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L’obsolescence contrariée de notre système politique

Par Agnès Maillard
25 mars 2014

Le Conseil Communautaire change de tête.La figure paternaliste de l’homme providentiel, du chef, du sauveur, de celui qui sait est totalement dépassée dans une société où le niveau général d’éducation et d’information n’a jamais été aussi élevé. On continue à brandir une professionnalisation politique comme une nécessité indépassable devant la complexité technique des fonctions exécutives. On justifie de la même manière la confiscation démocratique de la grande masse des citoyens qu’est notre démocratie hyper-hiérarchique (mais qu’on appelle « représentative ») comme étant la résultante de leur profond désintérêt que l’on évalue ensuite avec complaisance par le chiffre des abstentions.


Ce que l’on mesure ainsi n’est pas du tout le manque d’investissement de nos concitoyens pour la chose publique, mais bien leur profond mécontentement quant au maintien de structures autoritaires dépassées. Cette campagne électorale a été remarquablement inintéressante de par sa focalisation sur le rôle de chef du maire, sur la polarisation autour d’une figure emblématique alors que la grande majorité des gens aspire à être entendue dans les organes du pouvoir, à participer et à ne plus dépendre du bon vouloir du prince.

J’ai été marquée par le fait que gouverner une commune ne peut être qu’un travail d’équipe, mais que l’esprit hiérarchique des institutions municipales pervertit totalement cette réalité. La réalité de nos structures concentre beaucoup de pouvoir entre les seules mains du maire et prétend ensuite modérer cette tentation d’autoritarisme en déléguant une sorte de rôle de contrôle au conseil municipal. Il n’y a qu’à voir à quel point toute la campagne électorale a bien montré que dans la plupart des cas, sorti de la garde rapprochée des adjoints, le reste de la troupe n’est souvent qu’un simulacre d’équipe, un croupion de démocratie auquel on demande essentiellement de suivre aveuglément le point de vue du chef et de ne surtout pas produire de fausses notes désagréables comme un point de vue différent ou une tentative de débat.

Comme dans l’ensemble de la société, la caste politique, qu’elle soit locale ou nationale, tente de justifier sa mainmise sur l’appareil de gouvernement de nos vies par sa seule qualité d’expert. Ainsi, le personnage politique n’est plus celui qui, parmi nous, va prendre quelque temps la charge de la coordination des intérêts communs, mais c’est « celui qui sait », et qui fera ce qu’il doit faire, en dehors de tout contrôle réel et concret de ses actes par la population dont il est en charge. Évidemment, ce point de vue justifie l’hermétisme de l’accès aux fonctions décisionnelles de notre démocratie. Puisque gouverner ne peut être que l’action de ceux qui savent, la professionnalisation du personnel politique devient un horizon indépassable et du coup, l’aspect hiérarchique et conservateur du dispositif est renforcé, au détriment de toute idée de représentativité, ce qui est antinomique de l’intention d’origine.

Ce conservatisme endogamique des appareils politiques a été parfaitement démontré pendant les municipales de dimanche dernier. Dans beaucoup de petites communes, le débat politique s’est limité à reconduire la seule liste présente : il faut bien dire que dans la ruralité, si la place de maire conserve son attrait de porte d’entrée de la petite notabilité et de pouvoir décisionnel, concrètement, le conseil municipal est un croupion pratiquement sans pouvoir — puisque les compétences les plus importantes ont été transférées aux intercommunalités — et sans aucune compensation, si ce n’est de se taper le sale boulot. Tout se polarise autour de la figure du maire, en contradiction totale avec l’intention démocratique de départ.

Dans les communes où la lutte des places a été effective, dans l’immense majorité des cas, on assiste à la prime au sortant. Autrement dit, le choix se porte sur ceux qui savent (donc ceux qui n’apprennent pas et n’évoluent plus) et surtout sur ceux qui sauront perpétuer les mêmes manières opaques de conduire les affaires.

On voit bien dans ces conditions le manque d’adéquation de nos structures démocratiques avec l’évolution de notre société. Alors que nous vivons dans un monde instable, extrêmement changeant, dans lequel les valeurs sont volatiles, où les hiérarchies sociales sont remises en cause et bousculées, la classe politique apparait comme un havre de conservatisme vaguement rassurant… et surtout très étanche aux idées nouvelles et aux évolutions socioéconomiques.

L’idée même de surfer sur les règles, les institutions, les contraintes internes fortes pour tenter d’expérimenter de nouvelles façons de gouverner, d’impliquer les citoyens est alors très facilement niée par ceux-là mêmes qui justifient une grande partie de leur pouvoir et de leur savoir par le fait qu’ils sont déjà en place.

C’est cette rigidité intrinsèque du système démocratique, sa capacité à reconduire sans cesse des formes hiérarchiques parfaitement rigides et étanches à la société civile qui rendent le processus électoral actuel aussi peu attractif, que ce soit en terme de vocation de candidats ou de simple envie de se trainer jusqu’à l’isoloir. Cela perpétue aussi le poujadiste et indépassable : tous les mêmes!, ce qui est pourtant d’autant plus vrai que l’entrée en politique, même aux plus bas échelons, se fait essentiellement par cooptation de ceux qui sont déjà en place et que les campagnes électorales, habilement pilotées d’en haut par les partis politiques, ont toutes les caractéristiques internes d’un immense bizutage destiné à bien faire comprendre aux nouveaux le sens de la hiérarchie et de la perpétuation des façons de faire et de penser déjà en œuvre.

Du coup, plus on change, moins ça bouge. Et l’on continue à déblatérer sans fin sur l’abstention qui se massifie sans vouloir voir la contestation profonde de ce système qui exclut de la représentation politique la majorité de nos concitoyens, quand bien même ils appartiennent à des classes sociales ou des groupes humains massifs : les femmes, les étrangers, les ouvriers et les employés, les chômeurs, les jeunes… etc.

Pour rire, hier matin, j’ai posé une question qui ne sera représentative de rien : auriez-vous voté de la même manière le 23 mars si le vote blanc avait été comptabilisé comme il le sera pour les Européennes? J’ai pensé à cette question après avoir discuté avec un assesseur lors du scrutin de dimanche. Il me disait qu’on allait se prendre une montée du Front national sans précédent. Non pas que les gens adhèrent particulièrement à ses discours, mais tout simplement parce que l’exaspération contre notre système politique est à son comble et qu’en l’absence de la reconnaissance du vote blanc (pour les municipales!), qui est un vote fort qui récuse le système électoral lui-même, il ne reste que le FN pour faire réagir la classe politique.

Sondage vote blanc

Sondage vote blanc

Logiquement, quand les urnes ne sont plus que les réceptacles de nos frustrations et que la vie politique est à ce point éloignée des citoyens, il serait logique de remettre en question le fonctionnement même de nos instituons et de commencer le long de dialogue citoyen qui consiste à accoucher d’un nouveau contrat social, plus adapté à un monde où même la femme de ménage a un bac+5. La récurrence des affaires politiques, la montée en puissance du premier vrai parti de France, la négation renouvelée de la volonté du peuple, tout appelle, non pas à engueuler une fois de plus le peuple pour avoir mal voté, mais plutôt à écrire une nouvelle Constitution pour nettoyer un bon coup les Écuries d’Augias.

Car le changement devient impérieux.

Et il sera volontaire et démocratique ou violent et portant en germe tous les fascismes!

 

 

 

81 Commentaires

  1. Dans un système à la proportionnelle, le vote blanc pourrait se traduire par la désignation de représentants du peuple tirés au sort.

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    • Bonne idée; dans un autre forum j’allais plus loin: que le tirage au sort s’effectue parmi les abstentionnistes pour pourvoir les sièges vacants résultant de ladite abstention (ex: 30% d’abstention pour une assemblée quelconque = 30 % de sièges vacants, à pourvoir par tirage au sort parmi les abstentionnistes du territoire de compétence de l’assemblée…); cela suppose que le système électoral soit à la proportionnelle évidemment… Nul doute qu’avec un tel système, les électrons libres que seraient les « tirés au sort » bousculeraient les rituels des partis et des politiciens professionnels, induisant des changements dans le rôle des partis en question et dans la considération qu’ils ont du citoyen de base…

      Réponse
      • Oui, c’est clair, ce serait 30 % de sièges vides.

        Si les gens s’abstiennent d’aller voter, c’est bien parce qu’ils n’ont aucun intérêt dans la politique.
        Donc, ils n’iront jamais se présenter lors des réunions.

        Sauf pénalités à prévoir !

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        • Ou prime à gagner…

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    • Tiens tiens, le tirage au sort commence tout juste à faire son chemin et on commence déjà à le dévoyer.
      On obtient rien de bon à vouloir mélanger les vices à la vertu.
      Saluons quand même la prise en compte d’un autre possible…

      Réponse
      • Pourquoi « dévoyer » ?

