Sélectionner une page

Cas de conscience

Par Agnès Maillard
22 juin 2008

Intervenir ou observer : telle est la question…

Cas de conscience 1
Spider home
Mise en ligne par Le Monolecte

Hier soir, je regardais tranquillement un programme finement sélectionné sur ma boîte à disponibilité cérébrale lorsqu’un furieux vrombissement me sortit de mon hypnose cathodique. Il convient de préciser qu’avec cet été qui vient tout juste de nous tomber dessus, tant du point de vue calendaire que climatique, nous nous sommes résolus à passer la soirée les fenêtres grandes ouvertes et la lumière d’ambiance (celle qui évite de se griller les yeux à mater la télévision) allumée. Bien sûr, une colonne d’insectes s’est rapidement matérialisée au-dessus du lampadaire de salon.

Il se trouve qu’une araignée fort avisée avait bâti sa toile au-dessus du puits de lumière, ce qui lui assure de facto un gîte ambiance boite de nuit et un couvert des plus abondants. La prévoyante créature venait donc de chopper dans ses filets une sorte de super vrombisseur, bien plus gros qu’elle et dont la carrure n’était pas sans faire penser à ce que pourrait bien devenir un moustique s’il avait la bonne idée de suivre la caravane du Tour de France… ou de toute autre compétition sportive moderne de haut niveau, d’ailleurs. C’était donc là une prise de premier choix, bien que fort agitée, très bruyante et très dynamique, bien décidée à ne pas finir comme plat principal d’une fiesta arachnéenne.
Assez rapidement, je regardais de nouveau la série du soir et aussi sec, le cousin (c’est comme cela qu’on appelle ces bestioles dans le coin) se remit à danser la carioca dans sa toile comme un forcené, me détournant de nouveau de la télé. C’est qu’il se débattait comme un beau diable. D’un autre côté, vu sa situation, pour lui, renoncer, c’était mourir. On pouvait comprendre ses ruades incessantes qui tentaient de démolir la fichue toile sans parvenir à s’en dépêtrer. Plus haut, dans un coin, l’araignée attendait prudemment que son steak du jour s’épuise avant d’aller ramasser les fruits de son ingénierie.

Au bout d’un long moment de lutte intense, le mouvement cessa sur la toile et tout le monde attendit encore un peu pour voir s’il se passait quelque chose : le mosquito qui devait être crevé et peut-être un peu résigné, l’araignée, affamée et prudente, et moi, dans mon fauteuil, l’œil rond. Finalement, l’araignée doit se dire que c’est bon, commence à avancer sur son édifice aérien et je me dis qu’il vaut mieux reprendre le fil de l’intrigue que j’ai un peu laissé filer que de regarder une bête en bouffer une autre. Et voilà le cousin qui cabre et s’agite de plus belle, renvoyant l’araignée à son coin de plafond.

Il n’a pas vraiment envie d’y passer et il me fait un peu de peine, mais tout n’est qu’une question de point de vue. L’araignée aussi a le droit de bouffer et pourquoi je favoriserais le moustique à l’araignée?  Monsieur me fait remarquer qu’il a tellement envie de vivre ce moustique qu’il a réussi à me faire perdre le fil de l’épisode en cours. En plus, c’en est un qui ne pique pas… Et l’araignée pourra toujours se goinfrer l’imprudent suivant. Oui, certes, mais du coup, en sauvant ce moustique condamné à alimenter le grand cycle de la vie, je fais sauter un repas à l’araignée, sans compter que je la force à coup sûr à refaire sa toile… laquelle est de toute manière déjà dans un sale état.

Finalement, je décide de sauver le moustique. Je le sors délicatement de la toile sous les huit yeux que je suppute réprobateurs de la taulière et lui rend sa liberté… qu’il utilise sur-le-champ pour retourner comme un gros con vers la lumière autour de laquelle il tourne un moment avant d’aller se scotcher dans la toile d’une cousine de sa première geôlière.

Nous sommes toujours un peu cons quand nous nous vautrons dans l’anthropomorphisme sans complexe. j’avais oublié que la lumière est le tropisme naturel de bien des insectes et que des créatures en tirent profit en tendant leurs pièges aux endroits stratégiques.

