre besoin, au même titre que l’ensemble d’une société de conquête fourbi son assise contre toute alternative à elle-même.

            Relis bien ton Graeber
            De là :
            Graeber : les démocrates étaient en somme des démagogues qui voulaient déchaîner les passions de la foule. Et quelque chose de très étrange a commencé au début du XIXe siècle : ils ont instauré ces républiques, qui étaient très consciemment calquées sur Rome, et non sur Athènes. Il ne s’agissait pas d’une démocratie, mais d’un équilibre des différents types de pouvoir, avec quelques éléments démocratiques mais particulièrement contenus entre les éléments aristocratiques et oligarchiques
            Je lis dans ce texte que le terme « démocratie » d’aujourd’hui a le sens inverse de ce qu’il propose réellement. Donc réellement, hors du non-dit, je refuse l’application de la démocratie comme un tout dans cette république-là alors qu’elle n’est injectée qu’à petites gouttes dans ce système-ci pour en asseoir in fine la tromperie libérale inverse !
            Graeber : Le libéralisme est un type très spécifique d’idéologie : il doit être rapporté à l’individualisme possessif.
            […]
            La liberté est la capacité à entrer dans le type d’associations volontaires que vous voulez. Mais la liberté ne peut être exercée que par et en relation avec les autres. Dans ce sens, c’est profondément une idée antilibérale.

            Tchibâââ… 😀

          • Yep, mister, 🙂 .
            J’étais simplement sur l’autre sens de « démocratie ».

            j’avais écrit :

            « – Pour toi, défendre l’abrogation d’une loi, c’est cautionner le système. Libre à toi de le croire. Moi pas. »

            remplace « le système  » par « les autres » et on obtient exactement ce que tu explicites.

            Donc je le redis. Pour moi, non.
            Faire sauter une loi liberticide ne renforce pas nécessairement toutes les autres. Au contraire, ça prouve que rien n’est immuable, et surtout, ça fait avancer notre condition.
            C’est tellement vrai que comme le faisait remarquer Agnès, c’est bien ce constat qui freine nos politiques pour agir…

            « ça arrange pas mal de monde que les surnuméraires du capitalisme traficotent à la marge pour survivre dans les conditions indignes qui leur sont faites »

          • Utiliser la légalisation cautionne le principe des lois, rien de moins, rien de plus.

            Que cela soit plus confortable pour soi, cela se comprend, mais cela peut tout autant contribuer à faire perdurer le système pénaliste criminel dans son ensemble.

            Pratiquement, si la dépénalisation du hash survient, cela ne permettra en rien à révéler la cause pour laquelle le hash est abusivement utilisé par certains et les emprisonne tandis que quelques autres, légalement ou non, s’en trouvent commercialement et socialement particulièrement enrichis tout aussi abusivement.
            C’est une question de contexte et, de mon point de vue, de l’usage de la monnaie pour l’essentiel.

            Ainsi par exemple du tabac, de l’alcool, de la médicamentisation qui en font preuves, non ?

            De là, je reste à croire qu’on ne détruit pas le monstre étatique de l’intérieur mais de sa périphérie, comme les révolutionnaires de 1789 l’ont fait jusqu’à ce que la bourgeoisie assassine leurs meneurs ou les place aux rangs des leurs (leurres).

          • « De là, je reste à croire qu’on ne détruit pas le monstre étatique de l’intérieur mais de sa périphérie »…

            Je crois que c’est le fond de notre discussion.

            Moi, je pense que t’es un « doux » rêveur. 🙂 Tu peux pas te mettre à l’extérieur du système. Tu en fais partie.

            Le système, c’est l’organisation des êtres humains qui composent ta société.
            Tu peux la critiquer, dénoncer ses défauts, ses erreurs intrinsèques, regarder qui elle sert et qui elle dessert, qui a l’impression de l’assujettir et qui a l’impression d’en être une victime, qui en crève et qui s’en engraisse, en imaginer une autre, voire vivre une expérience, à titre individuel, qui te donne l’impression de t’en extraire, mais voilà, tu es né à une époque dans une société donnée qui t’a permis d’être ce que tu es.
            Tu en fais partie (que tu le veuilles ou non).
            Les humains autour de toi en font partie.
            Pire, ils la composent, ils en sont les rouages, tout comme toi.
            Ca ne t’enlève rien, note.

