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Plus le brouhaha médiatique autour de la présidentielle ressemble à une annexe du PMU et moins je m’intéresse à la question de savoir quel bourrin va franchir la ligne d’arrivé le premier. De toute manière, ils viennent tous de la même écurie…


En ce moment, ce qui revient en boucle dans ma mémoire, c’est mon escapade russe.

J’ai toujours rêvé de parcourir la planète en long, en large et en travers, et de rencontrer le maximum de monde, de cultures, de façons d’être et de vivre. Mon rêve ultime aurait été de devenir reporter au long cours pour National Geographic ou Géo. Au final, je me retrouve à rédiger chaque semaine les chroniques du bled au trou du cul du monde, assignée à résidence par mon total manque d’envergure financière… et mon attachement totalement irrationnel à des toilettes avec siège et à la douche chaude quotidienne.

Pourtant, une fois, il m’a été donné de fouler une contrée exotique : une forme de voyage de noces offert par ma belle-famille, une fois qu’elle a eu bien assimilé que le mariage ne pourrait jamais se retrouver à l’ordre du jour. Et voilà comment je me suis retrouvée en septembre 1999 dans un Boeing Aeroflot à plisser les sourcils devant l’épineuse question du chef de cabine : fish or meat?

Anomie

Si cette épopée revient avec tant d’insistance à ma mémoire en ces temps étranges, c’est qu’à l’usage, je me suis rendue compte qu’il s’agissait plus que d’un voyage touristique : l’exploration d’une période de basculement historique.

La Russie de 1999 a définitivement le cul entre deux chaises, même si elle est sommée de choisir son camp. Partout, nous avons été frappés par l’omniprésence, la permanence les vestiges de l’ère stalinienne et brejnévienne, mais plus étranges encore étaient les signes de l’ancrage vers l’économie de marché la plus débridée. Le post-kolhozien se frottait à l’explosion du mode de vie occidentalisé des nouveaux riches. Période informe, sans nom, sans but, sans direction, tâtonnement d’une société qui s’apprêtait à plonger dans la version la plus hard du capitalisme, peut-être parce qu’il est dangereux de faire l’impasse sur de longues phases de transitions.

Deux jours avant notre venue, une bombe avait ravagé un centre commercial sous-terrain à deux pas de la Place Rouge, et donc du Kremlin. Le Manège, c’est ainsi que s’appelle ce centre commercial qui n’était pas sans rappeler, à l’époque, le Forum des Halles à Paris : un espace entièrement dédié au commerce branché et luxueux, avec des enseignes qui venaient de débarquer d’Europe de l’Ouest, le paradis des nouveaux riches moscovites et des expat’. A notre arrivée, les coupables avaient déjà été désignés : il s’agissait des Tchétchènes. Trois jours après le drame, nous sommes allés au Manège : rien! Aucune de trace. Pas un carreau cassé, pas une trace de fumée, comme s’il ne s’était rien passé. Juste la foule empressée de ceux qui peuvent vivre sous le signe du dollar.

La Russie de 1999 ne connaît effectivement plus les files d’attente interminables devant les magasins d’État. Mais les supermarchés restent planqués dans les caves des immeubles d’habitation. De la rue, aucun signe d’activité, pas une pancarte, pas une enseigne. Il faut suivre le flux des gens pressés. Une porte cochère, un petit couloir un peu sombre, une volée d’escaliers que l’on dévale, un peu hagards, espérant de pas être tombés dans un traquenard, une petite porte de bois branlante dont la peinture s’écaille et c’est l’aveuglement des rangées de néons : nous avons débusqué un supermarché fréquenté par les gens du cru, un endroit à la fois familier et définitivement étranger dans lequel nous ne reconnaissons pas un produit sur 10 et où les prix s’affichent encore en roubles.
De la même manière, le Bolchoï reste encore un opéra populaire où même les petits employés peuvent se payer une place, chaque semaine, pour écouter de la musique grandiose. Mais nous y avons une loge réservée qui se négocie en dollar, au ras de la scène, juste au-dessus de la fosse d’orchestre. Derrière, nous avons accès à des vestiaires où le caviar et le champagne coulent à flots, l’espace de prédation naturel des étrangers aisés et des jeunes mafieux aux bras ornés de filles jeunes, à la beauté aussi invraisemblable que la longueur de leurs jambes dont la peau dénudée haut s’offre aux premières morsures de l’hiver moscovite.