        Réponse
        • Parce qu’en mélangeant les deux systèmes, tu créeras deux clans et qu’il ne faudra pas compter sur une saine émulation, contrairement à ce qu’Étienne Chouard lui-même semble prétendre.
          Sur ses dernières vidéos, il fait trop de concessions au système actuel, il altère le processus qui doit rester simple, clair et compréhensible par tous. Rien se sert de démonter une usine à gaz si c’est pour en monter une autre.
          L’idée du tirage au sort est de faire occuper des fonctions nécessaire à la vie communauté, et pas des postes, c’est de retirer la notion même de pouvoir que peut donner de quelconques suffrages.
          Chaque individu ne doit pouvoir s’exprimer qu’en son nom et en son nom seul, ses idées peuvent être partagées, jamais cumulées et instrumentalisées par un groupe. Notre instinct grégaire est très puissant, il nous joue des tours, il abolie notre raisonnement qui n’est jamais qu’une construction branlante.
          En agglomérant des individus, tu obtiens un troupeau, et d’un troupeau émerge tôt ou tard, des leaders.

          « le pluriel ne vaut rien à l’homme et dès qu’on est plus de quatre, on est une bande de cons. » G.Brassens

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  2. Penser l’avenir, nécessite avant toute chose de sortir de la Matrice, quitter le confort de prêt à penser, c’est pas gagné vu le comportement de moules de bouchot de nos contemporains.
    Notre système n’est pas réformable, on le sait, il a été bâti pour ça, et tout conspire à ce qu’il se maintienne, violemment au besoin.
    Il ne fait émerger que les larves corrompues et les petites frappes autoritaires, ce n’est pas les exemples qui manquent.
    Une prolongation de la cour de récré, un vaste concours de bites que les apports féminins ne parviennent pas à dissimuler.
    Allez, encore dix points d’abstentionnistes fermes et on va pouvoir commencer à se parler, si nous ne pouvons pas nous décider sur ce que nous voulons, foutons déjà l’air ce que nous ne voulons plus, et vite, notre pauvre planète ne va pas pouvoir tenir encore longtemps.
    Cessons d’être les soutiers du Titanic.

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    • Bien dit que des putraciées……odeur nauséabonde s’est répandue sur toute la France ….
      L’Esprit français (dans le bon sens du terme) comme l’esprit canal ont disparu ou disparaissent peu a peu…..pseudos franco hongroie espagno magrébine…..un beau mélange mais au final ça un goût dégueulasse ! Tous des pantins…nous aussi,on feint la réalité. Faisons tout péter sans horreur dans le bon déroulement des choses, rééduquons nous et surtout nos gosses…..

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  3. Bah. Dites-vous bien que « le changement, c’est maintenant ».

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  4. Je trouve que le comptage des votes blancs est du pur foutage de gueule puisqu’il n’entrainera aucune conséquence.

    Pour grossir outrageusement le trait, si toute une population vote blanc et qu’une seule personne vote pour un candidat quelconque, celui-ci sera toujours « démocratiquement » (à la mode française !) élu.

    En fait pour que le vote blanc prenne une réelle importance, il faudrait que son poids relatif dans l’élection entraîne obligatoirement des conséquences.
    Par exemple, si le vote blanc représente plus de 50% des votes exprimés, invalidation de l’élection et interdiction aux candidats présents de se représenter à la prochaine ! (Bon, on pourrait aussi envisager de les pendre, mais je vois tout de suite poindre les accusations de « talibans » ! (merde, y’a plus de smileys !)
    C’est juste un exemple, mais on pourrait facilement imaginer toute une grille de conséquences en fonction du pourcentage réalisé par le vote blanc…

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    • Pour moi il est très bien que les votes blanc soient comptabilisés à part. MAIS il est logique de ne pas les comptabiliser dans les  » suffrages exprimés puisque justement on ne sait pas vraiment ce qu’ils expriment..:-) et parfois des choses contraires!

      Refaire voter en interdisant aux candidats de se représenter aura pour conséquence d’avoir de moins bons représentants puisque les partis sont censés proposer les meilleurs. Cela n’a donc AUCUN intérêt pour les citoyens.
      On peut toujours imaginer.. Mais il faut voir les avantages pour les citoyens pour avoir les meilleurs représentants possible..!
      Si quelques voit des intérêts qu’il le dise et m’en informe y.bachaud@ric-france.fr . Sur le forum du R.I.C http://www.ric-france.fr il y a unfil de discussion sur le vote blanc. Il faudrait il allait..

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      • Tu penses vraiment que les candidats proposés le sont parce qu’ils sont les meilleurs d’entre eux? Je me souviens d’une élection où un parti m’avait contactée parce qu’il se disait que je pouvais être quelqu’un de qualifié pour le siège. Mais en fait, en sous-main, c’est une autre nana qui a été présentée. Tout le monde s’accordait à dire qu’elle était mauvaise comme un cochon, mais il fallait lui filer le ticket pour services rendus. Mon job, en fait, c’était de faire la claque pendant la campagne, de me taper les débats, les rencontres, tout, mais comme suppléante et de lui filer sa place à la fin. Tu penses bien que j’ai mieux à faire de ma vie que ce genre de magouille de merde.
        C’est à cause de ce genre de cuisine que ça ne marche jamais et que les partis ne sont plus que des machines à renvoi d’ascenseur. La lutte des places, quoi!

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  5. Seul le vote blanc exprime le mécontentement, l’abstentionnisme exprime une jambe cassée, une pluie battante, le désintérêt de la chose publique ou au mieux un bon film en bluray le dimanche quand il fait froid. Donc on ne peut rien dire sur l’abstention, en revanche sur des votes blancs, c’est à dire des gens qui se sont déplacés parce que la politique les concerne et qui ont montré que ce qu’on leur proposait était tout juste impensable, on peut spéculer. Et je trouve que trop peu de gens se déplacent pour cela, c’est dire la motivation à vraiment changer les choses, plutôt que de s’en foutre totalement.
    Parce que les abstentions n’expriment pas forcément un ras le bol, et le fait qu’ils augmentent est tout de suite récupérer à droite et à gauche par certains comme étant une preuve que l’opposition est un ramassis de crétins. Peut-être que simplement la société de loisir dans laquelle on vit a rendu plus intéressantes, ou, devrais-je dire plus brillantes, d’autres figures et d’autres activités que celle de s’occuper de sa cité. En gros, je parie fortement que quand tous les magasins seront ouverts le dimanche, l’abstentionnisme, qui en soit est déjà une interprétation du non-vote (on devrait dire absentéisme, qui est plus neutre et ne dit rien sur le motif de l’absence de vote) sera encore plus grand, puisque le but ultime ici et maintenant, n’est pas de partager, de gagner, de réussir mais bien de consommer. Consommer plus pour être heureux plus. Tout le monde sait que cela ne fonctionne pas.
    Alors que consommer moins pour être moins con, ça, ça marche.

    Bisous à tous.

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    • Tant que le vote blanc n’est pas comptabilisé, que tu fasses le déplacement ou pas, c’est du pareil au même. Donc, t’es écolo et tu restes à cultiver ton jardin.
      Mais le décompte du vote n’est que la partie immergée de l’iceberg de la déliquescence démocratique. Prenons les programmes des candidats : un chapelet de bonnes intentions creuses dont le principal objectif est de ne froisser personne,

      parce que tu comprends, on n’est pas là pour dire aux gens ce que l’on compte faire

      – et les laisser choisir en conséquence –

      mais pour uniquement pour gagner, histoire d’appliquer nos vraies idées une fois la place récupérée…

      Comment veux-tu, dans ces conditions, avoir le moindre intérêt à bouger ton cul, puisque tu sais pertinemment que la campagne électorale, c’est un vaste foutage de gueule qui prend les électeurs pour des benêts?

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  6. Ce papier suppose une conscience politique chez tous les acteurs. Est-ce vraiment le cas ? J’en doute au vu de certaines conversations…

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    • Mais on fait tous de la politique : les élus dans leur lutte des places et dans leur manière de distribuer l’argent des contribuables, les citoyens, chaque jour, quand ils râlent contre le prix de la cantine, l’absence de transports en commun ou le poids de l’impôt.
      Quand un candidat te dit : « on n’est pas là pour faire de la politique, mais du concret », c’est vraiment qu’il y a un dévoiement total des mots et des idées. Rien n’est plus concret que la politique : c’est notre vie à tous, tous les jours.
      Mais dans la fossilisation de la vie publique, la politique est réduite à cette sorte de gros cirque de menteurs patentés!

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  7. On nous vend la légitimité à priori des candidats (généralement inféodés à un parti) en appuyant sur leur expertise supposée sur les questions de gestion de la vie municipale. Ainsi les élus sortants se définissent comme « ceux qui savent », qui « connaissent les dossiers », qui comprennent « comment ça marche » et surtout « comment ça doit marcher ». À contrario de la démarche citoyenne ou participative, qui va être « une perte de temps » parce que les gens « n’y comprennent rien » et qu’il vaut mieux laisser la bonne gestion des affaires à ceux qui savent. C’est aussi une manière efficace de verrouiller le profil des prétendants au trône. Et de prôner la professionnalisation de la vie politique, ce qui s’essuie largement les pompes sur le concept à priori central de représentativité de la population. Et d’où le fait que les chômeurs, les ouvriers, etc. sont totalement exclus du paysage politique, y compris dans les niveaux le plus bas de la décision politique.

