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Sur le bord de la route

Par Agnès Maillard
17 mars 2006

Au-delà des discours, des chiffres, des grandes déclarations et des formules à l’emporte-pièce, le chômage est une réalité quotidienne avec laquelle des millions d’hommes et de femmes se coltinent chaque jour. Certains finiront par s’en sortir, d’autres non.
Loin des discours simplificateurs, voici juste un témoignage, un parmi tant d’autres… à lire sans jugement de valeur.

Je me présente: chômeur depuis 3 ans, 49 ans, reconnu travailleur handicapé.

Le marché du travail ne veut pas de moi, parce que je suis trop vieux, parce que mon CV ressemble à un gruyère, parce que ça fait longtemps que je n’ai pas eu de contrat "sérieux". Enfin, bref.

Que le marché du travail ne m’aime pas ne me gène pas outre mesure (et d’ailleurs c’est réciproque). Ce qui est plus gênant pour moi est la question d’argent. Ca fait longtemps que je ne définis plus ma valeur d’homme par mon statut social ou par un travail valorisant, une "carrière" (et il vaut mieux si on veut éviter la déprime). J’ai développé d’autres intérêts, d’autres valeurs. Je ne m’ennuie pas dans la journée. Il n’y a pas de travail pour moi? Ok, d’accord. J’accepte, pas de problème. Alors qu’on me donne juste un peu de fric pour que je puisse vivre, et qu’on me foute la paix. Ca me suffirait largement.

Ca paraît provocant, bête (encore un allumé, un fainéant…) mais je le pense vraiment. Je suis pour un revenu de base pour chaque citoyen(ne), qui est donné sans aucune contrepartie et sans contraintes, sans contrôle.

Il y a un paquet de chômeurs qui cherchent du travail depuis longtemps et qui pourraient occuper leur temps autrement, mieux, mais non ils n’ont pas le droit, ils doivent chercher. J’ai la forte impression que le fait de ne pas trouver du boulot n’est pas important du tout. Ce qui compte avant tout c’est que l’on cherche. Il y a un bon nombre de contrôleurs qui surveille les cherchants, et les cherchants doivent chercher. Ce qu’il faut éviter à tout prix c’est que le chômeur dispose du temps pour soi, pour réfléchir, pour s’engager autrement dans la société, pour développer des idées critiques, facheuses. Alors ça c’est interdit. Et si le chercheur de travail arrêtait de chercher, les controleurs n’auraient plus de travail, ils auraient aussi du temps pour réfléchir. Mon dieu – pas ça!

Le contrôleur est forcé à forcer d’autres gens à chercher quelque chose qui n’existe pas, comme ça tout le monde est bien occupé.

C’est bien. Allez, cherche. Il n’y a rien à trouver? On s’en fout. Cherche. Mais il n’y a rien, ou si il y a quelque chose, ce n’est pas pour moi. Rien à cirer, cherche, connard, et ferme ta geule. Voilà l’ordre du jour.

Alors on envoie les cherchants aux stages d’écriture de CV à ne plus en finir, on établie des "projets professionnels", on convoque le chômeur tous les mois pour contrôler son assiduité de recherche d’emploi.
Une machine gigantesque d’absurdité.

Le CPE est juste un "petit détail" de plus pour que les gens ferment leur gueules et bossent sans rechigner (si jamais ils trouvent).
Un jeune qui aura "la chance" d’avoir déniché un CPE va ainsi dire oui à tout, il va lécher les bottes à qui il faut, il va aller bosser avec 40° de fièvre, il renoncera à toute revendication ou de remarques critiques. Il sera juste une goutte d’huile de plus dans la machine à fabriquer de la richesse à laquelle "la goutte d’huile" ne participera pas. Le CPE est juste un élément de plus dans la précarisation ambiante et l’intimidation du salarié, et il y aura d’autres "détails" d’intimidations qui suiveront, j’en suis sûr.

Je crois que le changement de société qu’il faudrait faire pour faire un monde dans lequel on viverait mieux et de façon plus juste est tellement énorme, ça remettrait tellement de choses en cause que les dirigeants préfèrent empêcher toute réflexion à ce sujet, inclus eux-memes.


Par Diety, sur actuchômage

49 Commentaires

  1. oups. tais-toi et cherche… criant de vérité. bravo.

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  2. « Il n’y a pas de travail pour moi? Ok, d’accord. J’accepte, pas de problème. Alors qu’on me donne juste un peu de fric pour que je puisse vivre, et qu’on me foute la paix. Ca me suffirait largement. »

    Le problème, c’est que c’est une proposition anticonstitutionnelle : d’après le Préambule de 1946 (j’ai bien appris ma leçon), « Chacun a le devoir de travailler (et le droit d’obtenir un emploi.) ».
    Enfin passons sur ce détail.

    Dans l’idéal, je serais pour l’instauration d’un revenu minimum donné sans contrepartie, sans contrainte et sans contrôle, qui permettrait de faire le choix de ne pas travailler tout en subsistant. Mais comment un tel système pourrait-il être viable ? Comment éviter que tout le monde s’arrête en même temps de travailler pour profiter de ce revenu ? Ca ne tient pas la route.

    On peut trouver déplorable que l’Etat incite les chômeurs à chercher du travail. Encore une fois, le gouvernement ne se fait que l’écho de sa population, qui considère que ne pas travailler, c’est mal. Ce sont les valeurs judéo-chrétiennes, non ? « Croissez et multipliez »… !
    Je trouve ça juste un peu gonflé de dire d’un côté « L’Etat nous incite à chercher du travail pour pas qu’on reste au chômage et qu’on puisse réfléchir », et de l’autre : « L’Etat nous précarise et renforce le chômage »… ça relève vraiment de la mauvaise foi, non ? Une recherche d’emploi, quand on est au chômage, n’est jamais une activité à plein temps. Un chômeur a toujours largement le temps de réfléchir. S’il ne le fait pas, ce n’est pas parce que l’Etat lui dit de chercher du travail. C’est tentant de penser ça quand on est révolté contre tout et qu’on veut trouver un coupable, mais c’est tout simplement erroné.

    Désolé, mais je ne trouve pas ce discours « criant de vérité ». Je pense que c’est un aveuglement de dire cela. On retombe toujours dans cette paranoïa et ce rejet de la faute sur les gouvernants… ce refus de responsabilité civile. Ce n’est pas l’Etat qui impose ses valeurs, c’est le peuple, et le peuple, c’est chacun de nous !