            Libéraux, Fascistes, socialos, écolo, anars, cocos, possédants, possédés, tous autant qu’on est, on n’est jamais que les humains qui composent la société.

            Si tu veux t’y attaquer de la périphérie comme tu dis, bah, fais toi robot, extra-terrestre ou sanglier, voire bactérie, par exemple. Là, tu pourras t’attaquer à la société humaine de l’extérieur.
            L’Etat, puisque c’est lui et ses institutions que tu as en horreur, n’est qu’un élément de structure des sociétés humaines à un moment t de leur évolution. Possible qu’il disparaisse, possible aussi qu’il se renforce (quand tu observes la montée des extrêmes droites un peu partout, on va pas dans le sens de la disparition des Etats pour le moment), mais si tu veux agir,faire valoir tes idées, te faire entendre, si tu penses (comme moi, d’ailleurs) que notre organisation sociale/politique est monstrueuse, bah n’oublie pas que tu n’en es jamais qu’un rouage.
            Pour agir, il faut en avoir conscience. Dès lors que tu lèves le petit doigt, tu agis dans ta société, et tu la cautionnes quoi que tu fasses, j’ai l’impression que tu l’oublies parfois.

            Les révolutionnaires de 89, puisque tu les cites, c’est pareil. Ce n’est que l’abomination de la société de l’époque qui a accouché de la Terreur. Elle n’est en rien venue de l’extérieur ou de la périphérie. Elle a d’ailleurs bien utilisé les codes de l’époque.

    • saxo : Va pas non plus me dire que les flics dont les commissariats sont installés au pieds des grandes cités peuvent être aussi sereins que ceux des commissariats du bled d’Agnès

      Ah oui, tu choisis flic et ensuite flic comme-ci ou comme ça ?
      Non, tu choisis d’être flic et c’est tout. Et quand ton collègue abuse de sa position, tu le dénonces.
      – Ah non, ça on peut pas dans la profession.

      Ben voilà, t’es bien un flic comme tous les autres flics, violeurs, truands, assassins ou tu démissionnes, point barre.

      Réponse
    • « tu choisis flic et ensuite flic comme-ci ou comme ça ? »

      Euh… Joël, je vois pas le rapport à ce que je disais.
      J’ai pas parlé de choix, je dis juste que le flic affecté en cambrousse est sûrement moins stressé que celui affecté en proche banlieue parisienne.
      Ce qui d’ailleurs n’excuse rien .

      Réponse
      • Je note le mot « stressé »
        Encore un truc pour faire marquer un point aux drogués.
        C’est obsessionnel ma parole.

        Réponse
      • @saxo : En province, les flics sont les mêmes non par la situation où ils résident mais par le fait qu’ils sont flics, c’est à dire qu’ils utilisent leurs prérogatives contre le peuple.

        À paris, je me suis fait braqué avec le pistolet à la main par des flics (du 11eme art) et ici, dans mon patelin, tout pareillement au bourg.

        Réponse
  8. Toujours dans la série des très nombreux textes qui étayent la question de l’illégitimité de cette violence d’État :

    … C’est un débat fondamental : il s’impose forcément si on s’intéresse à la violence d’État. Est-ce une dérive qu’on peut corriger pour en « revenir » à un « État de droit » ? Ou est-ce la fonction de la police d’être violente ? Et, dans ce cas-là, faut-il remettre en cause toute la société qui la produit ? Quoi qu’il en soit, à travers ce débat émergent des positions communes, des lignes de consensus mais s’y délimitent aussi des lignes de tensions et de ruptures qui permettent de construire des alliances et de désigner des cibles communes, notamment de circonscrire les collaborateurs de la violence d’État qui se présentent en alliés. Pour maintenir une société autoritaire et inégalitaire, il faut la légitimer — cela s’obtient par de l’idéologie, du divertissement, de l’aménagement des désirs mais aussi par de la coercition. Les violences que la police distribue n’ont rien d’accidentel malgré ce que les médias dominants et la classe politique matraquent dans leurs discours. On peut entrer en lutte contre les violences policières de différentes manières, mais on en vient presque forcément à percevoir le caractère systématique de ces violences d’État. Il s’agit de se doter d’outils pour cartographier cette mécanique. On découvre alors que les violences policières font système pour maintenir l’ordre social. Par exemple, si de nouvelles pratiques ne viennent pas directement « d’en haut », elles peuvent émerger depuis les policiers en service. Elles remontent alors parfois lorsqu’elles perdurent et peuvent être validées, instituées ou tolérées, si leur impact ne s’écarte pas des objectifs généraux de chaque strate de pouvoir à l’intérieur et au-dessus de l’institution policière. La police est structurée comme une machine à produire et distribuer de la violence pour maintenir l’ordre social, économique et politique — elle est réglée, de manière rationnelle et bureaucratique. Dès lors, elle dysfonctionne régulièrement et peut être sabotée.