Il y a encore les marchés traditionnels où l’on coupe le porc à la hache, où l’on trouve une diversité incroyable de légumes marinant dans le vinaigre, où l’on peut manger des schaschliki qui sont probablement le summum de la gastronomie russe et où des tas de vendeurs à la sauvette proposent des calculatrices de poche par brassée entière : la calculatrice est le langage universel de ceux qui peuvent payer en dollar et n’ont pas assez bûché leur petit Harrap’s de poche pour s’offrir le luxe de marchander en langue locale. Mais en périphérie, il y a un Carrefour qui vient d’ouvrir.
Le Goum, ancienne galerie marchande à petites échoppes pour nomenklatura soviétique se vide des artisans spécialisés dans le magnifique travail du lin, du cuir et de l’ambre, pendant que les marques de luxe européennes débarquent, affûtant les appétits d’une nouvelle classe dominante avide de consommation débridée. C’est au Goum (ГУМ) que l’on découvre qu’Yves Rocher est considéré comme le summum du luxe français… Nul n’est prophète en son pays.

До Свидания, Ленин!

Nous avons quitté Moscou 3 ou 4 jours pour visiter Saint-Pétersbourg. Dommage que nous n’étions pas en juin, j’aurais pu contempler une fois dans ma vie le soleil de minuit. Si septembre est relativement tempéré à Moscou, le climat est nettement plus mordant à Saint-Pet’. Le décalage historique aussi. Nous avons remonté l’avenue Nevski à pied (Prospiekt Niewski, en prononçant à peu près comme il faut, avec des "ié" mouillés!) et le télescopage de deux civilisations, de deux modes de vie terriblement incompatibles nous a explosé en pleine face. Il y avait encore des "boutiques" à l’ancienne dans les passages, au fond des couloirs. Puis cette agence de change, tout simplement installée dans une pièce d’un appartement collectif, avec un petit guichet grillagé. Et un Mac Donald à un coin de rue. Arrogant. Et inaccessible pour pas mal de monde. Plus de pénurie de produits, mais pénurie d’argent. Un monde rouge qui passe au vert. Celui du dollar.

Pour aller à Saint-Pétesbourg, nous prenons un train mythique : la Flêche rouge (Krasnaïa Striella : красная стрела). Un train de luxe où chaque wagon est dirigé par une invraisemblable baboushka qui veille sur le samovar comme sur la prunelle de ses yeux. Chaque wagon est une enfilade de cabines single tout confort, avec deux petits lits déjà bordés pour passer la nuit. Alors que nous venons de quitter Moscou, je glisse un œil par la fenêtre de notre cabine et je vois la Russie des moujiks s’enfuir dans le crépuscule, avec ses petites cabanes de bois tout de guingois dont on ne peut concevoir qu’elles puissent résister à l’hiver russe, celui qui a eu la peau de tous les conquérants qui ont commis l’erreur de s’aventurer vers l’Est.

La Russie de 1999 fait le grand écart entre une histoire mal digérée et une transition économique mal préparée. Le capitalisme livré à lui-même est le paradis des gros bras, des forts en gueule, de ceux qui ont un plus gros gourdin que les autres et qui n’hésitent pas à s’en servir abondamment. La Russie de 1999 est un endroit incertain et dangereux où il vaut mieux passer son chemin quand on tombe sur un gros type à la gueule carrée qui sort de son 4×4 flambant neuf aux vitres fumées, accompagnés de ses gardes du corps. Dans les palaces et les zones dollars, il n’y a que nous : les expatriés et touristes aventureux, et les mafieux rubicons qui sont le pur produit de toute cette agitation.

Pour bosser dans la Moscou en pleine transition, il faut surtout penser à payer son assurance. Forcément privée. Celle de nos hôtes, c’est la mafia georgienne. A prendre ou à laisser.