En intervenant, je n’ai pas changé grand-chose dans le destin de ce moustique. Je ne peux même pas dire que je lui ai offert une chance de s’en tirer, puisqu’il est encore plus prisonnier de son instinct qui le pousse à aller aux mêmes endroits où l’attendent les mêmes prédateurs qu’il ne l’était de la toile de l’araignée. J’ai juste un peu pourri la chasse d’une araignée au profit d’une autre…

Il n’y a bien sûr pas de morale à l’histoire si ce n’est que nous ne sommes ni des moustiques ni des araignées, ce qui implique que nous avons toujours le choix réel de l’action ou de l’inaction, d’une direction plutôt que d’une autre…

52 Commentaires

  1. Tu as même failli briser l’équilibre de l’écosystème !

    Cette histoire cruelle m’en rappelle une autre : il existe une race d’oiseaux dont la particularité est de dessiner un cercle de fientes autour du nid. Celui des petits qui en sort est éliminé, et la mère refuse ensuite de le nourrir et de le laisser rentrer dans le cercle. Et il crève. Et pourtant vouloir intervenir en faveur du petit rejeté pourrait avoir des conséquences encore plus néfastes, car c’est le processus de régulation qui fait justement survivre cette espèce.

    Le monde est cruel.

    Réponse
  2. Le choix, certes. Mais nous avons aussi quelques "tropismes naturels", et le fait d’en avoir conscience ne neutralise pas toujours les pièges qui nous sont tendus sur les chemins qu’ils nous font prendre.

    Pas sûr qu’on soit moins con que le moustique, des fois :o)

    Réponse
  3. jolie fable…comme quoi, on ne peut rien pour l’autre…

    Réponse
  4. S’il faut une morale à l’histoire, c’est que, à supposer que l’on veuille sauver des moucherons, mieux vaut tuer les araignées que voler au secours des moucherons.

    Réponse
  5. Sauvons les araignées 😉

    Réponse
  6. C’est amusant, moi qui pensait que c’était pour parler du "monde du travail". Avec : dans le rôle de la "lumière", l’emploi ; dans le rôle du "cousin", le demandeur d’emploi ; dans le rôle de l’"araignée", un employeur ou l’ANPE (je ne sais pas trop, il faudrait que je relise l’histoire). C’est tellement ressemblant… sauf qu’on est pas des insectes, on est des êtres humains…

    Réponse
  7. Patrick > Mais nous avons aussi quelques "tropismes naturels", et le fait d’en avoir conscience ne neutralise pas toujours les pièges qui nous sont tendus sur les chemins qu’ils nous font prendre. Pas sûr qu’on soit moins con que le moustique, des fois :o)

    Pourquoi être inconscient de quelque chose (ou conscient mais incapable d’agir) signifierait-il être con?

    Réponse
  8. Mon parti pris jardinier n’hésite pas: l’insecte est une tipule, inoffensif certes en tant que piqueur, mais sa larve, c’est le ver gris qui dévaste mes salades, à peine repiquées, en suivant le rang, pour le coup fort intelligemment.

    Alors que l’araignée est véritablement très utile. Justement parce que c’est un carnassier, et que les humains, aux pacifiques végétariens qui bouffent leurs cultures, préfèreront toujours les sauvages carnassiers qui bouffent les végétariens.

    Le sujet, pourtant, est beaucoup plus complexe car pour avoir des coccinelles dès le début du printemps, je cultive des fèves, qui attirent précocement les pucerons, lesquels favorisent la pullulation bien venue de leur prédateur naturel et goulu.

    Et non, j’élève pas les limaces pour attirer les crapauds et les hérissons, pas besoin, hélas!

    Réponse
  9. Pendant ce temps l’espèce dominante, celle qui s’approprie et gaspille territoires et ressources, ne fait rien pour se sauver elle-même….
    Peut-être cela est-il nécessaire pour que la vie continue?

    Réponse
  10. Le moustique est retourné vers la lumière et Agnès vers sa télé

    Réponse
  11. Belle histoire d’amitié avec un cousin. Agnès quand nous amènes tu quelque chose sur Avox, on a la pépie!

    Réponse
  12. On transpose bien souvent notre vie sur celle de notre environnement, et pourtant, nous aurions tant de leçons à apprendre d’eux 😉

    Réponse
  13. Le tropisme du demandeur d’emploi c’est le travail.

    Et le DE va toujours se prendre dans la toile d’un patron qui finit toujours par le bouffer tout cru. 😎

    De là à penser qu’un DE est aussi stupide qu’un moustique je vous laisse juge.

