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23 octobre 2012

Tu sais que tu es en couple le jour où tu te retrouves à te brosser les dents pendant que ton compagnon chie à côté


Le sac du grimpeurCe que ma fulgurante condisciple en éthologie voulait immanquablement évoquer par cette remarque nourrie par l’expérimentation continue de la vraie vie en milieu urbain, c’est la naissance de l’intimité. Le moment où tu es assez proche de quelqu’un pour te permettre de le laisser accéder à tes contingences biologiques — lesquelles ressemblent étrangement aux siennes —, mais qu’une société écartelée entre les archétypes de la nature et de la culture préfère ignorer franchement. Jusqu’à la psychose généralisée.

  • Du jour où j’ai vu sa touffe, notre amitié n’a plus jamais été la même.

C’était au sujet de l’amitié homme-femme et ce sémillant sexagénaire, qui n’avait jamais fait mystère de son goût immodéré de la drague en général et des franches saillies en particulier, exprimait là les limites de l’exercice, à savoir une trop grande intimité, justement, qui n’autorise plus la juste distanciation émotionnelle.

  • Je te jure, c’était vraiment une amie que j’adorais, on était très proches et tout, on ne faisait jamais de chichi entre nous, jusqu’à ce jour où elle s’est décullotée devant moi pendant une randonnée, juste pour pisser. Je n’ai pas pu m’empêcher de voir son sexe et c’était un putain de buisson, comme je n’en avais jamais vu (et pourtant, Dieu sait que j’en ai vu!). Et de ce jour, je n’ai jamais pu m’enlever cette image de la tête et chaque fois que je pense à elle ou que je lui parle, je ne vois que ce putain de buisson et ça gâche tout.

  • Un jour, ma meilleure amie est venue chez moi pour chier. Elle venait de traverser la moitié de la ville pour ça.

J’ai toujours aimé les conversations à bâtons rompus intergénérationnelles, mais là, je dois avoir la tête d’une poule qui vient de découvrir qu’elle a couvé un renard. Elle a la moitié de mon âge, c’est une autre génération, un autre monde, un autre univers.

  • Mais pourquoi?
  • Ce soir-là, elle dormait chez son fiancé et elle a eu tellement envie qu’elle a su qu’elle ne pouvait pas se retenir toute la nuit.
  • Vous voulez dire qu’elle ne pouvait pas chier chez lui? Mais ils couchaient ensemble, quand même, ils n’allaient pas attendre le mariage?
  • Oui, oui, mais elle ne pouvait pas envisager de chier dans ses toilettes à lui, avec lui de l’autre côté de la porte : les bruits, les odeurs, tout ça…
  • Mais elle ne se doutait pas qu’il devait avoir quelques soupçons? Que vous êtes biologiquement soumis aux mêmes contraintes? Que les filles ne sont pas des princesses et qu’elles ne chient pas de la poudre de licorne?
  • En fait, on évite ce genre de chose.
  • Mais vous êtes la génération libérée du cul, vous pensez que la sodomie est un truc anodin et normal, mais dans le même temps, vous ne supportez pas d’avoir des poils pubiens ou de faire plouf dans les mêmes chiottes? Mais comment allez-vous faire quand vous vivrez ensemble? Comment vous allez gérer la merde dans les couches ou les corps rattrapés par l’âge?

Le monde pornographique n’aime pas avoir le nez dans sa merde. Il préfère d’ailleurs déféquer dans de l’eau potable et évacuer le problème plus loin à grands jets purificateurs.

  • Nos voisins nous ont vraiment fait une vie d’enfer.
  • Ah bon?

Ce n’est pas à proprement parler un pote. On est le plus souvent en désaccord sur tout. J’ai souvent l’impression que nous ne vivons pas sur la même planète. Pourtant si, et c’est même tout le problème.

  • Oui, on a été obligé de refaire tout le système d’évacuation de notre maison neuve.
  • Pourquoi?
  • Pour rien : quand on tirait la chasse, ça allait dans le fossé et il arrivait que le fossé déborde et que ça traverse le chemin.
  • Tu es en train de me dire que votre merde familiale s’exposait au vu de tous et que vos voisins devaient rouler dedans? Et ça ne te dérangeait pas?
  • Ouais, enfin bon, ce n’était pas la peine d’en faire tout un plat. En tout cas, leurs conneries, ça m’a coûté un bras en travaux.

Des fois, je me rend compte que toute ma vie ne me suffira pas à comprendre la nature humaine.

