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La démocratie est le moins pire de tous les systèmes… mais il s’agit là d’un point de vue essentiellement majoritaire.


En GascogneLe jeu démocratique est simple : tout le monde vote et les plus nombreux remportent le morceau. Évidemment, c’est un peu gênant pour les autres, ceux qui sont un peu moins nombreux, qui ne sont pas d’accord avec le choix du plus grand nombre, mais qui vont devoir faire avec quand même. Comme l’explique si bien l’ami Claudius, l’épineux problème des minorités est le talon d’Achille du système démocratique. Surtout que la majorité peut très bien se tromper. Ou être trompée. Quoi qu’il en soit, le résultat est toujours le même : le troupeau impose sa volonté à tous.

La dictature de la majorité peut paraître comme le meilleur moyen de contenter le plus de monde possible. Logiquement, l’intérêt du plus grand nombre est toujours défendu, à défaut de pouvoir satisfaire l’ensemble de la population dont les intérêts peuvent être franchement antagonistes. D’un point de vue sociologique, la démocratie implique forcément la domination permanente des classes sociales à effectif réduit par le ventre mou du plus petit dénominateur commun, à savoir l’hyperclasse démographiquement dominante. C’est ainsi qu’on peut estimer logiquement que le pouvoir serait l’émanation incontournable de la volonté politique de cette construction sociologique improbable qu’est la fameuse classe moyenne. La classe moyenne n’existe pas réellement, ce qui compte, c’est que le plus de monde possible croit en faire partie et avoir donc des intérêts communs. La plupart de ceux qui barbotent dans le cul-de-bouteille du dernier décile des revenus français sont intimement convaincus qu’ils ont un destin commun avec les crevards qui tentent de s’extraire à la force du poignet des méandres du premier décile, c’est-à-dire tous ceux qui rament avec moins d’un SMIC par mois. Toutes composantes de la société se rêvent dans la moyenne, dans la rassurante tiédeur de ceux qui n’ont ni trop, ni pas assez ; et c’est ainsi que des groupes politiques qui œuvrent pour le bien-être d’un petit groupe de personnes qui pourrait tout entier tenir dans une cabine téléphonique arrivent à déclencher un effet de masse qui légitime leur action aux yeux du plus grand nombre.

La démocratie est donc moins la dictature de la majorité que l’expression de la volonté d’une petite minorité rompue aux subtilités du marketing politique, ou l’art de vendre une politique libérale-capitaliste aux loqueteux qu’elle vampirise chaque jour pour mieux dégobiller ensuite leurs dépouilles exsangues sur le bas-côté de l’avenue de leur cupidité.

Totalitarisme planétaire

Mais encore plus que les discours trompeurs des politiques roublards prêts à promettre la Lune pour une poignée de voix de plus, le véritable ennemi de la démocratie, c’est la globalisation du politique.
Comme je le rappelais en préambule, le boulet de la démocratie, c’est tout de même le destin des minorités, c’est à dire de cette grande masse de gens sommés de se soumettre au choix sorti des urnes, quand bien même il serait particulièrement évident qu’il s’agissait là d’un très mauvais choix. Logiquement ce que la démocratie a pondu quelque part, elle devrait le réparer ailleurs. Autrement dit, de la diversité des peuples votants devrait jaillir la diversité du politique. De nos dissemblances devrait naître la diversité du choix des gouvernances.
Or, que nenni ! Peu ou prou, quels que soient le mode de scrutin retenu, la tête des participants, l’indigence des programmes, la teneur des promesses, il est de plus en plus flagrant qu’en matière de politique comme de la production du yaourt ou des bagnoles, l’uniformisation est la règle. Le capitalisme libéral a sublimé son état premier de doctrine socio-économique pour devenir l’horizon indépassable de l’humanité. Ce que l’on nous fait ici, ils leur font ailleurs. Les maux des uns se répandent à tous les autres, la soupe à la grimace est devenue planétaire. Nous sommes tous coincés sur le même radeau et du choix librement consenti d’un modèle de société pour nous gouverner tous, nous sommes passés à un implacable : soumets-toi ou crève !

La démocratie aurait dû accoucher de la diversité du politique, elle devient le faire-valoir d’un totalitarisme absolu, celui de la mondialisation, parce que définitivement sans échappatoire. La chute de l’empire soviétique a signé la fin de la possibilité de l’exil. Quel que soit le côté du mur où l’on était, ce qui comptait, c’est qu’il y avait un ailleurs. Un ailleurs pour rêver, un ailleurs pour espérer, un ailleurs inquiétant qui rend ici et maintenant nettement plus supportable. À présent, il n’y a juste plus d’ailleurs.