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    • « À contrario de la démarche citoyenne ou participative, qui va être « une perte de temps » parce que les gens « n’y comprennent rien »

      Histoire vécue

      Deux conseillers dont une conseillère catalogués comme « chieurs »: « nous demandons une consultation des habitants sur le projet de construction de logements »
      Le maire: « Pas question. C’est un sujet trop sensible, ils ne peuvent pas comprendre »

      En ce moment, une pétition rédigée par des citoyen(ne)s circule dans le bled pour exiger un débat sur le dit projet avant toute décision définitive du conseil municipal… caisse qu’y faut pas faire…;)

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      • La loi du 13.08.2004 prévoit que 20% des inscrits peuvent demander une  » consultation » sur tout sujet mais le CM peut refuser de l’organiser et ce n’est qu’un avis!!
        De plus pas les 2 première année et pas la dernière… C’est une FARCE de plus..avec l’article11..
        Sur le site du ric il y a une procédure légère qui consiste a tirer au sort un échantillon de la population sur les listes électorales, de le donner au maire pur qu’il les informe s’il le souhaite puis on prend les signatures on peut ainsi avoir la PREUVE chiffrée du soutien populaire dont le pétitionnaire bénéficie. Il est possible de confirmer en faisant voter UN bureau de vote qui a voté comme l’ensemble de la commune aux dernières municipales..Me contacter pour les précisions: y.bachaud@ric-france.fr

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  8. lisez le roman de José Saramago intitulé ‘la lucidité’ où l’auteur imagine qu’une capitale (portugaise ?) voterait blanc, en masse, et les conséquences….

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  9. Ajoutons à ça le modèle hiérarchique vertical français, quasi autocratique, dans le privé comme dans le public, un régime hyper présidentiel…et voilà le tableau d’une société dirigée par des chefs et des chefaillons.

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    • Oui, je suis hallucinée par les dégâts constants de cette conception de l’organisation et de la cécité de tous quant à la remettre en question, que ce soit dans l’entreprise, les syndicats, les organisations politiques, etc.

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  10. Il y a sur Médiapart (du 22 ou 23 mars, flemme de vérifier, dans la rubrique blogs des abonnés ..) un remarquable article de Pierre-Antoine : Le caractère aristocratique des élections.
    avec à la fin des idées de lecture ( Kempf, Manin … ) et un lien pour le site d’Etinne Chouard )

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    • Merci pour cette référence : http://blogs.mediapart.fr/blog/pierre-antoine/240314/le-caractere-aristocratique-des-elections

      Il ne suffirait ainsi de remplacer les gens actuellement au pouvoir pour que le système disparaisse. Or, ce n’est pas une question de personnes, mais une question d’institutions : ce sont les institutions qui prédéterminent les caractères les plus courants des personnes désignées pour gouverner (comme le dit Bernard Manin, « Parce que l’élection est un choix, elle comporte ainsi une dynamique interne qui fait obstacle à la désignation de citoyens semblables aux autres », in « Principe du Gouvernement représentatif » op. cit., p. 182). Évidemment, cela ne signifie pas que tous les élus sont dépourvus de vertu, mais que ceux qui sont vertueux ne peuvent être élus que de manière marginale, parce que l’élection est une compétition dans laquelle la vertu réelle n’est pas un atout (puisqu’elle n’est pas déterminable ; et la vertu peut se feindre), mais plutôt un handicap (pour être élu, il faut être prêt à jouer les jeux d’appareils, les trahisons et reniements). C’est en cela que l’élection n’est pas démocratique : il faut un titre particulier pour gouverner. La démocratie, elle, est « le pouvoir propre à ceux qui n’ont pas plus de titre à gouverner qu’à être gouvernés » (Jacques Rancière, « La haine de la démocratie », Éd. La Fabrique, 2005, p. 54).

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  11. Faire passer les absentions pour des gens qui s’en foutent c’est exactement faire le jeux des politiques qui se foutent de la population, puisque in fine, ils sont sûr d’arriver, à priori une fois sur deux au minimum et « casés » au chaud en « inter contrat ».

    Aller voter blanc pour montrer qu’on n’est pas d’accord c’est comme aller prôner des valeurs de partages sur un forum libéral : ca sert à rien que s’user, s’aigrir et se dégoutter.

    Lorsque tu as compris que le système en place a été taillé pour se maintenir contre la population et que cette centralisation n’est nécessaire que dans une population « d’incultes », à quoi sert d’aller jouer le jeu pipé. Imagine même que tu arrive à 15 élus sur 577. Tu penses que cela va changer le monde ? tu penses que tu auras assez de temps d’antenne pour faire partager tes idées lorsque les présentateurs sont choisis pour te défoncer ta race. tu crois que l’accès à des « journaux » comme fakir ou XXI ca faire changer le monde ? tu ne peux pas faire le poids, c’est comme les petits éditeurs indépendants qui tirent à 50 exemplaires, c’est juste pour le fun.

    Même les municipales c’est du pipo. D’abord on a les intercomm _obligatoires_ qui concentrent les décisions par les plus « fort » (donc les plus gros en nbr d’habitant), ensuite même les impôts sur le foncier et sur le bâti, maintenant que les grosses villes sont saturées et que les zones commerciales se font sur les périphéries, ces taxes se versent aux intercomm, ce qui veut dire retournent encore aux gros alors que c’est ton bled qui supporte le truc. (regarde le changement de répartition de toutes ces taxes…) Et tous les cons de bobos qui expliquent que tant de villages c’est con qu’on devrait regrouper tout en 10 fois moins. 3 cochons s’est bio et bien, 3 000 cochons c’est con et pollueur, par contre pour les humains faut les entasser… (ca fait des cons je pense, comme les cochons).

    Alors oui tu peux y croire et il y aura toujours un turn over d’un petit groupe qui y croit et qui donnera l’impression qu’une alternative peut arriver par les urnes, mais c’est comme les vieux beatnicks, il n’y a que eux qui y croient et qui tiennent comme ils peuvent jusqu’à ce qu’il y ait un petit groupe qui les relaient pour tenir jusqu’à ce qu’un petit groupe….

    J’ai vécu à mon niveau sur un autre sujet : faut passer à autre chose et se préparer à sortir les fourches (ou le plomb) car il y aura un moment bascule qui arrivera et si on veut que ca change il FAUDRA aller au tas, pour de vrai, pas à se lamenter derrière un clavier en fustigeant ceux qui ne votent pas sans se rendre compte qu’avec son vote, on ne fait _rien_ avancer.

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    • il y a deux problèmes distincts:
      – toute cette hiérarchie et ces élections (l’extrait donné par Agnès est très clair) de laquelle nous ne sortirons que par le tirage au sort (et là dessus Etienne Chouard fait beaucoup de pédagogie); et que cette hiérarchie se transfère et se diffuse à toutes les institutions, y compris l’intercommunalité;
      – et le fait que l’on constate qu’avant les villes étaient plus denses et le territoire occupé par des champs cultivés ou des forets, et qu’a partir de la fin de la 2ème on a assisté à un étalement urbain des villas avec piscine, et que tous ces personnages qui sont allés construire loin des voisins exigent quand même d’être desservies par tous les réseaux. Et cela coute un max et des ressources et de pognon. Le rêve des viles formées de grandes maisons toutes entourées d’un grand jardin (avec piscine) c’est le l’intox american way of life et ce n’est pas très écologique…

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      • Parce que c’est bien plus écologique des étendues de béton sans espace verts ou les gens s’entassent dans des clapiers. C’est sûr c’est moins cher, parfois spartiate et donc probablement plus réfléchi.

        Les villes étaient plus denses car moyennement pas de banlieue mais c’est la concentration qui pose problème, pas l’étalement. Les grands jardins c’est tout ce qu’il y a de plus écologique avec un habitat dispersé, une surface de gazon (puits de carbone) qui compense la production de la « famille », ce qui est stupide par contre c’est la concentration des zones travail/habitation/commerce qui oblige a des dépenses d’énergie en transport.

        Et ce qui pose problème dans le cas des pollutions des grandes villes (paris, lyon, pékin..) c’est justement l’absence de grand jardin à chaque maison. C’est très bobo parisien d’expliquer que les connards qui habitent loin en banlieue qui ont obligatoirement une voiture car les transports c’est la merde et qui viennent les faire chier dans paris (souvent pour le travail ou pour dépenser de l’argent et donc faire vivre le critiqueur en chef) sont les responsables de tous les maux et qu’on devrait les maxi-imposer pour les réguler.

        Celui qui fait chier c’est le bobo parisien qui s’entasse avec son congénère, créant des problématique d’approvisionnement en eau/électricité/évacuation/denrées (pb de volumes) et créant ainsi une verrue dans le paysage que la nature ne peut absorbée, créant des puits de chaleur et de pollution…

        Je lisais un blog qui a tourné comme cela, c’en fait pitié de tant de bêtises avec des contresens en terme d’aménagement du territoire. L’avenir intelligent est à la décentralisation et à l’étalement logement/travail/commerce en zone mixte.