J’ai aussi mes pudeurs. Comme beaucoup d’entre nous, je préfère le confort ouaté de mes toilettes particulières pour me laisser aller à évacuer mes humeurs maussades. J’ai eu aussi des stratégies d’évitement assez élaborées, des repérages de toilettes lointaines pour éviter la promiscuité pétaradante ou le syndrome de la petite bouse qui refuse de couler alors qu’un collègue engoncé dans ses propres crispations tambourines furieusement à la porte. Il m’est aussi arrivé d’échanger les bons coins du soulagement discret avec mes copines de randonnées en montagne, tant il est vrai que l’intimité de l’amitié supporte assez mal celle des impératifs digestifs. Je me suis déjà retrouvée, après 10 minutes d’une marche périlleuse au milieu des rocs et des fourrés, à exposer royalement mon postérieur à un GR bien fréquenté dont je n’avais pas anticipé tous les lacets et circonvolutions. C’est même un peu à cause de cela que je ne raffole pas tant que cela du bivouac en moyenne montagne, quand on se retrouve à tous piétiner à la frontale derrière le même malheureux bosquet enrubanné de PQ nerveusement froissé.

  • Tu sais, tu ne seras pas une vraie grimpeuse tant que tu n’auras pas uriné sur ton partenaire de cordée.
  • Ah ben tant pis, alors!

Je ne pense pas trahir Alexandre en révélant cette petite part de vérité des grandes histoires de montagne.

  • Comment tu croyais que ça se passe quand tu fais une grande voie pendant plusieurs heures, voire plusieurs jours?
  • Tu sais, je ne fais que de la couenne, ce qui fait que je ne m’étais jamais posé cette épineuse question. Mais je te remercie de m’éclairer sur ce point, même si je ne suis pas certaine que j’avais vraiment envie de savoir.
  • On prend un sac poubelle qu’il faut se traîner pour les grosses commissions, mais bon, pour reste, on fait comme on peut.
  • C’est sûr, vu comme ça, ton binôme de grimpe prend tout de suite une dimension beaucoup plus intime.
  • C’est exactement ça! D’ailleurs les couples mixtes de grimpeurs sont souvent mariés. Parce que oui, c’est une question d’intimité et que l’intimité, ça rapproche forcément beaucoup!

O tempora, O mores

Nous profitons d’une belle journée d’été pour visiter les ruines de la villa gallo-romaine de Séviac. Bon, d’accord, ça ressemble surtout à des petits tas de caillasses avec des trous, de-ci, de-là. Il y a encore quelques mosaïques préservées miraculeusement des millénaires. Le guide a le béret vissé sur les oreilles et l’accent chantant en bouche.

  • Et nous voilà dans les thermes de la villa!
  • Oui, tu vois, les gens se lavaient tous ensemble, un peu comme dans les hammams aujourd’hui.

J’aime bien contextualiser les explications du guide à destination de notre fille.

  • Oui, d’ailleurs, ils ne faisaient pas que se laver tous ensemble, renchérit le guide qui suit notre conversation. Comme on peut le découvrir, les latrines aussi étaient collectives.
  • C’est quoi, les latrines?
  • Les chiottes. Et entre chaque place, il n’y avait pas de cloison. En gros, les gens se retrouvaient tous les matins pour chier ensemble et commenter les nouvelles de la journée.

La gamine me regarde avec un air mi-incrédule, mi-amusée.

  • Tu te fous de moi, maman?
  • Non, même pas!
  • Ouais, comme dirait Astérix, ils sont fous, ces Romains!
  • Ou alors, ils avaient un autre sens de l’intimité que nous…
Intimités 1

39 Commentaires

  1. Addendum à mon commentaire sur Seenthis : l’histoire des romains me laisse songeur… ça fait partie des choses que je savais déjà, mais que je n’avais jamais pris le temps d’imaginer la chose de façon réaliste ; et c’est pourtant ça : ils chiaient en discutant de l’actualité…

    Personnellement, je crois que c’est la seule chose que je garde par devers moi dans mon couple : la porte des chiottes doit être fermée… sinon ça me bloque !

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  2. Ah ben m…. alors ! Le séjour chez le Monolecte n’est pas de tout repos. Ou plus exactement, c’est plus le repos du puisatier que celui du guerrier.

    Cela me rappelle une anecdote récente, où on se sent gêné, mais gêné ! Avec une amie un peu prude nous avions un boulot à faire, loin. Elle avait un tout petit fourgon aménagé. Sur place, elle a réussi à s’installer sur une chaise longue chez des amis à elle, et j’avais donc la couchette du fourgon. Excepté que en pleine nuit, il m’a fallu déposer un bilan urgent. Je suis allé le plus loin possible dans la campagne. Raté.