En fait, la démocratie s’accommode mal des grands nombres. La masse démographique implique la division des tâches, le cloisonnement des rôles, la hiérarchisation des statuts. La gestion de régions, de pays, de continents, implique la délégation des pouvoirs et la création d’une superclasse destinée à représenter toutes les autres et à gouverner l’ensemble. C’est la séparation sociologique du politique et du corps social et, tout au bout du bout, la fin de l’idéal démocratique. Le peuple devient un concept, un mikado de segments qu’il convient d’aiguiller correctement vers les bonnes décisions, les bons votes, la bonne politique. La démocratie n’est plus qu’un gant de toilette retourné, abandonné après usage sur un rebord de bidet.

Vote avec tes pieds !

L’issue démocratique réside probablement dans le retour à l’échelle humaine, ce que certains appellent avec un rictus de mépris la balkanisation des peuples. La crise systémique majeure, en mettant en relief nos problèmes d’interdépendance quant à l’accès aux ressources, tend à valoriser la relocalisation économique. Or, ce qui est bon pour les tomates peut également l’être pour le politique. Il peut être nécessaire de conserver quelques structures constitutionnelles ou administratives communes, mais l’échelle pertinente pour la prise de décision politique se joue probablement sur des groupes humains nettement plus restreints, entre le quartier et le bled. La communauté humaine où chacun connait plus ou moins tout le monde est certainement la taille critique pour l’exercice plein et entier de la démocratie, le niveau d’interaction humaine pertinent pour qu’émergent des projets politiques pertinents.
Lors de la tempête Klaus et les jours qui ont suivi, il m’est apparu clairement que l’entité nationale était à la fois lointaine et inadéquate pour répondre à l’urgence de la situation. Selon les villages, des modes d’entraide plus ou moins efficaces se sont constitués spontanément et plus les groupes avaient des pratiques communes antérieures, plus les comportements solidaires ont été rapides et efficaces. Dans les villages de petite taille, où tout le monde se connait, il est très difficile d’échapper non seulement au contrôle social, mais aussi à la conscience aiguë de sa responsabilité individuelle par rapport à tous les autres membres du groupe. Les mêmes dynamiques peuvent éclore à l’échelle d’un quartier dans des communes de plus grande importance, mais partout, une sorte d’effet de seuil provoque immanquablement le désintérêt pour le bien-être collectif et donc, celui de son voisin.

Du coup, j’en viens à me demander si l’autonomie démocratique ne devrait pas épouser les réseaux relationnels spontanés. L’éclatement des centres de décision démocratiques devrait immanquablement conduire à la profusion des modèles politiques. Ainsi donc, si mon bled vote pour un princident dont la seule vision me défrise et qui valorise l’ultracompétition de tous contre tous, j’aurais toujours l’opportunité d’aller vivre dans le bled d’à côté dont la majorité a préféré un bubar en tenue de bûcheron qui porte un projet plus collaboratif. Je serais de nouveau citoyenne du monde et si le diable sorti des urnes ne me convient pas, je pourrais toujours voter avec mes pieds et aller rejoindre un mode de vie auquel j’adhère plus naturellement, sans avoir besoin d’imposer mes vues à ceux qui ne seraient pas d’accord avec moi. On pourrait me parler de ségrégation politique. Mais finalement, je rêve surtout d’un monde plus ouvert où personne ne devrait plus avoir à subir l’horreur démocratique globalisée.

L'horreur démocratique 1

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47 Commentaires

  1. Une sorte de retour tribal, en quelque sorte. Je ne suis pas fondamentalement opposé à ta vision des choses, mais ne crois tu pas que les entité que tu décris n’auraient pas à leur tête, systématiquement, des chefs wisigoths, avec beaucoup de poils et de muscles, mais nettement moins d’idées ?
    Regarde dans les petits bleds, de quel bord sont les maires ? Est ce que tu peux être ecolo et faire de la politique (et garder de bonnes relations sociales avec tes voisins chasseurs) ?

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  2. L’idée première, qui est certes encore à creuser et je compte beaucoup sur vos commentaires pour ce faire, n’est pas de se replier sur la tribu, mais de repartir de la dimension humaine pour réinventer la diversité politique.

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  3. "Tout le monde vote".
    Personne n’a encore compris?

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  4. Vaut-il mieux des petites entités d’individus ayant un sens commun de vie commune (et tout ce que ça englobe) ou bien une seule et unique vision d’un seul système ?
    Je crois que le penchant naturel de l’être humain est de s’être multiplier dans la diversité. Pouvons nous accommoder les divergences, embrasser les contradictions ? Oui, si on fait un effort sur soi, si on reste tolérant et ouvert. Mais si l’autre ne fait pas cet effort ?