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        • Il y a des gens qui ont réfléchi et écrit sur le sujet urbanisme, qui est un peu hors sujet par rapport au billet d’Agnès… Deux aperçus:

          http://www.monde-diplomatique.fr/2000/07/STEWART/14010
          http://www.monde-diplomatique.fr/2008/02/BERQUE/15586

          La densité d’une ville exprime le nombre d’habitants à l’unité de surface, et non la taille de la ville. Ce que jadis on appelait la banlieue –et qu’aujourd’hui fait partie intégrante de la ville– s’est transformé en « espace péri-urbain » qui s’étale, s’étale, de sorte que l’on ne sort jamais de la ville, que la campagne est envahie par des citadins. C’est bien cela le problème: ils veulent vivre « à la campagne » mais avoir toutes les commodités du centre ville…
          Cela ne veut pas dire que les mégapoles soient la solution, c’est plutôt l’accroissement des citadins –la disparition de la paysannerie– qui est le problème. Et ce problème est mondial: vers 2006-2010, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, le rapport s’est inversé et il y a plus de citadins que des paysans. Et non seulement les citadins envahissent et détruisent la campagne, ils envahissent aussi l’espace politique et viennent chasser les maires « aigriculteurs » du coin qui pour compléter leur ploucquerie sont aussi chasseurs (comment le montre le post qui suit).

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    • Avec 15 élus à l’assemblée, vous avez un groupe parlementaire, donc un budget, utile pour financer des travaux d’expertise, et vous pouvez du coup participer plus efficacement aux commissions parlementaires diverses. Vos amendements ne seront probablement pas votés du fait de la discipline de vote, mais vous pouvez sérieusement faire avancer certaines idées, surtout si vous limitez les textes farfelus pour faire des textes précis. Un des meilleurs exemples est celui de René Dosières et ses travaux sur la transparence des dépenses publiques: il a obtenu, seul, plusieurs changements dans la publicité faite aux dépenses de l’Elysée/gouvernement. Même quand il était dans l’opposition.

      Le truc est de se concentrer sur un sujet, et de le maitriser à fond, ce qui est hélas rarement le cas des députés non alignés.

      Réponse
    • Il faudra tout simplement descendre dans la rue pour arracher le référendum d’initiative citoyenne en toute matière dans l’articvle3 de la Constitution. C’est l’unique revendication de l’association http://www.article3.fr . Il faut signer la pétition et plus si affinités.
      SANS RIC le peuple n’est RIEN.Il est réduit au silence entre deux scrutins de même niveau et ne peut même pas CHOISIR ses représentants dans le parti de son choix car il ne dispose pas du VOTE PREFERENTIEL qui existe pourtant dans 18 paysd sur les 28 de l’UE..

      Réponse
  12. Non seulement le billet reflète parfaitement la réalité y compris dans les petites communes ! C’est pire quand la commune est rurale et que le maire est un « aigricultueur » (non je n’ai pas fait de faute) et chasseur de surcroît…
    Les commentaires sont à la hauteur .
    Pour la question du tirage au sort c’était bien ainsi que s’exerçait la démocratie en Grèce !
    Merci pour ce blog si riche.

    Réponse
    • Si la démocratie en Grèce fonctionnait ainsi, elle utilisait aussi le travail des esclaves pour financer sa classe de citoyens « tirables au sort ». Ce n’est donc pas nécessairement un progrès.
      Il y a un bon bouquin de Losurdo « contre-histoire du libéralisme » qui fait le lien entre républicanisme démocratique libéral et développement de l’esclavage.

      Réponse
      • Les Athéniens d’il y a 2400 ans n’avaient pas inventé le paradis sur terre. Mais le système politique qu’ils avaient mis en place après plusieurs siècle de république, la démocratie, permettait effectivement à l’ensemble des citoyens de participer aux décisions.
        Ils appliquaient la rotation des charges (plus de politicien de carrière) et le contrôle strict de l’activité des tirés aux sorts et des élus (ils y en avaient pour certaines fonctions).

        Nous même, assurons notre aisance matériel en faisant trimer des gamins à l’autre bout du monde pour un salaire de misère. Par ailleurs, le système actuel procure des quasi esclave à moindre frais. Inutile de les acheter, ils implorent de pouvoir travailler et on les paye moins que ce que nous coûterait leur nourriture et leur logement (les système sociaux assurant leur entretien).

        Comme les Athéniens, nous ne donnons pas aux résidents étrangers la possibilité » de participer à la vie politique et n’avons accordé le droit de vote aux femmes que depuis peu.
        Je ne suis pas sur que nous soyons tellement plus estimable que les Athéniens.

        Réponse
        • Les athéniens avaient aussi inventé l’ostracisme, qui, ramené à l’époque moderne, nous mettrait à l’abri des Sarkozy Hollande z’et autres Valls, dangereux individus dont les frêles enveloppes ne peuvent contenir les ambitions et les ego démesurés.
          Quand les petits êtres disgracieux commencent à rêver de princesses, les ennuis commencent! :o)

          Réponse
      • Par l’évolution des techniques, les pratiques sociologiques d’hier ne peuvent prétendre à demeurer universelles sans abus.
        On peut même croire qu’elles ne servent alors qu’à l’aveuglement et l’asservissement des peuples au même titre que les religions.

        Réponse
  13. Bien que je ne sois pas du tout d’accord avec votre point de vue, j’aime votre blog. Certainement à cause du côté « petit bout de la lorgnette », si vous me passez l’expression, de votre approche peu partisane de questions qui dépassent de très loin le niveau local. Il transparaît de votre prose une forme de sincérité qui me touche, d’une façon ou d’une autre.

    Vaut-il mieux parler aux citoyens hypocrites en espérant qu’ils deviennent un jour capables de sincérité, ou aux citoyens sincères en espérant qu’un jour ils parviennent à se déprendre de rets débilitants pour leur pensée ? Voilà une question à laquelle je n’ai pas la réponse. Parler à des gens hypocrites est toutefois un exercice des plus désagréable, bien plus encore que d’avoir le sentiment de n’être jamais lu ni entendu, de constater que ses mots demeurent inaudibles, leur sens impensable.

    Mais à chaque grand-messe électorale, à chaque démonstration de force du Pouvoir, c’est la même chose : si les plus sincères se plaignent très stupidement de ce que leur rituel idéal ne s’avère une fois de plus qu’un leurre, les hypocrites rivalisent eux de fanfaronnades, de malhonnêteté et de mauvaise foi partisane. Leur bêtise zélée et intéressée m’a depuis longtemps fait renoncer à m’infliger la souffrance de les lire.
    Votre post a lui, une fois de plus, quelque chose de désarmant.

    « Une nouvelle constitution ». « Nouvelles façons de gouverner ». « Le vote », « la représentation ». La menace du « fascisme ».

    Je pense que la vague de fond de destruction sociale qui accompagne, manifeste, et sur lequel prospère, le pourrissement de la société libérale mondialisée n’a à ce jour en face d’elle rien ni personne qui puisse permettre d’envisager de chercher à l’endiguer. Parce que personne – en dehors de quelques esprits revêches qui se tiennent plus ou moins résolument hors de la politique, et pour cette raison sont tenus pour plus ou moins insignifiants par les amateurs de citoyenneté en tout genre – n’a le courage intellectuel d’essayer de commencer d’en prendre la catastrophique mesure.

    Aucun de celleux qui prétendent parler et agir contre tel ou tel aspect particulier de l’état présent ne s’est d’abord donné les moyens de le penser. C’est qu’aucun-e n’a d’ailleurs imaginé, n’a été capable de ressentir combien il pouvait peut-être être devenu indispensable, et toujours plus urgent, de chercher à se donner d’abord des moyens de penser contre le monde, contre la société dans laquelle ellil vit et s’est constitué-e comme individu : et donc aussi contre l’individu qu’ellil se trouve y être ; avant de venir prétendre publiquement et inconsidérément à quoi que ce soit.
    Aucun de celleux qui s’obstinent à parler encore de démocratie, de droits, de représentation ne semble avoir conscience de la radicale obsolescence de ses conceptions, des termes dans lesquels ellil persiste à croire se saisir de la société et des êtres humains qui la composent.
    Il n’y a guère qu’un tout petit siècle et demi que Thoreau a fait remarquer cette évidence : que la meilleure façon d’être gouverné, c’est encore de ne pas l’être, et dont le corollaire est que la meilleure façon de gouverner, c’est encore d’y renoncer. Et à propos, quand donc le nommé La Boétie mourut-il ?

    Mais leurs idées sont sans-doute bien trop nouvelles ou lointaines pour que les citoyens en aient eu connaissance, ou qu’ils aient pu en extraire la substantifique moelle..

    Aucun n’a donc imaginé que le moyen de penser contre les méfaits de la société présente, contre les conditions matérielles qu’elle produit, pouvait bien exclure radicalement le projet d’y poursuivre une quelconque fin représentative ou électorale. Même, et surtout, démocratiste.