    Réponse
  14. Personne n’a pensé à te complimenter de la qualité littéraire de ton histoire. Un vrai thriller, style remarquable, construction du récit impeccable, second degré délicat, chute assez subtile pour ne pas clore la réflexion.

    Tu es un(e) grand(e) écrivain(e). Merde, et pourquoi au féminin ça le fait moins qu’au masculin?

    Réponse
  15. Le tropisme de l’être humain, c’est avoir un abri, des vêtements, de la nourriture, des contacts sociaux. Le leurre, c’est de faire croire que le travail apporte cela…

    Réponse
  16. "Le tropisme de l’être humain, c’est avoir un abri, des vêtements, de la nourriture, des contacts sociaux": tout à fait exact!
    Hélas,cette société de m. veut nous imposer d’aller chercher notre pitance, coûte que coûte et jusqu’à la mort, pour mieux nous culpabiliser et nous asservir. Ne nous laissons pas piétiner.
    Quand je pense à ce qu’a dit des chômeurs ce minable assisté perpétuel qui fait raquer le contribuable et monopolise tout le gouvernement pour fourguer des coucous dont personne de sensé ne veut, je bous!

    Cela dit, je suis comme Jardin, j’aime beaucoup les araignées.
    Un animal qui bouffe les insectes qui viennent envahir ton territoire en se posant autoritairement sur toi alors qu’on ne sait même pas où ils étaient allés traîner leurs guêtres avant, ne peut pas être foncièrement mauvais.
    D’autant que l’araîgnée, elle, se construit une jolie maison et, si on ne l’embête pas, elle reste tranquille dans son coin.

    Réponse
  17. Et que penser du citoyen…
    Dont les élections sont le tropisme qui le fait se prendre et se reprendre dans la toile tissée à l’entrée des bureaux de vote, pour le plus grand bonheur de ses exploiteurs.

    Réponse
  18. En fait, la question est encore plus profonde que cela. Je lisais sur un autre blog (lien trouvé ici) la question de la non intervention. Je m’explique.

    La réduction de l’interventionnisme de l’état est le miroir aux alouettes que l’on nous tend, car l’état intervient de plus en plus (suppression de pans entiers de la législation actuelle), privatisations, dérégulations… Ou l’état intervient de moins en moins, c’est dans la redistribution (normalement sa missions première). C’est son choix, Certes. La question qui se pose est : nous (le peuple) devons nous intervenir (pallier au déficit de l’état à soutenir les plus pauvres et donc à limiter les tentations de dérives violentes ou mafieuses) ou laisser l’état gérer comme bon lui semble la société humaine. Ainsi, il est contre productif de donner de l’argent aux associations caritatives ou d’intervenir bénévolement pour elle, car nous permettons de maintenir la société dans un équilibre pas trop instable tout en se prenant en pleine gueule les interventions et les non-interventions de l’état.

    Si on peut se poser la question du soutien à son prochain (le moustique) en l’enlevant de la toile d’araigné (l’aidant à surmonter l’épreuve) pour préparer un monde meilleur (survivre), le nouvel équilibre que l’on va créer permettra à l’état de tirer encore un peu plus sur la corde en attendant que le corps social fasse contrepoids de lui même en se sacrifiant tout seul….jusqu’au point de rupture. Je pensais que l’europe permettrait de limiter cette dérive et j’étais pro-européen, mais j’ai bien peur que ce qu’ils veulent nous faire soit un facteur aggravant et pas un facteur de stabilité.

    Ainsi les restaus du coeur et consorts permettent à l’état de continuer sa politique d’appauvrissement en gardant un niveau de docilité sociale (les gens ne crèvent pas trop la dalle, ou alors en masse non critique) et de repousser la crise inéluctable plus loin, après la prochaine élection, et en espérant que les gens seront trop apathiques pour réagir. D’ailleurs on peut regarder avec stupeur la création d’une force armée intérieure de 10 000 hommes : à priori pas pour suppléer au ramassage d’ordure en cas de grève, plutôt pour mettre en place la branche armée de se régime facho qui ne veut pas dire son nom.

    La question que l’on se pose est : faut-il intervenir ? et si nous intervenons quelle intervention ?

    libérer le moustique ? détruire la toile d’araigné ? tuer toutes les araignés ? mettre le moustique dehors ? Laisser faire ?

    Je suis un peu perdu en ce moment car aucune réponse n’est satisfaisante.