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  3. (très rapidement, car j’ai pas trop le temps… je travaille…! :))

    Z : comment un tel système tiendrait-il la route ? => en fixant le revenu minimum d’existence à un niveau suffisant pour vivre, mais insuffisant pour consommer tous les gadgets et les signes extérieurs de richesse et les beaux objets et les grands voyages… je fais confiance aux humains : il y en aura toujours pour en vouloir plus que le voisin, ou pour vouloir assouvir son goût des belles choses (moi, ce sont les bons resto, par exemple, assez souvent trop chers pour moi)

    quant à la soi-disant contradiction : l’Etat, le gouvernement, la société… sont pétris de ces paradoxes !(nous-mêmes sommes « full of contradictions ») => on favorise la prolongation de la durée de la carrière tout en déplorant le chômage des jeunes ; on lutte contre la grippe aviaire en favorisant les modes d’élevage industriels (eux-mêmes gros foyers de développement et de propagation des virus) ; on pousse les djeunz à l’accumulation de diplômes et on les éloigne des filières techniques et manuelles alors que les emplois sont là et pas ailleurs ; on ne favorise pas l’emploi stable et pérenne pour le plus grand nombre, mais on flique les chômeurs ; on criminalise les pauvres…

    oui-oui, c’est contradictoire ; c’est humain, quoi…

    (j’ai fait plus long que prévu, en fait)

    Réponse
  4. On part du principe que celui qui ne gagne pas sa vie ne fait rien. Le rentier gagne sa vie en ne faisant rien. Et il n’est pas très utile. Mais tout le monde s’en fout. Les chômeurs au long cours sont des humain comme les autres : ils ont besoin de se sentir utiles. De participer. De faire. De créer. Beaucoup se tournent vers la vie associative. Elle n’offre pas de rémunération, mais elle utilise les talents et les bonnes volontés. Les bénévoles ne gagnent pas leur vie. Peut-on dire qu’ils sont inutiles? Le fait qu’ils produisent du lien ou que leurs compétences soient du domaine du non-marchand fait-il qu’ils n’ont pas le droit de vivre?

    Réponse
  5. Je me présente: chômeuse depuis 3 ans, 49 ans, reconnue travailleur handicapé … Le marché du travail ne veut pas de moi, parce que je suis trop vieille … Une DRH me l’a dit en face. Et oui, mon histoire commence de la même façon ! Et je cherche, je cherche … et je m’enfonce, je m’enfonce !

    Réponse
  6. De toute façon, en économie, et notamment pour ce qui concerne la question du chômage, on mélange tout : l’économique, la politique, la morale. Pas étonnant qu’on rame depuis 30 ans…

    Pour rappel, une boîte n’embauche que confrontée à une augmentation importante des commandes à laquelle elle ne peut faire face à effectifs constants. La seule question importante est donc de comprendre pourquoi la France (ainsi que d’autres pays industrialisés) a connu une chute importante de son taux de croissance entre les Trente glorieuses et la période depuis le 1er choc pétrolier, et s’il est possible de revenir à un taux plus élevé. Quelques années à 5%, et le chômage ne sera plus qu’un mauvais souvenir…

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  7. Oui, mais la croissance c’est « mal ». (zut, j’viens de faire de la morale…)

    Réponse
  8. Les entreprises touchent chaque année 60 milliards pour les aides à l’embauche, dont 25 milliards d’exonérations de charges sociales.
    Les entreprises du CAC 40 ont fait 85 milliards de bénef en 2005…
    Ce ne sont pas forcément les mêmes, mais bon, ça fait un peu bracage tout ça!

    Les aides a l’emploi ne servent à rien d’autre qu’à baisser la masse salariale. Ça ne crée pas d’emploi.
    Quant à la croissance (humpf), non seulement elle nuit à l’environnement, mais elle n’a plus vocation à créer de l’emploi. Les volumes d’activité supplémentaires peuvent être absorbés par l’annualisation du temps de travail, l’augmentation de la productivité et si vraiment c’est nécessaire l’interim. Le CPE/CNE a essentiellement pour vocation de se substituer à l’interim, plutôt coûteuse, sur les coups de bourre ou les remplacements, pas de créer des emplois stables, uniquement d’abaisser encore la masse salariale.

    En gros, tu peux mettre les aides et les contrats que tu veux, l’augmentation très forte de la productivité (automatisation, informatisation, intensification du travail) fait que tout bonnement, à population constante, on a besoin de moins de gens pour produire la même quantité de biens et de services.
    Ce qui signifie que notre chômage est structurel. Qu’il y a des tas de diety dont on accepte sans le dire qu’ils ne travailleront plus jamais, sans proposer aucune alternative que de les forcer à continuer de faire semblant de chercher du travail. C’est inique et dangereux!

    La politique actuelle consiste à dire qu’il y a de la place pour tout le monde, et qu’il faut donc se battre comme des salopards entre nous pour les quelques places qui se libèrent de temps à autre. Le CNE/CPE devrait aussi permettre de faire tourner plus de gens sur le même poste : c’est un système paupérisant basé sur le mensonge et le déni d’une réalité que l’on constate chaque jour un peu plus : il n’y a pas de place pour tout le monde!
    Maintenant, si on part de ce constat, on a deux possibilités :

    1. Ou l’on répartit la masse de travail globale entre l’ensemble de la population active, c’est le sens vers lequel les 35 heures allaient timidement. 30 heures seraient peut-être plus réaliste. Il ne s’agit pas spécifiquement d’une société du loisir mais de l’aboutissement de millénaires de progrés technique (dont la roue) avec un seul but : décharger l’homme de l’essentiel du fardeau du travail!
    2. Ou l’on répartit l’ensemble des richesses produites sur l’ensemble de la population, ce qui fait qu’on admet une forme de revenu universel. Mais je ne pense pas que ce soit tenable à terme. Ne serait-ce que parce que l’effort de travail est très mal réparti aujourd’hui et que je comprend la haine de ceux que l’on presse comme des citrons à longueur d’année, qui ont des conditions de travail et des salaires qui se dégradent et qui n’accepteront pas de payer d’autres à rien foutre. Leur travail ne peut financer à lui seul tout le monde, il s’agit donc bien d’un problème de répartition, tant des richesses que de l’activité, de l’effort. Et ça ne se limite pas au salariat : va bien falloir que l’actionnariat mette la main à la fouille, lui qui ramasse en ce moment le gros de la mise sans contribuer à l’effort global

    L’issue semble tout de même la baisse générale du temps de travail. Ainsi, chacun peut contribuer à la création de richesse globale et chacun libère aussi assez de temps libre pour accéder à des activités non marchandes mais peut-être plus enrichissantes.
    Il s’agit d’un esprit de solidarité et de partage, à l’antipode du modèle actuel qui prône le chacun pour sa gueule, où presque tout le monde souffre au final, ceux qui bossent trop comme ceux qui sont exclus!