    Je le sais, démocratiste n’est pas connu du correcteur d’orthographe (les dictionnaires appartiennent eux au passé), je néologise. Mais quoique l’aveuglement électoraliste citoyen ait quelque chose de résolument crasse (hélas, ça n’est pas parce qu’il est blanc que le vote cesse d’être une bêtise crasse), l’orthographe démocrassie est trop facile, et pour cela a déjà été galvaudée. Et il me faut bien tâcher de rendre perceptible, aux quelques rares qui parviendront, sinon à desserrer l’étau de leurs œillères, du moins à éprouver un début de honteux inconfort à son étreinte, ce qu’a de sourd et obstiné, d’imperturbablement obtus, de stupidement borné, de grossièrement bas du front, de démocratiste, le fait de brandir après deux siècles de répression, de progrès à la cravache, de chair à travail, à droits de l’homme et à droit de vote, de colonialisme et d’étatisme, de militarisme et de misogynie, de ravages et de destructions, le répugnant fétiche démocratique, la vieille serpillière démocratique.
    Démocratiste, cette vieille fascination des citoyenn-e-s pour le sinistre fléau qu’est le Pouvoir, magiquement métamorphosé en porteur d’émancipation, à les en croire, lorsqu’il serait aux mains de la chimère du Peuple!
    Démocratiste, ce goût acquis pour le dépouillement de sa propre volonté et de sa propre parole, opéré par chacun sur lui-même dans l’isoloir.

    Il ne s’agit plus depuis longtemps d’une question de « nouvelle constitution », et l’impossibilité de la liberté se réalise depuis longtemps beaucoup plus sûrement sans qu’aucun régime fasciste n’y soit nécessaire. Les gouvernements démocratiques, plus souples, y réussissent bien mieux. Ils ont montré à quel point ils étaient plus durables.
    Mais ce qui, plus encore que la liberté, est voué à être absent de la politique, c’est la capacité à penser historiquement, et à envisager ce qui est possible maintenant : et, par exemple, constater que la politique, ses partis, ses élections, sa liberté incarnée dans le vote au suffrêle universage, est justement ce dispositif anti-historique qu’emploie le Pouvoir moderne pour congédier la capacité de penser le possible, et en tirer les conséquences.

    Pour ce qui est de la farce tragique du pouvoir, les citoyens électeurs frontistes sont quant à eux, plus que jamais, des dindons comme tous les autres, et des dindons qui ont la foi. Pauvres nationauds, pauvres petits édentitaires. Leurs tristes songes de puissance et de grandeur autoritaire sont bien en deçà de ce que la société capitaliste et sa technologie démocratique produisent déjà, en termes d’omniprésence de l’arbitraire, et de destruction radicale des conditions matérielles de l’autonomie des êtres humains.

    Aux municipales comme aux autres des grand-messes électorales – ces moments parmi tant d’autres de la guerre permanente qui est faite à chacun dans la société libérale, à laquelle chacun est réduit à participer, – aucun parti politique n’envisage de mettre fin à quoi que ce soit de sérieux, à quoi que ce soit qui ne soit superficiel, qui ne soit optionnel. Aucun candidat, aucun électeur ne pense contre le monde dans lequel il vote ou se présente considéré historiquement, et comme une totalité.
    Aucune élection ne décidera de la fin de la société capitaliste. D’une société qui plus est colonialiste, sexiste, industrielle, et j’en passe – et, pour le coup, d’une société férocement, résolument, et institutionnellement inégalitaire et hiérarchique.

    De fait, pour qui a à cœur l’émancipation et la liberté des êtres humains réels, les élections ont toujours été des jours de défaites. Et ça n’est pas plus grave que cela, si l’on n’oublie pas que, lors de ces jours obscènes de barnum, un simulacre de combat est organisé à grands frais par l’Etat, qui déploie la puissance de son arsenal logistique, et un aréopage de champions : et dont, sauf exception, il sort vainqueur. Il s’agit autant d’une massive démonstration de force de sa part, régulièrement répétée, que de l’occasion pour la servitude volontaire citoyenne de venir signer et tremper sa résignation dans la participation, pour quelques années. Les élections sont a la liberté individuelle ce que les défilés militaires peuvent être à la diplomatie.

    Lors de cet événement fabriqué de toute pièce, de ce simulacre d’histoire prévu d’avance dans le calendrier, toute velléité de pensée critique a une fois de plus le loisir d’éprouver sa faiblesse et son isolement face au rouleau compresseur du faux sans réplique. C’est dire si une critique bien sentie aura garde de s’y laisser abuser, et qu’elle doit au contraire souligner à quels procédés tiennent les apparences d’évidence et de nec plus ultra de la pensée humaine que se donne la démocratie.
    Quant au mécontentement, dont les naïfs font si grand cas, il est parfaitement intégré aux festivités. Il trouve à s’y couler dans des formes non pas seulement inoffensives, mais qui viennent librement concourir à la perpétuation de cela même qui l’a produit. L’important étant que les mécontents jouent au même jeu que les autres, qu’ils participent. De fait, en réclamant que leur vote blanc soit pris en compte, ou en se concevant comme « le plus grand parti de France », les plus mécontents s’avèrent incapables de faire plus que de souhaiter de voir leur acte d’allégeance à l’ordre social reconnu, et dans les formes, s’il vous plaît. Autant dire qu’ils s’avèrent bien incapables de rien souhaiter qui s’écarte un tant soit peu des pauvres attentes et de la passivité participative des autres électeurs.

    Si les êtres humains doivent un jour parvenir à ne plus être aussi brutalement qu’ils le sont depuis deux siècles, les jouets de lubies et d’illusions qu’ils se tuent à produire, entretenir, et s’infliger collectivement, ce ne sera pas du fait de la démocratie, de sa représentation, de la politique.
    Mais ce jour n’est pas arrivé.

    Pour autant, si rien ne dit qu’il arrivera, rien ne dit le contraire non plus.

    Réponse
    • @ Martin
      La participation aux élections n’implique pas cette fatalité :
      « les plus mécontents s’avèrent incapables de faire plus que de souhaiter de voir leur acte d’allégeance à l’ordre social reconnu »

      Pour le proposer je m’appuie sur votre entame :
      « Vaut-il mieux parler aux citoyens hypocrites en espérant qu’ils deviennent un jour capables de sincérité, ou aux citoyens sincères en espérant qu’un jour ils parviennent à se déprendre de rets débilitants pour leur pensée ? »

      Dès lors qu’on établit préalablement en soi de se défaire des rets débilitants de la pensée et d’entendre à ne plus être :
      « les jouets de lubies et d’illusions qu’ils se tuent à produire, entretenir, et s’infliger collectivement »

      Alors, le contenu du vote participatif (qui que quoi nul…) n’a plus de signification profonde.
      Seul se justifie son usage implicite à chaque individu visant par exemple à empêcher le masque démocratiste de tomber au profit de celui du fascisme qui le sous-tend et qui se révèlera bien plus encore effroyable et débilitant pour la pensée de tous.

      Merci de votre lucide intervention, Joel

      Réponse
    • Martin,

      Et…???
      Il reste que nous sommes des animaux sociaux, plutôt prolifiques, que l’accès à l’espace et aux ressources n’est pas illimité, que la raison ne fait pas partie du bagage initial, il faudra quand même bien trouver une forme d’organisation acceptable à notre humaine condition…
      Reste à définir la condition humaine, et là…

      Réponse
      • La façon dont vous introduisez votre réponse en brandissant d’emblée les spectres de l’accès à l’espace et aux ressources limités, de l’animalité humaine proliférante, etc. me semble surtout là pour contenir la critique, en invoquant d’emblée la nécessité d’un contrôle, d’une centralisation, d’un gouvernement, au nom de la raison.
        Il est vrai que la société humaine n’a jamais aussi crucialement requis d’être raisonnablement gouvernée (j’ironise) que depuis qu’elle est technologique et mondialisée.

        Mais les citoyens prennent systématiquement la question de l’organisation à l’envers. Ils ne partent pas des êtres humains réels, des conditions matérielles dans lesquelles ils se trouvent vivre, de ce que ces conditions font d’eux, à quoi elles réduisent leurs relations existantes : lorsqu’on on leur parle d’organisation, quand ils n’ont pas déjà leurs yeux rivés sur l’Etat et ses agents, ils entendent quand même gouvernement, Etat et représentants. Ils préfèrent oublier les rapports sociaux que ceux-ci impliquent – rapports sociaux qui font d’eux ces misérables qui se rengorgent de se dire citoyens -, en se demandant savamment laquelle des formes possibles de gouvernement ferait des êtres humains les meilleurs misérables qu’on puisse concevoir. Tout leur est bon, même le recours au hasard du tirage au sort, pour ne pas avoir à commencer de regarder en face la condition qui leur est faite ici, maintenant, pour n’en faire jamais qu’une critique superficielle.

        Si la « forme d’organisation » à trouver, que vous évoquez sans vous mouiller, n’est pas élaborée par les êtres humains réels s’émancipant de leur triste condition actuelle – de l’Etat, du marché, de la technologie, etc. , si cette forme d’organisation n’est pas élaborée dans le mouvement même de cette émancipation, à partir de leur propre pratique, et des relations qu’ils entretiennent entre eux, en chérissant et développant leur autonomie individuelle ; en un mot, si cette forme d’organisation doit ménager l’idée de gouvernement, et quoi que ce soit de la société que nous connaissons, alors il vaut mieux admettre tout de suite qu’elle ne sera pas trouvée : mais c’est aussi parce qu’elle n’aura jamais été cherchée.

