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17 février 2011

Ce n’est plus une voiture, c’est une psychothérapie.


Out of summerElle m’a déjà fait le coup de la panne. Celui de la crevaison. Deux fois. Ou elle s’abstient, parfois, de couiner alors que je coupe le contact. Elle a dû sentir que j’avais besoin de faire un tour, pour rien, pour tout, malgré tout ou à cause de tout. Alors, lundi, après la dernière séance photos, elle n’a pas moufté quand je l’ai laissée, tous feux allumés, sous la pluie. Du coup, mardi, elle a pu prendre une journée de vacances. Et j’ai testé le covoiturage de nains au débotté, dans un des ces monospaces définitivement modernes et aménageables, au service dévoué d’une famille polymorphe. Modulable. Avec un tableau de bord entièrement informatisé. En couleur. Dont on peut choisir le style d’affichage. C’est dire si c’est moderne et bien pensé. Et si ça me change de ma vieille carriole décatie. Même si un siège enfant s’est vengé de mon intrusion au XXIe siècle. En me bouffant le doigt.

Parfois, les objets sont comme les animaux familiers, au diapason de nos humeurs du moment. Je me sens un peu à plat ? La voilà qui crève. Il me faudrait une cure de vitamines… Une mauvaise nouvelle qui me reste en travers de la gorge ? Elle se bouche le carbu avec un beau sens de l’à-propos. Je n’ai plus de jus ? Elle se vide la batterie. Et depuis le coup du parebrise éclaté par un caillou vicieux, je me dis qu’il me faudrait prendre rendez-vous avec l’ophtalmo.

Finalement, on a réussi à la redémarrer aux câbles et tout de suite, elle s’est mise à ronronner comme un bon gros matou satisfait. Invitation au voyage : une heure de vagabondage pour recharger les accus. Pour elle comme pour moi. Pas de destination. Pas d’obligations. Juste la nécessité du trajet. Rien que le trajet.

Je me dirige immédiatement, instinctivement, plein sud, le soleil pâle de février dans les mirettes et les Pyrénées magnifiquement découpées par la lumière, belles à toucher du doigt, bornent le parebrise. Vagabondage dans les collines brunes de l’hiver, je garde le cap, quitte à onduler sur de petites pistes de crête à peine carrossables. Je ne sais plus qui conduit l’autre, nous nous taisons toutes les deux, portées par la musique. Juste nos deux souffles liés. Le sien, rond, régulier et rassurant. Le mien, retenu, ténu, à petites gorgées tendues, étouffé par la crainte d’un trop-plein sensible qui se déverserait en de longs soupirs hoquetés.
Je ne sais plus où elle commence et où je finis. Nous sommes juste transportées dans les ondulations du paysage, petites notes incongrues dans la portée d’une symphonie champêtre. Ma bulle, mon auditorium, le seul endroit où j’écoute de la musique, portée par le son comme par les chaos du bitume. Plus rien n’a de sens que cette étrange migration erratique où chaque tournant dévoile un monde inconnu et inexploré à mes yeux.

Je quitte les flancs du Madiran, dépouillés par l’hiver, mais encore habités par une étrange grâce rurale et rejoins la grand-route du Sud, plein gaz vers Tarbes. C’est comme repasser du plat de la main une longue écharpe de velours, toute l’attention concentrée par la caresse du tissu. Je suis la passagère clandestine de ma R25, elle glisse sur l’asphalte comme un paquebot prodigieux. Il n’y a plus que le mouvement, le gris sombre du revêtement encore neuf qui nous porte comme une vague tendre. Mon moi s’atrophie au fil des kilomètres scandés par l’alternance de luminosité des bandes qui s’enfuient sur le bas côté. Ma conscience se dilate lentement jusqu’à envahir tout l’habitacle pendant que ce que je suis, ce que je crois avoir été et ce que j’espère devenir se diluent lentement dans le sillage de ma course.

