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Dura Lex, sed Lex

Par Agnès Maillard
26 novembre 2005

La loi est dure, mais c’est la loi… qu’en est-il quand elle devient injuste, inique et asservie aux intérêts particuliers de la caste dominante, quand elle devient l’instrument de liquidation de la démocratie?

Heureusement, la loi est aussi servie par des hommes justes qui ont à cœur de nous rappeler ce qu’elle est et doit être. Eolas, l’avocat blogueur attire notre attention sur l’aspect liberticide du projet de loi anti-terroriste, et il sait de quoi il parle.

La couenne bien assouplie par les cassandres des médias qui, chaque jour, ou presque, nous servent leur vision détraquée d’un monde hostile, en plein choc des civilisations[1], le bon peuple applaudit et en redemande, sans se rendre compte que c’est autour de son propre cou que le nœud coulant se ressert peu à peu.
Je n’en peux plus de citer ce pauvre Thomas Jefferson, dont les mots semblent usés jusqu’à la corde, mais qui pourtant, énonce une vérité fondamentale que ceux qui cherchent à nous effrayer sans cesse, à nous plonger dans un état de psychose permanente, connaissent bien :

Si tu es prêt à sacrifier un peu de liberté pour te sentir en sécurité, tu ne mérites ni l’une ni l’autre.

Mais voilà, sous prétexte de lutter chaque jour un peu plus contre un terrorisme qui se fait bien discret ou contre une violence bien sporadique, ce sont nos libertés fondamentales de citoyens qui sont chaque jour un peu plus éborgnées, et ce, dans un grand consensus d’unité nationale qui ne peut que discréditer encore plus la pseudo-alternance politique que l’on fait semblant de nous proposer.

Continuons à avoir peur de notre ombre et laissons ceux qui agissent pour notre bien continuer à vider de sens notre illusion démocratique.
Nous pouvons aussi nous remettre à penser par nous-même, à cesser d’avoir peur de tout (le voisin, le chômage, l’inflation, le t-shirts chinois, les cités, nos propres gosses, le lendemain, le jour d’après, notre propre médiocrité…) et à reprendre notre destin en main.

Dès que quelqu’un comprend qu’il est contraire à sa dignité d’homme d’obéir à des lois injustes, aucune tyrannie ne peut l’asservir.
(Gandhi)

Notes

[1] Choc, qu’en fait, ils entendent bien provoquer eux-mêmes : les guerres ne profitent jamais qu’aux gros poissons!

17 Commentaires

  1. Quand on a peur que fait-on? Comment vaincre sa peur? et quelle peur car de toute évidence nous ne parlons que de nos peurs conscientes! Il est simple de constater la peur des autres quand on ne connaît pas soi-même ce genre de peurs : pour quelles raisons certains sont ‘sans peur et sans…’ et d’autres si frileux! La peur du chômage, de la pauvreté, de l’autre, de l’étranger est un processus que la ‘richesse’ collective et personnelle peut endiguer : mais quand tout se restreint nous redevenons plus bète qu’homme : et ce genre de réflexe pour disparaître demande une éducation, des efforts bien au delà de l’air du temps! J’ai peur aussi, je le sais, j’essaie que mes quelques actes, choix ne s’en ressentent pas trop mais en suis-je si sur?

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  2. La peur des uns fait le bonheur des autres. Le bonheur éphémère de Le Pen en 2002, le bonheur de Chirac, vainqueur sans adversaire, 15 jours plus tard. Le petit Nicolas table sur les peurs du plus grand nombre pour 2007. Et puis, trivialement, n’oublions pas que son copain Martin B., en plus de son entreprise de BTPet sa chaîne de télé possède une filiale d’installation de caméra vidéo (cf. l’émission de Canal « lundi investigation – 90 minutes » cosacrée à Sarko)

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  3. Ce qui est marrant, c’est que moins on a de raisons d’avoir peur, plus on a de peurs irrationnelles et à côté de la plaque. Parallélement, on rigole de moins en moins…

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  4. « reprendre notre destin en main. »
    parce qu’on est jamais mieux servi que par soi-même…
    parce que si tu veux que les choses bougent, ne t’attends pas à ce que quelqu’un le fasses à ta place…*
    parce que vivre ne s’apprend pas dans les livres, ni à la télé, ni ne s’achètent en supermarché…

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  5. Les députés viennent de finir la lecture du projet de loi anti-terroriste de Nicolas Sarkozy

    Etat d’urgence ou manipulation liberticide ? Jeudi 24 novembre, les députés viennent de finir la lecture du projet de loi anti-terroriste de Nicolas Sarkozy.