        Réponse
        • Désolé pour l’introduction qui semble tant vous déplaire, mais les faits sont têtus, nous sommes nombreux, concentrés dans les agglomérations et dépendant de l’emporte-pièce pour nos besoins élémentaires, l’organisation (une vue globale) s’impose d’elle même.
          De fait, je ne la réclame pas particulièrement, elle est là, l’enjeu théorique de nos suffrages, (quand on s’exprime), est juste de déterminer qui la contrôle, au profit de qui, et d’essayer d’accueillir demain avec plus de sérénité. On est loin du compte.
          Écologiquement parlant, il y a une urgence à arrêter les conneries, le temps de la branlette intellectuelle est dépassé.

          Technologie? Pas pour tous le monde, et mise à part la prédation, je ne vois pas de mondialisation.
          Les frontières, c’est pour les pauvres, les capitaux ont toujours circulé quels que soient les époques et les régimes .

          De quels citoyens parlez-vous?
          De cette masse atomisée par leurs intérêts personnels à court terme ?
          Quelle cité auraient-ils bien pu bâtir ou même sauvegarder ? Avec quel contrat social, quels objectifs?
          Il ne suffit pas d’habiter un pays pour s’en prétendre citoyen.

          La priorité me semble-il, est de casser le processus qui nous a conduit dans cette impasse, le tirage au sort peut être une modalité, un moyen de faire dégager une caste aux services de prédateurs prête aux pires abominations pour se maintenir, casser les lieux où le pouvoir se concentre.

          Je crois aussi que nous devons changer de paradigme, repenser le problème à partir de nos vrais besoins locaux, le commune me semble être la bonne échelle pour rebatir, et par coalescence, créer quelque chose qui ne s’appellera pas, un état, une nation, mais une communauté qui donnera tout son sens à la condition humaine.

          L’Histoire nous montre le chemin, la brutalité avec laquelle la Commune fut réprimée nous indique que les gens qui l’ont faite avaient vraiment mis le doigt sur un moyen d’échapper au système vertical*. Plus prêt de nous, les anarchistes catalans pendant la guerre d’Espagne et les gens du CNR qui ont su mettre à profit un chaos pour penser un avenir meilleur.
          Notre propre révolution avait accoucher d’idées et de principes un peu trop vite foutus à la poubelle de l’Histoire.
          L’héritage que nous avons, est celui qui a été défendu avec le plus d’intérêts et d’efficacité.
          Le temps n’est pas tant de produire des idées originales mais d’exploiter celles que nous ont légué nos devanciers.

          Les solutions sont sur les linéaires des bibliothèques ou dans vos liseuses si vous les y mettez !:o)

          * A ce sujet, il me semble intolérable que des espaces publics puissent encore porter le nom de Thiers, le dénoncer serait foutre un bon coup de pied dans la fourmilière, je serai curieux d’entendre le point de vue de certains de nos « démocrates ». Quand même !!!

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          • Je crois que Martin pense qu’on ne peut envisager la mise en place d’une hiérarchie, quelqu’elle soit à cause de la propension de toute hiérarchie à limiter les libertés individuelles et parce que dans le même temps cette même hiérarchie cherchera par tous les moyens à se maintenir « pour le bien de tous ».

            La réflexion sur une nouvelle forme de gestion du vivre ensemble ne peut se faire qu’en dehors du cadre, car ce dernier circonscrit dans l’esprit des gens les possibilités à ce qu’il est capable de gérer, dans l’unique but de perdurer.

            la population, la course à l’espace et aux ressources sont des épouvantails à effrayer les ptits enfants, c’est dans le cadre même de la gouvernance qu’il en devient un problème. Vous supprimer les lois donnant avantages à un petit groupe et leur protection, et tous scs problèmes disparaissent.

            C’est le cadre le problème, pas ce que nous en faisons.

          • Donc, tu en arrives à la même conclusion : nos institutions sont dépassées, elles fixent des comportements totalement inadaptés.

    • Quelle jolie tisane insipide vous nous avez faite.

      Vraiment, c’est très plat.

      Réponse
      • Si vous avez un argument, et même, pourquoi pas?, plusieurs, à opposer à mon propos, ou pour justifier le vôtre, croyez bien que j’en prendrai connaissance avec plaisir.
        Il n’y a rien de tel, rien de plus stimulant, ni de plus rare hélas, que de rencontrer une contradiction digne de ce nom. Une contradiction qui prenne la peine de se dire, et de s’assumer.

        Mais, pour l’instant, votre plat sonne plutôt creux.

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        • Vous pouvez écouter ça, état et société :

          Si nos démocraties se réduisent à la coexistence des libertés au sein d’une société de marché politique, elles entrent en contradiction avec leur principe fondamental qui est l’autogouvernement. La liberté de chacun perd son sens dans l’impouvoir général. Une liberté sans pouvoir est tout simplement dérisoire. Peut-être fallait-il en faire l’expérience pour que nous entreprenions de repenser la liberté. La liberté n’est pas selon l’idée spontanée que nous sommes portés à nous en former que contradiction avec le pouvoir. Elle a aussi besoin du pouvoir pour se réaliser.

          http://nouvellesdelhumanite.over-blog.com/article-le-on-inaugurale-de-marcel-gauchet-aux-rencontres-de-sophie-13-fevrier-2014-captation-video-122781017.html

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    • Salut Martin

      J’aime tes interventions Martin,
      Toujours longues, bien écrites et réfléchies.
      Toujours très noires aussi (parfois un peu hautaines, à mon goût, mais pas là ! 😉 )..
      Là tu finis sur une note d’espoir « rien ne dit le contraire non plus », ce qui n’est pas désagréable, bien que je te pense convaincu qu’il n’arrivera pas (simplement parce que pour arriver, il faudrait que la raison l’emporte en tout un chacun, et que vu le degré d’aliénation auquel tu considère tes contemporains soumis, je ne suis pas sûr que tu croies en l’être humain et en sa capacité à être raisonnable).
      Revenons sur le fond de ton propos.
      Si je ne m’abuse, tu dis que la démocratie actuelle est un magnifique outil pour asservir les êtres humains. Bien plus efficace que l’autoritarisme des régimes fascistes, royalistes ou autres, simplement parce que beaucoup plus stable. Qu’elle est une machine à ôter toute liberté individuelle avec plus de douceur et de machiavélisme que tous les autres systèmes expérimentés jusqu’à aujourd’hui.

      Bien.
      D’un point de vue organisationnel, je rejoins ton point de vue. La société démocratique, capitaliste et consommatrice dans laquelle nous vivons, est plus de nature à freiner toute émancipation individuelle que l’inverse…
      Mais, tout de même, à titre individuel, cette société, si abjecte qu’elle soit, ne t’a-t-elle pas permis d’élever ton niveau de conscience? Empêche-t-elle systématiquement toute personne cherchant à aiguiser sa raison et à le faire sereinement?
      Si elle ne l’y encourage pas, elle ne l’en empêche pas, et c’est déjà ça.
      Deuxième remarque, le temps de la critique est nécessaire, oui. Mais le temps de l’organisation sociale l’est aussi.
      Si la démocratie telle qu’on la pratique (ou alors même, toute forme de démocratie) n’engendre que hiérarchie, sexisme et autres perpétuations d’archaïsmes permettant aux dominants de conserver leur pouvoir, que proposer de fonctionnel comme organisation sociale.
      Devons nous nous garder de proposer quoi que ce soit puisque ça priverait, de facto, de liberté ceux qui ne proposent rien?
      Nous sommes quelques 6 milliards sur la Terre (je pourrais me réduire à l’échelle de la France, mais considérons que l’Humain dépasse largement le cadre national). Comment penses-tu que nous puissions tous jouir d’une raison affranchie de tout asservissement, comment penses-tu que nous puissions atteindre un degré de liberté suffisant sans nous organiser socialement?
      Et alors, comment pouvons nous nous organiser socialement en permettant à chacun d’être libre?

      Personnellement, je pense que la liberté, si elle existe (déjà 😉 ), ne peut être que l’objet d’une quête individuelle… Et je ne sais pas si nous pouvons tous effectuer cette quête, en premier lieu, parce que je pense que nous ne le voulons pas tous, et ensuite, parce que je ne pense pas que nous survivrions à cette démarche collective (il faut bien produire pour la survie des 6 milliards, et l’autosuffisance ne suffit pas. Une organisation sociétale est nécessaire).
      Ceci dit, je ne propose moi non plus pas de solution, si ce n’est de conseiller à tout un chacun d’être chercheur, que ce soit pour approfondir sa raison ou un art quelconque. Ca aide à l’émancipation…

      Réponse
    • @Martin Scriberius :

      Brillant aparté nietzschéen qui, je le crains, va se heurter aux mêmes écueils qui font que la pensée de Nietzsche se résume aujourd’hui à des citations tirées de leur contexte, histoire de briller en société avec le vague projet de faire frémir le bourgeois… qui s’en fout.

      Ceci dit, je vous suis à la trace, Martin, et approuve l’ensemble de vos points de vue. Mais peut-on, au-delà des mots, faire fi de ce que je tiens comme relevant de la nature humaine, qui est au coeur de notre débat, et que je désignerai, en me référant au symbole, par la « quête du chef » ?