    Le lendemain, son chien nous arrive après sa promenade matinale avec sur lui une drôle d’odeur. "Oh, dit-elle, il s’est roulé dans le fumier !"
    Hum…..

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  3. Et les gosses qui défilent un à un dans les toilettes pour réciter leurs leçons pour le lendemain, c’est sympa aussi.
    Je crois que je pourrais enlever la porte en fait… Elle ne sert que quand il y a du monde à la maison 🙂

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  4. Finalement, je vais copier ici la réponse que je viens d’envoyer à un ami (intime) sur ce sujet épineux et qui me semble bien résumer ma position sur la question :

    C’est fondamental, le caca, non?
    Et c’est tellement révélateur de l’état de notre société.

    Au début, le billet s’appelait "la merde et le sang" et pensait plus à la condition de la femme, mais finalement, je suis restée dans la merde.

    J’aime bien lire aux chiottes, prendre du temps. Je déteste y être chronométrée. Tu savais que dans certaines boîtes, tu as des horaires imposés pour aller aux chiottes? Il y a des salariés qui sont obligés de demander des certificats médicaux pour obtenir le droit extravagant d’aller aux toilettes… quand ils en ont envie!

    Sinon, toujours aller faire un tour aux toilettes dans un restaurant : très instructif de l’état de la cuisine, généralement.

    Après, je suis assez obsédée de ce qui est constitutif de l’intime et de ce qui le tue. Je trouve que le couple tue l’intime, l’espace et le temps personnel. Surtout ceux de la femme, en fait. Après, beaucoup de gens pensent que l’intime, c’est le sexe. Mais à force d’y réfléchir, j’en suis arrivée à la conclusion que l’intime, c’est la merde.
    D’où les tarifs prohibitifs du plombier! 

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  5. Enfant citadin, j’ai toujours trouvé que déféquer dans la nature donnait une odeur différente de celle dans la maison ou au-dessus du trou communautaire. Et pas une odeur répugnante même ! Par contre, j’évite les coins communs avec des pq et autres essaimés de partout. Déféquer dehors est un acte sacré pour moi, jouissif, je n’utilise que les feuilles éparses, celles des plantes ou des arbres ou un torchis d’herbes et de fleurs… et je me lave de la main gauche avec un petit bidon d’eau ou depuis une petite flaque… Ou plus tard…

    Pour ce qui est de l’intimité, malgré des expériences profondes de communautarisme éffréné, jamais, jamais je n’ai pu atteindre la liberté de celle qui me lie à ma compagne, même pas avec mes parents ou ma fratrie.

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  6. @ Wax : je me pose plus la question de l’intime que celle du couple. En explorant les récits que j’ai recueilli au fil des rencontres et des discussions, j’en viens à penser que la merde est plus intime que le sexe : des gens baisent ensemble mais n’ont aucune dimension organique commune, ils sont peut-être encore moins intimes que des colocataires. J’ai bien aimé aussi l’intervention de @Chris sur le caractère extrêment violent des tinettes communes aux chiottes, cette négation de l’intime, de la pudeur, qui est une agression en soit.

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  7. Eh bien, un article sur la merde, ça faisait lontemps.
    Pour l’anecdote, j’aime pas chier la porte ouverte, mais ma femme si.
    Eh ben on s’y fait.

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  8. Les toilettes collectives se pratiquent encore beaucoup en Chine. Cela paraît très surprenant pour nous mais le rapport à l’intimité y est vraiment différent!

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  9. J’entends à l’instant sur France Inter Stéphane Eicher, le Gitan suisse, interpréter une de ses dernières chansons, texte de Philippe Djian.

    Dans le vers :
    « Et les bateaux déchargent leur cargaison »,
    il ne prononce pas le "r" de cargaison, comme il ne prononce pas ceux d’"artiste" ou de "supporte".
    Ça fait un néologisme éloquent et élégant qui tombe dans le sujet du billet !

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  10. à lire
    "comment chier dans les bois"
    (vendu chez nature et découvertes) (je lole même pas^^)