    Il est con l’être humain, et je le sais de source sûre : moi 🙂

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  5. Bah oui s’il n’y avait pas de projet collectif au-delà du bled.
    Mais ça serait encore plus nul, non?

    Tu es effectivement en train d’imaginer la fuite vers le village comme tu imaginais la fuite vers l’union soviétique.

    Cela dit si tu rêves de changement, tu as sûrement raison au sens où il est plus simple de changer un village qu’un mammouth planétaire (ou bruxellois comme dirait le vicomte)

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  6. "La classe moyenne n’existe pas réellement, ce qui compte, c’est que le plus de monde possible croit en faire partie et avoir donc des intérêts communs"

    Effectivement : voir comment le PS est tombé sur ce pauvre Hollande quand il a dit qu’il fallait revenir sur les allègements fiscaux aux contribuables gagnant plus de 4000 euros par mois.

    Motif: le PS ne peut pas s’aliéner la classe moyenne…

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    • Bien vu Etiam !

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  7. "Le jeu démocratique est simple : tout le monde vote et les plus nombreux remportent le morceau."

    Haha… ça dépend !

    Qui vote ?
    La question du "Droit de vote"…
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Droit_
    Ici, c’est donc le cas du "Suffrage universel direct" ?

    Et comment ?
    La question du "Système électoral"…
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Systè
    Ici, c’est donc le cas du "Scrutin majoritaire" ?

    Avec ça, tu fais élire qui tu veux en "Démocratie"… il suffit de bien choisir ce qui t’arrange.

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  8. La 1er soucis effectivement, c’est notre représentation politique. et que considérer donc aussi: l’État.

    Quoi qu’on en dise, qu’il soit soumis ou non à d’autres "instances", ça reste toujours l’État qui par définition se développe même si la forme peut changer, le fond reste le même, le rapport aussi: dominants / dominés.

    Donc 2 voies s’offrent à nous, lutter avec les outils "démocratiques" dans le cadre de la Loi, ou bien non et alors sortir des conventions et surement irrémédiablement sortir des conditions de la Loi.

    Je crois que la réponse est assez évidente si on est le plus possible lucide au regard de la manipulation de la Loi de part l’État qui tourne en sa faveur, les codes et les lois.

    Je ne m’aventure pas ce soir sur l’économie, la finance, la spéculation, le pognon… détournements et abus de bien sociaux, etc.

    Bref, en face il y’a toujours cette grosse machinerie qui par diverse biais s’assure le monopole des décisions sur nos droits les plus fondamentaux, que nous contribuons à alimenter par différents procédés (aussi bien consuméristes que parfois faussement politiques).

    Déjà trouver le moyen de court-circuiter ce schéma…

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  9. Il faut croire que j’ai été traumatisé par ça, mais je vois la fameuse "expérience de Milgram" en filigrane…

    Et puis, c’est sûr…
    Pour qu’un système soit efficace, intelligent… il faut favoriser les "boucles courtes" dès que c’est possible. Le corps humain, sûrement grâce à l’évolution et à sélection naturelle, fonctionne comme cela avec les "réflexes"… il ne fait pas en permanence appel au "cerveau"… heureusement, sinon ça serait la catastrophe !

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  10. Plus que jamais le débat politique est perverti par le marketing et la communication… La dernière présidentielle est révélatrice avec notamment le programme fiscal du candidat de droite… son image… On pourrait dire la même chose pour Royal… Et que dire aujourd’hui de la liste des écolos avec Bové et Cohn bendit?

    Intéressant le couplet sur la classe moyenne. Aux USA ou en Angleterre, le néo-libéralisme s’est appuyé sur les classes moyennes pour mener sa politique de destruction social et enrichir les classes riches. Il a pu le faire parce que le prolétariat ne votait plus.

    Sinon, la solidarité villageoise c’est bien joli mais le contrôle social peut devenir un vrai cauchemar… surtout quand les préjugés sociaux et moraux sont présents… Souvenons du pouvoir de l’Eglise et des notables dans nos campagnes…

    Au 13ème siècle, on disait : "l’air de la ville rend libre"…

    L’ Etat central jacobin a permis de libérer le peuple de l’église… La décentralisation et le retour du pouvoir à l’échelon communal, départemental ou régional ne représentent pas forcément un progrès avec l’apparition de barons locaux…

    Il faut surtout veiller à ce que le système quel que soit son niveau (national, communal…) laisse suffisamment d’autonomie ou de liberté aux individus. C’est pourquoi voter n’est pas encore inutile…

