Sélectionner une page

La grande trahison du premier mai

Par Agnès Maillard
5 mai 2008

Avez-vous entendu ce silence? Celui qui a étouffé le fracas dans lequel notre Code du Travail s’est fait démanteler le 1er mai dernier.

Mis à part quelques voix discordantes fort peu relayées, la simplification de notre Code du Travail n’a pas vu d’inflation d’experts se précipitant dans leurs rades télévisuels favoris pour faire œuvre de pédagogie envers la populace inculte. Pas de mot d’ordre par rapport à cette refonte dans les défilés du 1er mai, silence assourdissant des syndicats de travailleurs… vous savez, ceux qui sont censés défendre nos droits de chair à canon du libéralisme triomphant et qui ne cessent de couiner d’avoir si peu d’adhérents.

Il faut aller zyeuter à l’étranger, et en anglais dans le texte please, pour commencer à comprendre que les pires des salopards n’ont pas été le MEDEF et le gouvernement, dont nous n’avions rien à attendre de positif de toute manière, mais bien ceux-là mêmes qui se prétendent de notre bord.

Ma traduction vaut ce qu’elle vaut, mais je pense que ce texte repris sur le site du WSWS méritait d’être plus largement accessible pour les francophones indécrottables dont je suis.

Le 1er mai, jour traditionnellement dédié aux luttes des travailleurs, un nouveau code du travail est entré en vigueur, lequel attaque fondamentalement les droits des travailleurs français.

Officiellement, le nouveau code est simplement une "retouche" de la précédente législation du travail – c’est-à-dire un résumé et une simplification de nombreuses lois isolées n’impliquant pas de réel changement de contenu. En réalité, le gouvernement du président Nicolas Sarkozy utilise cette retouche pour fondamentalement changer les relations entre employeurs et travailleurs.

Les lois et réglementations françaises du travail régulent les relations entre employeurs et employés et déterminent tous les aspects essentiels du travail. Le Code du Travail remonte au XIXe siècle et a été étoffé dans sa forme actuelle dans les années 20. Il contient la plupart des règlements résultant des luttes des travailleurs au fil du temps. Il s’applique aux 16 millions d’employés du secteur privé, aussi bien qu’à plusieurs millions de travailleurs employés dans le secteur public, payés par des sociétés privées. Des lois et réglementations différentes sont appliquées au secteur public.

Plusieurs députés avaient relevé que le nouveau Code du Travail redéfinit complètement les relations entre travailleurs et employeurs. Le précédent code était basé sur le statut de dépendance, lequel protégeait la partie la plus faible contre l’exploitation et obligeait les employeurs à prendre leurs responsabilités quant à la santé de leur force de travail. Maintenant, comme s’en sont alarmés des députés, cette obligation de l’employeur est sapée par le nouveau code.

Alain Vidalies, un expert économique du Parti socialiste français, a dit que le but du nouveau code était d’"adapter la structure et la philosophie du nouveau code à la politique de l’UMP. Bien qu’il n’ait pas laissé interféré avec les lois existantes, il a permis d’importantes dispositions être sapées et à remis en question l’unité de la législation du travail en dégradant et affaiblissant les garanties sociales.

Interviewé par la CGT, Bernard Teyssié, directeur de recherche au centre d’étude des droits sociaux à l’université d’Assas, a déclaré : Le résultat de ce remaniement a été d’introduire de nouveaux passages en fragmentant certains paragraphes, d’autres paragraphes ont été décalés dans les textes (ce qui implique d’autres significations) et quelques paragraphes ont été redéfinis en terme de contenu.

Le délégué du Parti communiste Roland Muzeau s’est également inquiété de la signification des changements en question dans le Code du travail lors d’un débat à l’Assemblée Nationale, le 4 décembre 2007. Dans le même débat, le législateur et député socialiste Marc Dolez expliquait : "Cela nie le caractère inégal de la relation entre l’employeur et l’employé et les place au même niveau, alors que le Code du travail régule les relations employeur-employés, lesquelles sont intrinsèquement inégales et nécessitent que la partie la plus faible soit protégée".

Selon l’expert du travail Gérard Filoche (PS), un de ceux qui se sont publiquement opposés au projet du gouvernement, le nouveau Code du travail signifie que les travailleurs sont pleinement responsables et que la dépendance engendrée par leur statut n’est plus prise en considération. Dans cette logique, le travailleur est théoriquement rendu légalement responsable de tout ce qu’il fait et qu’il se retrouve opposé à son employeur en tant qu’individu, totalement isolé de son statut.

Le nouveau Code du travail envisage le transfert de certains métiers vers d’autres codes, ce qui pourrait conduire à la fin des vacances statutaires. En outre, plus de 500 paragraphes ont été déplacés de la partie législative du code vers la partie réglementaire, leur faisant perdre leur caractère législatif. Cela permet au gouvernement de modifier ces sections sans débat public, sans avoir besoin d’un décret parlementaire.

Un autre aspect important du nouveau code concerne les conseils des prud’hommes. Ce sont des tribunaux civils, composés par moitié d’ouvriers et de dirigeants qui ont à gérer les conflits du secteur privé. L’existence même de tels tribunaux est en danger, car un simple décret pourrait leur retirer beaucoup de leurs compétences. Cela augmente les possibilités pour les employeurs de passer outre ces tribunaux et de saisir directement les tribunaux régionaux, lesquels ont tendance à plus facilement trancher en faveur des employeurs.

Dans le dos du public

Le lobby patronal français du Medef a le Code du travail dans le collimateur depuis quelque temps.  Bien que tous les anciens gouvernements, y compris ceux prétendument de gauche, aient cherché à mettre à jour le Code de travail, la première tentative systématique a été faite par le Président gaulliste Jacques Chirac et son premier ministre, Jean Pierre Raffarin, en 2002. Depuis lors, chaque gouvernement a poursuivi ce projet.

En 2003, François Fillon, ministre du Travail à l’époque, et le premier ministre d’alors ont nommé une commission juridique pour préparer un rapport sur la "modernisation" de la loi du travail en coopération avec des associations patronales et les syndicats. Ce projet a été assigné à Michel de Virville, qui a fait une première proposition en 2004.