    J’ai juste trouvé une petite réponse à mon petit niveau. Épisode my life – Je m’occupe de logiciel libre et je militais pour la mise en place dans les écoles de LL. Nous avions travaillé l’année dernière sur un labo de langue en logiciel libre. Nous pensions le mettre en oeuvre dans un collège pour 3 francs 6 sous (même pas en payant notre temps au taux syndical) sur des machines reconditionnées, trouvées de droite et de gauche (genre, moins de 5000 euros pour une salle de 30 postes, avec le switch qui va bien). Et de fil en aiguille, nous avons appris que La communauté d’agglo (passé sous contrôle socialo) installait une nouvelle salle multimédia 15 postes sous windows pour le nouveau passeport internet: environs 15 000 euros, finançait l’achat de tableau interactifs blindé sous windows à hauteur de 15 000 euros, décidait de sponsorisé les 2 grosses boites proprio dans le coin pour ‘faire du libre’ (tuant du même coup les associations qui marnaient depuis longtemps), trouvait qu’ils avaient assez dépensé pour le libre et que subventionner notre association n’était pas à l’ordre du jour. La petite réponse que j’ai trouvé : ne pas installer de libre pour des clopinettes, qu’ils payent une salle plein pot à 80 000 euros et qu’ils crèvent, on continue une autre association simplement tournée vers des particuliers en leur proposant des machines reconditionnés family ready pour moins de 100 euros.

    Alors c’est vrai que cela ne règle rien, mais donner de la confiture au porc ne les rends pas plus savoureux. Gardons la confiture pour nos amis.

    Réponse
  19. On devrait éteindre les lumières de l’Elysée pour éviter d’attirer les mosquitos.
    Et il y a même pas une pie pour piquer les montres!

    Réponse
  20. Des lumières à l’Elysée ? c’est un gag ?Piqué par le moustique à Virenque ?

    Réponse
  21. Des lumières à l’Elysée ? c’est un gag ?Piqué par le moustique à Virenque ?

    Réponse
  22. "nous avons toujours le choix réel de l’action ou de l’inaction, d’une direction plutôt que d’une autre…"

    Tu ne peux pas imaginer à quel point je plussoie à tes dires!

    Bienvenue chez les libéraux!

    Réponse
  23. Tout à fait d’accord.
    D’autant que le "charity business" commence par soi-même.
    Les restaus du c… en sont un exemple flagrant. Promo des "vedettes" et arrêt brutal de la distribution en cours d’année. Un pauvre, ça ne mange pas toute l’année. Et qui c’est qui paie? C’est nous qui paie, disait Coluche, qui avait sans doute voulu bien faire au départ (dégrèvements d’impôts pour les donateurs, c’est bien de la sous-traitance, non?).
    D’autre part, contrairement à l’Etat, les assoces choisissent à qui ils donnent selon des critères subjectifs, comme les notables donnaient la pièce à "leurs" pauvres à la sortie de l’église.
    Déprimant, en effet.

    Euh … On a changé de billet? :-/

    Réponse
  24. herve_02:

    La multiplication de toutes ces associations d’aide aux victimes du capitalisme: resto du coeur, secours catho, … est un moyen pour l’Etat d’externaliser et de se dédouaner de ses responsabilités. Tout doucement, on remplace les droits par la charité:

    tu es pauvre, tu n’as pas assez d’argent pour nourrir ta famille et toi. Tu obtiens de la nourriture s’ils le veulent bien au lieu que cela soit un devoir d’entraide de la collectivité et un droit à l’alimentation. Même chose pour le logement et pour bien d’autres choses.

    Et je commence à voir de plus en plus dans certains coins de paris où il y a du passage, ces employés (pas des bénévoles) qui portent les couleurs d’ONG, payés par une entreprise pour trouver de nouveaux bailleurs de fonds (des subscripteurs)

    Aider les autres va devenir un marché comme les autres.
    Je hais le capitalisme !

    Réponse
  25. @ Fin De Partie

    Tu me fais déprimer….

    Réponse
  26. >Euh … On a changé de billet?

    non nous sommes en plein dedans : on nourrit ou on laisse crever ? cas de conscience.

    Réponse
  27. Donne du poisson à un homme, il mangera un jour, apprend lui à pêcher et il mangera tous les jours.

    L’éternel problème, du point de vue des possédants, quelqu’un d’autonome représente toujours un danger potentiel. Mieux vaut un peuple de soumis qui attend sagement la becquée… 🙁

    Réponse
  28. Voici une version mise à jour de la maxime adorée des libéraux

    Donne du poisson à un homme, il mangera un jour, apprend lui à pêcher et il mangera tous les poissons.

