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Panne d'horizon


Le ciel marbré de nuages tendres, la terre qui s’agrippe dans la pente et l’humus odorant qui colle à nos pas dans l’impressionnante cathédrale végétale des bois : nous progressons lentement dans un film de Miyazaki et à chaque instant, je guette du coin de l’œil l’apparition furtive d’un sylvain ou d’un esprit de la forêt. Le sentiment de quiétude est total, puissant et comme chaque fois que j’arpente la montagne, je me sens vivre pleinement.

J’ai bien tenté d’entraîner des gens que j’apprécie dans ma foulée, mais la plupart d’entre eux sont restés prisonniers de la plaine et de ses festivités factices et mercantiles.
En haut, en bas. Il faut aussi des lieux qui facilitent les échanges, des temporalités qui laissent le temps aux liens de se créer et de se renforcer, comme des évidences.
Je me rends compte de l’étonnante simplicité de la dichotomie humaine. Ce ne sont pas que nos corps qui s’élèvent dans les raidillons, c’est toute notre humanité qui en sort grandie.

Ils sont comme un quatuor de poussins tombés du nid, étrangement décalés dans la magnificence du décor de géants. Je leur demande de loin s’ils veulent de l’aide, ils se rétractent à l’intérieur de leurs t-shirts comme l’escargot devant le court-bouillon. Non, non, ça va, ils ne font que passer. Ils font front, ne se dérident pas et poursuivent leur route d’un pas pressé et quelque peu anxieux, comme s’ils avaient senti peser une menace dans mon interpellation. Ils n’ont ni sacs, ni chaussures de marche. Je comprends alors qu’ils ne font vraiment que passer, qu’ils ne sont même pas là, qu’ils ont dû pousser leur voiture climatisée le plus loin possible sur le chemin forestier pour se payer un échantillon de montagne, tout comme ils se nourrissent au Drive In. Consommateurs et donc pas participants. Inquiets, méfiants.
Ils ne font que passer.
Tout le temps.

Plus haut, on s’est perdu. Petit défaut de balisage. Alors on s’est rapproché d’un autre groupe qui étire sa sieste plus loin.
Mais non, on est trop bas. Il faut passer la crête de caillasse, plus haut, vers les herbages où paissent les chevaux de montagne.
Tous s’empressent de nous conseiller, de raconter le circuit. L’un d’entre eux farfouille dans son sac pour nous dégoter le topo à jour de la randonnée. Je sais que si nous étions arrivés plus tôt, on aurait probablement mangé ensemble et mis en commun nos provisions. On leur laisse un peu d’avance pour ne pas s’imposer, mais on se retrouvera plus bas, à chaque pause et on finira immanquablement par arriver aux voitures tous ensemble, commentant les passages un peu difficiles, impatients d’ôter les groles de montagne, de partager trois biscuits, de nous affaler dans les fauteuils des bagnoles. J’aime cette convivialité franche, simple et improvisée. Il ne s’agit là que de rencontres fortuites, de bons moments partagés, de salves d’anecdotes. Je ne pense pas être redescendue une seule fois de la montagne sans avoir eu le droit à l’histoire éternelle de la pire randonnée, de la grimpe de la mort ou de l’orage le plus terrifiant de tous les temps.
Cela nourrit mon humanité.

Ensuite, il me faut redescendre sur terre, rejoindre la vallée des ombres, revenir au bled et retourner jouter dans les allées étriquées de la marchandisation, affronter cette sorte de colère sourde qui ponctue le quotidien de tant de gens, lutter contre l’âpreté méfiante des rapports humains en milieu civilisé où chacun soupçonne tous les autres d’en vouloir à sa bourse, à ses biens, à ses miettes de confort et de bonheur factice, et le plus souvent, à juste raison.

  • Et encore, jusqu’ici tout va bien. On ne manque de rien, nous ne sommes pas en guerre. Imagine seulement s’il n’y avait plus assez à bouffer pour tout le monde.