    Réponse
  9. Est-ce que je peux me permettre d’anticiper et de te traiter de gauchiste, utopiste, communiste, syndicaliste, marxiste, leniniste, maoïste, léon blumiste etc…? De manière à éviter un effort à ceux qui ont envie de le faire et ainsi nous épargner l’éternelle opposition sales gauchistes/méchants patrons qui ne mène à rien.

    Réponse
  10. Agnès > Les entreprises touchent chaque année 60 milliards pour les aides à l’embauche, dont 25 milliards d’exonérations de charges sociales.

    Attention, tu causes comme les patrons : on dit « cotisation », pas « charge » 😉

    > Les entreprises du CAC 40 ont fait 85 milliards de bénef en 2005…

    Oui, mais ces bénéfs proviennent surtout des marchés étrangers, vu l’anémie de l’économie française…

    Agnès > Les aides a l’emploi ne servent à rien d’autre qu’à baisser la masse salariale. Ça ne crée pas d’emploi.

    On ne peut pas être si catégorique. Sans les aides diverses et variées accordées aux entreprises depuis une vingtaine d’années, le chômage aurait peut-être été encore plus élevé. Pour ce qui concerne le C*E, je suis contre parce que ce projet repose sur le présupposé non-validé par l’expérience que le problème du chômage serait uniquement dû à une soi-disante difficulté à licencier. Ca ne fera qu’augmenter encore la précarité des outsiders, les insiders étant, eux, toujours embauchés en CDI.

    > Quant à la croissance (humpf), non seulement elle nuit à l’environnement, mais elle n’a plus vocation à créer de l’emploi.

    Tu vas encore trop vite.

    > Ce qui signifie que notre chômage est structurel

    J’en doute. Je constate plutôt que la France loupe régulièrement les trains qui passent. Un exemple d’actualité : j’ai besoin de me faire un nouveau PC. Le soft = US, le hard = Asie. Ca veut dire que rien dans ce boîtier ne fournira du boulot à des entreprises françaises. Ca rejoint ce que je disais précédemment : on mélange tout dans ce débat sur le chômage : l’économique, la morale, la contestation écologico-anarchiste (je vote à gauche, c’est pas pour autant que j’accepte tout venant de ce bord), etc.

    > Maintenant, si on part de ce constat, on a deux possibilités :

    J’en vois une troisième, moins malthusienne : poser le problème à plat, comme l’ont fait notamment les Suédois dans les années 90, et voir où ça coince. Vu le goût des Français pour les grands débats théoriques non suivis d’action, je ne retiens pas ma respiration… 😉

    Réponse
  11. J’en doute. Je constate plutôt que la France loupe régulièrement les trains qui passent. Un exemple d’actualité : j’ai besoin de me faire un nouveau PC. Le soft = US, le hard = Asie. Ca veut dire que rien dans ce boîtier ne fournira du boulot à des entreprises françaises. Ca rejoint ce que je disais précédemment : on mélange tout dans ce débat sur le chômage : l’économique, la morale, la contestation écologico-anarchiste (je vote à gauche, c’est pas pour autant que j’accepte tout venant de ce bord), etc.

    Sur le hardware, avant qu’un(e) ouvrier(ière) d’ici soit concurrentiel(le) avec un(e) malaisien(ne), il y a de la marge1… et à mon humble avis, il convient de s’en réjouir. L’informatique est une industrie abominable, tant sur le plan humain qu’écologique (oui, je mélange tout… les bourreaux avaient un boulot, il ne faut surtout pas en évaluer les conséquences, c’est tout mélanger 2).

    Sur le software… Microsoft est une entreprise américaine et ce n’est évidemment que par son amour de la concurrence pure et parfaite qu’elle triomphe partout dans le monde (pour mémoire la très stalinienne Commission Européenne a pris des sanctions assez dures ses derniers temps contre celle-ci). Bref, le jour ou microsoft délocalisera son siège social en (Random.Country) Éthiopie, le software sera éthiopien (CQFDQuiNeDémontreRien)3.

    1 Je conseillerais la lecture de No logo par Naomi Klein aux éditions J’ai lu… assez édifiant quant à la description des conditions de production et du transfert de l’investissement du travail (et donc de la qualité des produits) vers la fabrication et l’entretien d’une image.

    2 C’est presque un point godwin, pour cause de raccourci… mais les gens qui fabriquent des armes ont un boulot aussi, note bien… le fait que la loi de l’offre et la demande entraine des gens à faire tourner des machines de mort est il me semble une pièce de plus, et non des moindres, à charge contre le sytème économique actuel (sauf à considérer que nourrir les conflits est un business comme un autre).

    3 Si tu vas chez un assembleur et que tu ne demandes aucun OS, tu peux mettre une Mandriva… cocorico, tout le monde est content.

    Réponse
  12. Quelques idées connexes:

    • le RMA pour Revenu Maximum Acceptable (à ne pas confondre avec le RMA qui existe déjà, Revenu Minimum d’Activité)
    • le RE pour Revenu d’Existence

    Agnès, si je dis qu’une baisse générale du temps de travail ne peut être viable que si elle s’accompagne d’une baisse générale du revenu, est-ce que ça semble vrai ? Je suis très favorable à tout ce qui va dans ce sens (réduction du temps de travail), mais cela implique une réduction du revenu moyen donc une réduction de la consommation donc etc… En tout cas, ça me semble bien loin des revendications des manifestants anti-CPE, par exemple. Le CPE me semble cohérent avec les aspirations des gens à pouvoir s’enrichir et consommer sans limite théorique (cf. la plupart des arguments contre le CPE, sur l’accès au crédit, au logement,…), qui impliquent un modèle capitaliste, et c’est cela qu’il faut changer. Il est faux de dire que ce qui est en jeu, ce sont les aspirations des gens à survivre (manger à leur fin, se loger). Tout cela est garanti par le RMI, qui est suffisant pour survivre, sinon son million de bénéficiaires mourrait (désolé c’est un peu cynique et réducteur). La lutte contre la « précarité », qui est l’argument numéro 1 à la fois pour et contre le CPE, est toute relative. Evoquer ce terme pour parler de la situation en France est presque indécent, si l’on regarde vers l’Afrique notamment.
    Tant que le peuple n’enverra pas un signe fort au gouvernement pour lui dire qu’il est prêt à gagner moins pour que le partage soit plus équitable, le gouvernement n’aura guère d’autre choix que de continuer dans la logique capitaliste et prendre des mesures du type CPE/CNE… D’où l’inutilité des manifs actuelles, à mon avis.

    Ce qu’on peut lire sur le site des « chômeurs heureux » me semble assez honteux en tout cas :
    Voilà en gros ce qu’il faut faire comprendre à tous ceux qui te prennent la tête parce que : « tu oses gagner de l’argent sans rien faire. « . A ceux-là, réponds que cela vaut mieux que le contraire, que cet argent si tu y as droit, c’est que tu en as avancé une partie quand tu étais toi aussi un travailleur et que le fait que tu joues la montre, n’est pas critiquable.