De Virville n’est pas vraiment ce que l’on pourrait appeler une autorité indépendante sur ces questions. Il a occupé des postes gouvernementaux importants dans les années 80, et en 1993, il a rejoint la direction du groupe Renault, dont il est à présent secrétaire général. Il a aussi été président de la commission des relations sociales pour le Medef et était l’un des principaux membres de l’association industrielle UIMM, qui a été frappée par un scandale de corruption. En Janvier 2008, il a été nommé à la tête de l’UNEDIC (assurance chômage), mais le premier mars, il a dû démissionner de tous ces postes à cause de l’affaire de corruption de l’UIMM.

Basé sur le rapport par de Virvilles, la réforme du code de travail a été rapidement entreprise – en partie par le gouvernement de Dominique de Villepin par l’intermédiaire de décrets sur des réglementations. De tels décrets gouvernementaux doivent être validés par le Parlement mais, à la différence des lois, n’exigent pas de débat.

Le nouveau code aurait dû entrer en vigueur en juin 2006, mais son introduction a été différé à cause de la mobilisation contre le contrat première embauche (CPE). Le 21 janvier 2008, l’Assemblée nationale a ratifié la partie législative du nouveau Code de travail. Depuis lors, le ministre du Travail Xavier Bertrand a également établi les décrets d’application, ce qui signifie que le nouveau code est entré entièrement en vigueur le premier mai.

Les médias ont largement failli à commenter la version révisée du Code du Travail, bien qu’elle affecte également le statut d’environ 30.000 journalistes. Les organismes officiels de gauches en France se sont également abstenus de prendre part au débat, bien que des préparatifs importants pour la mise en place du nouveau code aient été faits juste quelques semaines avant l’élection présidentielle de l’année dernière.

Les états-majors des syndicats de travailleurs ont secrètement et consciemment soutenu les modifications du Code du travail, bien que ces derniers temps aient été les témoins d’une série d’importants conflits dans le monde du travail.

Selon Herve Lanouzière, un membre de la commission de réforme du Ministère du Travail, le site internet de la revue fiduciaire rapporte que les syndicats étaient fortement impliqués dans le processus d’élaboration du code révisé. Toutes les principales fédérations syndicales étaient concernées par la commission de réforme, chacune y ayant envoyé deux membres.

La Revue fiduciaire rapporte : “16 réunions ont eu lieu. Les deux parties (employeurs et syndicats de travailleurs) avaient un plein accès à l’ensemble des travaux.  Il y a eu des échanges intenses de courrier, et selon Lanouzière, plus de 80% de leurs objections ont été prises en compte.”


Je viens de trouver la traduction d’Alterinfo : je trouve que je m’en tire honorablement…

41 Commentaires

  1. Eh oui. Et cette "modernisation" du code du travail, on ne peut pas dire qu’on ne l’a pas vue venir, qu’elle n’a pas été prévue (et dénoncée en sourdine et en la totale absence de relais médiatique) depuis bien longtemps.

    Et que s’est-il passé ? Rien. 90% des "français moyens" ne savent même absolument pas que quoi que ce soit s’est produit qui aurait valu la peine qu’on s’y intéresse, puisque les journaux télévisés qui font l’information n’ont pas jugé que c’était une information digne d’en être une…

    Quelle aurait été la seule attitude envisageable du monde syndical en une telle circonstance ? Un appel national unitaire à une grève générale illimitée dans tout le pays jusqu’au retrait pur et simple du projet.

    Qu’a-t-on entendu ? …On tend encore l’oreille… Non, rien. Rien de rien.

    Réponse
  2. Il semblerait que l’affaire de l’UIMM ait définitivement muselé les syndicats… s’il n’y a plus de grèves, quelle est la prochaine étape ?

    Réponse
  3. Il paraît que les idéologies sont mortes. Il ne reste plus que des gens raisonnables. Les grévistes sont des rétrogrades qui s’attachent à des privilèges dépassés. Les politiques qui causent "lutte des classes" sont des ringards, car tout le monde sait bien que tout le monde est actionnaire désormais…

    Le CNE a été promulgué le 4 août.

    Le nouveau droit du travail le 1er mai.

    Et il faudrait n’y voir que des hasards du calendrier ?

    Ces gens, là, au pouvoir, sont pleinement conscient de ce qu’ils font. Ils sont totalement concentrés sur la lutte des classes. Leur classe contre les autres. Les autres qu’on manipule comme un troupeau de moutons… en leur faisant croire que la lutte des classes, ça n’existe pas…

    Ils doivent bien se marrer dans les salons des ministères…

    Réponse
  4. Ils se marrent parce qu’ils ne comprennent pas ce qu’ils sont en train de réaliser : une désafection de la population de la chose publique ( ce qui fait que nous étions un pays avant d’être un ensemble de personnes habitant le même territoire géographique.)

    Maintenant je me moque complètement de la ‘france’, je connais ma famille, mes amis, le reste … qu’ils crèvent. Plus de fric dans les quêtes, croix rouge, aveugles, secours populaires, recherche, cancer, sida etc… : que ceux qui dirigent le navire gèrent l’intendance. je ne vais pas sur mes centimes, sur mon temps, sur mon énergie, permettre de faire se maintenir un status quo pourri.

    Un petite satisfaction dernièrement, j’ai du aller chez le médecin, arrivè à la pharmacie : un médoc plus remboursé . J’ai dit que je le prenais pas ; "si c’est pas remboursé, c’est que sa soigne pas, j’en veux pas." : tu aurais vu la gueule du pharmacien qui a vu son fric s’envoler. Il a bien essayé de m’expliquer que non.. confort .. tout ca ..et moi " Je ne cherche pas de confort, juste être soigné, je le prends pas."

    Si tout le monde faisait cela, les labos pharmaceutiques et les pharmaciens feraient plus pression pour ralentir le dérembousement.

    Réponse
  5. En fait le C.N.E a été remplacé par ce "nouveau" code du travail, les surprises restent à venir : 2 mois d’essai renouvelable 1 fois, pour le salarié non cadre, c’est à dire 4 mois etc etc : ça va valser dans les boîtes, licenciement à l’amiable etc, c’est le moment de se coller des crédits sur les reins pour une bagnole ou une baraque… Salariés taillables et corvéables à merci : bienvenue au 19 ème siècle.

    Réponse
  6. @ swami
    il y a bien longtemps que "Grève générale" sans parler "d’illimitée" sont devenus des gros mots pour les syndicats collabos (CGT, CFDT, etc…)

    Réponse
  7. simple petite remarque annexe…
    Agnès, dans ta phrase "Avez-vous entendu ce silence? Celui qui a étouffé le fracas dans lequel notre Code du Travail s’est fait démantelé le 1er mai dernier.", ne serait-ce pas plutôt : démanteler 😉 ?…

    Réponse
  8. A propos des grèves:
    La CGT aurait elle perdu son savoir faire et ne saurait plus déposer un préavis de grève?