Et pourtant, ce dont je me souviens le plus, c’est de la station de métro à laquelle nous devions descendre. Une station au nord de la ville, sur la ligne circulaire, celle aux stations célèbres dans le monde entier : проспект мира (Prospiekt Mira). L’avenue de la Paix. Que l’on peut aussi traduire par : la perspective du monde…

37 Commentaires

  1. @Sy : un peu partout, en fait. Des fois, je me dis que l’idéal, serait de suivre les saisons : L’été en Islande, l’hiver dans l’hémisphère sud, près du cercle antartique aussi. J’aime bien la France, ceci dit, et mon bled.

    @Fanette : je ne suis pas partie en Russie chercher la commémoration idéologique. Je faisais du tourisme de luxe. Je ne savais pas à quoi m’attendre : je n’ai donc absolument pas été déçue. Ce pays était un laboratoire socio-économique. On y voyait se dessiner une certaine conception du capitalisme, tel qu’il est train de devenir partout. Mais il y avait un fourmillement de choses passionnantes, les gens, en particulier. J’ai toujours mon guide de conversation Harrap’s en Russe. Tout corné. Nous étions en roue libre les 9/10ème du temps, à se démerder avec le cyrilique pour trouver notre chemin, commander à bouffer, tout. Il m’a fallu un moment pour comprendre que si les gens nous jetaient beaucoup, ce n’est pas parce qu’ils étaient des vestiges staliniens, dans la trouille du KGB nouvelle formule, mais parce que mon russe pourri avait un accent allemand. Et depuis Stalingrad, les Allemands n’ont pas l’air d’avoir la côte de ce coté-ci de l’Oural. Franzouskaïa : je me présentais ainsi et hop, les visages s’éclairaient aussitôt : Haaa, la France, Jacques Chirac, Paris, Haaaaa! Les femmes!.

    Réponse
  2. @Sy : un peu partout, en fait. Des fois, je me dis que l’idéal, serait de suivre les saisons : L’été en Islande, l’hiver dans l’hémisphère sud, près du cercle antartique aussi. J’aime bien la France, ceci dit, et mon bled.

    @Fanette : je ne suis pas partie en Russie chercher la commémoration idéologique. Je faisais du tourisme de luxe. Je ne savais pas à quoi m’attendre : je n’ai donc absolument pas été déçue. Ce pays était un laboratoire socio-économique. On y voyait se dessiner une certaine conception du capitalisme, tel qu’il est train de devenir partout. Mais il y avait un fourmillement de choses passionnantes, les gens, en particulier. J’ai toujours mon guide de conversation Harrap’s en Russe. Tout corné. Nous étions en roue libre les 9/10ème du temps, à se démerder avec le cyrilique pour trouver notre chemin, commander à bouffer, tout. Il m’a fallu un moment pour comprendre que si les gens nous jetaient beaucoup, ce n’est pas parce qu’ils étaient des vestiges staliniens, dans la trouille du KGB nouvelle formule, mais parce que mon russe pourri avait un accent allemand. Et depuis Stalingrad, les Allemands n’ont pas l’air d’avoir la côte de ce coté-ci de l’Oural. Franzouskaïa : je me présentais ainsi et hop, les visages s’éclairaient aussitôt : Haaa, la France, Jacques Chirac, Paris, Haaaaa! Les femmes!.

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  3. A Fanette, cette "affaire" je l’ai lu une demi douzaine de fois depuis plus d’un mois, sur toutes sortes de blogs voir les plus improbables.

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  4. Mise à part la France, dans quel pays aimerais-tu vivre ?

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  5. Le ton de ton billet m’a rappelé celui d’une copine déçue de son voyage à Cuba, elle était partie 3 semaines là bas arborant le T shirt du Ché. Au retour, elle a tout viré de chez elle..j’ai jamais compris pourquoi elle était allée là bas, ou ce qu’elle cherchait
    Elle pensait y trouver plus de vestiges de l’époque révolutionnaire, elle a été frappée par la corruption et la mafia..mais quel pays ne le pratique pas ?

    Tiens j’ai reçu sur mon blog aujourd’hui cette affaire qui va faire beaucoup de bruit, à mon avis..http://fanette316.typepad.fr/absolu

    Biz et bonne semaine, au plaisir de relire !!