Je décide subitement de prendre à gauche, vers un bled inconnu où jamais je n’ai eu besoin d’aller et où jamais plus je ne retournerai. Je m’enfonce dans une campagne qui a fait un pas de côté. La route se rétrécit pendant que son revêtement disparaît, couche par couche. Des fermes succèdent aux fermes. Tellement loin de tout que l’on pourrait s’y perdre. C’est d’ailleurs très précisément ce que je suis en train de faire. Les chemins se croisent et se recroisent, reviennent sur leur pas, plongent dans une vallée étroite et pratiquement oubliée de tous, puis attrapent un clocher pimpant juché sur une éminence qui rêve de sommets inaccessibles.
Je n’avance plus, je ne vais nulle part, je finis juste de disparaître. Soudain, du coin de l’œil, j’accroche, dans la cour d’une ferme, la silhouette – engoncée dans son incontournable combinaison vert bouteille – d’un agriculteur qui descend de sa monstrueuse monture de métal. D’un geste vif et précis, il vient de tailler les gourmands d’un rosier ornemental. Tout est lié, il fait partie d’un tout. Cette terre qui le nourrit. Cette maison qui l’a probablement vu naître. Et ce rosier dépouillé par l’hiver qui embaumera sa cour de ferme au retour des beaux jours. Retirez-lui tout ceci et de cet homme, il ne restera rien. Tentez de me faire la même chose et vous repartirez les mains vides.

Un jour, un ami est passé nous voir, dans un de nos innombrables appartements : j’aime beaucoup votre déco de camping bosniaque.
C’était un peu expéditif, mais en une phrase, il a résumé ma vie, que je ne fais que traverser, sans jamais poser mes bagages. Je ne possède rien et je n’appartiens à nul terroir, nulle tribu, nulle confrérie. Si j’avais un but, une direction, je ne ferais que passer. Là, je flotte juste au gré du courant.
Ferme après ferme, je poursuis mon errance intérieure jusqu’au moment où je me rends compte que je suis en train de tourner en rond. Ma voiture est philosophe, elle m’a conduite au bout de moi-même. L’alternateur a dû faire son boulot à présent. Je branche le GPS qui me demande une destination. Je tape « maison », parce que finalement, il en faut bien une, et je me laisse guider par la voix sans âme de la machine qui, avec sa superbe indifférence, lentement, me ramène en des lieux plus familiers.

L'étrangère 1

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40 Commentaires

  1. À te lire me voilà envahi d’un profond sentiment de fraternité :-}

    …et de me dire que je devrais peut-être écrire un peu, de nouveau, mais là je viens juste de pondre 1527 lignes de /bin/bash histoire de faire marcher ma chouette box ADO-HAPPY, la bo-box anti-HADOPI 😉 qui marche du feu de sa race d’ailleurs, pour "sécuriser ma connexion Internet" contre la curiosité malsaine des milices privées, tiens 😉

    Réponse
  2. Autrement sinon, faudra quand même que tu te mettes au Zen, tu es presque mûre pour hishiryo et shikantaza:-}

    Réponse
  3. 1) La pauvreté oblige à rouler avec des voitures qui sont peu sûres et au volant desquelles on angoisse.
    2) Je reconnais ces paysages du Gers, en contrepoint les Pyrénées. "La Toscane française" disait Stendahl. Cette route qui mène à mes natives Pyrénées (je suis né à Aureilhan, près de Tarbes) je l’ai emprunté, la toute dernière fois, pour rejoindre Lannemezan. Nous étions rassemblés devant la prison. Notre soutien n’a pas profité seulement à JM Rouillan, quoiqu’il fut dérisoire et que nous étions douloureusement impuissants, cernés par la police, nous avons pu nous faire entendre des prisonniers qui étaient dans la cour de l’enceinte. Leurs cris ont répondu aux notres. C’était très émouvant.
    3) L’errance me définit également. Mais ce jour là, à Lannemezan, point d’errances. Les RG planqués derrière une glace sans teint à la gare de Lannemezan nous filmaient, un à un. Les CRS et les policiers nous encerclaient. J’ai momentanément cessé d’errer parce que la tyrannie laisse décidément des empruntes oppressantes et implacables, qui interdisent le vagabondage et la rêverie. Il y est rigoureusement interdit de s’y perdre. Nous sommes obligés de nous positionner. Nous sommes contre elle ou nous avons par elle.
    4) Votre texte est remarquablement bien écrit à l’exception de quelques très rares et très brefs relachements.