    Extrait du Figaro 05/05/08:

    Contretemps pour la CGT. Depuis trois semaines, le syndicat opposé à la réforme en cours des sept ports autonomes français, pratique des grèves perlées très désorganisatrices. Mais, vendredi en fin de journée, le tribunal de grande instance de Marseille saisi par la direction du Port autonome de Marseille (PAM) a déclaré illégal le mouvement. Le syndicat a été condamné à une amende de 10 000 euros pour le préjudice occasionné et il a été menacé d’astreinte de 15 000 euros par heure de retard en cas de poursuite de la grève. Il a donc immédiatement retiré les préavis déposés pour la période allant du 2 au 10 mai. C’est «un problème de cohérence entre les préavis et les modalités d’action», a minimisé Pascal Galeoté, secrétaire général de la CGT du PAM, qui a annoncé qu’il allait «redéposer des préavis en veillant à ce qu’ils soient conformes à la réglementation». C’est la première fois, selon le leader syndical, que la direction du PAM en appelle à la justice pour régler un différend. «Nous avons toujours procédé de la même façon depuis des années», a-t-il précisé, en voyant derrière l’action des dirigeants du port, «la volonté gouvernementale de casser les actions».

    Source:
    http://www.lefigaro.fr/economie/200

    Réponse
  9. À noter dans l’Huma-Dimanche de cette semaine un article qui explique les conséquences de cette recodification.

    Dans l’Humanité quotidienne à propos des conseils de prudhomme le 10/04/08 : http://www.humanite.fr/2008-04-10_T

    Sur le site du PCF :
    3/07/2007 http://www.pcf.fr/spip.php?article1
    4/12/2007 http://www.pcf.fr/spip.php?article2

    Et il y en sans doute beaucoup d’autres. En tous cas, en tant qu’adhérent CGT et PCF, j’ai été informé et largement sur cette question. Ben oui, l’Huma et l’Huma-Dimanche si on veut se tenir informé de l’actualité sociale, c’est incontournable.

    Trop facile de suivre les problèmes de très loin, puis de se réveiller après coup en criant à la trahison !

    Réponse
  10. Ah ça ira ça ira ça ira
    Les nouveaux aristocrates à la lanterne…

    Réponse
  11. Avec ces gens-là, le pire est toujours sûr… Pour ceux que le sujet intéresse, ci-joint un excellent article paru il y a un an dans Le Plan B (mai 2007). Il n’y a pas grand-chose à y changer, hélas…

    LE CODE DU TRAVAIL A DEJA PERDU L’ELECTION

    Camouflé par le grand barnum électoral, le gouvernement Villepin a fait passer en douce une ordonnance pour tailler en pièces le Code du travail. Un dernier coup de pouce à la France du « changement ».

    Ni vu ni connu. Profitant de la diversion créée par la campagne électorale, le gouvernement Villepin a promulgué une « recodification » du Code du travail. Tirée le 7 mars, cette dernière salve réjouit le Medef, qui la réclamait depuis cinq ans, mais aussi Nicolas Sarkozy, qui a promis à maintes reprises de désosser les protections légales conquises par les salariés. Ce n’est pas si souvent qu’un candidat applique son programme avant même d’être élu. Hélas ! Accaparés par le sondage du jour, les médias ont négligé de saluer cette performance. Pas un mot dans les journaux télévisés ni dans la presse quotidienne – à l’exception d’un articulet du Monde, qui relaie la version courtoise d’un pouvoir légitimement soucieux de « réécrire » le Code du travail « en français de tous les jours » (7.3.07).

    Il est vrai que Gérard Larcher, le bourbonien ministre délégué à l’Emploi, a revêtu sa tronçonneuse d’une perruque Louis XVIII. L’ordonnance du 7 mars ne s’attaque qu’à la partie législative du Code, laissant au prochain gouvernement le soin d’en charcuter la partie réglementaire. Une fois retaillé des pieds à la tête, le nouveau Code devra encore être ratifié par le Parlement avant d’entrer en vigueur. La démolition du droit du travail est un chantier ardu qui exige persévérance et doigté. Inutile cette fois de lâcher le mot anxiogène de « réforme » : on parlera de « remise à plat progressive », d’une « démarche concertée » pour simplifier un droit du travail « devenu trop complexe ».

    Écartelage et toilettage
    Reste que le « français de tous les jours » se parle avec un fort accent de Neuilly. Dans le chapitre sur l’emploi, par exemple, le Code Larcher ne propose plus de « prévenir les mutations économiques » mais de « les anticiper et de les accompagner ». Plus loin, un nouveau chapitre intitulé « dispositions communes à tous les contrats » préfigure le contrat unique cher à Laurence Parisot, la madone du Medef, pour qui « la liberté s’arrête là où commence le Code du travail ». Autre subtilité sémantique : des principes énoncés naguère à l’impératif se déclinent désormais au présent de l’indicatif. Ainsi, la formule « l’employeur doit consulter » devient « l’employeur consulte ». La notion d’obligation, trop « complexe », a sauté au passage.
    La chafouinerie patronale se reconnaît aussi à la réorganisation des passages sensibles. Le licenciement collectif a été transféré dans le chapitre sur les relations individuelles, ce qui rabaisse la garantie collective au rang d’un contrat de gré à gré. Plus sournoisement, le gouvernement fait basculer certaines dispositions du registre législatif dans le domaine réglementaire. Résultat : les seuils à partir desquels toute entreprise doit désigner un délégué du personnel (ou un comité d’entreprise) ne seraient plus garantis par la loi. Chaque gouvernement pourrait relever ces seuils à sa convenance, du jour au lendemain et sans vote parlementaire.
    Par ailleurs, la durée du travail a disparu du chapitre sur les conditions de travail pour être rattachée à celui des salaires, manière d’exaucer une vieille exigence du Medef, qui ne veut considérer les questions de repos et de congés que sous l’angle du coût financier. L’inspection du travail, elle, est désormais noyée dans un vaste chapitre sur « l’administration du travail »… On n’en finirait plus d’énumérer les « simplifications » de ce genre. Par petites touches techniques d’allure inoffensive, le Code Larcher déroule le tapis rouge aux bétonnières du patronat. Un legs de Chirac aux salariés, en témoignage de son amour.
    « Cette réécriture est une machine à modifier l’interprétation des juges », dénonce au Plan B le juriste Philippe Masson, chargé du dossier à la CGT. Les confédérations syndicales l’ont d’autant plus amère qu’elles ont d’abord joué le jeu du « dialogue social », avant de voir leurs suggestions balayées par les promoteurs du plan de casse. Ces derniers n’avaient qu’un souci : combler les désirs les plus fous de la branche politique du Medef, avant que le gouvernement Villepin n’exhale son dernier soupir.