    Réponse
  29. Pour poursuivre dans la veine de ce que disait emcee : à Montpellier, il y a deux épiceries sociales, une ouvertement catho, l’autre pas (mais dans l’esprit, si).

    Les deux se sont données pour mission de "sauver" les pauvres en leur apprenant à gérer leur budget (parce que s’ils sont pauvres, c’est leur faute, bien entendu…) (ils n’ont qu’à pas acheter de saloperies, les pauvres, c’est vrai quoi ! un peu de pain, de riz, et de pâtes, et qu’ils viennent pas réclamer autre chose !) (cela dit, je trouve en effet tout à fait stupide que de s’encombrer d’écrans plats et autres saloperies…) (contradictions, i’m full of multitudes, disait le poète…)

    Et il y a une sorte de sanction si tu ne veux pas être un bon pauvre : soit tu n’entres pas dans le circuit et n’a donc pas droit à faire tes courses dans l’épicerie, soit tu dois te plier à la morale de dame patronnesse, et tu dois en plus prouver ta bonne conduite régulièrement, sachant qu’au bout d’un certain temps tu n’as plus droit à l’aide (t’es censé avoir appris à "gérer ton budget" = te contenter des rebuts que ce monde te concède encore).

    C’est pas beau ça ?

    Réponse
  30. Une autre interprétation peut-être ?

    « Fais-toi brebis et le loup te mangera ! »

    Réponse
  31. Sans compter tous les hard-discounter alimentaires, qui sont la frange supérieure des restos de mon c.. ( pardon coluche). Voilà un bon petit paquet de gens qu’ont vraiment pas de quoi se plaindre. Se rendent même pas compte de tout ce que le capitalisme fait pour eux. Des ingrats!

    Réponse
  32. A propos du caritatif et des associations de soutien diverses qui essaient d’épauler les pauvres dans l’accès à la bouffe, au logement, à l’informatique et toutes ces associations qui fleurissent partout actuellement, et de plus en plus à mesure que l’Etat se désengage:

    Si ces actions n’ont guère d’efficacité réelle, mettant plutôt de l’huile dans les rouages de la machine qui nous broie, elles ont aussi une fameuse action sur les bien-pensants parfois naïfs parfois non qui s’y consacrent. A tous, elles font prendre conscience de ce qui se passe. Elles nous permettent de recueillir des infos, de comprendre comment ça marche, de témoigner auprès d’autres, de faire tomber les préjugés.

    Je me suis beaucoup posé la question au sujet du RESF: impossible de savoir combien d’expulsions nous avons réellement empêchées, à mesure que nous en tirons un de leurs griffes ils en attrapent un autre. Je me posais la question à propos de chômage: aider un chômeur à retrouver un boulot, c’est le piquer à quelqu’un d’autre qui ne l’aura pas. Soutenir un demandeur de logement, c’est le favoriser par rapport à un autre moins bien loti.

    Oui, mais… Dans toutes ces actions, même les plus "dames patronnesses", il y a des gens de bonne volonté qui affinent leur vision de la société, voient tomber leurs oeillères, partagent avec d’autres leurs découvertes, mettent en évidence des fonctionnements aberrants, élargissent le cercles de ceux qui perdent leurs préjugés.

    Et les gens soutenus ainsi font l’expérience d’une solidarité que, peut-être, ils reproduiront plus tard avec d’autres.

    Bien entendu, pour que tout ça fasse avancer les choses, il faut continuer à pointer les incohérences et les dérives du caritatif.

    Mais c’est une erreur de le condamner sans appel.

    Réponse
  33. Oh, je condamne pas (même sans appel…)
    Mais deux articles dans la presse pourrie locale, le même jour, m’avait passablement énervée, à ce sujet.

    Pour abonder dans ton sens, jardin : hier, dépôt collectif de dossiers de régul’ à la Préf. La coordination locale des comités de soutien aux sans-papiers a obtenu le dépôt collectif, avec récépissé pour chaque personne concernée, et l’assurance que les futurs dossiers et pièces complémentaires seraient considérés comme faisait partie du package (du dépôt collectif).
    Et le sous-préfet a aussi donné l’assurance (orale…) que la politique consistant à convoquer un sans-papier en Préf et l’arrêter s’il se pointe n’aurait pas cours dans l’Hérault. On va suivre ça de très, très près.