    « une partie »… ! Effectivement. C’est pas un détail, quand même, d’un point de vue légitimité !

    ko, dire que c’est dans la nature humaine d’être contradictoire pour justifier le fait de ne pas essayer de résoudre ses propres contradictions, c’est assez fort quand même ! Je ne mettais pas en avant les contradictions dans les choix de l’Etat, mais les contradictions dans les revendications de chacun.

    De même, c’est facho de dire qu’il y a un certain nombre de rmistes qui profitent du système (sous entendu « mais enfin, la plupart des chômeurs veulent travailler ! », ce faisant on reconnaît implicitement le travail comme valeur morale), mais en même temps on veut reconnaître et formaliser le droit de ne pas travailler (sous-entendu : dans les circuits traditionnels du travail, ie l’entreprise principalement) et créer un revenu minimum d’existence. N’y a-t-il pas là une tendance schizophrène (dans laquelle je m’inclus) dont il faudrait sortir ?

    Réponse
  13. La baisse du temps de travail s’entend comme partage du temps de travail global et comme rééquilibrage de la répartition des richesses supplémentaires créées par les avancées de la productivité, richesses pour l’instant entièrement réaiguillées vers la rémunération du capital (+50% en 2005 et combien pour les salaires?). L’argent est là. Il est normal que les actionnaires soient rémunérés, mais pas aux dépends de ceux qui créent la richesse par leur travail. Aujourd’hui tu as une croissance molle, avec des salaires qui évoluent encore moins vite (perte de pouvoir d’achat pour ceux qui restent en poste et on ne parle pas de ceux qui perdent leur job et doivent accepter de perdre ensuite jusqu’à 50% du salaire précedent pour un nouveau poste équivalent) et des dividendes d’actions à 2 chiffres, avec des 15, 30, 50%… Donc on peut baisser le temps de travail pour ne laisser personne au bord de la route, sans paupériser l’ensemble des travailleurs ou spolier les pôv’ ch’ti capitalistes (même 10% de retour sur investissement, c’est très bien payé, non?) : c’est juste un choix politique!

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  14. Z : évidemment, je boutadais… il est très difficile de régler ces contradictions (vivre, consommer ?), même à l’échelle personnelle (je me débats là-dedans depuis quelques années, et malgré un gros travail sur moi-même, je suis sujette à des moments de découragement et de doute : la décroissance appliquée au niveau individuel, quand tu es « condamnée » à vivre en région parisienne, aye aye aye !)

    ce n’est pas difficile uniquement du point de vue économique, mais aussi « moral » : on ne vit pas tout seul, en ermite. le point des représentations sociales dominantes est lourd. le poids des attentes de l’entourage l’est aussi, comme l’est celui des conséquences de nos choix (avoir des enfants ? => pouvoir les nourrir, les éduquer, les distraire…)

    j’en reviens à ce dont on parlait plus haut : le relais entre les aspirations des gens et leur formulation par les représentants ne se fait pas. je ne me retrouve pas dans les propos des syndicalistes, ces jours-ci, alors même que l’ampleur des manifs me ravit.

    en amont même du problème de définition des revendications portées par les politiques et les syndicats, il y a ce problème que tu pointes plus précisément, Z : porter un regard constructif et cohérent en réponse aux visions dominantes (gouvernement, monde du travail, opposition politique). cela suppose une réflexion profonde (donc, du temps pour chacun) et on retrouve la question du relais : qui formalise, valide puis porte sur l’agenda politique l’aspiration commune ainsi définie ?

    ce n’est qu’un ressenti, mais je pense vraiment que nous serions très nombreux à nous reconnaître, idéalement, dans un projet de société fondé sur un retournement des valeurs : accomplissement de soi plutôt que travail, notamment. sauf que : convaincre chacun de diminuer son niveau de vie ? réussir à rassurer tous les angoissés de l’existence ? et surtout, surtout, à quelle échelle mener un tel travail de persuasion ? il y aura toujours des flippés pour considérer qu’une telle bataille doit être mondiale ou ne pas être, que c’est utopique et irréalisable vu la concurrence des chinois, des indiens…

    Réponse
  15. Agnès > Donc on peut baisser le temps de travail pour ne laisser personne au bord de la route, sans paupériser l’ensemble des travailleurs ou spolier les pôv’ ch’ti capitalistes

    Non, il faut aller plus loin, et cesser de sacraliser le travail : comme son nom l’indique, le sujet de l’économie est d’économiser les ressources, et notamment le travail. Sachant de toute façon que le coût du travail est infiniment moins élevé dans le tiers-monde, il faut avoir une réflexion de fond sur la raison d’être du travail en France en 2006, voir pourquoi il est encore nécessaire, comment se démarquer des pays à faible coûte de main d’oeuvre.

    De toute façon, le partage du travail, Jospin l’a déjà fait avec les 35h, et les ouvriers/employés (qui représentent tout de même 60% de la population active…) refuseront d’aller plus loin, vu les sacrifices financiers et « organisationnels » (annualisation du temps de travail, suppression des pauses, etc.) que la RTT leur a coûté. Je doute qu’on puisse aller bien plus loin dans cette direction.

    A ce sujet, lire ce qu’écrit Dominique Méda.

    Réponse
  16. Sextus > Sur le hardware, avant qu’un(e) ouvrier(ière) d’ici soit concurrentiel(le) avec un(e) malaisien(ne), il y a de la marge1…

    Pas forcément : c’est à ça que sert l’automatisation 😉

    > 1 Je conseillerais la lecture de No logo par Naomi Klein aux éditions J’ai lu…

    Déjà lu. Totalement off-topic par rapport à mon post.

    > mais les gens qui fabriquent des armes ont un boulot aussi, note bien…

    Off-topic again.

    > 3 Si tu vas chez un assembleur et que tu ne demandes aucun OS, tu peux mettre une Mandriva… cocorico, tout le monde est content.

    Off-topic, ter. On causait de la place du travail dans la société.

    Réponse
  17. Je parle d’une vraie baisse du temps de travail, pas un moyen de serrer le kiki aux salaires pendant 5 ans ou de dynamiter les heures sup. via l’annualisation du temps de travail. La multiplication des temps partiels montre bien qu’on a besoin de gens moins longtemps. Les profits financiers montrent aussi que toute cette activité génère un tas de fric qui ne doit pas nécessairement ne profiter qu’aux rentiers. En gros, on pourrait tous bosser 20 ou 30 heures par semaine sans se retrouver sous le seuil de pauvreté.