    La gestation de l’ordonnance remonte à novembre 2003, lorsque François Fillon – alors ministre des Affaires sociales – nomme une commission de neuf vandales chargés de « toiletter (1) » le Code du travail. Face à un Parti de la presse et de l’argent (PPA) séduit par son appartenance à la mystérieuse « sensibilité sociale » de l’UMP, Fillon tient un langage de vérité : « Je souhaite que, sur l’organisation du travail et sur les heures supplémentaires (contingent et rémunération), les entreprises retrouvent une plus grande liberté » (Les Echos, 20.11.03). Pour garantir la fiabilité des travaux, Fillon confie la présidence de la commission à Michel de Virville, secrétaire général et directeur des ressources humaines du groupe Renault. L’homme qui, en 1997, par conférence de presse, avait appris leur licenciement aux trois mille ouvriers de Vilvorde.

    Un cavalier pour le Medef
    Les conclusions de la commission Virville ravissent le gouvernement. Mais un calendrier chargé repousse à plus tard leur mise en application. Jusqu’au 9 décembre 2004, quand la loi dite « de simplification du droit » lâche Gérard Larcher sur la bête. On notifie un délai au molosse : il devra soumettre sa copie au Parlement avant fin juin 2006, faute de quoi le Palais Bourbon lui remettra sa muselière. Larcher traîne la patte. Lorsqu’il boucle enfin sa « traduction » du Code, le CPE jette des millions de manifestants dans les rues. Échaudé, Villepin préfère ranger la copie dans ses braies. Tant pis pour la date butoir, on trouvera autre chose quand les circonstances seront plus clémentes.
    Elles le seront dès la rentrée suivante : les 11 octobre et 30 décembre 2006, l’Assemblée nationale autorise Larcher à se remettre à l’ouvrage. Pour lui accorder cette seconde chance, Villepin recourt à une astuce appelée « cavalier parlementaire ». La méthode consiste à court-circuiter les députés en enfouissant un texte venimeux dans un fourre-tout plus anodin. Dans le cas de Larcher, la réécriture intégrale des trois mille articles du Code du travail est entérinée par un simple amendement à la loi sur… la participation et l’actionnariat des salariés. Francine Blanche, secrétaire confédérale à la CGT, le souligne : « Depuis 2002, nous devons surveiller à la loupe chaque article de chaque projet de loi pour vérifier qu’il ne contient pas de cavalier parlementaire sur le droit du travail. » Cette fois, le coup fourré n’échappe pas aux députés PS Charzat, Vidalies et Le Garrec, qui font valoir à l’hémicycle que le projet du ministre « n’a pour seul objectif que de réduire la portée du droit du travail ». À quoi Larcher répond que « cette réécriture se fera à droit constant », comme la loi l’y oblige. « Malheureusement ! » déplore en écho le député UMP Xavier de Roux.

    Les cadences de la machine à découdre le droit du travail dépendront de la prochaine majorité. Il n’y a que l’embarras du choix : en cas d’échec de son champion Sarkozy, le Medef pourrait assouvir son « désir d’air » auprès de François Bayrou, partisan du contrat unique et d’une renégociation de la durée de travail branche par branche. À moins qu’il ne s’exauce chez Ségolène Royal, qui a fait entendre sur le sujet des positions prometteuses. « Le contrat se substituera à la loi », déclarait la candidate socialiste le 17 octobre dernier. Le DRH de Vilvorde n’aurait pas dit mieux.

    Notes :
    (1) Expression forgée en juin 2005 par Patrick Ollier, alors président de la Commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale. Selon Le Petit Robert, le toilettage est l’action qui consiste à « faire la toilette d’un animal de compagnie ».

    Réponse
  12. C’est ce qui me déçoit, chez toi, Monolecte.
    Ce refus obstiné de la modernité.
    (Un peu comme si tu n’avais pas lu le bouquin de Manuel Valls.)

    Réponse
  13. @ Jean : oui, les militants, comme toi, comme moi, comme bien d’autres, ont été informés de cette casse du Droit du travail.

    Mais n’as-tu pas l’impression que nous crions dans le vide, souvent ? L’Huma… Politis… Le Diplo… Le Plan B… Le Sarkophage… CQFD… les excellents blogs comme celui-ci… des réunions d’Attac… nous ont "largement informés sur cette question", comme tu dis.
    Et alors ?
    Qu’en est-il résulté ?
    Et même si chacun de nous a diffusé à son tour cette large information autour de lui ?
    Du moment que ceux qui sont censés défendre nos intérêts ne le font pas, ne bougent pas, quelle chance d’être réellement entendus avons-nous ?
    Et c’est pas faute de distribuer des tracts, de manifester, de pétitionner, de saoûler famille, amis, connaissances avec tout ça.
    Comme dit Swâmi, ce qui aurait eu vraiment une chance d’être entendu, c’était l’appel à la grève générale illimitée. Et jusqu’à nouvelle organisation sociale, ce sont les syndicats qui lancent un tel mot d’ordre.
    Enfin, moi, je veux bien essayer, hein ! Mais je suis pas sûre d’être très crédible (hélas), sans relais, sans moyen de diffusion massive.

    A nous de construire le réseau qui remplacera les vieilles centrales trop assagies.

    Réponse
  14. Ce qui me rend triste c’est que cela se terminera dans un bain de sang dans 10 ou 15 ans : je serais un peu vieux pour manier la machette avec assez de force et mes enfants seront probablement aux premières loges.

    Réponse
  15. moi aussi j’en ai entendu parler de cette réforme, j’ai lu les mises en garde et puis quoi?même si les syndicats avaient appelé à la grève illimitée sur ce sujet et bien d’autres…combien aurions nous été à fouler le pavé?les syndicats sont devenus sages? mais la base n’est elle pas abasourdie et incapable de réagir à tant de coups de massue?
    à la télé et radios, on nous rabache mai 68 pendant ce joli mois de mai…comme si célébrer ces évènements, ces manifestations allait encore plus nous enfoncer dans une nostalgie de la lutte et par là-même nous couper toute envie de combat!
    une manipulation de plus!