    Source : Mathieu Rigouste : « Les violences de la police n’ont rien d’accidentel »

    Réponse
    • Intéressant, Mathieu Rigouste.

      Merci Agnès pour ce lien.

      Réponse
  9. Se souvenir que le pouvoir socialiste a justifié les contrôles au faciès au nom de l’efficacité. A croire que pour eux les terroristes blancs n’existent pas.

    Se souvenir des dizaines de témoignages accablants de mineurs de douze ans victimes de fouilles anales par la Police : le trafic de drogue, vous comprenez.

    Les nazis ne se comportaient pas pire avec leurs vicitimes d’alors. Un jour, la police française sera regardée comme elle. D’ici là, ce pays, on s’en cogne

    Réponse
    • Alors là les références historiques, j’aime autant te dire que je commence à en avoir plein le cul.

      Plein le cul de ce qu’on fait à nos hommes :
      Des uns des flics, des autres des prisonniers.
      Fait chier, dans la vie faut être heureux, merde.
      Y’a qu’un cheveu sur la tête à Mathieu, y’a qu’une dent…

      Réponse
  10. Bien sûr que la violence de la police est une violence d’état institutionnalisée pour habituer le peuple à garder la tête courbée et rentrer dans le rang. Lorsque tu habitues ta population à obéir, même à des ordres illégaux (un flic te fait circuler alors qu’il bastonne un mec à terre – c’est tout ce qu’il y a de plus illégal) , juste parce qu’ils viennent de l’autorité tu t’assures de pouvoir rester en place car tu formes des moutons.

    Les radars et toutes ces verbalisations automatiques servent de mon point de vue, à juste habituer la population à rester sous le joug d’une autorité. C’est un dressage, comme on le ferait pour des animaux, comme des rats avec des grilles électrifies que l’on électrocute dès qu’ils tentent de faire une action. Toute la société est construite’ sur ce modèle.

    Mais les victimes votent pour leurs bourreaux en ayant la satisfaction que le bourreau tape aussi fort sur le voisin qui le mérite bien, ce connard, qui profite au rsa à 400 euros à rien foutre. Alors on n’y peut rien faire.

    Réponse
  11. Dans cette période si troublée, mais je ne suis pas du tout certain qu’il y ait eu des périodes non troublées, il faut revenir aux fondamentaux , finalement c’est assez simple, dés que l’on dit ,un LES en parlant de personnes, ce qui suit est forcement une connerie, que ce soit pour les noirs ,les juifs, les homo, les français, les flics, tous ce que vous voulez . Et en ce qui concerne la pensée de gauche ou de droite le couperet se situe entre l’acquis et l’inné, la pensée de gauche est la croyance en un homme perfectible, celle de droite en des fatalités ce qui lui permet en autres de trouver des alibis dans ces outrances d’inégalités entre les êtres .

    Réponse
    • Oui, catégoriser sans cadre de pensée, c’est généraliser et discriminer en même temps. D’où la nécessité de rappeler les bonnes vieilles classes sociales à la rescousse, même si elles sont moins lisibles qu’à une certaine époque.