Non, là, je n’imagine rien, je ne veux même pas y penser.
Les jours succèdent aux mois et nous avons de plus en plus des mentalités d’assiégés. On ressent ce lent délitement des rapports humains, des structures sociales, mais non, pour l’instant, malgré tout, ça va encore. Et en même temps, rien ne va plus, les jeux sont faits. La frénésie de la jouissance immédiate et sans conscience de tout s’exacerbe chaque jour un peu plus, creuse les frustrations et crispe les corps et les visages. Tout n’est plus que tension, mépris et confrontation larvée.

L’autre jour, je laisse ma place dans la file d’attente. Parce que je ne suis pas à la minute près, parce que c’était logique. Le gars a eu la tête d’une bête traquée, il craignait le piège, l’embuscade.
J’ai dû me justifier. Habituellement, je récolte un sourire surpris plutôt qu’une grimace anxieuse.
Il était empêtré avec ses trois conneries au creux du bras, il se demandait ce que je lui voulais, ce que ce geste inattendu pouvait cacher. Je ne pense pas pourtant être de nature à nourrir l’inquiétude autour de moi.
Je pense qu’il avait juste oublié jusqu’à l’existence de la plus élémentaire courtoisie, celle qui nous fait faire des tas de petits gestes inutiles, qui nous pousse à cultiver la bienveillance, juste pour huiler un peu la mécanique subtile des rapports humains.

Panne d'horizon 1

Album photo de la randonnée

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28 Commentaires

  1. Ouaip !
    Roissy; Un petit coup de main madame ? et je me baisse pour l’aider à passer sa valise à l’escalator, hurlements …
    Heureux que les gens qui me suivaient avaient vu et compris …
    Mais bon du moment que t’arrive encore à pendre en photo un dahut !

    Réponse
  2. Je pense qu’en dehors de son aspect très concret dans ma vie, la montagne a aussi une valeur symbolique, celle du lieu du partage, de l’humain et de l’accomplissement. Et si la montagne ne vient pas à toi, construis-en une sur place! 🙂

    Réponse
  3. un coucou du tuperware, madame.
    (pour les gens seuls c’est une torture de chaque instant)
    (en plus y’a pas une putain de montagne ici…^^)

    Réponse
  4. C’est ça, oui, Anne-Marie.
    Tu retournes voir les bisounours et tu comptes, par curiosité, le nombre de 4×4. On n’est pas en montagne, là, ni dans la brousse, le 4×4 est révélateur d’un état d’esprit.

    Réponse
  5. "…. juste pour huiler un peu la mécanique subtile des rapports humains."

    Et ouais, quoiqu’on en dise, au bout du compte, la vie c’est juste une histoire de vaseline…

    Réponse
  6. Et alors, moi ce que j’en retiens c’est que la vie serait bien plus agréable si ce genre de gestes devenaient des habitudes.
    Alors bisounours mais pas gênée de l’être.
    et juste en passant, je n’ai ni 4×4, ni autre véhicule 🙂

    Réponse
  7. Une petite baisse de moral, on dirait…

    C’est sûr, passer de la nature sauvage au supermarché, ça le fait pas. Mais même là, au milieu des caddies, de l’avalanche de bouffe, on trouve encore au détour d’une allée, et devant un tapis roulant, un sourire, égaré là par hasard.

    Et moi, dont tout le monde dit que je parlerais à un mur, je blague avec la caissière, et avec mes voisins de souffrance dans la file d’attente…

    Et pis, t’as qu’à aller au marché. C’est plus rigolo (malgré les hordes d’estrangers) et en plus, il fait enfin soleil… Non mais.

    Réponse
  8. Agnès post3
    "Et si la montagne ne vient pas à toi, construis-en une sur place! "
    Gavroche post8
    "je blague avec la caissière, et avec mes voisins"

    +1 🙂
    Sortir de nos abymes de peurs et d’indifférences quotidiennes, c’est aussi gravir des sommets en partage.