    Travail, activité, appelle les choses comme tu le souhaites, mais je pense qu’il est important de participer à la création de richesse. Parce que nous avons tous besoin de faire, de créer, de participer. Parce que nous ne pouvons laisser toute la charge de travail à quelques uns qui bosseraient comme des fous (ce qui est le cas actuellement, avec le grand écart entre ceux qui voudraient accéder au travail et ceux qui n’en peuvent plus de cumuler des heures sup et de se soumettre à des cadences de tarés). Pour eux aussi, le partage du travail est important.
    Il y a aussi le fait que certains boulots sont nécessaires et non épanouissants et que même en grattant bien, on aura du mal à trouver des volontaires. De bonnes rémunérations et des horaires réduits devraient également créer des vocations.

    Le problème du travail, aujourd’hui, c’est que c’est tout ou rien. Ou tu n’en as pas et tu crèves de faim ou tu en as et tu perds ta vie à la gagner. On pourrait aussi bien tous bosser un peu et faire autre chose ensuite. Un système donnant-donnant et pas perdant-perdant comme aujourd’hui!
    Je n’ai rien contre le travail. Ce qui me fais chier, c’est l’exploitation. Je suis capable d’investir beaucoup de temps et d’énergie dans un job. Mais j’attend un minimum de retour : du pognon en quantité suffisante et quelques garanties donnant-donnant avec celui à qui je loue mes compétences. C’est sûr que s’il s’agit de trimer comme une bête pour des clopinettes et un coup de pied au cul dès que je montre un signe de fatigue, je ne suis pas plus stupide qu’un autre et ça ne m’intéresse pas du tout. Pas plus que l’ensemble des salariés qui voient les salaires se ratatiner, les conditions de travail se durcir et les contrats devenir des permis d’exploiter/jeter!

    Réponse
  18. Au fait Agnès, tu pourrais écrire un post sur l’évolution économique du Canada de 1993 à nos jours ?

    Je sens qu’on va bien rigoler.

    Réponse
  19. La Suède arrive a concilier la protection des travailleurs et handicapés, une certaine qualité de vie et une activité économique dynamique. Non ?

    P.PERRIN

    Réponse
  20. Pas forcément : c'est à ça que sert l'automatisation

    Bin faut croire que non, puisqu’au lieu d’automatiser ici on fait assembler à la main là-bas… c’est donc qu’il doit y avoir une marge supérieure à faire comme ça

     1 Je conseillerais la lecture de No logo par Naomi Klein aux éditions J'ai lu... Déjà lu. Totalement off-topic par rapport à mon post.

    Relis-le alors… parce que ça parle précisément de la précarisation généralisée du travail suite à la perte d’intérêt pour le produit qu’on fabrique désormais en sous-sous-traitance dans les zones franches asiatiques pour presque rien. Car à celle du produit s’est substituée la fabrication d’une marque à coup d’énormes budgets de communication et de pratiques anti-concurentielles menant à la mise en place d’immenses multinationales ayant aujourd’hui plus de pouvoir que le politique au point de pouvoir faire sans soucis primer leurs intérêts particuliers sur l’intérêt général 1.

    mais les gens qui fabriquent des armes ont un boulot aussi, note bien... Off-topic again.

    Parler d’une activité sans s’interroger sur la finalité de cette activité, ça me paraît tout sauf poser le problème de la place de celle-ci au sein d’une société. Parce que si on pose que le travail est un moyen et non une fin, on ne peut absolument pas évacuer la question du sens de cette activité. Quel sens a donc le fait de passer sa vie à oeuvrer pour la destruction d’autrui ?

     3 Si tu vas chez un assembleur et que tu ne demandes aucun OS, tu peux mettre une Mandriva... cocorico, tout le monde est content. Off-topic, ter. On causait de la place du travail dans la société.

    Euh… c’est ton exemple, pas le mien. Dire que le seul problème c’est que la France loupe les trains, c’est àmha très réducteur dans un contexte de précarisation mondiale du travail. Mais si c’était le cas et bien non seulement ton exemple ne prouve rien mais tu as encore le choix de donner dans comment il disent ? l’économie patriote !

    1 Rappel de ce qui se passe aujourd’hui :

    Niveau national : c’est pas nous, c’est l’Europe, on n’a pas le choix.
    Niveau européen: c’est pas nous, c’est l’OMC, on n’a pas le choix.

    Conclusion, c’est la marche du monde ma pauv’ dame c’est ainsi. Soit une dillution des responsabilités qui amène à la décridibilisation du politique, qui laisse de plus en plus n’importe qui accéder au pouvoir, qui sera de plus en plus opportuniste, racoleur et irresponsable, etc… on ne mélange pas tout sur la question du travail, c’est elle qui est intimemnt ramifiée à tout : répartition des richesses, pouvoir politique, environnement.

    Réponse
  21. Au fait Agnès, tu pourrais écrire un post sur l'évolution économique du Canada de 1993 à nos jours ? Je sens qu'on va bien rigoler.

    Le présent n’est pourtant visiblement pas très marrant.

    Réponse
  22. Oups, l’article date un peu, au temps pour moi… 😉

    Réponse
  23. Salut Agnès,

    je suis d’accord avec toi. Quelqu’un te reprochait d’être utopiste. Comme si l’utopie serait gros mot, un péché. Moi j’en ai marre des petites mesurettes « réalistes » (tantôt à droite, tantôt à gauche) qui dans le fond ne changent rien et maintiennent la crise. Encore heureux qu’il y ait quelques personnes qui ont une utopie, un rêve. Le réalisme ambiant auquel on « se doit » d’adhérer sous peine de passer pour un idiot, me rébute. Il est peut-être vrai que parmi toutes les utopies il y en a qui ne sont pas réalisables (ou même souhaitables). Mais est-ce une raison de ne plus rêver? Se laisser interdire de rêver, de développer une utopie, de nouvelles idées qui sont radicalement différentes de la réalité d’aujourd’hui n’est pas une attitude très créatrice.

    Par exemple, s’interdire de développer des idées « folles » en recherche fondamentale est absolument contre-productif pour faire avancer sa discipline. Au contraire, les chercheurs s’entrainent même à ne pas se freiner dans le développement des idées, et après ils les examines et les jettent ou les gardent ou ils gardent une partie. S’autoriser d’avoir une utopie est se donner une chance d’améliorer le maintenant. Alors, dans ce cas je veux bien passer pour un idiot (au point où j’en suis…) Qu’est-ce que je risque de perdre? La reconnaissance sociale? Je ne l’ai pas. Du fric? J’en ai pas. Mon boulot? J’ai pas. L’amour des bloggeurs qui ridiculisent ceux qui ont une utopie? Je m’en fous.