    Sous un soleil de feu, on écoutait ce compte rendu de la délégation de la coord (on était assez nombreux, piètre satisfaction face aux désarrois multiples auxquels notre pays ne propose de se concrétiser que dans ces épais dossiers… dérisoire… et pain béni pour les photographes et caméras de presse que les 4 délégués, les bras chargés de piles de dossiers multicolores dans leur pochettes d’écolier, se dirigeant, sous l’escorte d’un policier, vers l’entrée de la Préf, tandis que la foule des sans-papiers et de leurs soutiens scandaient "Des papiers pour tous !")

    Et il y avait justement des "dames patronnesses", engagées dans ce combat à partir de l’école ou du quartier, de parfaits prototypes de la petite bourgeoisie à grande gueule du Sud. Je les écoutais, et je me faisais exactement cette réflexion : elles en avaient perdu un bon paquet, de préjugés…!

    (Et ben, j’ai achement dévié du sujet initial, mézigue…) 😉

    Réponse
  34. Prise de conscience de ceux qui militent dans les associations "carritatives"?
    Ouais,peut être,un peu enfin je suis pas sur,parce que pourquoi il y a eu aussi peu de monde dans les manifs contre les franchises,combien d’assoss ont protester devant l’attaque frontale de Bachelot-Woerth?
    Ils ont troqués leur col mao
    et leur vieux look égalitaire
    pour un costume plus rigolo
    c’est la chasuble humanitaire
    ils font la quête avec délice
    chez ceux qu’on plus rien à donner
    et pour établir la justice
    s’en remettent à la charité

    Jean Ferrat.Jeunes imbéçiles

    Réponse
  35. Il ne faut pas confondre les associations caricatives et les mouvements citoyens.
    Les mouvements caritatifs sont fondés par des idéologues sectaires, même si leurs intentions sont pétries de bons sentiments (ce qui, justement, explique la partialité de ces associations – sur le thème, par ex de: j’aime mieux mon frère que mon cousin et mon cousin que mon voisin). Voir la Croix Rouge et le Croissant Rouge.
    Ces organisations sont souvent à l’initiative de mouvements religieux (ou d’autres idéologies partisanes) qui permettent à ceux qui les dirigent, sous couvert de compassion, de contrôler les démunis et de favoriser ceux qui sont dociles (je schématise, parce que ce thème mériterait une analyse bien plus fouillée et une étude comparative).
    Ces organismes, sous couvert d’humanitarisme, servent, peu ou prou, à perpétuer un ordre établi.
    Alors que les mouvements citoyens, eux, tels RESF, la LDH et d’autres tendent à exercer un rôle de vigilance et à défendre tous les êtres humains devant la loi (ou contre celle-ci si elle est estimée inique) et les injustices que génèrent les pouvoirs.
    Les "dames patronesses" qui militent à RESF ne le font pas pour propager une quelconque idéologie (ce qui n’empêche pas des choix personnels d’action, mais c’est l’apanage de tous) mais pour défendre des familles contre le traitement injuste qu"elles subissent. Et elles ne sont pas moins méritantes que les militants qu’on retrouve également dans d’autres structures.
    C’est la France des "Justes".
    RESF n’a que des bénévoles en son sein, ne fait pas appel aux dons et n’est pas subventionné. Ce n’est pas une ONG.
    Au US, ceux qui possèdent de grandes fortunes, au lieu de verser l’argent à l’Etat qui redistribuerait (et afin de bénéficier d’un statut fiscal privilégié), créent des fondations destinées à venir en aide aux populations.
    Bill Gates, par ex, a créé la sienne en 2000, ayant pour vocation d’apporter des aides dans les pays du sud en matière de santé et d’éducation. Or, la fondation subventionne également de grosses corporations qui sont justement à l’origine de problèmes sanitaires et humains.
    Sans parler des bénéfices que Microsoft tire de cette action "humanitaire".

    Réponse
  36. Et voilà, une toile à refaire l’estomac vide!

    Avons nous vraiment le choix de l’action?

    Les grandes surfaces allument toutes leurs pubs pour nous attirer comme des cousins dans leurs toiles, sans prédateur spécifique… à la différence de cette – pauvre – araignée qui a trouvé le sien (!)

    Est-ce qu’on a encore le choix de refuser noël, la juilletist-aoutitude, la bagnole… qu’est ce qui vont raconter les gamins à l’école (tiens, refuser l’école aussi, cette grande tropisatrice). L’homme est un animal grégaire disait le philosophe… Je suppose que sans éducation l’ho fait le choix des autres.