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  11. Pour nourrir tes reflexions, il y a cet très bon livre de Luciano Canfora dont je parle régulièrement : “L’imposture démocratique -Du procès de Socrate à l’élection de G.W. Bush” Flammarion 2003 – 14 euros

    Deux petits extraits :

    “En vérité, il est impropre de baptiser « démocratie » un système politique dans lequel le vote se négocie sur le marché politique et l’entrée au parlement oblige le candidat à engager des « dépenses » électorales considérables. Cet aspect attristant (sur un plan éthique, plus encore que démocratique), fondamental, du système parlementaire demeure en général dans l’ombre. Mais il est le pilier du système. La classe politique représente au fond la moyenne de la haute bourgeoisie et les possédants. Mais qui ose proférer ouvertement cette vérité d’évidence passe pour un adversaire du parlementarisme.”

    “Dans les faits, il est fatal qu’une minorité organisée, qui obéit à un élan unique, l’emporte sur une majorité désorganisée. La force de la minorité, quelle qu’elle soit, est irrésistible face à tout individu de la majorité, qui se trouve seul face à la totalité de la minorité organisée ; et, dans le même temps, on peut dire que celle-ci est organisée précisément parce qu’elle est minorité.”

    Certains en déduisent (coucou Sébastien) qu’il ne sert à rien de voter. Si je partage leurs doutes sur la réalité de la démocratie, je ne partage pas leur avis sur le vote. Je vote donc quand même, et parfois sans illusion, mais parce que cela peut au moins permettre d’empêcher (surtout au niveau local) des fâcheux d’atteindre certains postes de pouvoir (le contre exemple de Balkany élu à Levallois avec moins de voix qu’il y a d’abstentionnistes est flagrant).
    Si on ne vote pas, on laisse faire certaines minorités agissantes (cf Canfora) qui, elles, ne se privent pas de cet outil et après s’en drapent comme d’une toge de vertu (Ah les 53% de Sarkozy à toutes les sauces).

    Le livre de Canfora est vraiment une mine d’idées et de repères qui sortent du champ de références habituel franco français.

    Paz y salud

    Zgur

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  12. Méchamment relocaliser tout ce qui peut l’être, bien sur… Partir de l’individu pour tout reconstruire, pourquoi pas, mais c’est aussi faire le jeu des nationalistes/ régionalistes de tous poils.
    Que tu le veuille ou non, tu a tes racines dans ton bled, dans ton canton, ta vallée, ton coin d’arrondissement, ta ville, ta région, ton pays…
    Alors oui, décentralisons, relocalisions, donnons plus de poids aux "local", pour créer du lien social, du réseau, de l’entraide, du troc. Mais je ne suis pas sur que l’approche politique soit la plus adaptée, sans parler du fait qu’elle reste pour l’instant complètement utopique….

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  13. Twitter, la démocratie et le jeu du Qui a dit?

    C’est un grand moment de Twitter qui s’est déroulé hier soir, en direct, sous mes yeux rougis par le rayonnement de l’écran LCD. Éric Mainville (Crise dans les médias) venait de lancer une devinette: @EricMainville: Qui a dit……

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  14. La bonne éducation mériterait un billet à elle toute seule, Yenayer. Déjà, qui (et comment?) détermine ce qu’est une bonne éducation? J’ai pu observer des gens très bien éduqués avec un bel esprit critique et tout et tout, tomber dans des pièges grossiers de secte ou de gourous divers. Je pense qu’aucun d’entre nous n’est à l’abri de se faire pondre dans la tête. Quant à l’information, nous en avons à profusion, nous pouvons d’ailleurs très facilement aujourd’hui filtrer les flux, recouper les sources, creuser les sujets importants… au lieu de cela, des tas de gens très éduqués et informés dilapident un temps considérable à parler des sottises de Sarko et Ségo…

    Ni l’éducation, ni l’information ne sont des antidotes efficaces à la connerie humaine. Il suffit de regarder autour de soi, voire d’avoir le courage d’aller creuser un peu en soi-même pour en être convaincu.

    Je crois plutôt que c’est du choc des idées que nait la lumière. Si tu déblatères tout seul dans ton coin, tu finiras par te faire berner. Si tu échanges, si tu confrontes ta vision du monde avec tes concitoyens (et pas seulement les sympas qui pensent comme toi), tu es astreint à une gymnastique mentale permanente, à une constante remise en question de tes petites certitudes, ce qui ne peut qu’être que salvateur pour tes neurones.