    Alors, et dans ce sens: un lien francophone (Belgique) qui parle d’un revenu de base:

    Revenu de base – questions et réponses

    @+
    Diety

    Réponse
  24. Agnes à écrit: Le problème du travail, aujourd’hui, c’est que c’est tout ou rien. Ou tu n’en as pas et tu crèves de faim ou tu en as et tu perds ta vie à la gagner. On pourrait aussi bien tous bosser un peu et faire autre chose ensuite. Un système donnant-donnant et pas perdant-perdant comme aujourd’hui!

    L’année dernière, je discutais en Belgique un accord avec le patron d’une PME d’une centaine de personnes.

    A un moment de la discussion, le type me demande des assurances sur nos engagements réciproques. Et le Belge de m’expliquer qu’il ne faisait pas du tout confiance aux patrons Français qui veulent le beurre et l’argent du beurre et donc susceptibles de raboter la qualité promise. Et qui expliquait sa forte réticence pour me recevoir. Ce qu’il ya de marrant, c’est que le type m’a renvoyé a un contact Suisse qui pouvait être intéressé par mes produits. Et là, même chanson pour avoir des assurances et même méfiance.

    De même que j’ai lu dans une note économique que si les Japonais se contentaient d’un simple accord de principe pour une transaction commerciale avec des Américains ou des Anglais, ils avaient tendance à sécuriser contractuellement les accords avec les Français.

    Le Belge avait très bien analysé la situation Française en me disant que les salariés étaient pressurisés par les patrons et par l’état qui dépensait la richesse publique à des fins purement corporatives, sans réel souci d’un service rendu aux citoyens. Et que ces deux exploiteurs savaient très bien s’entendre sur l’essentiel pour défendre leurs intérêts sur le dos des salariés. Il y a quelque temps, le même, hilare au téléphone, me disait que son pays commençait à accueillir les personnes âgées des départements frontaliers Français à cause du manque de structures chez nous. On avance…

    P.PERRIN

    Réponse
  25. Ah, enfin. Moi aussi je suis partisan du « travailler moins pour gagner moins ». Les 35 heures par exemple, mais il parait que c’était une hérésie.

    Réponse
  26. Les 35 heures, ça s’est vite transformé en « travailler moins pour gagner autant »… C’est l’histoire des 35 heures payées 39, etc… C’était ça, l’hérésie !

    Je suis pour une baisse générale des revenus (accompagnée d’une baisse du temps de travail), afin de :

    1. baisser le pouvoir d’achat pour limiter la nuisance de chacun sur l’environnement et le climat
    2. habituer les gens à moins consommer pour que le choc soit moins rude lorsque l’ère du pétrole bon marché sera révolue
    3. inciter les gens à chercher à être plutôt qu’à avoir. Ainsi plus de raison de jalouser son voisin sur la base de ce qu’il possède. Inciter les gens à trouver leur plaisir dans des activités peu onéreuses (lecture, musique, jeu, jardinage, sport, calins…), garantissant ainsi leur bonheur quelles que soient les conditions économiques. Redonner du sens à l’existence.

    Ca me paraît être du bon sens, pourtant c’est une idée qui semble choquer pas mal de monde… La baisse des revenus ne concerne évidemment pas ceux qui n’ont pas de quoi manger ou dormir sous un toit.

    Je suis assez d’accord avec Agnès #20, pour une meilleure répartition des richesses créées, pour la lutte contre l’exploitation là où elle existe, mais je prône en plus la baisse des revenus pour les raisons évoquées ci-dessus. Blasphème ?

    Réponse
  27. En général, la baisse des revenus, c’est surtout sur la tronche de ceux qui carburent autour de 1000€/mois que ça tombe. C’est souvent une idée de gens à plus de 4000€/mois et ils pensent le plus souvent à l’appliquer aux « privilégiés », c’est à dire à ceux qui surnagent avec des 1200€/mois.
    Je l’ai déjà écrit, ceux qui prescrivent le laxatif sont rarement ceux qui devront avaler le cachet ou nettoyer les chiottes derrières.

    Réponse
  28. La vache, ça me laisse un peu sur le cul, ce que tu viens d’écrire là.

    Allez, emballez c’est pesé, un petit procès d’intention et la question est réglée. C’est pas compliqué alors, il suffit d’évoquer une éventuelle fourberie de la part de celui qui expose son idée pour discréditer définitivement son propos ?

    Franchement, je rêve d’un endroit où on débatte sur le fond des sujets plutôt que de faire sans cesse des conjectures sur les intentions.

    Réponse
  29. C’est sur que depuis 2002 et même avant, remarque bien, l’appréciation des dites « réformes » successives ne sont pas appréhender de la même façon avec 4000€/mois, qu’avec 960€/mois où déjà se loger dignement, est une gageure… J’enfonce des portes ouvertes, certes, mais il est bon de le répeter. De plus c’est un des sens de mon engagement politique et syndical. Nullement pour préserver ce que j’entends trop souvent et qui ne veut rien dire, des acquis. Rectificatif : ce sont des droits, les remettre en cause sous couvert d’uniformisation et de libéralisme exacerbé c’est faire marche arrière et replonger dans les ténèbres.

    Réponse
  30. Z, tu ne dois pas te sentir particulièrement visé. C’est juste que les prescripteurs de serrage de ceinture sont en règle générale ceux qui ne risquent pas de perdre l’essentiel. Quand on parle de réduction de salaire, faut voir de quoi on parle. Lors du passage aux 35 heures, grâce aux multiples régimes dérogatoires, j’ai vu des gens être embauchés au SMIC 35 heures (donc pas baisse de salaire, puisque pas salaire avant), ben je peux te dire que ça ne faisait pas lourd pour faire le mois.
    Consommer moins!
    C’est le premier truc qu’apprend l’apprenti chômeur, sa survie en dépend : plus de sorties, de restos, de bouquins, de CD (arf, c’est pas tout la faute à Internet la baisse de profit des majors?), de vêtements, d’invitations à la maison, de pesto dans les pâtes, de jus dans la bagnole, de mutuelle santé avec lunettes, ect. C’est aussi le lot quotidien de bien des smicards, interimaires, temps partiels. Leur parler de réduction de salaire, c’est les faire basculer de la pauvreté à la misère, alors que pour d’autre, c’est juste renoncer à un resto sur 10!