    Réponse
  9. Eh beh…
    Moi qui rentre tout juste de dix jours passés sur le Cézallier (ou Cézalier pour les puristes), et de belles ballades dans les cimes pour m’attaquer à l’adaptation des bisounours (véridique, ça s’invente pas)… Ton texte me touche!
    Etonnant l’accueil qui nous est réservé dans un coin du monde aussi paumé.
    Au sortir d’une ballade de 4 h au moment de rentrer dans la voiture (garée toute seule sur le près au centre du village (de 4 maisons). On est hélés par une femme dans une des maisons qui nous invite… à boire un coup à la fête des voisin!
    Ils sont une dizaine chez elle à avoir répondu à l’invitation. Elle, elle est parisienne (ou plutôt "de banlieue parisienne") ce qui fait rigoler les locaux qui se retrouvent à boire un coup ensemble grâce à elle.
    parmi les personnes présentes, je discute avec une dame qui s’avère être de ma famille côté arrière grand paternel et arrière grand maternel… dans ces régions oubliées, c’est toute la montagne, qui, quand on remonte assez loin, a des liens de parenté…
    Bref, j’en apprends sur le trisaïeul, sur la localisation de la ruine de sa maison et pas mal d’autres anecdotes, puis on se fait inviter à passer le lendemain à un autre évènement.

    Après dix jours passés la haut, le retour au milieu de la civilisation est tristoune, c’est vrai. Des rencontres, on en a fait d’autres la haut. et les randonneurs qu’on a croisés (les 2-3) ont tous été charmants. Faut dire que personne ou presque ne connait ce bout du monde oublié des cartes touristiques.
    Etant donné le peu d’habitants et de touristes, normal que la confiance et l’accueil soient de mise la haut.
    Malgré les conditions rudes (hivers sous la neige, commerces quasi inexistants dans un rayon de 40 km), humainement l’endroit est privilégié.
    Il est quasiment impossible de conserver une telle ouverture vers les autres lorsqu’on vit en zone urbaine, où la densité de population ne permet pas de laisser sa porte constamment ouverte. Faut-il tout mettre sur le dos de la société mercantile? Pas sûr…
    Il me semble que plus nous sommes nombreux dans un petit espace, plus le repli sur soi (faute de pouvoir s’ouvrir à tous) s’opère et plus la société individualiste et consumériste a prise sur nous.

    Réponse
  10. La montagne ça me gagne totallement

    "Horizon producteur" – Couche de terrain constituant une partie ou la totalité d’un « réservoir » renfermant du pétrole en quantité suffisante pour une exploitation commerciale«  (Pétrol. 1964).

    "Et encore, jusqu’ici tout va bien. On ne manque de rien, nous ne sommes pas en guerre. Imagine seulement s’il n’y avait plus assez à bouffer pour tout le monde. "

    donc aucun rapport avec la psychosociologie ou la psychosociothérapie de "l’école des R.H."(née en 1929), aucun parralléle avec les théories de Kurt Lewin ou de l’étude des champs de force, la dynamique des relations interpersonnelles, voir de la théorie du détour ???

    et oui-oui avait encore une foi-raison, pourquoi donc aller de l’avant, marchant (n.b. avec un t à la fin) , les pieds nus, en montagne pour ensuite devoir laver les pieds de ses semblables, quelle horreur térrifiante! Vrai-ment, je vaux mieux que ça, oui, je le vaux bien, et que X vienne donc me dire le contraire, et "il" découvrira ce que c’est que le boxon de X

    donc aucun liens entre:
    la communauté européenne (plan)
    la crise économique et financière actuelle
    la chute du " roi de l’afrique"
    le conflit qui ramenera la Syrie a un point donné de son histoire (révolution orbitale)
    la découverte "prometteuse" de réservoirs de gaz de schiste au large de la Syrrie et de la Palestine
    l’exploitation de réservoirs pétrolifères au Kurdisthan Irakien
    et l’Union pour la Méditérrannée (Plan B devenant plan A)

    en fait, j’aime mieux pas imaginer, même si il parraitrait que "le mieux est l’ami du bien" d’un point de vue "Démocratique"

    Réponse
  11. "Les jours succèdent aux mois et nous avons de plus en plus des mentalités d’assiégés"

    "Pour des raisons que nous aurons à examiner par la suite, X leur paraissait un adversaire dangereux, ils avaient fini par se persuader que [l’ Intérêt Superieur de la Nation] exigeait sa disparition. Un coup habilement monté, suivi d’un simulacre de procés aboutissant à une mise en accusation pour crime de sédition contre le pouvoir impérial, se termina par le jugement capital arraché au procurateur. L’execution eu lieu le jour même, son corps fut inumé dans la foulée en un lieu secret…"

    ps: patrimoine immatériel national, la saison de la feria, des corridas commence …

    Réponse
  12. "The Bottle of Mine
    (A Malthusian Blues – a diminuendo)

    Bottle of mine, it’s you I’ve allways wanted
    Bottle of mine, why was I ever decanted?