    Réponse
  4. c’est confortable et soulageant l’errance, jusqu’à la cinquantaine.

    De toute façon le nomade entre désormais dans une case très clair: celle des renards et des blaireaux… La chasse est ouverte, nous sommes nuisibles.

    Cet aprem encore j’ai essayé de me poser, de construire. Mais le maire de la commune ou je voulais acheter m’a dit: ces coteaux sont fait pour la chasse, on ne veut pas que ça change. On est 200 dans la commune, on veut pas que ça change. Je suis tout de même agriculteur, hien, pas promoteur… rien n’y fait. je fais pas de maïs, je chasse pas, une case toute chaude m’attends.La case des ragondins, qui creusent ou ils peuvent un nid temporaire, avec pour seule retraite un coup de fusil.

    fatiguant cette sensation d’être acculé, jour après jour, porte fermée après porte fermé, à une vie que l’on ne veut pas. Acculé, toujours comme un nuisible. Ne produit pas, ne consomme pas, ne participe pas au jeu du progrès… La seule consolation est de se dire que pour qu’ils s’appliquent à dresser autant de barrière, le choix doit être bon. Je ne suis pas d’accord avec leur modèle de vie, ils bloquent mes choix sans cesse, donc mes choix sont en accord avec mon modèle de vie.

    Simpliste, sans doute. Mais je trouve dans votre post un désespoir qui à le même goût que chez moi. Produit de terroir s’il en est.

    A défaut d’avancer, votre poésie me soulage. Soyez en remercié

    Réponse
  5. Oui Swâmi, tu me manques ! (désolé Monolecte pour le squatting de commentaire…

    Réponse
  6. @swami
    pourrait-on avoir des indications plus précises concernant le script bash ou le logiciel ado-happy ?
    merci d’avance.

    Réponse
  7. Une voiture de collection, le seul intérêt c’est que tu paies que dalle pour l’assurance… 😉

    Réponse
  8. Et l’homme en vert, vous voyant libre comme le vent, a regardé ses bottes plantées dans la gadoue, puis embrassant lentement du regard son domaine, son piège, s’est surpris à penser en voyant disparaître votre R25 au sommet du coteau, que décidément, la vraie vie est ailleurs…

    Réponse
  9. Jolie lézarderie Agnès, chouette de la partager ici !

    Aussi, tu as mis là, le reflet quasi fidèle du parcours de faiseur d’images que je suis. Itinérant, avide et nonchalant, porté là où des amis l’attendent, là où des amis se découvrent, chacun offrant la bonne fortune de m’inviter à déraison.
    Un reflet fidèle, jusqu’au GPS qui n’est pas "maison", mais "coquine". Coquine qui sans un son, sans un souffle, sans une brise même, juste du fond de nous ensemble, m’appelle et me ramène vitalement auprès d’elle, ma lumière, mon eau pure.
    Nos séparations ? Un boisseau de piments rouges sang qui banderillent notre âme et nos corps, soigneusement suspendus au faît de notre vie commune.

    Au pied du chalet, les fleurettes savoyardes peuplent déjà les prés. Je repars bientôt, aussi.

    Réponse
  10. Mais pourquoi faudrait-il avoir dans la vie un but autre que la vivre le plus agréablement possible ?

    Réponse
  11. des pas perdus post 9
    "Une voiture de collection, le seul intérêt c’est que tu paies que dalle pour l’assurance… "

    Attention à condition d’avoir une seconde assurance sur un autre véhicule normal en même temps !