    Réponse
  16. @ko :
    Les moyens existent, il faut juste être assez nombreux à les appliquer dans les boites, assos de chômeurs, etc…

    À mon avis cela passe par une désertion des centrales qui bouffent au râtelier du patronat et de sa valetaille gouvernementale. Cela fait il faudra s’organiser de façon autonome en assemblée générale souveraine, mandatement impératif, délégués révocables à tout moment s’ils ne respectent pas les mandats.

    Ce n’est qu’une question de gniak, de volonté, de notre part à tous… La seule évidence, aujourd’hui, c’est que les modes de « luttes » des syndicats collabos sont à mettre à la poubelle !

    En fait quand je dis aujourd’hui, ça dure depuis pas mal de temps déjà, en mai 68 par exemple, la CGT à brisé le mouvement de grève aux usines Renault, en faisant voter les non-grévistes, et obtenir ainsi la reprise du travail lorsqu’elle a senti que le mouvement lui échappait.

    Réponse
  17. @ Jean Ploi

    Votre parti est sous contrôle total – électoralement et financièrement – des socio-collabos. Vous êtes inégalables dans l’art de brader les luttes contre un plat de lentilles, comme on l’a vu, entre tant d’autres occasions, en 68. Et ne me parlez surtout pas des accords de Grenelle, cette honteuse capitulation en rase campagne pour deux-trois rogatons. Alors, contentez-vous de palper le fric de Gautier-Sauvagnac et collez-vous vos leçons de morale où je pense. "Il faut savoir arrêter une grève"… n’est-ce pas, avant que ça ne fasse trop mal à nos potes du patronat… et surtout que ça ne nuise à notre juteux fonds de commerce…
    Les "communistes" se sont pointés, lors de la dernière présidentielle, dans les collectifs antilibéraux, au dernier moment, pour empêcher à tout prix l’émergence d’une candidature de gauche – authentiquement de gauche. Une fois encore, une fois de plus, vous avez bien mérité de la bourgeoisie. L’espoir renaîtra lorsque l’on sera enfin débarrassés de vous. Quand on porte la responsabilité historique du stalinisme, on la ferme. Définitivement.

    Réponse
  18. Pour le nouveau code du travail, on n’en parle guère que sur internet.
    Son toilettage s’était fait dans l’indifférence ou la dissimulation, sa naissance a lieu de la même façon.
    Le problême, c’est qu’on va rapidement en voir les effets, couplés avec la "splendide" loi anti chômeurs (et pas anti chômage, aucun rapport).

    Pour en revenir à ton commentaire sur mon blog, non, on n’a pas eu le pv de l’audition de la bloggeuse entendue par les gendarmes. Je suivrai l’affaire si elle communique dessus

    Réponse
  19. Je suis les mains dans le cambouis du droit du travail, en procès avec un employeur, j’en ai parlé dans ce blog, ça n’intéresse manifestement personne, du non lyrique en somme. En contact avec un juge des prudhommes syndicaliste, plutôt du côté de la veuve et de l’orphelin que de celui du patron du medef, son point de vue sur la réforme n’est pas aussi pessimiste. Les articles de loi ont été plutôt divisés pour une meilleure lecture par le justiciable. De mon côté, n’ayant pourtant pas voté pour le gouvernement en place, je n’en conclu pas pour autant un complot si épouvantable que ce qu’on peut lire ici. Ceci dit je n’ai pas un doctorat en droit du travail, ni le syndicaliste que j’évoque, je n’ai pas une boule de cristal non plus me permettant de crier au génocide à chaque évènement ou ânerie du gouvernement qui patauge presque aussi lamentablement que les autres . Mais je ne suis pas sûr que cette modification de l’ordonnancement des textes change tant que ça les pratiques des juges liées à bien d’autres choses. On ne modifie pas si facilement ce qui existe et se pratique depuis des décennies, problème cognitif et social, us et coutumes de l’habitus et de l’intuitu personae.

    Réponse
  20. @ auxi et emile pouget
    Ouais, vous n’avez rien contre la droite!!!. Parce que si les syndicats et le PC se font laminer en ce moment et du coup tous les français avec c’est parce qu’ il y a trop de monde qui leur chie dans les bottes au moment de passer à l’action ou d e voter. Beaucoup gueulent de loin mais quand il s’agit d’affronter le patron tout en étant réaliste, souvent on est pas nombreux.
    Pour le code du travail ce n’est pas trés grave. Ceci est la conséquence de la judiciarisation des rapports humains qui se font au détriment de la masse. Réhabilitons le bon coup de poing dans la gueule en guise de réponse à une injustice patronale 🙂

    Réponse
  21. jean christophe

    Ouais, le poing dans la gueule du patron ou du chefaillon à sa botte, très joli, j’ai eu des pulsions de le faire, même pire, genre un coup de talon dans la machoire, du précis et sanglant, moins de risques de se fracturer un os et plus de puissance, pas de problème j’aurai fait ça très efficacement assorti de quelques démontages d’articulations, ils ont frôlé ce genre de happening sans probablement s’en rendre compte. Mais ça c’est du blabla de rouleur de mécaniques, on le fait pas, même si physiquement ça serait facile, on sait que ça nous foutrait en tole direct et presque sans procès, pas envie d’être une victime vaguement héroique ni de créer des handicaps moteurs chez mes ennemis.

    Donc c’est par le droit et la procédure qu’on fait son coup de poing, c’est moins filmogénique, mais ça fait plus mal en définitive, seulement il faut cogiter et être patient comme un pêcheur à la ligne.

    Réponse
  22. Euh… au risque de paraître inepte, en quoi le code du travail est-il démantelé?
    Si, comme le dit l’article "Toutes les principales fédérations syndicales étaient concernées par la commission de réforme, chacune y ayant envoyé deux membres", croyez-vous sincèrement que les syndicats n’aient pas eu leur mot à dire si le code du travail avait été mis à bas ?
    Je concois que l’esprit de la recodification du code du travail ait été orienté (replacer les dispositions sur le temps de travail dans la partie rémunération au lieu de celle sur la santé du salarié par exemple), mais c’est l’article en lui-même qui protège le travailleur, pas le titre du chapitre dans lequel il se trouve, non? C’est comme si je disais que la couleur du mur influe sur sa capacité à me protéger du vent… Il me semble plutôt que c’est le mur en lui-même qui me protège. Et puis les jurisprudences ne vont pas changer pour autant me semble-t-il…
    En passant, bravo pour votre blog, gardez votre style incisif et acide :), c’est du régal.