      L’abandon d’une analyse en termes de classes sociales n’est pas sans faire courir quelques risques à la sociologie. Le premier est celui du renoncement à percevoir les inégalités sociales comme une structure et un mécanisme : sans classes, les inégalités sont multiples, s’agrègent, se croisent et se neutralisent sans former un système. Alors, le système est « irreprésentable », parfaitement individualiste, dominé par des parcours, des réseaux, du capital social et des ressources bien plus que par des rapports sociaux. Chaque sociologue devient le spécialiste et le propriétaire d’une inégalité rapidement mise en concurrence avec d’autres. Le second risque est de dissoudre le couplage des inégalités sociales et de la domination, le couplage des classes, de la conscience de classe, de la résistance et de l’action. Or, ni la domination sociale, ni les mille résistances n’ont disparu. Même si la structure des classes sociales et les relations entre les classes se sont profondément modifiées, l’analyse en termes de domination de classes ne saurait donc être abandonnée.

      Source : Les classes sociales, un outil indispensable pour comprendre les inégalités

      Réponse
  12. je ne vois pas en quoi dire d’un coté que globaliser « LES + quelques chose » est une connerie, et en même temps, dire « LA pensé de + quelque chose » soit quelque chose d’intelligent.

    Réponse
    • @hervé, vous en connaissez vous des LES, moi je n’en connais aucun, je ne connais que des êtres humains, uniques, LES restera toujours le premier mot du racisme.
      Quant à la frontière dites de gauche ou de droite, en plus dans cette période où le PS a pris des mesures de droite, et qoù certains font des amalgames entre Lepen et Mélanchon, il est bien de revenir aux fondamentaux, je ne parle là pas d’intelligence mais juste une façon de s’y repérer un peu.

      Réponse
  13. Si j’en connais des LES ? oui j’en connais tout plein : LES hommes ont des testicules et LES femmes ont des seins. LES enfants sont en construction et LES vieux sont en déconstruction. Je pourrais en sortir à la pelle.

    LA pensée de gauche et LA pensée de droite. lolylol LES fondamentaux… disons plutôt VOS fondamentaux et nous serons d’accord, j’ai d’autres fondamentaux que vous et je ne vois pas en quoi les vôtres me permettrait de m’y reconnaître plus que les miens.

    On peut peut tout à fait aussi parler de la pensée de ceux qui dominent et de la pensé de ceux qui sont dominés, cela me parle un peu plus. avec au travers les menteurs qui dominent et font croire qu’ils sont du coté de ceux qui sont dominés. Et je ne serais même pas certain que l’on puisse s’y retrouver quand même.

    Réponse
    • Ton commentaire est tellement bestial qu’il me rappelle le refrain de Jacques brel sur les bourgeois.

      Réponse
      • Et le tien est tellement chargé d’info que cela me rappelle une chanson des musclé.

        Je peux faire dans la même veine. pas certain que cela fasse avancer le débat.

        Réponse
        • Tu veux qu’on revienne sur ce que tu as dit : ton assujettissement à la droite .
          Comment tu veux que je parle avec un légume . je parle jamais avec les légumes, c’est plein de vers et c’est bio.

          Réponse
    • et moi je vous trouverai toujours des contre exemple même en allant vers les versions bien à vous de vos LES, où j’espère pour le moins, que vous faites volontairement celui qui ne veut pas comprendre mon propos.
      Théodore Monod est un jeune qui est mort à 98 ans
      et pour rester dans vos terminologies:
      Taubira est bien plus couillu que beaucoup d’hommes.
      Répondez si ça vous chante , mais moi je ne le ferai plus vous…… me fatiguez LOL

      Réponse
  14. Oui… Voilà un sujet sur lequel je pourrais disserter longuement, étant donné que je sais très bien de quoi il s’agit… Je sais ce que c’est que de se trouver au mauvais endroit, au mauvais moment et de faire partie d’un population que l’Etat bourgeois considère comme dangereuse… Je sais ce que c’est que d’être emmené et retenu pour rien, subir les moqueries de fonctionnaires assermentés qui ont tous les droits, assister impuissant à une pantomime où l’on simule mon exécution par gazage ou encore être menacé d’électrocution, fouillé, humilié en public, subir des traitement totalement dégradants, simplement parce que je n’ai commis aucune infraction, ni aucun délit, mais parce que l’Etat à décidé que ce serait ainsi et que je ne peux pas refuser l’arbitraire même si je le veux…Bref. C’est ainsi…

    Réponse
  15. Ah…Je n’ai pas encore pris un coup de matraque dans le fondement, mais tout est probable…Y compris gagner au loto…

    Réponse

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