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  15. Pas le temps de développer maintenant, mais le texte est plein de pistes intéressantes, comme le sont les commentaires, arf ! 😉

    Juste : des contre-pouvoirs efficaces, des procédures de contrôle sur les mandats (impératifs, évidemment), l’implication du plus grand nombre, ne sont sans doute envisageables qu’à l’échelle de communautés humaines petites à moyenne. Voir les AG, les communes, ici et surtout ailleurs (je pense au Mexique, allez savoir pourquoi ?) 🙂

    Un problème très important doit, me semble-t-il, être intégré dans la réflexion dès le départ : celui pointé par "pas perdus". Un des apports positifs de l’Occident en matière politique et sociale consiste quand même en ce processus, certes imparfait, de "libération", ou disons plutôt d’émancipation, de l’individu (et là disons plutôt de la personne). Et ce besoin d’autonomie ne peut pas être sacrifié à la communauté…

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  16. En guise de démocratie, Chomsky dit en fait qu’il est question de polyarchy : http://www.youtube.com/watch?v=SG1u

    …..

    La solution serait décentralisation, particpation : je sais que ces deux mots sont tellement galvaudés .. mais que toutes les décisions economiques et sociales importantes doivent être prises dans un cadre local (régional) ..

    Agnes, tu dis que si tu es dans un village qui vote pour un projet qui te plait pas, tu pourrais quitter pour un autre village plus conforme à tes aspirations.
    Cela ne résoudra le problème qu’à moitié..
    A mon avis le vrai problème reste celui de l’éducation et de l’information: cela me parait inconcevable que des personnes bien éduquées et bien informées puissent choisir un projet qui irait contre leur bien-être ..
    Jean Ziegler a écrit un livre, un de ses premiers livres : "Une Suisse au dessus de tout soupçon" ou il montre comment à force de propagande comment le système de référendum en Suisse est devoyé pour faire votre les citoyens contre leurs propres intérêts
    Je reste toujours dans une perspective locale/régionale.

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  17. Oui à un fédéralisme de communes….au mandat électif, au un homme, une voix ! A l’instauration d’un système où les cochons sont aussi libres et égaux que les autres…où le mandat tourne nécessairement selon un cahier des charges collégialement rédigé et voté.

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  18. "…ou l’art de vendre une politique libérale-capitaliste aux loqueteux qu’elle vampirise chaque jour pour mieux dégobiller ensuite leurs dépouilles exsangues sur le bas-côté de l’avenue de leur cupidité."
    Putain, mais où tu vas chercher des phrases pareilles !
    Quel brio.. Clap clap clap !
    😉

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  19. Content de lire ça ici.
    Quel chemin fait en quelques mois, années !
    (Et si blogguer servait d’abord à faire avancer ses propres idées ?)

    Il me semble que le moment est proche où beaucoup d’entre nous auront fait ce chemin et où les quelques tentatives isolées actuelles pourront devenir ce réseau de communes libres qui parait s’imposer peu à peu comme une évidence.

    à suivre…

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  20. @ Agnes : Justement ..
    Le choc des idées > c’est la bonne éducation .. éduquer à ça ; par exemple
    La bonne éducation, c’est d’être conscient qu’aucun de nous n’est à l’abri .. par exemple
    La bonne éducation, c’est aussi d’apprendre à faire le tri dans les informations ..par exemple

    Agnes, si je regarde autour de moi , je ne vois ni bonne éducation , ni bonne information. Certes, il y a des ecoles prestigieuses, et le flot d’information à disposition est sans commune mesure avec ce qui a pu exister …
    Mais les ecoles n’éduquent pas, elles formatent. Elles forment des cerveaux Tricatel, et l’information c’est de la propagande et de la publicité camouflée , matraquée à coups de millions d’euros.
    C’est tout à fait normal que la connerie humaine prospère dans ces cas-là .. elle est cultivée, enseignée et matraquée ..

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  21. D’autre part, ton idée me fait très fortement penser à la structure socio-politique en vigueur dans la Gaule d’avant l’envahisseur romain… des villages reliés par un réseau routier dense favorisant les échanges, des chefs de village choisis par le peuple et pas de gouvernement central. Ce système marchait trés bien, jusqu’à l’arrivée de ces enculés de romains impérialistes !
    http://www.philagora.net/mar-nos/ga
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Peuple
    et encore : http://www.cgauloise.com/2007/04/ma

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  22. @ Francesco => Je suis totalement en phase avec toi : blogguer, c’est penser tout fort pour susciter des réactions/commentaires qui vont nourrir ta réflexion. À ce niveau-là, Le Monolecte a dépassé toutes mes espérances. Maintenant, je pense aussi qu’il ne faut pas perdre de vue la vie réelle et les vieux potes avec lesquels tu peux avoir des conversations au long cours qui te font avancer encore plus vite! Je me suis rendue compte récemment que j’avais déserté la sphère réelle au profit quasi exclusif du monde virtuel. C’est une erreur grossière, les choses ne bougeront que dans la vraie vie. J’ai du bol, les vieux potes auxquels je tenais ont l’air de ne pas me tenir rigueur de ma longue éclipse 🙂

    @ Titine => merci de m’avoir signalée avec autant de précision à l’attention de notre police politique 😉

    @ Moriel => plus je creuse les questions politiques, plus je trouve des sédiments anarchistes… Bizarre, non?