    Réponse
  23. @jean-christophe :

    Pour les syndicats, j’ai déjà donné mon point de vue par contre pour les partis…
    Tu parles du PCF qui se fait laminer mais pour quelles raisons ? Simplement parce que se sont des fossoyeurs de la lutte de classe (mai 68, de nouveau, est très instructif sur l’attitude adoptée par ce parti) !

    L’histoire nous montre, si on veux bien le voir, que les partis et la mascarade électorale non jamais rien changés et ne changerons jamais rien ! Le PC n’est plus rien, tant mieux, ils n’ont qu’à s’en prendre à eux mêmes. Trahir ceux que l’on se targue de défendre ce paye un jour ou l’autre. Le problème c’est qu’en plus ils ont brisés toutes velléités de combat chez la majeur partie des salariés et cela aussi ils le payent aujourd’hui par la défiance, a leur encontre, de ceux qui luttent encore…

    « Ceux qui ne peuvent se souvenir du passé sont condamnés à le répéter. (Vie de Raison)
    GEORGE SANTAYANA »

    Réponse
  24. Oui, grande trahison. De toutes parts. Ce gouvernement a beau jeu de faire le matamore (promulguer le nouveau code du travail un 1° mai montre le cynisme , l’esprit revenchard et la haine qu’ils éprouvent pour les travailleurs), tout est bel et bien verrouillé par les pouvoirs politiques, syndicaux et financiers.
    Et si la CGT ne signe pas certains accords ou "claque la porte" ostensiblement, elle joue le rôle qui lui est assigné: laisser au "petit peuple" l’impression qu’il est défendu. Ne pas désespérer Billancourt, surtout.
    Mais n’étant pas majoritaire dans le club bien feutré et bien fermé des partenaires sociaux, elle sait très bien que les accords se feront malgré ses gesticulations et ses effets de manche.
    Sans remonter à mai 68, combien de grèves dures se sont soldées ces dernières années par une victoire? Zéro. (et ce ne sont pas les caissières de C. de Marseille qui diront le contraire!).
    Et les concessions qui ont été faites (s’il en est), reviennent en catimini par la petite porte.
    Voir le nouveau code du travail. Et ce qui va suivre.
    P***in, encore quatre ans et aucune lueur d’espoir.

    Réponse
  25. La cgt trahit depuis 1968,et tous les autres officines syndicales,sauf sud (pour l’instant)la place est trés bonne pour ces bureaucrates syndicaux,qui bénéficient d’avantages honteux dans beaucoup de boites:mutuelles,comités d’entreprises,formation professionnelles,sont des niches confortables.
    J’ai 68 ans,et quand je travaillais j’ai surpris le délégué syndical me dénonçant à la direction comme gauchiste.
    Ces maffias syndicales ont toujours stoppé les luttes,méme en 1968,aucun ordre de gréve générale n’a été lancé,et quand les travailleurs écoeurés se sont mis en gréve la cgt a tout fait pour éviter la jonction étudiants travailleurs,et les négociations bidon de Grenelle ont sonné la fin de cet immense mouvement.
    Aujourd’hui la cgt n’a pas changé,son pouvoir de nuisance subventionné au nom de la fludification des rapports sociaux,est encore important malgrés la fuite de ses militants ,l’infrastructure résiste !
    Quand je vois leur attitude envers les sans papiers dont la cgt aprés avoir impulser la gréve,non seulement n’a pas appelé à son extension,mais à accepté le cas par cas,dealant avec hortefeux le dépot d’un minimum de dossiers(de nouveaux adhérents )
    on comprend la rage de tous les autres dont ceux occupant la bourse du travail ,et qui s’attendent à etre expulsés par le service d’ordre de la cgt
    Respect et solidarité pour leur lutte si courageuse !
    Licencions ces traitres,et autogérons nos luttes !!

    Réponse
  26. J"""’ai 68 ans,et quand je travaillais j’ai surpris le délégué syndical me dénonçant à la direction comme gauchiste."""

    Ha ces salauds de pauvres ,idiots utiles de Lenine ……

    Ca me fait penser a l’aventure de ce pauvre vigile qui croyait en la loi ,la democratie ,a la republique ……..et qui porta plainte pour racisme a l’encontre d’un nervi du ministre rouquin ….

    Les temoins etaient nombreux ,pensez a une caisse de supermarché ….

    Ben la c’est comme au proces des freres Hornec , plus personne se souvient …..tous retractes les temoins .

    C’est que la memoire des salaries ……depend avant tout du bulletin de salaire .

    Réponse
  27. En fait vos histoires de trahison c’est bien confortable : on est dans la merde, mais c’est la faute des autres (au choix, socialistes, communistes, cégétistes).

    Donc c’est foutu d’avance, chacun reste chez soi mais on est des purs. Comment appeler ça ? Tiens je propose cocooning idéologique…

    Finalement pas si éloigné du néolibéralisme.

    Tiens, au passage un lien sur le site de la CGT (26/04) : http://www.cgt.fr/internet/html/lir

    Réponse
  28. Toujours les mêmes poncifs !
    Si on ne suit pas la voie des réformards que vous êtes… ont fait le jeu de …
    Sauf, encore une fois, si la lutte sociale est dans l’état où elle est aujourd’hui c’est en grande partie à cause des coups de poignards dans le dos assénés par les vendus que tu cites. Vous êtes certainement les moins bien placés pour verser vos larmes de crocodile sur l’apathie qui règne actuellement et à laquelle vous avez oeuvré depuis des décennies et encore moins pour donner des leçons sur la façon de lutter !

    Si la crème du prolétariat c’est tes potes du PC, de la CGT et autre PS caviard ont est pas sorti du caca.

    Finalement pas si éloigné des réactionnaires.