    Skies are blue inside of you,
    The weather’s allways fine

    For
    There ain’t no Bottle in all the world
    Like that dear Bottle of mine

    (Performed by Calvin Stopes and his Sixteen Sexophonists)

    (London finest scent and colour organ – all the latest synthetic music)

    http://www.youtube.com/watch?v=_b2F

    http://vimeo.com/gavras/videos

    Réponse
  13. Ben, je vous trouve quand même très pessimistes: je discute toujours avec les caissières et on se laisse souvent passer au super. Si je suis pressée avec deux trois trucs, je peux dire "excusez-moi je suis pressée vous voulez bien…" et on me laisse passer soit calmement, soit même avec un mot gentil. Alors ok, je ne vis pas à "Paris la Grande" mais à Saintes , "la bien nommée" apparemment ! Sortez de Paris, pas des villes mais juste des grandes villes, c’est tout de suite mieux !

    Réponse
  14. Je vais dans des petites superettes avec des produits bio parfois, les gens sont sympas dans l’ensemble. Les caissières malgré un boulot pas facile sont souriantes et ne semblent pas se forcer pour sourire. Petite ville allemande de 11000 personnes paumée dans la verdure et les forêts au pays des frères Grimm.

    Réponse
  15. Ariane Post15
    " je discute toujours avec les caissières et on se laisse souvent passer au super."

    Effectivement, et si ainsi nous nous acharnons chacun à toujours et davantage « incarner » la politique et le comportement que nous défendons pour tous, alors, comme les petits hommes liant avec chacun de leur petit bout de fil ténu le géant Gullivert, nous parviendrons à immobiliser de plus en plus l’action dominante de la politique généraliste que nous subissons actuellement.
    Yep ! 🙂

    Réponse
  16. Ariane Post15
    " je discute toujours avec les caissières et on se laisse souvent passer au super."

    Effectivement, et si ainsi nous nous acharnons chacun à toujours et davantage « incarner » la politique et le comportement que nous défendons pour tous, alors, comme les petits hommes liant avec chacun de leur petit bout de fil ténu le géant Gullivert, nous parviendrons à immobiliser de plus en plus l’action dominante de la politique généraliste que nous subissons actuellement.
    Yep ! 🙂

    Réponse
  17. //Je pense qu’il avait juste oublié jusqu’à l’existence de la plus élémentaire courtoisie, celle qui nous fait faire des tas de petits gestes inutiles, qui nous pousse à cultiver la bienveillance, juste pour huiler un peu la mécanique subtile des rapports humains.//

    Votre parano de type me rappelle ces Parisiens qui traversaient en cathospace notre petite ville le 24 décembre, alors qu’avec un pote nous faisions Père Noël et père Fouettard, lui avec ses bonbons moi mon fouet. Tous les gens nous faisaient des signes. Les gosses du monospace arrêté au feu les imitent, on s’approche. Réactions des gardiens : remonter les vitres de la bétaillère, et appuyer sur le champignon…

    Réponse
  18. //Je pense qu’il avait juste oublié jusqu’à l’existence de la plus élémentaire courtoisie, celle qui nous fait faire des tas de petits gestes inutiles, qui nous pousse à cultiver la bienveillance, juste pour huiler un peu la mécanique subtile des rapports humains.//

    Votre parano de type me rappelle ces Parisiens qui traversaient en cathospace notre petite ville le 24 décembre, alors qu’avec un pote nous faisions Père Noël et père Fouettard, lui avec ses bonbons moi mon fouet. Tous les gens nous faisaient des signes. Les gosses du monospace arrêté au feu les imitent, on s’approche. Réactions des gardiens : remonter les vitres de la bétaillère, et appuyer sur le champignon…

    Réponse
  19. 1/ Créer une association " les ami-e-s du Monolecte".