    Réponse
  12. C’est le Néouvielle qu’on aperçoit au fond ?

    Réponse
  13. Put… Swâmi, 1500 lignes de shell à ton âge 🙂 et en 2011 !! T’es un grand malade tu sais ça ? 🙂 Mais bon, faut bien s’occuper sur la montagne !

    Sinon c’est quoi l’idée du script, tu te fais un proxy ou bien ?

    Réponse
  14. J’ai pas de voiture, donc j’ peux pas dire… mais ça me fait penser à la marche, aussi. Quand on marche pour marcher, simplement. Marcher pour penser à autre chose. Au bout d’un moment, on a les idées ailleurs… une sorte d’état (d’esprit ?) différent.

    Et pour le vélo 😉 je ne suis pas sûr que ça fasse pareil… Soit c’est sportif, et on arrête de penser. Ou soit il n’y a pas d’efforts, mais on est quand même concentré… et l’esprit ne peut pas "s’échapper".

    Réponse
  15. Héhé, pardon dame Monolecte pour le squattage de commentaires en réponse à ceux qui demandent, mais bon, les lignes de bash de grand malade 😉 c’est pour automatiser cette petite chose amusante http://twitpic.com/3wr039 construite à partir de cela http://tux-pla.net/5zq . Pour quelques grammes, peu de sous et 5 watts t’as une bestiole toute automatique et autonome qui peut établir un VPN à l’étranger loin d’HADOPI pour faire tourner du BitTorrent 24/7 en silence, te coller la moisson sur un disque amovible et te délivrer ça soit par le réseau soit en branchant ensuite le disque sur ton ordi… Sinon ça peut aussi faire passerelle vers VPN, proxy privoxy dans un VPN, et quelques autres choses rigolotes. C’est totalement fonctionnel bien que pas encore complètement "polished" 😉

    Marche tout seul sans surveillance, interface web, redémarre sans intervention si coupure, etc.

    Bref je fais ça pour me faire plaiz, tout en carressant l’idée de pitètre me faire un peu de blé en vendant la solution, développée 100% en Logiciels Libres comme de bien entendu.

    Réponse
  16. Très beau texte et magnifique photo ( la réciproque est vraie aussi !)
    merci Agnès.
    L’errance et la "collaboration" implicite des choses autour de nous, c’est toute une histoire…

    Réponse
  17. @ Swâmi :

    Oooh… j’en reviens pas, ce squattage de commentaires ! LOL

    Faut faire un blog pour ça… 😉

    Un nouveau.
    Aaah… et puis tant pis pour les anciens billets.
    Ils seront importés une autre fois, non ?

    Réponse
  18. merci Swami de ces quelques indications.
    effectivement intéressant pour les pratiquants du torrent…

    Réponse
  19. bonjour,
    j’aime ce déplacement immobile des mots ce texte me fait penser à celui de la bicyclette. Ces billets là en disent plus sur les silences et les espaces blanc du texte, sur la vie et la beauté.
    merci de ces moments
    marie

    Réponse
  20. 1 Je rejoins Rodion sur les « voitures de pauvre ». La mienne a passé le contrôle technique ric-rac, et je n’aurais rien eu comme thune pour la remettre d’aplomb ou mieux la remplacer. Ce contrôle, dont on vous dit qu’il sert à ne pas vendre une m… à un naïf, est en, fait une des armes de la chasse au pauvre. Comme l’interdiction de récupérer dans les décharges depuis que leur gestion est donnée à de puissants groupes privés. Si vous voulez, Monolecte, j’ai un texte là-dessus…

    2 Ah les Pyrénées. Ce furent mes premières montagnes, pour une semaine. Découvrir qu’il existe un monde à trois dimensions quand on est né en plaine. Les quitter fut brutal car, à la différence des Alpes, il n’y a pas de Prépyrénées : en moins d’un dizaine de kilomètres, vous perdez tout.