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  6. @fanette

    il y a deja eu un echange sur ton sujet sur ;

    http://www.renovation-democratique….

    @agnes

    plus besoin d’aller en Russie pour comprendre et integrer
    qu’ils sont les nouveaux fer de lance du capitalisme nouveau genre …..y sont partout ,au Mexique ,en Espagne et un petit peu sur la cote d’azur .

    dans l’hexagone , sont plus discret s,ils attendent leur heure ……zattendent les elections aussi !

    un simple exemple , j’ai eu un mal fou a parier le tiercé gagnant Bayrou -Lepen a …2000 contre un sur Londres ……because tout les casinos flottants du web appartiennent a des russes et les books sur place idem …et vraiment pas le temps d’y aller .

    Nous sommes deja en russie mais nous ne le savons pas ,c’est tout .

    le seul truc capotant ,c’est que les bobos francais vont surement voter in extremis pour Segolene ,histoire de sauver leurs 2000 euros mensuels et le pavillon a credit .

    mais a mon avis ,les russes y s’en foutent ,sont pas comme moi …zont tellement d’argent a blanchir qu’il sont du deja miser sur tout les bourrins en lice …

    gagnant-gagnant comme dit Segolene !!!!

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  7. On s’y croirait. Merci pour ce bon moment.
    J’y suis allé en 91 (c’était encore l’union soviétique) en 93 et en 97. A Moscou (Moscou, c’est pas terrible) Novgorod et Saint Petersbourg. En avion, deux fois, et en autocar aussi. Le car, c’est à la portée de n’importe quelle bourse. La panne en rase campagne biellorusse, quelle histoire !

    Tentez le coup, surtout à Saint Petersbourg, surtout au moment des nuits blanches. Pour Moscou, je conseil de se mettre en cheville avec la communauté algérienne. J’ai rarement été aussi bien acceuillis que chez les algériens de Moscou.

    Tu n’as pas pû remarquer une chose : les SDF. En 91, ça n’existait pas. En 97, on ne voyait que ça dans les rues. Pas seulement les petits vendeurs avec leurs paquets de cloppes étallés sur une bâche dans la rue. Non, des vrais clodos, comme chez nous.
    Ce qui a disparut, par contre, c’est les distilleries collectives de gnole clandestine dans les caves. Chacun mettait ses épluchures de patates et tout l’immeuble en profitait.
    Je ne veux pas être nostalgique en 91 : j’ai passé 15 jours à dormir sur un sac de cacahuettes, stocké pour les jours de pénuries par ma famille d’acceuil. Ca au delà du folklore, ça avait un sens aussi : la faim, tout simplement. Mais je n’y retournerais plus. La dernière fois, j’étais logé chez des paysans non loin d’un ancien monastère transformé en base de loisir pour la nomenklatura puis retransformé en monastère. Quand les types "au visage carré" ont débarqués avec leurs voitures sans plaques d’immatriculation et se sont mis à tirer au pistolet sur des canettes de bière, ben oui, c’était ça aussi le capitalisme : une bande de barbarre troublant la sérénité d’une terre sacrée à l’embouchure de la Neva. J’ai vu ce qu’il y avait à voire. Maintenant, je crois qu’il faut partir plus loin. Le Kazakhstan, peut-être.

    Réponse
  8. On s’y croirait. Merci pour ce bon moment.
    J’y suis allé en 91 (c’était encore l’union soviétique) en 93 et en 97. A Moscou (Moscou, c’est pas terrible) Novgorod et Saint Petersbourg. En avion, deux fois, et en autocar aussi. Le car, c’est à la portée de n’importe quelle bourse. La panne en rase campagne biellorusse, quelle histoire !

    Tentez le coup, surtout à Saint Petersbourg, surtout au moment des nuits blanches. Pour Moscou, je conseil de se mettre en cheville avec la communauté algérienne. J’ai rarement été aussi bien acceuillis que chez les algériens de Moscou.