    2/ Imaginer une date de RDV annuel au cœur de l’ Eté pour une ballade en Montagne. Bienvenue à celles et ceux qui ont bien voulu jouer le jeu et payer leur modeste contribution solidaire à l’association, un peu comme Stéphane Hessel, la consensualitude en moins .( Tant mieux ! ).

    Personnellement, s’il y avait un Rendez-vous chacun des étés pour nous retrouver et marcher à plusieurs dans le but sympathique de crapahuter sur la montagne, ce serait sympa. Nous ferions un pic-nique et converserions agréablement. Chacun amène sa bouffe et tout le monde partage avec tout le monde . ( Prévoir tout de même une prairie amicale pour camper pendant 48 heures maximum et point barre. )

    Une idée absurde ?

    Réponse
  20. 1/ Créer une association " les ami-e-s du Monolecte".

    2/ Imaginer une date de RDV annuel au cœur de l’ Eté pour une ballade en Montagne. Bienvenue à celles et ceux qui ont bien voulu jouer le jeu et payer leur modeste contribution solidaire à l’association, un peu comme Stéphane Hessel, la consensualitude en moins .( Tant mieux ! ).

    Personnellement, s’il y avait un Rendez-vous chacun des étés pour nous retrouver et marcher à plusieurs dans le but sympathique de crapahuter sur la montagne, ce serait sympa. Nous ferions un pic-nique et converserions agréablement. Chacun amène sa bouffe et tout le monde partage avec tout le monde . ( Prévoir tout de même une prairie amicale pour camper pendant 48 heures maximum et point barre. )

    Une idée absurde ?

    Réponse
  21. smolsky post 17 : "Effectivement, et si ainsi nous nous acharnons chacun à toujours et davantage « incarner » la politique et le comportement que nous défendons pour tous,"

    je complète pour être dans le vrai le lucide et digne: lorsque je parle à la caissière, ou à la copine démoralisée par son diagnostic de cancer, ou au copain qui subit le train de licenciement, c’est pour lui bien sûr, par solidarité ou simple affection pour mon "frère en humanité" (C’est Montaigne là, pas de moi), mais donc, si je suis honnête, je dois reconnaître que c’est aussi …pour moi !
    Car lorsque je me tourne vers l’autre pour lui remonter le moral, câliner sa tristesse ou réchauffer son petit coeur meurtri, alors lorsqu’ensuite je reviens à moi, et bien mon moral aussi est remontré, mon coeur réchauffé et ma tristesse volatilisée d’un petit coeur revigoré.
    Bref, me tourner vers l’autre c’est encore le meilleur anti-depresseur que je me sois trouvé pour l’heure, et en plus de me faire du bien et de me redonner espoir dans l’humanité, cela lui fait du bien aussi, à l’autre. Une relation gagnant / gagnant qu’ils appellent cela les manager… tu suis smolky ? allez bonne nuit !

    Réponse
  22. "Une relation gagnant / gagnant qu’ils appellent cela les manager…"

    On peut appeler plutôt cela : « un système social de partage », chacun ouvrant à tous ce qu’il est et ce qu’il possède. La limite viable étant à la fois le respect d’autrui (ses convictions politique, religieuse, culturelle…) et la dignité de soi (on ne se refuse rien, on ne se soumet à personne).
    Bonne journée ! 😉

    Réponse
  23. Post 21 pour Smolsky « un système social de partage »
    non pas social, je ne crois pas que ce soit de ce niveau. C’est éminamment intime, comme une alchimie intérieure qui transforme mon sentiment d’impuissante et de pauvreté en richesse pour l’autre. C’est une alchimie intime entre le "prendre" et le "donner", un postulat intérieur qui fait que pour combler mon manque (de joie, d’espoir et d’amour) je vais le générer en moi au bénéfice de l’autre et que ayant enrichi l’autre, je me découvre alors moi aussi rassasié.
    "Les jours succèdent aux mois et nous avons de plus en plus des mentalités d’assiégés. On ressent ce lent délitement des rapports humains, des structures sociales, mais non, pour l’instant, malgré tout, ça va encore. Et en même temps, rien ne va plus, les jeux sont faits. La frénésie de la jouissance immédiate et sans conscience de tout s’exacerbe chaque jour un peu plus, creuse les frustrations et crispe les corps et les visages. Tout n’est plus que tension, mépris et confrontation larvée." (Agnès Maillard)