    et sinon, ma foi, 90% des couples que j’ai croisés ne partagent strictement aucune intimité. ils baisent, ouais. mais si un des deux grossit, c’est l’horreur, si un des deux vieillit, c’est la fin, si un des deux devenait tétraplégique, ce serait probablement une cause de rupture aussi.
    ils appellent ça de l’amour, j’appelle ça une pme. quand la merde est taboue, on est en entreprise. quand on rame à deux dans la merde, là, on est dans l’amour. y’a qu’à voir la mère et son enfant.
    (à ce sujet j’ai connu aussi des papas dégoûtés par les couches, "incapables" -huhuhu- de changer leur bébé…à part ça tout va bien, ce sont des supers pères, mais voui, puisqu’ils poussent la poussette deux fois par semaine, hein)
    (je ne parle même pas des effarés de l’allaitement, c’est trop comique, je peux pas)
    la palme d’or de la connerie la plus sublime, je l’ai décernée à cette collègue qui m’a avoué se lever à 5h tous les matins pour se refaire une beauté pendant le sommeil de son conjoint parce que, je cite, "il y a des choses qu’un homme ne doit jamais voir ni savoir".
    les zombies sont des êtres merveilleux.
    et leur petit pays des poneys est vraiment attrayant.
    sisisi.

    (oui je me fous de leur gueule, oui, nier sa nature animale à ce point c’est pathétique au dernier degré, je peux même plus supporter ce genre de personnages, je crois que je fais une allergie au caca-arc-en-ciel. lulz)

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  11. À propos de collectivisme scatologique, les prisons de la république offraient autrefois le besoin égalitaire dans la vue et l’odeur, avec un simple trou à l’entrée de la cellule de 15M2 pour six, le tout parfois protégé du regard des lits d’en bas par un bout de tissu lorsque c’était possible, et dont la chasse d’eau consistait en un robinet d’où s’écoulait un filet d’eau en général, et dans le meilleur des cas, juste au dessus.
    Intimité dans la promiscuité, allez savoir quel message chaleureux faisait alors passer la république.

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  12. L’intime c’est la merde, ou DE la merde ? Auquel cas le couple tue la merde ? 🙂

    La gaucho-sphère semble faire une fixette sur le couple. Certes il me semble être en partie une construction patriarcale mais pas que. Et il ne m’apparaît pas comme un modèle figé et rigide ne laissant aucun "possible" aux êtres humains.

    Je pense que le problème vient clairement de la mentalité d’hier et d’aujourd’hui des individus. Embourbés dans leurs certitudes, leurs hypocrisies, leurs auto-mensonges(même aux prêtres et prêtresses de la vérité absolue qui s’auto-persuadent d’être des humains complets, autonomes et "fonctionnels", par opposition à l’humain lambda, qui ne serait qu’un demi-adulte, une sorte d’enfant)ils rejettent leurs turpitudes sur "le couple".

    Incapables de vivre seuls, incapables de vivre à deux. Incapable de vivre, tout simplement ? Mais le mieux ce sont les gens qui se disent parfaitement heureux tout seul et qui passent leur temps à couiner que untel & untel leur manque, y compris sexuellement. WTF les gens ?

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  13. Ah ! Ça me rappelle mon voyage en Chine dans les années 80 quand le pays s’ouvrait tout juste au tourisme. Les chiottes publiques étaient comme pour les romains : une dalle avec des trous sans séparation. Idem dans certains "hôtels". Seuls les hommes et les femmes sont séparés. Au début on n’ose pas trop, on n’est pas franchement à l’aise, mais au bout d’un moment on n’a plus le choix, surtout avec la tourista qui aide un peu… En fait, les chinois n’y prêtaient aucune attention mais je vous raconte pas l’ambiance sonore et olfactive ! Un grand souvenir de voyage…

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  14. C’est vrai que l’humain a quand même un sacré problème avec ses origines animales, avec son côté organique. Penser qu’un homme soit perturbé par la toison pubienne d’une amie, ou qu’une femme se cache pour évacuer ses excréments après s’être livrée sexuellement à un homme me laisse pantois… Voilà encore des tabous qu’il est pertinent de secouer en effet…
    Beau billet..
    Voilà des anecdotes pas si anecdotiques, révélatrices des illusions dont on se berce dans ce bas monde. On consomme, on jouit, on se gave, on ne recule devant rien.. mais on n’en assume pas les conséquences. A l’échelle collective comme individuelle, on planque nos déchets. On les enfouit, on les occulte. On n’aime pas assumer, en fait.

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  15. Les chiottes du jardin d’une vaste maison bourgeoise hébergeant trois générations et une kyrielle de domestiques ont servi jusque dans les années soixante. Elles étaient encore en état de fonctionner quand on m’a fait visiter cette curiosité peu avant 1980. Des chiottes à deux places, bien sûr sans séparation, qui permettaient de tenir conversation tout à son aise. ;o)

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  16. la vie nous réserve toujours des étonnements. Ah le 1er pet de l’être tant chéri,de celle à qui l’on envoyait des poèmes enflammés….
    Il y a des évidences que l’on ne saurait voir, comme penser que sa mère s’est livrée à la copulation.
    Par contre un Sarko ou un Benoit XVI sur les chiottes pour procure toujours un certain rassérènement, allez savoir pourquoi….