    Un des très rares syndicats de combat qui subsiste encore : http://www.cnt-f.org/article.php3?i

    Réponse
  29. NON, on ne reste pas chez soi devant son écran d’ordi à refaire le monde. Le monde on le voit tel qu’il est. On se bouge, justement, et on voit ce qui se passe!
    Quand, d’une grève à l’autre, on voit que la base se met en grève illimitée et qu’au bout d’une, deux, trois semaines, voire plus, on voit débarquer les pontes de Paris pour dire "faut plier, on a perdu!". EX les dockers et les caissières à Marseille, les retraites, et plein d’autres grèves qui ont mené les grévistes droit dans le mur, et les ont laissés exsangues avec des journées de grève à rembourser jusqu’à la fin de leur vie.
    Moi, ça me fout vraiment les boules. Parce que les militants, la BASE (et loin de moi l’idée de les critiquer, bien au contraire!), qui y croit se fait rouler dans la farine et piquer son pognon, juste pour le prestige des centrales syndicales. Qui sont là pour remettre le couvercle sur la marmite qui bout.
    J’en ai assez vu et assez fait pour avoir constaté cela.
    Sous Jospin, aloss qu’on faisait grève, un responsable syndical m’a dit "Tu comprends, ça risque de renverser Jospin et alors, c’est la droite qui revient!". Et voilà! La menace. Le discours qu’on nous tient, c’est ça: si le gouv est de gauche, on ne bouge pas pour ne pas les discéditer et si c’est la droite: on arrête tout parce que la "gauche" n’est pas prête"!
    Et au final, on va voter pour une truffe parce que, sinon, c’est pire. C’est ça le choix de vie?
    Jusqu’où va-t-on nous faire accepter des couleuvres et nous culpabiliser?
    Alors, oui, on est dans la m., mais ce n’est pas nous qui l’alimentons!
    Et OUI, on est trahis par une "gauche" molle qui ne sait pas du tout ce que c’est que la galère. Et celle-ci, elle est en train de se répandre à vitesse grand V dans la population alors que les grands patrons n’ont jamais été si bien payés en France.
    Et on peut faire les manifs qu’on veut, ça n’y changera rien, parce qu’il n’y a aucune volonté d’opposition à la politique libérale. Et que tout est convenu au départ. Dans les hautes sphères.
    Alors, nous dire qu’"on fait le jeu de", c’est un peut fort de café équitable: QUI fait le jeu de ces gens qui se gardent une place (voire plusieurs) bien au chaud, qui ont une rente à vie, qui se répartissent les hochets et autres sinécures?
    Et qui est le dindon de la farce dans cette histoire?
    Et c’est vers nous qu’on se tourne? Allez, ah!

    Réponse
  30. "Maintenant, comme s’en sont alarmés des députés, cette obligation de l’employeur (note : prendre soin de la santé de leur force de travail) est sapée par le nouveau code."

    Ah bon ?

    Article L4121-1(nouvelle codification) :
    "L’employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs."

    Je ne comprend toujours pas pourquoi les arguments des détracteurs de cette "réforme", auxquels j’abonde globalement par ailleurs, comportent d’aussi grossières contre-vérités. Il y a de véritables manipulations a dénoncer (les "glissements" de textes de loi en décret, par exemple), on aurait pu faire l’économie d’assertions aussi peu fondées que celle-ci.

    Me semble-t-il.

    Réponse
  31. Pourquoi parles-tu de trahison ? C’est l’UMP et le Medef qui gouvernent et légifèrent…

    Remarque, la grande trahison est peut-être du côté de nos révolutionnaires éclairés (et vierges de compromission avec le grand capital) qui n’ont pas réussi, hélas, à mobiliser le prolétariat contre cette énième réforme.

    Réponse
  32. Continuons à nous taper sur la gueule entre nous : pendant ce temps, l’équarrissage social bat son plein et les UMPistes sont trop à la fête pour seulement envisager compter les points.

    Ce qui est de plus en plus clair, c’est que les directions des grands syndicats de travailleurs ont probablement une très bonne idée de la destination d’au moins une partie du pognon de l’UIMM et que ce n’est sûrement pas par hasard que les derniers grands combats sociaux se sont soldés par des fiascos.

    Je crois aussi qu’il y a des syndicalistes (plutôt vers le bas des organigrammes internes) qui ont la foi chevillée au corps, tout comme il reste Mélenchon au Parti socialiste pour assurer la permanence de gauche, mais globalement, va falloir se sortir la tête d’entre la raie des fesses et vider les états-majors bien trop proches du pouvoir si on ne veut pas se retrouver dans un bouquin de Zola d’ici très peu de temps!

    Réponse
  33. @pas perdus :

    Vous êtes trop top les cul-mou de gôôôôche !
    Après avoir ruiné, par votre attitude lors des gros conflits, jusqu’à la moindre volonté de se battre parmi la plus grande partie du prolétariat, vous vous pointez, la gueule enfarinée, pour reprocher aux autres de ne pas être capable de mobiliser aujourd’hui. Si c’est pas de la dialectique ça…

    Réponse
  34. Bien sûr Agnès. Il suffit de constater avec quelle célérité l’affaire de la "fluidification du dialogue social" a été mise sous le tapis.

    S’il fallait une preuve que le medef, le gouvernement , les haut-perchés des syndicats et les médias sont objectivement alliés, objectivement complices …

    Chacun joue son rôle de composition devant l’opinion dans un film de pure fiction et les médias se chargent des sous-titres.

    Il faudrait que les militants syndicaux comprennent que leur direction ne fait plus que de la figuration à l’échelle nationale parce qu’elle rêve d’un brillant avenir européen où elle pourra se fondre et pantoufler.

    Réponse
  35. Mais il est tellement difficile pour un militant dit de base de secouer la machine suffisamment fort pour que les fruits, je dirai pas pourris (mais je le pense), disons, blets, tombent d’eux-mêmes (en les aidant un peu – beaucoup)…
    Quand on est militant, souvent, je dis pas toujours, on a acquis une ligne de conduite parfois inconsciente mais très forte qui tend à guider l’action et la réflexion vers la perpétuation de l’outil (la machine, l’orga). Qu’il faut perpétuer, qu’il faut entretenir, qu’il faut maintenir (et développer).
    Ce que j’appelle l’inertie de l’orga. 😉
    Et il y a plein d’autres facteurs qui jouent dans ce non-renouvellement des cadres : ils se sont plus ou moins appropriés le sentiment de légitimité et de compétence à l’être (cadre), ils maîtrisent l’appareil et ses modes de reproduction, ils détiennent le pouvoir et ses clés concrètes.

