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La voix de son maître

Par Agnès Maillard
11 décembre 2004

Chœur de vierges effarouchées autour des déclarations à l’emporte-pièce du char Dassault, ou comment on se délecte du pire pour mieux accepter l’intolérable

Relâche à l’hospice des Vieux Glands, Serge Dassault est de sortie en ville. Celui dont le plus grand mérite est d’avoir hérité du commerce d’armes de papa se pose en donneur de leçon caricatural, sur un air de nostalgie de l’époque victorienne.
Comme le fait remarquer intelligemment Acrimed, l’outrance du personnage et de ses propos, en offrant son quart d’heure d’indignation à tout journaleux en panne de critique, devient éminemment suspecte. Tel un épouvantail à gauchos, le vieux réac occulte le grand bon en arrière qui s’opère en ce moment sur nos droits sociaux et réussit dans le même élan à faire passer Seillières pour un socialiste et Borloo pour l’Abbé Pierre.

De la vraie bonne info

Serge Dassault appelle de ces vœux un monde qui n’est pas sans évoquer les descriptions rieuses de Zola ou Dickens. Et pour y contribuer efficacement, il vient de prendre la tête de la Socpresse, et donc, en passant de 70 titres de presse nationale et régionale auxquels il compte bien expliquer fermement sa conception de la vérité vraie!

2 marchands d’armes, un entrepreneur du BTP, des marchands de flotte, voici en gros le portrait des nouveaux patrons de presse et du PAF français. Pratiquement tout ce qui informe dans ce pays est aux mains de capitaines de l’industrie. Et il faudrait être bien naïf pour croire que ce n’est qu’une question de "danseuse".

Contrôler l’information, c’est contrôler l’opinion publique, et contrôler l’opinion publique, c’est asservir le citoyen à ses intérêts particuliers!

3 Commentaires

  1. Et TOC !!!

    Réponse
  2. En dehors de cette caricature de fils à papa, cela pose le problème de la presse, et particulièrement celle, hebdomadaire, qu’on appelle les "news".
    Il est assez désolant de remarquer, lorsqu’on les feuillette debout devant la gondole de la maison de la presse du coin, qu’ils se ressemblent furieusement. A quelques exceptions près, si on s’intéresse à autre chose qu’au prix de l’immobilier, au malaise des cadres, aux salaires des patrons, au mal de dos, aux états d’âmes des éléphants politiques de droite ou de gauche et que l’on zappe pubs et publi-reportages, ne restent que quelques chroniques d’esprits acérés, mais c’est à peu près tout.

    Donc, vive le net, avec les précautions d’usage et le recul nécessaire, c’est quasiment ce qui nous reste si l’on recherche un peu d’analyse et d’explication, voire d’information.

    Réponse
  3. Bien d’accord avec toi, Claudius!

    Le boulot de la presse, c’est de mettre un coup de projecteur sur la partie de l’actualité qui lui semble importante, en laissant le reste dans l’ombre.
    Celui des alter-médias, c’est de montrer ce qui reste dans l’ombre.
    Le mien, c’est d’attirer l’attention sur la main qui tient le projecteur…

    Réponse

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