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  17. Il y a le pipi, le caca, mais aussi le sang.

    Les règles féminines semblent poser problème à quelques uns. Après une séance de rapports plaisants avec une ex, s’en était résulté une mare de sang sur les draps et le matelas du lit d’hôtel. Comme une image de meurtre.

    J’avais trouvé ça assez comique, comme elle aussi avait trouvé l’évènement très burlesque, et on s’était barrés discrètement en payant la chambre après avoir épongé, un peu embêtés du dégât lingier relatif à quelques anodins ébats, ce qui était possible de cette marre rouge assassine.

    Expliquant la situation avec un pote de l’époque, pourtant pas bégueule en apparence, il avait été horrifié que de tels rapports puissent être réalisés avec une femme en "règles". Sorte de superstition du maléfisme menstruel. Ca m’avait mis sur le cul qu’un type qui se la jouait artiste, anarcho, rebelle puisse être aussi…stupide. Pour lui, ça s’est pas arrangé, il est devenu de plus en plus crétin.

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  18. S’il n’y avait que la pudeur qui soit niée en prison..

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  19. On fait dans la confession physiologique aujourd’hui. Le Monolecte nous avait habitué à des sujets plus graves. A propos de poèmes, Alfred de Musset ne fut pas en reste à propos du caca : "et qu’en termes galants ces choses-là sont dites"

    Le petit endroit

    Vous qui venez ici dans une humble posture
    De vos flancs alourdis décharger le fardeau
    Veuillez quand vous aurez soulagé la nature
    Et déposé dans l’urne un modeste cadeau
    Épancher dans l’amphore un courant d’onde pure
    Et sur l’autel fumant placer pour chapiteau
    Le couvercle arrondi dont l’auguste jointure
    Aux parfums indiscrets doit servir de tombeau

    Réponse
  20. "Bon, d’accord, ça ressemble surtout à des petits tas de caillasses avec des trous, de-ci, de-là."

    Ne dites pas de mal de l’archéologie !

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  21. ah ! le caca ! détrompez-vous Sombre Hermano, c’est le sujet le plus grâve au monde !
    Un sujet par lequel on peut apprendre un nombre insoupçonnable de choses sur tout les aspects de la vie, l’histoire de l’Homme… !
    Vous voici face à une lectrice assidue de ce qui peut toucher le sujet !
    Et, parmi les nombreux livres qui existent sur le sujet, ils sont forts nombreux, il y a un livre que je conseille vivement de lire, car il est assez complet, et pas "chiant" du tout à lire, donc accesssible à tous, c’est: Histoires et bizzarreries sociales des excréments des origines à nos jours par Martin Monestier.
    Et en second, qui est sympa à lire aussi et qui rejoint l’histoire de la merde : Le propre et le sale l’hygiène du corps depuis le Moyen Age par Georges Vigarello, qui est lui, professeur à l’université de Paris V, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, mais sont livre est accessible à tous et pas prise de tête du tout (non je dis ça parce que certains… ). (Vous verrez que les latrines communes étaient encore de vigueurs au début du 20e siècle en France et attention à New York également ! )
    Par ailleurs, Sombre Hermano, on apprend aussi dans un autre ouvrage (La chose 10 raisons de briser le tabou du caca de Hugo Verlomme et Michka) que ce joli poème est toujours injustement attribué soit à Alfred de Musset soit parfois à Georges Sand mais jamais à son réel auteur qui est Charles NODIER.
    Je salue au passage mon amie Agnès, et te remercie pour ce sujet si primordial et si tabou encore à la fois !
    Et je suis surprise qu’une seule ai parler du "prout", car souvent comme disaient nos anciens lorsque qu’un vent arrivait : capitaine prout annonce l’arrivée du général caca! Oui c’était une autre époque mais pas si lointaine… Le tabou du prout est aussi un portant que celui de la merde si ce n’est plus car beaucoup pensent que parce qu’on peut les retenir on se doit de le faire, alors que la merde c’est plus dur. Mais c’est hyper dangereux pour la santé !
    Si je devais retenir mes pets, j’aurai l’air d’être tout le temps enceinte, je finirai par bousiller tous mes organes sains, et le pire si j’vais peur de péter en présence de mon mari je ne le verrai JAMAIS !
    Alors bonnes lectures à tous et laissez-vous aller, ça fait du bien, soyez libres !