    @ Nath => Tu sais très bien où je vais trouver tout ça 😀 : aux tréfonds de mon esprit torturé. Autre option : Orandum est, ut sit mens sana in corpore sano! Comme je ne compte pas sur la prière pour m’exhausser, je rame, abondemment, chaque matin, jusqu’à trouver dans l’étang salé de mon effort la saveur marine de mon humanité retrouvée 😉
    Autrement dit, pour avoir un esprit qui tourne à fond les ballons, faut prendre sur soi de se bouger le cul afin de maintenir la mécanique dans le meilleur état possible.

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  23. Ce serait logique de pouvoir descendre du bus si on estime qu’il va dans le mur (et si possible, avant qu’il ne rentre dans le mur…).

    Ce que tu dis est peu ou prou ce qui est écrit dans le petit livre "l’insurrection qui vient".

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  24. une lecture: "mort à la démocratie", de leon de mattis (http://www.lekti-ecriture.com/edite…)
    la question de la démocratie est inséparable de celle du pouvoir: ce que ce système exige, c’est que les individus et les collectifs abandonnent leur autonomie au profit d’une classe spécialisée au service des dominants. depuis proudhon, les anarchistes se sont emparés de ces questions et ont donné des pistes de réflexions: libre association des individus, fédéralisme, mandat impératif et limité, remise en question de tous les pouvoirs. Encore un effort pour aller vers l’anarchie!

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  25. (…) "des chefs de village choisis par le peuple et pas de gouvernement central. Ce système marchait très bien" (…)
    Qu’a-t-on besoin de chefs ? Est-il si difficile d’imaginer une société d’égaux, sans dominantEs-dominéEs ? Une société où les élections ne serviraient qu’à élire des responsables ou coordinateurs de projets ou de services lesquels seraient révocables s’ils se mettaient à délirer ?
    La Belgique n’a pas eu de gouvernement pendant plusieurs mois. Elle ne s’en porte pas plus mal.
    A quoi sert un maire ?
    On entend souvent qu’il "faut un pilote dans l’avion" pour justifier l’existence de "chefs", de maires, de présidentEs d’asso. Mais un pilote n’est responsable que de son avion, pas du ramassage des ordures ménagères ni du syndicat d’adduction d’eau potable.
    Un système qui a besoin de "chefs" est-il un système qui marche bien ? Il entretient la sacralisation du pouvoir et l’infantilisation des assujettis.
    Et accessoirement, il me donne des boutons…

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  26. Agnès, Sebastien Fontenelle : bien sûr qu’il faut voter, plus que jamais même.
    J’ai pas d’arguments à l’appui.
    C’est un cri du coeur.
    Une intuition.
    L’énergie du désespoir.
    Osez le rêve, bordel !

    Réponse
  27. A l’occasion d’un cours de sciences politiques en 1998 dont le sujet était l’idée de Nation (alors en pleine débâcle ultralibéraliste) j’en étais venue à penser que la Nation restait le seul échelon pertinent du point de vue de la politique socio-économique, celui de l’Etat-providence – forcément honni par les ultra-libéraux campés sur l’individualisme; modèle qui marche à fond encore aujourd’hui et malgré la crise. Donner à tous les moyens de survivre.

    Ce modèle – fordiste – était celui sorti après guerre et accepté bon gré mal gré dans toutes les démocraties occidentales, précisément parce qu’il était nécessaire après la crise de 29 qui avait conduit à toutes les horreurs de la guerre. Il était sans doute loin d’être parfait mais restait celui de tous les possibles, l’ascenseur social n’étant pas encore en panne.

    Il n’en reste pas moins vrai que l’échelon local et individuel (tant qu’il n’est pas contaminé par l’individualisme libéral) reste pertinent pour les solidarités premières. Celles que nous connaissions par exemple dans les campagnes (les moissons où tous participaient, la moissonneuse-batteuse passant d’une ferme à l’autre) et la solidarité ouvrière par ex. dans les "courées" du Nord et autres quartiers populaires…

    Aujourd’hui, les différences politiques, en dehors des grands partis, sont plutôt l’expression d’attentes de chaque groupe ou sous-groupe social qui se focalisent sur des revendications très particulières…

    La belle notion de solidarité est devenue un vrai gros mot dans la vulgate néolibérale.