    Et je crois qu’il n’y a qu’elles qu’on peut voir comme sur la photo !

    @clement : n’écoutez pas cette chanson de Tachan, ça vous foutrait encore plus le bourdon !

    http://www.musikiwi.com/paroles/hen

    Pour le son : chercher sur musicme.com (taper Goupil dans leur moteur de recherche)

    Réponse
  21. mouais. J’aurais pas du la lire en effet. DE toute façon journée pourrie, ya même de la pluie dans mon lauragais chéri…

    Réponse
  22. On ne va pas faire dans le commentaire garagiste (enfin si on commence comme ça c’est que si ! 😉 mais depuis septembre, ma "voiture du pauvre" (Renault, c’est nique !) m’a coûté 2 amortisseurs, une durit, un filtre à huile, un rinçage de circuit de refroidissement, 2 disques de freins AV + plaquettes, un filtre d’habitacle, plein d’ampoules, un bordel électronique du tableau de bord que j’ai réparé moi-même, puis 2 kits de freins arrière complets, et 2 pneus.

    Ça fait "n" fois des factures entre 300 et 450 € de sa race, quoi, et plein de vermillon bancaire…

    Là en prévisionnel j’ai 2 supports moteurs à changer (dont un urgent), un silencieux de pot en train de mourir, une batterie presque en coma, un deuxième train de pneus à prévoir pour bientôt, et des fois que j’aurais des sous (#lol) faudrait penser aux 2 autres amortisseurs…

    Vient un moment où une vieille bagnole coûte plus cher qu’une neuve… Cela dit quand tu habites en haut d’une montagnette un poil escarpée à machin kilomètres du premier bled, dans un endroit où le mot "autocar" ne dépasse pas le fond de la vallée…

    Bon sinon, si y’a kèkun qui a trop envie de bêta-tester ma box rigolute… :-}

    Réponse
  23. Comme "l’invite faite par Agnés ici", buissonnez patiemment vos chemins de traverses, de leurs creux et de leurs bosses se forge la révolte nécessaire.

    "Il n’y a pas réellement de révolution sociale sans la convergence d’abord des révoltes individuelles."

    Réponse
  24. Ben moi ce que décris madame monolecte avec ça voiture, je le vis depuis fort longtemps avec mon vélo.
    c’est mon plus vieil et fidèle ami dans la vie.
    et en plus
    j’entends les chants des oiseaux qui nous accompagnent un peu partout.

    Réponse
  25. @ swami; Ok je teste. machines sous ubuntu, xp et 7 dispo.

    Réponse
  26. @ PMB. Tout à fait de votre avis à propos du contrôle technique et de la chasse aux pauvres. J’ai détourné une pancarte que portait Pasolini, au cours d’une manifestation, ainsi "Il parlemento asservita il capitalismo con le sua politica securita. Ha saputo far odiare i poveri, gettando cosi le basi de una nuova guerra : la guerra dei richi contro i poveri"

    J’écoutais Tachan quand j’étais étudiant: "le garçon qui te sert madame", "Goupil" etc… avant de lire avec un certain effaremment qu’il avait été l’un des premiers à retourné casaque en 2003. Il était devenu chiraquien…

    Réponse
  27. "Le capitalisme, c’est la personnification des choses et la chosification des personnes."

    Et donc, le contrôle technique aussi correcte qu’il puisse être, dans ces mains-là est effectivement un asservissement supplémentaire.

    Cela dit, la camionnette qui avait plus de 500 000 km et l’âge qui va avec, je viens de la changer, là, pour une neuve.
    De 9 – 13L de gasoil au 100 je passe à 5 – 7,5L.
    Rien qu’avec l’économie de carburant annuelle, je paie toutes les traites mensuelles de son achat !