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  22. Petite précision, petit ERRATA, soulignée grâce à la vigilance de mon cher époux Etienne :
    Le colonel prout annonce avec fracas, l’arrivée du géneral caca !
    Et pardon aussi pour toutes les horribles fautes que j’ai pu faire!
    mais le sujet est si grâve…!

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  23. « alors que la merde c’est plus dur »

    Ça dépend !

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  24. chris dit "les prisons de la république offraient autrefois le besoin égalitaire dans la vue et l’odeur, avec un simple trou à l’entrée de la cellule de 15M2 pour six". Mais dans les vieilles taules, qu’on nous promet tous les 5 ans de fermer, ça existe TOUJOURS, les latrines dans la cellule de 4 ou 6 lascars ou lascaresses. Et c’est le plus dur – dixit un mien ami passé par là un an durant – de la vie commune contrainte. Sauf si vos compagnons de cellule en veulent à votre Q la nuit, ou cherchent à vous faire faire le chien dans la journée.

    Sinon, il n’y a pas qu’en Chine qu’il y a des toilettes publiques communes. Aux States aussi. Oui oui ces puritains de ricains en ont. Enfin moi j’en ai vu et testé sur la promenade de Santa Monica. C’est une baraque ronde, on entre par une porte et surprise… on se retrouve dans le cercle. Les chiottes sont disposées en rond tout autour, sans portes et ça discute… en espanol. Ce jour là il n’y avait que des chicanas, et, chingada, je parie que tous les jours c’est pareil.

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  25. En rapport avec les romains.

    Une BD qui se passe sous Le début du règne de Néron et qui semble bien documentée : "Murena".

    La question de l’hygiène collective est abordée entre autres.
    Attention âmes sensibles, la vie à Rome et le rapport des romains à la vie des esclaves ou des gladiateurs est parfois assez insoutenable.

    Réponse
  26. Tiens, tiens,
    En lisant ton article je me suis retrouvé transporté en Inde. Banlieue de Delhi, 5h 30-6h du matin, nous arrivions en bus par un axe routier roulant à 30 à l’heure.
    Au travers de la vitre du bus je repère un Talus qui longe la route. légèrement en pente 3-4 m de profondeur, et là, à 1m50 les uns des autres sur trois rangées des centaines d’hommes accroupis (sur toute la longueur du Talus, soit 500m au moins) dans la lueur de l’aube naissante.
    C’était en 98. Donc, ça doit être encore comme ça aujourd’hui. Les intouchables vivent dans la rue, ils faut bien qu’ils chient quelque part… Et ils sont super nombreux.
    Sur le coup, j’avais été un peu scotché, mais bon, finalement, y’a rien de si choquant.
    Une remarque quand même, cette foule était exclusivement masculine. La foule d’intouchables qui vit dans les rues de vieux Delhi est quasi-exclusivement masculine (mais ça c’est une autre discussion).

    Maintenant, concernant ton pote qui te balances du : " Du jour où j’ai vu sa touffe, notre amitié n’a plus jamais été la même.", y’a à s’inquiéter pour son équilibre.

    En deux mots, c’est un gars qui veut bien considérer une femme comme un(e) ami(e) dès lors qu’il lui ôte son sexe. Dès lors que peut s’immiscer en lui une parcelle de désir, le fantasme de l’amitié homme-femme tombe et sa pote devient abjecte, parce qu’il a perdu son fantasme par sa faute (qui s’est simplement déculottée devant lui).
    Bref, le meilleur remède est de l’envoyer en camp naturiste (accompagné pour qu’il ne fantasme pas sur tout le monde) pour qu’il comprenne qu’on peut se comprendre même nus entre hommes et femmes sans qu’il y ait un rapport érotique pour autant.

    Ceci dit, il y a une différence assez fondamentale entre chier ensemble (personnes du même sexe), et se foutre à poil (qu’elle qu’en soit la raison) ensemble entre personne de sexe opposé.

    A part peut être pour quelques fétichistes, il n’y a strictement rien d’érotique dans le "chier ensemble" alors que dans le deuxième cas, il suffit d’écouter la réaction de ton pote pour comprendre que c’est plus compliqué!

    Réponse
  27. @saxo
    Bonjour
    En 2004 je viyais la même chose que toi sur les quai de Victoria Station à Mumbay,je me suis interrogé de façon identique sur les femmes.

    Réponse
  28. Lors de promenades isolées en forêt, mes amies se déculottent pour pisser sans se cacher outre mesure. C’est la nature comme disait Coluche. Nous vivons une époque paradoxalement pudibonde. Il serait temps de relire Rabelais. Le sexe a différentes fonctions : récréatives, émotionnelles, reproductives et d’excrétion. Une bonne synthèse du plus spirituel au plus matériel.