    Tu n’as pas pû remarquer une chose : les SDF. En 91, ça n’existait pas. En 97, on ne voyait que ça dans les rues. Pas seulement les petits vendeurs avec leurs paquets de cloppes étallés sur une bâche dans la rue. Non, des vrais clodos, comme chez nous.
    Ce qui a disparut, par contre, c’est les distilleries collectives de gnole clandestine dans les caves. Chacun mettait ses épluchures de patates et tout l’immeuble en profitait.
    Je ne veux pas être nostalgique en 91 : j’ai passé 15 jours à dormir sur un sac de cacahuettes, stocké pour les jours de pénuries par ma famille d’acceuil. Ca au delà du folklore, ça avait un sens aussi : la faim, tout simplement. Mais je n’y retournerais plus. La dernière fois, j’étais logé chez des paysans non loin d’un ancien monastère transformé en base de loisir pour la nomenklatura puis retransformé en monastère. Quand les types "au visage carré" ont débarqués avec leurs voitures sans plaques d’immatriculation et se sont mis à tirer au pistolet sur des canettes de bière, ben oui, c’était ça aussi le capitalisme : une bande de barbarre troublant la sérénité d’une terre sacrée à l’embouchure de la Neva. J’ai vu ce qu’il y avait à voire. Maintenant, je crois qu’il faut partir plus loin. Le Kazakhstan, peut-être.

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  9. de sales types disaient :
    avant on avait des roubles mais il n’y avait rien à acheter
    maintenant tout est à vendre mais on n’a pas un rouble pour acheter … juste avant que les sbires du KGB reconvertis en videurs de chez Mac Do les fassent taire …
    la russie nouvelle était déjà à l’image de ce monde en train d’émerger … maintenant, les modèles sociétaux sont plus du coté du dernier bastion du marxisme léninisme … entre pekin et canton …
    Fanette … il existe déjà assez de trucs à mettre au passif des années 80, pourquoi aller chercher de bien improbables rancoeurs ressassées sur le web …

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  10. Quel bel article! Une pro ne ferait pas mieux. Quel dommage que tu n’aies pas l’occasion de te bouger un peu, tu ferais une excellente reporter. C’est tout de meme incroyable qu’il n’y ait pas un sponsor pour s’apercevoir de ton talent et t’expédier comme correspondante tous azimuts.

    Réponse
  11. C’est un peu bizarre que tu notes anomie sociale. C’est une état de déviance. Pourtant, ce n’est qu’un état de déviance que dans une catégorisation occidentale. Le fait est que c’est pas la déviance, c’est la vie. Et le national géographique ce n’est qu’un papier qui vise à nous renforcer dans cette conception. C’est beau! Mais c’est pas comme ça la vie, dans ces pays de l’est. C’est ainsi, c’est comme ce que tu as dit avec 1000 choses en plus à dire. Personne n’est omniscient et moi le premier.
    j’en parlerai peut-être demain. Mais je vis dans les pays de l’est depuis 10 maintenant…

    Réponse
  12. C’est un peu bizarre que tu notes anomie sociale. C’est une état de déviance. Pourtant, ce n’est qu’un état de déviance que dans une catégorisation occidentale. Le fait est que c’est pas la déviance, c’est la vie. Et le national géographique ce n’est qu’un papier qui vise à nous renforcer dans cette conception. C’est beau! Mais c’est pas comme ça la vie, dans ces pays de l’est. C’est ainsi, c’est comme ce que tu as dit avec 1000 choses en plus à dire. Personne n’est omniscient et moi le premier.
    j’en parlerai peut-être demain. Mais je vis dans les pays de l’est depuis 10 maintenant…

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  13. @ ango : je parlerait plutôt d’anomie comme l’état de désordre résultant d’une transition brutale de modèle de société. C’est vraiment ce que j’ai ressenti à ce moment-là en Russie. l’entre-deux. Ceci dit, je ne faisais que du tourisme avec monsieur Monolecte, et en 12 jours à me niquer les pieds dans les rues de Moscou et Saint-Pétersbourg, je n’ai perçu qu’une infime partie de ce pays gigantesque. Mais j’aimerais bien y retourner, pour voir, pour sentir, pour écouter…

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  14. merci a toi de me faire revivre aussi le moscou de ces années.
    nous aurions même pu nous y croiser à cette époque, même si je ne pense pas que mes récits moscovites puissent être lus sans être destinés à un public adulte 🙂

    je posterai demain si je peux un "petit" reportage passé sur Tf1 sur l’emploi en russie et le cas des georgiens. Assez édifiant …

    merci vraiment a toi de ses souvenirs, qui revivront pour moi très prochainement.