    Réponse
  31. C’est difficile de ne pas être dans la contradiction sur un tel sujet . Parce que , c’est vrai , peut-être faut-il remettre en question , l’énormité du travail dans notre vie , qui fait que « sans » , on n’existerait plus ; Pour le moment cela est encore une réalité forte et souvent douloureuse ; en ce sens , ce texte , agnès , que tu cites , a le mérite de poser de vraies questions , et cette personne , je la sens de bonne foi ; On vit une époque charnière , je crois , mais où justement , ça manque d’utopie , et de rebellion solides , alors , merci à toi , surtout ne t’en prives pas ; ) Certains acquis sociaux , en France ne me semblent pas ringards , mais les défendre actuellement , c’est vite être taxé(e) de vouloir freiner des changements . Mais quels changements ? L’accentuation du pouvoir du capital , la primeur à l’économique , et l’oubli voire la négation de valeurs humaines , de choix d’idées , de débats idéologiques qui ne se cachent pas sous des « y’a pas le choix , soyons réalistes , …. » ? Je ne suis peut-être pas très claire , mais , oui c’est le merdier , oui , peu bossent trop pour beaucoup de fric , pas mal bossent beaucoup pour pas assez ni de fric , ni de reconnaissance , et trop bossent pour trois fois rien ; Et trop encore ne trouvent pas à bosser , et cherchent pourtant .(Si , ils savent chercher !) Il y en a peu qui décident de ne pas bosser ; Et il y en a encore moins , qui décident de vivre autrement , hors système prévu , dirons-nous. L’alternative , peut-être fouiller vers ceux qui ont su trouver une alternative ?

    Réponse
  32. Menu obligatoire

    Je ne verse généralement pas dans le glauque, mais ce matin dans le métro, je lisais un article de 20minutes qui m’a ramené à cette question que je me pose régulièrement…vivons nous “en société” ? Société : n.f. (lat. societas…

    Réponse
  33. Tu poses de bonnes questions. Le travail était une nécessité pour la société, dans le sens où plus il y avait de main d’oeuvre, plus on produisait. Aujourd’hui, rares sont ceux qui acceptent de remettre cette ancienne réalité en cause. Désormais, progrés technique aidant, on a plus besoin que de quelques agriculteurs pour nourrir une nation (et encore, on jette les surplus!); on a besoin de moins d’ouvriers pour produire…bref, la société n’a plus besoin d’autant de main d’oeuvre…pourquoi s’échiner à rechercher des jobs qui n’existent plus? Ne devrait-on pas repenser le role de l’emploi et accepter l’idée que nous pouvons vivre en travaillant moins ? C’est la logique des choses, du progres, mais on refuse de le voir…

    Réponse
  34. Je crois qu’au contraire, ceux qui maintiennent les « travailleurs en trop » dans la culpabilité, la nécessité du travail, le mythe de la réalisation de soi dans le lien de subordination ont parfaitement compris la situation et en profitent pour créer un déséquilibre de plus en plus fort dans les rapports de force sociaux. Ainsi, en mettant dans une concurrence absurde et mortifère les travailleurs entre eux, ils parviennent à dévaloriser complétement le travail. Ce qui leur permet de se coller la différence dans la fouille. Ils ont tout intérêt à ce que la situation perdure… et empire!

    Réponse
  35. Tu donnes, en ce qui te concerne, les bonnes réponses, Agnés. Juste un petit rappel : le coût de la politique pour l’emploi en 2003 (aides à l’embauche notamment…et celà a augmenté depuis!) : 31 milliards d’euros. Ne marche -t-on pas sur la tête? 31 milliards divisés par 4 millions de chômeurs…celà permettrait de donner à chacun une allocation de 645€ par mois!!! MAis il ne faudrait surtout pas payer les gens à rien faire (tiens, et le RMI?) … on préfére balancer tout ça et culpabiliser les gens pour qu’ils trouvent un emploi qui n’existe plus…

    Réponse
  36. Je crois que tu compliques trop, Agnès. Je voulais juste dire que j’échangerais avec joie 1/5e de mon salaire (loin des 4000 euros dont tu parles, soit dit en passant) contre un jour de travail hebdomadaire en moins. Malheureusement personne ne propose ce genre de temps partiel dans ma branche.

    Réponse
  37. Toujours sur les forums d’Actuchômage, un témoignage, plus parlant que tous les discours d’experts :

    Je voulais simplement signalé que le CPE était encore une invention pour les patrons de faire beaucoup de bénéfices sans embaucher réellement.
    J’ai 43 ans, j’ai connu et pratiqué tous les contrats aides du TUC,SIVP, Contrat Jeune Volontaire, CES, CAE et j’en passe et des meilleures. J’ai commencé ses contrats à l’âge de 19 ans et je pensais être un jour inséré. Total, tous les patrons ont profité de ma force de travail et je n’ai pas eu encore de vrai contrat CDD ou CDI à temps plein. Depuis l’âge de 19 ans donc je fais des contrats aidés et je vis dans la précarité. Je ne sais pas ce qu’est de toucher un vrai smic. Maintenant à 43 ans, j’ai fini un CAE qui bien sûr n’a pas été renouvelé ou plutôt on m’a gentiment poussé dehors et on a embauché une jeune fille de 26 ans en contrat avenir, encore moins cher que moi. Alors avoir testé toutes les solutions proposées par les différents gouvernements, je dis que le CPE est encore un piège de plus, pour la jeunesse. Je pense sincèrement que les partis en France, n’ont pas de solutions réelles et que quelque part ils attendent le chaos. La jeunesse a raison de se révolter mais il faut que tous les salariés se lèvent et disent que c’est assez. On veut nous imposer le modèle Américain qui met beaucoup de gens dans la précarité. Il faut refuser car le modèle Américain, n’est pas un modèle juste, il est pour une élite. Je pense que l’on veut faire une France de pauvre et une de riche. Mais il n’y a pas de justice. Le peuple doit se réveiller et prendre conscience qu’il est libre de choisir son avenir et non de le laisser à des technocrates qui ne connaissent rien à la vie, mais se complaisent dans la luxure et l’orgueil.
    Il faut se réveiller et ne pas se laisser faire, sinon la jeunesse va mourir à petit feu et l’espérance d’un monde humain et juste aussi. Quel pays voulons nous? Un monde meilleur ou un monde de profits?

    Réponse
  38. Diety,

    Je te site

    Le marché du travail ne veut pas de moi, parce que je suis trop vieux, parce que mon CV ressemble à un gruyère, parce que ça fait longtemps que je n’ai pas eu de contrat « sérieux ».

    Comme toi, Je me présente: chômeur depuis 4 ans, 51 ans, reconnu travailleur handicapé.

    Pour en venir à cette question: Ce qui est plus gênant pour moi est la question d’argent.

    La réponse est dessous

    Je te site: Ca fait longtemps que je ne définis plus ma valeur d’homme par mon statut social ou par un travail valorisant, une « carrière »

    Et pourquoi on en est la

    Parce que la discrimination a l’embauche des travailleurs handicapés est parentes.