      Toutes les sociétés humaines, depuis les origines de la civilisation, sont dans cette quête du chef de guerre, du chef de sang divin, du sage, du protecteur, du prophète, du maître, du patron, du père fondateur, du fils digne héritier du père fondateur. Nous n’avons fait que reproduire ce schéma multimillénaire au fil des siècles. L’individualisme, produit du capitalisme libéral, n’a su en venir à bout.

      Nous ne savons pas aller seuls et selon notre seule volonté. Les exemples passés de tentatives de communautés alternatives sont là pour nous le démontrer. Tôt ou tard s’est posée la question du leader, du gourou, du chef, d’une ligne directrice admis par les uns, contesté par les autres. La zizanie s’est installée, minant l’utopie puis la pulvérisant, signant par là le retour à la case zéro. Nous sommes à ce point incapables d’autodétermination que nous avons laissé se tisser la toile d’araignée dans laquelle nous nous plaignons d’être englués. L’araignée est au centre de la toile. La nourrir c’est assurer notre survie. Si nous ne la nourrissons plus, nous serons livrés à nous mêmes. Il y aura ceux dont la préoccupation sera de préserver l’environnement, ceux dont le projet sera de protéger leur confort, ceux dont le but et sera de préserver leur propre vie, et ces projets-là s’élaboreront sur le mode de l’antagonisme.

      Si je veux, moi, m’installer à la campagne pour y vivre en autarcie, là où il y a de la terre cultivable et un puits, qu’est-ce que je vais commencer par faire ? Eh bien, vouloir me protéger de ceux qui chercheront à m’en empêcher pour toutes leurs bonnes raisons. Si je ne peux pas le faire seul, je vais déléguer ce pouvoir à celui qui va me dire « Je peux faire ça pour vous, j’ai des hommes, des armes, des moyens pour le faire ».

      Car forcément, ça ne va pas s’opérer dans le peace and love. Un autre voudra le terrain que j’ai choisi parce qu’il dispose d’un puits, de bonne terre, d’une bonne orientation, un autre me reprochera de lui faire de l’ombre, un autre me contestera le droit de cultiver cette terre parce que du temps de l’araignée, il en avait hérité de son grand-père et qu’il voulait y construire une villa. Et moi je vais vouloir me protéger de ces antagonistes qui en veulent à mon projet. Ainsi réinvente t-on la société au travers de sa tare fondamentale, qui est l’annexion d’un territoire par le pouvoir puis par l’argent, à savoir la propriété privée.

      Que faire de soi qui puisse se faire avec, sans, malgré l’autre sans qu’il en découle un antagonisme ?

      C’est la question centrale que pose votre intervention.

      Elle est métaphysique, quand la question posée par notre hôtesse touche au paradoxe de pouvoirs où nul ne se reconnaît plus dans la figure de chefs élus par défaut, parce qu’il faut un chef, parce que nous ne savons pas aller seuls, parce que les rares alternatives envisageables se sont avérées des échecs (voir plus haut) ou tiennent de l’utopie fumeuse quand elles n’ont pas té expérimentées (tirage au sort… pourquoi pas loterie ?), parce que ceux qui ont quelque chose de matériel à préserver ont besoin que se perennise une relative paix civile au travers du binôme prévention/répression que peuvent leur garantir les pouvoirs qu’ils mettent en place et perpétuent, et que ceux qui n’ont rien à perdre ont à préserver leur seule vie face à ceux qui ont un peu plus, qui ont beaucoup plus, qui ont beaucoup trop, face aux pouvoirs en place.

      La liberté, si on la (re)prenait, serait à ce point terrifiante qu’on y préfère de loin la prison, pour les uns dorée, pour la plupart lugubre geôle, au fronton de laquelle on a bien voulu graver les principes éculés de la république et de la démocratie.

      Réponse
  14. Voter, même blanc, c’est reconnaître mécaniquement que nous vivons en démocratie. Or, il n’en est rien. Souvenons-nous pour toujours de ce qui fut fait du referendum de 2005 au sujet de la Constitution européenne : la prétendue représentation nationale, composée essentiellement d’hommes blancs, fit passer de force le Traité, contre la volonté populaire, en violation du suffrage universel. Il faut instaurer le mandat impératif – ce que firent en leur temps les Communards.

    Réponse
    • « le caractère totalitaire de certains des régimes de ces pays [chine, indes, nigeria…] laissent penser qu’en réalité, l’idée même de mandat impératif n’est pas respecté »

      La représentation est une des illusions à ne pas bâtir en tant que tel, juste la proposer afin de prolonger l’amorce d’un changement social… Peut-être ?

      Réponse
    • Le mandat impératif est dangereux la situation économique du pays pouvant changer subitement.
      En revanche le référendum d’initiative citoyenne permettrait d’abroger les lois injustes en quelques semaines AVANT leur promulgation. Cela existe en Suisse. Ex EN MARS 2010 ils ont abrogé en trois mois une loi qui allait baisser les retraites.Dans le même temps 3(?) millions de gens dans les rues n’ont rien obtenu sur la loi WOERTH.
      C’est pour moi logique le pouvoir ne peut être a la rue MAIS dans le RIC en toutes matières y compris constitutionnelle et de ratification des traités… voir http://www.article3.fr

      Réponse
  15. « Dans l’état actuel de déliquescence de notre démocratie: voter c’est abdiquer. »

    Et ne pas voter c’est consentir à ce que la représentativité fonde l’état des choses par-dessus tous !

    Chacun porte sa responsabilité en toute chose, il lui revient d’en considérer les effets au-delà de de ses certitudes.
    Il faut voir plus loin et plus profondément en nous, en chacun et dans les circonstances présentes sans rien négliger pour en dégager ensuite, et seulement ensuite, l’action à entreprendre selon nos convictions.

    Réponse
    • « Si voter, changeait quelque chose, il y aurait longtemps que ce serait interdit » Coluche.

      Le constat est que, depuis plusieurs décennies, le choix de l’alternance politique est devenue une mascarade et une farce.

      « Et ne pas voter c’est consentir à ce que la représentativité fonde l’état des choses par-dessus tous ! »

      C’est vrai, c’est bô et je n’y avais même pas pensé! Cela me rappelle le fameux vote de 2005 au sujet de la constitution européenne. Nos chers représentants firent passer de force le traité, contre la volonté populaire. C’est donc vrai, « chacun porte sa responsabilité en toute chose » et après une telle trahison,  » Il faut voir plus loin et plus profondément en nous »:

      http://blogs.mediapart.fr/blog/pierre-antoine/240314/le-caractere-aristocratique-des-elections

      Réponse
      • Désolé, je ne suis pas de ceux qui proclament détenir la solution pour tous à appliquer immédiatement mais de ceux qui entendent chacune de celles qui sont proposées afin de progresser dans son entendement et participer ainsi dans ce sens.

        Réponse
  16. fortune : « Les élections sont à la liberté individuelle ce que les défilés militaires peuvent être à la diplomatie. »

    +1

    Réponse
  17. @Agnès Maillard
    A votre question « Auriez vous voté de la même manière le 23 mars … » il manque deux options de réponse :
    * Blanc
    * NSP

    Réponse
    • Le blanc n’est pas reconnu pour les municipales, cela dit, c’est un vote, comme ne pas voter est aussi un vote. Donc, est-ce que la reconnaissance du vote blanc aurait changer le comportement?

      Réponse
  18. « C’est un peu ce qui se produit quand ces autres aventuriers du maquis politique se font porter sur le pavois par la crédulité du peuple auquel il a montré l’appât d’un age d’or sans frein, où chacun pourra assouvir ses plus funestes penchants d’homme.
    Ceux qui ont compris la nécessité de s’imposer une discipline, en respectant leur devoir pour conserver leurs droits, ceux-là ne sont pas dupes. Mais hélas! ils sont la minorité, l’élite qui meurt étouffée sous l’aveugle nivellement du suffrage universel ».

    Henry de Monfreid La cargaison enchantée Éditions Grasset

    Réponse
  19. je suis déçu (chic !) j’ai bien lu (même si je suis étourdi) du cirque, des écuries,
    cantines, parcs et bibliothèques (bagnoles, tram-làlà, caméras etc.)
    complot-normal, fossiles, expertise, profit-profil, prétendants tout venant (les z’égouts ?)
    probablement
    ah mon maire..
    pas dit ma vie ma ville, mon pays ma santé, ma bite mon couteau
    éducation, mes gamins..
    mais un-régime, n’est-ce pas Agnès

    (mama ? pas l »sujet/une prochaine fois) je ne suis pas doué en maths, pour la rétho (persuasion/Aristote) je m’en remets aux autres, merci mon libre arbitre (balle au centre, etc.)
    bref, juste te dire dear, dans tous ces propos (nickel)
    pas vu (peu) de femme
    zéro poulette, pas une copine.. déception (pas chouette)
    je veux bien avoir un futur (ça me regarde) qu’importe le poète (?)
    qu’on me fasse un dessin.. Féminin ! alors d’y souscrire
    peut-être, biz

    Réponse
  20. Déjà, il y a un a priori nécessaire à mettre en place. Il faut supprimer l’intercommunalité, imposée de haut, inadéquate, éloignant le citoyen du décideur, et bien moins souple que les syndicats intercommunaux au cas par cas. A plus forte raison, bien entendu, ce sont les métropoles, grands conglomérats de mégalomanie, qui sont à détruire d’urgence.