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  15. Merci pour ta réponse. J’ai bien compris que tu y étais allée en touriste, il y a tant de clivages, et heureusement comme tu dis que la France a encore de beaux jours là bas devant elle, mais jusqu’à quand ? 😉

    Réponse
  16. Merci pour ta réponse. J’ai bien compris que tu y étais allée en touriste, il y a tant de clivages, et heureusement comme tu dis que la France a encore de beaux jours là bas devant elle, mais jusqu’à quand ? 😉

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  17. "Anomie", c’est le mot qui convient à cette non-campagne, à ce non-débat, à cette ambiance PMU comme tu dis Agnès.
    J’ai une théorie qui pourrait expliquer tout ça. Je me posais la question suivante : Pourquoi la campagne pour le référendum sur le TCE a été très riche ? Pourquoi tous les débats qui ont eu lieu étaient consistants, concrets ? Parce qu’il y a avait un OBJET sur lequel les débats pouvait porter. Cet objet, c’était le TCE lui-même. On avait un document bien précis, bien visible, bien palpable que l’on pouvait décortiquer, analyser, triturer, manipuler. Il n’y avait pas de place pour des petites phrases, les petits scandales jettables, les louvoiements, les racolages, les caresses dans le sens du poil. Quel est l’objet du "débat" actuel ? Des promesses et des déclarations calquées sur les sondages : Dites-moi ce que les sondages disent, et je vous dirai mon programme. Ca veut dire quoi quand Simone Veil dit que Bayrou "est le pire de tous" ?

    Réponse
  18. Aaaah, la Russie !!
    J’y étais en mai dernier. Atterrissage à Moscou, quelques jours sur place et quelques autres jours pour atteindre la frontière Mongole en train via Irkoutsk et les rives du lac Baïkal…
    J’ai découvert trois russies : celle du billet vert ; rugueuse, sectaire, armée. Celle de la rue moscovite ; désenchantée, courbée, soumise au marché. Et celle des campagnes ; moyenageuse, post-industrielle, imbibée.
    Un vrai choc. Merci, agnes, de m’avoir ramené là bas le temps de ce post remarquable.
    J’ai du mal à comprendre les gens qui se rendent dans un pays,avide d’images d’épinal, de clichés… Comment exiger d’un pays qu’il corresponde à nos attentes ? Comment reprocher à la Russie de ne plus être la patrie de l’utopie socialiste ? Comment lui reprocher sa violence et sa déconstruction…?
    Nevermind… C’est une destination que je conseille à ceux qui veulent tenter de comprendre la nature humaine en ces temps de néo-libéralisation planétaire.

    Réponse
  19. @Yenayer : cette campagne n’est que le reflet de son époque, sa conséquence logique. Le problème, ce n’est pas qu’il n’y a pas d’objet dans cette campagne, mais que les principaux poulains en lice ont tout intérêt à ce que le projet de société unique qui les sous-tend tous reste forcément inaccessible au peuple. Cela permet de préserver l’illusion démocratique.
    L’illusion démocratique, c’est aujourd’hui le principal problème mondial : tant dans la Russie de Poutine que dans l’Amérique de Bush. Nous ne pouvions pas espérer passer au travers quand la politique est dictée par l’économisme capitaliste au niveau mondial. Lequel sait que la démocratie vraie est le dernier obstacle à son déploiement total (itaire). Les non-convaincus peuvent tout à loisir comtempler la Chine contemporaine!

    Réponse
  20. Spassibo bolchoï !

