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Flops en stock

Par Agnès Maillard
16 février 2005

L’industrie du DVD est en plein essor, c’est maintenant devenu la seconde vie d’un film, voire même sa seule espérance. Détour par deux films qui se sont vautrés en salles, l’un à juste raison, l’autre de manière nettement plus inexplicable.

Quand on est doté d’une magnifique donzelle de 2 ans, il est difficile d’assouvir sa cinéphagie. Aller voir un film lors de sa sortie en salles relève de l’exploit. Regarder un film à la télé qui démarre entre 20h45 et 21h00 n’est plus possible[1].
Reste le DVD en location pour découvrir ou en achat pour investir.

De cape et des pets

Blanche, le film de Bernie Bonvoisin avait pourtant tout pour plaire : un casting de bruit et de fureur[2], des moyens, de l’humour[3], et du costume, en veux-tu en voilà, surfant sur la vague historique remise au goût du jour par Le Pacte des Loups de Christophe Gans.
Mais voilà, à casting prestigieux, héroïne bien campée et Lou Doillon est clairement une erreur de casting. Elle a le jeu et le physique d’une poêle à frire et son seul titre de gloire dans l’aventure, c’est assurément d’être fille de[4]. Du coup, le personnage principal, celui d’une femme forte et rebelle, est d’une platitude sans nom et réduit considérablement l’intérêt du film.
Autre parti pris : l’anachronisme historique. Les personnages parlent cruement, voire "banlieue", loin des vers shakespeariens ou autres rhétoriques classiques. Cela peut être réjouissant. Comme Carole Bouquet sautant sur un lit en petite tenue de reine SM[5], ou Garcia jouant à la chandelle. Mais c’est comme tout, de l’outrance, on se lasse, et même le jeu impeccable de Rochefort ne fait pas oublier l’ennui qui menace à force de narines rougies par la poudre du diable, de rebondissements essoufflés, de gesticulations inutiles.

Au final, on est indifférent devant ce qui semble être un club de vacances pour acteurs en mal de retrouvailles. Même Bonvoisin ne veut plus en entendre parler, pour cause de Bessonnades intempestives. C’est là une attitude raisonnable que nous saluons et suivons de ce pas!

De bruit et de Furyen

Les amateurs de SF avaient pris une bonne grosse baffe avec la sortie pourtant très discrète de Pitch Black. Tourné avec assez peu de moyens, ce film met en scène avec maestria un petit groupe de personnes aux intérêts très divergents obligées de s’unir pour survivre sur une planète particulièrement hostile sur laquelle ils se sont écrasés. Rien de révolutionnaire, mais un film très bien fait, qui prend au tripes et qui offre en ouverture la plus belle scène de crash de l’histoire du cinéma.
L’attente de la suite des aventures du héros était donc grande pour les amateurs du genre. Or Les Chroniques de Riddick n’eurent pas le succès escompté. Le film fut même passablement éreinté par la critique. La sortie DVD d’une version director’s cut[6] est une bonne occasion de se faire sa propre opinion.

Déjà, les 15 minutes supplémentaires de film aident à la compréhension de l’intrigue un peu dense de l’histoire. Nous sortons du film à monstres, comme dans Pitch Black, pour un film saga, avec enjeux politiques à la clé. Vin Diesel est superbe et convaincant dans son rôle de Furien pas commode, sorte d’arme mortelle et un peu surhumaine aux allures de félin. Les décors sont magnifiques, les différents univers dépeints avec une foultitude de détails, l’intrigue n’est pas si brouillonne que l’on a bien voulu le dire : d’un côté les Nécromongers, sorte de secte satanique de morts-vivants, qui comme d’hab’ veulent amener les ténèbres, de l’autre, l’humanité, la belle, la vraie, qui se choisit un anti-héros pour se sortir de ce bien mauvais pas. Soit deux heures de bonne SF d’action sur fond de guerre de civilisation. Seule la fuite de Crématoria, bien que rythmée et esthétiquement intouchable, est un peu limite, tant elle pêche par manque de vraisemblance. Mais le quota action-suspens, lui, est toujours au rendez-vous.

Les Chroniques de Riddick sont un bon film de SF bien carré qui ne peut que satisfaire les amateurs du genre et qui mérite d’être redécouvert. Mais hélas, même un succès DVD risque de ne pas suffir à convaincre les producteurs de se lancer dans l’aventure du troisième opus initialement prévu.

Finalement d’un flop à l’autre, les histoires se suivent et ne se ressemblent pas : vrai nanar ou film mal sorti[7], l’industrie du DVD offre enfin une vraie deuxième chance, une opportunité pour vous faire votre propre opinion, loin du brouhaha médiatique!

Notes

[1] Essayez de coucher mademoiselle sans lui raconter 2 fois De la petite taupe qui voulait savoir qui lui avait fait sur la tête et Caca boudin!

[2] avec le toujours parfait Jean Rochefort, Carole Bouquet, Roschdy Zem, José Garcia, Antoine de Caunes et même une apparition de l’incontournable Gérard Depardieu

[3] En tout cas, c’est ce que laissait espérer la bande annonce!

[4] Il y aurait d’ailleurs fort à dire de cette tendance castique qui propulse en ce moment les rejetons de au firmament de la gloire. Non, le talent n’est pas héréditaire, mais le nom de papa et /ou maman devient le passeport incontournable pour une vie de star et de paillette.

[5] En voilà une qui porte bien son âge!

[6] Il s’agit de la version du metteur en scène, sans les coupures et remontage exigés par le studio et les producteurs pour optimiser l’impact marketing lors de la sortie en salles.

[7] certains "bons" films n’ont pas la chance de rencontrer leur public lors de leur sortie en salle : manque de copie, marketing volontairement faiblard du distributeur, concurence trop forte, mauvais ciblage, mauvais remontage, il est difficile d’analyser les causes d’un succés ou d’un flop. Voir à ce sujet la note de recherche que j’ai commise, il y a longtemps : Cinéma de science-fiction et représentations sociales

3 Commentaires

  1. mouè enfin le film francais n’a jamais été du grand grand cinéma q meme…

    et n'oublions pas qu'un flim francais ne reste qu'un film francais, il ne sera jamais mondial contrairement a un film américain.
    Réponse
  2. mouè enfin le film francais n’a jamais été du grand grand cinéma q meme…

    Je ne connais pas de cinéma qui, pour peu que j’en n’aie vu suffisament, ne m’ait pas mis une claque un jour ou l’autre : français, japonais, russe, danois, allemand, serbe, usw… au même titre que le cinéma américain où tout l’exercice est de retrouver les perles ingérées par le goret (c’est qu’il bouffe autour, l’animal)…

    et n’oublions pas qu’un flim francais ne reste qu’un film francais, il ne sera jamais mondial contrairement a un film américain.

    C’est sûr qu’en confondant grand grand et gros gros… c’est clair, Ferré, Brel, Brassens c’est pas Madonna…

    Réponse

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