    Réponse
  37. L’autre intérêt de ces associations de soutien, qu’elles soient citoyennes ou humanistes, caritatives, ou jenesaisquoi, c’est de faire voisiner des gens dont le niveau de conscience est différent. Les uns apprennent des autres, et pas toujours dans le sens qu’on croit: les non militants apprennent effectivement des militants.

    Mais les militants apprennent aussi… la tolérance, certains en ont bien besoin. Et à argumenter sans blesser, ce qui n’est pas donné d’emblée.

    Réponse
  38. Et bien, les derniers posts du bllets m’ont redonnée un peu de niak. je n’avais pas vu le ‘soutien’ aux autres comme une manière de fédérer des personnes qui ouvrent les yeux dans l’action.
    Je confondais ‘humanité’ et ‘humanitaire’, je superposais réseaux citoyens et ong.

    Je vais donc bien la refonder mon asso du libre à Soissons, pour venir en aide aux _gens_ qui le veulent.

    cool c’est une bonne fin de semaine.

    Réponse
  39. Je te signale qu’il est trés difficile de joindre ton site Agnès,ainsi que de passer un message,ça fait le deuxièmequi est effacé.
    Et pour dire que dans une note du parquet de Paris,dénoncé par le syndicat de la magistrature,et qui demande que"dans le cas de manifestations de soutien à des prisonniers ou d’étrangers en situation irrégulière d’informer dans les plus brefs délais la section anti-terroriste pour apprécier de manière concertée l’opportunnité d’un dessaisissement à son profit".
    En clair faire passer tout les soutiens pour des terroristes!

    Réponse
  40. Tiens, moi aussi, j’ai un com qui s’est envolé l’autre jour on dirait! C’etait sur les tropismes, bon pas grave!

    Je voulais juste revenir sur la conclusion de ton billet : "…nous avons toujours le choix réel de l’action ou de l’inaction, d’une direction plutôt que d’une autre." Avons-nous vraiment le choix?

    Ce n’est pas seulement une question de milieu, de conditionnement, d’hérédité, de volonté, de prédispositions naturelles ou pas, d’intelligence,(j’aime beaucoup ce mot, hé,hé…!), c’est aussi une question de circonstances, d’époque!

    La liberté est probablement la faculté la plus mal partagée au monde, mais aussi la plus difficile à exercer!
    Je ne crois pas au déterminisme, mais je ne crois pas non plus à la volonté seule de l’individu.
    La liberté est un équilibre instable entre le vouloir collectif et le vouloir individuel.

    Réponse
  41. Je regrette qu’il n’y ait pas d’adresse de courriel direct et je poste ici ma remarque hors sujet. Merci de l’effacer après en avoir pris connaissance.

    Il est dommage que les billets de cette page, soignés, pour ne pas dire léchés, dans leur forme autant que dans leur contenu, ne respectent pas la règle typographique française qui veut que les ponctuations doubles (! ? ; : » «) soient précédées d’une espace (au féminin chez les typographes, oui !). Cette espace est de plus _insécable_ pour éviter que la ponctutation se retrouve en début de ligne.

    Réponse
  42. Salut John!

    Je ne vais pas effacer ton message pour la simple et bonne raison que je suis entièrement d’accord avec toi. Nous sommes un certain nombre à regretter la non utilisation des espaces insécables sur Gandiblog, mais en fait sur la grande majorité du net, plus généralement. Je peux insérer les espaces insécable a mano, avec le code html qui le fait ou alors, comme c’est le cas de certains billets, le passer à la moulinette d’Antidote, qui les ajoute automatiquement, mais là, je ne suis pas sûre qu’ils soient insécables.

    Sinon, il y a un mail direct dans le lien "me contacter", vers le bas de la colonne de droite.

    Réponse
  43. Si l’on en croit Le petit Dotclear illustré : La correction de ponctuation est active. Un espace insécable remplacera automatiquement tout espace précédant les marque ";","?",":" et "!". ;

    Maintenant, je suis frustré : je n’ai jamais vu ça fonctionner sur mon doctclear 2… Si ça se trouve, ça ne fonctionnait que sous dotclear 1.x ?