    Hop ! 🙂

    Réponse
  28. sinon le barbe-arabe c’est bien 🙁

    Réponse
  29. La mélancolie qui transpire de ce texte me laisse penser que vous êtes une "belle" personne

    Réponse
  30. Au fond, ça coute vachement cher ces Renault, en sus de pas rouler bien vite, le tout dans un environnement de plastique bas de gamme…

    Au fond, à côté, une Porsche, c’est pratiquement un bon investissement…

    Réponse
  31. Yep, c’est pas très écolo, cette histoire, et, le plus souvent, je gère mes vagues à l’âme à vélo, précisément.

    Maintenant, comme je suis insolvable, je ne vais pas changer de voiture avant longtemps. Et puis, ma vieille guimbarde de ministre incite à la modération kilométrique, et se répare encore avec un tournevis et un marteau, et de vieilles pièces de casse. Ça compte aussi, dans le bilan carbone.

    Réponse
  32. Agnès post : 31
    "Maintenant, comme je suis insolvable, je ne vais pas changer de voiture avant longtemps."

    C’est effectivement un réel privilège que d’investir par et pour son entreprise plutôt que dans sa vie privée. Le rapport aux crédits et la récupération de la TVA font une différence gigantesque, éhontée entre les mêmes citoyens d’un même pays dans le monde économique actuel.
    Et je ne parle pas du cambriolage social organisé avec les ressources liées à la mondialisation des affaires !

    "Résister, c’est faire appel à la mémoire."

    Réponse
  33. Oui, le vélo et la marche. Par contre, la course à pied, ça ne marche pas du tout pour moi. C’est chiant et pénible.

    Réponse
  34. ben, y’a pas que le vélo qui me ressources
    en fait
    ce sont toutes les activités qui passent fortement par mon corps, dans lesquelles je sens mon corps être actif
    donc y’a la marche à pieds
    la course à pieds
    je me déplace pour aller vers quelque chose
    avec effort
    et je sens et je pense cet effort
    et je me réapproprie mon savoir agir dans le monde
    donc y’a aussi toutes les choses de base de la vie où je suis mon propre serviteur de ma vie, le ménage, la cuisine, le racomodage, la lessive, l’entretien de la maison, les réparations que je sais faire bien etc…
    et ça se poursuit
    avec la démarche GNU par et dans laquelle on apprends à connaître et à réguler son outils de production culturelle, en étant un acteur conscient, un utilisateur conscient

    Réponse
  35. @Agnes
    à propos de la course
    tout est question de méthode et de sensation donc de regard
    la méthode classique et dominante est désastreuse

    voici ce que j’indiquais de ma pratique à Christine dernièrement.

    bon
    dans la rubrique animal quotidien de danse de plume
    y’a plusieurs articles inspirés de ma discipline de vie monastique

    genre là tiens puisqu’on parlait forme physique
    j’avais pas couru depuis quelques semaines
    j’étais franchement fatigué et miné par le temps
    là ça va mieux donc ça m’a redonné un peu d’élan et puis en plus ça commençait à me manquer énormément

    donc je suis allé courir : c’était comme si je débutais. faut surtout pas que j’en fasse trop pour me remettre en train.

    donc je prends un trajet moyen : 6,5 km dans la campagne, avec montée et descente.
    mais pour les gens pas du tout expérimenté je recommande 4km mais pas moins

    je pars très tranquillement
    je cherche mon souffle tout en cherchant la douceur dans le déroulé des jambes sur la pose "caresse" des pieds (faut jamais frapper le sol) : y’a un rythme rapide (une inspire pour deux expires), un rythme soutenu (une inspire pour trois expires) un rythme long (deux inspires pour quatre expires)

    chaque inspire ou expire correspond à une posée de pied

    je me force au départ sur la bonne vitesse pour le rythme long dans les plats et descentes et le rythme moyen pour les montées
    à tenir sans m’arrêter sur les deux premiers km qui se terminent par un grand plat après une montée soutenue.
    là je marche tranquillement sur cent mètres sans m’arrêter non plus, puis je reprends quand j’ai repris le rythme de souffle lent
    si je sens que je risque de repasser en rythme moyen, je remarche.
    mais quand je sais qu’il me reste les 2,5 derniers km, là je me force à tenir sans m’arrêter en régulant le souffle.