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  28. Allez donc raconter ça à des gens qui ont eu le bonheur de vivre dans des régimes non démocratiques.
    Même si la démocratie est perfectible.

    La comparaison avec les gaulois parait pertinente: comment auraient-ils pu résister aux romains (qui n’étaient même pas tellement fachos).
    Comment une telle société peut-elle résister au dictateur voisin?

    Et puis il faut être vraiment naïf pour ne pas savoir combien la vie tribale/communautaire etc… est normative et aliénante.
    C’est un mode de vie ou tout ce que fait l’individu est su et commenté par les autres. Malheur à celui qui ne respecte pas la tradition/l’identité/le modèle qui permettent la cohésion de ce groupe! La différence est encore moins tolérée dans un petit groupe que dans un grand.

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  29. Elle a surtout une vocation illustrative pure, parce que j’ai aimé cette journée, cet endroit, cette lumière.

    Par ailleurs, c’est aussi la dimension humaine de la vie rurale…

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  30. Votre photo représente l’église de Lamazère (32)
    Cette petite commune de 120 habitants deviendrait-elle le symbole de l’horreur démocratique ou au contraire celui de la démocratie perfectible ?

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  31. Bonne question.
    Pour qui on vote ?

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  32. J’aime bien les gens comme Musigny, qui nous expliquent comme quoi faut pas se plaindre pask’ ailleurs (en non-démocratie, chez les gaulois, dans les tribus) c’est bien pire.

    Du coup, personne ne peut plus se plaindre ce qui arrange bien qui vous savez. T’es bien payé, quoique pas assez, yen a de plus pauvres que toi.
    T’as du boulot, yen a des qui sont au chômage.
    T’es au chômage, ya plein de RMIstes.
    T’as le RMI, yen a qui dorment dehors.

    Ya plus que les morts, du coup, qui ont le droit de se plaindre. Et encore, seulement les morts sans sépulture. Imaginez qu’ils prennent au mot tous ces docteurs tant-mieux, et qu’ils déboulent tous pour exercer, enfin, ce droit de se plaindre qu’on leur a refusé de leur vivant? Le beau film d’épouvante!

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  33. bonne démonstration de ce qu’est, pour eux, la démocratie et la valeur d’un vote : le traité européen ou encore Hadopi…

    Si le vote ne correspond pas aux attentes, on annule et on recommence, jusqu’à ce que ce soit conforme… À quoi servent donc, alors, les instances représentatives, les élections et autres gesticulations démocratiques ? Debord avait déjà donné la réponse en 67 : le spectacle ! Le sentiment d’être écouté, et rien d’autre ! En fait de démocratie, nous avons affaire à une vraie démocratie grecque ! 15 % de possédants qui imposent à 85 % de serfs leur société…

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  34. Comme disait le motard assassiné : Ce n’est pas parce qu’ils sont nombreux a avoir tort que ca leur donne forcément raison.

    Réponse
  35. Bonjour,

    Je suis convaincu et persuadé que les pouvoirs en place seraient ravis d’une floraison de micro-pouvoirs locaux, qui laisseraient à chacun le droit de choisir la couleur des panneaux stops et les horaires de l’école, pendant qu’ils percevraient une dime pour financer leurs entreprises de macro-régulation du système mondial.

    J’ai longtemps trouvé les républicains ringards et vieillots, il reste que la nation est finalement la seule entité qui soit encore de taille face aux entreprises, si elle veut s’en donner les moyens.

    Réponse
  36. "J’ai longtemps trouvé les républicains ringards et vieillots, il reste que la nation est finalement la seule entité qui soit encore de taille face aux entreprises, si elle veut s’en donner les moyens."

    Il reste que la nation est aussi un formidable outils de pouvoir facilement occupable et permettant à une minorité de contrôler la majorité : il ne suffit que d’entendre Albanulle : cette loi hadopi est bonne car elle est _faite_ par les fai et les ayant-droits, ils doivent savoir ce qu’ils font.

    Ton raisonnement est devenu faux dès que les entreprises ont pris le pouvoir par le biais de politiques fantoches. Il suffit de ‘contrôler’ peu de personnes pour contrôler le groupe.