    Réponse
  29. bon ben tout ça hein
    moi ça m’a fait penser au cas de "l’homme aux loups" que relate Freud dans "cinq psychanalyses"
    ben si hein
    un gars vient le trouver parce que principalement il est gravement constipé
    et à partir de là
    c’est faramineux ce que découvre Freud !
    waou
    c’est dingue comment certaines personnes souffrent dans leurs tripes hein

    alors maintenant, les gens qu’ont juste des timidités à l’idée qu’on se fasse des idées sur quand ils vont déféquer…
    euh…
    quelque part…
    c’est un peu du luxe…

    Réponse
  30. "un gars vient le trouver parce que principalement il est gravement constipé"

    C’est le symptôme du pet baladeur.

    Réponse
  31. Coucou Agnès
    En relisant ton billet et tes propres commentaires, je note (comme résumé de ta pensée):

    " Après, je suis assez obsédée de ce qui est constitutif de l’intime et de ce qui le tue. Je trouve que le couple tue l’intime, l’espace et le temps personnel. Surtout ceux de la femme, en fait. Après, beaucoup de gens pensent que l’intime, c’est le sexe. Mais à force d’y réfléchir, j’en suis arrivée à la conclusion que l’intime, c’est la merde."

    Bon,

    "surtout ceux de la femme."
    mmm, l’intime, l’espace et le temps personnel de l’homme seraient-ils moins mis à rude épreuve par le couple?… Pas trop d’accord, c’est assez symétrique (peut-être le temps personnel, oui dans un monde pas encore bien équilibré, mais pour le reste…).

    Maintenant, la question de savoir si l’intime, c’est le sexe ou la merde…

    Je ne crois pas que la question soit bien posée.
    Les deux sont du domaine de l’intime, mais le sexe se partage tant dis que la merde…

    Là, on aborde le domaine de l’inné, on supporte (voire on apprécie) la fragrance de nos vents et déjections, alors qu’on abhorre la pestilence de celle des autres.

    Si l’intime, c’est ce qui nous appartient en propre et qui n’est pas partageable, seule la merde peut répondre à cette définition…
    Le couple ne fait que briser le tabou de l’intime. On apprend à supporter les odeurs (et bruits) corporelles de l’autre et à ne pas avoir honte de laisser traîner les siennes. C’est tout. On apprend pas (et je ne crois pas qu’on puisse apprendre) à partager le plaisir que cela procure…

    Maintenant, le sexe est plus l’intime du couple (ou du groupe, je ne pense pas que le couple soit le seul moyen d’envisager le sexe) que celui de l’individu… du moins le sexe partagé.
    Disons que la pudeur en matière sexuelle est plus dictée par la société que par l’inné.
    La communication de l’excitation sexuelle, l’acte d’appropriation (de l’autre), le respect des enfants (ou de leur complexe d’oeudipe), entre autre, expliquent la pudeur de l’acte sexuel, mais pas la honte, pas l’envie de ne pas déranger les autres….

    Finalement, qu’est ce que la pudeur?

    Remarque. En camp naturiste, si on se balade nu, on ne chie ni ne ne baise en public… Et l’intimité de chacun est respectée…
    Simplement on n’accepte pas non plus les célibataires dans les camps familiaux. (et là c’est une autre discussion, sur la nudité le désir et l’érotisme, y’aurait aussi à dire)…

    Réponse
  32. ah ! Intéressant récapitulatif saxo, merci de l’avoir proposé !
    "En camp naturiste, si on se balade nu, on ne chie ni ne ne baise en public… Et l’intimité de chacun est respectée…
    Simplement on n’accepte pas non plus les célibataires dans les camps familiaux."

    Je peux apporter un témoignage sur des "tribus" vivant plus ou moins en autarcie dans les pyrénnées, dont une à laquelle j’ai adhéré pendant un trimestre avec mes enfants.
    Nous vivions nus, les filles avec une petite culotte pour leur hygiéne personnelle.
    Ni dieu ni maître, les amants et les maîtresses ne s’embarrassaient de rien entres eux, filles avec plusieurs garçons et inversement, voire plus.
    La communauté ne comptait pas plus d’une dizaine de participants à la fois.
    Les enfants impubères ou un peu plus étaient protégés des actes purement sexuel, mais personne ne se cachait d’eux trop non plus.
    Ils n’allaient pas à l’école et certains n’étaient même pas déclarés à l’état civil.
    Pour l’intimité, nous suivions les règles de la bienséance, un lieu d’aisance dans le compost et un petit hèlement de la part d’un arrivant pour s’assurer qu’on ne dérangeait personne déjà en place, sans plus.
    Pas de pipi à proximité du seuil de la maison commune.