    La russie après 70 ans de communisme a connu pendant 10 ans le capitalisme le plus prédateur. Aujourd’hui il me semble que le pays est en train de se reconstruire et d’inventer une nouvelle voie à partir d’un "capitalisme d’Etat". Il faudra suivre l’évolution de la Russie. Un nouveau modèle naîtra peut-être la bas …

    Pour ma part, malgré mon extrême russophilie, je n’y ai encore jamais été dans cette vie. Aussi, je remercie Agnes pour m’avoir plongé un instant dans cet univers que j’ai pris plaisir à découvrir dans la littérature contemporaine russe.

    Poka

    Réponse
  21. Spassibo bolchoï !

    La russie après 70 ans de communisme a connu pendant 10 ans le capitalisme le plus prédateur. Aujourd’hui il me semble que le pays est en train de se reconstruire et d’inventer une nouvelle voie à partir d’un "capitalisme d’Etat". Il faudra suivre l’évolution de la Russie. Un nouveau modèle naîtra peut-être la bas …

    Pour ma part, malgré mon extrême russophilie, je n’y ai encore jamais été dans cette vie. Aussi, je remercie Agnes pour m’avoir plongé un instant dans cet univers que j’ai pris plaisir à découvrir dans la littérature contemporaine russe.

    Poka

    Réponse
  22. Plus que quelques heures avant de savoir si José BOVE pourra candidater !
    Franchement, j’ai hâte, même si je ne voterai pas pour lui, mais pour le chaud débat et les échaffourées qu’ il va donner : j’aimerai qu’il ait ses 500 signatures ! Il va mettre un coup de pied dans la fourmillière, lol, je me marre à l’avance !!

    Réponse
  23. sic ,le nouveau modele …il etait deja né a l’epoque post -communiste et il s’exportait deja .

    je me suis engagé en 76 et on a recuperés nos premiers vers 78 , il me semble …..des gars qui profitait de l’engagement afghan pour se tirer ….ex spetnaz recrutés a 14 ans qui ridiculisaient nos st Cyriens niveau terrain .

    je leur dois une certaine vision deja ….de mes theses actuelles sur notre propre avenir , ca faisait pressentir les nouvelles donnes actuelles .

    cette campagne ,reflet de son epoque …je la trouve plutot franco -française a mon gout …..a nos frontieres les plus proches ,tout est deja tres different .

    nos bourrins politiques profitent de la naiveté d’un idealisme un peu desuet pour promettre de laver encore plus blanc .

    c’est un peu le fossé qui separe deja certains citoyens qui veulent croire a des lois ou des syndicats protegeant le salariat ,la lessive Segoleniene ou le detergeant Sarkozyste …..alors que meme le plus petit des employeurs potentiels a deja un pied possible a Moscou ou a Tunis ……probleme d’un ZApatero ou d’un Prodi a la tete d’entité ou les masses financieres obscures et mouvantes n’ont plus rien a voir avec les masses salariales equivalentes …..cherchez l’erreur , en Russie peut etre mais a quel prix ….le nouveau modele !

    Réponse
  24. Merci

    Dans ces temps obscurs où les mots n’ont plus de sens, celui-là, Anomie, me parle, comme si enfin un écho d’un monde de plus en plus extérieur me parvenait.

    La perte de sens du quotidien, le mensonge glorifié, la bêtise érigée en intelligence suprême, dans un monde où Sarkozy est Roi, font perdre les mots, et la perte des mots entraîne la perte de la réalité. Les choses sont de plus en plus difficiles à réarranger, on a de moins en mons de courage, et pourtant on aimerait convaincre le monde d’en avoir. Comme garder la raison ?

    Ce mot je le prends comme un cadeau. Il traduit à la fois ce que je constate autour de moi et en moi, et me rappelle que ces deux parties interagissent, voire ne font qu’un.

    Anomie : un terme qualifiant à la fois l’individu et la société.

    En médecine aussi, nommer la maladie est une étape thérapeutique importante.
    Lire ton mot me rassure sur ma folie, et me rappelle qu’elle mon bien le plus précieux, mon identité, mon trésor. Je ne veux plus chercher à la perdre.

    Merci pour ce mot, au plaisir d’en lire d’autres de toi.