    Mystère et boule de gomme… Si quelqu’un a un truc pour faire tomber ça en marche, je suis preneur 😉

    Réponse
  44. Effectivement, sur un DotClear 2 chez Gandi, ça ne marche pas non plus. Faudrait leur dire … 😉

    Réponse
  45. Peut-on faire confiance aux auteurs de ce qui suit :

    « La correction de ponctuation est active. Un espace insécable remplacera automatiquement tout espace précédant les marque ";","?",":" et "!". ; » ?

    Espace est du féminin en typographie, on parle de signes de ponctuation et non de marques (mauvaise traduction ?), on écrit marque_s_ au pluriel.

    En tout état de cause, si le système fonctionnait, il remplacerait par des espaces insécables les espaces ordinaires existantes avant les ponctutations doubles. Encore faut-il que ces espaces ordinaires existent.

    Si le remplacement automatique ne fonctionne pas, il ne reste qu’à taper <&nbsp;> (sans les crochets) pour ajouter les espaces insécables, puisqu’on peut insérer du html directement lors de la rédaction des billets (si on en croit Le petit Dotclear illustré).

    Réponse
  46. Quand je proposais d’effacer mon message, c’est parce que je croyais que les coulisses n’intéressaient personne. Mais s’il y a des réactions…
    Content d’avoir soulevé la question.

    Réponse
  47. ouah ! que voila un moustique méga-récupéré, si j’en crois les commentaires!
    Bouffé, le moustock, et chacun à sa sauce!: écolo, politico, philosophico…
    ya plein d’araignées, dans ce coin de toile, on dirait!
    Votre texte, Agnès, m’a évoqué plusieurs choses: un texte, en primaire:" le fourmi-lion"
    même histoire de fond, même question-rédac…(j’ai pondu un truisme, genre: faut écouter son coeur..Ouai, pas fameux, suis OK! ).;
    – évoqué aussi ce micro-poème, qui, enfant, m’a marqué: " J’aime l’araignée, et j’aime
    l’ortie, parce que rien n’exauce, et que tout trahit leurs mornes souhaits"
    PS: quelqu’une demandait si:" écriVAINE, ", ça "le faisait moins"…la fin malheureuse de ce vocable fait réponse, sans autres !
    Cordialité .
    (V.Hugo)….
    J’aime aussi la patiente et industrieuse araignée, et m’estime honoré
    Quand l’une de ces créatures s’installe dans un coin discret de mon petit logis parisien…
    – question, Agnès: et ça ne vous serait pas venu à l’idée de l’éteindre, cette lumière ?
    (origine véritable du drame, vrai geste slavateur…Effet papillon:deux en un:
    sauve un cousin (tout un symbole!), sauve la planète…
    Mais je ne suis pas donneur de leçon, rassurez-vous!

    Réponse
  48. La question du choix a fait 2 victimes :
    L’âne de Buridan
    Kafka
    Prenez soin de votre santé mentale (l’impératif est utilisé malhencontreusement – c’est une proposition)

    Réponse
  49. Je reste toujours aussi stupéfait de voir à quel point quelqu’un qui a une bonne plume peut rendre passionnantes même les histoires les plus anecdotiques.

    Par contre, on peut toujours trouver une morale. Comme disait Alice : "si le monde n’a aucun sens, qui nous empêhe d’en inventer un ?". Il en va de même pour les morales des histoires.

    La morale pourrait être : si tu veux sauver le moustique, commence par eteindre la lumière.

    En d’autres termes, si tu veux changer une situation, commence par t’attaquer à ce qui te ramènera inévitablement à a situation initiale.

    C’est un principe qu’on peut décliner à une multitude de sujets. Par exemple, si tu veux t’attaquer à la médiocrité de la classe politique, commence par t’attaquer aux médias qui légitiment cette médiocrité.

    Réponse

Laissez une réponse à cultive ton jardin Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Merci de votre soutien

Soutenir Le Monolecte, concrètement!

Mon dernier livre

Comprendre l'antisémitisme
Version papier : 13€HT

Crédit photo couverture : ©Beth Jusino

Version numérique

Livre numérique Comprendre l'antisémitisme
Agnès Maillard
Le Monolecte
6,49 €

Commentaires récents

Mes réseaux sociaux

  • Mastodon
  • Seenthis
  • BlueSky
  • Sens Critique
  • Diaspora
  • Flickr
  • Instagram
  • LinkedIn
  • Page Facebook
  • Profil Facebook

Catégories

Archives

juin 2008
L M M J V S D
 1
2345678
9101112131415
16171819202122
23242526272829
30