    Il faut subir toutes les humiliations lors de la recherche d’emploi, on nous demande d’être battant, motivé, compétant et lors de l’entretient toutes ses qualités doivent s’effacer, on doit faire profil bas, ne pas avoir d’exigence ni un caractère trop fort, ni de plan de carrière..

    Ensuite si on a la chance d’avoir un poste la discrimination se définit sur le lieu de travail, le personnel vous intègre au début puis il s’aperçoit que l’on devient une charge pour eus (tout dépend de l’handicape) a partir de ce moment la l’intégration de vient difficile car plus vous faite d’effort pour votre intégration moins on vous accepte on se trouve a ce moment la dans une situation de stress lier a l’incompréhension.

    De toutes manières tant que l’état cautionnera la discrimination vis-à-vis des travailleurs handicapés par l’amende versée par les employeurs a l’AGEFIP et sachant que l’état lui-même n’applique pas les 6 % d’emploi TH dans la fonction public on ne verra jamais d’avance significative.

    Payer une amande pour avoir le droit a la discrimination des TH est un comble, c’est comme si on payer une amande pour avoir droit d’être raciste.

    Je m’épuise depuis 4 ans à faire valoir mon droit au travail, parce que travailler c’est être reconnu socialement, c’est pouvoir subvenir a ses besoins, c’est cotisé pour sa retraite c’est avoir une hygiène et une qualité de vie décente mais avant tous être bien dans sa tête.

    Je ne suis pas déprimé parce que je positive, je me suis aperçu que j’apporter un plaisir jouissif a certaine personne dans tous les secteurs qui prenait plaisir à vous pourrir la vie, depuis que je ne rentre plus dans leurs jeux je me sens super bien.

    Il y a encore beaucoup de chose a dire, mais faudrait il encore être écouter

    Christian

    Réponse
  39. Devant le chômage de masse, nous sommes tous des travailleurs handicapés!
    Ceci dit, c’est surtout une question de personnes, du côté des employeurs, des clients, de mentalités. Je suis sous-traitante d’une boite d’intégration informatique dirigée par des jeunes bosseurs et pas étroits du bulbe. Depuis 4 ou 5 ans, ils ont un collaborateur sourd, très compétent et très sympa. Je bosse avec lui quand je suis appelée sur un projet. La seule contrainte, c’est que l’on communique via messagerie instantannée et non par téléphone, ce qui me va très bien (je suis toujours un peu naze au téléphone…). Comme quoi, quand on veut, on peut (je parle des employeurs et des clients)(coucou, pirlouit!).

    Réponse
  40. Bonjour Agnés

    Votre répond c’est l’exception, ce n’est pas le cas dans toute les entreprises et service public (emploi territoriaux)

    Pour ma part j’ai travaillé dans deux grandes sociétés d’assurances et je n’ai pas ressenti d’intégration

    Par contre pour faire des actions publicitaires en se montrant comme une entreprise ouverte au TH ils savent faires

    J’ai même eu la réflexion suivant de la part d’un patron suite a une demande d’augmentation, il m’a dis textuellement que je devrais être content d’avoir un emploi alors qu’il y avait des personne non handicapé qui n’avais pas d’emploi et que donc m’a prétention n’était pas justifier.

    Il faut bien reconnaître qu’il est plus difficile pour groupe minoritaire n’ayant aucun moyen de pression de faire valoir ses droits

    Et le premier de celui-ci est un travail

    Déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948 Adoptée par l´Assemblée générale dans sa résolution 217 A (III) du 10 décembre 1948

    Article 23.

    
    

    1. Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage. 1. 2. Tous ont droit, sans aucune discrimination, à un salaire égal pour un travail égal.

    
    

    3. Quiconque travaille a droit à une rémunération équitable et satisfaisante lui assurant ainsi qu’à sa famille une existence conforme à la dignité humaine et complétée, s’il y a lieu, par tous autres moyens de protection sociale.

    
    

    4. Toute personne a le droit de fonder avec d’autres des syndicats et de s’affilier à des syndicats pour la défense de ses intérêts.

    Je pense que dans cet article tout est dit, a méditer SVP

    Cordialement

    Réponse
  41. A tous

    Sa n’intéresse pas grand monde mon discourt, je sais que je fais plein de fautes d’orthographes mais j’ai quitté l’école a 15 suite a mes problème de vue pour l’apprentissage en entreprise ce qui explique cela.

    Cordialement

    Réponse
  42. On en pouvait pas plutôt corriger ton problème de vue?
    Ensuite, un problème de vue n’empêche pas une scolarité complète. Tu as du être orienté par un crétin!

    Réponse
  43. Bonjour Agnés

    Pour répondre a ta question de correction de ma vue

    Elle est corrigée mais j’ai 1/20 à chaque œil sans correction et 2/10 avec correction

    Pour ce qui est des problèmes de scolarité c’était la lisibilité au tableau lors des cours qui posé problème et dans les années 70 ils ne se préoccupé pas de l’orientation ont nous mettaient dans des classes de transition ou de SES classe poubelle quoi ?, avec un minimum de cours et surtout des travaux manuel pour nous occupé (Jardinage, imprimerie, confection d’objet en résine).

    Pour en revenir a mes problème de vue en 2005 avec l’ANPE on avait trouvé un contrat de qualification sur 2 ans Bac pro en Compta, j’avais signé le contrat avec une période d’essai m’est voilà mon tuteur qui avais connaissance de mes problème de vue n’a pas accepter que je sois trop prés de l’écran lors de mon travail et a suspendu le contrat au bout de 15 jours ceci dans un milieu médicale l’employeur était une clinique de soins palliatifs.

    Ce qui justifie que quelquefois j’ai la haine quand je rencontre des cons et c’est plus souvent que l’on crois.

    Cordialement

    Christian

    Réponse
  44. La preuve est faite que la discrimination des handicapés travailleur ou pas

    Génère moins de communication et de discutions que la discrimination des beurs et des blacks

    Ce qui rajoute de la discrimination a la discrimination

    Et pour ce qui est du racisme le français n’est pas plus raciste que les autres nations de cette planète.

    Il suffit de bien regarder les actualités

    Réponse
  45. Bonjour à tous, je voudrai me renseigner sur les différentes manipulations à faire pour trouver un emploi, dans n’importe quel domaine, car je suis une chomeuse de 54 ans, actuellement bénéficiaire du RMI.
    Biensûr, je recherche un emploi dans différents secteurs, mais les réponses à mes demandes sont souvent du type discriminatoire ( " je suis trop vieille, pouvant me mener jusqu’au statut d’handicapée … " Je sais que je souffre d’arthrose depuis quelques années, mais pas au point d’être en invalidité ! )

    Je vous prie de répondre, si éventuellement, vous êtes dans le même cas que moi, ou si des idées vous viennent à l’esprit pour ma situation.

    Merci.

    Réponse

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