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  6. Tu as cité T. Jefferson et Gandhi, je me permet de rajouter l’apport d’E. De La Boétie avec son « Discours de la servitude volontaire » étonnant de modernité.
    http://perso.wanadoo.fr/libertaire/archive/2000/227-avr/boetie.htm
    http://www.forget-me.net/LaBoetie/servitude.pdf

    Et attention à « l’habitude » que nous allons prendre avec les mesures sécuritaires.Un exemple « d’habitude » avec la publicité que nous avons intégré et normalisé:
    http://www.horschamp.qc.ca/article.php3?id_article=199

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  7. M. Le Diable (Louis Siffert) a été plus prompt que moi à citer La Boétie.

    Cependant, je me permettrais de citer aussi Alain Accardo qui parle lui « De notre servitude involontaire » avec brio et nous bouscule jusque dans nos indignations les plus profondes et notre comportement le plus quotidien. On en trouvera un petit aperçu , afin de nous donner envie…

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  8. Dans tout ça, ce qui me sidère le plus c’est le silence assourdissant de tous les intellectuels ( ou pseudos-intellos ), des politiques de gauche( ou pseudos-gauche ), des gens des médias ( pseudo contre pouvoir ) , etc .. Il faut vraiment aller chercher les critiques à ces dérives liberticides chez des universitaires rarement médiatisés et dont le discours n’est pas facilement formatable et packageable ( les vraies choses ne s’expliquent pas en 1mn30 chrono, ni par sms ) pour qu’ils passent à la télé. Et pour rester dans les citations, tous les pseudos que j’ai cité me font penser au fait qu’il ont atteint le stade suprême de l’obeissance, tel que le défini Foucault. Principe assez bien epxliqué ici : http://www.liberation.fr/page.php?Article=216729 « La véritable énigme n’est pas en effet de savoir pourquoi des formes délirantes de pouvoir ont pu se mettre en place, mais ce qui les a rendues acceptables, supportables, désirables par les gouvernés. En ceci, sans doute, il prolonge la thèse de La Boétie dans son Discours sur la servitude volontaire : le vrai scandale, ce n’est pas celui du pouvoir, de l’abus de pouvoir, mais celui de l’obéissance, de l’abus d’obéissance. « 

    Réponse
  9. Ne pas confondre le message et le médium.
    Physiquement parlant, un arbre tombant dans la forêt ne peut faire du bruit que si une oreille est là pour l’écouter. Cependant, même sans oreille présente, il tombera quand même.

    De nombreux citoyens (connus ou non, intellos ou métallos, etc.) refusent de se soumettre, mais comme aucun micro ne se tend vers eux, on ne les entend pas!

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  10. « De nombreux citoyens (connus ou non, intellos ou métallos, etc.) refusent de se soumettre, mais comme aucun micro ne se tend vers eux, on ne les entend pas! »

    Oui mais du coup ils n’existent pas dans la réalité médiatique, et donc pas à leur propre yeux non plus -> isolement, solitude et découragement.

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  11. On est bien d’accord. Pourtant, nous existons. La question se pose alors du rôle et de la légitimité des médias (sous-entendu : des médias grand public, ceux qui font et défont l’opinion publique). Ont-ils pour vocation de rapporter la réalité, de la filtrer ou de la construire?

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  12. les intellectuels existent. ils parlent même. ils écrivent. ils sont près de nous, de vous. Simplement pour les voir, les lire, les entendre, il faut d’abord cesser de regarder tous ensemble dans une direction unique ou presque (la presse unifiée par la finance, la télévision) et regarder et écouter là à côté de vous. ils faut donner du crédit à ceux que vous fréquentez et qui comme vous pensent et parlent. D’ailleurs cet intellectuel dont vous déplorez l’absence faute de l’avoir cherché où il est (près de vous) c’est peut-être vous-même. ou le chercheur qui donne de son temps pour publier dans des revues, pour animer des formations syndicales, pour expliquer à l’aise (car rien ne s’explique vite) ce qu’il sait dans des réunions d’associations, où sur une page web. ou sur le monolecte :). Qui cherche trouve. Et désespère moins.

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  13. J’espère qu’il n’y pas eu de malentendu concernant le genre d’intellos, de politiques de gauche ou de gens de médias dont je veux parler. Je veux dire par exemple que RSF n’a pipé mot sur le fait que le ministre de l’interieur convoque un éditeur à son bureau pour lui intimer de mettre au pilon un livre … Ou a-t-on vu le Nouvel Obs faire sa couverture sur les récentes lois sur le numérique ? etc ..

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  14. Ma mémoire me fait défaut: à qui est attribuée cette phrase ?
    Merci d’avance.

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