    Réponse
  37. Hervé 02 : je suis persuadé qu’il faut moins de monde à Bruxelles pour contrôler 450 millions d’européens qu’il n’en faut à paris pour contrôler 60 millions de français.

    hadopi par exemple vient du paquet télécoms (directive européenne). qui le dit ?
    sarko n’est qu’un exécutant fidèle d’impulsions largement bruxelloises…

    Réponse
  38. je ne suis pas d’accord, Hadopi est une retransposition mais les directives _choisies_ sont nationales.

    Effectivement, les cooptés européens sont plus puissants et plus dans l’ombre, mais il ne faut pas oublier que l’organisation européenne est une ‘macro’ république, avec plus ou moins les mêmes règles et les mêmes travers.

    Sarko est un exécutant des lobbies français (à tel point qu’il a même essayé de dynamiter certains amendements européens.)

    Il ne faut pas se tromper de combat : il y a 2 échelles :

    – la nationale avec le régime des partis politiques et des scrutins qui plombent les idées individuelles pour faire régner la loi de son maître à l’assemblé

    – L’europe ou justement les députés pourraient être plus libres, car les partis sont transnationaux et ou ils n’ont que peu de pouvoir.

    il est d’ailleurs étonnant de voir refuser à l’homme le droit de voter en son nom propre, mais de l’obliger à suivre un "groupe", dès qu’il devient libre de ses opinions, il n’a plus de pouvoir.

    Réponse
  39. Allons ! Puisqu’on vous dit que notre démocratie elle est vachement bien !!
    Mais si, regardez, ya même des études sur le sujet : http://www.marianne2.fr/La-France-,…

    Réponse
  40. Hervé 02 : pas plus ou moins les mêmes travers. Les mêmes, en pire. C’est une conviction profonde qu’une observation même paresseuse de l’actualité suffit à conforter.

    Réponse
  41. Je n’aurais pas dit mieux, Hervé_02.

    Cela dit, je pense que le pouvoir ne se concède pas, il se prend.

    Il y a, de ça, de là, des citoyens qui se battent, activement, sur le terrain, pour faire bouger les choses. Dès que j’ai un peu de temps, j’écrirai à ce sujet. Le problème, selon moi, c’est qu’ils sont trop peu nombreux pour arriver à l’effet de levier. Beaucoup trop de nos concitoyens ont été amené à penser que la politique, c’est sale, qu’il faut la laisser aux politiciens professionnels. Beaucoup trop, aussi, préfèrent s’avachir devant un épisode des Experts qu’ils regardent d’un œil torve, plutôt que de se goinfrer une soirée entière à la salle des fêtes du coin, à exercer leur sens critique, leur capacité d’innovation et leur motivation citoyenne.

    Réponse
  42. @edgar :
    C.D.F.D – la république comme elle est actuellement ne mérite que la mort. :
    Il _faut_ une décentralisation des pouvoirs (cela va dans le sens de l’histoire, un peuple plus éduqué permet de lui laisser plus de décision) alors que la diminution des régions, communes va faire diminuer le nombre de fonctionnaires _élus_ et donc d’éloigner encore plus le peuple des leviers de commandements, il faut _exiger_ plus de _vrai_ pouvoir au peuple. (le vote n’en est pas un)

    Réponse
  43. Prendre le pouvoir ne peut se faire ici-bas que par la force et la violence, et je ne suis pas persuadé que les gens sont près à faire les sacrifices nécessaires pour y arriver.

    L’autre solution est de rendre l’exercice de se pouvoir inutile et vide de sens. Un politique ne vit que parce que des gens (en nombre) votent pour lui.
    – Si le bonhomme est élue avec 2.5 % des voix du peuple (pas les inscrits ou les votants), il ne pourra pas venir pérorer "les Français m’ont élus".
    – Si l’assiète financière diminue fortement, (moins de transaction commerciale et plus d’entraide gratuite) quels intérêts vont avoir les grands pontes à gérer 3 francs 6 sous ?

    Le seul moyen de ‘prendre le pouvoir’ sans abreuver nos sillons de sangs purs et impurs, c’est de rendre l’exercide de ce pouvoir inutile et de recréer une société, à coté, sans eux.

    Transformer internet en un réseau Mesh
    Recycler chaque pc pour en offrir "gratuitement" aux gens sans passer par la case achat (logiciels compris)
    Acheter que des produits étrangers
    Montrer comment monter son éolienne perso
    Revenir au max à l’autosuffisance individuelle
    Faire du relationnel pour aider son voisin sur cette voix.
    Faire son maximum pour faire chiez les politiques.
    Se préter les livre, cd, dvd, monter des bibliothèques "communautaires"
    …..
    Lorsqu’ils ne pourront plus se gaver de pognon, soit il changeront d’hôtes comme les parasites qu’ils sont, soit ils creveront sur place. Leur sort m’indiffère.

    Réponse

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