    Réponse
  25. Merci

    Dans ces temps obscurs où les mots n’ont plus de sens, celui-là, Anomie, me parle, comme si enfin un écho d’un monde de plus en plus extérieur me parvenait.

    La perte de sens du quotidien, le mensonge glorifié, la bêtise érigée en intelligence suprême, dans un monde où Sarkozy est Roi, font perdre les mots, et la perte des mots entraîne la perte de la réalité. Les choses sont de plus en plus difficiles à réarranger, on a de moins en mons de courage, et pourtant on aimerait convaincre le monde d’en avoir. Comme garder la raison ?

    Ce mot je le prends comme un cadeau. Il traduit à la fois ce que je constate autour de moi et en moi, et me rappelle que ces deux parties interagissent, voire ne font qu’un.

    Anomie : un terme qualifiant à la fois l’individu et la société.

    En médecine aussi, nommer la maladie est une étape thérapeutique importante.
    Lire ton mot me rassure sur ma folie, et me rappelle qu’elle mon bien le plus précieux, mon identité, mon trésor. Je ne veux plus chercher à la perdre.

    Merci pour ce mot, au plaisir d’en lire d’autres de toi.

    Réponse
  26. @ Yenayer:

    Tu l’as trouvée riche, la campagne contre le TCE? Je suis bien d’accord avec toi, mais riche où? A la télé? Dans les journaux? Dans les partis?
    Au début, souviens-toi, c’était une simple formalité, votez oui nous nous chargeons du reste.

    Elle a été riche parce que NOUS l’avons FAITE riche, elle ne l’était pas d’emblée, nous y avons trouvé la richesse que nous y apportions.
    Pourquoi, aujourd’hui, ne ferions-nous pas pareil?

    C’est vrai que ce sera plus facile si José a ses 500 parrainages, même pour ceux qui, in fine, ne voteront pas pour lui. Encore deux heures à attendre…

    Réponse
  27. Pour être allé en Russie au mois de janvier 2005, le prix dans les magasins sont bien en roubles… pour que la babouchka puisse s’y retrouver.

    Tu as raison, dans la Russie de Poutine ou dans l’Amérique de Bush, l’illusion de démocratie est bien entretenue et surtout controlée étroitement par le pouvoir. Il doit en être de même chez nous.

    ps : qui est cette Lénia ? "au revoir Lénia"

    Réponse
  28. Pour être allé en Russie au mois de janvier 2005, le prix dans les magasins sont bien en roubles… pour que la babouchka puisse s’y retrouver.

    Tu as raison, dans la Russie de Poutine ou dans l’Amérique de Bush, l’illusion de démocratie est bien entretenue et surtout controlée étroitement par le pouvoir. Il doit en être de même chez nous.

    ps : qui est cette Lénia ? "au revoir Lénia"

    Réponse
  29. pourquoi, j’ai mal lu le prénom ? LENIYA ?

    Réponse
  30. autant pour moi, Waldimir Illitch LENINE !!!

    Réponse
  31. Arf, j’ai bien cru que tu n’y arriverais pas. En fait, cet intertitre est un clin d’œil pour les russophones au fabuleux film sur l’ex Allemagne de l’Est : Good Bye, Lenin!

    Réponse
  32. Oui,excellent film qui illustre à merveille (de manière caricaturale) l’euphorie de cette période trouble où plus rien n’est comme avant et les gens sont plongés dans un bouleversement sans précédent. Certains arrivent à surnager, d’autres sont carrément débordés. Magistral.

    Réponse
  33. Les dirigeants du PS veulent faire perdre leur propre parti.

    C’est une première historique en France (je pense).

    B. Voir entrevue de KONOPNICKI – Le Pen élu à 50,8 %.

    C. Toute la communauté artistique est contre Le Pen – que se passera-t-il s’il est élu ?

    Des questions que je ne savais pas où mettre ….

    Réponse
  34. Les dirigeants du PS veulent faire perdre leur propre parti.

    C’est une première historique en France (je pense).

    B. Voir entrevue de KONOPNICKI – Le Pen élu à 50,8 %.

    C. Toute la communauté artistique est contre Le Pen – que se passera-t-il s’il est élu ?

    Des questions que je ne savais pas où mettre ….

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