    Que je sois informée et lucide et je ressens ce que traduisent ces mots; mais ma vie ne s’arrête pas à ce constat, mon être ne s’abîme pas dans ce triste paysage.
    Ma réalité est aussi ce que je choisis d’être et de faire, ce que je choisis de partager ou d’éviter. Si je cultive en moi lucidité et paix de l’esprit, c’est bien pour me et lui proposer, à l’autre, un autre espace , un autre regard. Si du fond de son stress, il croise ma tranquillité, cela peut l’aider. Bref, rien ne m’oblige, constatant cette souffrance qui s"’installe et s’approfondit, à m’y noyer. Je peux vivre autrement et témoigner par ma manière d’être et de vivre, d’autre chose. Donc hauts les cœurs, il suffit de décider à chaque minute possible, de porter un autre regard sur le monde pour que le monde en soi déjà changé: petite leçon préliminaire des conséquence de la physique quantique: l’observateur , du fait même du regard qu’il porte sur la réalité, modifie cette réalité ! Alors, mon regard non attristé mais juste lucide et aimant, peut changer cette réalité. Que dis-je, il la change, c’est sûr !

    Il ne s’agit pas que de vœux pieux ou d’idéalisme, mais de concret. Je le vis chaque jour selon que je tourne mon regard vers le coeur, ou que la vague de tristesse et d’impuissance qui m’arrive du mental me submerge.
    Pour moi aussi il y a des jours avec et des jours sans, mais comme rien n’est immuable, quand je suis dans un jour sans, j’essaye de me dire "chouette, dans la vie rien ne dure, donc demain sera un jour avec …"

    gnac gnac gnac, ils ne m’auront pas , je résiste avec mes petits trucs de bonne fille, juste l’envie d’être gaie le matin, et heureuse le soir, et la volonté chevillée au coeur de faire ce qu’il faut pour cultiver toujours plus de la patience de telle sorte que, les jours de mauvais temps, je parvienne à attendre tranquillement que cela passe. Des fois ça marche, des fois pas trop mais dans l’ensemble, ça marche. A plus et bonne nuit !

    Réponse
  24. Le système social de partage invite à mettre en action la résistance individuelle plutôt que d’incorporer chacun dans les canons d’une lutte politique généraliste « fatalement hiérarchisée » qui n’est en fait que la reproduction du système social d’échange actuel avec ses iniquités.

    Je ne prétends pas ainsi de parvenir sans transition, partout et pour tous à la réussite de nos idéaux mais j’invite chacun à agir comme l’indique Ariane post 22 :
    " ils ne m’auront pas , je résiste avec mes petits trucs"
    Car c’est de là, de ces pas individuels persistants, que se fait par accumulation la marche de l’Humanité toute entière vers la liberté.

    À noter que ce partage de la résistance individualisée est d’autant plus actif aujourd’hui que l’informatique et internet en accroissent librement les diffusions et les réplications mondiales.

    Réponse
  25. Mon conseil du jour pour Agnès : Laisse toi pousser la moustache nietzschéenne et à ta prochaine occasion de rando sur la montagne sacrée ou plus probablement dans la plaine industrieuse, joue la carrément à la Zarathoustra, façon "De l’arbre sur la montagne".
    Je me gausse, mais sérieusement, ma vie est un peu plus zen depuis que je me prends un peu moins pour le prophète du quotidien de ce monde de merde (© George Abitbol). Et après avoir franchi la ligne de crêtes, cet été, aux frontières du Néouvielle, j’ai juste joyeusement et sincèrement remercié les esprits du lieu, pour ce "ici et maintenant" sublime. Et puis il a bien fallu redescendre de la haut et reprendre le collier comme à chaque rentrée de merde… Qui vivra verra…

    Réponse
  26. Je me ferais bien le Néouvielle en fait. Je me ferais bien un sommet pyrénéen, du moment que je trouve quelqu’un de bonne compagnie pour venir avec moi…

    Réponse

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