    Chaque fois que je discute avec des copains "de base" de la cégète et du Parti, ces derniers temps, je ressens ce sentiment d’impuissance face aux dérives de l’appareil. Mais aussi ce sentiment de loyauté qui reste plus fort que leurs déceptions, leurs incompréhensions, leurs colères parfois. Ou alors ils s’en vont, persuadés de ne pouvoir rien changer là-dedans, car tout est verrouillé. Et pour ceux qui voudraient faire changer et qui en auraient peut-être les capacités, c’est-à-dire certains dirigeants, ils ne veulent pas faire exploser la machine.
    Par fidélité à l’identité historiquement constituée, ou par opportunisme (nécessité de conserver la place, parce qu’incapacité totale à faire autre chose : comment voulez-vous qu’un type – c’est marrant, c’est souvent des hommes) qui a été permanent toute sa vie puisse se réintégrer dans ce qu’il est convenu d’appeler le monde du travail, par les temps qui courent ? La reconversion est impossible, et sans doute ne la souhaitent-ils pas.
    C’est pourquoi je ne crois plus à l’utilité de Mélenchon, qui joue finalement le rôle de conscience de gauche, d’alibi, pour la droite de gauche.

    Il faudrait que les militants syndicaux et politiques se souviennent que sans eux,sans la base, eux là-haut ne sont rien, ne peuvent rien, n’ont aucune légitimité. Dans la situation actuelle, rien ne sert de chercher le compromis avec ce gouvernement de guerre des classes ; il est parfaitement contre-productif, pour le plus grand nombre, de chercher à maintenir une paix sociale totalement factice. Le conflit en cours est occulté ; à nous d’en faire éclater la réalité aux yeux de tous, en l’imposant tellement fort que les mierdas seront bien obligés d’en parler et chacun d’arrêter de se voiler la face (parce qu’il y a beaucoup de déni aujourd’hui dans la résignation des dominés ; mais si l’on fait sauter ces verrous, la prise de conscience n’est pas bien loin, elle frémit…).
    Le temps n’est plus à la négociation : le rapport de forces nous est par trop défavorable. Il faut recréer les conditions d’un nouvel équilibre, ça passe par la phase de luttes pour reconquérir le terrain perdu et, sur notre lancée, aller plus loin !
    Pour ça il est impératif de dépasser les cadres, si possible de les entraîner avec nous, et sinon de les mettre sur le bord du chemin sans leur permettre de nous arrêter.

    Après, le terrain sera un peu plus dégagé et on pourra redécouvrir les vertus du mandat impératif, de la non-reconductibilité et du non-cumul, du tirage au sort pour des mandats précis… tous ces mécanismes qu’il faudra imposer et s’imposer.

    (C’était un peu long mais fallait que ça sorte 😉 )

    Réponse
  36. Pour mieux coller, si j’ose dire, à leur action, pour être plus en adéquation avec leurs plus profondes aspirations, si j’ose dire (bis), Le PS change de symbole !

    Explications de Ségolène Royal :
    Le préservatif représentera désormais la gauche à la place de la rose. Les socialistes estiment que le préservatif reflète le mieux l’image du PS. En effet, le préservatif tolère l’inflation, vide les bourses, ralentit la production, détruit la prochaine génération et protège les glands. Enfin, il vous donne un sentiment de sécurité alors que vous vous faites baiser!

    Réponse
  37. @ravachol :

    Tu m’honores en parlant de moi mais tu m’exécutes sans me connaître…

    Réponse
  38. @pas perdus :

    Je ne te connais pas en effet, comme toi-même tu ne me connais pas et comme c’est le cas de la majeur partie des intervenants de ce blog ne se connaissent pas.
    De ce fait on ne peut se faire une idée qu’au travers des écrits de chacun et les tiens ressemblent au discours trop souvent entendu qu’il y aurait des compromis nécessaires avec le capitalisme, or chaque fois que de tels compromis ont été fait, ce sont les salariés qui ont trinqués !

    Tu parles d’exécution et si tu évitais de théâtraliser les choses… :-p

    Réponse
  39. @ Ravachol

    Je théâtralise ? Disons que je suis contaminé par la société du spectacle…

    C’est certain, avec les compromis, les salariés trinquent : je suis d’accord.

    En tant que salarié, il m’est arrivé de voter en AG la reprise du taff après quelques semaines de grève… Je ne suis pas un héros mais quand en face, ils ont pas mal cédé (jamais autant qu’on veut), et que c’est acceptable par rapport aux revendications du début du mouvement, on préfère éviter le mur…

    Sinon en termes plus globaux, jusqu’à présent dans l’histoire, tous les régimes qui n’ont pas fait de compromis avec le capitalisme ont également et autant fait trinquer les travailleurs… Capitalisme privé ou capitalisme d’Etat…

    Réponse
  40. On a au moins un point commun, il n’y a fondamentalement aucune différence entre le capitalisme privé et le capitalisme d’État.

    Quant à faire trinquer les travailleurs lorsqu’on ne fait pas de compromis avec ses ennemis de classe, il existe au moins une expérience qui infirme ce fait. Je veux parler de la révolution libertaire de juillet 1936 en Espagne où des régions entières fonctionnaient en autogestion en appliquant le communisme libertaire. Certaines de ces régions, et cela malgré l’effort de guerre mené contre les fascistes, étaient plus productive pendant cette période qu’auparavant.

    Malheureusement cette lueur d’espoir fut étouffée par l’alliance des fascistes franquistes et des fascistes staliniens !

    À part des situation très ponctuelles mais sans perdre de vue que le compromis sert juste de pause pour se renforcer et continuer la lutte. Il n’y a rien qui justifie un quelconque compromis avec le capitalisme si ce n’est le fait de vouloir enfumer les travailleurs. On voit bien où on mené, sous prétexte de compromis, du vaut mieux ça que rien, les diverses reculades des partis et syndicats. La seule solution pour changer le sort des exploités c’est un révolution anti-autoritaire…

    Réponse
  41. L’autogestion… l’ordre sans l’autorité ! 😉

    Réponse

Laissez une réponse à Fin De Partie Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Merci de votre soutien

Soutenir Le Monolecte, concrètement!

Mon dernier livre

Comprendre l'antisémitisme
Version papier : 13€HT

Crédit photo couverture : ©Beth Jusino

Version numérique

Livre numérique Comprendre l'antisémitisme
Agnès Maillard
Le Monolecte
6,49 €

Commentaires récents

Mes réseaux sociaux

  • Mastodon
  • Seenthis
  • BlueSky
  • Sens Critique
  • Diaspora
  • Flickr
  • Instagram
  • LinkedIn
  • Page Facebook
  • Profil Facebook

Catégories

Archives

mai 2008
L M M J V S D
 1234
567891011
12131415161718
19202122232425
262728293031