    dans le forçage de l’effort faut pas se faire dur au contraire. faut se faire très décontracté et doux, avoir les épaules détendues et les bras presques ballants, lancer les pieds en avant sans les soulever, comme pour chercher à caresser et pas à poser la main ou le pieds, et faire des balancements de hanches dans les montées comme si c’était un bras de levié supplémentaire (donc avoir plus ou moins les fesses qui tortillent en courant)

    quand je suis bien lancé ou entraîné et que j’ai la forme, je vais plus vite et à la fin je termine par les derniers 500mètres en soutenant une course plus "accélérée" avec le soufle rapide où les expires sont forcées.

    là encore, la démarche de course doit se faire très féline, surtout ne jamais être brutal dans la pose des pieds, jouer avec les hanches pour lancer les jambes et se propulser, avoir encore plus les bras décontractés et surtout pas pliés comme le fond la quasi totalité des coureurs.

    Réponse
  36. Bon
    la principale pensée qu’il faut apprendre à diffuser dans le corps dans l’effort de la course à pieds, c’est la recherche de la douceur et de la légèreté.

    si on va trop vite, on durcit

    si on va trop lentement, on traîne et on allourdit

    donc faut sentir comment exprimer la douceur à partir de la douleur (qui n’est pas souffrance) du corps.

    et donc chercher le genre de violence qui va traduire cette douceur de l’effort transcendant la douleur.

    faut pas chercher autre chose que des ressentis paradoxaux et abandonner totalement les rationnalités classiques.

    faut srtout pas chercher à surveiller son rythme cardiaque ou le temps.

    faut juste chercher à trouver soit la rage soi la joie qui fait qu’on trouve la violence douce qui fait qu’on soutient l’effort comme une volupté de jouissance de l’action.

    Réponse
  37. Pour ma part c’est la lecture de bons textes qui me donne une énergie insoupçonnée. Ma passion durablement nourrie par une bonne littérature m’incite à noter des mots inusités sur un carnet, à en chercher le sens, les belles idées me soulèvent et je n’ai de raisons véritables de sortir de la solitude que pour partager, avec le pain et le vin, ces bons mots, ces belles idées, ces beaux textes qui m’ont tenu pendant plusieurs jours. Au détour d’une phrase dans un roman ou dans un essai mon humeur peut changer et je peux passer de la plus noire aigreur au courage et à l’espoir d’une certaine grandeur humaine. Si je ne fais pas de courses à pieds et si je marche plus rarement c’est parce que je ne peux pas me satisfaire de la plénitude seul et en moi-même. J’ai besoin de "rencontres". C’est ainsi que je peux concevoir un livre. Si je préfère regarder une nuit étoilée dans une posture allongée de pure paresse, le corps au repos, c’est que mon bonheur vient de la relation au cosmos. Je ne conçois d’ailleurs pas les rencontres, qu’elles passent par les livres ou en vis à vis avec un être, autrement que comme un agencement un cosmos. Si j’écris c’est pour raviver des souvenirs où je ne suis pas seul et c’est encore, à travers ces souvenirs et la présence de tiers, la relation au cosmos qui est en jeu. Les poètes chinois du VIIIè me siècle marchaient beaucoup, à travers la campagne, les montagnes, ils naviguaient sur les fleuves et se rendaient de fréquents hommages, dans la poésie, à chaque rencontres. Ils buvaient beaucoup. Li Po avoue, dans l’un de ses textes, qu’il buvait pour fondre le Ciel et la Terre. Combien je me sens proche de ces poètes…

    Réponse
  38. Toujours une aussi belle plume dame Agnès.
    Elle est bien cette métaphore filée de la fusion Homme/machine. J’avoue que la fusion dame-monolecte/R25 fait rêver 🙂
    Ça a l’air presque aussi beau que dans le Bugey par chez vous

    Réponse

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