    Cela ne dispense pas certaines très petites communes de s’entendre, voire de fusionner : mais ce n’est pas aussi évident que cela en a l’air, en raison souvent de contraintes géographiques.

    Ce sont paradoxalement les structures plus nouvelles qui sont inadéquates : elles n’ont pas été pensées dans le bien des citoyens, mais pour maximaliser le PROFIT de certains, et la mainmise incontrôlable sur les autres.

    Réponse
    • L’échelon municipal me parait le bon car près du terrain, sauf pour négocier des contrats comme la gestion des eaux, les PPP, où ils ont un trop faible poids dans la négociation tandis que les grandes villes ont le poids pour négocier des PPP avantageux. Au moins pour ce type d’actions, les communes devraient pouvoir se réunir.

      Réponse
      • Précisément, les PPP sont des contrats qui ne devraient jamais exister, car ce ne sont que des facteurs de profit pour de grosses entreprises.

        Réponse
        • Certains rares PPP peuvent être utiles car l’état n’a pas vocation à savoir tout faire, ils n’a pas toutes les compétences, mais un grand nombre des PPP relèvent de l’arnaque où l’état vend les bijoux de famille, c’est un moyen aussi de déguiser les comptes publics :

          Il serait plus sage, et plus transparent, de n’avoir recours à ce type de contrat que lorsque le jeu en vaut la chandelle, ce qui est rare. Mais on n’en prend pas le chemin. Sujet technique, ces partenariats ne suscitent guère la curiosité des commentateurs. Et on y a recours parce que cela correspond à l’idéologie du moment, selon laquelle la dette publique c’est mal, la gestion publique est forcément inefficace.

          http://delegation-service-public.over-blog.com/article-piqure-de-rappel-sur-les-ppp-109525095.html

          Réponse
  21. La démocratie, ça peut être beau comme un grand élan citoyen :

    « On avait ce pari fou : bâtir un programme qui ne sortait pas de la tête d’un élu. On était en posture d’animateurs, à l’écoute, et trente projets ont été définis, initiés par des propositions d’habitants : de petites choses quotidiennes, de l’embellissement aux crottes de chien en passant par la redéfinition du stationnement. »

    C’est l’histoire d’un village qui a eu ras le cul qu’on ne lui demande son avis que pour les élections et que le maire se comporte comme un baron.

    L’aventure de « Autrement pour Saillans… tous ensemble » a démarré en juin autour d’un trio de villageois, Fernand Karagiannis, Annie Morin et André Oddon. Ils en avaient marre du coté « chef de village » du maire, François Pégon, qui prenaient des décisions sans consulter la population. Ils ont commencé à imaginer une démocratie participative.

    Annie, ex-enseignante, raconte que le maire sortant était très attaché au mode électif :

    « J’ai dit “x fois” au maire que ça ne fonctionnait plus. De moins en moins de gens assistaient au conseil, les gens se désintéressaient. »

    Dans le trio, André Oddon ne tenait pas en place : « Faut faire quelque chose ! »

    Ils ont commencé à réfléchir à un projet de gestion municipale alternatif. Leur envie a commencé à s’ébruiter après les grandes vacances, par bouche à oreille.

    C’est donc l’histoire d’un village qui a décidé de se faire… un putsch démocratique.

    Durant les réunions publiques, les habitants ont également construit le schéma de fonctionnement de leur municipalité idéale.

    Le schéma de fonctionnement « collégial et participatif »

    « On est même allés jusqu’à se demander si on avait besoin d’un maire », précise Tristan Rechid. Les conseillers municipaux fonctionneront en binôme autour de sept compétences communales. Les indemnités leur seront équitablement réparties, en fonction du temps investi.

    Que faire des trois élus de l’opposition ? « On va les intégrer dans notre fonctionnement, leur proposer de travailler selon nos méthodes », précise Vincent Beillard, le nouveau maire.

    Une à deux fois par an, la population sera invitée à donner ses idées lors d’assemblées (les « commissions participatives » du schéma). Le reste de l’année, il y aura des petits comités sur des sujets précis, comme le choix du mobilier urbain ou la question des rythmes scolaires. Et s’il faudra trancher sur une chose importante, les élus aimeraient organiser des référendums.

    Bien sûr, le plus gros reste à faire, mais le plus dur est déjà derrière : y croire et cesser de se sentir impuissants!
    Une affaire à suivre.

    Réponse
    • « On est même allés jusqu’à se demander si on avait besoin d’un maire »,

      Cette connerie! Bien sûr qu’on a besoin d’un maire!
      Sur qui, les pouvoirs les pouvoir publics (par l’intermédiaire du préfet) vont-ils faire passer la pression des archontes parisiens ou bruxellois sinon?
      Une commune sans maire, c’est comme,,, une valise sans poignée, allez donc la manipuler facilement!!! :o)
      Soyez raisonnable merde, et courage! :o)

      Réponse
  22. Quoi ? Vous osez sous-entendre qu’on n’a jamais été aussi intelligents et cultivés ? Des gens qui se gavent de porn, se trémoussent en boite sous des musiques sourdes et répetitives, pensent sincèrement que la mode,le cinéma, l’art contemporain, le rap et le Slam ne sont pas des sous-cultures, qui écrivent en language SMS, qui s’imaginent qu’une presse, des syndicats et des associations subventionnés par l’état et les collectivités locales peuvent etre réellement libres et indépendants, seraient mieux informés et mieux instruits que les générations précedentes ? Mort de lol ! La France plonge dans les classements internationaux (pisa et sur la liberté de la presse), nous sommes donc plus libres et mieux instruits, malgré les chiffres Mais j’imagine que comme les auteurs de ces études sont des libéraux, cela vous suffira pour discréditer leur travail, et que vous n’essayerer meme pas de découvrir par vous meme si ce qu’ils disent est vrai ou faux Je pense qu’au contraire notre système souffre d’une excès de démocratie plutot que l’inverse A force de créer sans arret de nouveaux droits et de nouvelles lois, toujours en direction des électeurs de gauche (issus de, étrangers ,féministes genristes,fonctionnaires,collectivités territoriales, associations,syndicats, journalistes), le pouvoir s’est dilué Tout le monde a le pouvoir, donc plus personne ne peut l’exercer convenablement La démocratie est certes une affaire de compromis, mais a trop menager la chèvre mondialiste et le choux populaire, on ne satisfait personne (les ultralibéraux et les libertariens en voudront toujours plus) A chaque accord, il y’ a forcement un gagnant et un perdant On ne peut pas satisfaire tout le monde en meme temps Il est vrai que l’UE se conduit comme l’URSS d’autrefois, mais cet état de fait montre bien que puisque nos états sont devenus ingouvernables, les instances internationales et le marché exercent la réalité du pouvoir Pouvoir encore penser améliorer la situtation politique et économique du pays en gardant nos frontières ouvertes (ne me parlez pas de protectionnisme européen, personne n’en veut a par nous et dites moi pour quelle raison bruxelles accepterait de dresser des frontières tout autour de l’ue, alors qu’elle ne cesse de les faire disparaitre entre états membres) tout en restant dans les carcans de l’euro et de schengen est un signe de bétise et d’aveuglement de la part de nos élites Comment esperer que des technocrates corrompus et non élus, se transforment du jour au lendemain en honnete démocrates ? Comme lors de la crise algérienne, le pays a plutot besoin d’un homme fort (ou le vilain sexisme) comme De Gaulle pour servir notre pays au dela des interets partisans et des lobbys euro-mondialistes

    Réponse
    • « esperer que des technocrates non élus, se transforment du jour au lendemain en honnete »
      […]
      « le pays a plutot besoin d’un homme fort »

      Non élu lui-aussi puisqu’il s’impose pas sa dominance…
      Et donc corrompu, si on suit la logique de cette intervention.

      « comme De Gaulle »

      Ici par exemple à propos de l’algérie française :
      « Pourquoi irions-nous nous soucier de pays dans lesquels nous n’aurions plus aucun intérêt à bénéficier ? »

      Si c’est pas une corruption caractérisée de la République au seul profit des valeurs des lobbys marchands ça !

      Réponse
    • Tu es le cousin de qui à Collias?

      Réponse
  23. La question de l’abstention va être posée pour les municipales et là on ne peut pas y échapper :

    http://www.m-pep.org/IMG/pdf/APPEL-BOYCOTT.pdf
    http://www.m-pep.org/spip.php?article3528

    Les arguments exposés en faveur du boycott ne peuvent pas être combattus par ceux que l’on emploie habituellement dans ces cas-la.

    Enfin, une dernière question : le parlement européen aura-t-il son mot à dire au sujet du traité transatlantique qu’on nous mijote dans le plus grand secret ?
    Poser la question c’est déjà y répondre….

    Réponse
  24. salut les filles (/biz ‘nd Cheers)

    Réponse

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  1. Mémoire courte | Alter Oueb - […] des effets. Et sanctionnent. Dans ce contexte, le recours au Front National est au mieux une vaste blague. Certains…

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