    Je ne garde aucun acte d’appropriation abusive envers quiconque ni quoique ce soit.
    Les décisions concernant la communauté étaient débattues sans plus de chichi.

    Un idéal ?
    Je dirai plutôt un lieu de vie qui ne se la joue pas à autre chose.
    Nous vivions chacun au présent et n’atttendions rien de plus de la vie que ce que nous en avions dans l’instant.

    Pour en revenir à l’intime de la merde et du sexe, je rejoinds de très près l’analyse de saxo :
    "Les deux sont du domaine de l’intime, mais le sexe se partage tandis que la merde…"

    Yahoooo ! LOL

    Réponse
  33. A propos de l’intime, on peut peut-être relire  »l’amour au temps du choléra" de Gabriel Garcia Marquez, où il est question, entre autres de lavements et d’urine parfumée par des asperges dégustées la veille…
    Je me souviens m’être dit, durant la lecture, mais pourquoi il raconte tout ça?, avant de saisir (et de garder) la liberté que donnait un autre regard porté sur les corps.
    Parce que nous sommes des corps, non?
    Simplement vivants, ou malades, ou vieillissants.

    Et on peut toujours écouter (jusqu’au bout) Juliette chanter "sur l’oreiller"

    Réponse
  34. Je me souviens d’un voyage au Yémen, il y a très longtemps, avant l’ouverture au tourisme.
    Dans un village, "l’hôtel" était une pièce bourrée à craquer de châlits.
    Le lieu d’aisance, auquel m’ont menée des villageois, un long mur à l’écart du village.
    Ils m’ont regardée faire et m’ont ramenée à mon point de départ.
    Quelques jours plus tard, au bord de la mer, je me suis faite caillasser par des femmes parce que je ne m’étais pas recouverte la tête en sortant de l’eau.

    Réponse
  35. Forcément, un caganer, c’est l’idéal pour illustrer ce genre de billet 🙂

    Réponse
  36. Pas besoin d’aller à l’autre bout du monde ou de remonter à l’antiquité…
    Etant enfant, je suis allée, au début des années 60, en vacances en Normandie. L’unique "commodité" de la maison était la cabane, au fond du jardin, équipée d’une planche à 3 trous sans séparation. Et cela nous arrangeait bien mes cousines et moi car nous avions une sacrée frousse de traverser le jardin à la nuit tombée. Comme elle donnait directement sur la fosse à purin, avec l’odeur nous n’y attardions guère !

    Ce qui n’est pas le cas du Cagassou du Luc en Lozère qui tient la pose en pleine rue depuis le XIVème siècle :
    http://www.communes.com/languedoc-r
    http://luc48.free.fr/

    PS : Depuis quelques années j’ai adopté les toilettes à litière et en obtiens un superbe compost (mais c’est un autre sujet).

    Réponse
  37. Lu l’article et la plupart des commentaires. Passionnant!

    Je trouve que le fait de nier le côté animal de l’Homme et rejeter tout ce qui a trait au pipi, caca, sang, l’âge, ainsi que la maladie ou la mort est très lié au spécisme dans lequel baigne notre époque.
    Nier l’animal, se placer toujours au-dessus quitte à nier nos passages quotidiens aux chiottes aux autres et à nous-même.

    Réponse
  38. C’est lors de mes études d’infirmière que j’ai mieux pris conscience de l’animalité de notre nature.
    – Par exemple, l’un des premiers gestes qui est fait à la naissance d’un bébé, c’est de vérifier si son anus est bien "perforé"… Les parents passent ensuite des mois et quelquefois des années à changer des couches sans se poser de questions particulières sur les odeurs lorsqu’il s’agit de leurs enfants. Pourquoi abandonnent-ils ce naturel pour eux-mêmes ?! C’est ça l’incohérence peut-être.
    – Autre exemple : la principale surveillance post-opératoire après une intervention sur l’abdomen consiste essentiellement à vérifier la reprise des gaz. Et pourtant nous n’acceptons pas le moindre relâchement de notre entourage ou de nous-mêmes. Production pourtant normale. Pourquoi ?
    – Et puis, ce qui m’a permis de rester "naturelle" dans ce domaine, c’est de constater que le décès provoque le relâchement des sphincters avec toute la débâcle inévitable que cela signifie.
    Dans la mort c’est bien l’animalité qui triomphe… C’est comme ça ; nous n’y pouvons rien.

    Aussi, tant que nous vivons, ne nous compliquons pas trop la vie !

    Réponse

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